Le vent glacial sifflait à travers les grottes du pays de Hametsu, soulevant des tourbillons de poussière et d'ombre. Elin se tenait là, devant l'entrée de son laboratoire, scrutant l'horizon avec un regard perçant. À son jeune âge, elle était déjà une shinobi accomplie, une maîtresse dans l'art de la dissimulation et de la discrétion. Ses mains étaient maintenant des armes redoutables, capables de donner vie à ses pensées les plus sombres et de les projeter dans le monde réel.

Ces derniers temps, une rumeur avait commencé à se répandre parmi les habitants des villages environnants. Une rumeur sur un Kuchiyose, une créature rare et mystérieuse capable de parler. Un insecte volant, disait-on, avec des yeux d'un rouge vif qui pouvaient percer l'âme des hommes. Les histoires morbides qui accompagnaient cette rumeur étaient d’ailleurs des plus intéressantes. Des récits de mort et de massacre, des légendes terrifiantes sur les ravages que le Kuchiyose aurait laissés dans son sillage.

Elin sentit une pointe d'excitation se mêler à son habituelle froideur. Si une telle créature existait vraiment, elle devait en savoir plus. Elle avait passé des jours à préparer son voyage, à rassembler des provisions et à étudier les cartes du pays de Hametsu. Maintenant, c'était le moment de partir à la recherche de cette vérité cachée dans les recoins sombres de ce territoire déchiré par la guerre.

La première étape de son voyage la mena à travers un village en ruines, où les habitants semblaient à peine survivre à la misère. Elle s'approcha d'un groupe de femmes qui filaient du coton sous le regard vigilant d'un homme âgé, et elle les interrogea sur le Kuchiyose.

« Le Kuchiyose ? » murmura l'une des femmes, ses yeux écarquillés de terreur. « J'ai entendu dire qu'il avait attaqué un village voisin il y a quelques semaines. Des corps déchiquetés, du sang partout... »

Elin écouta en silence, notant chaque détail avec une précision glaciale. Les récits étaient cohérents avec ce qu'elle avait entendu auparavant. Le Kuchiyose était une menace bien réelle, et elle se demandait ce qui poussait une telle créature à semer autant de destruction.

Son prochain arrêt fut un petit hameau perché au sommet d'une colline, où elle trouva un vieil homme assis devant sa maison délabrée. Il était en train de tailler du bois, ses mains calleuses maniant la hache avec une habileté tranquille. Elin s'approcha de lui, posant une question sur le Kuchiyose.

Le vieil homme s'arrêta dans son travail et leva les yeux vers elle, son regard empreint de sagesse et de tristesse. « Le Kuchiyose... c'est une créature maudite », marmonna-t-il. « On dit qu'il ne se montre que lorsque le mal rôde. Certains pensent même qu'il est le messager de la mort. »

Les paroles du vieil homme résonnaient dans l'air froid, faisant frissonner d'excitation Elin malgré elle. Elle se demanda si elle était vraiment prête à affronter une telle menace. Mais sa détermination était inébranlable. Elle avait une soif de vérité qui dépassait sa peur.

Au fur et à mesure de son périple à travers les villages dévastés du pays de Hametsu, les histoires se répétaient. Des témoignages de terreur, de destruction et de mort. Le Kuchiyose était devenu un mythe vivant, une ombre qui planait au-dessus de la vie fragile des habitants de cette terre ravagée par la guerre.

Enfin, après des jours de voyage, Elin atteignit les rives d'un lac, où une vieille femme vendait des marrons chauds à un groupe de pêcheurs. Elle s'approcha d'elle, son regard fixé sur le lointain horizon.

« Bonjour ! », dit-elle d'une voix basse mais ferme. « Je cherche des réponses sur le Kuchiyose. Que pouvez-vous me dire ? »

La vieille femme la regarda longuement, ses yeux plissés par le soleil hivernal. Puis, elle soupira et commença son récit.

« Le Kuchiyose... c'est un être ancien, ma chère. Il est là depuis bien avant la guerre, bien avant que nos ancêtres ne foulent cette terre. Certains disent qu'il est venu en réponse à nos péchés, pour nous rappeler que la vie est fragile et que la mort est inévitable. »

Elin écouta attentivement, absorbant chaque mot comme une éponge. Elle sentait que cette vieille femme détenait des connaissances anciennes, des vérités oubliées depuis longtemps.

