Le pays en ruine, tristement célèbre pour avoir été le lieu d'affrontement entre superpuissances. Réduit à l'état de territoire fantôme, sans réel gouvernement pour les fédérer. Tout ici semblait maussade et chaque coup d'œil sur l'environnement faisait office de piqûre de rappel des évènements s'étant produit ici. Théâtre de la grande victoire de la roche face à l'ennemi du feu, preuve ultime de la toute puissance de l'empereur. Je dois l'éliminer, pour déclencher la dernière guerre.

... « Tout va bien, boss ? » D'un coup, il est tiré hors de ses pensées. « C'est rien, j'pensais à quelque chose d'autre. » il décroche un léger sourire qui égaie rapidement son visage, tandis qu'il reporte son attention sur la star de la soirée. « Bon, à nous deux, tu veux ? »


Un bruit sourd résonne soudainement et met fin aux supplications et les remplacent par d'horribles bruit indescriptibles... « Je t'ai pourtant dit de pas crier... la vache, vous faites tous exprès d'être demeurés ou c'est la norme par ici ? » Il se relève, tout en affichant un air de dégoût. « T'as dégueulassé mes bottes, regardes... » Un missile part alors dans les dents de l'homme à genoux. Un coup de pied magistral qui aurait sûrement suffit à faire dormir la majorité des shinobis, ce fut le cas pour l'homme... mais Shomei était du genre insistant, parfois un peu trop... et à son réveil, c'est l'Onimusha qui lui faisait face et bien qu'affichant un large sourire, ce n'était clairement pas un présage rassurant.

« Reprenons.  » Ces simple mot suffit désormais à faire ravaler sa salive à l'homme.
▬ « A-arrête, j'plaisantais..-ok ? Vous êtes avec qui ? Le Cercle Rouge ? J'ai quelque chose pour vous... » Il fouille son sac à la recherche d'un trésor, comme si sa vie en dépendait, puis, se met soudainement à vider ses affaires sur le sol. Quelques bourses, des objets de valeurs, bijoux et autres parures.
▬ « Il nous fait quoi là ? » Reprends Shomei en lançant un regard un peu perdu à l'un de ses lieutenants.
▬ « Je crois qu'il essaie de nous acheter boss. »
▬ « Il se fout de notre gueule, c'est ça ? » il se gratte le bout du nez et poursuit. « J'ai un peu de mal à comprendre ce qu'il essaie de faire... »
▬ «... Voilà ! C'est tout ce qu'on avait pour le moment... pitié, laissez moi la vie sauve, je tâcherais d'en ramener plus ! » Il finit finalement par extraire un petit cristal de sa sacoche et le tends à Shomei. « Comme promis, une pureté exceptionnelle et regardez son éclat, je suis sûr et certain qu'elle possède des propriétés magiques. Je resterais loyal envers la dame, je vous le promet ! Pitié, laissez moi partir ! »

« Une pierre magique tu dis ? » Naturellement, il vint s'en saisir et la porta au niveau de son œil afin de l'admirer de plus près. Comment dire que la pierre était... étrange ? Elle était comme vivante, comme si elle était capable de réagir aux changements d'environnement. Un objet incroyablement intriguant, mais surtout envoutant. Plus on y passait de temps à l'admirer, plus le regard y était attiré… un phénomène étrange qui semblait provoquer le désir, même chez les individus les plus désintéressés. « Rien à foutre de tes breloques ! » … et pourtant, il la jeta en arrière, sans même regarder où elle eut finit sa chute.


En le regardant tapoter sur le blason brodé sur son armure, l'homme comprit bien assez vite à qui il avait affaire. Il ravala sa salive une seconde fois, la roche avait tendance à rappeler aux peuples locaux cette terrible période d'il y a trente ans. En regardant autour de lui, il ne vit aucune autre personne arborant un tel blason parmi les hommes en armure, ce qui voulait dire qu'il devait être un déserteur... dans ce cas, pourquoi n'avait-il pas rejeté son appartenance a l'empire ?  Dans ce cas... ça ne voulait dire qu'une chose, il ne devait sa situation qu'à la malchance... le cercle rouge n'était pas à ses trousses. « On aurait pu éviter tout ça, si vous aviez choisi de vous rendre... peut être que tes compagnons seraient encore en vie en ce moment même. » Reprends Homei. Il approche sa main, lentement et la pose sur la tête de son interlocuteur. Un large sourire carnassier se dévoile alors, tandis qu'il jette ses iris au creux des siens.

« Que dirais-tu de me conduire jusqu'à ce "Cercle Rouge" ? J'ai bien envie de rencontrer ta "Dame"... bien sûr, une fois tout ça réglé je te laisserais t'en aller, cela va de soit. Ou tu peux éventuellement rejoindre ma petite troupe et expier tes pêchés en préparant le monde pour la dernière guerre. Le choix t'appartient... enfin, pas vraiment... mais tu as compris l'idée... » Il laissa un moment passer, histoire de lui permettre de digérer ses paroles... puis il découpa ses liens à l'aide d'un kunai rapidement sorti de sa sacoche d'outils. Immédiatement, l'homme se relevait, Homei fit de même et après quelques secondes d'attentes, l'homme prit finalement une décision et leva timidement le doit en direction de la voie à prendre.

Face à une petite silhouette féminine se présentait une montagne gigantesque et blanche. Un sifflement insupportable brûlait son oreille interne. La tempête de neige empêchait l'ombre d'avancer, comme paralysée par un froid venu d'un autre monde. Comment s'était-elle retrouvée ici alors qu'à l'instant, elle siégeait tranquillement dans une bâtisse de Hametsu, choyée par ses fidèles ? Elle ne chercha pas à comprendre et tenta de tourner la tête pour comprendre où elle se situait. Cependant, plus elle faisait de l'effort pour se trouver et plus la nuit gagnait ce paysage mystérieux. Non. Ce n'était pas la nuit. C'était Elle. La présence, titanesque, impénétrable, qui revenait à la charge, qui se rapprochait encore et encore. Rouge, du sang, du sang partout recouvra la silhouette et puis plus rien. Le noir, le néant, le vide. Plus rien que la terreur.  


Une voix hésitante et masculine frappa Akane qui ouvrit ses yeux brusquement. Affalée dans son divan couvert d'une fourrure d'ours, elle se redressa, transpirante. Une main posée sur sa peau blafarde, elle reprit doucement ses esprits avant de poser son regard vers celui qui était entrée dans son antre. Sa main glissa alors sur sa droite avant d'attraper fermement le manche de sa lame et de la lancer avec fureur dans la gorge de l'innocent humain. Ses grands yeux écarquillés cherchaient à comprendre, tandis qu'il déglutissait un liquide carmin et que sa main paniquée ne parvenait pas à arrêter le flot de sang qui s'échappait de sa trachée. Malheureusement pour lui, il était simplement tombé au pire moment qui soit, devenu le témoin d'une scène surréaliste et de la faiblesse de la Chinoike. Personne ne devait voir, personne ne devait savoir.

