Trois cent quarante-sept. Il y avait eu trois cent quatrante-sept tentatives de cambriolage et d'effraction au sein du Golden Satori, resté au point de tentative tant la sécurité était incroyable dans ce lieu de luxure. Le Sarutobi n'était pas encore un membre influent de la cité-etat, néanmoins sa réputation ne faisait qu'augmenter de jour en jour. S'il arrivait à se mettre le pays de l'Abondance dans la poche, ses objectifs avançaient à grand pas, il le savait. Pour le coup, la proposition de Bo Takeshi lui semblait intéressante.

Les menaces étaient tombées, un message avait été inscrit sur la figure du bâtiment d'argent. Ils allaient attaquer. Leur réputation n'était plus à faire, allaient-ils réussir ? En prenant en compte le contrat international, l'encagoulé constatait les objectifs demandés de celle-ci. Faire en sorte de mettre le Collectif en déroute. Shin estimait que cela était dans ses cordes, même seul, il pouvait réussir.

Néanmoins, il ne serait pas seul sur cette mission de la plus haute importance pour l'estime même du pays où il avait trouvé refuge. Le Sarutobi allait former une équipe avec des inconnus, ne rendant pas la cohésion plus facile. Alors que l'éveillé au chakra arrivait devant l'incroyable bâtisse, il aperçut quelques autres membres arrivés dont une qui ne lui était pas inconnu. Allait-elle le reconnaître ? Shin avait recroisé la Chinoike lors de l'apparition du monstre de chakra, rapidement, il ne s'était pas attardé sur elle pour voguer sur d'autres cieux aussi vite qu'il était arrivé.

« J'imagine que c'est ça mon équipe... », lâcha-t-il aux trois shinobis qui étaient présent tout comme lui pour ce contrat international du Golden Satori.

Contrat:

Dans le royaume des hommes, où règnent sans partage mensonge et convoitise, l'information et les secrets sont une monnaie. Si l'on devait se résumer simplement à ce facteur pour juger la valeur d'un homme, nul doute que Bo Takeshi serait au sommet de cette liste.  L'homme le plus protégé du continent, maître du marché noir, détenteur de la majorité des clés pour percer les secrets de ce monde.


Ce pays avait cette aura omineuse, qui te poussait sans cesse à regarder ce qui se passait sous tes yeux d'un nouveau jour. Ici, tout n'était qu'apparence, et tout le monde portait son masque en permanence. L'information est souveraine, alors, mieux valait tenter d'en dire le moins possible, quitte à s'inventer une toute nouvelle persona. Était il possible de reconnaître un traitre simplement de par son regard ? La moiteur de ses mains ? Dans ce carnaval de manigances s'opérait une valse mortelle, la pègre et les bas fonds côtoyaient la mondanité, l'opulence flirtait avec la misère, le tout saupoudré d'excès de zèle qui se transformait tantôt en réussite, mais la plupart du temps en échec.

Déambuler dans ces rues bondées n'aura eu pour seul effet que de te faire regretter chacun de tes pas. Triste dépiction de l'état actuel de l'être humain. Des moutons guidés et obnubilés par l'espoir de s'élever parmi les hommes, adeptes du "rêve d'abondance", des récits fantasmé de ceux ayant réussi en tentant leur chance au royaume de l'extase. Quid de ceux qui ont tout perdu en essayant ? Peut être qu'en leur montrant la réalité de la chose, ils y réfléchiraient à deux fois, mais en seront-ils capables ? Il est parfois plus sain de se détacher de la réalité, tant qu'on y trouve un semblant de réconfort.


Depuis quelques temps déjà, le pays de l'abondance avait eu vent d'une rumeur grandissante. D'étranges convois de zélotes arpentaient les grandes rues de la cité-état, marqués d'un cercle rouge. Étranges, silencieux, tous convergeaient en direction d'une bâtisse désaffectée, autrefois utilisée pour stocker l'encre et le papier à l'abri de la pluie. Ambiancée par la lumière chaude des lanternes disposées aux quatre coin de la pièce, le pestiféré laissait se déverser toute son aura.

Incliné en avant dans un fauteuil miteux, les mains croisées soupesant son menton, il laissait ses onyx se balader sur une missive reçue le matin même... « ... le Golden Satori... » la tanière du loup en personne. Ce nom ne pouvait laisser personne indifférent au pays de la pluie, tant sa renommée était légendaire, le Golden Satori était au monde du jeu ce que Bo Takeshi était dans le monde du crime. En résumé, il n'y avait pas plus prestigieux comme établissement sur le continent. « Il faudrait être fou pour tenter de s'en prendre à un tel mastodonte. »

Néanmoins, le roi des insectes ne pouvait s'empêcher de voir cela comme une occasion à ne pas manquer. Cette affaire avait fait du bruit, énormément. Chaque fidèle avait sa propre histoire à raconter sur des mercenaires rencontrés, depuis l'apparition de ce message signé par "le Collectif", cryptique organisation qui sévissait au pays de la pluie. Si son visage n'exprimait rien, les phéromones qui émanaient de chacun de ses pores faisaient se tordre de douleur les fidèles qui l'accompagnaient... révélant ainsi la triste supercherie des fidèles du Cercle Rouge d'Ame. Lorsqu'un mille-pattes, souffrant de tout son être, finit par rompre le lien avec son hôte, ce dernier reprends peu à peu ses esprits.


« Bien, il est temps. » Il se relève lentement de son fauteuil, ses os craquant les uns après les autres, témoignant du temps passé assis sur ce trône solitaire. Ses onyx se reportent sur le mille-pattes qui pulsait encore des suites aux émanations du Yozora, avant de terminer sur l'hôte de la créature. Son visage froid et son regard glacial suffit à faire comprendre au malheureux qu'il n'y aurait certainement pas de "happy ending" à son histoire... et le faciès qu'il adopta à cet instant laissait entrevoir toutes les horreurs qu'il a du subir la première fois qu'il fut confronté à lui. Pas même ses supplications, ni cris de douleurs ne firent broncher les fidèles, qui l'emmenèrent dans une autre pièce plus loin dans la bâtisse, ses cris étouffés derrière la porte se turent d'un coup, lorsqu'elle se referma dans un fracas métallique.

Voilà quelques jours qu'Akane venait de poser un pied à Ame no Kuni, Terre où tous les rêves semblaient réalisables. La jeune femme fut par ailleurs très bien reçue, notamment parce qu'elle eut la surprise de tomber sur un convoi portant l'étendard du Cercle Rouge. La Chinoike n'avait pas pu cacher sa surprise, mais savait qu'il y n'y avait qu'une seule personne qui oserait installer l'influence du groupuscule au sein de la Pluie. Une chose était certaine, ces fidèles savaient qui elle était, parce qu'ils lui avaient montré un rare respect. Cependant, l'albinos s'en fichait, le Roi des insectes savait qu'elle n'aimait pas être prise au dépourvu. De plus, ces hommes ne semblaient plus être eux-mêmes.

— Où est-il ? ordonna la Chinoike à l'être face à elle qui semblait se battre avec ses démons internes. Il tremblait, semblait être pris de spasmes par moment. Il n'était pas l'un des siens, usait-il d'une force mystérieuse pour opérer ? Akane fronça des sourcils, cela ne lui plaisait pas sur le moment. Tu ne comptes pas me répondre hein ? Le peux-tu seulement ? Dans ce cas, laisse-moi abréger ton supplice.

Visiblement irritée par ce qu'elle venait de découvrir, l'albinos attrapa férocement de sa main blanche la gorge de la victime arborant le signe du cercle rouge. Une lueur rougeâtre émanait de sa paume, et l'essence vitale de l'homme semblait quitter son corps petit à petit. Du long de sa peau cadavérique, du liquide carmin et chaud coulait. Ses globes oculaires menaçaient de sortir de leur nid, alors qu'il s'étranglait sous la colère de la Dame sanguinaire. De longues secondes passèrent avant que son corps ne rejoigne le sol boueux. Ce fut à cet instant, elle crut apercevoir une chose s'échapper du corps du muet. La blanche esquissa un sourire, commençant à comprendre ce qu'il se passait. Il devenait pire de jour en jour.

Momo avait toujours été très fidèle à Akane et le lui avait prouvé un bon nombre de fois. Son côté sombre et mystérieux le rendait pourtant imprévisible et la vampire ne pouvait pas s'empêcher de garder cette once de méfiance dans son esprit. Pourtant, dès qu'elle le voyait, cette garde se brisait, l'un des rare à avoir le secret pour atteindre l'âme gelée de la Déesse du Sang.

