142 - Naissance

Dans les îles de Mizu no Kuni, une femme met au monde un enfant. Un acte ordinaire, pour perpétuer une race humaine peu amène à disparaître, mais quelque chose de spécial se déroule… Non pas sur le fond, ni la forme, mais bien sur les protagonistes. La génitrice est Chinoike Kyuketsuki, l’actuelle cheffe du clan vampire. La femme aux cheveux blancs mit au monde une nouvelle génération de cette famille que tous pensaient disparu depuis longtemps… Un symbole, un phare dans la nuit (ou bien l’inverse ?). Le garçon fut appelé Issei, la “première génération” de ces nouveaux Chinoike placés en estime dans un état despotique où la matrone sut se trouver une place au côté du grand capitaine, Tachibana Ōjin. Kyuketsuki avait su gagner la confiance du despote jusqu’à devenir sa conseillère, son bras droit, et elle estimait beaucoup le geste de placer Mizu no Kuni comme protecteur du clan du sang. La brume de sang s’associa alors à la marée rouge, pour le malheur sans doute du continent… Sauf qu’autre chose était né de cette association, Chinoike Issei.

La scène était en place, il n’y avait qu’à jouer.

144 - 2 ans - Apprendre à être un vampire.

En tant que fils de la Brume, l’apprentissage de Issei fut rapide et sévère. Le pouvoir despotique de Ojin voulait des soldats forts pour sa politique expansionniste. Dès ses premiers pas, il reçut les premières leçons pour apprendre à se battre et nier en lui toute empathie pour ne devenir qu’un soldat, prêt à tuer et à obéir : Ne jamais être pris prisonnier, toujours frapper pour tuer et refuser tout compromis avec l’ennemi. La destruction de l’île de l’Underground révéla la position de grand propriétaire de l’océan du chef de Mizu no Kuni et pour soutenir cette posture il fallait du pouvoir. L’état conquérant avait Kaguya Orochi, mais il nécessitait d’autres comme lui. Le jeune vampire fut alors formé pour tenter, vainement, dans son futur de se rapprocher de la puissance gargantuesque du maître des os.

Son statut de fils de Kyuketsuki et de représentant d’un clan Chinoike totalement réhabilité n’était pas à son avantage : En plus des premiers entraînements imposés par le pays, il y avait les exercices secrets de sa mère et la découverte d’un monde teinté de rouge et de blanc. Au milieu des histoires sur Shimo où la conseillère avait mené l’enquête avec la cheffe des Yuki, il y avait des traditions qu’il ne pouvait nier. Très tôt, ainsi, il connu le goût du sang dans des grandes tasses que sa mére lui offrait le matin et le soir, avant de se coucher. Le folklore voulait que cela aide à développer le dojutsu du clan et pour la matrone, c’était une chance tout à fait acceptable pour imposer cette nutrition à l’enfant, comme elle l’avait adopté trés tôt également. Aucun dojutsu ne vit le jour dans la foyer de Kyuketsuki et le bambin n’aima pas le goût du fluide, mais pour faire plaisir à sa mére il se plia à la convenance.  

