Yashi Chiku, un refuge pour les âmes errantes et les voyageurs en quête de havre, avait vu passer bien des visages. Parmi eux, un éclat singulier captiva l'attention. Comme si le soleil de Toji no Kuni avait pris vie au cœur du désert, faisant éclore une fleur au milieu de l'aridité. Une rose sur le tableau sombre de la vie, une éclatante beauté dans ce monde impitoyable. L'oracle, observateur silencieux de cette scène, percevait quelque chose d'exceptionnel dans cette femme. Elle se tenait là, son visage fermé dénotant une émotion insondable. Yuubae, avançant avec une assurance tranquille, se dirigea vers elle à travers la marée humaine qui les séparait, chacun à une extrémité de la rue animée.

C'était un tableau étrange, cette rencontre entre l'oracle et la mystérieuse inconnue. L'atmosphère était chargée d'une tension palpable, comme si le destin lui-même retenait son souffle. Les regards se croisèrent, et un échange silencieux s'instaura, où les mots étaient superflus mais les émotions intenses. Yuubae s'approcha, laissant derrière lui le flot incessant de passants. Son regard, empreint de curiosité et de bienveillance, cherchait à percer le mystère qui entourait cette femme au visage impassible. Il savait, d'une intuition profonde, que cette rencontre n'était pas le fruit du hasard.

La demoiselle, quant à elle, dégageait une aura de mystère, comme si elle portait en elle des secrets millénaires, enfouis sous une surface calme et résolue. Et alors qu'ils se tenaient là, face à face, dans le tumulte de la rue animée, le monde semblait s'arrêter. Le temps lui-même suspendit son cours, comme captivé par l'instant magique de cette rencontre improbable.Puis, d'une voix douce mais ferme, il prononça ces mots qui résonnèrent comme une mélodie enchanteresse dans l'air vibrant de la rue animée.

Plus d’un mois s'est estompé depuis son arrivée dans l’oasis de la Nome. L’argentée s'acclimata peu à peu au désert brûlant et de ses locaux dans lequel cette dernière avait fini par emménager le temps des changements. Loin du paysage forestier d’où Seika tirait ses fondations, celle-ci avait investi alors son logis en son propre terroir fertile. Cette initiative avait cependant attiré quelques regards vers elle. Cette verdure pour le moins exotique dans un lieu dont le vert avait été remplacé par le sable et sa couleur terne apportait un brin de changement qui plaisait. Quelqu'un qui avait la main verte !

Ce qui était alors devenu un simple passe-temps en attendant la suite des événements - qu’elle suivait de près - s’était alors finalement transformé en un travail rémunéré. Certains demandent alors des conseils en botanique ou simplement d’avoir leur propre petit terrain sur lequel cultiver quelque chose d’autre que des cactus. Cela la changeait de ses divers rôles qu’elle avait eu par le passé à Hi no Kuni. Une sorte de mercenaire qui offrait ses services dans des missions parfois dangereuses, la voilà désormais dans un rôle bien plus paisible, monotone. Ce fut… calme, et ce malgré les tumultes qu’elle entendait ces derniers temps quant aux agissements des pays voisins. Elle s’inquiétait aussi de la situation dans son pays natal. Devrait-elle retourner au pays du Feu ? Cette pensée n’aura guère le temps de lui traverser entre deux pots qu’une voix l’interpelle. Focalisée dans son petit monde, l’Hijine se tourne sur l’individu à la peau halé, l’observant d’un œil - un cache-oeil remplace le second - pour juger la personne.




Arrivée ici récemment, Seika se voyait avant tout comme une étrangère dans ce village, une de ces rescapées qui abuse de l’hospitalité de ses hôtes, bien différente des locaux malgré qu’elle en portait désormais la tenue pour se mêler à ces derniers.

Les premiers mots qui franchirent les lèvres de la belle demoiselle trahissaient à peine les tourments qui agitaient son esprit. Perdue entre les méandres du bien et du mal, son être semblait prisonnier d'un tumulte où passé, présent et futur s'entremêlaient dans une danse chaotique. C'était un sentiment de confusion, d'embarras, qui pesait sur elle, rendant le chemin vers la clarté plus ardu lorsqu'on se sentait seul. Pourtant, ici, dans l'enceinte accueillante de Yashi Chiku, elle trouvait un réconfort inattendu, une oasis au cœur de ses tourments.

