Le chemin emprunté par les nombreux mercenaires qui quittèrent les terres souveraines de célestes kaminarijin — ceux qui avaient formés un groupe à notre arrivée — une fois le contrat complété par notre équipe, plusieurs traversèrent les contrées vallonnées pour retrouver l'horizon entrecoupé des toits du pays des Monastères. Notre voyage en Kaminari nous avait fait comprendre une chose cruciale à cette vision d'un monde ancien, depuis le calvaire de la côte septentrionale : ceux qui se proclamaient descendants du premier roi se voilaient la face dans leur simagrées. L'Empereur-Roi ne s'importunait point des apparences, lui qui avait rallié Monstruosités et Humanité sous un même étendard, seul la passation du chakra primait ! En un sens, l'attitude du Capitaine du Senshū reflétait d'avantage cette attitude monarchique divine, car de sa Toute Puissance, Uoza ne craignait point les regards !

Le pas fatigué, nous suivions les alliés du moment, ces deux brigadiers-voyageurs dimensionnels ajouté à l'homme-bête qui nous avait acculé dans le terrier des saboteurs, nous obligeant le silence pour ne pas causer un affrontement que nous avions su perdu d'avance. Une rancoeur certaine empâtait notre salive, que nous tentions d'étancher d'une touffe d'herbe, remède de mère trouvé au fond de notre sacoche. Le masque d'oiran porté à la ceinture, celui de l'hannyah sur l'autre hanche, nous finîmes par demander une halte à la terrasse d'une auberge, où nous proposâmes de célébrer notre réussite. Fusse peut-être l'alcool qui s'anima de notre verbe, mais entre deux arguments, notre rancoeur revint à la charge et nous proposâmes au maître et sa tortue de se délier les pattes au clair de lune. Nous n'avions pas souvent l'occasion d'obtenir l'expérience du combat, et nous mesurer à plus fort que nous aiderait à nous développer. Puis, nous souhaitions tester si notre peur d'être acculé au combat par Jotaro était vraisemblable.

Nos getas écrasèrent les brins d'herbe et nous prîmes positon à distance de voix de l'homme-bête. Il n'avait jamais été de notre ambition d'entamer les hostilités, mais depuis le début de notre long voyage pour retrouver l'âme de notre soeur et la délivrer du monde des morts, le yomi, nous avions dû nous transformer pour survivre. Puis nous L'avions rencontré.
La guerre civile dont nous avions effleuré la surface avec Jotaro-sama révélait une faille de la scène religieuse actuelle. Sans cohésion, un dogme ne pouvait se maintenir dans l'éternité !

Nous fîmes dos à Jotaro, dans notre persona de courtisane, une main glissant vers le masque de l'Esprit Vengeur. De l'autre, nous dénouâmes la ceinture qui maintenait notre manteau fermé. « Jotaro-sama, nous espérons que notre niveau vous satisfasses, nous n'étions pas les plus doués dans les rixes enfants. Mais la Nuit nous inspire, peut-être saurons-nous performer quelques enchaînements qui pourront éveiller votre attention. »

D'un geste vif, nous nous équipions du masque de l'Hannyah, le manteau glissant de nos épaules pour afficher le dos zébrés des marques des Martyrs. Les orbites du masque se recouvrent de paupières cristallines ¹, afin de mieux distinguer de nos dons notre partenaire d'entraînement dans les ombres de la nuit. Un regard de par-dessus notre épaule marbrée, nous retirâmes les tessen contre nos flancs et de pas légers, notre foulard s'anima d'une brise. Puis nous descendîmes de nos sandales perchées, nos pieds nus foulant la fraîcheur de la rosée. Nos éventails dansant, nous fîmes mine de quelques gestes graciles dans le but de s'échauffer, exécutant de grands mouvements répétitifs qui dura de longues secondes.² Puis une révérence pour indiquer que nous étions fin prêts, puis nous soulevâmes le menton, l'invitant à asséner le premier coup.

Pourrait-il se douter de notre petit tour de malice ? Après tout, nous avions tâchés de resté discret, quant à nos dos d'illusionnistes. Nous espérions prendre rapidement l'avantage, pour tenter de le conserver jusqu'à ce que Maître Inuzuka ne décide de nous prendre au sérieux.
Une barrière invisible se dressait déjà entre nous, mue par notre chakra. Sans toutefois choisir notre cible, nous avions chargée notre technique afin d'affecter le premier du duo qui viendrait à notre encontre... Et pour l'un des animaux, l'avantage du nombre se retournerait bien vite, sous l'impulsion du Miroir qui se brise !

Spoiler:

Combien d’années cela faisait, depuis l’époque du petit Jotaro qui quitte ses montagnes hurlantes pour aller se réfugier dans les douces collines des monastères ? Ici, les vents orageux et les coups de tonnerre sont lointains. Un repos bien mérité pour l’esprit, et pour les oreilles. Sur le chemin j’observe paisiblement les interactions entre mon ami Akimichi et nos deux autres partenaires de contrat. Je me souviens les avoir croiser lorsque l’Égide bloqua la progression de l’île mouvante, mais j’apprenais avec étonnement que le trio avait été jusque dans les entrailles de la bête pour trouver un moyen de l’arrêter.

