An 128 - Ma première Tête

... Il n'aura pas fallu attendre longtemps pour que l'ennemi daigne finalement révéler sa position. Un moment que j'avais longtemps appréhendé et maintenant que je me retrouvais face à ma plus grande peur, je ne savais plus réellement comment me tenir sur mon cheval. L'inconfort me gagnait petit à petit, ce qui fut rapidement remarqué par mon père, qui me lança, sans même m'adresser un regard. « N'oublies pas, Homei. Hésites, et tu mourras... car tel est l'art de la guerre. » Sa voix rauque me tirait soudainement hors de ma torpeur, à mesure qu'elle résonnait au plus profond de mon être. C'était comme si l'écho suffisait à chasser mes doutes et mes inquiétudes... je me sentais soudainement envahi d'une sensation inconnue. Une montée intense et soudaine d'adrénaline, alors que je le voyais lentement se saisir de son cor de guerre, celui qui allait sonner le départ de ma première bataille... ils m'ont préparé à ça toute ma vie.


Le cor gronde, et fait trembler les arbres d'où s'échappent tel un signe annonciateur, des nuées d'oiseaux. Au loin, le bruit des feuilles s'est tût, pour se voir remplacer par le son tonitruant des sabots martelant la terre, alors que hurlements et cris de guerres s'élevaient au loin. D'un coup, alors qu'ils venaient à peine d'établir le campement pour passer la nuit à l'abri dans les bois, la vague de guerriers Shō s'abat.  Les soldats armés de leurs nodachis percent aisément les défenses des shinobis qui ne s'y attendaient pas, après tout leur seule erreur aura été d'allumer un feu dans des bois qu'ils pensaient contrôlés, nul n'aurait pu prédire une expédition des soldats de la roche aussi loin dans leur territoire, de fait, rien n'y personne n'aurait pu les y préparer.

La cohérence de leur troupe s'amoindrissait à mesure que le combat perdurait... mais, c'est lorsqu'une intense vagues de flammes effraya nos premières lignes que la situation redevint un tant soit peu équilibrée. Certes, leur troupes étaient décimées, mais avec l'arrivé d'un éveillé sur le terrain, la donne allait peut être changer.

J'étais en première ligne lorsque les flammes se mirent à nous engouffrer petit à petit dans un cul de sac avec comme pour seule possibilité d'échappatoire : le cracheur de flammes en personne. De l'autre côté du mur de flammes, mon père ainsi que sa troupe, qui observait le déroulement de cette situation d'un oeil attentif.


Mon corps bougea instinctivement, appuis solides qui me permirent de prendre une impulsion conséquente, alors que je tentais péniblement de tenir droit mon Nodachi, je ne me remémores de cet instant que l'intense envie ressentie à ce moment là, c'était comme si, tout autour de moi, l'environnement s'obscurcissait, ma pupille se contractais, au rythme des battements de mon coeur, comme un tempo infernal. Dissonance cognitive qui mit mon corps en autopilotage, comme un pantin animé d'une seule et unique mission.

« TA TÊTE... ELLE M'APPARTIENT ! »

Qu'avait-il ressenti à ce moment là ? Alors qu'il voyait s'approcher de sa nuque le fil de mon épée, alors qu'il comprit qu'il était trop tard pour recourir à un nouveau jutsu, qu'il serait probablement en retard de quelques dixièmes de secondes sur son timing de garde...  mais qu'il décida tout de même de tenter sa chance et quand son maigre Kunai se brisa à l'impact de l'acier de mon sabre qu'avait-il bien pu ressentir ? Moi, à cet instant, je ne me souviens que de l'immense joie qui m'envahissais alors que je devenais finalement un homme, un guerrier Shō , comme mon père le désirait tant. J'étais heureux à l'idée de lui ramener ma première tête, qui roulait au sol le visage pétrifié avec un air à mi chemin entre la terreur et la stupéfaction. Un instant horrifique capturé sur place, sa dernière vision avant de mourir, une vision qu'il reverra sans cesse, jusqu'à la fin des temps.

