Mille-et-une idées de Meiun.
L’esprit de Meiun agglutine une quantité affolante d’idées. Son esprit, structuré sur la base de pensées en arborescence, compile un nombre inhumain, presque incalculable, de projets, d’expérimentations et de plans B. L’expédition en Seirei qu’il s’apprête à réaliser, dans une poignée de jours - 17 jours, 6 heures, 34 minutes et 9 secondes - sera la pierre angulaire d’une percée vers les profondeurs reculées de l’Histoire. Notre explorateur est persuadé qu’il y découvrira des reliques mystérieuses, des secrets inavoués et, surtout, une Mégastructure.
Depuis la parution de son essai sur le Chakra Yin, qui circula dans quelques cercles alchimiques intéressés par la branche créatrice de la Kabbale, le Martyr n’a eu de cesse de préparer son plan. Deux années se sont écoulées. Il s’intéressa à la cartographie des lieux, compara la tentative d’une traversée depuis les terres et depuis les mers, et réunit puis finança une équipe de chevronnés baroudeurs. Loin d’être la clé de voûte de son entreprise, l’enfant du Soleil s’affaire à une entreprise bien particulière : le perfectionnement de ses outils. La renommée des monstruosités mi-animales mi-végétales du pays des Esprits a traversé toutes les frontières.
Pour, non pas espérer tenir tête à un Gardien sylvestre, mais plutôt pour assurer ses chances de survie, en cas de fuite, le Clown eut la brillante idée de renforcer son arsenal. Le cocon de tissu qui l’accompagne aux quatre coins du Continent, toujours fixé sur son dos, est cette fois-ci déroulé sous ses yeux. Trois créations le fusillent de leur regard d’outre-tombe. L’index du Kokka Renkinjutsushi glisse sur trois matériaux diamétralement opposés. Ichi, Ni, San. Le choix est cornélien.
Ni est aussitôt mis de côté. Sa valeur intrinsèque réside dans sa mutabilité. San serait le choix le plus propice, le plus logique, le plus efficient. Il est conçu pour répondre à ce type de besoin. Ichi… Ichi profite d’un lien émotionnel fort. Ce morceau d’Arbre-Monde est le dernier souvenir de son foyer, et plus précisément de sa famille. Il n’y a pas de jour où le méfait ne flagelle pas la boîte crânienne du Kazejin. Il était obligé de le faire. Il ne pouvait pas mourir. Pas pour une tradition vieille de plusieurs siècles. Pas pour satisfaire les lubies d’une communauté versée dans l'animisme. Pas au prix de sa Liberté.
Eu égard à la note de service du Créateur de la Pyramide d’Ombres et de Lumière, notre Alchimiste d’Etat sait que le Chakra neutre est un miel pour les ruches du Pandémonium Vert. Les nombreuses croisades initiées par Dokueki Magobei se sont toutes soldées en aller sans retour. Si la théorie du Chakra Yin s’avère exacte, alors Seirei en serait la représentation la plus parfaite. Un marécage de vitalité, de biodiversité et de beauté, qui doit être cantonné. Déluge de transmissions synaptiques. Une idée a germé depuis les berges de son rêve : San est abandonné au profit d’Ichi.
L’Arbre-Monde a donné vie au Chakra. L’Arbre-Monde a donné vie à Gekimetsu Suna. L’Arbre-Monde veillera sur lui. Le sarcophage de bandages se referme sur les deux autres créations de notre aventurier. Elles connaîtront leur heure de gloire, en d’autres temps et en d’autres lieux.
- Spoiler:
- Première étape : Meiun choisit le pantin le plus pertinent pour la suite des opérations. Le bois du Sekaiju, l'Arbre-Monde, est préféré aux deux autres matériaux eu égard à son essence naturellement supérieure.
#1
Expérimentation
Une langue de photon réverbère sur la fenêtre et remplace les efforts de la bougie. L’aube se lève sur la Céramique, sa Mère de substitution. La crinière électrifiée réplique un saule pleureur. Assis, le dos voûté, les yeux rougeoyant de fatigue, Meiun s’efforce à dessiner les plans de son projet. Hélas, chaque planche se transforme en déchet qui ne tarde pas à joncher le sol dallé de la pièce louée. Le bohémien est un électron libre, au sens le plus littéral du terme. Sa carcasse flavescente erre d’auberge en auberge, sans attache étatique, clanique, familiale ou amicale.
Index, majeur et pouce saisissent par les contours supérieurs la tasse de thé. L’infusion brûlante se déverse dans son œsophage pour la seizième fois de la soirée. De manière compulsive, complètement obsessionnelle, le fusain agresse la peau séchée de dromadaire. Transformer la surface rugueuse en une vision imagée est un calvaire, mais c’est un calvaire bienvenu pour cet occidental. Loin d’être des continentaux qui se complaisent en feuilles, ou des orientaux qui n’ont pas le recul nécessaire pour apprécier l’art, les orientaux font feu de tout bois.
