T’as joué au con mon p’tit vieux. Non, non, non ça ne sert à rien de me regarder comme ça. D’ailleurs, est-ce que ses yeux sont ouverts ou c’est moi qui a cogné trop fort ? Kazu-zu me le répète souvent. « Chien-Fou, t’es trop dur avec mes consommateurs ». « Chien-Fou, tu fais peur à mes filles ». Chien-Fou par ci, Chien-Fou par là… J’ai le manche de Kubikiribocho trop lourd. Je sais. La tempe de ce type, à force de tâter le tsuka de mon petit bébé, ne pouvait pas dire le contraire. Bon... Pas sûr qu’il puisse parler non plus vu les dents qui jonchent le sol, et ses yeux trop tuméfiés pour déceler la lumière de l’arrière-salle de l’Elysée.

« Répète après moi. Ne. Pas. Frapper. Nos. Femmes. De. Réconfort. »

« Par-Pardon Kyoken-sama. Je n-... »

Le manche de Kubikiribocho défonce sa mâchoire. Putain mais qu'est-ce que ce chien ne comprend pas ? Il doit juste répéter ma phrase. Lui ai-je demandé de citer mon prénom ? De mon raconter sa vie ? Je dois lui parler en woof-woof ? Pour être sûr qu’il a bien compris la leçon, j’écrase une seconde fois le manche de mon bébé contre son arcade sourcilière. Elle me récompense d’une pluie d’hémoglobine. Ah que j’aime mon travail. Je m’autorise une petite folie et chasse la perle de sang sous mon œil pour la porter à mes lèvres. Quel délice. Chop-chop, j’ai pas toute la journée non plus. Kagaya va encore me soûler avec ses questions de profit, de combines alambiquées à base de transfert d’argent vers Hametsu ou, de « non, mais tu comprends, le marché du grand banditisme connaît un essor important depuis l’apparition d’Ido-Shima ». Qui peut croire qu’un lézard de quatre cent mètres a voulu atomiser la ligne Chowa - Kaze. Quatre cent mètres. C’est haut comme… Pfiou.

« La prochaine fois, je te coupe un doigt. Compris ? »

Il dodeline de la tête… Ou il souffre ? Difficile à dire vu l’état du truc.

« Répète après moi. Ne. Pas. Fra-pper. Nos. Femmes. De. Ré-con-fort. Pense bien à ce que je viens de te dire. Ok. »

« Pitié Kyoken-sama… J’ai une famille à nourrir… »

Un soupir s’échappe de mes bronches. Pour tout vous dire, j’avais pas spécialement d'intérêt à aller si loin, même si hey, on ne refuse jamais un nouveau doigt à sa collection. Il a décidé de jouer au con. Jouons au con. Le doux crissement d’une arme de guerre qui pénètre son fourreau berce mes oreilles. Délicatement, je passe derrière le comique qui a tabassé quatre filles de joie. Les phalanges de ma prothèse trifouillent le barda. Il me faut un kunaï pour l’heureux élu. Une seconde passe, puis deux, et à la troisième je comprends que Kazu-zu a dû fouiller mon sanctuaire pour s’ouvrir les veines et s’injecter sa dose. Tant pis pour son client, un makibishi fera l’affaire. J’enroule ma main autour de sa bouche pour étouffer ses cris. Il ne faut pas que les ébats au-dessus de nous s'arrêtent sous prétexte que je punis - encore - un débiteur.

« Tu sais… C’est ma première fois avec des makibichi. On va découvrir ça tous les deux. J’en ai presque des papillons dans le ventre. Si tu ne sombre pas dans l’inconscience ou si tu ne meurs pas après t’être vidé de ton sang, je vais te montrer ma collection de colliers de doigts. »

Les yeux du gorille s’écarquillent à la vue du makibishi qui frôle ses joues, caresse sa glotte et défile vers sa main. Le bougre n’a aucune chance : de nombreuses cordes épaisses le clouent à la chaise. Il est mon os, et Chien-Fou s’apprête à jouer avec son jouet. Tiens. Un nouvel homophone a ajouté à ma collection. Sans me faire prier, j’enfonce l’étoile de métal à la base de son pouce. Pas facile vu la taille de l'engin. Après deux évanouissements et seize cris étouffés, je récupère mon petit trésor et le glisse dans la poche intérieure de ma veste, qui se tâche concomitamment. Bien, il est temps d-... La porte du cagibi vole en éclats suite à l’expulsion - je présume - d’une paume du Hakke. La lumière du salon Shinnin - le QG - dévore les ténèbres de mon donjon solitaire.