Est-ce que leur survie tenait davantage du miracle, ou de la malédiction ? Seul le temps le dira. Moi-même j’avais encore besoin de temps pour faire le tour du fond de ma pensée sur les événements qui ont transpiré à cette époque. En tout cas, une pause bien méritée nous attendait dans une auberge à la croisée des chemins. L’endroit était assez animé, et beaucoup se lâchaient sur la boisson. J’en profitais pour boire un verre avec Dodoro et Kaida, me disant que ce serait une énième bonne occasion de raconter nos histoires en commun, mais la proposition soudaine de Seijaku piqua ma curiosité.

Je comprenais plus au moins le message implicite à sa proposition, n’étant pas nié au point de ne pas remarquer un certain changement de comportement à mon encontre. Seijaku a beau faire des manières et à se camoufler derrière son masque, aucune chaleur ne se dégage de ses mots lorsqu’il s’adresse à moi. En tout cas, la légère brise caressant mon visage faisait redescendre doucement l’alcool, alors que je lâchais une agréable expiration après avoir humé l’air ambiant. Frottant mon poignet contre mes doigts, je regardais le maître des cristaux se préparer. « Je suis toujours partant pour me mesurer à des capacités que je n’ai jamais rencontrées ! Même en vivant à Hametsu, c’est extrêmement rare de voir un Shugyoku de s’éloigner des sombres rues de Ame. Ne te pose pas de questions inutiles, et envoie tout ce que tu as ! »

Sourire aux lèvres, d’un claquement de doigts je vois la silhouette de Kaida s’élancer en direction du maître des performances. Les pattes écaillées de la bête se taillent un chemin parmi les herbes, réduisant rapidement la distance entre Seijaku et lui. [1] Je m’élance également à mon tour, gardant un train de retard avec mon partenaire animal pour pouvoir davantage observer les actions de notre partenaire d’entraînement. [2] Sans marquer de temps d’arrêt dans son assaut, Kaida écarquille les yeux avant de bondir vers la première figure qu’il croise, sa patte se transformant en bras humanoïde musclé, avant de frapper… le vide. [3]

« Tu as bu un verre de trop Kaida ? » disais-je, amusé, terminant ma ruade par un bond en direction de Seijaku qui n’avait pas bougé d’un iota à mes yeux. Je réalisais un coup de pied sauté alors que ma jambe change d’apparence, prenant la forme d’une patte de tétrapode et visant le torse du rouquin. [4]

Résumé :

Nos adversaires se distinguaient des ombres par des silhouettes verdoyantes.  L'air frais faisait se hérisser nos poils invisibles, tandis qu'une légère buée s'échappait du rictus de l'hannyah.  Mais malgré la fraicheur de la Nuit, des perles de sueur roulaient le long de notre échine, sous la pression qu'exerçait la seule présence du duo Inuzuka.
Il répondit à notre provocation et ce fut la grosse tortue qui s'élança la première, son maître sur les pattes.  La distance moyenne fut avalée par Kaïda (quelle absurde image que de se faire charger par ce préhistorique compagnon !)  Notre piège se déploya à l'apparition du bras anthropomorphique de la tortue ! La barrière illusoire se fragmenta en nos innombrables reflets nés de l'éther de nos esprits. La tortue fracassa sa cible en plusieurs morceaux, avant qu'un autre jumeau ne reprenne sa place comme si Kaida n'avait pu qu'en exploser une première couche ⁰.
Si nous maintenions notre illusion, parviendrions-nous à empêcher toutes combines ? Maître Inuzuka commentait les frasques de son allié dans son élan, sa patte aux quatre doigts en fer de lance.  Jusqu'à maintenant, le combat se déroulait comme nous l'avions anticipé.

Huff...

À la puissance brute du shinobi, nous répondrions par les manigances !  La patte tétrapode rencontrait un torse dont des languettes de cristaux semblaient avoir manqué de temps pour protéger.  Le pied les fit s'élever en échardes dans un bruit mat de craquement et nous poussâmes même un grognement à l'impact, qui nous dérobait de notre souffle...  Ou plutôt, nous lui laissions le soin de nous le voler, poussant les épaules vers l'avant pour en absorber le choc un minima, bien que la douleur résonna dans nos côtes et nous fit glisser sur l'herbe humide.  Ce fut à ce moment que les échardes en griffes cristallines se refermèrent sur la patte de l'homme-tortue ¹ ! « Donnez de l'alcool à un animal est-il judicieux Jotaro-sama ? Vous-même n'avez-vous pas abusé des bons liquides ? »

Son pied métamorphosé ne tiendrait pas longtemps dans notre étau, déjà les échardes se striaient de fêlures sous la seule attraction de nos deux corps momentanément reliés. Nous fîmes de grandes mouvements de Tessen vers le visage du Shinobi, lui masquant momentanément le regard afin d'instiller à son esprit de nouvelles consignes, celles de percevoir l'oppressante épée d'émeraude se constituer au-dessus de nos têtes, prête a s'abattre sur notre adversaire !²

Les tessen se refermèrent en sons sourds. « Voici mon courroux ! »

Théâtraux, nous abattions chaque tessen sur la jambe si bien présentée, et l'étau de cristal éclatait sous la force. Aux niveaux du genou et de la cheville (ou du moins ce que nous pensions l'être) pour en restreindre la mobilité.³ Si nous restions trop près, Kaida n'aurait aucun mal à se défaire de notre illusion ! Nous reculions, notre larcin commis... Jotaro devrait comprendre à quel genre d'adversaire il avait à faire...

Spoiler: