Chancelière,

J’adresse à votre savant discernement la situation suivante,

J’ai décidé de diriger toute la production et le stock actuels de mon domaine acquis il y a huit ans pour le mettre à disposition de la population de la jeune Tsubomi afin de participer à son effort de croissance.

Mon entreprise produisant des produits alimentaires agricoles et ne commerçant qu’au sein d’Hakugaku, le retrait total de sa production aura un impact certain sur le marché intérieur. Je ne peux calculer cet impact et vous demande de bien vouloir croire que je laisse la résolution et la complexité de ce calcul à votre savante administration.

Je m’engage dès à présent à ajuster le salaire de l’ensemble de mes employés Hakugakujin -dont la stabilité d’emploi ne sera pas impactée par ces mesures- en fonction de l’augmentation du coût de leur quotidien engendrée par ma décision.

Je ne pourrais continuer mon exposé sans vous signifier cette pensée: Je sais que cette décision aura une portée bien plus vaste que le seul quotidien de mes employés et je ne saurais handicaper le reste de la population d’Hakugaku. Aussi je demande humblement à vos finances publiques d’accepter de me faire créance d’une mesure économique permettant d’atténuer voire de gommer les effets néfastes sur la qualité de vie du peuple Hakugakujin.

Je ne saurais non plus mettre les larges fonds-propres de mon entreprise en garantie car ces derniers permettront d’encaisser l’achalandage et la vente à prix préférentiels indexés sur la réalité économique d’Hametsu à fonds perdus en attendant, et c’est le second point de ma décision, de doter Hametsu d’une agriculture.

Je me porte garante personnelle de l’aboutissement de ce projet. Créer une agriculture permettrait à mon entreprise de produire et commercer à Hametsu pour ainsi rembourser sa dette. Nous pourrions convenir d’un arrangement comme suivrait: Une fois l’ensemble des budgets fixés, y compris et je me permets de le souligner, le budget de développement, l’ensemble des plus-values de mon entreprise reviendront au remboursement de la dette contractée. Pour prouver ma bonne foi, je vous signifie que mes finances personnelles sont également en jeu car si nous trouvons accord, je n’aurai pour salaire annuel que le seul ryô symbolique.

Pour parfaire cette expédition vertueuse, j’aimerais également que vous acceptiez d’accorder visa à la liste de ressortissants Hametsujin engagés sur mes terres d’Hakugaku pour apprendre la bonne agriculture. Je ne suis pas sans savoir que le peuple d’Hametsu souffre de mauvaise réputation. Je me porte garante personnelle de leur bonne conduite et mon entreprise de leur solvabilité en leur versant un salaire aux standards du pays. Je dépêcherai également une équipe hautement qualifiée de mes employés d’Hakugaku pour superviser le développement et la formation à Hametsu.

Croyez bien, Madame, que c’est à la lueur, ou non, de votre décision que seront, nourries les perspectives meilleures de l’Humanité.

Vôtre,


Cette lettre accompagne une copie conforme des livres de comptes et d'inventaires de l'entreprise de Mahogani ainsi qu'une maigre liste d'une dizaine de candidats au visa.