An 121 Suzume naquit lorsque la guerre de HI no kuni et Tsuchi no kuni se déclara dans la région qui deviendrait Ame no kuni. Sa mère réussit à la mettre au monde malgré toutes les difficultés nées du chaos engendré par le conflit et la famine. La jeune femme ne sut jamais qui fut son géniteur.

An 126 Ce fut en hiver de l'an 126, alors que la maladie venait d'emporter sa mère, que la petite fille fit la rencontre la plus décisive de sa vie en la personne de Dokueki Chiyo. Si la manière dont elle réussit à survivre à un âge aussi jeune était une énigme, elle n'aurait pourtant pas survécu - ou très difficilement - sans celle qui deviendrait sa mère de substitution. Épatée par la robustesse de Suzume où elle y vit un potentiel à exploiter, Chiyo l'emmena avec elle, ainsi que plusieurs autres orphelines d'un âge équivalent qu'elle avait entassé dans une charrette en direction des terres de Tetsu no kuni. Suzume se souvint encore du balancement du véhicule sur des chemins chaotiques, de l'odeur de la chair brûlée et le croassement des corbeaux qui dévoraient les corps pourrissants sur le bord des routes. Le voyage fut aussi long que pénible, mais elle fut marquée par les mots que Chiyo lui aurait dit, telle une étrange promesse : " Tu n'es encore qu'une graine endormie, mais nous ferons de la fureur qui brûle au fond de tes yeux, le terreau de ta future grandeur. " Si l'enfant ne comprit guère le sous-propos, le sourire carnassier qui était apparu sur le visage de sa "sauveuse" en disait long sur la nature réelle de ses intentions.

An 126 à 137 Dokueki Chiyo passa les onze années qui suivirent à créer son "jardin de fleurs" comme elle aimait à appeler ses expériences. Sous le couvert d'une école dédiée aux jeunes filles, cette dernière usa de ses connaissances pour créer de nouvelles plantes empoisonnées ayant pour caractéristique d'être aussi belles que toxiques. Ainsi, si au début l'accueil des orphelines possédait des airs de providence, mêlant une instruction raffinée et l'assurance d'avoir un ventre rempli, ce n'était sans compter les expositions aussi nombreuses que dangereuses aux poisons nés de l'esprit de Chiyo. Son désir ? Avoir de nombreuses filles Dokueki qu'elle pourrait utiliser comme des pions afin de faire tomber les personnes gênantes et/ou influentes par l'objet de leur propre vice.

Suzume se souvint encore de la douleur dans ses chairs, des brûlures dans sa gorge et de la sensation d'une mort imminente que l'on finissait par désirer pour cesser d'avoir mal, avec, derrière elle, l'ombre de sa Mère qui espérait ne pas être déçue.  Nombreuses étaient les filles qui périrent : soit par la faute de dosage inadapté, soit par l'épuisement, soit par manque de résistance sous toute ses formes. Il arriva même que Suzume, profondément attachée à certaines malheureuses et effrayée du sort qui leur était réservée pour ne le connaître que trop, consomma volontairement les doses de ses "soeurs" au prix de se mettre elle-même en danger. Cependant, l'effet fut tout l'inverse de celui espéré et finit par éveiller en elle les capacités tant convoitées par Chiyo. Etais-ce véritablement le résultat des traitements de sa marâtre ou bien la fameuse "fureur" qu'elle avait vu en elle qui était la clef de sa survie ? La vieille Dokueki prétendra qu'il s'agissait d'un peu des deux, voir peut-être que une forme de prédestination. En ce qui concernait les spécimens râtés, les filles "inutiles" étaient vouées à retourner à la rue si la mort ne les avait pas déjà prise. Toutes les autres porteraient présentement le nom de Dokueki.

Dans ce laps de temps, le projet fou de Chiyo se profilait et profita de l'adolescence de ses filles pour les trier en deux catégories : les moins gracieuses seraient destinées aux basses besognes, à travailler dans l'ombre ou à son service directement ; les autres, celles dont les traits étaient plus agréables, furent toutes rebaptisées en prenant le nom d'une fleur et faisaient partie du "Jardin de Chiyo". Cependant, leur destin était de devenir des armes toxiques, des espionnes, des manipulatrices, des marionnettes dans les mains de leur Mère qui ne portait aucune attache à leur dignité et intégrité. Ce fut la naissance de la Belladone.

An 138 à 143 Il s'agit de la période de sa vie qu'elle excècrera pendant des années. Sous le joug de Chiyo, celle qui fut surnommée la Belladone devint une femme de compagnie empoisonnée, utilisée comme un outil pour séduire des cibles en particulier et en tirer la moindre information compromettante. Utilisant la beauté et la jeunesse de Suzume - et des autres fleurs qu'elle a créé - la vieille Dokueki se révéla une maquerelle sans scrupules qui mettaient en scène son jardin. Si officiellement, ses demoiselles ne semblaient se démarquer de toutes celles travaillant dans ce corps de métier, officieusement, elles étaient toutes dévouées à accomplir des missions d'espionnages. Ce réseau permit à Chiyo de devenir une maître-chanteur hors-pair.