Construire de zéro une relique est - presque - à la portée de tous. Améliorer l’existant pour le perfectionner et atteindre la quintessence de son art est réservée à une élite. Meiun n’a que faire de la question de la place de l’apprenti ou du maître. Il raisonne de façon horizontale. La performance artiste n’est qu’un pas de plus pour quérir sa liberté. Cette vision très simpliste est en porte-à-faux avec la vision des experts, ces amateurs de la complexité. Aucun ego ne l’assaille ou corrompt son esprit. Notre aventurier se contente de se frayer un chemin entre les dunes de la Vie, pour un jour, devenir aussi libre que Ce Gardien-Esprit.
L’esprit de notre inventeur est particulier. Il ne lui est d’aucune utilité au début du processus créatif. Son cerveau ne lui sert à rien, si ce n’est à répliquer, encore et toujours des idées - souvent très médiocres. La puissance de son intellect réside dans sa capacité à s’habituer : il répète les mêmes étapes, change un détail dans chaque nouveauté germante, et peu à peu, se rapproche de son idéal de perfection. Meiun est un artiste atypique, même pour les artistes atypiques.
Il ressent ce besoin d’essayer, de tester, d’échouer pour atteindre son Graal. Autrement dit, ses échecs sont la rampe de lancement que son cerveau utilise pour se satelliser dans les arcanes de l’efficience. Les bigots du mercantilisme assimileraient cette façon de procéder à leurs machines, qui ne peuvent produire efficacement à froid. Cette comparaison à la robotique accuse un sourire timide sur les lèvres de notre ingénieur. Au fil des secondes, des minutes et des heures qui défilent, le processus créatif joue sa partition. Le chef d’orchestre corrige les imperfections de ses cuivres, guide ses percussions, rythme ses bois et muselle ses cordes. Une soirée de réflexion, une journée de tentatives, trois théières consommées, et vingt-quatre sucres engloutis plus tard, le plan est finalisé.
Index, majeur et pouce saisissent par les contours supérieurs la tasse de thé. L’infusion brûlante se déverse dans son œsophage pour la seizième fois de la soirée. De manière compulsive, complètement obsessionnelle, le fusain agresse la peau séchée de dromadaire. Transformer la surface rugueuse en une vision imagée est un calvaire, mais c’est un calvaire bienvenu pour cet occidental. Loin d’être des continentaux qui se complaisent en feuilles, ou des orientaux qui n’ont pas le recul nécessaire pour apprécier l’art, les orientaux font feu de tout bois.
Construire de zéro une relique est - presque - à la portée de tous. Améliorer l’existant pour le perfectionner et atteindre la quintessence de son art est réservée à une élite. Meiun n’a que faire de la question de la place de l’apprenti ou du maître. Il raisonne de façon horizontale. La performance artiste n’est qu’un pas de plus pour quérir sa liberté. Cette vision très simpliste est en porte-à-faux avec la vision des experts, ces amateurs de la complexité. Aucun ego ne l’assaille ou corrompt son esprit. Notre aventurier se contente de se frayer un chemin entre les dunes de la Vie, pour un jour, devenir aussi libre que Ce Gardien-Esprit.
L’esprit de notre inventeur est particulier. Il ne lui est d’aucune utilité au début du processus créatif. Son cerveau ne lui sert à rien, si ce n’est à répliquer, encore et toujours des idées - souvent très médiocres. La puissance de son intellect réside dans sa capacité à s’habituer : il répète les mêmes étapes, change un détail dans chaque nouveauté germante, et peu à peu, se rapproche de son idéal de perfection. Meiun est un artiste atypique, même pour les artistes atypiques.
Il ressent ce besoin d’essayer, de tester, d’échouer pour atteindre son Graal. Autrement dit, ses échecs sont la rampe de lancement que son cerveau utilise pour se satelliser dans les arcanes de l’efficience. Les bigots du mercantilisme assimileraient cette façon de procéder à leurs machines, qui ne peuvent produire efficacement à froid. Cette comparaison à la robotique accuse un sourire timide sur les lèvres de notre ingénieur. Au fil des secondes, des minutes et des heures qui défilent, le processus créatif joue sa partition. Le chef d’orchestre corrige les imperfections de ses cuivres, guide ses percussions, rythme ses bois et muselle ses cordes. Une soirée de réflexion, une journée de tentatives, trois théières consommées, et vingt-quatre sucres engloutis plus tard, le plan est finalisé.
- Spoiler:
- Deuxième étape : Meiun couche le plan de son évolution sur un parchemin. Il retrace les particularités actuelles de la marionnette, mais aussi les composantes futures, qui s'ajouteront et remplaceront les précédentes. Le plan aura son importance par la suite (4e).
#2
Expérimentation
Meiun est happé par une spirale de couleurs et d’arômes. A l’intérieur du Souk de la Céramique, le sable chaud accueille ses pas, et les épices invitent ses sens à s’y perdre. Là, par-delà les étables qui agrègent les agrumes en pyramides, notre aventurier trouvera les outils pour l’accompagner dans sa quête. Le matériau que ses mains expertes doivent manipuler est particulier, pour ne pas dire unique. Ce n’est pas un simple bois, tout comme il ne s’agit pas d’une simple marionnette.
