Le regard noir, concentré, Ish’i avançait lentement mais surement vers sa destination. Le Pays de la céramique, l’endroit qu’il avait choisi comme repaire, celui qu’il avait jadis aidé à créer avec la révolution à laquelle il avait participer. Sa rencontre avec la mort dans cette taverne lui avait value beaucoup de question. Il savait ce qui lui restait à faire maintenant. Trouver des hommes, descendre dans un Calice et ramener le cœur d’un veilleur à cette chose. S’il ne le faisait pas, la mort, donc elle, viendrait prendre son âme. Si son âme n’avait pas déjà été prise d’ailleurs.

C’est donc le regard déterminé que le Gekimetsu refoulait ces terres qu’il connaissait parfaitement. Il aimait cet endroit, ce qu’il dégageait. Cette sensation de liberté, il la connaissait parfaitement et mieux encore après les évènements qui survint dans sa vie. La liberté c’était faire ce qu’il voulait face à n’importe qui. C’était se battre pour sa propre vie en compagnie de l’humanité tout entière et c’était aussi récupérer ce que cette chose, dans cette taverne, lui avait prise. La liberté c’était un tout. Un tout dont Ish’i n’avait plus connaissance. Triste pour un homme qui avait compris le concept même de liberté que récemment, face à cette gigantesque bête.

Il arriva à quelques lieux de sa destination : Toji. Il restait sur ses gardes. Il savait pertinemment que les environs étaient dangereux pour un homme comme lui. Un Gekimetsu sur les terres de Toji, c’était dangereux, même s’il était connu pour avoir aidé la révolution. Il fallait se rendre à l’évidence, l’ancien Ish’i était mort.

Frapper par une chose à la puissance sans pareil. Et puis d’un coup, ses iris se posèrent sur une silhouette au loin. Il n’était pas encore arrivé à Toji, mais était aux alentours. D’après les dernières informations qu’il avait eues, Ish’i savait que ce coin était connu pour faire passer tout type de personne. Bonne ou mauvaise. Il fallait rester sur ses gardes et surtout, il ne voulait pas prendre le risque de perdre sa couverture, sait-on jamais qu’on le reconnaissait comme étant un Gekimetsu Ish’i qui était mort depuis un moment maintenant. Le terrain était fait d’un savant mélange de sable et de forêt, comme Toji savait parfaitement le faire.

« Qui va la ? »

1.  S’écria Ish’i tout en composant une série de mudra afin de prendre le contrôle de deux masses de sable. L’une était compacte, l’autre non. 2.  D’un seul geste, la masse compacte se transforma et des projectiles en forme de Kunai foncèrent directement sur sa cible pour tenter de le toucher au niveau du torse. Cependant, une fois arriver au niveau de son adversaire, les projectiles éclatèrent, de sorte à lui brouiller la vue. 3. L’autre masse, moins compacte et donc plus rapide, bougea rapidement pour tenter de s’enrouler autour des deux jambes de son adversaire.

Qu’allait-il se passer par la suite ?

Spoiler:

Dans le but de renforcer ses capacités martiales, le Rubicond imposait à son alter ego – et disciple – des entraînements toujours plus destructeurs les uns que les autres. L’ancien gladiateur de l’Underground mettait un point d’honneur à faire de son protégé un combattant d’élite. Pour que l’Organisation agrège les vagabonds les plus puissants du Continent, la figure de proue des Sekai bōeki chūshin (世界貿易中心, centre de commerce mondial) devait parfaire son éducation guerrière.

Dans cette optique, sous le haut patronat du Kurenai, Nihon affrontait son double pendant des jours entiers. Ils ne prenaient aucune pause. L’Irbis semblait être doté de plusieurs poumons, tant ses assauts incessants n’ébranlaient en rien son calme imperturbable. La panthère des sables imposait son jeu, brisait les tentatives de l’armurerie vivante, et parvenait toujours à atteindre sa cible. Cette domination incontestable poussait le versant neutre à devenir de plus en plus ingénieux ; il comprit très vite que la stratégie, dans un affrontement, était une jonction cardinale menant à la victoire.