Le calme après la tempête, aucun son environnant autour de moi, si ce n'est mon coeur qui bat fort au creux de ma poitrine alors que ma main s'élance instinctivement vers la tête roulante, pour la saisir par les cheveux. Après un moment d'hésitation, je fini finalement par la lever en l'air, hurlant de tout mon soûl... proclamant ainsi la fin de la bataille... Petite incursion à l'échelle de l'échiquier du monde, mais renaissance pour moi, qui pouvait désormais, tout comme mes confrères, porter fièrement le nom du clan !

An 138 ▬ Le goût de la défaite.

... Décidément la situation n'est pas réellement comme je l'avais imaginée. Soit les rapports se sont trompés, ou nous avons été volontairement induits en erreur par l'ennemi. Il ne devait y avoir qu'une poignées d'hommes... mais là, même pour nous, c'est trop. Cent, peut être cent cinquante soldats à tout casser, probablement qu'une vingtaine d'entre eux sont en mesure d'utiliser des techniques de Chakra... mais celui qui me causait le plus d'inquiétude, c'était celui là, celui qui se tenait en retrait, l'air désintéressé.

Comme si notre présence ne l'inquiétais pas, ni ne semblait lui provoquer quelconque intérêt. A le voir, il n'était pas difficile de l'imaginer en train de donner des ordres en baillant. Je n'avais pas le choix, de toute manière. Mon devoir était de les empêcher de progresser plus en profondeurs sur les terres, afin d'éviter l'implantation d'un avant poste qui pourrait mettre à mal nos forces dans la région.  

« Jeune maître, que fait-on ? » Me lâche l'un de mes lieutenants, alors que ma gorge se noue brièvement, je lui adresse à peine un regard... je ne sais pas réellement quoi faire, est-ce juste d'envoyer tout ces hommes vers une mort certaine ? « Mmh... qu'est-ce qu'il disait déjà, le vieux ? » Profonde inspiration, alors que je peux ressentir l'angoisse de mes hommes croître petit à petit. « Bon, eh bien... quand faut y aller... » Comme mon père avant moi, j'attrape le cor situé à ma ceinture et le porte lentement à mes lèvres et alors que ma poitrine se gonfle d'air, je sonne le signal de la retraite. Deux coups sec, et à peine le deuxième coup arrivé que les soldats tournent les talons, et commence à entamer leur marche. Frustré, le lieutenant grommèle. « Je ne pensais pas qu'ils seraient autant, nous irons nous établir un peu plus loin et envoyer un messager quérir des renforts... mais a partir d'ici, je doute qu'il revienne de si tôt. »

Je soupire pour accompagner ses paroles. « Eh beh... j'espère qu'ils tarderont pas trop, s'ils décident d'avancer, nous n'aurons d'autre choix que de nous battre. » Peut être était ce l'instinct qui me fit tourner la tête en direction de nos ennemis, ou peut être était ce simplement pour m'assurer qu'ils étaient bien toujours là suite à mes mots. Mais, de ma position, rien n'aurait pu me préparer à ce qui m'attendais. Je n'étais plus forcément sur mes gardes, je n'en avais pas réellement de raison, ils étaient bien loin et n'étaient plus un danger...


De l'autre côté, il n'y avait plus aucun soldat, mais un large nuage de fumée qui, porté par le vent finit après quelques secondes par nous recouvrir la vue. « Qu'est-ce que ça veut dire ? Restez sur vos gardes ! » mon oeil fusait dans tout les sens, mes oreilles aux aguets, à l'affut du moindre bruit suspect. Soudain, à l'avant, un hurlement retentit, puis un second... suivi d'un homme hurlant « Ils sont là ! »  J'avais du mal à y croire, mais lorsqu'un shuriken me frôla l'oeil, en me faisant perdre l'équilibre et tomber de mon cheval mes doutes s'envolèrent immédiatement.

