Daiya aimait les belles choses. Celles qui sont chères, celles qui sont riches, et celles qui sont puissantes. Et pour ces raisons, elle n'aimait pas Hametsu. Trop pauvre, trop sale, pas assez riche. Oh, elle regrettait amèrement l'époque de Mizu no Kuni, l'air marin était bien plus agréable que... ce manque d'air. Aridité, hostilité, le diamant s'avançait dans les sentiers de fortunes, elle avait entendu parler d'un village, et curieuse de savoir ce qui se trouvait à la surface de ce pays, elle s'était mise en tête de rejoindre le hameau.

Parfois il fallait y croire, « Les génies peuvent être partout ! » qu'on lui disait, pour la persuader d'aller chercher dans les tréfonds de Hametsu. Comme si, elle, allait risquer sa réputation pour ramener un gamin paumé de Hametsu qui n'était pas un Yaban ? Et puis quoi encore. Mais pour la forme, et pour raconter ensuite à son employeur qu'il n'y avait rien d'interéssant, le diamant avait prit la décision de suivre cette petite mission.

La Yamanaka s'était arrêtée à l'entrée de ce village, elle s'était un peu arrêté net en fait, attirant certainement quelques regards sur sa silhouette. Elle n'avait pas l'air d'une criminelle, mais pas nécéssaire d'une bonne personne non plus. Elle pousse un long soupir, agacée de faire ce travail, mais entre dans le village remarquant l'inexistence de véritable sécurité, d'ailleurs les gens ont tous l'air d'être de simple villageois. J'aurais du aller voir le clan Yaban. Cependant, le regard intrusif de la femme fut attiré par les agitations qui se tramaient au centre du village, s'en approchant pour comprendre que quelque chose amusait les gens.

La blonde toise avec dédain les enfants qui jouent dans ce village de fortune, une main sur sa hanche, l'autre redressant son képi. Ses deux prunelles d'améthystes n'y croient pas, les enfants jouent avec une espèce de tortue rentrée dans sa carapace, enfin, si seulement c'était vivant.

— Madre mia, qu'est-ce que c'est que cette chose ?

Daiya secoue son visage, tenant toujours du bout du doigt son képi alors qu'elle cherche à trouver quelqu'un dans ce village, un adulte elle espère. Elle avait laissé sa voix porter tout naturellement, quelques enfants l'avait regardé, remarquant sa présence. Daiya les observa avec des gros yeux, avant de souffler à nouveau.

« C’est une belle journée dehors, les oiseaux chantent, les fleurs éclosent… les jours comme ça, les gamins comme vous devriez BRULER EN ENFER !! » hurle la tortue alors qu’elle se réfugie dans sa carapace, frustrée par les enfants qui ne la lâchent pas une seule seconde depuis le début de la journée. Bien sûr, les adultes observaient de loin de sorte à ce que la situation ne dérape pas, comme cette fois où Kaida n’a pas supporter qu’on tag sa carapace et qu’il a fallu l’intervention de Jotaro pour le stopper dans sa furie…

Mais le regard de l’Inuzuka était porté autre chose que son partenaire tétrapode. Posé sur une des nombreuses toîtures du village, son regard n’avait pas manqué l’arrivée d’une étrangère aux longs cheveux blonds. Sa peau blanche quasi totalement à découverte, le garçon se demandait si elle n’était pas de Kaminari, ayant rarement vu quelqu’un avec des traits aussi clairs en dehors du pays de la foudre. Est-ce qu’il se méfiait d’elle ? Pas nécessairement. Même si elle était armée, il faudrait être fou de vouloir se balader dans le pays en ruine sans avoir les moyens de se défendre. C’est en partie pour ça qu’il se bat pour reconstruire le pays, une chose à la fois.

Lorsqu’elle lève la voix, attirant l’attention des enfants, la tortue comprend qu’une fenêtre s’est ouverte et sort ses pattes et sa tête de sa carapace, avant de bondir vigoureusement dans une direction épargnée par la présence d’enfants. Les petits, surpris, décident de commencer à partir à sa poursuite tandis que Jotaro pose sa joue contre son poing fermé, son coude posé contre son genou, alors qu’il observe l’étrangère d’un regard en biais.

