Des jours d’errances, sans la chance et la malchance de rencontrer un être humain. Des jours entiers à ne que marcher,é tantôt dans des plaines sous le soleil frappant de sa chaleur étouffante ou en ce moment même dans l’une des nombreuses forêts du Pays du Feu où l’on pouvait se réfugier à l’ombre des arbres. Mais en traversant cette forêt, sa prochaine destination ne serait plus qu’à quelques kilomètres plus au sud. L’inconvénient de voyager seule et de n’avoir parfois aucun toit où dormir sur ses deux oreilles était cette contrainte du danger, partout et nulle part à la fois. Elle ne pouvait que prier chaque jour un lendemain qui ne soit pas terni par une mauvaise rencontre.

Même si sa marche était assurée, que les crépitements à ses pieds n’étaient que ceux des feuilles ayant abandonné leur foyer, que les chants n’étaient que ceux des oiseaux qui roucoulent, sa prudence était celui d’une traquée sans en être une. Si les Hommes se traquaient mutuellement, dansant entre le chasseur et la proie, la nature aussi pouvait se montrer espiègle et fourbe. L’itinérante l’avait appris à ses dépends, ce bandage à son avant bras la marque des dangers de Mère Nature.

Elle avance dans cette forêt, observe cette nature aujourd’hui joyeuse, d’humeur à la laisser tranquille. L’argentée collecte son eau dans une rivière proche en prévision de cette chaleur inhabituelle, attrape les fruits d’un arbre pour les manger, vogue dans les sentiers que les nomades ont l’habitude de prendre dans cette forêt dense pour la traverser dans les plus bref délais. Mais quand ce jour-ci semble se passer comme toutes les autres, une petite ombre se cache dans les arbres, tapis dans cette dernière. L’égarée s'était mise instinctivement à s’y approcher d’un pas de loup pour s’assurer qu’il ne s’agissait pas là d’une mauvaise aubaine.

Néanmoins, la discrétion de la fleur n’était visiblement pas son fort. Voilà que la chose s’agite, que le petit être semble prêt à détaler comme un lapin. Elle était prête à le saisir en pensant à une petite bête, maos alors que sa main s’apprêtait justement à attraper cette chose pouvant servir comme futur repas.

- Un enfant… ?

Elle se stoppa nette, sa voix basse laissant entendre et comprendre sa stupeur face à cette surprise. Que faisait un petit être dans un lieu aussi hostile, loin de toute trace de civilisation ? Elle se fige face à cette trouvaille, comme perturbée pendant un instant - un vécu - par la scène.

- Où sont tes parents ?

C’était là les premières questions que sa fine bouche posait, perplexe dans son regard.

Un enfant perdu à la recherche de son papa et de sa maman. Ce n’était pas le premier qu’elle avait pu croiser, néanmoins il s’agissait là bien de la première fois qu’elle ressent cette sensation de mal être l’obligeant à frissonner, signe d’un malheur. l’argentée remue légèrement la tête, son esprit se concentrant à nouveau sur le moment présent plutôt que cette gêne passager, fruit de son imagination. Elle s’était abaissée pour être à sa hauteur, examinant sommairement l’état du jeune garçon.

- Je ne voulais pas te faire peur voyons héhé, répondra–t-elle simplement, sourire léger aux lèvres. Oh, et tu sais dans quel village se trouve ta maison ?

Communiquant avec des mots simples avec une intonation douce et un visage avenant malgré cette protubérance florale anodine non commun sur le faciès d’une personne, elle fouille dans son attirail en toile de jute pour trouver quelques éléments. Dans un premier temps une pomme, elle en sortira de son inventaire une pomme, aliment basique. Accompagnée de cela, sa gourde. Tout lui était tendu, tout était à saisir. En constatant ses habits sales, victime de l’aspect impitoyable de la nature, la demoiselle semblait se montrer hospitalière.

- Tiens, tu m’as l’air affamé. Ce n’est pas grand chose, mais c’est très nourrissant.  

Quand vient sa question :

- Je t’ai pris pour un lièvre. Tu sais, ce sont comme des lapins mignons mais qui ont l’air maigre.

Infantilisante, elle imitait même de ses deux index les grandes oreilles du lièvre, toujours levé et à l'affût du moindre danger. Cela en devenait presque ridicule.