« LES GARS. Quand je bosse. ON. NE. ME. DERANGE. PAS. Bordel, faut le dire combien de fois. »

Mes oreilles ont toujours été habituées aux bruits. Que ce soit celui de mes filles à l’étage, des bagarres entre mon Kasumi et mon Kagaya ou les cris d’horreurs des victimes de mon Kyo. Les voix elles, me chantent une chanson agréable, c’est toujours mieux que les fois où elles hurlent ou rigolent. Aujourd’hui, j’avais droit à des hurlements de douleur, dans l’antre de mon Chien-fou. Mais la chanson m’aidait à me concentrer, l’encensier diffuse en continu mon chef-d’œuvre, pour ne pas manquer de faire profiter tout le monde de ma création. C'est comme mes yeux, c'était vraiment amusant de pouvoir tout voir. Je vois mes filles en train de travailler, mon Kyo en train de... travailler aussi, d'une autre façon. Je peux surveiller ce que fait Kagaya, tout ça sans bouger d'un pouce. J'avais terminé de me charcuter le bras pour tester ma nouvelle trouvaille, la forme huilée était très efficace une fois injectée, je serais presque tentée de rejoindre les filles. Mais je pense qu'en faire une poudre peut-être beaucoup mieux, ça permettrait d'en glisser dans le repas des filles avant leurs services, elles seront moins chiantes.

Je récupère les feuilles, je les détruit, j'ajoute une goutte de mon sang - ça colore, hihi - je mélange avec la poudre faite de l'autre fleur et... BOUM ! Le chat venait de tout faire sauter, en s'amusant avec moi à broyer les fleurs. Putain de chat, je ne l'avais pas vu. En plus, il s'est fait la malle, mais je sais que c'est sa faute. Mais ça me donnait presque une idée : des putains d'explosifs, c'est une idée géniale. Pas si con le chat.

Je me retrouve le visage rempli de poudre, j'en éternue presque. J’entend déjà mon Kyo : « Kazu-zu, t’as encore embaumé tous l’étage putain ! ». Il dit que ça “nuit au bon fonctionnement de son travail”, je pense qu’un cobaye endormi est encore plus amusant à torturer. Le voir découvrir l’état de son corps une fois réveillé, un délice.

Mon kiseru s’engouffre entre mes lèvres, m’offrant une bouffée que je méritais selon moi. L’encensier ne diffusait pas assez selon moi, les voix étaient bien trop faibles, et puis ce mur me paraissait trop sombre, je préfère quand il a ses jolis dessins. Ça s'agite vers l'antre de mon Kyo, je l'observais depuis mon atelier, ce pauvre homme subir toutes ces violences. Mais il l'avait mérité. Et puis, j'avais vu que mon Kasumi était rentré, lui aussi, une excellente nouvelle. J'allais pouvoir lui présenter mon nouvel enfant. Pas au sens littéral, je parle de ma nouvelle tisane. j'ai pas de vrais enfants je crois, ou alors je l'ai oublié. C'est pas important. J'emporte l'encensier avec moi pour l'accrocher dans la pièce principale de l'Élysée, réservée évidemment aux membres privilégiés de mon établissement - à savoir mes chouchous.

Voilà que le sol se transforme en vague et m'emporte un peu plus loin, dos contre lui. Soudainement, le sol m'apparaît comme un gigantesque lit moelleux, je plisse mon regard et laisse tout mon corps se détendre sur la douceur incarnée qu’est ce nid douillet, il est même d’une chaleur certaine. J'avais oublié que j'avais fais installé ça ici, soit, je suis un peu fatiguée. J’avais une vue parfaite sur mon bras et le sang qui s’en écoulait, c’est drôle de voir l’abondance de sang dans le corps humain. Les cris de Chien-fou et les coups raisonnent soudainement, les garçons sont encore en train de se disputer, je ne les comprend vraiment pas, pourquoi ils marchent sur le lit ? Ils devraient venir s'allonger avec moi.

« T’es tendu mon Kyo, termine de lui péter la gueule et viens te détendre. Tu savais que le sol était aussi moelleux ? »

Je profite du confort du sol, enfin du lit, je ne sais plus. J'ai l'impression de m'y enfoncer, c'est vraiment agréable, j'espère que les garçons viendront. Je regarde ensuite le bandage qui couvre ma poitrine, en fait j'arrive pas à le voir, il est tout petit ! C'est drôle comment le monde change.