Lorsque je fus remis debout grâce à l'aide de mon frère d'arme, je ne pus que constater avec effroi que les ennemis avaient finalement décidé de prendre les devants. « Les batards. » j'attrape et dégaine mon sabre d'un unique mouvement, puis forme rapidement un bloc avec les guerriers Shō présent à mes côtés.  « Vous laissez personne passer ! Si quelqu'un approche, je veux voir sa tête voler ! » rugissement synchronisé des soldats, alors qu'ils se mettent en garde et engagent le combat.

Dans cette cacophonie de fracas métalliques, je guette l'opportunité en retrait. Ces têtes là sont sans valeur, elles ne me permettront pas de devenir plus puissant... non, j'attends les éveillés... et je ne suis certainement pas le seul, même mes subordonnés n'ont qu'une hâte : que le bûcher de ce soir soit magistral ! Soudain, des corps se mettent à voler par groupe de cinq, et mon flair m'indique la présence d'un ennemi puissant.

Inspiration profonde, le torse gonflé d'air un hurlement guttural s'échappe alors de ma bouche, pour attirer l'attention des troupes ennemies en ma direction. Les affrontements s'arrêtent momentanément, un instant qui sembla duré une éternité alors que ces mots résonnaient sur le champ de bataille :


D'abord le silence, puis l'incompréhension vint alors le tour des murmures. Si l'armée ennemie ne semblait pas déstabilisée, elle semblait accueillir la nouvelle comme un défi qu'ils étaient prêt à relever. « Jeune maître, vous êtes sûr ? » paroles annonciatrices d'un malheur approchant à grand pas.

Car loin d'être un simple shinobi, c'est une ombre à l'aura imposante qui fit son apparition, derrière les lignes ennemies. Les deux camps de shinobis s'écartaient alors pour faire place à un colosse aux traits durs, marqué par les affrontements. Sa carrure était tout bonnement impressionnante et plus je m'en approchais, plus j'avais du mal à y croire.

« La vache ! C'est une sacrée tête que t'as là, chapeau l'artiste ! »
▬ « Mmph... ! » Le colosse souffle du nez, alors qu'il dépeint dans son esprit la silhouette du samouraï. « Je reconnais là vos traditions barbares, maudits chiens de l'empereur. »
▬ « C'est une façon comme une autre de présenter ses respects, je suppose... vous êtes tous comme ça à Hi ? Pas étonnant qu'on vous botte le cul sans arrêt ! » Je pouffes légèrement, alors que mon sabre vient confortablement sur loger sur mes épaules. « Alors, t'es venu m'offrir ta tête j'espère ? »
▬ « Bien au contraire. » Ses dents se dévoilent et laissent apparaître un étrange sourire macabre sur son visage. « Vous n'avez aucune chance de vous en sortir, vous êtes en infériorité numérique à trois contre un et nous savons qu'aucun d'entre vous ne maîtrise le chakra. »
▬ « Rien de bien nouveau, vous devriez le savoir avec le temps... »
▬  « Shō Homei, moi, Senju Aku, jure de faire payer les crimes de guerre commis par Shō Kakkin durant la guerre ayant mené à la ruine de Kusa ! Pour avoir profané les dépouilles de mes défunts frères, nous allons vous anéantir tous autant que vous êtes, un par un ! »
▬ « Eh bah, ça en fait des complaintes... Si tu veux mon avis, s'ils n'étaient pas aussi NAZES, peut être qu'ils l'auraient encore, leurs têtes... » J'ris à nouveau et lui présente ma paume ouverte. « Ne t'en fais pas, bientôt t'iras toi aussi les rejoindre dans un grand feu. » puis, alors que je referme soudainement le poing, ces paroles vinrent clôturer. « Puis ensuite, j'absorberais tes pouvoirs ! »
▬ « Maudits chiens... pour vous, aucune graine ne sera plantée. »

Cette interstice qui n'avait durée qu'une poignée de secondes avait momentanément interrompu tout affrontement, mais dès lors que les armes furent brandies, tous se tinrent prêt... et comme d'un moment d'ultime synchronicité, lorsque le fer se croisa pour la première fois entre Aku et moi, les affrontement reprirent aussi tôt. Le brouhaha suivit de près mais quand bien même les combats menaçait quiconque se trouvait dans la vicinité, nul ne pouvait ignorer le choc des titans qui se tenait face à eux.