Ballotté par les flux de chalands et de marchandises, le Kokka Renkinjutsushi dérive vers les ateliers de la communauté Monzaemon. Les épices tassées en monts et les fruits entreposés en pyramides laissent place à un capharnaüm de reliques artisanales : les tissus aux motifs kaléidoscopiques sont enroulés sur eux-mêmes, tels des obélisques, et les artefacts en bronze, cuivre et argent sont suspendus au plafond des fonds de commerce. Dans cet empire de la création manuelle, les descendants d’esclaves en sont les généraux.
Les sculptures luxueuses accompagnent une déchetterie de prothèses bon marché. Cette partie de l’axe central est un eldorado pour les baroudeurs venus des quatre coins du Continent. Le Shangri-La des adeptes du Kugutsu. De la prothèse occulaire au colosse de bois, le quartier des artisans réunit tout et son contraire. Encore faut-il ne pas tomber dans les pièges du marchandage ; une bonne partie des objets mis en évidence ne sont que des attrapes-touristes, des morceaux de piètre qualité, qui tomberont en poussière à la première utilisation. Dans cet océan de mensonges, Meiun sait où il doit amarrer.
Sans que sa paume ne touche le bois en osier, les cinq phalanges distales de sa main droite accompagnent l’ouverture de la porte. Le carillon signale l’immixtion d’un client potentiel à l’intérieur de cette échoppe minuscule. Du fait de la topographie des lieux, et de l'amoncellement des ressources à l'extérieur, la boutique est ridiculement étroite en largeur, mais s’étend sur une vingtaine de mètres en longueur. Un vieil homme, verres sur le nez, dont la peau cuivrée est dévorée par une hirsute toison blanche, somnole. Un sourire point sur les lèvres de Meiun. Il approche à pas feutrés. Avec force, sa paume percute le bois de l’établi, qui sépare les deux hommes.
— Bon sang ! Qui me réveille comme ça ?!
— Hahahahahaha. Toujours à roupiller, hein ?
— Oh… Meiun ? Mais non ? Tu reviens enfin t’installer au pays ?
— Je ne suis que de passage. Tu sais comment je fonctionne.
— Oui, oui, oui… La liberté bla-bla-bla. Tu devrais fonder une famille, tu sais ? J’ai une nièce qui pourrait te plaire. Une fille de bonne famille. Une perle. Elle fait très bien à manger en plus. Il est temps de raccrocher, de prendre sa retraite, de voir grandir ses enfants. Imagine des versions miniatures de toi courir dans tous les sens et-
— Ensuite j’ouvre ma propre boutique, et je finis par dormir toute la journée ?
— Pense-y Meiun. Avoir des enfants, cela change une vie.
— Je ne veux pas que ma descendance soit sacrifiée.
— Comment cela se passe avec le Khaganat ?
— Oh, la routine. Je suis obligé de me cacher pour rentrer chez nous. Avec les années, je suis toujours recherché, mais les Gekimetsu sont pris par d'autres choses. Va savoir.
— Si tu es là, c’est que tu as une idée derrière la tête.
— Je ne peux rien te cacher l’ancien ! Je m’apprête à partir pour Seirei. Arrête de faire cette tête. Je ne vais pas mourir hahaha.
— Seirei ? T’es sûr ? Tu sais que les Dunes Insoumises, à côté, c’est un grain de sable.
— J’en ai bien conscience. Je tiens un filon. Tu te souviens du texte que je t’ai fais lire ?
— Ta théorie du Chakra Yin ?
— Exact ! Punaise, tu ne perds toujours pas la mémoire à ton âge, c’est fou ça. Bref, je suis sûr qu’il y a une Mégastructure à l’intérieur de ce poumon vert.
— Meiun… Je comprends ce qui t’anime. Nous sommes aussi passé par là, autrefois, lorsque je secondais Chikamatsu… J’étais animé d’une rage sourde, je voulais que le monde s’embrase pour avoir fait des miens des esclaves… Mais tu n’es pas obligé de te confronter à un tel danger.
— Grand-père, ne t’en fais pas. Tu m’as formé.
— M’appelle pas comme ça, sale morveux. Dire que je me rappelle de toi alors que tu étais haut comme trois pommes. Bon, dis moi ce qu’il te faut.
— Tu te souviens du rameau ?
— Celui que j’ai transformé en pantin ? Oui.
— Je veux le renforcer.
— Une marionnette ne peut avoir plus de trois mécanismes.
— Je compte briser ce plafond de verre. On parle de l’Arbre-Monde.
— Hmm…
— Réfléchis-y.
— J’ai connu un collègue qui a taillé une écaille de Daiichi.
— Le Dragon-Fortune ?
— Oui. Je pense que tu ne fais pas fausse route. Son écorce est le plus propice à contenir autant de pièges.
— Ah bah tu vois !
— Encore faut-il que ton travail soit parfait.
— Envoie-moi des outils, grand-père, et tu auras accès à mes plans.
Le vieil homme se lève. Ses deux jambes mécanisées le mènent dans son arrière boutique. Après cinq minutes enfermé dans le cagibi, le père de substitution ressort avec une caisse en parfait état.
— Voilà pour toi. Ce sont mes anciens outils. Ceux avec qui j’ai participé aux mises à jour de Sozen et à la création de l’armée d’argile.
— Toujours à rappeler que tu es le meilleur, hahaha, tu ne changeras jamais !