« Le chat a encore abimé mes vêtements. Je suis sûre que c'est lui... »

J’étais persuadée que quand je l’ai mis ce matin, il était à ma taille. Et le chat, il s’amusait avec mon herbe tout à l’heure. Il avait disparu, cet enfoiré s’était payé ma tête. Je savais qu’il ne fallait pas faire confiance aux chats. Il a fait péter ma poudre et a rétrécit mes vêtements. J'en oublie presque les gueulades de mes frères, toute façon ils ne veulent pas me rejoindre, alors je vais profiter toute seule de ce gigantesque lit. Si Kyo ne vient pas, peut-être que Kasumi oui. Sinon je forcerais Kagaya.

Une dure journée s'annonçait aujourd'hui, alors pour m'y préparer correctement, j'avais emmené quelques filles de joie avec moi à l'étage, histoire de me décontracter un peu le poireau chargé depuis quoi... 8 heures maintenant ? Bref. Big Kiseru chargé de substances exotiques de ma sœur, j'enfumais le bureau de toute part, me prélassant tranquillement sur mon fauteuil nacré d'or dérobé. Trois filles me léchaient le torse et deux autres se retrouvaient sur mes bijoux de famille. Quoi, tu veux un dessin ? T'inquiète, j'ai pas oublié mon taf. Entre deux va-et-vient et une taf de frappe, je refaisais les comptes, mais j'avoue que ma tête était ailleurs. En plus, il y avait un boucan de malade de l'autre côté qui, je t'avoue, commençait à me casser les bonbons parce que déjà, ça déconcentrait les meufs et elles mettaient les dents ! Je suis sûr que c'est encore Kyo qui faisait des siennes. Va falloir aller mettre un peu d'ordre dans tout ce bordel.

Dix minutes plus tard, je terminais inlassablement les raclis et les laissais dans les doux bras de Morphée, mais je ne ressentais pas le même plaisir habituel. Quelque chose manquait dans la recette, et je n'aimais pas ça. Les peaux de Seirei que Kasumi devait ramener n'étaient toujours pas là, et j'avais déjà payé les gars chargés de les revendre pour moi. Ce Kasumi, il commence à partir un peu en sucette, je vais devoir lui rappeler qui est le patron. Le bruit persistait, impossible de l'ignorer. Aaaaaaah bordel... que vais-je faire ? Je ne peux pas me permettre que mes affaires coulent, il est temps de régler cette histoire une bonne fois pour toutes. Je me lève de mon fauteuil, le regard dur et déterminé. Je vais personnellement m'occuper de cette nuisance. C'est l'heure de rétablir l'ordre et de faire respecter ma suprématie dans ce territoire.

D'une paume du Hakke violente, j'envoie la porte voler en éclat. Mes yeux se posent sur la salle et bien évidemment, Kyo tabasse un mec et Kazu se la coule douce. Et l'autre, il est où ? S'il croit qu'il va échapper aux problèmes... LOL.

« LES GARS. Quand je bosse. ON. NE. ME. DERANGE. PAS. Bordel, faut le dire combien de fois. »

Le poing serré, j'avais qu'une envie, c'était de faire une tête au carré tout le monde, sans exception. Bon, peut-être pas Kazu, parce qu'en vrai, c'est trop ma reuss et elle assure grave dans le business de la frappe.

« Écoutez-moi bien, bande d'enculés ! Je ne tolérerai pas un tel amateurisme dans mes affaires. Vous pensez pouvoir vous la jouer tranquille pendant que je gère tout le bordel ici ? MA BITE OUAIS ! ! Si vous ne remettez pas de l'ordre  immédiatement, je vous jure que ça part en couilles. Je ne suis pas ici pour jouer aux billes wesh, ça y est. C'est notre réputation qui est en jeu les frères, et je ne laisserai personne la salir. Alors, bougez-vous le cul et faites ce que vous avez à faire. »

Un petit regard se faufile sur ma sœur, la voyant dans un état pas possible, j'me dis que c'est peine perdue pour aujourd'hui, j'allais la laisser tranquille. Mais Kyo ? Lui ! Hum, il va regretter d'avoir croisé ma route aujourd'hui.

« Putain, Kyo ! T'as tout niqué encore une fois ! Regarde-moi ce bordel, t'as tâché le sol de sang. Tu vas nettoyer ça immédiatement, et je veux que ça brille comme une putain de piste de danse ! Oh j'ai juré vous commencé à me gonfler tah sah ! D'ailleurs, Il est où l'autre ? Il s'tape des quiches ou quoi ? Ça fait une semaine j'attends les peaux de Seirei, sa mère. J'vais l'goomer lui aussi il commence à faire des trucs chelous... Bref ! »

Ouais, j'suis un peu bipolaire sur les bords j'avoue. Mon poing frappe la paume de ma main et, un sourire narquois s'affiche sur mon visage. Même si la recette de la semaine n'est pas bonne, j'ai quand même une bonne nouvelle à annoncer.