- Comment t’appelles-tu donc mon garçon ? Je m’appelle Seika, mais tu peux m’appeler comme tu veux.

Les présentations étaient sommaires, préférant éviter de jeter un flux d’information bien trop grand pour un garçonnet de bas âge. Elle se relève, observant quelque peu les environs tandis que son faciès si abordable précédemment s’effaçait. Une mauvaise intuition, que la demoiselle tente au mieux de dissimuler sur son faciès pour paraître le plus rayonnante aux égards de l’enfant.

- On ne devrait pas rester trop longtemps dans cette forêt, sinon Dame Nature ne serait pas très ravie. Tu penses pouvoir marcher ?

Vers l’est.

Ce n’était en rien sa direction initiale, pointant plutôt vers le sud. Néanmoins, vu l’état du garçonnet et de sa situation, l’argentée ne pouvait vraiment s’autoriser à abandonner un enfant dans ces lieux. Elle s’en voudrait d’avoir fait comme eux.

Alors, elle acquiesce de la tête, essayant de visualiser ce qu’il y avait de plus proche comme village en direction de l’est. Un lieu vient directement à l’esprit : la capitale. La demoiselle n’y est jamais allée, et cette idée semble quelque peu embêtée cette dernière. Peut-être était-ce encore plus à l’est ? Non, cela serait bien trop lointain pour un enfant ayant simplement perdu ses parents. Elle se demandait d’ailleurs comment deux adultes pouvaient bien perdre leur enfant, mais une question plutôt spéciale est déclarée :

- Issei c’est bien ça ? Eh bien…

Comment expliquer cela à un enfant ? Ou du moins, comment éviter un sujet comme celui-ci ? Son esprit est pensif, cherchant ses mots pour raconter cette chose qui habite son œil droit tout en balbutiant pour gagner du temps. Mais finalement, le jeune garçon lui offre la réponse sur un plateau d’argent.

- En effet ! J’ai été une vilaine fille, et cette fleur m’est poussé subitement sur le visage !

Cette réponse était d’un ridicule qu’elle pourrait en mourir de honte. Néanmoins plus c’est gros, plus ça passe ? En y repensant, ce n’était pas un pur mensonge. La façon de l’expliciter différait juste légèrement…

Seika devrait songer à revoir son scénario.

Voyant l’engouement du garçon à avancer, la vingtenaire fait de même, guidant dans cet amas de végétations. Petit à petit, comme si le chemin leur était déjà tracé, le duo traversait la forêt en toute tranquillité, loin de tout danger. Ce n’était pas sans rien dire que l’Hijine accompagnait le garçon. Le voyage serait long, après tout.

- Alors mon grand, comment as-tu fait pour perdre tes parents dans cette forêt ?  Tu as de la chance d’être tombée sur moi. Je connais le pays comme le bout de mes pieds.

Un vaste mensonge, mais autant instaurer la confiance plutôt que l’inquiétude. Dans le pire des cas, Seika avait une carte…  

Un brin de légèreté était apporté par le biais de l’horizon par sa verdure qui conférait de la fraîcheur alors que la lumière du jour battait de son plein, de quoi alléger la discussion à l’opposée d’une certaine lourdeur par les propos du jeune garçon. Mais d’un autre côté, les paroles du petit étaient prononcées d’une manière si enfantine et si détachée de l’ampleur de la nouvelle que cela en devient perturbant pour l’argentée. C’était sûrement là ça, l’innocence. Combien de choses avait-elle pu raconter de son côté sans réaliser l’ampleur de ses mots à cet âge ? La fleur égarée préfère ne pas y penser. Néanmoins, au lieu de ça, l’argentée qui s’était cantonnée de constater l’état lamentable du gamin finit par remarquer un détail :

- Dis-moi, tu sais de quel endroit tu es précisément ? Tu habites dans une grande ville n’est-ce pas ?

Ses habits n’étaient pas vraiment typiques de la région. Entre la mention d’un enlèvement et ces habits d’étrangers, la demoiselle se posait bien des questions quant à ce qu’il aurait pu arriver exactement à cette brebis égarée. Cependant, le plus important n’étaient pas vraiment son origine. Actuellement, Seika se dit plutôt comment pourrait-elle amener un gosse jusqu’à chez lui sans vraiment connaître son habitat. En y pensant, l’argentée s’était engagée à quelque chose sans même savoir où cela la mènerait. Elle se retrouve embêter, songeant à ce qu’elle pourrait bien faire.