Il m'était également difficile d'ignorer la considérable différence de carrure et de force entre mon adversaire et moi. J'avais beau garder un large sourire scotché sur la tronche, c'était plus une histoire de guerre mentale entre lui et moi. Chacun de ses coups faisait vibrer la lame de mon sabre comme si je frappais dans un bloc d'acier de dix tonnes. Parer était devenu une option bien obsolète et l'esquive allait rapidement vider mes réserves d'énergie. « On faiblit déjà, chien ? »

Une ouverture se présente alors à moi, laissant son torse à portée de frappe. J'envoie alors une tranche en oblique, qui aurait normalement du l'entailler sur la longueur du torse... enfin... Aargh..! Un râle s'échappe, puis je recule d'un coup, alors que le Senju vient me mordre avec la pointe de sa lame, me blessant au flanc. C'était donc mon sang qui avait coulé en premier... mais, il aurait dû être mort, seulement... « C'est pour ça qu'on vous déteste, vous les éveillés... » Je lâche un rire douloureux, alors que j'observe les "dégats" causé par mon assaut et ne peux m'empêcher de lâcher un soupir en voyant crouler, sous les tissus et plaques d'armures sectionnées, des racines croulante, entourant son corps comme une armure de ronces.

« En l'an 122, nous avons planté un nouveau bosquet, dédié aux frères que vous nous avez pris ce soir là, c'était la moindre des choses que nous pouvions faire étant donné les dizaines de corps sans tête ramenés au sanctuaire. Certains d'entre eux n'ont même pas pu être identifié... »
▬ «... et alors ?! » un rire s'échappe d'entre mes lèvres alors que je le coupe en plein dans son monologue. « Les gens meurent, c'est la guerre ! S'ils voulaient rester peinard, ils avaient qu'à devenir garde forestiers, vu que tu me bassines avec tes forêts ! Ici c'est les champs de bataille, où les hommes meurent à la recherche de la gloire éternelle. Si tu veux pleurer, retourne auprès de ta femme... mais si tu veux te battre... »


Un silence pesant s'installe, alors que la poigne du senju se resserre sur son arme. On peut lire sur son langage corporel qu'il est fou de rage, qu'on ose ainsi bafouer la mémoire de ses ancêtres était la goutte de trop. « Chien de Sho... je jure de vous faire payer, je vous tuerais jusqu'au dernier ! » En réponse à ça, je relève le menton et me contente simplement de mimer le geste symbolique signifiant la décapitation... ainsi, la promesse était scellée. Quoiqu'il arrive : une tête allait tomber aujourd'hui.

Les instants qui suivirent mirent en évidence la rage du Senju, ses coups étaient désormais tous lancés avec l'intention de tuer et mes bras accusaient chacun des coups déviés par ma lame. Une nouvelle occasion se présenta à moi lorsqu'il tenta un coup d'estoc véloce.

見切り
"Anticipation"

Ce mot s'échappe de ma bouche instinctivement, résultat des entrainements à la voie du sabre du clan Sho. La jambe gauche bien tendue et plantée dans le sol, c'est ma jambe droite qui se lève qui abat d'un coup le pied pour venir écraser la lame de mon adversaire et la bloquer sous ma chaussure. Parade atypique enseignée en même temps que d'autres mouvements à l'épée afin de prendre le dessus lors d'affrontements au sabre. Ce coup avait la particularité de profiter de l'effet de surprise de la déstabilisation causée par la perte d'équilibre dû à l'élan nécessaire pour envoyer un tel coup d'estoc une fois la lame neutralisée, elle ouvrait la garde de l'adversaire et laissait l'embarras du choix quant à savoir où frapper. Tout aurait pu se finir ainsi, la longue lame de mon sabre fusait droit en direction de son cœur, nous n'étions plus qu'à quelques millisecondes du bouquet final...