Pour autant, il allait devoir répondre de ses étranges agissements. Voir le Cercle Rouge sur les terres de la Pluie était une surprise pour la Chinoike, et elle n'aimait pas les surprises. Elle finirait par le trouver d'elle-même, ou ce sera lui qui viendra à elle.


Alors qu'elle réfléchissait par la piste à suivre pour obtenir ces cruciales informations, Akane ne pouvait ignorer les rumeurs qui glissaient dans ses oreilles attentives. La casse du siècle ? Golden Satori ? Pour avoir travaillé au sein de l'abondance même, la jeune femme ne pouvait pas ignorer cet appel. Elle se dirigea donc vers l'endroit où elle venait chercher autrement certains contrats de mercenariat. L'instable n'était pas une femme de l'argent, mais elle ne pouvait pas ignorer son importance et sa puissance au sein du Continent. Les assassinats, les espionnages, les vols, elle avait connu. Et dire qu'à peine mettait-elle les pieds sur cette terre, qu'elle était déjà attirée par la première rumeur qui faisait écho. Ame avait décidément un vrai pouvoir d'attraction.

Le béhémoth de la luxure était donc en proie à des groupuscules déterminés à briser les défenses impénétrables du trésor de Golden Satori. Le Collectif lui - même avait annoncé intervenir dans un futur proche. C'était extrêmement osé de leur part et ça puait le piège à plein nez. Seulement, l'idée de pouvoir s'attirer les faveurs ou même l'attention de Bo Takeshi taquinait son échine. Si quelqu'un sur ce Continent pouvait l'aider, c'était bien lui.

De sa main droite, elle broya la missive entre ses mains et fit demi-tour d'un pas décidé. Remettant sa capuche sur sa chevelure immaculée, elle se dirigea donc vers la solution à ses problèmes. Mais avant cela, elle allait devoir se changer.

Le Bouddha doré toisait de son regard malicieux les longues lignes humaines convergeants en son cœur. L'astre solaire terminait lentement son cycle journalier, camouflé par la brume et la pluie constante. Quelques coups de tonnerre rythmait le temps, tandis que les éclairs illuminaient les longs nuages, ajoutant cet effet mystérieux. Même le ciel le savait, ce soir, quelque chose allait se produire en ce lieu.

L'inscription du Collectif avait été effacée petit à petit par la pluie, redonnant sa couleur d'antan au visage du Golden Satori. Dans cette nuit noire et pluvieuse, sa face mordorée éclairée par de petites lanternes sous son menton symbolisait le lieu de toute les convoitises. De nombreuses personnes s'attroupaient face à l'entrée : simples joueurs ou mercenaires, rien ne les différenciaient réellement. Un simple coup d'œil aux alentours permettait de comprendre qu'il y avait plus de monde qu'à l'accoutumé. L'impatience des joueurs et étrangers se mêlaient au sérieux et à la nervosité des épées-louées.

La sécurité semblait avoir également été réorganisée pour cette nuit si particulière. Visiblement, les menaces du Collectif n'avaient pas été prises à la légère. Des gorilles armés contrôlaient le flux, repoussant ceux à la mine louche, et laissant passer aisément les plus habitués. @Sarutobi Shin avait été rejoint par la princesse du Cercle Rouge : @Chinoike Akane. Les deux âmes se reconnaissaient, n'échangeant que de simples banalités, ils se connaissaient peu mais à la fois si bien. Les portes leur furent ouvertes assez aisément, de par leurs liens amicaux avec la Cité-État.

Un long corridor enveloppé dans de longs rideaux rouges les menait jusqu'à la seconde porte, ouverte par une femme leur tirant une révérence pour les inciter à pénétrer dans le lieu. Leurs corps se figèrent un instant, la beauté du lieu les agrippant au plus profond de leur être. Un gigantesque lustre, brillant de milles feux, était accroché à la partie supérieur du l'établissement. Haut de dix étages, il semblait chuter jusqu'à l'étage inférieur en éclairant l'ensemble du bâtiment de son éclat. Les couleurs rougeoyantes des longs rideaux donnait ce côté luxueux. De nombreuses tables de jeux, danseuses exotiques, et autres hommes affublés de bien des costumes dansaient au rythme de la musique jouée par de nombreuses troupes de musiciens.

Malgré le nombre impressionnant de badauds et autre accro aux jeux de hasard, l'établissement était bien assez grand pour chacun puisse circuler librement sans devoir se frayer un chemin. L'ensemble du bâtiment était construit en cercle, chaque étage représentant un anneau avec en son centre le vide et ce lustre gigantesque. De leurs positions, les deux mercenaires pouvaient contempler jusqu'au deuxième étage. L'ambiance était plus ou moins la même, de longues tables de jeux rythmé au son de la chorale et de des danses.

Mais l'attention de la Shimojin s'arrêta sur un homme, non loin d'eux : @Yozora Momo était également présent, ayant pénétré dans l'établissement légèrement avant eux. L'homme aux mille-pattes fut rapidement accueilli par un des hommes travaillant dans ce lieu. Du moins, ses vêtements lui accordait cette étiquette. Un long haori ébène, le visage du Bouddha brodé en feuille d'or sur le pectoral gauche, tandis que dans son dos trônait fièrement les symboles de l'Oyabun et de la famille Shugyoku. L'homme s'approchait lentement de feu-Kibo.  

Tour 1:

Akane s'était fait un petit nom au sein de la pluie, entrer dans le célèbre Casino ne fut donc pas difficile. Le duo fut reçu par des hommes armés jusqu'aux pieds et affublés d'un attirail représentant le Bouddha doré. Tout ici transpirait la richesse et la luxure, on pouvait y être vite à l'aise ou complètement l'inverse. La Chinoike se sentait plutôt bien, la seule chose qui pourrait la dérangeait, c'était tout cet afflux d'humains en tout genre, transpirant les parfums les plus dégoutants et dont le sang pulsait par toutes les veines les plus apparentes.

Ce long couloir, bordé de rouge, fit frissonner la jeune femme qui apprécia sa traversée. Elle se demandait s'il y avait quelque chose de caché derrière ces broderies de qualité. Chaque âme quittant le corridor et faisant place à l'immense intérieur du Golden Satori s'arrêta pour en prendre littéralement plein la gueule. Les pupilles rougeâtres d'Akane prirent une teinte presque dorée lorsqu'elle posa son regard sur l'immense lustre trônant à la partie supérieure de l'imposante structure. Durant un bref instant, elle se demanda ce qu'il se passerait s'il venait à tomber... N'oubliant pas l'objectif de leur présence ici, la jeune femme observa alors en contrebas l'étage inférieur avant de remonter jusqu'au plus haut.

L'argent fusait, les coupes de vin allaient et venir entre les mains des serveurs et des clients. Les tables étaient nombreuses et la musique résonnait entre chaque mur et rideau. Akane n'avait jamais joué au casino, mais elle se laisserait bien aller à quelques essais afin de mieux se fondre dans la masse. Certains regards se posèrent d'ailleurs sur la Dame du Cercle Rouge qui avait certainement fait parler d'elle. Elle les ignora et posa son regard sur une silhouette non loin d'elle, prise en grippe par l'un des hommes des lieux.

Même de profil, elle aurait pu le reconnaître entre mille et la surprise sur son visage ne se fit pas attendre. Que faisait-il ici ? Était-il venu jouer ? Faire des affaires ? Était-ce lui le troisième membre du groupe ? La jeune femme ne pouvait pas se faire remarquer plus qu'elle ne l'avait été, mais elle devait lui faire savoir sa présence. Qu'il accepte ou non la proposition de jeu du blondinet au regard espiègle, l'albinos commença à avancer, observant les tables déjà prises. Elle passa près de l'homme, feignant l'ignorance et le frôla suffisamment pour qu'il sente sa présence. Elle se dirigea plus loin et porta son attention sur une grande table dotée d'une sorte de roulette incrustée de chiffres et de couleurs. Même les meubles puaient la richesse et la luxure, la roulette était bordée de feuille dorée et le tapis vert semblaient couvert de poudre d'émeraude.

Maintenant dans le champ de vision de Momo, elle tenta de lancer un regard furtif à son attention afin qu'il remarque sa présence. Le croupier face à elle avait remarqué son intérêt et s'inclina respectueusement.