– Hum ? Les paroles de l’enfant la sortent momentanément de ses pensées pour s’affairer à donner une réponse. Au risque de te décevoir, je n’ai rien vu de tel.

Elle n’a encore jamais vu une de ces légendes que son père lui racontait et en un sens, à la manière dont il décrivait ces êtres obscurs viciés par le mal, ce n’était pas plus mal que Seika n’en rencontre jamais. Néanmoins la dernière comparaison la fera doucement sourire.

- Tu n’en verras certainement pas deux comme moi. Disons que c'est ce qui me rend unique. Après tout, nous sommes tous unique à notre façon. La vie ne serait pas amusante si nous étions tous pareil, tu ne trouves pas ?

C’est ça, nul ne pouvait être identique. Aussi fusionnel pouvait être des jumeaux, il existait en chaque être une différence qui permet de se distinguer des autres.

 

– Un village, mais en bien plus grand encore.

Une réponse simple pour une réponse. Mais visiblement, impossible de savoir où l’enfant vit. Elle devra certainement se renseigner auprès des locaux et espérer que par hasard, l’enfant soit tout de même recherché activement par ses parents. Mais plus elle songe à des possibilités, plus la demoiselle comprend l’ardeur de cette tâche. Cela en devenait grisant pour elle de se dire à chaque pas que cette résolution de retrouver les parents de cet enfant soit mince voir inexistante, encore plus lorsqu’il voit le visage enthousiaste du petit n’attendant qu’à revoir ses parents.

Son visage retombant pour un attrait plus neutre et monotone, observant le paysage de ses terres natales, sa pensée songe à ce que ça doit d’être livré à soi-même, seul et démuni. L’argentée se dit que de telles choses ne devraient pas exister dans ce monde. Pourtant, des enfants abandonnés à leur triste sort ou des orphelins qui courent les rues pour voler une pomme, la fleur avait pu en voir dans les ruines du Pays de l’Herbe. Cela en était désolant et c’était là l’une des raisons pour laquelle elle n’a depuis décidé de ne plus remettre les pieds au Pays de la Ruine.

“Ils sont trop sérieux et parfois méchants... Moi je veux pas être méchant.”

Cela résonne dans la tête de la femme étrangement, la trouble même pendant un instant.  Une pensée parvient alors à son esprit, un démon que l’itinérante ne préfère pas écouter. Au lieu de ça, Seika se devait d’apporter une réponse pertinente à cette question, comme s’il s’agissait d’un engagement au son de sa voix.

– Un jour tu seras adulte comme tout le monde, alors c’est normal que l’on t’apprenne à en devenir. Rétorque–t-elle. C’était après tout une étape de la vie. Mais tu sais, rien ne t’empêche d’être différent des autres adultes.

Seika se demandait bien ce qui avait pu mener le garçon à penser que les adultes étaient tous des méchants de son côté.

– Tant que tu souhaites être gentil, tu le resteras en étant un adulte. Mais tu as le temps avant de penser à être un adulte. Ne laisse pas les adultes t’interdire d’être un enfant. Enfin…

L’argentée réalise qu’elle venait peut-être de dire à un enfant de ne pas écouter ses parents. Ne sachant pas vraiment quoi dire pour nuancer ces propos, un long soupir sortira de sa bouche à sa bêtise.

– Ne fais pas de bêtise, et tu ne seras jamais un méchant, compris ?

- Tu aimes bien me poser des colles petit. Eh bien…

Ses questions deviennent de plus en plus complexes. Seika avait l’impression qu’à chaque fois qu’elle apportait une réponse, c’était là avec d’autres questions à l’assaut que le garçon revenait. La curiosité infantile n’avait-elle donc aucune limite ? Dans tous les cas, son pouce et index sous son menton cherchent une réponse à cette question. Sa deuxième question permettra finalement de savoir quoi dire.


- Je dirai qu’on est adulte quand on devient responsable de soi-même. Devoir faire ses propres choix, prendre en main sa vie… Ne plus dépendre de papa et maman. C’est comme ça que je me suis vue comme une adulte de mon côté.