Un hurlement accompagne ma montée de puissance, alors que j'abats tout mon poids sur l'ennemi. Ma lame se plante, le bois craque, mais finit par rompre et elle pénètre finalement au travers de la chaire du Senju. Main ensanglantée retenant la lame, l'empêchant d'aller plus loin... j'ai beau forcer, mais rien n'y fait. Ce type avait une force colossale et une rage de vaincre encore bien vivace. Quelques centimètres de plus, c'est tout ce que j'ai réussi à grappiller... mais, maintenant ma lame refuse de se déloger.

J'appuies de nouveau et le projette au sol sur son dos. L'effet de chute me permet de la déloger légèrement, mais la prochaine action du Senju est d'immédiatement briser la lame, afin d'empêcher que plus de dégâts ne soient causés. A peine le temps de m'en rendre compte, qu'un coup de talon vient frapper mon menton, de quoi me faire momentanément perdre l'équilibre suite à la surprise due au choc.

Désorienté, je ne comprenait plus tellement ce qu'il se passait autour de moi, ma vision s'était troublée et la seule chose qui s'en est suivie était une vive douleur dans le bas ventre... lorsqu'enfin tout redevint clair, je pus voir l'homme qui s'était relevé me faire face, abattant son sabre une nouvelle fois, m'entaillant cette fois de l'épaule jusqu'à la hanche. Si la première coupe au bassin était assez légère, celle qui s'en était suivi était non négligeable.

Le sang coulait le long de mon corps, s'échappait d'entre mes lèvres lorsque j'avais le malheur de desserrer les dents deux secondes. Et a ce moment là, je l'ai vu dans ses yeux. Ce mépris catégorique des éveillés envers les gens comme nous. Ce don divin qui lui avait permis de prendre l'ascendant et d'échapper à la mort. En regardant de plus près, le morceau de lame encore restant dans son corps était enfoncé au niveau de son épaule, dont le sang ne cessait de s'écouler. Le Senju fit un pas en arrière, et ôta alors le haut de sa tunique : dévoilant un corps recouvert de ronces, agissant telle une armure corporelle impénétrable. « Félicitation jeune Sho, tu es le premier homme à percer ma carapace de ronces... c'est un exploit. Il est incroyable à quel point les gens comme vous sont plein de... résilience. »
▬ « La ferme... fils d.. » balbutiements à peine audibles qui s'échappent d'entre mes lèvres.
▬ « Qu'est-ce que je disais... encore en vie. » il constate les dégâts infligés à son épaule, rendue inutilisable. « Je ne pourrais peut être plus jamais m'en servir, voilà qui est fâcheux. »
▬ «.. -te... -te...»
▬ « Tu ne devrais pas gâcher le temps qui te reste en vaines paroles, il serait dommage d'entacher les derniers instants d'un guerrier avec des grossièretés. Finalement, peut être que vous autres, les barbares, avez vos raisons... peut être que nous coutumes diffèrent, nous ne pouvons néanmoins pas...»
▬ « -ta...tê....te...»
▬  « Qu'est-ce que tu dis ? Je ne t'entends pas... »
▬ « Je..-vais pren... ta tête... »
▬ « Peut être que je me trompais... finalement, vous n'êtes qu'une bande d'animaux, irrécupérables... » Sa lame se porte au niveau de ma nuque. « Je ne comptes pas te demander tes dernières paroles... tu ferais mieux de prier pour être réincarné dans une meilleure vie. » son visage se referme, il n'affiche désormais plus aucune émotion. Il ne reste plus que le faciès d'un militaire, rendant son jugement. « Bon débarras, Sho Homei. »