Issei appris également à maîtriser le sang, d’abord le sien au sein de son propre corps pour améliorer ses compétences martiales mises en place dans la caserne de Mizu no Kuni. Cet état de fait fut une franche réussite : Il était rapide, mobilisait son pouvoir dans des attaques ciblées et ses exercices le rendaient souple et agile pour des assauts brefs et furieux. Vint alors la deuxième étape. Un vampire devait boire, en tout cas prélever du sang sur son adversaire de manière directe ou indirecte : le jeune garçon connu alors la technique pour vampiriser les gens par simple contact, notamment avec ses coups, pour affaiblir tout en faisant souffrir lors de ses attaques. Laissant exsangue bien des partenaires d’entraînements, adolescents, le petit garçon prit cela pour un jeu et s’amusa follement de la chose puisque les duels s'arrêtaient assez tôt pour empêcher les accidents. La matriarche ne voulut pas s'arrêter là. Jouant de sa position pour extirper des geôles de Mizu no Kuni quelques prisonniers mineurs, elle demanda à son fils d’extirper d’eux tout le sang possible… Issei n’aima pas vraiment ça et dans son jeune esprit, le bruit de succion de son pouvoir additionné aux râles de ces hommes resta, amplifiant ses cauchemars au sujet de Shimo et des vampires assoiffés qui peuplaient cette contrée. Il lui échappait encore quelques informations et sa mère refusait de lui parler de l’histoire de son clan : Les monstres au-delà de la mère était alors pour lui l’étape prochaine de son parcours, un futur obligatoire. Sa destinée ? Pour se sortir de cette torpeur et de ces questionnements terrifiants au sujet des Chinoike, il se posa d’autres questions et s’interrogea sur d’autres sujets : Le goût salé de la mer, la couleur du ciel, la forge et la forme des armes qui étaient accrochées aux ceintures des marins qui peuplaient le port, la structure des bateaux où ils mettaient les pieds pour parcourir les flots, qui était son père… Kyuketsuki répondit à tout, sauf à la dernière question. Être le fils du despote n’était pas sans conséquence et personne ne le savait, à part eux. D’ailleurs, pour garder la brume sur cet état de fait, Ojin ne vint jamais voir son fils… Il pouvait poser quelques questions à son amante, entre deux décisions politiques sur la personnalité de l’enfant, et il suivait avec applications ses progrès martiaux, mais jamais il ne fut vu dans la propriété Chinoike pour voir Issei. Celui ci jouait avec des figurines en bois, quand il ne courait pas dans les îles bienveillantes de Mizu pour sauter, escalader et découvrir son environnement si paisible.  Un enfant normal qui prenait sa vie comme normale, basique, celle d’un garçon tout à fait ordinaire, dans son référentiel.

Jusqu’au jour, où…

147 - 5 ans - La vraie Brume sanglante.

Le Despote avait remis en place la pratique de la Brume sanglante, une manière de sélectionner les plus forts et se garantir des unités combatives, efficaces et surtout obéissantes. L’empathie disparaissait une fois le massacre des congénères fait.

Le jeune Chinoike n’échappa pas à cette pratique par son titre, son ascendance ou une quelconque faveur. Au contraire, sans le savoir il devait prouver que le sang du conquérant étant en lui… Il palpitait, le laissant calme dans les moments de doute et furieux dans l’action. Dans la caserne où il faisait ses exercices, avec ses camarades qui étaient devenus des amis avec le temps, il fut temps de laisser la nature parler. Ou la barbarie. Jeune, trop jeune, Issei ne comprit pas tout de suite et prenant cela pour un énième jeu, il s’exécuta dans l’incompréhension des enjeux. Pour lui, c’était un nouvel entraînement, mais le comportement de ses partenaires étaient bien plus brutal, bien plus haché. Il sentait la peur en eux, leur sang circulait plus vite alors que leur coeur battait à un rythme instable, comme par la peur ou… Une lame vint lui pénétrer la hanche et il vit rouge, littéralement rouge. Les autres compétiteurs visaient l’enfant, plus jeune qu’eux, car ils savaient que c’était un réel danger.
Sa mère l’avait pourtant prévenu : “Tu n’as pas d’amis.” Une première trahison dans un événement qui voulait briser l’empathie. Il connu l’odeur du sang dans un nouvel environnement, celle du combat à mort, et cela réveilla en lui non pas une soif incroyable, mais la peur de mourir et le désir, certains, de survivre. Alors, pour la première fois de son existence si courte. Il se mit sérieusement dans l’exercice et applique ses leçons.

