« Je tenais à te remercier personnellement, de t’être occupé de mes blessures sur le front. Et au nom de la Garde Blanche, je te remercie davantage d’être aller au devant du danger pour protéger Chōwa ! »


« Je m’appelle Jotaro, je travaille actuellement sur la reconstruction de Hametsu. Un jour, Isshin m’a conseillé de tenter de construire un hôpital là-bas, comme celui de Chōwa. N’étant pas médecin, je ne saurais même pas par quoi commencer ! Mais je t’ai vu en action, ta détermination et ta force sans faille font de toi la candidate idéale. »


« Viens avec moi à Hametsu, et tu seras libre de décider après avoir vu de tes propres yeux. De plus, je connais quelqu’un qui pourrait bien profiter de tes talents sur place. »


Le voyage retour ne fut pas très long, depuis la défaite du Biju millénaire. Malgré l’ascension de Jotaro dans les sphères dans la Garde Blanche, il ne devait pas négliger les projets sur lesquels il travaillait encore, notamment la reconstruction de Hametsu. Une petite pensée se nichait dans un coin de son esprit : et s’il était mort au front, est-ce que Tsubomi aurait pu tenir ? Il aime à penser que oui, que même si le village vivrait des temps difficiles, il tiendrait bon, en l’honneur de sa volonté. Il connaissait les habitants de Hametsu, il avait toujours eu foi en eux. À présent, c’était à lui de donner raison à leur foi en lui.

L’Inuzuka guida Chiyo à travers les vastes plaines désolées de Hametsu. Il assura également le rôle de garde du corps, puisqu’après tout c’est lui qui demanda service à la jeune fleur de l’accompagner dans un coin reculé, mal aimé des pays voisins. Sur le chemin le duo Inuzuka/tortue animait le groupe, même si la rousse ne pouvait comprendre ce que disait l’animal, Jotaro faisait la traduction et ils partageaient des anecdotes de voyages. Il n’avait aucun mal à parler de ses origines, de son pays natal Kaminari, de son cheminement jusqu’à Hametsu, en passant par Garan et Chōwa. Si la fille avait ses propres histoires à raconter, Jotaro était toute ouïe. Même s’il avait décidé de s’installer à Hametsu pour relancer le pays, il n’avait pas perdu son âme d’aventurier. Il savait qu’un jour l’occasion de partir pour de nouveaux pays se présentera, mais il y avait tant à faire.

Plus loin à l’horizon, la silhouette de structures se dessine alors qu’un sourire naît naturellement sur le visage de Jotaro. Même s’il restait des débris par-ci et là dans les alentours, Chiyoh pouvait déjà remarquer que dans la zone où ils se trouvaient il y avait bien moins de dégâts qu’ailleurs dans le pays, et qu’une fine herbe recommencée doucement à pousser à l’approche du printemps. « J’ai fondé Tsubomi il y a 5 ans. Au départ je pensais que donner un coup de main aux gens suffirait, mais j’ai fini par comprendre qu’aussi appréciable la petite aide puisse être, cela ne suffit pas. Si on veut réellement aider les gens, alors il faut le faire jusqu’au bout. » Le trio s’approchait du village fait de briques et de broc, né de la récupération de l’Inuzuka et des habitants de Hametsu qui ont décidé de croire dans le projet de l’adolescent qui est venu frapper à leur porte il y a des années de ça.

Traversant le village en diagonale, tous saluaient amicalement le protecteur de Hametsu, Jotaro répondant à leur salut et voyant du coin de l’oeil les préparatifs de son maître ingénieur entreposés dans un coin du village. Bientôt, un nouveau souffle allait traverser le pays, mais il allait falloir protéger ce souffle par tous les moyens. A commencer par un hôpital.

« Alors Uzumaki Chiyoh, qu’en penses-tu ? Si tu as des questions n’hésite pas ! » le sourire de Jotaro était contagieux, tandis qu’à côté Kaida descendait de son dos pour aller occuper l’armée d’enfants qui tentaient de s’interposer entre l’Inuzuka et son invitée.