Le simple son du corps tombant avec lividité sur le sol fit soupirer la vampire d'extase tandis qu'elle se rapprocha de lui et qu'elle baigna ses paumes dans l'hémoglobine de sa victime. Ce fut avec tremblement et ferveur qu'elle rapprocha ses deux mains vers son visage, reniflant ce goût métallique qui la rendait plus vivante que jamais. Sa langue rosée se permit même de glisser sur sa peau afin de goûter à ce breuvage aphrodisiaque.

Ce fut lorsqu'elle entendit un peu de raffut que la sadique se releva et sortit de sa transe. Sans une once de sentiment de culpabilité, elle passa au dessus du corps mourant à petit feu et attrapa un tissu pour essuyer sa peau de porcelaine, laissant quelques traces sauvage de sang échouer. Vêtue d'un kimono bordeaux qui cachait une très fine et légère robe blanche, laissant apparaître ses formes de jeune femme, elle quitta la pièce en direction de ce boucan insupportable.  

— Nettoie, s'il te plaît.

Ordonna Akane à la jeune femme qu'elle croisa, une pucelle qu'elle avait trouvée sans le sou et qui n'avait pas hésité à rejoindre l'albinos. Elle ne semblait pas très surprise par la surprise macabre qu'elle découvrait et semblait même plus inquiète par l'état de celle qu'elle admirait. Cependant, elle ne fit aucune remarque de peur de s'attirer une sentence pire que la mort. Même si elle ne l'avait pas rejointe parce qu'elle avait peur, elle n'était pas dupe et connaissant l'instabilité de la survivante.

Dans la pièce principale, il y avait non pas deux, mais trois individus. Takao, appartenant au cercle rouge, qui toisait du regard les deux autres hommes. L'un des deux, elle le connaissait très bien et elle ne put s'empêcher de lâcher et un long sourire en le voyant. Enfin, il y avait une troisième personne, un inconnu. Cependant, elle ne s'y attarda pas sur le moment et son attention se porta sur les ecchymoses sur le visage de l'abruti.

— Où est la pierre, Fujimoto ?

Aaah ce sacré Fujimoto, ce salopard qui avait essayé de trahir la Chinoike qui l'avait alors envoyé en petite mission pour accepter son pardon. Elle lui avait demandé une chose, une seule chose et c'était tout ce qui l'intéressait : avait-il tenu sa promesse ?
Aucun son ne s'échappa de sa bouche, mais son regard craintif vers la tierce présence en dit long sur ce qui avait pu se passer.

Tout ne semblait pas s'être passé comme ce qui était prévu.

Alors enfin, Akane daigna accorder de l'importance à l'homme qui se trouvait près de la porte et qui lui était totalement étranger. Qu'avait-il bien pu faire à son prisonnier en quête de rédemption pour que celui-ci accepte de l'emmener ici ? Qui était-il et que lui voulait-il ? Le feu crépitant laissant entrevoir un regard sombre et déterminé, avec une petite lueur de sauvagerie. Intérieurement, la sauvagesse aimait ce qu'elle observait, extérieurement, il n'en était rien. Lasse de tout ce spectacle pathétique, elle se rapprocha lentement, laissant glisser sa longue chevelure décoiffée sur ses épaules dénudées. Son long kimono glissait derrière elle, la suivant sans jamais tomber.


La vampire s'arrêta. L'écho ne se fit pas attendre dans son esprit perturbé et sombre. Cela l'agaça presque de l'admettre, faisant claquer sa langue dans son palais. Cependant, c'était lui qui avait pénétré sur son territoire et qui allait devoir en répondre.

 — T'es qui, toi ?

Questionna la Shimojin d'un ton sec et méfiant, ses pupilles gorgées de sang auraient pu le réduire à néant si elles le pouvaient. Visiblement, elle était d'humeur fracassante. Après tout, ce n'était pas parce qu'il était aussi beau qu'un corbeau qu'il pouvait se pointer devant elle dans un moment pareil, alors qu'elle n'était même pas habillée correctement. Alors il avait intérêt à répondre rapidement.

« Alors comme ça les Yaban ont repris le contrôle des lieux ? Ca a vachement changé depuis la dernière fois… » Apparemment, le pays avait connu beaucoup de changements depuis l'époque du cataclysme. Livré aux mains des bandits, sans réelle institution en place, le pays était comme en proie à quiconque se sentait assez influent pour tenter d'en prendre les rennes. C'était ainsi qu'il me décrivait le Cercle Rouge, une troupe de joyeux lurons ayant profités de la relative disparité entre les habitants d'Hametsu pour y faire sa place en éliminant quelques types en place dans le coin. « Ça m'intéresse de plus en plus cette petite histoire, j'sent qu'on a bien fait de tomber sur toi, Fujimoto ! Bon, on peut peut être pas en dire autant pour toi, mais tu verras, très vite tu t'y feras ! »

L'homme sous son épaule, il le laissait guider la marche et rapidement se firent apercevoir au loin, des premiers signes de civilisations. Il y avait comme une petite ville, du moins ce qu'il en restait, d'où allaient et venaient tout type de personne ayant pour seul dénominateur commun : un cercle rouge brodé sur leur vêtements. Il jette un coup d'œil au dénommé Fujimoto... lui n'a pas d'emblème « Bah, t'es pas avec eux toi ? »  son regard fuit celui d'Homei et si son sourire était déjà bien large depuis un moment, il dévoila un peu plus de gencives avant d'enchaîner. « Pas vrai ? J'suis sûr qu'elle sera ravi de te revoir, ta dame ! »

Il fait signe à ses hommes de rester en périphérie du village, de sorte à ne pas créer de mouvement de foule inutile, se battre n'était pour le moment pas la solution privilégiée, d'autant qu'il cherchait à rencontrer ce fameux "cercle rouge" qui semblait fédérer les gens du coin. « T'es bien silencieux, elle est où ta fougue de tout à l'heure ? Allez, parle moi de ta daaaaame ! Arrête tes mystères, je suis curieux ! » Fujimoto n'est pas réellement à l'aise avec la question... comment le pourrait-il ? Son bourreau actuel était certes, quelqu'un dont il semblait se méfier, mais la dame, elle, lui inspirait une crainte au plus profond de son être. Plusieurs fois, il manqua d'avertir l'homme de la roche de prendre la fuite, sans se retourner... mais il n'y parvint pas. Et ce n'est qu'une fois arrivé face aux portes gardées par deux hommes de main qu'il pût lâcher un premier soupir, suivi instantanément d'un énième avalage de salive... Car désormais, son sort n'était plus entre les mains de Shomei, mais de la maîtresses des lieux.