“Tu as rendu fier ton père.” Des mots simples, offerts par Kyuketsuki à son fils à l'issue de l’épreuve. Débouchant dans la salle où le combat avait eu lieu, elle découvrit son fils assis sur le dos d’un compétiteur, haletant, alors qu’à ses pieds une marée de sang coulait pour arriver à ceux de la matrone. Le sien, le leur. La mère vit alors le renouveau de la pratique ancestrale de sa famille, de celle d’Issei.  La cheffe vit une arme et le fils vit enfin son père, sans jamais le savoir. Derrière la conseillère, le conseillé. La mine sévère, il scruta la pièce en quête d’un survivant, d’une respiration au milieu des corps et, la mine indifférente, résulta : “Il n’a pas tué tout le monde.” avant de faire demi-tour et quitter la pièce. Le petit garçon ne sut jamais toute la tendresse de cette phrase donnée par un pére dont il ignorait l’existence. Cela devait rester un secret. La mère, sans réaction, se mit accroupie pour goûter le mélange des fluides offerts par son fils, comme une offrande à la prêtresse du sang. L’avenir était certain. Le petit garçon quitta sa place, marcha dans la marée formée par ses actes et vint chercher le réconfort dans les bras de sa génitrice. Le jeune garçon avait mal, l’un de ses adversaires avaient réussi à trouver son chemin jusqu’à son oeil, le blessant affreusement et le défigurant.

La matronne lui parla, ce soir là, dans leur grande demeure de l'Underground et de la force qu'il fallait pour se hisser là-haut. Un moyen de se jauger, de gagner un nom, de boire en toute imunité le sang de grands guerriers... Il n’aimait pas tuer, mais une chose était sûre : Il était doué pour ça, comme un couteau qu’on avait aiguisé et qui ne voulait pas couper. Dans son cœur, dans sa tête, il devenait le prisonnier d’un destin qu’on avait choisis pour lui, ou bien, tout simplement, c’était ça sa nature. Il était fait pour ça. Pourquoi ne pas faire plaisir à maman en pariticipant à ces combats ?

149 - 7 ans - Voir le monde et le trouver laid.

Avec la réussite à l’épreuve, vint la prochaine étape. Un soldat devait être fort, certes, mais dans la thalassocratie de Mizu no Kuni il devait aussi être un marin. Issei fut alors placé sur un bateau, en tout que moussaillon-soldat pour apprendre la pratique de la mer et mener des missions standard pour un jeune guerrier. Sa blessure avait laissé une cicatrice qu’il cachait avec ses cheveux. Sa mère n’aimait pas qu’il dissimule ainsi la chose, son pére encore moins même s’il ne pouvait pas le dire.  Agé de 7 ans, tenant loin cet événement du passé, il prenait ceci pour un jeu et la distance qu’il mettait avec la cheffe du clan lui fit du bien. Les combats qu’il mena dans les raids contre les côtes du continent, moins. Le sang, son odeur et surtout son goût dans la bouche le rendait malade. Kyuketsuki l’enjoignait à continuer à boire du sang matin et soir pour favoriser l’apparition du Ketsuryûgan. Cette pratique dégoûta les autres marins et, pour la première fois, il vit le mépris dans les yeux de ses congénères. Pourtant, le monde était beau et paisible, non ? Il passa donc deux ans à parcourir les eaux, se battre et rentrer pour chercher à reconnecter avec une enfance qui était bien loin maintenant. Les figurines jouaient des histoires de plus en plus violentes, les courses dans les iles ressemblaient de plus en plus à des approches furtives pour détruire un village côtier. Tout était souillé, petit à petit. Il demanda plusieurs fois à sa génitrice de l’amener à Shimo pour découvrir cet endroit et rencontrer des membres de son clan, mais elle refusa toujours… La neige qui tombait là-bas rendait fou et elle ne voulait pas prendre le risque. Issei se jura alors d’y aller, un jour, pour découvrir la vérité et rétablir, peut-être un monde plus beau pour lui et son clan.