Ballotté par les flux de chalands et de marchandises, le Kokka Renkinjutsushi dérive vers les ateliers de la communauté Monzaemon. Les épices tassées en monts et les fruits entreposés en pyramides laissent place à un capharnaüm de reliques artisanales : les tissus aux motifs kaléidoscopiques sont enroulés sur eux-mêmes, tels des obélisques, et les artefacts en bronze, cuivre et argent sont suspendus au plafond des fonds de commerce. Dans cet empire de la création manuelle, les descendants d’esclaves en sont les généraux.
Les sculptures luxueuses accompagnent une déchetterie de prothèses bon marché. Cette partie de l’axe central est un eldorado pour les baroudeurs venus des quatre coins du Continent. Le Shangri-La des adeptes du Kugutsu. De la prothèse occulaire au colosse de bois, le quartier des artisans réunit tout et son contraire. Encore faut-il ne pas tomber dans les pièges du marchandage ; une bonne partie des objets mis en évidence ne sont que des attrapes-touristes, des morceaux de piètre qualité, qui tomberont en poussière à la première utilisation. Dans cet océan de mensonges, Meiun sait où il doit amarrer.
Sans que sa paume ne touche le bois en osier, les cinq phalanges distales de sa main droite accompagnent l’ouverture de la porte. Le carillon signale l’immixtion d’un client potentiel à l’intérieur de cette échoppe minuscule. Du fait de la topographie des lieux, et de l'amoncellement des ressources à l'extérieur, la boutique est ridiculement étroite en largeur, mais s’étend sur une vingtaine de mètres en longueur. Un vieil homme, verres sur le nez, dont la peau cuivrée est dévorée par une hirsute toison blanche, somnole. Un sourire point sur les lèvres de Meiun. Il approche à pas feutrés. Avec force, sa paume percute le bois de l’établi, qui sépare les deux hommes.
— Bon sang ! Qui me réveille comme ça ?!
— Hahahahahaha. Toujours à roupiller, hein ?
— Oh… Meiun ? Mais non ? Tu reviens enfin t’installer au pays ?
— Je ne suis que de passage. Tu sais comment je fonctionne.
— Oui, oui, oui… La liberté bla-bla-bla. Tu devrais fonder une famille, tu sais ? J’ai une nièce qui pourrait te plaire. Une fille de bonne famille. Une perle. Elle fait très bien à manger en plus. Il est temps de raccrocher, de prendre sa retraite, de voir grandir ses enfants. Imagine des versions miniatures de toi courir dans tous les sens et-
— Ensuite j’ouvre ma propre boutique, et je finis par dormir toute la journée ?
— Pense-y Meiun. Avoir des enfants, cela change une vie.
— Je ne veux pas que ma descendance soit sacrifiée.
— Comment cela se passe avec le Khaganat ?
— Oh, la routine. Je suis obligé de me cacher pour rentrer chez nous. Avec les années, je suis toujours recherché, mais les Gekimetsu sont pris par d'autres choses. Va savoir.
— Si tu es là, c’est que tu as une idée derrière la tête.
— Je ne peux rien te cacher l’ancien ! Je m’apprête à partir pour Seirei. Arrête de faire cette tête. Je ne vais pas mourir hahaha.
— Seirei ? T’es sûr ? Tu sais que les Dunes Insoumises, à côté, c’est un grain de sable.
— J’en ai bien conscience. Je tiens un filon. Tu te souviens du texte que je t’ai fais lire ?
— Ta théorie du Chakra Yin ?
— Exact ! Punaise, tu ne perds toujours pas la mémoire à ton âge, c’est fou ça. Bref, je suis sûr qu’il y a une Mégastructure à l’intérieur de ce poumon vert.
— Meiun… Je comprends ce qui t’anime. Nous sommes aussi passé par là, autrefois, lorsque je secondais Chikamatsu… J’étais animé d’une rage sourde, je voulais que le monde s’embrase pour avoir fait des miens des esclaves… Mais tu n’es pas obligé de te confronter à un tel danger.
— Grand-père, ne t’en fais pas. Tu m’as formé.
— M’appelle pas comme ça, sale morveux. Dire que je me rappelle de toi alors que tu étais haut comme trois pommes. Bon, dis moi ce qu’il te faut.
— Tu te souviens du rameau ?
— Celui que j’ai transformé en pantin ? Oui.
— Je veux le renforcer.
— Une marionnette ne peut avoir plus de trois mécanismes.
— Je compte briser ce plafond de verre. On parle de l’Arbre-Monde.
— Hmm…
— Réfléchis-y.
— J’ai connu un collègue qui a taillé une écaille de Daiichi.
— Le Dragon-Fortune ?
— Oui. Je pense que tu ne fais pas fausse route. Son écorce est le plus propice à contenir autant de pièges.
— Ah bah tu vois !
— Encore faut-il que ton travail soit parfait.
— Envoie-moi des outils, grand-père, et tu auras accès à mes plans.
Le vieil homme se lève. Ses deux jambes mécanisées le mènent dans son arrière boutique. Après cinq minutes enfermé dans le cagibi, le père de substitution ressort avec une caisse en parfait état.
— Voilà pour toi. Ce sont mes anciens outils. Ceux avec qui j’ai participé aux mises à jour de Sozen et à la création de l’armée d’argile.