« Si vous cherchez la créature », continua la vieille femme, « je crains que vous ne trouviez que douleur et désolation sur son chemin. Il est le fléau de notre pays, la malédiction que nous portons tous. »

Le vent souffla à travers les vagues du lac, faisant frissonner Elin malgré sa chaleur intérieure. Elle savait maintenant que sa quête était loin d'être terminée. Le Kuchiyose était bien plus qu'une simple rumeur. C'était une force de la nature, une incarnation de la peur et de la mort.

Elle se redressa, ses iris félines brillants d'une détermination froide. Peu importait les obstacles sur son chemin, elle trouverait la créature. Elle avait des questions qui demandaient des réponses et elle était prête à tout pour les obtenir.

Après avoir entendu les récits troublants des habitants du pays de Hametsu sur le redoutable Kuchiyose, Elin se sentait plus déterminée que jamais à trouver des réponses. Elle savait qu'elle devait trouver un endroit où elle pourrait obtenir des informations plus précises sur cette mystérieuse créature. Son laboratoire caché dans les grottes fournissait un refuge sûr, mais pour percer le mystère de la bête, elle avait besoin de quelque chose de plus concret.

Elle se rappela alors une vieille anecdote qu'elle avait entendue dans son enfance, une histoire racontée par sa grand-mère sur un livre ancien qui contenait des secrets oubliés du pays de Hametsu. Ce livre aurait appartenu à une lignée de gardiens de la connaissance, une famille dont les membres se transmettaient les comptes et les secrets du pays, dans son village natal.

Guidée par cet espoir, Elin se mit en quête de cette famille oubliée. Elle retourna dans le village de son enfance, cherchant des traces de ces gardiens de la connaissance. Finalement, elle arriva dans son ancien bourg en périphérie du pays de Hametsu. Loin de tout, celui-ci était encore dévasté par les gangs et les pillards.

En marchant à travers ce qui restait des ruelles de la ville, Elin remarqua qu'une famille sans abris, une mère et ses deux enfants, étaient acculés par des membres d’un groupe qui tentaient de les taxer d'argent ou de nourriture. Elin les observa un moment, son visage impassible dissimulant l'intensité de ses intentions meurtrières. Puis, avec la fluidité d'une ombre, elle s'avança vers la scène.

Le groupe se retournèrent, surpris de voir une jeune femme face à eux. Ils se moquèrent d'elle, pensant qu'elle ne représentait aucune menace. Mais Elin ne bougea pas, son regard glacial fixé sur eux.

«  Relâchez cette famille », déclara-t-elle d'une voix ferme et calme.

Les criminels ricanèrent, mais leur amusement se transforma en surprise lorsque Elin se mit en mouvement. En un instant, Elin usa de ses nouveaux talents de Chōjū Giga no Jutsu. Prenant son encre en main, la jeune femme déplia devant elle un large parchemin vierge. Dessinant dessus, trois dragons d’encre en sortaient pour se diriger droit sur le groupe. En un instant, la meutre de sauvage fut ravagé par les créatures qu’avait invoquer la shinobi.

Les criminels tentèrent de riposter, mais ils étaient pris au piège dans la toile de compétence et de puissance de la jeune ninja. Ils se retrouvèrent bientôt immobilisés, gisant au sol avec des cordes nouées autour de leurs poignets.

La famille de sans-abris regarda Elin avec gratitude et admiration, et la mère s'approcha d'elle avec hésitation. «  Merci, jeune femme. Vous nous avez sauvés. »

Elin inclina légèrement la tête en signe de réponse. Puis, elle posa une question qui lui brûlait les lèvres depuis le début de son voyage. «  Connaissez-vous une famille qui possède un livre ancien contenant des comptes et des affabulations ? Un livre qui pourrait contenir des informations sur un Kuchiyose ? »

Les yeux de la mère s'élargirent de surprise, et elle échangea un regard avec ses enfants. Puis, avec une prudence calculée, elle acquiesça. «  Oui, nous connaissons cette famille. Ils sont nos voisins, vivant à la lisière de la forêt. »

Elin sentit son cœur battre plus fort dans sa poitrine. Elle avait enfin trouvé une piste solide. «  Pouvez-vous me guider jusqu'à eux ? »

La famille accepta avec gratitude, reconnaissante pour l'aide qu'Elin leur avait apportée. Ils se dirigèrent ensemble à la bordure des cimes, où une petite maison isolée se dressait parmi les arbres centenaires.