« Oh non, je ne crois pas. »

Encore une fois, le temps se ralentit et me laisse entrevoir de mes propres yeux, une créature géante qui, depuis les cieux, vole en piqué dans notre direction. La lame encore collé à mon cou, je risque quand même le coup en relevant la tête... et si mon visage ne sait être capable d'afficher un sourire à cet instant mes yeux, quant à eux, pétillent de joie. Le temps reprend son court normalement, puis la créature vient s'écraser de tout son poids, gueule ouverte, sur notre lieu d'affrontement. L'onde de choc est puissante, assez conséquente pour faire décoller tout ceux autour de la zone d'impact.


Soudainement, partout dans le champ de bataille des explosions se mirent à retentir. Le clan Bakusho venait d'entrer en scène et l'escouade qu'ils avaient ramenés n'était pas des moindres. Visiblement, leurs meilleurs artificiers étaient sur le coup et nous ont, pour sûr, sauvés de la catastrophe ce jour là. Ma dette envers elle est éternelle. Grâce à eux, les shinobis de Hi durent faire demi-tour afin d'éviter de subir plus de casualités... Senju Aku était quelqu'un de puissant, mais même lui savait ce qu'impliquait les conséquences d'un combat contre le clan des manieurs d'explosif d'autant qu'elle était présente sur les lieux... La retraite fut finalement sonnée et les troupes du feu se retirèrent sous peu, emportant avec eux les blessés encore capables de marcher.

An 148 ▬ Seisensekai.

... Les ennemis ont frappé pendant la nuit, alors que le pays dormait paisiblement sur ses deux oreilles, ils sont apparus. Ça a d'abord commencé par d'étranges fumées au loin, rien de bien étrange, mais très vite les quelques colonnes de fumées devinrent dizaines et rapidement le ciel troqua sa teinte nocturne pour un voile cramoisi. Les cloches sonnaient dans chaque avant poste du pays, afin de prévenir de l'arrivée des putchistes. Avec notre nombre réduit, je doute que nous soyons en mesure de défendre correctement cet avant poste... à moins que... oui ! Je reconnais cette bannière, c'est celle du clan Sho ! Heureusement, la garde de l'empereur est la première sur le coup... mais, ne vont-ils pas dans la mauvaise direction... pourquoi se dirigent ils vers Sheol ? Ne sont-ils pas venus ici pour nous protéger ?

... Dire qu'un acte aussi déshonorable viendrait de ceux que l'on surnommait "les chiens fous de l'empereur"... ainsi ils se sont alliés à ces lâches venus d'Hakugaku ? Dire que ce serait eux qui perceraient nos défense pour leur permettre d'avancer plus loin dans les terre, c'est invraisemblable quelle mouche les a piqué ?! Nous avons pourtant combattus et festoyés côte à côte ! Il faudra faire un exemple de ces parias, que plus personne n'ose jamais plus ne serait-ce que penser à trahir Tsuchi. Aujourd'hui le mal est fait, et bien qu'en parler soit fortement déconseillé... personne n'oubliera ce qu'il s'est passé ce jour là !

... « Qu'est-ce qu'ils font ? Ils ne sont pas du même camp ? »
▬ « Ça fait parti du plan. » Lâche une voix austère « L'histoire de notre nation s'écrit aujourd'hui. C'est notre chance de percer plus en profondeur sur le territoire de la roche ! »
▬ « Dame Kagura aurait donc tout prévu ? Dans ce cas, gloire à Hakugaku ! Tuons ces chiens ! »