— Ma Dame, souhaitez-vous faire une partie de Roulette ?

Akane sourit et s'installa sur la chaise proposée, elle replaça son charmant kimono et ses longues mèches blanches. Elle observa les individus installés à sa table, se disant que c'était un bon moyen de s'intégrer à la vie du casino. C'était aussi une place de choix pour observer autour de la table les mouvements suspects. Elle ne savait pas si Shin allait venir à ses côtés ou s'il allait s'aventurer de son côté dans l'antre du grand Bouddha. Dans tous les cas, ils savaient qu'ils devraient se retrouver à un moment donné pour échanger sur ce qu'ils avaient découvert. La Chinoike cherchait à découvrir si le Collectif se fondait lui aussi dans la masse, il fallait aussi compter les nombreux gardes et trouver aussi où se trouvait la chambre secrète. Il y avait beaucoup de choses à faire, mais pour l'heure, la vampire écouta attentivement les consignes de l'animateur.

Akane avait échangé quelques jetons eux aussi ornés du symbole des lieux en feuille d'or. C'était presque un privilège de pouvoir en toucher. La jeune femme décida de poser un jeton sur la couleur rouge et un sur la case impair pour optimiser ses chances. Une femme face à elle de deux fois son âge, choisit de poser un jeton sur un chiffre noir, un autre plus jeune, mais très laid en fit de même tandis qu'une tierce personne déposa un jeton sur la couleur noir et sur le pair. Enfin, l'homme à sa droite frôla la Shimojin pour poser son jeton face à elle, sur la couleur rouge et sur impair. Tout comme elle. Elle fronça des sourcils légèrement, alors qu'il se tourna vers elle. Son regard aussi bleu que la mer bordant Shimo tenta de déchiffrer Akane.

— Quelque chose me dit que vous me porterez chance.

Glissa-t-il d'un ton sous-entendeur et d'un regard charmeur. S'il savait qu'elle était maudite, il ne dirait certainement pas cela. La jeune femme se contenta de sourire et resta silencieuse. Elle invita son interlocuteur à observer ce qui allait se passer, car le croupier venait de lancer la grande roulette, faisant tournoyer la bille dorée, laissant le suspens et la résultat pendre au visage de chaque présence. La son métallique de la boule qui se cogne fut comme hypnotisant, le résultat allait certainement modifier l'avenir d'Akane en ces lieux.

Spoiler:

Elle ne l'avait donc pas reconnu. Enfin si. Mais pas reconnu réellement. Il fallait dire que lors dernière rencontre (avant même celle d'Ido-Shima), Shin ne portait pas tout cet accoutrement. Il était encore un homme dans la fleur de l'âge, charismatique et élégant désormais, il n'était qu'un homme entièrement brûlé et s'étant recouvert totalement d'un combinaison rouge sang. C'était mieux ainsi, préférant éviter de montrer sa honte au Continent.

Des banalités furent échangés entre les deux, pour le moment, le Sarutobi n'était pas enclin à lui avouer qui il était. Pas encore du moins. Alors que le duo pénétrait dans le Golden Satori avec facilité, ils pouvaient y découvrir l'intérieur avec stupéfaction. La sécurité avait été considérément renforcer. Pour le coup, le masqué n'eut guère de difficultés à pénétrer dans les lieux de par sa relation positive avec le pays de l'Abondance mais également par le fait, qu'il était déjà venu à de nombreuses reprise dans cet endroit. Il y avait perdu et gagné de l'argent.

L'albinos s'était dirigée vers la table de jeu de la roulette, pour le moment, le Sarutobi avait décidé de la suivre. Il était curieux de voir si elle était douée en terme de jeux : la roulette était un véritable jeu du hasard, contrairement à bien d'autres. « Bien du courage à vous, Akane, » lui dit-il. Il décida de s'éclipser finalement, la laissant enquêter pour le moment de son côté. De là où ils étaient, Shin n'était pas sûr d'avoir les réponses à ses questions. Il fallait voyager un peu plus.

Gambadant entre les différentes table de jeux, l'éveillé au chakra s'extirpa jusqu'au second étage. Il y découvrit une table dont le jeu l'attirer. Il y avait déjà quelques personnes de présentes, Shin s'installa sur l'une des chaises vacantes. « Quel est ce jeu ? Je n'y ai jamais joué auparavant... » feigna-t-il.

Parfois, il arrive que le destin des hommes se voit chamboulé d'une manière irrévocable. Suite à une tragédie ou bien un évènement marquant, il est parfois impossible de retrouver "le soi d'avant". Réduit à une coquille vide, dénuée de toute sensation familière qui la rattachait à l'être qu'elle était autrefois. L'on dit que ceux qui s'égarent dans la voie du tourment finissent par perdre leur lumière, leur éclat. Une partie d'eux meurt à cet instant, et ce, à tout jamais.


Dans les ruelles du pays d'Ame, c'est sous le regard attentif d'un gigantesque bouddha dorée qu'une croix inversée se dévoile au milieu des haoris et autres emblèmes de clans. Habillé d'un long manteau, il est remarquable de par sa grande taille, sa démarche singulière qui accompagne chacun de ses pas d'un clinquement de chacune de ses parures et autres bijoux qu'il portait. Arrêté le temps d'un moment, la tête levée pour confronter le regard de la statue d'or, le visage du Yozora se révélait. Ses traits fins, son teint pâle, ses yeux en amandes, d'un noir profond qui rappelait les abysses.

Et ces yeux : Ils se posent partout. Si le Yozora n'est pas tellement expressif, son regard en revanche, c'est une toute autre histoire. Ces yeux percent et observent, ils confrontent ceux qui les défient et intime une mise en garde. Ces onyx inexpressifs, remplis pourtant de malice, extirpent les informations des personnes sur lesquelles ils se posent. Il reconnait un noble à la couture de ses vêtements, à son teint, les ouvriers à leurs crasses et leur manières,

Mais ce n'était pas ceux là qui t'intéressaient, pas vrai ? Ses yeux sont à la recherches de symboles, ils sont à la recherche de ceux qui ne souhaitent pas être vus, ceux dont la lumière ne devait en aucun cas s'éteindre au risque de mettre fin au bal... Tu n'auras qu'à engloutir leur lumière et les dévorer, toi, le sans éclat.

Le festival de couleurs l'accueillit dès lors qu'il passa les premiers checkpoints qui filtraient l'entrée. Grand de plusieurs étages, le Golden Satori s'avérait être un building impressionnant. Une prouesse du monde tel que nous le connaissions. Fierté du pays de l'abondance, symbole de la toute puissance de Bo Takeshi. Comme à son habitude, le Yozora ne perdit pas de temps et se mit en mouvement.

La taille gargantuesque du bâtiment faisait de l'exercice du Yozora une tache bien plus ardue qu'il n'aurait pu espérer, mais fort heureusement, pour eux la soirée ne faisait que commencer. Alors, pour le moment, il se concentra sur le premier étage. En circulant entre les tables, il laissait son regard se perdre. Sur les tables, les chefs de partie observent le bon déroulement des jeux et la bonne pratique des croupiers. Chaque cout, chaque résultat est enregistré... mais comment se comportent les tables à chaque roulement de croupiers ? Sans s'étaler, il poursuit son opération et laisse traîner ses oreilles... peut être que les clients du Golden Satori auront de nouvelles pistes concernant le collectif.

Puis, alors que le temps s'arrête momentanément, un éclair glacial le tétanise. Un frisson lui remonte le long de l'échine, alors qu'il se raidis soudainement. Comme attiré par une sensation étrange, ses onyx finissent finalement par rencontrer les rubis de son interlocutrice. Alors, comme ça, tu es là toi aussi ? L'albinos à la chevelure cendrée se révélait, maîtresse du cercle rouge : Chinoike Akane... Que faisait-elle ici ? l'espace d'un instant, son visage se métamorphose, ses dents se serrent et grincent légèrement. Il ne pensait pas la revoir, pas maintenant en tout cas, pas ici.

Cette intervention l'empêcha de le voir arriver, l'employé du Golden Satori, visiblement pas n'importe qui, venait de se présenter à lui pour proposer une partie d'un jeu, le Saikoromeijin, une coutume de feu Kusa no Kuni, avant qu'il ne devienne le pays en ruine. Avec la prolifération du marché noir, du Golden Satori et de l'émergence de Bo Takeshi, ce jeu autrefois pratiqué par les habitants du quartier des épices avait vu sa renommée à l'internationale exploser au point qu'il s'est dispersé au quatre coins du continent.