— Toujours à rappeler que tu es le meilleur, hahaha, tu ne changeras jamais !
- Spoiler:
- Troisième étape : Meiun se rend auprès d'une ancienne connaissance à lui. Un artisan, ancienne figure de proue de la Révolution, qui s'est reconverti par la suite. Le vieil homme lui confie ses outils, d'une qualité folle - et les plus propices à travailler l'écorce de l'Arbre-Monde.
#3
Expérimentation
L’avant-bras hypertrophié de l’ancien révolutionnaire chasse sur le côté les fragments de marionnettes amoncelés. Une coupole en verre supporte une dizaine de dattes ajwa. Les doigts dévorés par la mélanine agrippent l’un des fruits séchés. Les canines croquent dans le noyau et ingurgitent la chair juteuse. Pendant ce temps, le sarcophage de bandages est posé sur l’établi vidé de sa substance. Le flavescent ouvre le coffre-fort et libère sa momie sylvestre. Un sourire fier pointe le bout de son nez sur les lèvres du vieil homme.
— Il n’a pas changé.
— J’y fais attention comme à la prunelle de mes deux yeux.
— Pas sûr que la comparaison soit pertinente. Je te connais. Tu serais capable de devenir sourd, muet et aveugle si cela te permettrait d’être aussi libre que l’air.
— Touché, coulé. Bien joué grand-père.
Meiun déroule le parchemin griffé la nuit dernière.
— Voilà ce que j’envisage de faire. Hop, hop, hop. Inutile de te répéter, mon petit vieux. Je connais la limite inhérente à notre art. Un pantin. Trois mécanismes. L’Arbre-Monde, c’est le foyer de tous les bédouins depuis des siècles. Il a éveillé nos peuples au Chakra. Sa sève nutritive contient l’énergie qui a infiltré nos organismes. Pour moi, si le bois et le métal ne sont pas en mesure de perfectionner un pantin, il faut donc chercher un catalyseur externe. Tu m’as parlé de cette marionnette, une écaille de Daiichi, un morceau de l’Arbre-Monde, on retrouve les mêmes caractéristiques.
— Ton hypothèse se tient, Meiun.
Le père adoptif regarde notre explorateur, concentré à expliquer les différentes parties du plan. La fierté s’accapare des traits faciaux du révolutionnaire. Meiun n’est, finalement, rien de plus qu’un enfant à ses yeux, son enfant.
— Fais moi voir ta peau de dromadaire.
Le maître d'œuvre inspecte avec minutie les schémas.
— C’est du bon travail.
— Perfectible ?
— Oh, oui. Ici, tu mets trop de pression sur l’articulation olécranienne, profite plutôt du deltoïde et des attaches sur les omoplates pour diffuser l’intensité des mécanismes. Cela évitera de perdre un bras au premier choc. Les mécanismes de la hanche vont gripper, tôt ou tard, si tu les conserve. Ajoute-en deux. Ton dernier mécanisme, c’est pour…
Le révolutionnaire allie l’action à la parole. Il pointe du bout de son index les différentes parties qui pourraient poser problème à l’avenir. Son expertise bienvenue offre un regard nouveau sur l’amélioration d’Ichi.
— Créer le pantin ultime, oui.
— Tu as conservé ce rêve ?.
— Oui ! Je ne me vois pas manipuler une dizaine ou une centaine de pantins.
— Bahahahahahahahah. Tu me feras toujours rire, Meiun.
— Je compte bien réaliser ton rêve, grand-père ! C’est toi qui m’a initié à la Fusion.
— Je n’ai jamais réussi à égaler Chikamatsu, mais je suis encore en vie. N’est-ce pas l’essentiel ?
— Arrête ton cinéma. Je sais que derrière ce petit ventre, plein de viandes et de sucreries, tu continues à rêver de l’égaler. Si je réussis ce projet, tu pourras dire que tu as formé Sekaiju no Meiun, le plus grand marionnettiste de l’Histoire !
— Rien que ça ? Deal. Tu n’as pas intérêt à mourir en Seirei.
Léger clin d'œil.
— Je comptais faire les modifications dans mon coin, mais j’abandonne cette idée. Que dirais-tu de m’épauler ?
— Il n’a pas changé.
— J’y fais attention comme à la prunelle de mes deux yeux.
— Pas sûr que la comparaison soit pertinente. Je te connais. Tu serais capable de devenir sourd, muet et aveugle si cela te permettrait d’être aussi libre que l’air.
— Touché, coulé. Bien joué grand-père.
Meiun déroule le parchemin griffé la nuit dernière.
— Voilà ce que j’envisage de faire. Hop, hop, hop. Inutile de te répéter, mon petit vieux. Je connais la limite inhérente à notre art. Un pantin. Trois mécanismes. L’Arbre-Monde, c’est le foyer de tous les bédouins depuis des siècles. Il a éveillé nos peuples au Chakra. Sa sève nutritive contient l’énergie qui a infiltré nos organismes. Pour moi, si le bois et le métal ne sont pas en mesure de perfectionner un pantin, il faut donc chercher un catalyseur externe. Tu m’as parlé de cette marionnette, une écaille de Daiichi, un morceau de l’Arbre-Monde, on retrouve les mêmes caractéristiques.
