Ce soir-là, l’hiver était à son paroxysme. Tempête de neige en symbiose avec précipitations, la météo de la soirée était un avant-goût de ce qu’il allait se passer ce soir dans la demeure du chef du clan Sarutobi de Kumo, Sarutobi Hikari.

L’Histoire était déjà passé par la et avait déjà rédigé par prémonition le destin de cet homme dont l’issue serait la mort. Extrêmement pragmatique, Hikar savait que la seule issue serait celle-ci lorsqu’il avait appris de tous ses espions éparpillés dans tout Garan no Kuni que le coup d’état visant à renverser Soryo Kobayashi pour prendre sa place en tant que Primat avait échoué. A la lecture de ces différentes missives arrivées à quelques heures d’intervalles seulement, Hikari était resté parfaitement stoïque car il savait pertinemment que cette action qu’il avait entreprise était à double tranchant. Une tête allait rouler au sol, et ce serait la sienne ou bien celle de son adversaire politique. Très vite, la première pensée d’Hikari était de préparer le futur. Et le futur passait par la protection sans conditions de son fils, Shin. Il prétextait une mission d’une importance primordiale pour Shin afin de l’envoyer le plus loin possible de sa demeure et ainsi ne plus avoir à se soucier pour sa vie.

En plein milieu de la nuit, à quelques heures de l’arrivée de ses bourreaux, Hikari convoquait Gotaro dans sa chambre. Arrivé devant la pièce, Hikari lui disait d’entrer lui qui reconnaissait les pas de son élève de très longue date parmi tout ceux qui étaient dans sa demeure. Gotaro entrait et savait immédiatement que quelque chose ne tournait pas rond. Au milieu de la pièce, une table basse sur laquelle était posée une théière avec de chaque côté un petit verre depuis lequel s’échappait l’évaporation du thé chaud. Hikari était assis côté gauche et fixait devant lui, l’endroit ou devait s’asseoir Gotaro.

Cette solennité et silence pesant était ce qui donnait la puce à l’oreille à Gotaro et en un seul instant il avait déjà tout compris. Ne pouvant pas montrer désespoir à son sensei, lui qui attendrait sans doute de lui de garder la tête haute et ne donner aucune chance aux sentiments, Gotaro était néanmoins figé sur place. Durant cinq secondes qui lui ont paru comme toute une vie, il fallait que son sensei achève ce silence pour que Gotaro se mette en mouvement.

« Entre, assieds-toi en face de moi. »


Quinze années auparavant, le jeune Gotaro âgé de onze ans se présentait pour la première fois dans la demeure du chef de clan Sarutobi en tant qu’élève. Gotaro qui avait la chance d’avoir hérité du trait génétique propre aux Sarutobi, l’affinité aux 5 éléments, ne réalisait pas encore la chance qu’il venait de lui être donné. Affichant de très bonne capacités pour son âge, il avait été décidé que seul le chef du clan pouvait lui permettre d’exploiter son potentiel au maximum. Seulement voilà, à cette âge-là, Gotaro présentait un tempérament assez belliqueux, agressif qui ne laissait présager à tout le monde qu’un futur avec une issue dramatique. Cette affinité, il ne l’utilisait que pour causer du chaos autour de lui et cela était en antinomie totale avec la culture des Sarutobi.


Né d’une mère morte durant son accouchement en raison d’une très grande hémorragie interne, Gotaro était laissé à son propre sort dès son plus jeune par son père qui le considérait comme unique responsable du décès de sa femme. Cette détestation de la vie était cultivée par cet abandon par ses deux parents, qu’il mettait sur le même piédestal. Ainsi, naturellement, Gotaro retranscrivait cette détestation de la vie et des Hommes par une habilité naturelle à causer du désordre dans l’ensemble du village. Il était connu comme étant le fauteur de trouble et cette situation n’a fait qu’empirer lorsque Gotaro avait développer cette affinité aux cinq éléments.

Connaissant le passé difficile de ce jeune garçon de onze ans, Hikari avait choisi de lui-même de prendre ce fort potentiel pour le canaliser et lui donner un but dans cette vie qu’il détestait tant. Mais cette éducation passait par une autorité extrêmement stricte au début. Hikari avait formellement interdit à Gotaro d’utiliser ces cinq affinités de quelques manières que ce soit sous peine de punitions. Gotaro testait son sensei plusieurs fois au début et lorsque l’intensité des punitions augmentaient de manière exponentielles, Gotaro se résignait à ne plus les utiliser. Ainsi, durant les quatre premières années de formation sous l’autorité de Sarutobi Hikari, Gotaro n’avait pas utilisé de ninjutsu. Ses entraînements consistaient à courir, faire du renforcement musculaire, allié aux tâches attendues de tout domestiques : Nettoyage, préparation de nourriture, livraison, achat de marchandises etc.

Malgré une éducation très stricte, Gotaro trouvait au fil des années auprès d’Hikari une figure du père qui lui manquait terriblement durant sa jeunesse. Il sentait toute la bienveillance de son sensei, et ce sentiment était de plus en plus prédominant lorsqu’il avait enfin eu l’autorisation d’utiliser son ninjutsu afin de s’entraîner. De surcroît, Gotaro était le seul élève de son sensei avec Shin, fils de ce dernier. Il réalisait petit à petit la chance d’être dans cette demeure afin de parfaire son affinité aux éléments.