Et au vu des symboles que l'homme arborait, il était jusqu'à maintenant la personne la plus proche de lui apporter les réponses qu'il cherchait au sein du Golden Satori. Son regard tarde à lâcher la silhouette de l'albinos, mais finit par se reporter sur son interlocuteur.

L'édifice se rempli peu à peu, les couleurs s'entremêlent sur chaque invité. Le vermillon et l'azurée virevolte sur chaque manteau, tandis que l'ocre et l'émeraude habille parure et hauts de forme. Malgré quelques visages fermés, ce fut la haute-société des quartiers de l'Abondance qui commençait à faire son entrée sous les milles et uns feux du lustre. Les travailleurs, croupiers, agents de sécurités, barmans et serveurs sont différenciable à ce long haori ébène aux symboles brodés de feuilles d'or. Chacun d'entre eux dispose d'un travail unique, répétant inlassablement les mêmes gestes, les mêmes sourires. Tout est organisé, planifié, sans une once de petits doutes dans chacune des interventions.

Chacun répond à un ordre. Les verres d'accueils sortent du bar, sont disposés sur des plateaux, qu'une dizaine d'hommes et femmes récupèrent chaque dix minutes, afin de se poster à la fin du corridor rougeoyant. Chaque agent de sécurité communique toutes les cinq minutes, parlant au creux de leur paume. Nul ne sait comment ils peuvent ainsi s'entendre et s'écouter, avancée technologique, ou œuvre des légendaires Yamanaka. Toutes les vingt-deux minutes, les agents échangent leur rôle afin de palier à un éventuel ennui du poste et une légère léthargie. Chaque escalier permettant d'accéder à l'étage supérieur est gardé par deux hommes, vérifiant les identités à chaque nouveau passage. Chaque croupier change également de table de jeux à chaque fin de partie. Sur son passage il alpague quelques clients semblant fortunés afin d'amener les meilleurs éléments à sa table. Une fois quatre parties écoulées, ils disparaissent derrière d'énormes rideaux flamboyants le long des murs, où sont postés également des agents de sécurité avant d'être remplacés par de nouveaux employés.

Dans ce ballet synchronisé, le Cercle Rouge se reconnait. Les échines s'effleurent, les odeurs s'entrechoc. Des questions se posent, sur la volonté de chacun des membres à être ici en ce jour si particulier. Mais les bouches restent muettes, seuls les corps s'échangent un signe de courtoisie, ou de peur. L'aventurier masqué suit la Princesse, miroitant quelques tables par-ci par-là, avant que les deux ne décident de séparer également leurs chemins. Pour le moment, rien ne semblait trahir de la présence de ce soi-disant Collectif. Cependant, multiplier les enquêtes étaient une bonne chose, à première vue.

La Chinoike avait choisi de prendre part au jeu, se laissant tenter par les sirènes du gain. Plusieurs clients étaient également assis à la même table. Leurs habits transpiraient l'argent pour certain, le manque de sommeil pour d'autres. Les habitués et les magnat de la Cité-État se retrouvait à partager les mêmes vices, les mêmes envies. Un homme lui murmura à l'oreille, avant que le croupier ne déclenche la fameuse roulette. Les couleurs disparurent, laissant simplement la bille virevolter à grande vitesse. Le pouls s'accélérait, tandis que le cœur se serrait. Puis se fut la désillusion : un nombre pair et noir. La chance n'accompagnait pas la maudite, ni même celui qui avait choisi de miser sur elle.

« Fait chier... Ce vieux fou du cinquième m'avait bien dit que je finirais par tout perdre à cause des femmes. Il doit avoir un don pour ça. »

A demi-camouflée par la joie des autres participants, l'homme marmonna ses quelques mots avant de disparaitre dans la foule en direction des étages supérieurs.

La Sarutobi avait continué son périple en accédant au second étage. Plusieurs chaises vacantes trônaient autour d'une table, où seulement deux hommes se faisaient face. Un d'eux portait un long manteau crème, ainsi qu'un chapeau noir d'un style plutôt basique. En face de lui, le croupier, habillé de cet haori distinctif.


Le chapeauté ne semblait réagir aux propos du croupier sans émotions. Visiblement, il avait entendu ce discours un nombre incalculable de fois. Sa main droite s'enfonça dans sa poche, sortant une pile de pièce d'or, avant de la jeter sur le tapis face à eux. La somme représentait plusieurs milliers de Koban, tout au plus.


« Vous pensez réellement que ce Collectif va venir ?
- Je parie que ce ne sont que de simples fanfarons, personnes n'oseraient touchés à l'Oyabun.
- Pourtant la sécurité semble renforcée ?
- Il paraît que plusieurs centaines de personnes viennent jouer ce soir.
- Je n'avais pas vu qu'ils avaient changés les rideaux de l'étage cinq.
- Je n'avais jamais vu les lumières du lustre être défaillantes comme elles le sont ce soir. »

Les rumeurs allaient bon train. L'oreille aiguisée de l'homme-insecte ainsi que son regard, trahissant cette force de caractère, avait su se prêter au jeu auquel il était venu jouer, celui de l'interrogation, des faux-semblants et de la découverte. Il avait su prêter attention aux murmures avant qu'un croupier ne vienne le couper dans ses réflexions afin de lui proposer ce pourquoi il était payé. Suivant les paroles du Yozora, il lui intima de prendre place à une table, celle-ci vide de tous clients. Il était le maître du jeu qui prenait la relève, disposant ainsi de son premier client.


Sans attendre, les dés s'entrechoquaient sur la petite table qui séparait les deux hommes. Les dés du croupier furent un 6 puis un deuxième 6. Se positionnant en tant qu'adversaire sur cette partie, l'homme au regard azur vint lancer ses trois premiers dés, avant d'en relancer deux sur la triplette. 1-1-6-6-6, une main pleine pour entamer cette première manche. Un sourire non dissimulé apparu sur le visage de l'homme, avant que celui-ci ne reprenne la parole, d'un ton beaucoup plus subtil, presque inaudible afin de pas être entendu par le reste de la clientèle.

Tour 2:

Tout s'arrêta quelques instants, lorsque son regard et celui de Momo se croisèrent. Akane apprécia la surprise dans ses pupilles folles et encore plus cette grimace : il ne s'attendait clairement pas la voir dans un tel endroit et encore moins à Ame, pas maintenant en tout cas. Satisfaire, elle lui adressa un de ses rares sourires et lui fit comprendre d'un simplement regard qu'ils allaient devoir parler. Elle se demanda alors s'il était le quatrième membre du groupuscule présent pour arrêter le Collectif ou pour des volontés bien plus sombres... L'attention du créateur d'insecte fut volée par un croupier, laissant à Akane la liberté de se diriger à son tour jusqu'à une table qui attira son attention.

L'homme masqué qui l'avait alors suivie lui souhaita bonne chance. Le son de sa voix fit écho dans l'esprit de la tueuse avant de comprendre qu'elle le connaissait, mais pas seulement d'Ido-Shima. Son odeur, ses pouvoirs, sa voix masculine, grave et posée.

— Shin... Tu...

Mais elle n'eut pas le temps de réagir qu'il avait déjà disparu dans les méandres de l'argent et de la foule. Elle était presque certaine de ce qu'elle avait ressenti durant cet instant. C'était lui, cela ne faisait aucun doute. Comment avait-elle pu ne pas s'en rendre compte plus tôt et pourquoi avait-il changé au point de se cacher derrière cette combinaison étrange ?

Trêve de réflexions, il était temps pour elle de s'y mettre aussi. Avant de s’engouffrer aux étages supérieurs, la déesse du froid souhaitait se familiariser avec les lieux, les individus et les mentalités. Il y avait de toute classe, mais beaucoup étaient pleins aux as, ça se voyait et se sentait. Elle fut invitée à la table et s'était installée avant de miser.

Alors que la roulette s'était lancée dans une toupie infernale, faisant valdinguer la petite bille, Akane observa les gestes automatiques et répétés des hommes du Golden Satori. C'était comme s'ils avaient été programmés pour réaliser avec perfection leur tâche, alors elle cherchait le moindre signe qui sortirait de la panoplie d'automates qu'ils étaient. Mais elle s'attarda surtout sur le visage de celui qui était venu murmurer dans l'oreille de celui qui portait le destin de cette table. Elle chercha à lire sur ses traits s'il s'agissait d'un message important ou si c'était normal.