Certes, cette phrase allait dans le bon sens. Toutefois, il fallait subir défaite sur défaite pour comprendre la véritable idée sous-jacente. Aucune action, aucune expiration ne devait être effectuée sans avoir été savamment soupesée. Défaite et victoire étaient sœurs : il suffisait d’une erreur de paramétrage, d’un coup un peu trop appuyé, pour aussitôt se faire punir. Cette première étape prit plusieurs jours à la Momie. La seconde fut bien pire encore. Désormais, le belluaire frappait à l’improviste, à tout moment, à toute heure du jour ou de la nuit. Le Zénith du Collectif devait être sur le pied de guerre, prêt à toute éventualité.

La Mort n’attendait pas, répétait constamment son Kuchiyose. Chaque altercation devenait de plus en plus dangereuse, frôlant parfois la létalité. Hanzo souhaitait que le Tenno dompte ses nouvelles facultés, et l'anxiété que provoquait une mort imminente était, à ses yeux, le meilleur combustible pour atteindre cet objectif. Plusieurs semaines passèrent et sa maîtrise des arts de la guerre, ainsi que de son arcane originel, ne cessait de croître. Nihon était doté d’une capacité d’adaptation folle, ce qui trouvait un écho dans sa vie passée. Pour l’heure, il n’était pas le plus brillant shinobi du Continent, mais assurément, le fil de sa lame pouvait mordre de nombreuses jugulaires.

Le cocon de tissus anthracite quitta les horizons méridionaux de la Céramique pour rejoindre le Nome de la Palmeraie. Là-bas, et contrairement à sa position actuelle, le Désert de Kaze ne dévorait pas le paysage. Ici, il ne voyait que des dunes de sable ravinées par le passage du vent. Cette mer d’ocre, en mouvement constant, contrastait avec les oasis et les dattiers de sa nouvelle terre d’accueil. Seule, sans chameau pour l’escorter jusqu’à son repaire, la silhouette d’outre-tombe du vagabond déambulait au gré du climat insupportable.

Une voix l’alpagua ; un simple mirage, pensa-t-il. La forteresse mentale, forgée par les agressions de son animal totem, ne tomberait pas dans l’illusion du désert. Cette erreur d’inattention lui coûta plusieurs secondes. À l’opposé, une autre ombre quitta les volutes de chaleur dansant au-dessus du sable. À cette distance, et sous la pression de l’astre solaire, le Diminué pensa à son ennemi naturel. Un mudra effectué de sa seule main permit au sceau présent sur son poignet de luire légèrement. Un « pouf » sonore précéda l’apparition d’un imposant parchemin [1].

Une nuée de projectiles fusait vers sa position. La Momie écrasa sa main gauche contre le parchemin déroulé sur le sable. Le manche d’un Gunbai quitta les entrailles du papier. Les phalanges de sa main unique agrippèrent l’arme et, dans un puissant mouvement de balancier vers l’avant, l’éventail de guerre, recouvert d’un liquide pâteux, propulsa à toute vitesse des billes longilignes. Ces senbons violines s’écrasèrent contre les projectiles avant qu’ils ne pénètrent son buste, condamnant l’offensive à exploser avant son terme. À défaut d’immerger Nihon dans un nuage de sable opaque, celui-ci se matérialisa entre les deux silhouettes [2].

Face à la masse de sable qui fonçait en direction de ses membres inférieurs, l’artiste martial lâcha son arme pour écraser, une seconde fois, sa paume contre le parchemin à ses pieds. À défaut d’enserrer ses jambes, l’entrave fut aspirée et scellée dans le parchemin, perdue à jamais [3]. La main valide du proto-shinobi s’engouffra dans son kit accroché à sa ceinture et sortit cinq kunai acérés. Les lames se chargèrent en chakra, ce qui eut pour effet de les teinter légèrement de violet. Dans un unique mouvement de bras, le Diminué projeta ses projectiles en direction de l’ancienne position de son adversaire. Les cinq armes de jet s’enfoncèrent dans le sable à cinq endroits différents, formant un arc de cercle devant Ish’i [ ( ].

Au contact des grains sédimentaires, les bombes empoisonnées libérèrent leur contenu. Un nuage violet, opaque, enveloppa le décor, et ce, uniquement dans l’optique d’enfermer son adversaire dans un smog hallucinogène. Le poison, à l’état gazeux, se répandit très vite dans les alentours, grignotant férocement la santé mentale de tous ceux pris au piège [4]. Les effets de ce poison hallucinogène étaient assez simples : le paysage désertique se transformait en un monde de sang, de cris et de morts, grignotant les rameaux de la conscience.

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