— Ton hypothèse se tient, Meiun.
Le père adoptif regarde notre explorateur, concentré à expliquer les différentes parties du plan. La fierté s’accapare des traits faciaux du révolutionnaire. Meiun n’est, finalement, rien de plus qu’un enfant à ses yeux, son enfant.
— Fais moi voir ta peau de dromadaire.
Le maître d'œuvre inspecte avec minutie les schémas.
— C’est du bon travail.
— Perfectible ?
— Oh, oui. Ici, tu mets trop de pression sur l’articulation olécranienne, profite plutôt du deltoïde et des attaches sur les omoplates pour diffuser l’intensité des mécanismes. Cela évitera de perdre un bras au premier choc. Les mécanismes de la hanche vont gripper, tôt ou tard, si tu les conserve. Ajoute-en deux. Ton dernier mécanisme, c’est pour…
Le révolutionnaire allie l’action à la parole. Il pointe du bout de son index les différentes parties qui pourraient poser problème à l’avenir. Son expertise bienvenue offre un regard nouveau sur l’amélioration d’Ichi.
— Créer le pantin ultime, oui.
— Tu as conservé ce rêve ?.
— Oui ! Je ne me vois pas manipuler une dizaine ou une centaine de pantins.
— Bahahahahahahahah. Tu me feras toujours rire, Meiun.
— Je compte bien réaliser ton rêve, grand-père ! C’est toi qui m’a initié à la Fusion.
— Je n’ai jamais réussi à égaler Chikamatsu, mais je suis encore en vie. N’est-ce pas l’essentiel ?
— Arrête ton cinéma. Je sais que derrière ce petit ventre, plein de viandes et de sucreries, tu continues à rêver de l’égaler. Si je réussis ce projet, tu pourras dire que tu as formé Sekaiju no Meiun, le plus grand marionnettiste de l’Histoire !
— Rien que ça ? Deal. Tu n’as pas intérêt à mourir en Seirei.
Léger clin d'œil.
— Je comptais faire les modifications dans mon coin, mais j’abandonne cette idée. Que dirais-tu de m’épauler ?
- Spoiler:
- Quatrième étape : Meiun montre les plans (2e étape) qu'il a réalisé à un expert du Kugutsu. Le Monzaemon a participé aux assauts de l’Arbre-Monde aux côtés de Chikamatsu, puis à la création de l’armée d’argile. Le retraité corrige les plans et se chargera de le seconder dans son actualisation.
#4
Expérimentation
Au-dessus du cadavre mécanisé, le père et son fils auscultent leur patient. Les doigts glissent sur l’écorce sacrée de l’Arbre-Monde. Les deux adeptes des arcanes du Kugutsu respectent énormément cette pièce unique, cet œuvre d’art arraché au fossile tutélaire de Kaze. Apprenti et maître répètent les mêmes mouvements ; le symbole d’une formation maîtrisée. Avant de porter le moindre accroc à ce corps parfait, il est vital de se questionner sur une kyrielle d’informations : quel angle, quelle profondeur, quelle coupe, etc…
Un mouvement trop brut et la marionnette sera vouée à la déchetterie, complètement inutilisable. Pour les arcanes du Kugutsu, l’excroissance du Sekaiju est aussi sublime que fragile. A l’image de la porcelaine dont la beauté envoûte les regards portés, le pantin illumine les faciès des deux benêts. Au carrefour des réussites célèbres et des échecs cuisants. aucun des deux n’oublie l’importance de la tâche monumentale qui les guette.
— J’ai les mains qui tremblent.
— Mange une datte..
— Toujours un calme olympien, grand-père.
— Plus rien ne peut me surprendre, je suis père de huit enfants, grand-père de dix-neufs petits enfants, ancien révolutionnaire, compagnon de Chikamatsu et maître d’un clown, tu sais.
— Tu parles ! Je vois tes mains qui tremblent aussi, tu sais ?
— Oui, bon, ce n’est pas une mince affaire.
— Tu vivais les mêmes sensations avec Sozen ?
— Pire encore !
— Pire ? Attends. Comment ça pire ? Je pensais que ma marionnette était absolue.
— Elle est humaine ?
— Non.
— Elle permet de contrôler la poussière d’or ?
— Non...
— Elle permet de tenir tête à Rakuin ?
— Oui, bon, ça va, j’ai compris.
La joute verbale unie les deux hommes qui travaillent au millimètre près. Elle irrigue leur créativité et tonifie leur sens. Autrement dit, elle permet de se concentrer - aussi surprenant que cela puisse paraître. Les deux chirurgiens du Kugutsu, munis d’un monocle dont le verre amplifie leur vue, suppriment des quantités infinitésimales de matière. Pour un même morceau, ils s’y prennent plus d’une dizaine de fois. Par ce procédé, hautement chronophage, ils s’assurent d'éviter toute précipitation, et donc de battre en brèche toute perspective d’échec.
— Je n’ai jamais autant sué de ma vie.
— Attends d’avoir des gosses mon petit, ils vont te faire courir.