Gotaro s’installait devant son sensei et ce dernier le fixait avant de prendre la tasse devant lui. Faisant signe à Gotaro de faire de même, il prenait une première gorgée avant de poser la tasse au même endroit de manière quasi-maniaque

« Ce que je vais te dire maintenant est déjà acté. D’ici quelques heures un convoi comportant Kobayashi et ses sbires vont se présenter dans notre cour. Je serais exécuté. »

La déconnexion entre les paroles de son sensei et la gravité de son annonce avait décontenancé Gotaro. Comment est-ce que son sensei pouvait être aussi calme dans une situation aussi dramatique ? En train d’ingérer les paroles de son maître, Gotaro ne savait pas quoi dire, il était resté bouche bée.

« Je t’ai convoqué pour une bonne raison Gotaro. A l’heure actuelle, mon fils est déjà loin et hors de danger. Je t’ai toujours considéré comme mon second fils. Cette pour cette raison que je te donne encore deux missions à accomplir. »

« Sensei, prenons les armes, rassemblons les membres nous sommes prêts, JE suis prêt ! Finissons cette affaire qui a déjà duré depuis très longtemps ! »

« Imbécile. » – Le ton était froid et aucune émotion n’émanait d’Hikari.

« Combien de fois t’ai-je dit que les émotions n’avaient pas de place dans ce monde ? Certains jouent et perdent. J’ai joué, j’ai perdu. Chaque Homme a son heure fixée par son destin.

« Nous avons l’affinité aux cinq éléments, on pe … ! »

« GOTAROOOO !! Ne t’ais-je donc rien n’appris !? Ai-je été un si mauvais maître que cela !? »

Le silence. Gotaro avait perdu.

« Ne m’interromps plus. Je te demande de réfléchir à la place. Penses-tu qu’un homme comme moi mérite de mourir de la main d’un homme aussi vil que Kobayashi ? Le plus grand déshonneur ne serait-il pas que ma tête soit séparée de mon corps par le biais de la lame de cette pourriture ? Je ne veux risquer aucune mort au sein des Sarutobi, donc j’offrirais ma nuque volontiers. En revanche, mourir de cette lame, c’est un refus catégorique. »

Hikari sortait d’une de ses poches intérieure une petite lame discrète et la posait devant lui.

« C’est toi, Gotaro qui va me tuer. Toi, mon élève que j’ai toujours considéré comme un second fils. Je veux que tu me fasses le plus grand honneur qui puisse m’être fait. Tu vas me tuer. Je souhaite jouer ce dernier tour au Destin. Sois cette lame, c’est un ordre de ton sensei ! »

Gotaro luttait de toute ces forces pour ne montrer aucune forme de faiblesse, aucune submersion d’émotions à la suite des ordres de son maître.

« S-… Sensei … »

« Je m’en vais mais toi tu seras encore là.  C’est pourquoi je te donne une dernière mission. L’honneur du clan Sarutobi sera bafouée dans quelques heures. Il revient à toi, et à mon fils Shin de rétablir l’ordre des choses. La blibliothéque-vivante existe, Gotaro. »

« La bibliothèque-vivante ? Celle qui a permis à l’empereur-roi d’asseoir sa supématie sur tout le continent ? »

« Celle-là même. Sache que l’intronisation du statut de Primat est corrélée à la découverte de cet endroit. Comprends que cette pour cette raison que cette entreprise que j’ai mené contre Kobayashi me prenait à cœur. Cette salle doit être ouverte avec une clé. Shin à des indices sur cette salle. Je te somme de collaborer avec lui et trouver cet endroit ! »

« Shin ? Sensei, comment pouvez-vous imaginer qu’il ne tentera pas de m’assassiner à partir du moment ou il saura que je suis cette lame qui vous aura ôté la vie ? »

« C’est bien là la dramatique vie qui t’incombes, Gotaro. Tu es seul et tu resteras seul pendant un moment. C’est à toi qu’il revient d’être le liant entre Shin et le clan Sarutobi, la trouvaille de cette bibliothèque-vivante. Je sais que tu y arriveras, ta résilience m’a toujours impressionné, Gotaro. »

« Sensei. Il sera mon plus grand honneur que de respecter vos volontés. Le clan Sarutobi en ressortira plus fort. Je jure solennellement que je vengerais tout affront fait envers notre clan. Et je rétablierais les choses avec Shin tout en reconnaissant la pénibilité de cette tâche particulière qui m’incombe. Ma lame est la votre, SENSEI ! »

Gotaro s’était levé solennellement et s’était ensuite courbé devant son maître. Ce dernier souriait en voyant l’état d’esprit de son élève avec, en tête la satisfaction de voir qu’il s’en allait en laissant derrière lui une volonté inébranlable. Hikari avait vu juste, a des kilomètres de son domicile un convoi conséquent s’était mit en route pour le rendez-vous avec l’Histoire qui allait se passer. Hikari, lui souriait en regardant son élève front contre le sol et sirotait son thé, limite impatient que ce rendez-vous est lieu rapidement.