L'affrontement avec le monstre gargantuesque avait bien secoué la jeune femme qui avait vu sa vie défiler devant elle à plusieurs reprises en peu de temps. Aussi, lorsqu'après le combat, plusieurs shinobis vinrent la remercier pour ses soins, la petite Uzumaki se trouva bien gênée. C'était quelque chose de naturel et de commun pour elle, mais face à autant de gratitude d'un coup, elle ne savait plus où se mettre. L'un d'entre eux se démarqua assez aisément du lot en mentionnant la Garde Blanche, ce qui n'était pas si surprenant mais qui permit à Chiyo de vraiment différencier celui-ci des autres.

Bien vite, il se présenta. Le dénommé Jotaro travaillait à Hametsu pour la reconstruction du pays, il espérait notamment y faire un hôpital. Soit, le projet était noble et le pays en avait besoin, mais la rouquine ne se voyait pas capable d'aider à une telle entreprise, tout juste pourrait-elle servir de médecin une fois l'établissement installé ?.. Les compliments qui vinrent par la suite furent à nouveau des plus agréables, mais les doutes de la demoiselle persistaient. Et ce fut finalement lorsqu'il l'invita à venir pour décider par la suite qu'elle céda. Hametsu n'était pas très loin du pays des Érudits de toute façon, elle pourrait bien y retourner par la suite pour continuer ses recherches sur Seirei... Elle n'était ni assez forte ni assez préparée pour y aller de suite, autant continuer de prendre son temps pour découvrir de nouvelles choses, de nouveaux lieux, de nouvelles personnes avant d'enfin être prête pour un voyage qui lui faisait déjà peur.

« Hajimemashite, Jotaro-san, je suis Uzumaki Chiyo. Je débute encore, je ne peux pas te promettre d'être à la hauteur de la tache que tu attends de moi, mais je veux bien venir et essayer si les habitants d'Hametsu acceptent mon aide une fois là-bas... »

Les superstitions, la haine des shinobis, la peur de l'inconnu, tous ces facteurs étaient propices à un refus catégorique d'intervention de sa part, tout comme certaines traditions, ou d'autres raisons encore qu'on ne lui avait pas présenté jusque là qui pouvaient aussi être avancées. C'est donc dans une quête dont elle n'était pas sûre de la possibilité de succès que s'embarqua l'Uzumaki avec ce Jotaro qui avait participé à la subjugation du démon à queues.


Pendant le trajet, la demoiselle se contentait de suivre au mieux le rythme du shinobi entraîné. Il parlait beaucoup, lui racontait plein d'histoires, lui transmettait tout ce que pouvait dire sa tortue aussi.  De son côté, elle se dévoilait moins. Non pas par manque de volonté de partager des histoires, mais parce qu'elle se fatiguait plus vite et n'avait pas tant vécu à ses yeux. Elle était loin d'être ridicule en cardio, mais il était plus grand qu'elle et chacun de ses pas l'avançait d'autant plus qu'elle devait toujours marcher rapidement, même si lui était plus tranquille dans son énergie déployée pour aller vers leur objectif.

Ce fut cependant lors d'un de ces moments plus calmes où elle pouvait plus facilement parler sans s'épuiser qu'elle prit un peu plus la parole, commençant à raconter quelques anecdotes de gens qu'elle avait pu rencontrer et soigner. Mais bien vite, elle fit le tour de ce qui était intéressant de son côté. La seule exception en terme de sujet fut une mention assez brêve de son intérêt pour Seirei no kuni, mais elle préféra ne pas approfondir pour ne pas l'ennuyer. Par la suite, elle osa finalement le questionner un peu, elle qui s'était surtout contenter de prêter une oreille attentive jusque là.

« Tu as fait mention de la Garde Blanche... Tu en fais partie ? Depuis longtemps ? »

Laissant un peu filtrer sa curiosité, elle ne se précipita pas trop dans une foule de questions. Ils avaient le temps avant d'arriver à destination.