Sachant d'avance qu'il y avait peu de chance pour elle de remporter la mise, elle ne fut pas surprise de voir la boule tomber sur un nombre pair et noir. Un fin sourire se dessina sur ses lèvres : le jour où elle gagnerait à un jeu, ça serait le jour où elle ne serait plus maudite. Les regards s'illuminèrent d'un côté, tandis que de l'autre, le charmeur à sa droite maugréa quelques mots qu'elle put percevoir, laissant penser qu'il y avait quelqu'un au cinquième étage de très perspicace. Étant donné qu'elle n'avait pas d'autres pistes sur le moment, l'albinos dit adieu à ses jetons et remercia respectueusement le croupier avant de se lever.

Discrètement, presque de manière fantomatique, la jeune femme suivit l'homme en question vers le second étage, puis le troisième. À chaque escalier, elle fut contrôlée par des gardes qui semblaient ne rien laisser passer. Elle prouva de son identité et de son passe et grimpa. Elle se demandait s'il y avait vraiment des jeux jusqu'au dernier étage, mais elle se disait que monter et s'éloigner de ses camarades n'était peut-être pas conseillé dans un lieu aussi bondé. Surtout si eux-mêmes se trouvaient sur la piste de quelque chose.

La Chinoike perdit de vue l'individu qu'elle avait suivi avant de se lancer jusqu'au cinquième étage. Elle tomba sur deux gardes et fit la même chose que précédemment, avant de les voir changer de place avec ceux qui allaient les remplacer. Par la suite, ils se glissèrent derrière les rideaux et s'évaporèrent.  

La curiosité piquée, Akane se doutait qu'il y avait bien des secrets dans cet immense endroit et qu'elle n'était pas au bout de ses peines. Si le collectif voulait agir, il allait forcément devoir s'infiltrer et s'immiscer dans les coulisses de ce théâtre de l'abondance. Un homme qui ressemblait à celui qui avait chuchoté des bribes de mots au croupier fit son apparition.

Alors qu'elle allait se retourner pour se diriger vers les tables de jeu, elle entra en collision avec un homme dont le visage était camouflé par un chapeau. Celui-ci ne prit pas la peine de répondre et passa devant elle sans lui jeter un regard. Fronçant les sourcils et n'appréciant pas son comportement, elle se décida à le suivre à une table à côté, la plus proche des faux rideaux.

Ne prenant pas l'information sur le jeu en question, la vampire se plaça en face de celui qui lui avait paru bien désagréable, avant de le fixer de ses billes rouges. Il semblait éviter son regard ou ignorer même sa présence et posa des kobans devant lui, ses gestes étaient nerveux. Était-ce la provocante dame du Cercle Rouge qui le mettait dans tous ses états ? La Shimojin fit de même avant de recevoir deux dés à 6 faces et un récipient. Elle écouta brièvement les règles du jeu ressemblant au Black Jack, mais avec des dés. Elle comprit qu'elle devait se rapprocher du nombre vingt-et-un sans dépasser, risque ou sûreté...

Alors elle se contenta de secouer son gobelet rouge orné du symbole du Bouddha doré et lança à trois reprises, avant de retrouver à dix-neuf. Ce fut à cet instant qu'elle posa son regard sur l'homme face à elle qui serra le poing. Souriant alors, elle s'arrêta là. Perdre ou gagner, peu importe pour elle, elle avait réussi à le faire réagir et cela suffisait.

Spoiler:

Un sourire se dessine sur les lèvres du jeune aux cheveux de jais. D'une démarche lente, il talonne son interlocuteur qui l'invite à rejoindre une table privatisée. Était ce une coutume du Golden Satori ? Ou était ce son nom qui lui accordait cette invitation particulière ? Il n'aurait pas été difficile d'imaginer qu'avec l'accès aux informations que détenait l'Oyabun de la pluie, il puisse être identifié. Sur le visage, un air guilleret, qui servait sans doute à camoufler la méfiance dont il faisait preuve à l'égard des employés.

L'employé du Golden Satori peut sans doute le ressentir, cette manie qu'il a de fixer les gens dans le creux des yeux à la recherche de l'étincelle qui lui permettrait d'en savoir un peu plus. Lorsqu'il s'assit face à son interlocuteur. L'atmosphère autour de la table changea du tout au tout. Cette fois, c'était à Kibo de se placer correctement sur l'échiquier, car dans cet aquarium, il n'était qu'un petit piranha qui allait tenter de s'attaquer à un morceau de viande bien plus gros que lui.


Sa posture décrit son état d'esprit. Les jambes croisées, les coudes posés sur la table et les mains croisées pour pouvoir faire s'y reposer son menton. Son regard de charbon dévorait la lumière qui s'y déposait, n'y laissant qu'une toile opaque, sans reflet. Dans ce canevas se dessinait une première série d'évènements, les informations se mélangeaient, se faisaient assimiler... l'homme lui offrait une chance de pouvoir glaner les informations qu'il désirait obtenir.

Une... chance ? Son sourire se veut plus doux, alors qu'il dépose les yeux sur la petite coupelle renversée sur la table. « Des questions, hein ? En voilà une bonne idée. » Une fois relevée, elle présente la rivière du croupier : Deux 6. se redressant en arrière, ses mains se délient pour venir se plaquer l'une contre l'autre*, il rajoute : « Eh bien, vous ne faites pas les choses à moitié, vous les gens d'ici. » Puis, ses onyx continuent d'observer le jeu. Le croupier sort un nouveau six, relance quelques dés et finit par se faire une belle main pleine. Décidément... l'adage qui disait que le casino gagne toujours était on ne peut plus vrai. Sa main droite vient accueillir son poing gauche au creux de la paume* alors qu'il lâche soudainement : « Bien ! C'est à moi de jouer c'est ça ? J'ai juste à avoir un coup de chance. » De nouveau, son sourire refait irruption de plus belle, laisse même entrevoir une canine sur le coté, alors qu'il vient redéposer ses coudes sur la table, ses mains de nouveau entremêlée, à l'exception des index et pouces qui joint ensemble, viennent former un cœur inversé*.


De sa jambe s'échappe finalement un scolopendre approchant timidement les dix centimètres, qui sous la table, serpentera discrètement jusqu'à un pied de table. En suivant l'ordre intimé par les phéromones que Kibo dispersait, il irait remonter lentement, de sorte à pouvoir se placer proche de l'homme faisant face au roi des insectes.

« A mon tour, dans ce cas. » la main de Kibo vient se saisir des dés, les place dans la coupelle, puis l'agite frénétiquement. « Qu'aimeriez vous savoir... vous qui détenez déjà toutes les informations. » la coupelle s'écrase sur la table, la main pale du Yozora posé délicatement sur cette dernière. « C'est vrai ça... on est quand même dans le fief du marché noir, j'suis même persuadé que vous avez ma tête affiché quelque part... peut être même que c'est pour ça que tu es là, qui sait. » le ton du Yozora avait changé, son expression faciale aussi. Cette manière de le regarder avec arrogance, l'orgueil des Aburame refaisait parfois apparition lorsque Momo opérait.

Lorsque sa main retire la coupelle, et révèle sa propre série de dés, un 6 et deux 1, son sourire prend tout à coup un aspect bien différent. « Nous voilà a égalité... Shugyoku. » Les jambes du Yozora se croisent à nouveau, alors qu'il se renfonce dans le siège. « Mmh... » légèrement contrarié, du moins d'après ce qui semblait, il ajouta : « Techniquement, aucun de nous deux n'a perdu... » il fit mine de réfléchir quelques instant, en venant se frotter le menton du bout des doigts. « Je veux rencontrer votre boss. » lâche-t'il simplement. « Comment puis-je faire pour obtenir audience ? »

Bien intérieurement, revoir Akane lui faisait plaisir. Dans le passé, son histoire avait réussi à le toucher mais les événements avaient fait que sa sensibilité avait entièrement disparu, refoulé au plus profond de son être alors que son père mourrait des mains de cet infâme parjure. Il était ainsi, malheureusement. Le Sarutobi laissait l'albinos à ses occupations, grimpant deux à deux les escaliers menant au second étage. Parcourant aisément les dédales du second étage, l'éveillé au chakra s'arrêta à une table de jeu qui l'intrigua.