« Vos armes. » Lâcha l'un d'eux, d'une voix autoritaire et ferme. Fujimoto s'exécuta sans tarder, se débarrassant d'un petit coutelas qu'il posa dans les mains du premier garde. Naturellement, Shomei lança plusieurs regards interrogateurs, à l'intention de son lieutenant, de Fujimoto, puis du garde qui frappa du talon pour montrer un premier signe d'impatience. « TOUTES nos armes ? » Le garde acquiesce, puis immédiatement Shomei se tournes vers Fujimoto « Heh, si j'avais su, j'aurais pas fait l'effort de venir. »

Shomei fait un signe de tête au lieutenant qui l'accompagne et immédiatement, la cacophonie démarre. Entre les chausses trappes, les kunais, shurikens et autres outils, l'arc et enfin, son Nodachi, il faut dire que le garde avait les bras plutôt chargés. Toutefois, Shomei, avant de pénétrer dans la pièce ajouta « Et j'espère les retrouver dans un meilleur état que je ne vous les ai laissés ! » La porte s'ouvrit peu à peu et l'Onimusha pénètrait à l'intérieur du Temple du Cercle rouge. « La vache, j'me sent tout nu sans mon sabre... pas toi ? »

La bâtisse était plutôt grande, la hauteur sous plafond et l'éclairage relativement sombre donnait l'impression de se faire aspirer par le vide. Une ambiance omineuse, qui dénotait totalement l'idée que l'on aurait pu se faire des libérateurs de la région. Non, en réalité, le repaire ressemblait plus à l'antre d'un démon plutôt qu'autre chose. Et le cadavre fraichement tiré hors de la pièce vers laquelle ils se rendaient renforçait d'autant plus ce sentiment. Le lieutenant fut stoppé à cette porte, ils n'autoriseraient que Fujimoto et Shomei à pénétrer à l'intérieur. « T'en fais pas va, je gères. »

Le petit duo pénètrent dans les lieux à la suite de la servante et immédiatement, la maîtresse des lieux se présentait face à eux. Si Fujimoto sembla immédiatement terrifié en sa présence, Shomei, lui se contenta d'observer d'un œil attentif le comportement de son camarade d'infortune vis à vis de la demoiselle. Sa réaction lui en dit bien assez sur celle qui se tenait face à lui, il en décrocha même un sourire. Décidément, les despotes étaient monnaie courante sur le continent.

Bras croisés sous la poitrine, il laissait ses iris se perdre sur la silhouette de la jeune femme. Une peau pâle, des cheveux blancs, des yeux cramoisis… une albinos ? D'habitude, ils avaient tendance à être ostracisés et non adulés. Enfin elle prend la parole et quelque chose tique dans l'esprit de l'Onimusha, il grimace légèrement à l'écoute de la voix de la demoiselle.. « Heh, t'es pas d'ici toi, j'me trompes ? » Son accent l'avait quelque peu trahi, à force de guerroyer avec les gens du coin, Shomei avait une certaine facilité à reconnaître ceux de la région.


Rustre, c'est ce que n'importe qui aurait pu constater en l'écoutant plus de deux secondes. S'ils semblaient tous témoigner d'une forme de respect absolu envers la jeune femme, il est clair que les manières inciviles du soldat laissait une tâche dans le tableau des commodités.

« Alors, comme ça c'est toi qui gère ici ? J'm'attendais plutôt à rencontrer une vieille peau avec une verrue sur le nez, mais la surprise est agréable ! J'comprends pourquoi ils sont tous à tes bottes comme ça. Peut être qu'un jour, ils auront leur chance avec leur "prêtresse", pas vrai ? Très original, le cult following est la meilleure voie pour devenir un bon despote ! Et crois moi j'en sais quelque chose, j'ai travaillé toute ma vie pour celui qu'on appelle "L'Empereur". »

La réaction de Fujimoto en disait long sur le sort qui lui était réservé si l’homme venait de décevoir de nouveau Akane. Si elle pouvait être sans pitié, elle savait parfois donner des secondes chances… ou torturer celui qui avait cette épée de Damoclès sur la tête.

Visiblement très irritée, la jeune femme n’appréciait pas le regard apeuré et défaitiste qu’il posa sur l’inconnu à ses côtés. Ce fut à cet instant que la Chinoike porta son attention à ce brun qui ne lui disait absolument rien. Elle ne pouvait pas estimer s’il était d’ici ou non étant donné qu’elle était elle-même étrangère à ce continent. Et le mystérieux invité semblait l’avoir compris dès lors qu’il l’entendit parler. La Shimojin ne réagit pas à cette rhétorique et continue de le percer de ses pupilles sanguines, attendant une meilleure réponse de sa part.

Sho Homei, feu général empire de la Roche donc. Que faisait un homme de cette envergure dans sa diabolique bâtisse ? Akane ne connaissait pas grand-chose du pays de la Terre, car elle s’était concentrée sur le pays de la Céramique et ceux bordant celui des monastères.

Si ses présentations semblaient des plus communes, c’était sans compter sur le regard assassin que lui lançaient les fidèles de la buveuse de sang. Et sans peu de tact ou de civilité, l’homme continua en dénonçant la soumission des présences au sein du manoir. La raison pour lui était purement physique ? Le ‘Sieur travaillant pour l’Empereur allait vite se remettre à sa place.

Avant de lui répondre, elle posa une longue œillade sur Fujimoto avant de soupirer par dépit.

— Part, avant que je ne t’arrache le cœur.

Ni une ni deux, il savait que c’était sa seule chance de s’en tirer. Il attrapa son courage et se tira en dehors de la pièce, priant pour ne pas avoir à la revoir. Quant aux autres, ils comprirent à son regard qu’ils devaient les laisser seuls.

La pucelle quant à elle, continua de traîner le drap taché de sang vers la sortie arrière, sûrement pour se débarrasser du cadavre.

Enfin, elle se rapprocha de lui, suffisamment pour qu’il puisse observer tous les traits de la Chinoike ainsi que ses imperfections. Le paysage face à elle changeait par moment, se couvrant de rouge et de noir, laissant apparaître subtilement des ombres menaçantes. Dans son centre, Homei faisait un peu trop le malin. Mais cela lui changeait de ceux qui avaient peur d’elle, ils n’étaient pas vraiment drôles.

Une fois que tout redevint normal, la victime du Givrefroid pourrait rétorquer.

— Qu’est-ce que la beauté dans ce monde si laid ? Qu’est-ce qu’elle peut bien apporter à part futilité et fausseté ? Je préfère agir, comme par exemple assassiner le cousin Yaban et jeter son cadavre au pied de son domaine. Le Cercle Rouge préfère l’action aux promesses en l’air. Et puis… Je ne suis pas facile à conquérir.

Et toi, Ancien Serviteur de la Terre, tu comptes utiliser ton charme pour me mettre dans ta botte ou tu comptes me donner une vraie raison de ne pas te l’arracher ?