Le Nome de la Palmeraie incarnait bien plus qu'une simple cité. C'était un refuge, un sanctuaire où les âmes égarées pouvaient trouver un havre de paix et de rédemption. Son essence même était imprégnée de cet esprit de renouveau, de cette volonté farouche d'apporter un souffle nouveau à ceux qui en avaient besoin. C'était un creuset où se mêlaient les destins, où chaque individu avait sa place et son rôle à jouer dans le grand théâtre de la vie.Si la demoiselle se trouvait là, c'était sans doute parce qu'elle avait trouvé en ces lieux un foyer, une nouvelle raison d'espérer, peut-être même un moyen de redonner à la communauté qui l'avait si généreusement accueillie.



Transmettant ce message de réconfort à travers des mots empreints de douceur. Avec une sincérité touchante, il admit que ce n'était pas tant son aide qu'il l'intéressait, mais plutôt sa curiosité qui l'avait conduit à elle.Il lui confessa que sa présence, comme un éclat de lumière dans le paysage désolé, avait éveillé en lui un intérêt irrésistible. Sa beauté singulière et sa présence énigmatique étaient autant de mystères à explorer, des énigmes à résoudre pour un esprit avide de comprendre le monde qui l'entourait.



Lâcha-t-il avec un sourire, avant de conclure par le dévoilement de son identité.

Dans un premier temps, la demoiselle vint à hausser des sourcils aux paroles du nouvel arrivant, quelque peu hébétée par ce qu’elle venait d’entendre des lèvres de celui-ci. Elle se demandait ce que voulait cet individu par ces remarques flatteuses qui ressemblaient à une vaine tentative de séduction. Si l’argentée ne dit rien au départ en laissant cela sur le fruit d’un malentendu issu de son imagination que trop grande, très vite cette graine d’incertitude devient une conviction. Finalement, quand ce dernier finira par se présenter, l’étrangère fera de même en retour.



C’était sous ce prénom peu recherché qu’elle se faisait nommer dans ces lieux afin de ne pas attirer les regards de ses ennemis vers l’argentée. Déjà que ses origines du clan détenant le Mokuton devenaient une source de discussion quelque peu problématiques pour ses oreilles, révéler son nom pourrait causer bien des soucis pour sa personne, mais aussi pour ceux vivant ici. Celle-ci ne savait guère la manière à laquelle la vengeance et la lubie du pouvoir pouvaient transformer la morale des hommes et Seika ne voulait guère savoir cela. Pour le moment, la demoiselle préférait alors réduire au silence son identité au profit d'informations fictives.



Elle dissémine cette réponse avec un brin de gentillesse dans sa voix afin de dissimuler au mieux cette pointe d’agacement sur son visage, peu réceptif aux propos de l’halé. Dès lors, son attention se reporte vers son chez elle, sa décoration aussi triviale que sauvage soit-elle. On ne parlait rien de plus qu’un amas de vignes ayant réussi à s’immiscer sur les parois en terre cuite de sa bâtisse, accompagnée de grappes de raisin auquel la demoiselle s’adonnait à les cueillir
dans un conteneur pour ne pas les laisser pourrir.



Pour résorber toutes ces belles paroles provenant des lèvres de l’homme, elle offre alors cette boîte de raisins verts fraîchement cueillie en gage d’hospitalité.

La blondine aux pupilles écarlates se présenta ainsi sous le prénom de "Seimei". Un nom aussi original que la demoiselle qui le portait, une énigme vivante. Cependant, malgré les paroles enchanteresses de l'oracle, Seimei semblait rester imperméable à ses compliments. Ses paroles semblaient même indiquer une volonté de mettre fin à la discussion. Il était conscient que ses mots pourraient être interprétés comme une tentative de séduction, surtout en présence d'une princesse d'une telle beauté. Mais en réalité, derrière cette façade de gentillesse, l'oracle cherchait avant tout à témoigner de ses bonnes intentions, à instaurer une atmosphère de paix et de sérénité.

Il percevait un trouble latent dans le regard de la belle, un écho de tourments intérieurs qu'elle semblait vouloir dissimuler aux yeux du monde. Et c'était précisément cette inquiétude qui l'animait, qui le poussait à lui offrir son soutien et sa compassion. Car au-delà des apparences, au-delà de la beauté éclatante de Seimei, il discernait une âme en quête de réconfort et de compréhension. Ainsi, chacun de ses mots, chacun de ses gestes, étaient empreints d'une sincérité désintéressée, d'un désir ardent d'apaiser les tourments qui agitaient le cœur de la jeune femme. Car l'oracle savait que parfois, les mots les plus simples pouvaient être les plus réconfortants, que la présence silencieuse d'un ami pouvait dissiper les nuages sombres qui obscurcissaient l'horizon.