« C’est Kaida, mon compagnon animal. Première fois que je te vois, alors bienvenue à Tsubomi ! » dit le jeune homme, attirant son attention alors qu’il se trouvait quelques mètres au-dessus d’elle. Se redressant, il descendait d’un petit saut pour la rejoindre dans la rue. Maintenant qu’il était au même niveau qu’elle, il voyait qu’elle était plutôt grande pour une femme, mais il y avait quelque chose de particulier dans son regard. Comme si ses yeux était à la recherche d’une gemme… ou d’une proie. « Je suis Jotaro, le gardien des lieux ! En quoi puis-je t’aider ? » Sa question n’était pas innocente, surtout quand on traverse Hametsu. A moins d’être une native des lieux, ce qui n’a pas l’air d’être le cas, elle devait avoir une idée derrière la tête. Donc, la curiosité de l’Inuzuka est éveillée.

Les bras croisés, Daiya zieute les gestes de la tortue qui s’enfuit lorsqu’elle entrouvre une porte de sortie face à ces enfants. La blonde pousse un long soupir alors qu’elle relève son visage vers le ciel, laissant ses cheveux retomber en arrière et dégager son visage. La voix de l’homme parvint à ses oreilles, elle eut un fin sourire sur le visage, témoignant d’une certaine arrogance, le mépris que pourrait porter un adulte face à des enfants, par exemple. Ses pupilles éthérées offrent une oeillade à l’homme qui se présente, Jotaro note-t-elle dans un coin de sa tête alors qu’elle le toise de haut en bas, comme si elle jugeait l’homme par sa simple apparence, dans un premier temps.

— Mira, mira, un Inuzuka à Hametsu, c’est pas commun.

Parce que peu d’autres clans avaient un compagnon animal nommé ainsi. Ça ferait du beau spectacle pour Maiku-cariño ça. Pouvait-elle seulement se risquer à recruter quelqu'un car il avait une tortue ? Il ne fallait pas sous estimer l'essoufflement rapide des spectateurs de l'Underground, du jour au lendemain, ils pouvaient être agacé de quelque chose qui faisait frémir leurs émotions. Mais heureusement, elle était là pour s'occuper de garder les moins enthousiastes... enthousiastes justement. La femme passa une main contre sa joue, pour reposer son visage tandis qu’elle continue de jauger l’homme en face d’elle.

— Daiya.

Se contente-t-elle de répondre dans un premier temps, ses lèvres ne pouvant s’empêcher de se déformer en ce sourire purement suspect, d’autant plus que son regard plissé n’annonçait rien de spécialement bon derrière ses intentions, bien que pour l’instant, elle n’avait montré aucune hostilité.

— Muchacho, tu penses que ta tortue elle sait se donner en spectacle ? Tourner sur sa carapace, tout ça.

Dit-elle soudainement, alors que l’idée lui traverse l’esprit. Elle sait cependant que sa remarque pouvait être soudaine, surprenante. Daiya esquisse un grand sourire, totalement faux, bien que cachant une certaine malice derrière.

— Fais pas cette gueule, je cherche des idées pour un spectacle de cirque.

Difficile de savoir ce qui passait par la tête de la grande blonde, alors qu’elle restait dans un premier temps silencieuse, observatrice. L’Inuzuka n’avait pas vraiment l’habitude d’être autant détaillé du regard par une femme, alors qu’une goutte de sueur froide perlait le long de sa nuque, ne savant pas trop comment appréhender l’espèce de curiosité que développait l’inconnue. Il préférait largement faire face aux front-contre-front avec les Yaban, qui le fusillent du regard, ça c’est plus simple à interpréter.

Jotaro raclant sa gorge au bout d’un moment, comme pour signifier que trop de secondes étaient passées sans réelles réponses, la belle se présenta sous le nom de Daiya. Toujours inconnue sur les radars du protecteur, mais au moins il pouvait mettre un nom sur un visage. Pourquoi souriait-elle autant, et d’une façon aussi étrange ? Jotaro se demandait s’il avait oublié de se débarbouiller le visage en se levant ce matin… jusqu’à ce que le sujet commence à tourner autour de Kaida. Sa tortue, capable de se donner en spectacle ? Cela faisait rire aux éclats le gardien de Tsubomi alors que toutes ses remarques internes sur le comportement de la demoiselle se volatilisaient.