S’envoler de ses propres ailes, mener ses propres desseins mais surtout dicter sa vie selon ses propres désirs et non guidée par une quelconque autorité l’obligeant à être différent de son idéal. Mais Seika trouvait sa propre réponse trop brouillon et même après avoir répondu une telle chose, ses méninges ne cessent de réfléchir à la question. Elle visualise son passé, ses différentes expériences, son voyage dans différentes contrées d’Hi no Kuni et parfois même au-delà. Mais difficile d’apporter plus. Peut-être n’était pas encore véritablement devenue une adulte. Cela ouvre à tellement de question, trop pour une femme qui ne vit qu’au jour le jour et ne se projette pas dans le long terme.

- Tu comprendras par toi-même à force.

Si ce n’est pas quelqu’un qui peut lui apprendre ce qu’est être un adulte, Seika est persuadée néanmoins que l’on pouvait le devenir par soi-même. L’expérience de la vie faisait très certainement partie du nécessaire pour obtenir la maturité nécessaire.

- Tu as l’air de vraiment t’intéresser à cette fleur.

Cela amuse légèrement l’Hijine de constater l’intérêt si puéril d’Issei à cette chose sur son visage. Cela  change des standards. L’innocence en devait être la cause. Après tout, les enfants sont des petits êtres curieux qui s’intéressent à tout ce qui leur paraît nouveau.

- Hélas, à cause de la guerre, on ne trouve plus d’endroit où cette fleur puisse pousser, excepté dans un petit coin de mon ancien chez moi, et directement sur moi du coup. C’est un peu comme si j'emportais un peu de ma maison avec moi au final.

Une façon comme une autre de voir la chose.

- ... Hein ?

Son regard se portant sur le garçon à la frange affiche une mine surprise dans un premier temps, puis très vite grimace pour devenir plus nerveux, presque gêné. Seika réalise avoir fait une terrible gaffe en racontant sa manière de voir les choses. Désormais, elle avait instillé dans l’esprit du petit de devoir se débrouiller par lui-même. Voilà qu’un flot de question parvient à l’esprit de la demoiselle. Néanmoins une se démarque des autres…

Il ne va quand même pas s’accrocher à mes basques ???

Ce serait là le PIRE scénario qu’il puisse se produire pour l’itinérante. Elle s’imaginait déjà à devoir entendre les plaintes de l’enfant ou de le rappeler à l’ordre toutes les dix secondes, en vain. Chaque déclaration était un pieu que l’on enfonçait dans son cœur afin de la faire regretter son choix d’aider un pauvre enfant égaré. Pour éviter ce scénario, elle devait vite trouver une solution !

- Des personnes doivent certainement s’inquiéter de ton absence, comme tes amis ou même ta famille. Tu ne peux tout de même pas décider comme ça à l’aventure. Puis tu sais, le danger est un peu partout. Tu peux tomber sur des gens méchants, ou tomber sur un monstre !

Le débit de parole de la jeune femme grimpait en flèche comme le ton de sa voix, au point où cela en devenait ridicule. Ses gestes aussi accompagnaient ses paroles. Seika devait vraiment faire attention aux mots qu’elle employait…

-  Tu n’as pas besoin de savoir mais si tu sais ce que c’est la guerre, alors tu devrais savoir que c’est pas très beau.

La guerre était l'exact opposé du beau. Ses yeux avaient pu voir les conséquences de la guerre, les ravages qu’elle avait laissés. Repenser à cela assombrit quelque peu son visage, naissant en elle un sentiment de frustration. Le changement de sujet permettra de passer outre ces sentiments négatifs.

- Qui sait ? Elle a un petit secret que je ne compte pas te le dire.

Seika laissait ceci en suspens comme pour titiller la curiosité de l’enfant, mais aussi pour privilégier la dernière question du gamin.

– Je l’ai quitté tout simplement, et ce pour changer d’air. Mais parfois, elle me manque et j’ai envie d’y retourner. Néanmoins, j’ai tant à faire et tant à découvrir que cela peut attendre.