Toutefois, l'avarice de cette dernière n'était pas aussi grande que la revanche que parviendrait à prendre plus tard sa protégée, Suzume. Si la Belladone se révélait aussi brillante qu'efficace, son mépris était à la hauteur de l'affection qu'elle portait à ses "soeurs". Etudiant dans le dos de sa maratre tout en travaillant à sa propre fortune pour des projets futurs, Suzume se montra d'une patience inébranlable, apprenant de son bourreau pour causer sa propre chute. A l'an 142, Dokueki Chiyo s'éteignit mystérieusement sans qu'aucune enquête ne fut véritablement menée, marquant la délivrance de ses "filles". Sa liberté retrouvée, Suzume passa une année à rassembler ses idées et fortunes pour bâtir son "rêve".

An 144 Construction du "Rakuen no kakoi", littéralement " Les Clos du Paradis ". Il ne s'agit ni plus ni moins de la concrétisation d'un rêve d'émancipation et de la reprise en main de sa vie, tout comme l'opportunité de développer à plus grande échelle les drogues (et poisons) de son invention. Si Suzume laissa derrière elle son existence de "Belladone", elle n'hésita pas à utiliser sa réputation passée pour attirer ses premiers clients pour des services relativement différents. En effet, son établissement n'aurait que des prétentions "récréatives", tout en ayant la jouissance du calme et le raffinement d'une bonne compagnie. Il ne s'agit ni plus ni moins d'un bar d'hôtesses, dans une ville en expansion où les habitants suent sang et eau à longueur de journée dans une atmosphère polluée. Il est ainsi possible de profiter de salons privés où il est possible de se "reposer" dans un cadre sécurié grâce aux plaisirs artificielles telles que certaines drogues ou liqueurs aux effets multiples. Entrer au Rakuen revenait à s'assurer de l'évasion et un peu de paix pour l'esprit pendant quelques heures.

Dans un cadre beaucoup plus officieux, Suzume se servirait de cet établissement pour développer ses capacités Dokueki et étudier les effets de certaines pilules sur le long terme, non pas pour nuire mais pour lui permettre de trouver des antidotes ou contre-poisons. Dans ce même état d'esprit, elle aurait cherché à sortir de la rue certaine de ses "soeurs" abandonnées en les employant officiellement à son service. Mais contrairement à leur Mère, chacune des anciennes fleurs seraient libres et bien traitées.

An 145 Avec l'ouverture de Tetsu au Marché Noir de Ame, le chiffre d'affaire du "Rakuen no kakoi" s'accroît, ce qui lui permettra de gagner une clientèle nouvelle et plus varié, en attirant l'attention de plus gros investisseurs concernant la branche pharmaceutique que Suzume a développé. Cela lui permettra d'agrandir ses locaux et d'améliorer la réputation de l'établissement au point de lui permettre d'intégrer le Consortium. Ce fut ainsi qu'elle put approcher le Shogun lui-même, Han Musashi, et fut se faire un nom plus présent dans le domaine des affaires. Suzume finira même par rencontrer Bō Takeshi, le nouvel Oyabun, grâce auquel elle put indirectement faire fortune. On prétend que lui-même, ainsi que certains de ses hommes, sont des clients "réguliers" des Clos du Paradis.

An 146 Contre toute attente, l'entreprise de Suzume continua à fleurir, lui permettant encore une fois à aggrandir ses locaux. Elle employa de nombreux artisans de Tetsu pour montrer son implication dans l'économie directe de son pays. Parmi les plus "pauvres", on raconte qu'elle serait une "offreuse" d'emploi et une mécène pour qui serait capable de lui présenter de beaux projets. Cependant, si l'on fit des éloges sur sa beauté sybillines, l'on remporta aussi qu'elle fut une femme redoutable qu'il ne serait pas bon de berner. D'ailleurs, bien que le Dokueki demeure un clan mineur de Tetsu, elle ferait partie de ces figures leur conférant une meilleure réputation.

An 148 Le "Rakuen no kakoi " ferait partie des établissements phare du pays. Monté en gamme, l'établissement aurait amélioré ses services. Désormais, n'importe quel client ne pourrait se présenter à ses portes sans avoir affaire à un certain service de sécurité. Suzume ne s'occuperait directement que de certains clients privilégiés ou spéciaux.

An 150 Suzume projèterait d'ouvrir d'autres sucursales de tailles plus modestes dans des pays "amicaux", et créer de nouvelles alliances commerciales. Elle chercherait donc à établir de nouvelles relations d'affaires avec ses voisins. Concernant son propre clan, elle essaie d'appuer des figures aux pratiques plus honorables et d'étudier l'éveil des capacités, ainsi que leur mécanisme afin d'éviter l'entretien de méthodes douteuses parmi les siens.