« Hahahaha à ça pour sûr, si davantage de gens étaient capables de comprendre Kaida ça ferait un jolie spectacle ! Ca lui arrive de tourner sur lui-même pour gagner en momentum lorsqu’il glisse au sol, ça surprend souvent les Yaban qui se font fauchés au passage. »

L’Inuzuka comptait sur ses doigts les instances où son compagnon s’est illustré dans sa manière de retourner les scènes à son avantage. Les fois où il devient soudainement énorme surprennent à chaque fois ! En parlant de gigantisme… avant même qu’il ne puisse réellement rebondir sur le fameux “cirque” de Daiya, une grande ombre passe au-dessus d’elle, avant qu’une tortue démesurée n’atterrisse lourdement entre Jotaro et la blonde. Un souffle de vent se lève, balayant les cheveux de l’Inuzuka qui restait de marbre face à l’apparition soudaine d’un Kaida de 3m, qui semblait en avoir à redire.

« Combien de fois je dois te répéter qu’entre 13h et 15h c’est l’heure de ma sieste ?! Tu m’avais promis d’envoyer les gosses jouer avec un ballon ou quoi ! » Un nerf légèrement gonflé sur la tempe, Jotaro tapotait la tête de la tortue géante avant que sa main ne commence à changer de couleur, se couvrant rapidement d’écailles lorsqu’il commence à ceinturer la tête de Kaida. « Et toi, combien de fois je dois te répéter… PAS DE GRABUGE A TSUBOMI ! »

Tapant lourdement le sol du pied, c’est un Jotaro à moitié transformé qui soulève la grande tortue, avant de la projeter brusquement à terre plus loin derrière lui. La terre ne manque pas de trembler pendant une seconde ou deux, alors que Jotaro tape dans ses mains pour faire partir la poussière, reprenant une apparence normale. Kaida coincée sur son dos, il remue ses pattes tournées vers le ciel en grognant ce qu’il pouvait, alors que l’Inuzuka se tourne vers Daiya.

« On disait quoi ? Que tu montais un cirque à Hametsu c’est ça ? » ; « P’tite merde, attend que je me relève tout seul tu vas voir ! Tu te crois malin parce que t’as pris de la gonflette depuis que je te connais, mais tu vas voir !... »

L'homme lui montrait alors une véritable démonstration de son pouvoir, cette transformation, cette force face à une tortue gigantesque. Daiya souriait, une main sur la hanche et le visage légèrement incliné. La Yamanaka semblait reprendre des couleurs, peut-être que finalement, il n'y avait pas que des Yaban digne d'intérêt au sein de Hametsu. Même si de toute évidence, personne ne détrônerait Riku dans son coeur, elle prêtait alors grand attention au potentiel de ce Jotaro, même si son attitude et son visage persévérait dans l'image d'une Daiya assez espiègle et mystérieuse sur ses intentions. Elle garde le silence pendant la démonstration, et ne relance pas la conversation avant que Jotaro ne l'interroge.

— C'est bien ça. Je cherche à savoir ce qui peut plaire à un public. Sabès que le public adore le sensass' comme on dit.

Daiya effectue soudainement une série de signe avant de former un mūdra étrange avec ses mains, en forme de rectangle alors dirigé vers la tortue. Mais aucune technique ne semble en sortir, la femme reste figée, observant la tortue alors qu'elle sourit soudainement. Holà guapo. Si la voix dans sa tête n'était pas perceptible par Jotaro, Kaida entendait soudainement les mots de Daiya dans son crâne de tortue, tandis qu'elle en retour avait entendu la brimade envers Jotaro. La Yamanaka explose soudainement de rire tandis qu'elle se tourne vers Jotaro, grand sourire.

— Hahahaha ! Maravilloso, je comprend ce qu'elle dit. Et elle, elle peut se transformer en humain ? On dit que les Inuzuka peuvent faire des tas de choses avec leurs animaux. Notamment pour se battre.