Là, dans la chaleur réconfortante de la maison de la famille gardienne du savoir, Elin fut accueillie avec respect. Elle expliqua son voyage, sa quête de vérité sur le Kuchiyose et elle fut surprise de voir combien ces gens comprenaient son désir de connaître. Après tout, elle était originaire de ce village et Elin également surprise que ses hôtes se souviennent d’elle étant plus jeune.

Le patriarche de la famille, un homme âgé aux yeux sages, lui tendit alors un livre ancien. Il avait l'air usé par le temps, mais ses pages étaient remplies de symboles et d'écritures inconnues pour elle.

«  Ce livre a été transmis de génération en génération dans notre famille », expliqua-t-il. « Il contient les légendes et les histoires oubliées de notre pays. Et il contient aussi des informations sur le Kuchiyose qui ravage nos terres et notre peuple. »

Elin prit l’amas de page avec précaution, ses doigts effleurant les feuilles jaunies. Elle lut les passages qui parlaient de la créature qu’elle recherchait, apprenant également son nom : Kabuto. Le livre indiquait aussi un endroit, un nid caché dans les profondeurs de la terre, où le Kuchiyose se retirait après ses périodes de destruction.

Le cœur d'Elin battait la chamade alors qu'elle refermait le livre. Elle avait enfin trouvé ce qu'elle cherchait. «  Merci », murmura-t-elle sincèrement à la famille des gardiens.

Sans plus attendre, Elin se leva, déterminée à poursuivre sa quête. Elle quitta la chaleur de la maison, son esprit rempli de pensées sur Kabuto, le scarabé sanguinaire. Elle savait maintenant où le trouver, et elle était prête à affronter tous les dangers pour obtenir les réponses qu'elle cherchait.

Les étoiles scintillaient dans le ciel nocturne alors qu'elle se dirigeait vers le nid de Kabuto, en plein milieu du pays en ruine. Le chemin serait périlleux, mais elle était prête. Sa plume était aiguisée, son esprit était clair. Rien ne l'arrêterait dans sa quête.

À travers la nuit glaciale de Hametsu, Elin atteignait enfin son objectif. Après plusieurs jours de recherche, la jeune femme découvrit enfin l'entrée des grottes, telles qu'elles étaient décrites dans le livre des gardiens du savoir. Devant elle, dans la montagne, un trou béant semblait avaler la pierre elle-même. Assez large pour accueillir une maison, les marques d'éraflures sur le plafond ne présageaient rien de bon pour la shinobi.

Elin alluma une torche en franchissant le seuil de la caverne. Une odeur nauséabonde s'échappait des profondeurs, une senteur de mort. Sans perdre espoir de découvrir le trésor tant convoité, elle poursuivit son chemin dans les entrailles infernales de Hametsu.

À l'intérieur, plusieurs passages et failles offraient à la jeune femme le choix de se perdre. Un individu lambda aurait été désorienté dans ce labyrinthe, mais Elin n'était pas une simple mortelle. Elle maîtrisait désormais les légendes qui gravitaient autour du Kuchiyose, ces récits macabres qui précédaient Kabuto. Elle avança donc à travers les grottes en se fiant à son odorat.

En suivant l'odeur de chair en décomposition, elle était certaine de finir face au garde-manger de la bête, et avec un peu de chance, face à la créature elle-même.

Après plusieurs heures, elle atteignit enfin sa destination. Se retrouvant au centre d'une vaste salle, elle observa avec les flammes de son brasero ce qui l'entourait.