La manipulatrice du sang s’était dangereusement rapprochée du Sho, lâchant avec acidité ses dernières paroles, sa main, posée sur sa cage thoracique, prête à agir. Elle ne le connaissait ni d’Eve, ni d’Adam et il était sûrement très fort, mais elle s’en fichait. Elle n’était vraiment pas d’humeur et n’appréciait pas ses conclusions trop hâtives sur la motivation de ceux qui avaient rejoint le Cercle Rouge. De plus, la dirigeante de celui-ci avait envie de jouer un peu avec lui, après tout, il n’était pas dégueulasse et pourrait bien être un potentiel fidèle…

... Donc c'était bien elle la maîtresse des lieux, cette fois, il n'y avait plus aucun doute. Naturellement, ses dents aiguisées firent leur apparition, alors que la demoiselle aux cheveux blancs congédie Fujimoto. Le regard de l'Onimusha le suit, jusqu'à ce qu'il quitte les lieux, le visage égayé d'un large sourire narquois. « C'est dommage, je commençais à bien l'aimer ce gars... » lâche-t'il sur le ton de l'humour, alors qu'il reporte son attention sur la jeune femme.

Son regard se pose à nouveau sur la Chinoike, qui en avançant, dévoile ses traits. Et tandis qu'elle se met à parler, il laisse ses yeux se balader sur la silhouette de la jeune femme. Des vêtements ensanglantés, une peau présentant les marques d'un passé douloureux. Mais en même temps, qui en ce bas monde pouvait se vanter d'avoir eu une vie simple ? Ce n'était certainement pas Homei qui allait lui dire quoi que ce soit. « les Yaban hein... » reprends-t'il à la suite de la dame. « Une belle bande de sauvages, si tu veux mon avis. Aucune élégance, parcontre... je dois avouer qu'ils font d'excellents guerriers, on a eu l'occasion de récolter deux-trois tête... bien sûr, on les a jetés dans le feu ! » Il rit légèrement, avant de reprendre d'un ton enjoué. « Alors comme ça le "Cercle Rouge" est un truc sérieux ? Moi qui pensais que vous n'étiez qu'une bande de fanatiques incapables... »

Il la laisse s'approcher, poser la main sur son torse forgé par les combats. « ... Et toi, Ancien Serviteur de la Terre, tu comptes utiliser ton charme pour me mettre dans ta botte...» De nouveau, ses dents se dévoilent, alors qu'elle est désormais assez proche pour ressentir la différence de carrure entre eux. « Te... charmer ? » lâche-t'il, en riant. « J'avais aucune idée de votre existence, avant de tomber sur ce bon vieux Fujimoto. » Sa main vient se poser doucement sur la sienne, elle la recouvre entièrement. « Tu peux toujours essayer de m'arracher le coeur, mais je te préviens... » Son sourire s'élargit jusqu'aux oreilles. « ...Je risque de t'abimer le visage, et bien comme il faut... j'suis quelqu'un qui tape très fort. »

Un moment de silence, puis, il retire délicatement la main de la demoiselle. « J'suis pas ton ennemi, du moins, pas encore. Puis en plus, t'es clairement pas mon style, j'aime les femmes plus... explosives. » Il viendra tenter de relever son menton du bout des doigts, pour qu'elle puisse plonger ses iris cramoisis dans les siens. « Rassure toi, t'es pas si moche que ça, j'suis sur que tu trouveras chaussure à ton pied un jour. C'est pas la première fois que j'fais cet effet là, en général, elles crient toutes quand j'fais sauter le veston... mais tu vois... c'est pas tant le physique qui m'intéresse. »

Il relâcherait son menton, puis reviendra croiser les bras sous sa poitrine. « C'est plutôt de savoir ce qui se trame ici. Que veux-tu, j'suis un p'tit peu curieux d'en apprendre plus sur ceux qui se sont mis à dos le clan Yaban. Qui sait, p'têt qu'ils reviendront un jour, plus fort cette fois. »

Ce Homei n'avait pas l'air plus net que la Chinoike. Cette bande de babouins sauvages de Yaban étaient certe des guerriers, mais ils faisaient accroître leur pouvoir par la crainte envers les plus faibles, c'était la loi du plus fort hein. Akane connaissait très bien, pour l'avoir vécu à Shimo ; la mort et le meurtre étaient tout à fait normaux là-bas, presque naturel. Mais la cheffe du Cercle Rouge n'en faisait qu'à sa tête et elle n'aimait pas comment ils agissaient ici.

La buveuse de sang tenta donc d'en savoir plus sur la force mentale de cet homme en usant de moyens de pression assez douteux, mais elle avait besoin de savoir de quel bois, il se chauffait. Posant une main sur sa poitrine musclée, la seule chose qu'elle ressentit à ce moment-là fut une faim insatiable et l'envie d'user de ses pouvoirs vampiriques pour absorber son énergie. Personne ne pouvait nier qu'il était un être agréable au toucher, mais cet inconnu allait tenir tête à la Chinoike et c'était le plus important. Par chance ou malchance, la vampire n'avait jamais ressenti de forts sentiments autres que la haine, l'envie de tuer ou la justice. Elle avait quête de venger, de détruire, de reconstruire, de lâcher sa rage sur quiconque le mériterait.

En effet, il n'hésita pas à se rapprocher lui aussi et à poser sa propre main sur la sienne, avant de la menacer à son tour. À cette réponse acide, l'albinos ne put s'empêcher de sourire à son tour. C'était étrange comme sensation et assez nouveaux mais elle appréciait cette rencontre, c'était inattendu et excitant à la fois.

Qu'est-ce qu'elle pouvait bien en avoir à faire de son visage, ce n'était pas comme si elle voulait cacher les traces de son passé : les coups, elle en avait reçu et en avait rendu. Enfin, la jeune femme ramena sa main contre elle, en dépit d'un brin de distance entre eux, la tension était toujours palpable. Et ce fut certainement les dernières paroles du Sho qui envoya la Chinoike dans une crise de rire à en pleurer quelques larmes. Cela faisait bien longtemps qu'elle ne s'était pas lâchée ainsi.

Tandis qu'il reprenait son calme et qu'il semblait sérieusement s'intéresser à ce qui se tramait ici, la sauvageonne était encore perdue dans son délire. Se calmant finalement pour le laisser parler, elle essuya une perle de larme d'un revers de sa main avant de respirer profondément.

— Ne te méprends pas sur mes intentions, il m'est impossible de ressentir ce genre de choses, enfin... Je crois ?. J'avais besoin de voir si tu mettais facilement un genou à terre, comme tous les autres. J'admets que tu te défends plutôt bien, tu es intéressant, mais pas dans le sens que tu le penses. Quant à si tu es mon ennemi ou non...

La furie tira une lame bien travaillée de son kimono avant de la porter contre sa propre joue, sans pour autant se couper, elle appuya tout de même fortement sur sa peau, se fichant de sa douleur. Son regard se transforma alors, visiblement assoiffé de justice, de colère obsessionnelle et de folie.

— Ces bâtards de Yaban couinent parce que j'ai décidé de leur mettre des bâtons dans les roues ? Sortir Hametsu de la misère en imposant davantage la misère. Ils me donnent envie de vomir ! Je leur ai promis de les sortir de là et qu'est-ce que j'y gagne ? Mon influence augmente, petit à petit...

Akane s'approcha de nouveau de Homei, complètement habitée par ses paroles, sa lame glissa sur sa mâchoire. Son corps frissonnait d'envie, de soif, elle avait faim.