Ce garçon devenait une plaie avec ses remarques, ne comprenant que ce qui l’intéresse. Rien de plus normal en y pensant, puisqu’il ne s’agissait rien de plus qu’un enfant. Mais malgré tout, il n’en restait pas moins agaçant ainsi que frustrant car ne pouvant se permettre éthiquement parlant de frapper un enfant pour cette raison. Seika préfère simplement laisser couler et observer ce petit être s’esclaffer à l’idée de vivre des aventures. L’argentée ne pouvait pas lui ôter le désir de découvrir de nouvelles choses.

– S’aventurer c’est aussi s’exposer au danger. Tu es encore bien trop jeune pour pouvoir prétendre t’aventurer seul. La nature te punirait pour ton impudence.

Petit, frêle, ignare. Perçu comme tel, il se fera dévorer pour sûr par Mère Nature. L’aventure n’était pas seulement une balade enfantine où l’on se plaisait à découvrir le monde. Il y avait aussi son lot de mésaventures, pimentant un périple pour le rendre plus complexe, afin de rendre celle-ci plus croustillante. Mais encore faut-il en être capable de faire face, sous peine de mettre fin prématurément à son voyage, synonyme de la mort dans le pire des cas.

- Cela ne sert à rien de te presser. Tu as encore du temps devant toi.  

Peu importe au final ce qu’il pensait. Une fois que la demoiselle l'a ramenée chez lui ou vers un village capable d’accueillir le garçon, Seika ne reverra certainement plus ce garçon. D’ailleurs, la mention du pays de l’Esprit dans un premier temps l’étonne. Néanmoins la demoiselle fera le lien entre cette information et le fait qu’il soit de l’est.

- Tiens tu connais donc le Seirei no Kuni ?

Elle souhaite confirmer sa petite théorie. Elle se souvient de la présence d’un ou deux villages frontaliers à ce territoire. Peut-être était-il de cette région. Dans ce cas là, le périple serait bien plus long que prévu. Mais pour en revenir à ses petites questions, elle dodeline la tête de haut en bas, en signe d’affirmation.

- La vie regorge de bien des surprises que tu qualifies de “fantastique”. Elle est plus commune que l’on ne croit, mais essaye de se cacher au mieux. Le Pays des Esprits en est l’un d’elle. Mais pour les découvrir, il faut faire attention. Être trop curieux est un vilain défaut.

Un tard même.

- Elle te punira pour ton impatience. La vie est une chose qui se consomme dans la durée et non dans l’instantané. Si on te donnait par exemple dix pommes, est-ce que sous prétexte qu’elle a un superbe goût tu les mangerais toutes ?

Par des explications complexes pour un enfant, Seika tentait de mettre un contexte plus enfantin, comme faisait son père avec elle. Donnez à un enfant une philosophie et il remarquera par des pleurs ou un désintérêt. Donnez lui un exemple qui paraît naturel, et cela stimulera son cerveau. Néanmoins pour en revenir à Seirei no Kuni…

- Merveilleuse  ? Ce doit être des gens qui n’ont jamais posé les pieds certainement dans cette forêt.

Du peu qu’elle connaissait cet endroit, on ne lui avait jamais vanté une quelconque curiosité de ce lieu. Pour ceux qui vivaient non loin de la frontière du Pays des Esprits – les habitants du Bois Maudit, c’était là surtout un lieu où de multiples choses se trament, et rarement en bon. Il était plus sage de se tenir à l’écart de cet endroit que de s’y approcher. Mais comme toujours, il existait des personnes assez fou pour vouloir explorer ce genre de lieu sans s’y préparer. Ce petit enfant n’en était qu’un parmi tant d’autres au final.

- Nous arriverons bientôt au village de Kōfukuhana. Il y a là-bas une auberge où l’on pourra trouver repos.

En observant le ciel derrière ce tapis de feuillage, le soleil n'était plus aussi élevé qu’à leur rencontre au pied d’un arbre. Au vu de l’inclinaison de leur source de lumière, déjà deux heures avaient dû s’écouler. À cette vitesse, la nuit risque de devenir le maître de ce monde.

- Tu penses pouvoir faire encore deux heures de marche ?

En effet, avec des petits pieds comme ceux d’Issei, l’argentée était même plutôt étonnée que ce dernier ne soit pas déjà épuisé de marcher, et même au contraire plein de vivacité. Certains diront la force de la jeunesse, mais tout de même !