Quand enfin ils approchèrent de leur village d'arrivée, Jotaro se mit à lui présenter les lieux plus en détails tout en lui expliquant sa démarche. Elle comprit bien vite que tous semblaient l'apprécier ici, ce qui était plutôt bon signe. C'était vraiment quelque de bienveillant alors sans doute, si après cinq ans, les gens le voyaient positivement. S'il s'était agit d'une tentative arriviste étrange de business, les habitants se seraient rendu compte d'une manipulation. Il devait être véritablement bon et sincère dans sa démarche se dit par déduction la rousse aux yeux pourpres.

Il se tourna vers elle tandis que les enfants, curieux, venaient rencontrer la jeune femme, certains interrogeant la nature de la relation de cette manière si commune aux enfants et réputée pour sa délicatesse, le fameux "C'est ta copine ?" qui gêna immédiatement l'Uzumaki. Non pas que le jeune homme qui était de trois ans son cadet ne fut attirant, mais elle le connaissait à peine et jamais n'aurait imaginer se mettre en couple pour l'heure. Elle avait tant à découvrir de ce monde, et surtout tant à risquer quand elle serait prête à partir pour Seirei.

Faisant abstraction autant que possible des garnements trop curieux au mieux, Chiyo fit un sourire teinté d'une certaine tristesse en jetant un regard autour d'eux. Le village était certes encourageant, mais il restait tant à faire, et les marques de souffrance de la terre elle-même étaient difficilement négligeables.

« Comme je te l'ai dit à Chôwa, je ne sais pas si je serai à la hauteur. Mais je te confirme aussi ce que j'ai dit là-bas ensuite. Je veux bien essayer si cela convient aux habitants.

Pour l'hôpital... Il faudrait d'abord faire un bâtiment qui puisse accueillir ceux qui sont blessés ou malades. Et avant ça il faudrait savoir quels sont les besoins des gens précisément, quels sont les choses les plus importantes à traiter actuellement, qui serait qualifié pour y travailler, si tant est que quelqu'un le soit déjà... Ça va être beaucoup de travail... Et si je sais à peu près soigner les gens, je ne sais pas penser un bâtiment, j'ai jamais fait ça.

Il y a quelqu'un au village qui soit connaisseur dans ce domaine là ?.. »

Revenant au silence, ayant présenté ses doutes et surtout ses idées de piste par où commencer pour faire ledit hôpital, la demoiselle qui avait certes vu et visité à plusieurs reprises l'hôpital où travaillaient ses parents estimait que faire une copie conforme de ce dernier serait d'abord impossible au vu de ses connaissances à elle, mais aussi et surtout inutile car mal adapté au lieu qui allait l'accueillir. Qu'allait penser Jotaro de tout ça ?

Au fur et à mesure du voyage, l’Uzumaki s’ouvrait petit à petit à la discussion. Les histoires qu’elle partageait étaient assez sommaires, entre ce qu’elle avait fait, qui elle avait rencontrée… Je ne pouvais pas tirer de conclusion sur les aspirations de la médecin, si ce n’est qu’elle semble être la parfaite graine d’Uzumaki qui va germer dans les années à venir et apporter les soins dans son entourage. Cependant, un sujet accaparait un peu plus mon attention, alors qu’elle parlait du pays des esprits. Comment, en tant qu’Inuzuka, je ne pouvais pas être intrigué, lorsqu’on sait que tout mon clan a pour fixette ce pays étrange et dangereux.

En tout cas, cela apportait davantage de contraste à la peinture Chiyo, quiconque se met en tête de sérieusement s’intéresser à Seirei mérite qu’on fasse attention à ce qu’ils vont faire à l’avenir. Je me demandais même, discrètement, si la jeune rouquine n’avait pas un lien avec les esprits, du fait des excroissances présentes sur sa tête. L’idée farfelue était rapidement chassée de mon esprit, alors qu’elle fait mention de la Garde Blanche. D’un léger sourire, j’éclaire ses interrogations quant à mon lien avec l’unité secrète de Chōwa.