— Et mon courroux s’abattra. Je veux faire mal, je veux marquer l'histoire. J'ai commencé à Mizu, et je compte bien continuer sur le Continent. Je suis Chinoike Akane et j'espère que tu retiendras mon nom. Car dès cet instant, ce que je dois savoir, c'est...

La jeune femme relâcha sèchement la pression sur sa peau, créant par l'occasion une légère entaille avant de pointer son couteau de jet vers Homei.

— Es-tu de leur côté et donc mon ennemi ou feras-tu la guerre à tous ceux qui se mettront en travers de ma route et peut-être de la tienne ? Car je compte bien les faire exploser et récupérer le cœur du Chef Yaban. Alors ? Montre-moi à quel point tu peux taper très fort.

Ses lèvres s'étirèrent en un sourire inspiré par le désir de vengeance, elle avait soif de feu et de sang. Mais se rangerait-il de son côté ? L'avenir de ce lien qui se dessinait dépendrait de sa réponse.

Cependant, ses beaux discours furent vites rattrapés par la présence dans son effroyable esprit qui lui rappelait qu'elle avait une autre tâche à effectuer. Et de nouveau, son paysage se modifia et changea de couleur, alors que l'ombre la menaçait. Elle tenta de rester fidèle à elle-même, mais son bras tremblait alors. Ce n'était vraiment pas le moment. Il fallait qu'elle tue. Sa main libre se posa sur une partie de son visage, tentant de cacher ses grimaces et son air perturbé.

— A... Alors ???

... Décidément, ils sont pas nets ces ninjas. Ils ont beau faire tout ce qu'ils veulent pour tenter de justifier leurs actions : il n'empêchent qu'ils reste des gens assez bizarre. Alors, Homei ne savait pas vraiment quand est-ce qu'il a commencé à se poser cette question, mais le fait est qu'elle est apparue dans son esprit à un moment donné. Qu'avait-il bien pu arriver à une femme aussi jeune qu'elle pour qu'elle soit autant timbrée ? Homei, ça se comprenait. Le Sho guerroyait depuis son plus jeune âge, à force, on en perdait ses manières et surtout la faculté d'être étonné par ce genre de comportements.

▬ « Un genou à terre, moi ? » Reprends Homei, à la suite de ses paroles. « Puis quoi encore, j'sais pas pour qui tu me prends... mais hors de question que j'te vénères comme les autres ! »

Il rit, mais son sourire se transforme immédiatement en un air troublé, alors qu'il la voit dégainer un couteau, qu'elle appose contre sa joue. Il plisse les yeux, arque un sourcil alors qu'il se demande ce qu'elle fait... était-ce une démonstration de force, une menace ? Décidément il ne comprenait rien aux coutumes des gens du continent... mais en même temps, il ne put s'empêcher de boire les paroles qui suivirent.

Chinoike Akane, telle qu'elle s'était présentée, était une jeune femme dont le cœur semblait être rongé par la rage, la vengeance et la frustration. Un esprit malade, qui semblait s'engouffrer dans une spirale infernale de paranoïa. Mais jusqu'où sera-t-elle prête à aller pour atteindre ses idéaux ? Il ne dit rien, se contenta d'écouter ses tirades, mais lorsqu'elle pointa sa lame en sa direction, son regard se métamorphosa.


Il n'était plus question de prendre les choses à la légère, son corps avait réagi d'instinct et sa main gauche était venu saisir le poignet de la demoiselle*. Une pression pourrait suffire à lui faire lâcher l'arme de jet, il ne cherchait pas à lui faire mal, simplement à la désarmer. « J'entends ce que tu me dis, je comprends ta colère, mais un conseil... évite de pointer ton arme comme ça sur les gens. Tu pourrais les rendre nerveux. »

Un nouveau changement de comportement s'opère chez la Chinoike, pendant l'espace d'un instant, c'était comme si elle n'était plus là. Le regard plongé dans le vide, il avait beau tenter de secouer sa main devant ses yeux, claquer des doigts, rien n'y fit. C'était comme si, l'espace d'un instant, elle était partie ailleurs.

Il relâcha sa main, lorsqu'elle reprit ses esprits, mais c'est à cet instant qu'il en profita pour rentrer dans le vif du sujet. Un pas en avant, il perça sa petite bulle personnelle, déversant sa propre aura alors qu'il empoignait la jeune femme par le col de son kimono. Ses dents pleinement dévoilées, il plongeait son regard dans celui de l'albinos.

« T'es complètement tarée toi, hein ? » Lâche Homei, un large sourire scotché sur le visage. « Ça me plait ça... » il la rapproche assez sèchement auprès de lui, alors qu'il poursuit. « Ton côté, le leur... peu m'importe, y'a quelque chose que t'as pas compris : J'suis pas un putain de mercenaire, ma lame est pas à vendre, tu piges ? »

Étrange situation dans laquelle s'était retrouvée la Chinoike... si elle relevait la tête pour regarder Homei, elle y verrait toute l'essence de l'Onimusha. Sauvage, indomptable et déterminé. Il n'avait retenu qu'une seule chose de cette conversation et il ne tarderait pas à le faire comprendre à la dame du cercle rouge. « Moi, ce que je veux... c'est une grande guerre ! A la gloire de Taira Masamune. Tu dis vouloir leur arracher le coeur, hein ? C'est plutôt mignon... » 

En Homei, elle ne cherchait même pas à corrompre son esprit ou l'avoir à ses pieds, même cette idée aurait été plutôt amusante. En fait, elle avait besoin de quelqu'un d'extérieur à tout cela, mais qui saurait se joindre avec elle dans sa quête explosive. Quelqu'un qui n'avait pas peur de se salir les mains, quelqu'un d'aussi dément qu'elle, mais qui n'était pas influencé par une quelconque allégeance obsessionnelle envers elle.

En plein épisode de psychose, la Chinoike n'hésita pas à agir avec véhémence contre sa propre personne. Ce qui semblait troubler le combattant. Elle voulait lui montrer l'intensité de sa colère et le fait qu'elle n'avait visiblement peur de rien. Ce fut cependant lorsqu'elle se décida à pointer le couteau vers lui, qu'il se décida à agir.

Instinct de survie ? Peur ? Méfiance ? Le sang du guerrier tsuchijin semblait ne faire qu'un tour lorsqu'il la saisit et elle n'en fut même pas surprise. Il ne lui fit pas mal non plus, mais la jeune femme desserra ses longs et fins doigts blancs pour laisser tomber l'arme. Un bruit sourd frappa la pièce alors silencieuse, avant que le mystérieux corbeau la menace gentiment. La colombe se contenta de sourire, amusée de sa réaction.  

— Te rendre nerveux, toi ? Tu m'as l'air pourtant bien solide sur les appuis à en voir tes réflexes.  