Une scène d'horreur se déployait devant ses yeux de félin. Des morceaux de corps en décomposition avancée jonchaient le sol, mêlant boue et sang. Plusieurs os et squelettes craquaient sous le poids de la jeune femme à chacun de ses pas, tandis qu'un léger tremblement agitait les profondeurs de la montagne.

«  Toi… Tu n'es pas comme les autres humains. » résonna une voix lourde entre les parois.

Une masse sombre se souleva du sol, provoquant une cascade de restes de bras, de jambes et de têtes rongés par l'air humide du lieu. « Ton essence est différente… Du chakra obscur ronge ton âme. » grogna la bête.

«  Je le sais, » répondit Elin d'une voix froide. «  Mais je ne suis pas ici pour discuter de cela. Je suis venue à ta rencontre, Kabuto, le scarabée de la mort. »

« HAHAHA… » rugit la bête à travers les échos des grottes. « C’est justement pour cela que tu es encore en vie, humaine. Je suis curieux de savoir comment ton corps a pu absorber une telle force contraire à la nature. »

Kabuto émergea de son trou, sa silhouette colossale remplissant l'immense salle de ses proportions titanesques. Son corps sombre luisait d'une étrange lueur, ses carapaces d'un noir profond reflétaient la lueur des flammes de la torche d'Elin d’un vert magistrale. Ses mandibules puissantes étaient aussi grandes que des épées, étincelant de pointes acérées qui semblaient prêtes à déchiqueter tout sur leur passage. Des élytres d'un noir lustré s'étendaient sur des mètres, déployant une envergure démesurée qui évoquait les ailes d'un cerf-volant géant.

Ses yeux rougeoyants, perçants comme des rubis maléfiques, fixaient Elin avec une intensité terrifiante. Chaque mouvement de ses pattes faisait trembler le sol, et le bruit sourd de son exosquelette craquant sous son propre poids ajoutait à l'atmosphère sinistre qui régnait dans la salle. En cet instant, Elin se sentit vulnérable face à cette créature monstrueuse, dont la taille dépassait celle d'un humain et dont la puissance semblait égaler la terreur elle-même.

L’humaine semblait démunie, sachant qu'elle ne pouvait rien tenter dans cet environnement pour survivre assez longtemps. Elle n'était pas dans son élément, alors que lui, si.

«  Si tu insistes… J’ai eu la chance d’approcher de près un Bijû à Chowa. J’ai pu assister et même profiter de son massacre sur les terres de ce pays. Le chakra sombre en a profité pour prendre contrôle sur mon esprit et je me suis laissée aller contre ces stupides Chowajin, » raconta Elin avec un calme qui aurait pu faire pâlir les morts.

Kabuto semblait intrigué, écoutant le récit de la Nara jusqu'à la fin. Elin profita de cette occasion pour en apprendre plus sur le Kuchiyose et l'interrogea sans interrompre sa lancée.

«  J’avais d’ailleurs en tête de conclure un marché avec toi, » lança spontanément la jeune femme. «  Le peuple de Hametsu est lassé de tes carnages, d'autant plus qu'une ambassade vient de s'installer sur nos terres. Bientôt, tu seras la cible de ces misérables humains. Bien que ta puissance reste dévastatrice, ils viendront à plusieurs dizaines t'affronter dans ton repaire, et si cela ne suffit pas, ils seront des centaines. C’est pourquoi j’aimerais conclure un pacte… »

La discussion s'engagea entre les deux êtres. Une conversation qui ne tournait pas en faveur de la race humaine. Kabuto se dressait aussi terrifiant que la jeune femme, surtout depuis sa métamorphose. Chacun exposait ses propositions, toutes plus sinistres les unes que les autres, jusqu'à ce qu'un accord soit trouvé.

« Petite créature… Tant que tu parviendras à satisfaire ma faim, je te suivrai dans tes aventures. Le jour où tu ne respecteras plus notre contrat, tu seras la première à subir ma colère, » déclara Kabuto à Elin.

Sur ces mots, la Nara sortit de sa cape un parchemin où elle inscrivit les termes du contrat proposé par les deux bêtes. L'encre noire liait leurs deux âmes avides de sang, tandis que Kabuto prenait un des bras d'Elin, liquide rouge coulant sur le sol scellait l'accord qu'ils venaient de conclure.