Le jeu semblait fort intéressant, il avait déjà aperçu quelques personnes y jouaient par le passé mais le Sarutobi ne s'était clairement jamais adonné au jeux d'argents. Ca ne l'avait jamais intéressé, même de l'argent, il s'en fichait pas mal. Pour lui, le plus important était la progression de sa force et de sa réputation, également. L'attaque du Kaiju avait permis de l'amplifier, mais la route restait encore longue.

Après avoir pris la parole, un homme s'adressait à lui. Il s'agissait du croupier, reconnaissable par le vêtement que tous les croupiers portaient au sein du Golden Satori. Pour le moment, il ne se passait rien... Regardant les alentours, aucunes personnes ne semblaient suspect, Shin décida alors de s'asseoir sur l'une des chaises autour de la table. « Jouons dans ce cas avec 1 000 Kobans, » répondit-il simplement.

Rapidement, deux dés furent lancés montrant une combinaison de sept avec un dé de cinq et un dé de deux. Ce n'était pas énorme, mais ce n'était pas petit. Choix coriace, le masqué restait les yeux rivés sur les mains du croupier afin de déceler une quelconque triche possible.

Ce fut maintenant chacun de leurs côtés que les mercenaires agissaient. Chacun avait été amener à rejoindre une table de jeu, déboursant leurs légères économies sans être certains de pouvoir en tirer de réelles informations. L'appât du gain, le vice du jeu, la frénésie de la victoire, il y avait tant d'émotions qui pouvaient barrer leur progression. Après tout, le Golden Satori ne semblait pas affecter par les menaces du Collectif, au contraire, il se pourrait que ce soit l'une de leur soirée les plus prolifiques depuis l'ouverture du casino. La curiosité morbide avaient amener l'entièreté des nombreuses sphères de la Cité-État à se rejoindre ici en ce jour. Il était certain que chacun voulait être présent si le casse du siècle s'avérait être réel. Là où la mort s'engouffre, les charognards ne sont jamais très loin.

La Princesse du Cercle Rouge avait quitter sa première table de jeu, intrigué par les dires du malheureux charmeur ayant visiblement laisser ses émotions le guider plus que la stratégie. Elle gravissait les escaliers, un à un, passant les différents contrôles avant d'arriver à ce fameux étages numéro cinq. Celui-ci était différent de ceux inférieurs. Il abritait l'exact point central de l'édifice, arborant une infinité de longs rideaux rougeoyants bordant les murs. De nombreux va-et-vient s'effectuais à l'arrière des étoffes. Ici, quelques tables de jeux étaient encore présentes, comme à n'importe quel étage, cependant, ce n'était pas l'activité principale de cet étage. Ici, la musique allait bon train, les lumières du gigantesque lustre légèrement tamisé à ce niveau pour donner une ambiance un peu plus intimiste. De nombreuses danseuses et danseurs, très légèrement vêtus, s'adonnait à des danses complexes où leurs corps redoublait d'agilité pour mettre en valeur tous les attributs physiques que les clients étaient venus admirés. La deuxième attraction la plus importante ici était l'énorme bar à 360° qui agissait comme un aimant sur les riverains. Les danseurs flairaient les gros portefeuilles un peu trop envoûté par le show, avant de les amener en direction des boissons afin de leur faire dépenser un peu plus d'argent encore. La chorégraphie était intense, millimétrée, aucun marin n'échappait aux chants des sirènes.

Ce fut dans cet ambiance si particulière, ayant changé des grandes parures dorées et hautes en couleurs des étages inférieurs que la Vampire s'adonnait à un lancer de dés, fixant de ses iris rougeoyantes le chapeauté qui tremblait de toute part à l'idée de sortir ses pièces d'or de sa poche. Un seul pauvre petit Koban vint se positionner sur la table, le croupier visiblement peu enclin à donner l'aumône vint tapoter trois fois sur la table de sa main gauche. Sans l'ombre d'une seconde, deux agents de la sécurité se retrouvèrent derrière l'homme, l'attrapant par le bras avant de lui montrer les escaliers. Visiblement éméché et ayant claquer toutes ses économies dans des danses chaleureuses et autre boissons exotiques, l'homme ne tenta pas de se débattre, la poigne d'un des agents visiblement bien trop forte pour lui.

Le regard de la Chinoike ne pouvait que contempler la force et l'organisation militaire du casino. Tout était fait pour ne pas effrayer le client, sans cri, sans violence et surtout sans même une parole. Le croupier se retourna vers la table, long sourire sur le long des lèvres continuant son explication comme pour attirer l'attention des joueurs à lui. L'expérience d'Akane entrait maintenant en jeu, son œil pouvait l'apercevoir maintenant, les deux agents de sécurité ayant quitter leur poste, une fenêtre de seulement quelques secondes s'ouvraient sur la protection du chevauchement de deux rideaux, qui servait, vraisemblablement, d'entrée vers le cœur de l'édifice.




Toujours aussi stoïque et dénué d'émotions, le croupier acceptais la mise du masqué. Il sortait les Koban directement d'une petite mallette à côté de lui, servant aux clients voulant faire crédit. Le chapeauté toujours masqué par l'ombre de son haut-de-forme ainsi que son long manteau beige, vint jeter ses deux dés : un cinq et un deux. C'était une égalité entre les deux hommes, qui se partageraient ainsi la récompense en cas de victoire sur le croupier. Ce fut à ce dernier d'attraper sa paire de dé, qui vinrent s'entrechoquer sur les rebords de la table avant d'afficher le résultat : un six et un quatre. Dix.



Un regard froid, un ton tout aussi glacial, il transpirais l'expérience d'une longue vie de croupier derrière lui. Le troisième homme à la table, toujours sans un mot, doubla la mise, insinuant ainsi qu'il allait continuer de jouer sans une once d'hésitation.


Le temps semblait s'être arrêté à cette table si particulière que les riverains semblaient ne pas apercevoir. Pourtant, proche de l'entrée et situé sur le passage de nombreux clients, seul le croupier et le Roi des Insectes étaient assis l'un en face de l'autre chacun arborant un léger sourire sur le visage. La clientèle clignait de l'œil en approchant des autres tabourets, se stoppant un instant afin de jeter un regard sur l'ambiance de la table, puis finalement décider d'aller se poser à un endroit où la tension n'est pas aussi palpable. Les deux hommes ne sont pas dupes, chacun joue un rôle et se grime dans une apparence ou un caractère trompeur. Les regards sérieux, froids, incorruptibles se toisent jusqu'au plus profond de leurs âmes.

Les dés sont jetés, puis sont dévoilés tandis que dans une discrétion totale le général envoie son premier insecte sous la table. La petite coupelle se relève. Un petit rire échappa du croupier, d'une sincérité évidente lorsqu'il vu le résultat. Une égalité parfaite, comme un énième signe du destin entre ses deux inconnus. Il était tomber sur la bonne personne, sans l'ombre d'un doute.



Une phrase simple, celle d'un croupier parmi la centaine présent au Golden Satori. Les dés commencèrent à regagner la main des deux hommes, lorsque feu-Kibo repris la parole, d'un ton plus strict, froid, retrouvant sa réelle personnalité. Le rictus de l'homme au haori ébène ne le quittait plus. Il tourna sa tête à gauche, puis à droite, délicatement, afin de s'assurer que les oreilles ne trainaient pas trop près de leur échange si singulier.



Les murmures étaient parsemés de gestes contradictoires, mimant la début d'une nouvelle manche, afin de n'attirer aucun regard. Ce fut plus une réelle partie d'échec qui se jouait entre les deux hommes plutôt qu'une simple partie de dés aux résultats hasardeux. L'immensité de la foule leur permettait de se couvrir des oreilles indiscrètes ou des regards trop curieux. Le croupier vint redistribuer les dés, persuader que son interlocuteur avait bien mieux à faire maintenant que de relancer une nouvelle fois, cependant, il avait marqué un point, aucun des deux n'avait perdu.

Le cinquième étage semblait presque isolé du monde extérieur, avec des pièces un peu plus sombres et propices aux mauvaises habitudes, incitant les esprits les plus faibles à succomber à la tentation de l'alcool et des charmes séduisants. Toucher était clairement défendu, mais regarder semblait être une limite acceptable pour tous. Sûrement, parce qu'ils savaient ce qu'ils faisaient. Chaque détail avait été savamment arrangé dès le départ, ce qui risquait d'agacer la volatile Akane.

Pour cette raison, elle attribuait de l'importance à chaque incident imprévu, à l'instar de cette personne qui lui était rentrée dedans. Elle l'avait suivi, s'était assise à sa table et avait même initié une partie de jeu, le tout pour observer ses actions au sein du Golden Satori.

