Le serpent qui mordit la pomme défendue

L'homme face à elle représentant l'étendard du Cercle Rouge fut pris de convulsions incontrôlées. Il se mit à baver, à gigoter dans tous les sens. Akane fronça des sourcils et ne remercia pas Momo de lui avoir imposé de tels fardeaux. À quoi bon expérimenter sur ces âmes faibles si son propre pouvoir était limité ? Du moins, c'était comme cela qu'elle le voyait. Alors que la vampire allait abréger les souffrances de ce misérable, celui-ci gerba à ses pieds une sorte de chose inanimée.
À terre, l'indésirable reprenait sa respiration, une main sur son thorax. Il ne semblait pas comprendre ce qui lui arrivait, comme s'il sortait d'un affreux cauchemar qu'il avait consciemment vécu, mais sans pouvoir agir sur son corps ou sur son esprit. C'était là, la pire sensation qu'on pouvait ressentir, Akane le savait que trop bien.

Lorsqu'il posa son regard sur l'albinos, il prit instinctivement peur. Puis se souvint que ce n'était pas elle qui lui avait fait cela. Il reconnaissait pourtant l'étendard du Cercle Rouge. Il avait beau être ébranlé, l'homme savait à qui il avait affaire.

— Je vo...vous en supplie, a...achevez-moi. Ne...me.. refaites pas vivre ça.

Les longs et blancs sourcils de l'arracheuse de cœur se froncèrent. Non, elle ne ferait pas une telle chose. Ses fidèles, elle les obtenait sans vice ou fausse promesse. Se penchant en avant, elle l'attrapa de ses deux mains par le col et le releva sans difficulté. Le tenant toujours, alors que ses pieds endoloris peinaient à tenir place, Akane s'approcha de lui et lui accorda un chaste baiser. Le voici complètement ébahi et envoûté par le geste de la femme à la beauté pure et glaciale. Elle le relâcha alors, le laissant s'asseoir par terre.

— Miyoshi , je décide de t'épargner. Je t'accorde le droit de rester à mes côtés au nom du Cercle Rouge. Je prône la liberté aux activités de mon... ami... Pas de parasite, pas de mensonge, pas de peur, tu m'épargnes de devoir me salir les mains et tu m'accordes un soutien au sein d'Ame. Je te laisse te reposer pour ce soir.

Les choses avaient l'air de ne pas avoir changé, et pourtant, la Chinoike avait un pressentiment étrange...

La jeune femme ne le menaça pas, elle n'en avait pas besoin. Il aurait certainement trop peur de ce qui l'attendrait si jamais il cherchait à s'enfuir. Pire l'attendait à l'extérieur.

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Le lendemain, le misérable semblait avoir repris convenablement ses esprits. Pas entièrement remis par ce qu'il avait subi, Akane l'ignora complètement et l'interrogea sur les endroits clé de la ville qui lui permettrait d'obtenir des informations ou du moins, de s'en approcher. Peu fier, ce fut à cet instant qu'il lui parla d'une maison de passe qui avait vu le jour récemment et qui semblait bien s'intégrer au sein de la pègre Amejin.

Pour l'occasion, Akane avait demandé à l'un de ses fidèles, un habitué d'Ame, comment on se présentait à ce genre de lieux. La luxure débordait du pays de la Pluie, mais il y avait certains endroits que la Chinoike n'avait jamais côtoyés parce qu'elle n'en avait jamais ressenti l'intérêt. Elle demanda alors à être vêtue et coiffée en conséquence. Observant son reflet dans l'eau qu'elle utilisait pour sa toilette, elle avait du mal à se reconnaître, mais il fallait ce qu'il fallait pour obtenir réponse à ses questions. L'idéal bien sûr serait de pouvoir s'entretenir avec Bo Takeshi en personne, parce qu'il détenait certainement beaucoup de clés. En attendant, elle allait devoir faire autrement.
Ce fut ainsi que l'albinos arbora un habit rougeoyant et blanc, avec dans le dos le symbole du Cercle Rouge. Miyoshi l'accompagna jusqu'à cet établissement. Il lui confia qu'elle obtiendrait peut-être des réponses dans ce genre d'endroit où les salives et la sueur se mélangeaient aux bruits de couloir.
Pour avoir vécu quelque temps à Ame, la jeune femme savait ce que représentait une maison close, mais elle n'y avait jamais mis les pieds. Elle avait préféré gagner de l'argent en assassinant ou en effectuant des contrats qui ne la mettraient jamais dans une telle situation. Le duo fut alors reçu par une jeune femme en tenue présentable.
L'homme à sa droite s'avança alors et s'inclina, saluant et présentant la native de Shimo à sa place. Pendant ce petit instant, Akane laissa son regard observer l'entrée charmante et typique des bâtisses d'Ame.

— Je vous salue Dame Akane, souhaitez-vous profiter de ce qu'offre notre établissement ? Ou cherchez-vous un travail peut-être ?

La vampire tourna son regard rubis vers son servant, qui hocha de la tête, l'incitant à répondre positivement. Pour lui, il n'y avait rien de mieux qu'un tel endroit pour arracher des secrets. Seulement, il fallait jouer le jeu, faire semblant et accepter l'intimité et la proximité avec autrui. Ce qu'ignorait Miyoshi, c'était certainement que l'esprit de la blanche ne fonctionnait pas vraiment comme les autres.

— Pas vraiment non. Je souhaite m'entretenir avec une personne qui saura me donner réponse à mes questions. Vous savez faire ça ?

Miyoshi fit une mine désespérée et soupira discrètement. À quoi s'attendait-il de la part d'une femme aussi instable ? Bon au moins, elle allait droit au but. En espérant qu'elle ne se ferait pas reconduire... Certainement, parce qu'il craignait qu'elle ne s'emporte et qu'elle sème le chaos sur place.

— Eh bien... Humm... Permettez-moi de vous faire patienter quelques instants, je vais voir ce que je peux faire pour vous...

Satisfaite de cette réponse un peu évasive, la jeune femme inclina légèrement sa tête et esquissa un fin sourire. Akane se positionna alors sur le côté, laissant l'entrée libre pour les futurs clients ou autre âme perdue. Elle espérait voir son champ de vision ne pas regretter sa présence dans un lieu qui ne la mettait pas forcément à l'aise.

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Kazu
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