Allait-elle se risquer ? Mais un Inuzuka serait un merveilleux spectacle, un parfait candidat pour conquérir les coeurs de tous le public et la tortue pour avoir des effigies, des statues. Daiya semble totalement ravie de sa trouvaille, malgré les réticences. Son visage mesquin reste assez louche, mais ses questions ne semblent pas réellement cacher de mauvaise intention : tout cela avait vraiment l'air d'un entretien d'embauche.

Malgré l’agitation de la tortue, je me tournais totalement en direction de l’étrangère qui, cette fois-ci, semblait davantage intriguée et précisait un peu sa demande. Aaah, maintenant on arrêtait de parler de cirque et on abordait les sujets sérieux ? J’aurais pu m’en douter que quelqu’un comme elle, dénotant avec le reste du décor, avait des intentions derrière la tête. En tout cas, tout d’un coup Kaida réduit en taille et pivote sur lui-même pour se mettre à côté de moi, et fixer dubitativement l’inconnue. Je fronce un sourcil en observant mon partenaire, c’est assez inhabituel de le voir passer du coq à l’âne comme ça.

« … vous êtes trop belle madame. »

Facepalm, je soupire profondément alors que je m’attendais à quelque chose de sérieux. Ce n’est que plus tard que la tortue m’aura avoué qu’il pensait avoir entendu la voix de la femme dans sa tête, comme si leurs esprits étaient liés. En tout cas, je fixais la paire de diamants servant de pupilles à l’étrangère, les bras croisés.

« Et tu voudrais que je me batte pour quoi exactement ? Parce que des promoteurs de l’Abondance ont déjà tenté de me recruter pour animer leurs combats de chiens de rue. Et je suis pas intéressé par des toutous qui ne savent que grogner. »

Je sens la patte de Kaida me piétiner le pied, l’animal grinçant des dents (?) alors qu’il me murmure « Tu pourrais pas être plus sympa avec notre invitée ?? », à quoi je répondais par une balayette qui l’envoyait rouler plus loin dans l’allée.

« Mais bon, je pensais avoir été blacklisté par tous les agents de Ame depuis un moment. Du coup je me demande de plus en plus qui tu peux bien être, Daiya ! Oh et oui Kaida est capable de prendre une apparence humaine. Nous autres Inuzuka sommes plein de ressources… »

Un sourire déchire le visage du diamant, la tortue avait compris que Daiya pouvait l'entendre, là où Jotaro ne pouvait pas suivre correctement leur conversation. La blonde fit un clin d'oeil avant de déporter son attention sur l'homme qui venait de lui faire une sacré démonstration. La tortue avait succombé à son charme, le maître un peu moins mais semblait se prendre à son jeu, accepter l'idée qu'il pouvait faire un bon combattant, tout en refusant de travailler pour Ame. Elle eut un rictus. Évidemment, elle ne laissait rien transparaître, elle connaissait beaucoup de choses sur les autres, mais personne ne savait rien sur elle sauf ceux qui l'employaient. Si les individus ne veulent pas collaborer avec Ame, ils seront malheureusement un jour tôt ou tard, trop près d'une des tentacules de la Pègre.

— L'Abondance ? Madre de Dios, non ! Ce que je peux te proposer est bien mieux qu'un combat de chien de rue. Je parle d'une vraie institution.

Elle esquisse un sourire. Elle ne pouvait pas en dire beaucoup mais devait tout de même attirer l'attention de son interlocuteur, si elle amenait un Inuzuka, elle pouvait être sûre qu'elle gagnerait certains paris qu'elle avait fait en promettant du spectacle. En contrepartie, elle espérait qu'il combatte sous son écharpe, mais elle ne pouvait pas vraiment décider des choix faits par les participants, après tout, parfois des surprises arrivent même à surprendre les plus grands commentateurs. Elle tend sa main vers l'avant.

— Je te propose de te prouver aux yeux des grands. Mais je ne peux pas en dire beaucoup, le mieux reste de te montrer, de te présenter. Si tu veux bien me faire confiance.

Daiya n'attendit pas tant de temps avant de tourner les talons pour guider Jotaro, elle devait lui montrer de ses propres yeux, et utiliser sa position pour qu'il puisse découvrir l'ensemble des souterrains cachés du pays sur lequel il s'était installé.