Après sept heures de chirurgie à plastron ouvert, le quatrième emplacement est creusé. Le calvaire commence tout juste. Il faut encore enchâsser les nombreux rouages, pistons et mécanismes qui serviront à armer le piège : cette partie du travail est la plus ingrate. Elle appelle à une concentration absolue, au-delà de tout ce qu’un cerveau et des muscles gorgés d’acide lactique peuvent supporter. Agir, sans filet de protection, dans un environnement où l’activation inopinée d’une seule chausse-trappe réduirait à néant les efforts déployés, n’est pas à la portée de tous.
— Tu sais, quand je disais que je comptais réaliser ton rêve. Je ne mens pas.
— Tu penses égaler Monzaemon Chikamatsu, le fondateur du Kugutsu…
— ... Le Shinobi dont les capacités dépassent le commun des mortels… Je connais tes manies.
— Bien joué. C’est ce que l’on appelle une égalité.
— Je vais devenir le plus grand Marionnettiste de l’Histoire.
— Comment comptes-tu t’y prendre ? On a tous déjà essayé. Moi aussi.
— Détenir des secrets et contrôler une marionnette humaine, ce n’est pas difficile à surpasser.
— Tu veux…
— Exactement, grand-père.
— J’espère voir ça de mon vivant alors.
— Si je survis à Seirei, toi de ton côté, tu n’as pas intérêt à laisser l’âge te tuer.
Un cliquetis caractéristique retentit. La dernière composante vient d’être déposée dans le cercueil-guerrier.
Un mouvement trop brut et la marionnette sera vouée à la déchetterie, complètement inutilisable. Pour les arcanes du Kugutsu, l’excroissance du Sekaiju est aussi sublime que fragile. A l’image de la porcelaine dont la beauté envoûte les regards portés, le pantin illumine les faciès des deux benêts. Au carrefour des réussites célèbres et des échecs cuisants. aucun des deux n’oublie l’importance de la tâche monumentale qui les guette.
— J’ai les mains qui tremblent.
— Mange une datte..
— Toujours un calme olympien, grand-père.
— Plus rien ne peut me surprendre, je suis père de huit enfants, grand-père de dix-neufs petits enfants, ancien révolutionnaire, compagnon de Chikamatsu et maître d’un clown, tu sais.
— Tu parles ! Je vois tes mains qui tremblent aussi, tu sais ?
— Oui, bon, ce n’est pas une mince affaire.
— Tu vivais les mêmes sensations avec Sozen ?
— Pire encore !
— Pire ? Attends. Comment ça pire ? Je pensais que ma marionnette était absolue.
— Elle est humaine ?
— Non.
— Elle permet de contrôler la poussière d’or ?
— Non...
— Elle permet de tenir tête à Rakuin ?
— Oui, bon, ça va, j’ai compris.
La joute verbale unie les deux hommes qui travaillent au millimètre près. Elle irrigue leur créativité et tonifie leur sens. Autrement dit, elle permet de se concentrer - aussi surprenant que cela puisse paraître. Les deux chirurgiens du Kugutsu, munis d’un monocle dont le verre amplifie leur vue, suppriment des quantités infinitésimales de matière. Pour un même morceau, ils s’y prennent plus d’une dizaine de fois. Par ce procédé, hautement chronophage, ils s’assurent d'éviter toute précipitation, et donc de battre en brèche toute perspective d’échec.
— Je n’ai jamais autant sué de ma vie.
— Attends d’avoir des gosses mon petit, ils vont te faire courir.
Après sept heures de chirurgie à plastron ouvert, le quatrième emplacement est creusé. Le calvaire commence tout juste. Il faut encore enchâsser les nombreux rouages, pistons et mécanismes qui serviront à armer le piège : cette partie du travail est la plus ingrate. Elle appelle à une concentration absolue, au-delà de tout ce qu’un cerveau et des muscles gorgés d’acide lactique peuvent supporter. Agir, sans filet de protection, dans un environnement où l’activation inopinée d’une seule chausse-trappe réduirait à néant les efforts déployés, n’est pas à la portée de tous.
— Tu sais, quand je disais que je comptais réaliser ton rêve. Je ne mens pas.
— Tu penses égaler Monzaemon Chikamatsu, le fondateur du Kugutsu…
— ... Le Shinobi dont les capacités dépassent le commun des mortels… Je connais tes manies.
— Bien joué. C’est ce que l’on appelle une égalité.
— Je vais devenir le plus grand Marionnettiste de l’Histoire.
— Comment comptes-tu t’y prendre ? On a tous déjà essayé. Moi aussi.
— Détenir des secrets et contrôler une marionnette humaine, ce n’est pas difficile à surpasser.
— Tu veux…
— Exactement, grand-père.
— J’espère voir ça de mon vivant alors.
— Si je survis à Seirei, toi de ton côté, tu n’as pas intérêt à laisser l’âge te tuer.
Un cliquetis caractéristique retentit. La dernière composante vient d’être déposée dans le cercueil-guerrier.
- Spoiler:
- Cinquième étape : Meiun et son maître s'occupent de creuser un quatrième emplacement et d'y déposer les composants nécessaires pour le déploiement d'un piège. Main dans la main, ils œuvrent de concert pour perfectionner la marionnette, et ce, au prix de nombreuses et intenses heures de concentration totale.
