Jénova

Jénova

Retour du Prince - Mére et fils

La cérémonie d'hommage à la Grande Endormis.

En avançant dans les couloirs de l'Epave, Issei médita les paroles du Despote : Prendre sa vie en main, sans aide extérieure... Hochant lentement la tête, il pénétra dans la salle où reposaient les futures offrandes. Ici, des pirates, des civils mais également de grands personnages. La récente attaque avait gonflé les rangs des cadeaux à la mer traitresse...
Dans cette grande salle, les blocs de glace trônaient majestueusement, étincelants sous la lueur tamisée des torches. Des reflets bleutés dansaient sur les parois, créant une atmosphère à la fois mystique et glaciale. Les cadavres reposaient là, alignés avec une solennité silencieuse, comme des gardiens éternels de cet endroit lugubre. Leurs visages, figés dans un repos éternel, semblaient observer le monde d'un regard impassible. Les offrandes étaient préparées avec soin, enveloppées dans des étoffes marines tissées de mystère. À l'entrée, des gardes, mais à l'intérieur un silence terrible. Qui oserait ainsi venir déranger le repos des héros ? La loi de Mizu no Kuni et ses traditions faisaient que personnes n'allaient essayer de voler les corps, ou de commettre une action revendicatrice. Tout le monde respectait les us et coutumes.

Le visage grave, le Chinoike pérégrina entre les blocs pour arriver devant celui qui l'intéressait. Une grande femme aux cheveux blancs reposait, semblant flotter dans un éternel sommeil. Son visage, serein et digne, était figé dans une expression de quiétude, comme si elle avait accepté son destin avec résignation et sérénité. Issei ne l'avait connu qu'avec le visage dur des gens qui avaient beaucoup de poids à porter sur les épaules. Les mèches argentées de ses cheveux semblaient capturer la lumière ambiante, créant des reflets cristallins dans leur prison de glace. Son corps, enveloppé dans des drapés de tissu finement tissé, semblait presque royal dans sa pose immuable. Un cadeau du Despote ? Les contours de sa silhouette dégageaient une aura de grâce et de noblesse, même dans la mort. Autour d'elle, des symboles anciens étaient gravés dans la glace, témoins muets de son importance dans le monde des vivants. À travers les parois transparentes du bloc de glace, on pouvait presque percevoir la force tranquille qui avait animé cette grande femme de son vivant. Son héritage semblait imprégner chaque molécule de glace, comme si elle avait laissé une empreinte indélébile sur le monde qui l'avait vue grandir et prospérer. L'enfant reconnu l'aura de sa mère, même loin derrière le rideau de la vie. Elle l'intimidait toujours, même s'il avait connu des moments cauchemardesques.

Et maintenant, dans sa tranquille majesté post-mortem, elle demeurait là, attendant son ultime voyage vers les profondeurs de l'océan.

- Maman. Elle n'allait pas l'entendre, mais il verbalisa la chose comme s'il parlait à une vivante. J'ai mis du temps, mais je suis là. Un voyage au-delà de la mort, alors qu'elle l'avait rejoint... Il n'aurait eu qu'à attendre un peu plus, à se laisser envelopper par les ténèbres. J'aurais dû revenir plus tôt, mais je ne savais pas.

Il avait gâché ses derniers moments avec elle pour un peu d'amusement, une fuite contrôlée et des épreuves qu'il pensait avoir choisies... Mais rien ne l'avait préparé à ce qu'il avait enduré. Le visage fermé, conséquence de cette vie passée dans le noir, il ne laissa perler qu'une larme carmin sur le sol blanc... La lumière bleutée faisait tache avec cet ajout rouge. Le reste n'allait pas arranger les choses.

- J'ai besoin de ta force. Si tu n'es plus là, c'est à moi de devenir le chef. Je te dois ça, je dois ça aux nôtres. Je n'ai pas répondu à tes attentes, mais je me souviens de pourquoi je suis né. Posant la main contre le bloc gelé, l'enfant en quête de réconfort ne put que ressentir la froideur. Prenant une grande respiration, il enleva sa paume. Je vais tout arranger, je vais ramener la Marée sanglante. Sous ses ongles, du sang perla pour se regrouper dans sa paume. Et je vais t'amener avec moi. La mer est froide, ainsi que sombre. Je ne veux pas te laisser avec cette traitresse... Le fluide devint une grande griffe, au bout de son index, pour prendre contact avec la glace solide et faire pivoter sur elle-même, comme un foret. Ieyasu, Shiki, tous nos ennemis périront.

Un tout petit trou.

Cela prit du temps, Issei ne voulait pas faire trop de dégâts sur l'intégrité du bloc mais également à sa mère et après cinq minutes de lente progression, il arriva à toucher sa mère par l'intermédiaire du sang. Ce n'était pas fini, mais le plus dur était fait : Il continua son chemin pour percer la peau blanche et trouver les veines où attendait la ressource commune aux Chinoike. Laissant les fluides se mêler à travers la blessure, il mobilisa ses dons de senseurs pour récupérer ce qu'il pouvait de la grande cheffe qu'elle avait été. S'il voulait devenir un leader, un adulte, il devait s'inspirer d'elle... La prendre avec lui, dans le grand voyage qu'il préparait.

Apprendre, par le sang.

Tour:

Sphinx. Yukio 021