Ce fut à ce moment-là que ses pensées décidèrent de voguer dans les abysses infernaux de son esprit. Tourmentée par la présence, imprévisible, Akane ne réagit plus, seulement de masquer une partie de visage afin qu'il ne voie pas l'abomination dans ses pupilles luisant de sang. Il tenta même de la secouer, mais l'ombre avait le dessus et lui rappelait de ne pas l'oublier, elle voulait vivre, sortir, terrasser le monde et avait besoin de la Chinoike pour cela. Alors qu'elle commençait à reprendre ses esprits, il l'avait saisie par le col de son kimono et s'était dangereusement approché d'elle. Son aura meurtrière rencontra la sienne et l'éveilla pleinement. Se perdant dans l'onyx profond de ses yeux, elle n'avait jamais été aussi proche de lui et de la guerre qui menaçait le ciel du Continent.

Ses paroles, elle les buvait à pleine gorgée et ressentit quelque chose de nouvelle en elle, quelque chose qu'elle ne connaissait pas, mais qui la faisait trembler d'excitation. Cet homme lui donnait encore plus envie de soulever des montagnes et de châtier tous ceux qui se mettraient en travers de sa route. Homei l'empêchait de laisser ses démons la dominer, rien que par sa présence et son aura. Qui était-il ?


La jeune femme ne se gêna pas à glisser ses mains glaciales sur son visage plus carré et marqué par l'âge. Ils étaient aux opposés physiquement, et pourtant si proches spirituellement . Elle glissant ses doigts près de ses yeux avides et effroyables : voici un regard qui lui allait à ravir.

— Tarée hein ? Dis-moi, qu'est-ce que tu connais de Shimo ? Dès l'instant où ma mère m'a mise au monde, ma vie était faite pour ne tenir qu'à un fil, la mort m'embrasse à chaque instant, mais me laisse agir à ma guise. Tu te doutes donc que je n'ai rien à perdre et tout à gagner, Homei.

T'es pas à vendre ? Tu veux trancher des têtes ? Tu veux satisfaire ton Masamune ? Très bien, j'en ai rien à foutre. Tant que tu me laisses libre d'agir, je te laisserai agir de ton côté et qui sait ce qui pourrait résulter de notre cataclysme ? Mon petit doigt me dit que nous pourrions nous offrir plus que nous le voudrons.

Faire couler le sang était littéralement vital pour Akane, elle voulait suivre les rites de sa génitrice massacrée odieusement, mener sa propre guerre, elle ne servait que son idéal et sa survie. Elle ne vivait que pour tuer. Du moins, c'était ce qu'elle pensait. Niant ce que sa mère avait fait pour elle à sa naissance, elle ne voulait pas reconnaître qu'un autre destin était lié à sa pauvre âme. Au fin fond de Shimo, tout autre chose l'attendait, mais elle n'était pas encore prête.

Relâchant doucement la pression de ses mains sur son faciès, elle laissa naître un fin sourire sur ses lèvres écarlate.

— J'ai l'impression que t'es pas mal dans ton genre pour ce qui est d'être taré, mais ça me plaît aussi. Alors dis-moi Homei, qu'est-ce qui t'habite ? Qu'est-ce qui te fait vibrer ?

Aujourd'hui, le destin avait mis un guerrier complètement déjanté et déterminé sur son chemin et ça, c'était bel et bien réel.

... « Oh... pauvre bébé... tu veux peut être que je t'offres un mouchoir pour pleurer ? » dit il alors qu'il se tient désormais assez près d'elle pour qu'il puisse ressentir la froideur cadavérique qu'elle dégageait. Mélange de couleurs subtiles entre la pâleur de sa peau et les taches sanguinolentes qui décoraient son kimono. Akane dépeignait une toile chaotique, captivante, dont les émotions ne saurait laisser quiconque indifférent. Ses petites mains froides se déposent sur son visage, Homei ne bronche pas d'un poil, la laisse faire et tente d'interpréter le geste. Chez les Sho, un tel acte signifiait l'affection... en éprouvait elle à son égard ? Ou s'était elle simplement laissée emporter par les pulsions qui semblaient l'envahir périodiquement.

Ses mots s'enchaînent, le sourire d'Homei sourire s'élargit... décidément, il n'était pas tombé sur n'importe qui. Fujimoto avait sans doute aidé la dame du Cercle bien plus qu'il ne s'en serait douté en lui apportant ce cadeau empoisonné qu'étais le général de la roche. « Que veux-tu, les gens naissent et meurent. Seul les forts sont en mesure de paver la voie qu'ils choisissent. » Il s'arrête un instant, le temps de choisir ses prochains mots, puis il reprend. « Finalement, je pense avoir fait mon choix... c'est ta tête qui me plait le plus. » Sa main quitte le col de son kimono, puis remonte doucement jusqu'à son cou, qu'il vient enserrer délicatement. « Ouais... c'est une belle tête que t'as, ce serait dommage de t'en séparer. Chinoike Akane. »

Il ôte la main de sa nuque subitement, tandis qu'elle fait de même avec son visage. Puis, enfin vint l'ultime interrogation. Si au départ, la réponse lui paraissait évidente, lorsqu'il ouvrit la bouche une première fois pour parler, il s'interrompit soudainement. Cette réponse était bien trop simple, il aurait beau tenter de se convaincre toute sa vie du bien fondé de sa mission... mais la vérité, elle, était différente. L'espace d'un instant, le contact visuel avec l'albinos se rompt.


Lorsqu'il rouvrit les yeux, c'était comme si le décor autour de lui s'était métamorphosé. Derrière Akane, il ne voyait rien d'autre qu'un champ de bataille infini. Une guerre totale, dans laquelle hommes et femmes s'affrontaient sans jamais s'arrêter. Cauchemar pour n'importe qui, fantasme inavouable pour Homei, pour celui que l'on surnommait "Onimusha". Sue pouvait-il souhaiter d'autre ? Il était né l'arme à la main, ne vivait que pour les armes… et mourrait sûrement par les armes.

« C'est simple, ma belle, j'cherche simplement à foutre ce continent sans dessus dessous. Honorer mes ancêtres en démarrant l'Ultime guerre, celle qui mettra fin à toute les autres. Celle qui permettra aux vainqueurs de vivre dans la paix, éternellement. Mais pour ce faire, il faudra d'abord venir à bout de tout les ennemis de mon seigneur, car lui seul détient la clairvoyance nécessaire pour nous mener vers cette nouvelle ère. Il n'y a que Taira Masamune qui soit en mesure d'unir les peuples, je n'aurais de cesse de combattre tant que l'étendard de l'empire ne flotte pas aux quatre coins du continent ! Puis, par la suite, du monde entier ! »

Oh, il n'était désormais plus le même... cela pouvait se ressentir. Cette aura sauvage qu'il dégageait s'était transformée en une présence omineuse, inconfortable. L'homme qui se tenait devant Akane avait troqué sa place au Bushin du pays de la roche : l'épée de Taira Masamune en personne. L'on pouvait aisément comprendre ce qui avait fait de lui un illustre général d'une superpuissance comme Tsuchi. Le parfait soldat de l'empire de la roche, fléau des éveillés et bientôt : du monde.