Contre toute attente, l'homme qui avait misé un malheureux Koban ne fit pas long feu. Trois impacts clairs et perceptibles, assez marqués pour pousser deux gardes vêtus de manière comparable à se glisser derrière l'inconnu. Les yeux rougeoyants de la Chinoike lui ont permis de réaliser que la force appliquée sur son bras suffisait à la convaincre de ne pas créer une scène. Dans le silence, mais avec intensité, le malheureux a quitté la pièce et les lieux dans un léger sifflement.

Bien que le croupier ait délicatement essayé de ramener l'attention des joueurs sur les dés, la personne originaire de Shimo n'avait pas manqué le bref moment où les rideaux étaient laissés sans surveillance. Bien que son côté audacieux aurait pu l'encourager à saisir cette opportunité, il était encore prématuré pour elle d'agir. Son attention se reporta sur le jeu au centre de la table, le croupier venait de lancer les dés et avait obtenu le même résultat qu'elle. Égalité. Qui l'aurait imaginé ? La jeune femme avait donc simplement récupéré son investissement et décida de partir, concluant d'un signe de tête respectueux.

Akane devrait à nouveau essayer de provoquer une réaction de la part des gardes, car c'était le seul moyen pour elle de détecter les failles dans leur organisation prétendument parfaite. Alors qu'elle tentait de se faufiler entre les tables et les saltimbanques, un danseur l'accosta avec une certaine distanciation. Ondulant audacieusement pour dévoiler sa peau nue, ses mains caressaient la jeune femme sans la toucher, son regard brûlant cherchant à subjuguer son esprit afin de l'attirer comme un vulgaire toutou par un os. Akane ressentait très peu d'attrait envers les autres, en particulier d'un point de vue physique. Seule une personne saignant abondamment parvenait à susciter un certain intérêt chez lui. Malgré elle, la Shimojin reconnaissait qu'il exerçait une forme de pouvoir d'attraction sur elle, sans pour autant en comprendre la cause.

C'est alors qu'une idée quelque peu cruelle lui traversa l'esprit. Affichant un intérêt démesuré à son égard, examinant scrupuleusement chacune de ses actions, elle fut conduite dans un coin tapissé de sièges et de canapés aussi moelleux qu'un pelage de loup. Plutôt que de se diriger vers le grand bar où il paraissait l'inviter, la Chinoike s'installa ailleurs, croisant une jambe et laissant apparaître la peau cadavérique de sa guibolle droite. Elle profita de la lumière tamisée et du moment où ce dernier se tourna pour déhancher son postérieur pour glisser quelques signes incantatoires et laisser le sang quitter ses doigts pour se répandre dans une petite flaque de sérum au niveau des pieds du charmeur de serpent.

Lorsqu'il se retourna vers la jeune femme, son pied gauche glissa comme prévu sur le liquide rougeâtre, entraînant ainsi une chute inévitable. L'expression de surprise sur le visage du jeune homme, qui n'avait apparemment jamais été confronté à un tel échec, a été salvatrice. Malheureusement pour lui, la table basse à côté, jonchée de billets et d'alcool, n'a pas eu la même issue. Ses réflexes ont permis de limiter les dégâts, mais les bruits fracassants de la chute ont été impressionnants pour les simples mortels venus ici pour s'amuser. Certains l'ont jugé du regard, d'autres se sont inquiétés, et d'autres encore ont semblé faire comme si rien ne s'était passé. Pour ce qui est de la Chinoike, qui n'arrivait pas à éprouver le moindre remords, elle a fait semblant d'avoir peur et s'est approchée de lui à toute vitesse. Le danseur s'était coupé et son sang vint se mélanger au sien qui avait taché les pieds et les jambes du danseur. Akane n'a pas hésité à se tacher les mains et la tunique pour l'aider à se relever, espérant peut-être qu'on lui proposerait aussi de changer de vêtements.

— Vous êtes blessé ? S'il vous plaît !

Interpella la Chinoike, se demanda qui interviendrait cette fois-ci. Tentant de l'aider, la jeune femme s'est efforcée de soulever le danseur qui semblait souffrir après sa chute. C'était un mal pour un bien, se disait-elle. La Shimojin prétendait avoir du mal à maîtriser l'homme, qui s'était appuyé sur elle. Elle devait se montrer sous les traits de la femme effrayée et perturbée, affolée par la vue du sang. Mais intérieurement, elle jubilait. Quel que soit l'issue, elle éprouvait une forme de satisfaction personnelle.

Ses yeux plongés dans les iris de son interlocuteur, le monarque boit ses maigres paroles, lâche un faible soupir. « Bien évidemment. » il se renfonce alors dans son fauteuil, ses mains mêlés déposées délicatement sur ses jambes croisées. « Je saurais être patient dans ce cas. » Bien entendu, l'homme en face de lui attendait également sa réponse, et plus Momo mettrait de temps à lui répondre et plus son honnêteté en tant que joueur serait remise en question... après tout, à Ame, un pari était un pari.

« C'est une promesse que je me suis faite. » Commence Kibo. « Elle est née le jour où les miens m'ont tourné le dos, où ils ont choisi la stabilité à l'évolution... » Son visage se fend d'un sourire, alors qu'il semble adopter des traits plus léger. « ... ce jour-là j'ai promis d'apporter la ruine à quiconque s'opposerait à mes objectifs. » Son regard soulignait désormais chacune des anormalités du visage du Yozora. Son teint étonnamment pâle, ses cernes marquées qui laissait entrevoir quelques poches violettes sous ses yeux, les teintes abyssales de ses iris, cette étrange marque sur son front... Il n'avait rien du petit ange que laissait transparaître son accoutrement, son physique... non, il était bien pire.


Sur une note plus légère, il déclarait : « Cette partie m'a donné soif. » d'un claquement de doigt singulier, maniéré, il interpellait une serveuse du Golden Satori. De la main gauche, il se saisissait d'une coupelle de vin pétillant, avant de la remercier d'un signe de main. Il ne prolongea pas cette interlude plus que nécessaire : il n'était pas là pour faire des courbettes.


Que pouvaient bien chercher ces onyx lorsqu'ils se posaient sur son interlocuteur ? Essayait il de sonder son âme ? Cherchait il à reconnaître un schéma de comportement particulier ? Ou le voit-il comme une proie qui mesure la taille de son appétit face à un dangereux adversaire.

C'est une question qui n'a pas réellement besoin de réponse, tant la situation se suffit à elle même. Le jeu est truqué en sa défaveur, jamais il ne sera en mesure de mettre à genoux le Golden Satori, nombreux s'y sont essayés avant lui et malheureusement Yozora Momo n'avait rien de spécialement notable pour qu'il puisse être considéré comme un danger particulier, il n'était qu'une âme de plus au royaume du vice. Un prisonnier de plus des cercles infernaux du bâtiment à multiples étages.


« Double paire... » ces mots s'échappent de la bouche de Momo, alors que la coupelle se soulève à nouveau, révélant la main du croupier. D'un ton sarcastique, le Yozora applaudit, alors qu'il s'incline en avant dans son siège pour se préparer à lancer les dés à son tour. « Dans ce cas, si j'peux pas rencontrer le patron... » les dés s'agitent dans la coupelle, d'une manière plutôt singulière... un rythme régulier, en trois temps*... « ... Peut-être que tu pourrais me conduire vers quelqu'un qui sera en mesure de répondre à mes attentes... »  


Si nombreux se seraient décomposés à la vue de cette main là, le visage du roi des insectes, lui, semblait apaisé, se permettant même d'afficher un sourire. Car sous la table, l'insecte avait réagi de manière étrange, lorsque l'Aburame s'est mis à secouer les dés. « On dit qu'au royaume de l'abondance, attendre sa chance est vain, la tenter ne suffit pas, il faut la forcer. » Momo lâche un petit rire doux. « Alors, que dirais tu de pimenter la donne, Shugyoku ? » en un instant, l'atmosphère changea du tout au tout. Alors que le Yozora s'accoudait à la table, que son menton se reposa sur ses mains croisées. « Jouons cette prochaine partie comme si nos vies en dépendaient, veux-tu ? Quitte ou double. Si je perds la prochaine, j'offre mon âme et conscience au service du pays... mais si c'est moi qui gagne...