... En tant que guerrier Sho notre loyauté envers le seigneur de guerre est indéfectible toutefois, je me questionne sur le bien fondé de ce combat... ou plutôt, ce massacre. Nous avons confiance en Homei, pour qu'il nous guide tous vers de grande batailles où nous pourrons faire brûler un grand bûcher et y jeter les têtes de nos ennemis ! Mais là, je ne vois rien de tout ça, nous nous contentons d'abattre des shinobis qui ne répliquent pas. Il m'arrive parfois d'être envahi de visions, je suis envahi de cris d'éfroi qui me posent sans cesse cette même question : "Pourquoi ?" alors que leurs visage me tournent autour inlassablement. J'ai bien tenté de le questionner, alors que nous étions assis au bord du feu, un soir, mais son visage s'est immédiatement déconstruit. Je me souviens clairement des mots qu'il a prononcé ce soir là, alors qu'il se levait pour retourner dans sa tente.

... « Tu ne comprends pas, vous ne comprenez rien ! Je suis mort dans cette grotte, Hana. » Sa gorge était nouée, son regard fuyant, c'est comme s'il ne cherchait pas... ou plutôt qu'il n'arrivait pas à confronter mon regard. C'était bien la première fois que je le voyais agir ainsi. Pourquoi ? C'est naturellement la première question qui me vint à l'esprit... à ça, il répondit : « J-je... je n'en sais rien... C'est comme si... comme si une part de moi était restée en bas, La dernière guerre, on doit l'empêcher d'arriver, Hana ! » Il paraissait fou, mais sincère. Il semblait terrifié à l'idée de voir arriver ce funeste présage, qu'il décrivait comme la fin de tout. Un point final à l'histoire du monde, un avènement qu'il était censé amener à voir le jour, ici. S'il n'y avait eu personne pour l'empêcher de progresser vers Shéol, qui sait ce qu'il se serait produit au cœur de la fournaise, foyer du cataclysme. « Je n'ai aucun souvenir de ce qu'il s'est passé... mais... » C'est alors qu'il sorti de sa sacoche un étrange objet entouré de tissu, il me le tendit sans attendre, comme si le simple fait de l'avoir encore en sa possession lui provoquait de l'inconfort. « Il faut absolument remettre cet objet à l'Empereur, je crois que lui seul est en mesure de nous préparer pour ce qui est à venir. » Et lui, dans tout ça ? Qu'allait il devenir ? La question me brûlait les lèvres, toutefois je ne parvenais pas à me convaincre de la lui poser, sachant ce que la réponse impliquerait. « Je t'en pries, dis lui ce que je t'ai raconté. Quant à moi, je prendrais les armes de mon côté, je rassemblerais une armée et nous préparerait pour cette "dernière guerre" » Mais il avait causé bien trop de dégâts, bien trop pour qu'il puisse être pardonné, le sang des nôtres ne saurait être versé, qu'il ait été sous l'emprise d'une illusion ou non. Ils ne comprendraient pas.

... Elle avait pourchassé les traitres de son propre clan, et voilà qu'elle se retrouvait à devoir faire un choix difficile. Je ne souhaitais pas la voir trahir ses valeurs pour moi, mais d'un côté, je me sentais incapable de la blesser de quelconque manière. La voir comme ça me troublait bien assez et ma seule hâte était d'en finir. « Si c'est toi, ça ne me déranges pas. Fais le, Hana. Après tout... je t'ai promis ma tête, pas vrai ? Promet moi simplement de faire en sorte d'empêcher que notre pays se fasse avaler par l'ombre qui nous menace... » étrange moment pour s'échanger un sourire... mais la situation ne laissait que peu de place à l'intimité. Idiot, voilà ce qu'elle se contenta de me répondre, qui se soucierait du bien du pays dans une telle situation ? Néanmoins, ces dernières paroles semblaient l'avoir aidé à prendre un choix. « Je prendrais ta tête quand bon me semblera et ce jour là, c'est toi qui me l'offrira sur un plateau. » Elle pousse un soupir, alors qu'elle rattache ses armes à sa ceinture et range l'objet dans sa sacoche. « Le clan Sho s'est bien battu. » reprends-t'elle « Toutefois, voyant qu'ils ne parviendraient pas à atteindre Sheol, leur objectif... ils ont comme eu une... prise de conscience ? Et on décidés de se retourner contre l'envahisseur d'Hakugaku... » Au fur et à mesure de sa phrase, je me relevais gentiment. Ramassant mon arme, après qu'elle l'ait poussée vers moi avec son pied. « Il a réussi à m'échapper, après tout, on parle de l'une des meilleure fines lames du pays... j'ai eu chaud, oui. » Elle vide sa sacoche pleine d'argile et la jette à l'intérieure de l'une des nombreuses crevasses qui scarifiaient l'environnement. « Je n'avais malheureusement plus assez de ressources pour le traquer... ce qui est fâcheux. »
▬ « Merci... Hana. »
▬ « Ne meurs pas, Homei. »