Pourtant, à peine avait-elle semblé vouloir couper court que Seimei revenait déjà à la parole, offrant une grappe de fruit fraîchement cueillis. Yuubae, empreint de grâce, accepta l'offre avec reconnaissance.



Yuubae n'avait pu oublier le fait que Seimei n'était présente que depuis quelques semaines dans les environs. Lui-même, absorbé par de nombreuses tâches ces derniers temps, venait tout juste de revenir dans son village résidentiel. Ce court échange témoignait de la complexité des relations humaines, de la manière dont les individus naviguent entre confiance et méfiance, entre ouverture et réserve. Pour Yuubae, cette rencontre avec Seimei était comme un miroir tendu vers son âme, lui rappelant la fragilité de la communication humaine et la nécessité de cultiver patience et compréhension dans ses interactions avec les autres. Et même si leurs chemins semblaient diverger pour l'instant, il était convaincu que le temps finirait par révéler des liens invisibles qui les unissaient.

La demoiselle hocha légèrement la tête en signe d'acceptation aux excuses de Yuubae, préférant passer outre plutôt que de s'attarder sur des malentendus qui ne pourrait que l’embêter d’autant plus. À naviguer dans les eaux troubles dont Seika n’en avait guère le contrôle, s’attarder sur la moindre des choses aspirent seulement son énergie inutilement. Lorsque Yuubae exprima son étonnement devant le fait que Seika cultivait elle-même les fruits qu’elle avait cueilli, celle-ci se mit à sourire pour répondre avec un petit air énigmatique. répondit avec un léger sourire énigmatique.

- Oui, en effet. J'ai toujours trouvé du réconfort dans le contact avec la terre. Cultiver ces fruits est une façon pour moi de me sentir en harmonie avec la nature qui m'entoure.

Même si réticente dans un premier temps, l’Hijine accepta finalement l'invitation de Yuubae à poursuivre leur discussion par une balade. Elle était curieuse d'en apprendre davantage sur les environs de Yashi Chiku, mais surtout, elle voyait cette occasion comme une opportunité de sonder discrètement ce natif du village et de l'organisation qui en découlait : Nisshoku. Si cette femme qu’elle avait rencontrée plusieurs semaines plus tôt avait décrits les lieux comme une terre d’accueil, il y avait toujours un doute, des questions qui persistent. La curiosité est une qualité mais aussi un défaut que la demoiselle détenait, qu’elle avait besoin d’assouvir avant de s’engager.

-  Ce pays est véritablement différent de ceux que j’ai pu voir par le passé. Le sable aussi chaud que le soleil qui surplombe le ciel, ces odeurs d’épices qui titillent mon odorat… Je suppose que j’ai encore beaucoup de choses à voir.

Avide de grandes escapades loin de tout ce qu’elle avait l’habitude de voir dans le manteau végétale de son pays d’origine, néanmoins ces dernières se virent grandement réduite à cause des récents événements qui la suit à la trace. La vagabonde ne comptait pas rester éternellement dans cette situation,  mais ne pouvait pour le moment se permettre de voguer seule.

- Qu’est-ce donc ce village pour vous ? Je suppose qu’il doit représenter beaucoup, si vous êtes originaire de cette région.

Doucement, la borgne se permet quelques questions plus intrusives, alternant son regard vers les rues animées par les habitants qui y vivaient et celui qu’elle accompagnait, sans toucher pour le moment à l’offrande faite plus tôt.

- Avec les récents événements, ajouta-t-elle en amenant Tsuchi no Kuni et Kaze no Kuni dans l’équation, cela ne doit pas être facile. J’ai cru entendre que pour le moment, les frontières avaient été stabilisées. Mais pour combien de temps encore ?

Cela l’inquiète quelque peu, se sentant concernée par la situation. Seika s’inquiétait aussi de la situation à Hi no Kuni dont elle n’avait pu guère prendre de nouvelles depuis sa venue jusqu’ici. Elle avait entendu dire que des assauts à la baie du pays avaient été engagés par les Homme de l’Eau. De manière générale, la guerre froide s'estompent peu à peu pour laisser place à nouveau aux effusions de sang.