« Deux ans, à peu près. Lorsque j’ai rencontré le Prêteur Naruhito et que je lui ai parlé de mes projets, nous sommes devenus amis et il m’a confié la tâche de faire revivre Hametsu. Bien sûr, au moindre signe de menace contre l’Harmonie et je me déplace pour protéger ! »

Ce n’était pas facile de préserver la paix fragile sur le Continent, mais c’est là la dure et grande responsabilité des membres de la Garde et des ambassadeurs. Nous devons observer les forces en mouvement, nous assurer de leur équilibre, promouvoir un système juridique qui réduirait le nombre de conflits potentiels… Mais nous devons faire une chose à la fois, chacun d’entre nous. Si mes efforts d’aujourd’hui permettent un meilleur lendemain à Hametsu, alors j’en suis heureux. Si le labeur que je réaliserai demain garantira un meilleur futur pour le Continent, alors je suis impatient de travailler. Telle est ma philosophie.

En arrivant à Tsubomi, les regards curieux se multipliaient à l’encontre de l’Uzumaki, réflexe habituelle des habitants de Hametsu qui déterminent en un instant si l’étranger en face d’eux est une menace pour eux ou non. Comme Chiyo était arrivée à mes côtés, il n’a pas fallut longtemps pour que les gens retournent s’occuper de leurs affaires, la reconstruction du Bourgeon étant déjà bien entamée.

« Tu as raison, un bon bâtiment est tout aussi important que les personnes qui assureront les soins. J’ai en tête deux personnes idéales pour ce boulot ! Même si je pense que mon ami Dodoro est un peu occupé en ce moment, on peut toujours commencer à travailler avec le vieil Hayato. »

Le talent de l’Akimichi était contagieux, puisqu’il a pu inspirer de nombreux artisans qui pendant des années n’avaient pas pu explorer pleinement leurs capacités. L’ingéniosité de notre bâtisseur en chef a pu donner l’opportunité à beaucoup d’entre eux de se révéler, et c’était le cas de Hayato qui prit sur lui, malgré son âge vénérable, de représenter une bonne partie des travailleurs du village.

« J’ai déjà en tête quelques idées de pièces nécessaires pour un hôpital… comme des chambres, un accueil administratif pour assurer la gestion, des salles spécifiques pour les opérations, un entrepôt pour les médicaments et autres matériels… Tu penses qu’il faudrait autre chose ? »

Je n’ai été qu’une poignée de fois à l’hôpital de l’Harmonie, donc il était impossible pour moi de savoir exactement de quoi avait besoin un tel bâtiment pour tourner. Mais, depuis que j’ai commencé à collaborer avec Dodoro et Renpei, j’ai acquis quelques compétences en gestion qui me permettent d’anticiper les besoins.

« Et ne t’inquiète pas, je ne compte pas te laisser imaginer tout toute seule. Après tout ce n’est pas pour rien qu’il a fallu des décennies avant que la cheffe de ton clan n’arrive à mettre sur pied un tel projet. C’est pour ça qu’une opportunité s’ouvre à toi : préparons ensemble un plan solide et ambitieux, et allons le présenter au clan Uzumaki. Si nous arrivons à les convaincre de nous apporter leur soutien, en faisant de Hametsu une destination sûre et efficace pour réaliser vos pélérinages, alors tout le monde est gagnant. »

C’est en cela que la présence d’une Uzumaki déterminée à faire le bien autour d’elle était crucial dans ce plan, puisque même s’il était possible d’aller à la rencontre du clan des soigneurs et de tenter de négocier pour l’installation d’un hôpital, qui sait combien de temps cela pourrait prendre, et à quel coût.

« Tu as dis que tu comptais à l’avenir retourner à Hakugaku pour mener des recherches, c’est bien ça ? Je suis entré en contact avec l’Ecole de la Guerre, il n’y a pas si longtemps. Actuellement, des scientifiques de l’Érudition séjournent à Tsubomi, pour un projet ambitieux. Je suis persuadé que tu trouveras les moyens de réaliser tes études auprès des érudits qui s’intéressent à l’essor de Tsubomi. »