« Je ne compte pas t'arrêter dans ta petite croisade, dame du cercle rouge. Au contraire, je compte me délecter de tes futures prouesses... à défaut d'un allié, tu peux me considérer comme un "ami". Nous nous tiendrons loin de tes affaires, mes gars et moi. Puis, le moment venu, je déciderais quoi faire de cette belle tête que tu as là. Alors, Chinoike Akane, prends en bien soin, car à compter d'aujourd'hui...»

Pleurer ? Pour quoi faire ? Akane n'avait pas le temps pour ces choses pathétiques, elle n'avait aucune larme à offrir. La faiblesse n'était pas un mot dans son vocabulaire, elle ne connaissait pas et préférait mourir que de venir ainsi. En-tout-cas, la Chinoike l'avait appris à Shimo depuis qu'elle était capable de se battre pour sauver sa peau et celle de ses parents. Jusqu'au jour où elle échoie et qu'au lieu de ployer le genou et de pleurer, elle avait décidé de massacrer.  

Dès lors, elle ne s'était jamais arrêtée. Ne sachant ce qu'elle faisait, ses mains palpait la peau du guerrier, ressentait, se nourrissait de cette aura effroyablement succulente. Cet homme était un mets bien trop précieux pour être tué ainsi, que valait son cœur noirci par les champs de bataille ? L'albinos aimerait le savoir, mais une petite voix dans son esprit l'en empêchait.

— Seuls les forts survivent et affrontent leur propre guerre. Je ne peux que t'appuyer. C'est ce qu'on apprend à Shimo. Paradoxalement, nous accueillons la mort comme une amie. Les corps enterrés, les squelettes accrochés à des arbres gelés et en décrépitude, le sang recouvrant le blanc de la neige... Voici un paysage qui me plaisait beaucoup...


Il avait fait son choix. Ne ressentant aucune crainte, la manipulatrice du sang ne le quitta pas des yeux, d'autant plus lorsqu'il vint glisser sa poigne sur son cou nu et froid. Un vague frisson parcourra son échine alors qu'il avoua le gâchis que serait de lui couper sa jolie tête. Satisfaite de cette réponse, elle esquissa un sourire mauvais. Akane voulait toutefois en savoir plus, elle voulait connaître les pensées les plus sombres et les plus folles de Homei. Était-ce un simple soumis de sa souveraineté ? Ou était-il nourri par un dessein bien plus sombre ?

Son regard changea alors, comme s'il était en train de voyager dans un autre monde. La jeune femme chercha à voir dans ses pupilles ce à quoi il pensait, mais en vain. Ses paroles quant à elles, furent à la hauteur des espoirs de la meurtrière. La guerre ultime, le chaos, nettoyer le monde pour le rendre meilleur, donner à Taira Masamune ce qui lui revenait de droit... Ses projets étaient similaires à Akane, seulement, elle se servait à elle-même et à la puissance qui lui offrirait l'éternelle puissance.

Un ami, le Sho se considérait maintenant comme tel vis-à-vis de la dame de sang ? C'était assez surprenant... Pas plus qu'il choisisse de la laisser tranquille et de l'observer grandir. Pas plus encore que de scander avec ferveur que sa tête lui appartenait, rien qu'à lui. Stoïque, la sauvageonne le dévisagea du regard, presque déstabilisée par cette déclaration. Lui qui courrait après les têtes, elle ne devrait ne pas en être surprise et pourtant... Cette façon de le lui dire, de la regarder... C'était comme s'il voulait la posséder, sans le faire ou le vouloir vraiment...

N'appréciant pas ce sentiment inconnu, la jeune femme recula légèrement avant de se diriger vers un petit autel surplombé par le symbole du cercle rouge.

— T'appartenir hein ? Qu'est-ce que tu en dirais toi ?

Ses mains jointes, la kunoichi s'agenouilla alors, levant ses yeux rubis vers le ciel. Tout semblait alors s'assombrir, se couvrant d'une teinte sanguinaire qui la rassurait. La lune rouge scintillait avec véhémence, la Chinoike lui appartenait corps et âme, alors, pouvait-elle laisser quelqu'un d'autre poser un véto sur sa tête ?


Une brise se glissa au travers de la fenêtre entrouverte, caressant la peau et les longs cheveux blancs du bourreau, elle revint alors à ses esprits. Se redressant, Akane se rapprocha de nouveau de Homei, jusqu'à pouvoir le coller, avant de plonger son regard de braise dans l'abysse du sien.

— Si tu veux que ma tête t'appartienne, il va falloir le mériter. Évite de mourir bêtement durant cette guerre, car j'espère pouvoir être témoin du renouveau de ce monde que tu promets tant.

... Accueillir la mort comme une amie, voilà une phrase qui fit décrocher un énième sourire au général. Si c'était une Sho, il aurait sans doute apprécié guerroyer à ses côtés. Car dans le clan d'Homei, le rapport à la mort était quelque chose d'assez particulier. Outils de combat, tous se battent comme si leur heure était sur le point d'arriver, tous dansent en harmonie avec la pâle silhouette de la mort. Chaque coup d'épée, chaque flèche lancée était un nouveau pas dans ce bal endiablé qu'était les champs de bataille. On apprenait aux plus jeunes à ne pas pleurer ses proches, mais de les honorer ! Chaque tête qui rejoint le feu provoque l'euphorie, chaque tête de clan envoyée au bûcher rejoint inévitablement les ancêtres sur les champs de batailles éternels de l'autre monde.

C'était un cycle. Les gens naissent et meurent, tel qu'ils l'avaient dit tout les deux, mais il n'appartenait qu'à ceux capables de changer leur destin de choisir le chemin à emprunter. La voie d'Homei était tumultueuse, avait causé de nombreux tort à ses proches, à lui même. Mais jamais ô grand jamais il ne s'était plaint de son passé, de ses erreurs. Si elles n'étaient jamais arrivées, serait-il l'homme qui se tenait aujourd'hui devant la sanguinaire ? Oui, s'il se tenait droit devant elle de la sorte, c'est qu'il assumait chaque grain de folie qui l'avait conduit jusque là.


Cette phrase fait s'effacer la vision, son regard se redépose sur la jeune femme, qui s'agenouille devant un autel, semblant communier avec une force invisible. Il ne dit pas un mot, se contente de l'observer... peut être était-ce un moyen pour elle de trouver la paix. Que voyait-elle avec ses yeux ? Que pouvaient bien voir ces iris cramoisis, plongés vers le plafond, était ce l'une des coûtumes des gens de Shimo ? Durant ses années sur terre, il avait vu bien des choses, et pourtant, il continuait d'en voir des nouvelles, au fur et à mesure que le temps passait.