Le soupir fut long mais silencieux, fait intérieurement. Il n'avait jamais été un grand chanceux aux dés, visiblement, l'homme à sa droite avait également louper sa chance. Fallait dire qu'en faisant le même résultat que lui, ils n'allaient pas aller bien loin. Maintenant, les options s'offrant à lui étaient assez limités : arrêter mais devoir six mille kobans ou continuer en doublant sa mise initiale, à savoir deux mille kobans. La seconde option semblait la plus viable, il pouvait gagner. Faire crédit ne l'embêter pas plus que cela, l'argent n'avait jamais été un soucis pour le masqué.

Son voisin décidait de continuer la partie, d'un geste de la main, le Sarutobi invitait le froid croupier à relancer pour lui. Les dés en mains, Shin effectuait de deux dés de quatre portant le total à huit. Sous son masque, un sourire se dessinait. C'était assez bien, espérant que les dés du croupier ne dépassent pas ce total.

Enfin, c'était bien beau de jouer mais Shin avait une mission. Un objectif à atteindre. Le Collectif… Sacré morceau que ce groupuscule, mais tous étaient dans l'inconnu. Enfin, pour le coup, il se savait bien accompagné avec Akane. Malheureusement, le masqué n'était pas le plus fin des enquêteurs et décelait le vrai du faux ne faisait clairement pas parti de ses qualités premières. Il était d'ailleurs fort probable que le Collectif s'était infiltré au sein du Golden Satori en tant que clients ou même employés, tout était possible.

Son regard alla de la droite vers la gauche avant de se reconcentrer sur le croupier. Sa tête ne revenait clairement pas à l'éveillé au chakra, mais il n'y avait pas assez d'éléments pour le coincer. Enfin, pour le moment. « La chance semble me sourire un petit peu… », lâcha-t-il. Son attention était sur le croupier, il ne calculait pas même le joueur à sa droite. « Longtemps qu'vous bossez ici ? » demanda-t-il avec une neutralité déconcertante.

Le Maître des Insectes s'était montré un peu plus loquace durant les dernières minutes de l'échange, des suites de sa défaite ? Ou bien de son impatience ? Non, le croupier au regard malicieux savait la réelle nature de l'envolée de cet échange. Les pièces avaient été déplacées intelligemment depuis même les prémices de leur rencontre, il était temps d'accélérer le jeu. Une mise en scène, la pose d'un contexte, quelques paroles bien senties. Et enfin le clou de spectacle, ce qu'on appellerait communément dans le jargon du poker : un tapis.

Le Yazura avait décidé d'abattre toute ses cartes, tout en gardant un as caché sous la table à la discrétion de son interlocuteur. Un léger silence s'installa, plusieurs questions parvenaient à l'esprit du blond, penchant sa tête de gauche à droite afin de réchauffer les muscles de son cou. Le visage marqué face à lui laissa caresser son échine d'une légère sueur froide, comprenant que son interlocuteur était prêt à tout sans une once d'hésitation. Pourtant, dans une partie de poker classique, le bluff était de mise, encore plus lorsque deux vétérans s'affrontaient avec minutie depuis de longues minutes. Finalement, chaque phrase, chaque regard, chaque mouvement du corps, chaque seconde gagnée était une distraction comme une autre pour amener son adversaire à l'endroit voulu au moment opportun.



Les deux mains de l'home prirent la coupelle et y placèrent les dés avant d'entamer quelques mouvements de poignet afin d'en mélanger le contenu.



Les dés quittent le nid, roulant un long moment au cœur de la table, comme si le temps avait ralenti pour laisser un peu plus les deux fauves se délecter l'un de l'autre.



Une dernière phrase, presque chuchotée, alors que les dés dévoilaient leurs faces : 5-5-5-4-4. Une main pleine, comme lors du premier tour, comme symbole d'une boucle dans laquelle s'enfermait le maître des scolopendres, sans jamais pouvoir gagner, une lutte déséquilibrée vers la gloire. Un dé vint heurter la coupelle de vin vidée par le Yozora. Le son singulier du carré de bois avec le verre attira l'œil de Kibo. Dans le reflet du réceptacle de la boisson enivrante, il put l'apercevoir, cette fameuse luciole. Au niveau du cinquième étage de l'énormissime lustre, une bougie semblait s'éteindre, puis se rallumer, à une fréquence régulière.




Les dés avaient heurté les bords de la table avant d'afficher leurs résultats. Le même ton froid et impassible du croupier pouvait décontenancer les joueurs. Pourtant, ni l'homme au chapeau ni le masqué ne semblait être troublé par ses paroles et encore moins par le bienfondé de ce jeu. Il n'y avait que très peu de règle, laissant le tout au hasard, avec simplement le devoir de miser et de payer une grosse compensation en cas de retrait. Ce qui était encore plus étrange lorsque sur l'entièreté des autres tables de jeux, il suffisait de le vouloir pour quitter le jeu, sans en payer une somme astronomique. Cela ne semblait pourtant pas refroidir le mystérieux homme, qui malgré l'enchainement de défaite, continuait de doubler la mise inlassablement sans jamais vouloir quitter la table.



Une réponse transpirant l'honnêteté mais laissant entrevoir un léger plissement au niveau du front, dérangé par les joueurs posant des questions personnelles. Il n'était pas des croupiers qui jouent de sourires et de courbettes pour caresser l'égo des joueurs, non. Il avait un travail et il le faisait dans sa nature la plus neutre possible. Il raflait votre argent, sans une once de sympathie.


La Princesse du Cercle Rouge avait su redoubler de vigilance et de patience. Bien qu'une opportunité s'était présenté, se lancer dans l'inconnu entouré d'autant de sécurité était un pari risqué. Un pari qu'elle n'avait voulu relever sur un coup de tête, mais plutôt à sa manière. Réfléchissant un instant à la marche à suivre, ce fut en jouant le jeu des faux-semblants et de l'emprise charnelle que lui proposais cette salle que sa malice pris vie.

Le temps s'arrêta un instant, alors que les corps s'attiraient comme des aimants, les courbures captivant la lumière, avant que le sang ne jaillisse de sa cuisse gauche. Son corps ayant heurté la table de verre, dans un fracas tonitruant attirant les regards et stoppant quelques instants les doigts des musiciens sur leurs instruments. Le sang recouvrait peu à peu le sol alors que la vampire se grimait sous les traits d'une frêle et paniquée jeune femme. Sans perdre un instant, un des barman tourna son regard vers la sécurité, tapotant son menton deux fois comme signe d'urgence. D'une rapidité étonnante, les deux colosses se retrouvèrent sur les lieux, un prenant en charge le blessé afin de le conduire rapidement loin des invités.

Deux autres personnes vinrent apparaitre de derrière les rideaux, nécessaire de nettoyage en main pour rapidement épongé les traces de sang de la vue des invités les plus prestigieux. Dans le même moment, le barman attira les regards à lui en proposant un verre offert par le Golden Satori pour la gêne occasionnée avant que les musiciens ne reprennent de plus belle leurs rythmes enivrants. Les danseurs, pour certains encore surpris, firent preuve de professionnalisme en reprenant leur parade féérique. En moins de deux minutes, l'ensemble de la pièce avait repris son calme et aucun incident ne semblait s'être passé.

Le deuxième homme de la sécurité avait saisi la Chinoike par le bras, en direction des rideaux afin de cacher ses habits tâchés de sang de la vue des clients. Lorsque les deux draps rouges s'entrouvrirent, une petite porte dérobée fit son apparition, avant que l'homme et a Shimojin ne la traverse. Ici, les parures, les couleurs, la musique, tout ce qui était attrait aux plaisirs et à la beauté avait disparu. Un simple corridor blanc, éclairé maladroitement par quelques flambeaux, semblait infini. Des deux côtés du corridor se trouvait des portes de mêmes couleurs.

« Vraiment navré madame, voici des habits de rechanges. Je comprends que ceux-ci n'auront rien à voir avec vos magnifiques parures, mais ils seront propres et vous enlèveront cette horrible vue du sang. Le Golden Satori s'engage à rembourser vos dettes occasionnées ce soir et à vous offrir une coupe de notre meilleur vin. »

Se confondant en excuse une fois à l'abri des regards, l'homme ouvrit la première porte sur la droite. C'était une sorte de dressing ou de nombreux habits étaient entreposés, aussi bien pour les danseurs que pour ce genre d'évènements hasardeux. Il lui intima de passer la porte, alors que lui allait rester à l'extérieur. Une femme se devait d'avoir son intimité pour se changer.