... Il est réapparu tel un spectre accompagné de son armée de revenants. Certes, ils n'étaient plus aussi nombreux qu'au départ, mais nous non plus. Et les deux fronts à gérer ont fait de ce champ de bataille une catastrophe, d'autant que désormais, les lames et les flèches des guerriers Sho s'étaient retournés contre nous et semblaient ignorer totalement les shinobis de la roche ! Le plan de dame Kagura était pourtant parfait ? Avec l'appui des chiens de l'empereur, nous étions garantie d'accomplir des progrès significatifs au cœur des lignes ennemies. Mais il faut croire que l'on ne change pas le caractère d'un animal fidèle à son maître aussi facilement... et bien qu'ils soient eux aussi pris en tenaille au milieu de nos troupes, ils ne se démotivent pas... et nous poussent finalement à prendre la fuite, au risque de perdre davantage plus de troupes ! Cela dit, notre plan a été un pur succès, je suis sûr que dame Kagura a su profiter de l'occasion pour revendiquer ses exigences auprès de ceux qu'ils appellent "L'empereur"

---

Haut faits secondaires.

An 134 -

Homei est présent lors de la cérémonie d'intronisation de Bakusho Hana en tant que chef de clan, ce soir là, le clan Sho et le clan Bakusho décident de renouveler leur liens d'amitié en organisant une fête et un banquet qui dura deux jours entier.

An 139 -

Sho Kakkin décèdes et laisse sa place à Homei, qui deviens le 5e chef du clan Sho. Il découpe alors la tête de son père, et la brûle dans un grand feu afin de lui rendre hommage. Comme le veut la tradition du clan, Homei hérite du sabre et de l'arc de son père afin qu'il puisse l'accompagner sur le champ de bataille, même dans la mort.

An 144 -

Homei croise de nouveau la route de Senju Aku, un affrontement s'en suit durant lequel Homei deviens le premier Sho à parvenir à manifester des qualités d'éveillé. Durant son ultime assaut, celui qui viendrait à bout de Senju Aku, il décoche une flèche qui s'embrase en plein vol, et une fois plantée dans le corps de bois de son adversaire, celle-ci explose violemment en une nuée de flammes qui vint engouffrer le corps de l'homme à l'armure de ronces. Senju Aku s'enfuit à nouveau, empêchant Homei de clamer ses pouvoirs pour lui même.

An 147 -

Suite à une embuscade, Homei disparait pendant plusieurs mois. Il fut d'abord considéré comme perdu au combat, avant qu'une missive du pays des érudits annoncent vouloir lancer des négociations afin d'échanger un prisonnier de guerre, contre un autre. Le clan Bakusho est dépêché pour venir à la rescousse de Homei… cependant, c'est à la frontière entre les deux pays que le samouraï est retrouvé inconscient

An 149 -

Suite aux évènements relatifs au coup d'état mené par Kagura, le clan Sho est mis sur liste de recherche, leur appartenance a l'empire est tout simplement révoquée et sont considérés comme ennemis d'état par le pays de la roche. Ils ne tarderont pas à envoyer des traqueurs à la recherche de Sho Homei.