Mais il y avait bien longtemps qu'il n'avait pas été aussi captivé par l'être humain. Cette fille avait réussi à le faire momentanément sortir de sa carapace, l'avait incité à s'exprimer du fond de son coeur. Oui, l'espace d'un instant, elle l'avait fait redescendre sur terre, avait exposé sa nature belliciste, sans être effrayée pour autant. Encore et toujours, elle revenait, sans craindre quoi que ce soit du démon des champs de bataille. Comme une abeille attirée par le pollen, elle gravitait autour de Homei, s'y collait, tentait de l'envelopper de sa présence omineuse. C'aurait été mentir que de dire qu'il était totalement insensible face à son petit jeu, plus cette conversation durait, plus les schémas de pensée de l'Onimusha se dévoilaient, son attitude se précisait.

« Te mériter hein ? » Homei la saisit par la taille, la rapproche davantage, si c'était ressentir l'aura du guerrier qu'elle voulait, alors il lui offrirait dans son intégralité. « C'est plutôt toi qui a eu de la chance de piquer mon intérêt à ce point. » ajoute-t'il, en décrochant un énième sourire dévoilant sa dentition carnassière. « Ce renouveau arrivera, qu'il soit de mon fait ou bien d'un autre. Si mon combat peut en inspirer d'autres, alors, l'Ultime guerre arrivera inévitablement... Reste à savoir qui se tiendra debout dans ce nouveau monde. Mon destin est gravé dans la roche, je suis né par l'épée, je mourrais par l'épée. Il n'existe pas de mort "bête" pour un guerrier, simplement des victoires et des défaites. » de sa main libre, il vient capturer son menton, le relève une fois de plus pour qu'elle puisse saisir l'amplitude de ses prochaines paroles. « Si je dois mourir demain, ce sera lors d'un combat glorieux, qui fera reconnaître au monde la valeur de mon clan. Puis, je rejoindrais les miens dans l'au delà, et continuerai de me battre jusqu'à la fin des temps. » Il lève la tête, l'espace d'un instant, son visage s'égaye à cette idée. «... Oh que j'ai hâte. »

Il la repousse soudainement, assez fort pour lui faire perdre l'équilibre, mais pas assez pour la faire tomber. « Bien, j'en ai eu assez. Akane, ce fut un plaisir de te rencontrer. » Il tourne les talons, sans attendre de réponse. Le dos tourné vers la femme aux cheveux neigeux, il rebrousse chemin, se redirige vers les grandes portes qui l'ont accueillies ici en premier lieu. Mais avant que ces dernières ne s'ouvrent, il ajoute : « Je compte sur toi pour prendre soin de cette tête, je viendrais la récupérer plus tard. Et puis, si je meurs avant... » il s'arrête soudainement, croise les bras sous sa poitrine et vient se frotter le bout du nez. « ... eh bien, ne pleures pas ma mort, mais tâche de continuer mon combat, je continuerais à t'observer depuis l'au-delà... enfin, c'est ce qu'on dit, non ? »

Akane avait horreur des gens qui se cachaient la face, qui préféraient garder enfouit au fond d'eux leurs véritables désirs, intentions. Oh, qu'il était louable de vouloir honorer son seigneur de la Terre, elle n'avait pas à le nier. Mais la Chinoike souhaitait planter ses griffes plus profondément, elle voulait réellement savoir ce qu'il voulait et par quel chemin y aller. Même si les embranchements pouvaient être multiples et les finalités différentes, au long terme, aspirait-il simplement à apporter la paix en ce monde ? Sa réponse était très satisfaisante et avait fait vibrer l'albinos.

Elle était de nouveau venue à lui, enquête de l'aura destructrice dont elle voulait s'abreuver. La Dame du Cercle Rouge ne regrettait pas de lui avoir laissé sa chance, parce qu'elle venait de mettre le grappin sur quelqu'un. Sans peur, ni crainte, elle le laissa même poser ses mains sur sa taille. Son discours sur son combat et sur sa possible mort étreignit Akane au plus au point. Il s'agissait là de paroles à la fois nobles et emplies d'espoir. La mort n'était pas une fin en soit, c'était simplement une nouvelle porte qui s'ouvrait vers un autre monde, une récompense pour ceux qui s'offraient à elle, une punition pour ceux qui voulaient l'éviter. Héritage, inspiration, c'était ce que la Chinoike souhaitait offrir au monde, à sa manière. Venue d'un autre monde, elle voulait montrer qu'une malédiction ne devait pas freiner et qu'elle devait être un tremplin pour sa vendetta.  

— Tu me plais de plus en plus Homei. Mourir avec honneur et continuer de vivre à travers les autres, c'est quelque chose qui pourrait me parler...

Même si elle n'avait pas fini sur ce Continent, si sa vie devait s'arrêter là, elle souhaitait surtout que le Cercle Rouge perdure, qu'il fasse parler, qu'il fasse frissonner, qu'il change le monde. C'était ambitieux, mais lorsqu'on avait peur de rien et rien à perdre, tout semblait possible.

Leur petite bulle s'éclata soudainement, repoussée par le guerrier intrépide. Ce vide entre eux laissa la place aux démons de la jeune femme de revenir à grande enjambée, lui faisant comprendre qu'ils n'étaient jamais loin. Toute bonne chose avait une fin et la Chinoike n'était pas triste, elle était plus déterminée que jamais. Elle ne savait pas si elle devait répondre, dire au revoir. Les adieux étaient douloureux parfois, mais dos tourné à elle, elle voyait ça comme une manière respectueuse de lui montrer qu'il croyait en elle, qu'il n'avait pas peur de se mettre à découvert. Il souhaitait bien revenir chercher son dû, elle était prête à ne pas le laisser faire si facilement. Un lien était établi, basé sur une promesse sauvage, et c'est ce qui la poussa à lui répondre une dernière fois.

— Tu peux compter sur moi Homei, tu entendras les fracas de ma vendetta au travers des pays, et même dans l'au-delà... Prends soin de toi.  

Glissa assez fortement la vampire, un discret sourire sur son visage blafard. Enfin, elle se tourna à son tour et soupira profondément.

— Votre bain est prêt, Akane-sama.

Elle savait, comme toujours. Alors qu'elle ne devait rien à personne, son regard écarlate fut reconnaissant envers la fine silhouette qui s'inclinait face à elle. Voilà tout ce dont elle avait besoin après ces événements successifs. L'eau du puit avait été chauffé et avait déversé dans une sorte de baignoire ronde et faite en bois de qualité.



La Chinoike glissa ses doigts sur ses lèvres et sa peau afin de se délecter de ce liquide rougeâtre. Elle posa sa tête en arrière et ferme les yeux, repensant à son échange avec le Sho. Des images de sol couvert de cadavres traverse son esprit, des morts, par centaine. Plus loin, une présence démoniaque représentant l'enfer. Ses ailes déployées pouvaient arracher les entrailles de n'importe qui,  mais il n'était que mirage, une création dans les tourments de la manipulatrice de sang. Une forme horrifique de son âme pervertie.

Elle s'évada alors, laissant le sang la réchauffer et l'aider à survivre à ce mal blanc. Ensuite, elle se relèverait et continuerait sa quête, sans oublier une seule fois qu'elle n'était pas seule et qu'elle avait probablement trouvé un allié solide dans ce cataclysme qui se préparait.

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