Lors d’un nouveau raid à Hi no Kuni, devenu habituel pour le garçon, il fut surpris par quelque chose : Un groupe de marins, qui d’habitude mettaient de la distance avec le représentant Chinoike, restaient proches de lui lors de la traversée mais surtout au milieu des combats. De la joie s’engouffra dans son cœur, c’était peut-être le début d’une compréhension mutuelle et d’une acceptation ? Il ne voulait que ça. Sauf que non. A plusieurs, ils le prirent par surprise et l’assomérent pour lui attacher bras et jambes dans le but de le sortir de la zone maritime pour une autre destination. Hakugaku no Kuni, le pays de l’érudition. L’objectif était clair pour eux, moins pour le petit : vendre le petit vampire à l’état, qui allait l’étudier. Ils méconnaissaient l’aspect expérimental des pratiques du pays, mais ils s’en fichaient bien, tant qu’ils pouvaient se payer une belle retraite avec ça. Ils étaient quinze, des traîtres. Tous des traîtres. Issei avait connu sa premiére vraie défaite et l'une des régles incorporées dés la naissance avait été enfreinte. Quelques heures plus tard, le jeune garçon se réveilla et connu, peut-être pour la première fois, l’impuissance du prisonnier. Comme ceux à qui il avait sucé le sang, il était pieds et poings liés, soumis aux aléas de ses geôliers. Bâillonné, il voulut hurler mais rien n’y faisait. On lui crachait dessus, on le prenait pour un urinoir… Les kidnappeurs prenaient un vilain plaisir à humilier le petit représentant des marins. Un soir, il réussit à dégager un de ses bras du tronc où il était attaché pour égorger l’un des sadiques et défigurer un autre après sa libération partielle. Rapidement maîtrisé, on le passa à tabac pour l’affront mais il restait un potentiel prix en ryo et il ne fallait pas le tuer… La distance séparant la forêt de Hi et Hakugaku fut vite jugée trop importante, changeant leur destination ils obliquérent vers l’état juvénile de Ame pour le vendre au marché noir. Comme les autres, ils avaient entendu les histoires concernant les fameux yeux des Chinoike… Peut-être que le petit les avait ?

Plus tard, sur la route, l’arrivée à la frontière du pays du riz compliqua les choses : En guerre ouverte avec Hi no Kuni , les contrôles et la sécurité dans la zone limitrophe était bien plus sévère que dans la forêt où le groupe avait pu fureter. Un petit groupe de soldat du Riz obligea les marins à s’expliquer sur la cargaison étrange qu’ils transportaient. Issei ne sut jamais quelle combine fut mis en place pour essayer de les faire passer, mais cela résulta par un combat et l’exécution des marins. Les soldats de la démocratie purent libérer l’enfant qui profita des premières secondes de la libération pour se décontracter les chevilles et les poignets, depuis longtemps lié. Dans son esprit, les règles apprises depuis l’enfance défilaient avec une plus grand efficacité que la trahison et les supplices mis en place par les kidnappeurs avaient durablement affaibli sa confiance dans l’homme. S’ils apprenaient qu’il était un Mizujin, de surcroît un Chinoike, le petit garçon pouvait se retrouver une nouvelle fois prisonnier et… Il refusait cette perspective. Proposant à Issei de l’amener à la capitale ambulante de leur état, les soldats furent ensuite exécutés dans la nuit par le vampire. Il refusa toute tradition de goûter le sang de ses proies, sa mére était loin. Elle ne le saurait jamais.

Le Chinoike ne voulait plus être prisonnier, ni physiquement ni en pensée par sa génitrice ou par l’obligation de se battre. Il avait 7 ans, il était seul, et il pouvait tout faire. Alors il choisit de faire ce qu’il voulait. La forêt de Hi no Kuni était grande, dense et parfaite pour sa cacher pour courir, grimper et vivre une vie d’enfant.

150 - 8 ans - Un enfant, juste un enfant.

Issei a 8 ans et il vit dans la forêt de Hi no Kuni avec son ami Aburame qu’il a croisé en chemin. Il n’a pas révélé son identité, ni ses capacités, et il goûte enfin… Depuis toujours, en fait, à une vie d’enfant. A la frontière avec Seirei no Kuni, ils sont loin de tout et c’est très bien comme ça. Il n’a pas oublié Mizu, ni sa promesse d’aller voir Shimo pour se connecter avec son clan, mais il goûte aujourd’hui à un idéal d’ailleurs… La force qu’il a appris à utiliser durant son enfance se révèle être une cage, comme une clef. Il pourrait se bâtir un coin joyeux avec celle-ci, ou bien l'accroitre ailleurs, à l'Underground par exemple ? Pour l'instant, il cherchait la paix.

Loin du sang, loin de la haine.
Loin des hommes ?