#5
Expérimentation
Les paupières de notre aventurier se plissent. L'œuvre à quatre mains est exceptionnelle. Bien supérieure à la version initiale, grâce à l’expertise du Monzaemon. Le vétéran n’a pas pu s’empêcher de travailler sur des points non prévus par les plans de son apprenti. Une façon d’inscrire sa griffe, à même l’écorce de l’Arbre-Monde.
— Va donc ranger tes outils, je t’attends pour le test.
— Tu es sûr ?
— Oui, oui. Imagine que ça explose dans nos mains. Je ne veux pas porter la responsabilité de la perte de tes outils. On se bouge vieux père haha. Promis, je n’active rien sans toi.
— On fait comme ça.
L’homme mécanisé se redresse, récupère les différents éléments de sa panoplie et les range soigneusement dans une caisse en ivoire polie. La mallette est faite dans la dent d’un Superprédateur. Un leg de son ami et meneur, Monzaemon Chikamatsu. Il quitte Meiun l’espace de deux minutes, le temps de ranger cet artefact dans le cagibi de son arrière boutique.
L’Alchimiste d’Etat profite de cette fenêtre de tir pour lier ses mains l’une contre l’autre. Paupières closes, lèvres descellées, l’occultiste murmure une prière alchimique. Les paumes se posent contre le bois travaillé. Un éclair caractéristique, symbole de la Pierre Philosophale, apparaît ex nihilo. La charge positive, habilité exclusive des hermétistes de la Pyramide d’Ombres et de Lumière, irrigue la membrane fossilisée. L’énergie naturelle se déverse dans l’écorce du Sekaiju.
Partant, le bois se bombe, comme si la cage thoracique de la marionnette venait d’accueillir un cœur turgescent de vitalité. Entre les stries naturelles, des rainures vertes, presque turquoises, apparaissent ça et là, avant d’être intégralement bu par la soif nourricière. Lorsque la porte du cagibi se referme, le révolutionnaire se positionne derrière la création partagée. Le vieux renard remarque le changement ; le matériau d’origine semble plus neuf, presque nouveau.
— Qu’est-ce que tu as encore fait ?
— Un vrai magicien ne dévoile jamais ses secrets.
— J’ai l’impression que le bois a rajeuni, comme si tu l’avais régénéré.
— Tu ne savais pas que j’étais un Senju ? Voyons, je maîtrise le Mokuton !
— Oui, oui, et moi je suis Daiichi.
— Fais croquer une écaille, moi aussi je veux une marionnette-dragon.
— Active moi ce piège ! Je veux voir si la magie opère.
— Et… Voilà… Le… Travail !
— Va donc ranger tes outils, je t’attends pour le test.
— Tu es sûr ?
— Oui, oui. Imagine que ça explose dans nos mains. Je ne veux pas porter la responsabilité de la perte de tes outils. On se bouge vieux père haha. Promis, je n’active rien sans toi.
— On fait comme ça.
L’homme mécanisé se redresse, récupère les différents éléments de sa panoplie et les range soigneusement dans une caisse en ivoire polie. La mallette est faite dans la dent d’un Superprédateur. Un leg de son ami et meneur, Monzaemon Chikamatsu. Il quitte Meiun l’espace de deux minutes, le temps de ranger cet artefact dans le cagibi de son arrière boutique.
L’Alchimiste d’Etat profite de cette fenêtre de tir pour lier ses mains l’une contre l’autre. Paupières closes, lèvres descellées, l’occultiste murmure une prière alchimique. Les paumes se posent contre le bois travaillé. Un éclair caractéristique, symbole de la Pierre Philosophale, apparaît ex nihilo. La charge positive, habilité exclusive des hermétistes de la Pyramide d’Ombres et de Lumière, irrigue la membrane fossilisée. L’énergie naturelle se déverse dans l’écorce du Sekaiju.
Partant, le bois se bombe, comme si la cage thoracique de la marionnette venait d’accueillir un cœur turgescent de vitalité. Entre les stries naturelles, des rainures vertes, presque turquoises, apparaissent ça et là, avant d’être intégralement bu par la soif nourricière. Lorsque la porte du cagibi se referme, le révolutionnaire se positionne derrière la création partagée. Le vieux renard remarque le changement ; le matériau d’origine semble plus neuf, presque nouveau.
— Qu’est-ce que tu as encore fait ?
— Un vrai magicien ne dévoile jamais ses secrets.
— J’ai l’impression que le bois a rajeuni, comme si tu l’avais régénéré.
— Tu ne savais pas que j’étais un Senju ? Voyons, je maîtrise le Mokuton !
— Oui, oui, et moi je suis Daiichi.
— Fais croquer une écaille, moi aussi je veux une marionnette-dragon.
— Active moi ce piège ! Je veux voir si la magie opère.
— Et… Voilà… Le… Travail !
- Spoiler:
- Sixième étape : Meiun renforce le bois de sa marionnette en utilisant sa pierre philosophale. Il pose une charge qui s'illustre dans la revivification du rameau fossilisé. Cette étape finale espère renforcer la résistance de son pantin, et donc devenir apte à pouvoir supporter plus de trois pièges.
#6
Expérimentation
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