« Écoutez-moi tous ! J'ai une bonne nouvelle à vous annoncer. Nous allons étendre notre territoire et consolider notre emprise. Une descente est bientôt organisée. Nous montrerons à tous qui sont les vrais boss ici. J'ai entendu dire qu'il y avait un quartier pas trop mal et que y'avait v'là du biff. ET LE BIFF, C'EST ÇA QU'ON VEUT ! »

Deux mois. Deux foutus mois que le Vieux Père m'as envoyé chercher ses putains de fourrures de merde. Il est persuadé que ça se trouve en une semaine, que je peux allez frapper à la porte des Esprits-Gardiens et leur demander une touffe de poils pour ma collection. C'est un baisé. Heureusement j'avais pu compter sur les douceurs de Kazu-kun pour me détendre. J'ai cherché partout, j'ai écumé tous les marchés frauduleux de chaque foutu pays. Rien. Alors j'ai trouvé une autre solution, toute façon il sors jamais de son repaire, et ses acheteurs ils sont tous beaucoup trop bête pour cramer que je vais leur vendre de la merde. De belles fourrures de biches, sur lesquelles j'ai cousues du lila, de l'amaryllis, des roses rouges et de la lavande. J'ai collé quelques branches un peu stylée que j'ai trouvé sur la route et bim, les voilà tes peaux de Seirei.

Je sifflotais un petit air guilleret en déambulant sur les routes proches de la frontière de la Cité-État, mettant quelques coups de dagues entre les yeux des petits rongeurs qui croisaient ma route. J'avais même pas faim, juste comme ça, pour le fun quoi. Franchement, si j'avais pas besoin de me ravitailler en marchandises et rendre des comptes aux gars de Takeshi, croyez-moi bien que je serais restez loin de ces mecs-là. Bon j'étais quand même content de revoir Kazu, même si chaque fois que je passe elle me prend pour une hallucination.

Par contre, qu'il aille se faire mettre avec ses peaux, j'avais trouvé un truc bien plus sympa qui saurait leur taper dans l'œil : une FleurIsLava. J'ai galéré à la trouver. C'est une petite fleur rouge, qui ressemble à une rose, mais ses pétales sont composées de lave et lorsqu'elles sont assez nombreuses, elles attirent les rivières magmatiques vers elle. C'est pas un truc de fou ça ? Bon. On va pas se mentir c'est juste une fleur que j'ai choppé à la frontière de Tsuchi, mais tranquille ils vont kiffer.

J'arrivais aux portes de l'Élysée, passant devant les quelques clients qui attendaient à l'entrée. Je saluais les gars qui s'occupait de la protection des filles, tandis que j'allais rejoindre le repaire familial. La main posé sur la poignée, mon dos recouvert d'une énorme besace remplie de mes trésors.

« J'ai juste pris un peu d'retard, salut les enfants, papa est d'retour ! »

Mes pupilles se posent sur la scène face à moi. Kagaya qui gueule à moitié à poil, Kyo qui as les mains ensanglantée à force de tabasser un mec, Kazu... Qui fait du Kazu, allongée sur le sol. Bienvenue dans ma famille.

Vieux Père apparaît dans l’encadrure de mon donjon solitaire. L’handicapé du Clan Shinnin s’excite et subit la valse de ses sautes d’humeur. Le fou débite un tas de paroles - et ne comprend pas, sans aucun doute, la moitié de ce qu’il raconte. Mon regard se porte sur le chef qui tape dans la poudre de Kazu-zu, puis sur ma proie. Je répète ce manège deux, trois fois, histoire de bien comprendre ce qu’il vient d’oser faire. A-t-il tenté de saper ma renommée, devant un consommateur qui a massacré nos travailleuses ? Ce guignol parle d’amateurisme ? Vieux Père ne changera jamais. Toujours là à me prendre pour exemple et à tenter de dompter les autres par ses joutes verbales. Hélas pour lui, les deux neurones qui lui restent ne fonctionnent plus depuis bien longtemps. Elle est loin l’époque où il n’était qu’un ami imaginaire.

La survie du Vieux Père ne tient qu’à un fil. Les litres de sang, qui se sont écoulés de la phalange amputée, ont noyé mon otage dans les flots de l’inconscience. Index et majeur se lient pour tâter son pouls. Heure du décès : 10h47. Le pion des Tora Chikai aura résisté un peu plus d’une demi-heure. Je récupère mon barda militaire d’une main, Kubikiribocho de l’autre et quitte les lieux du crime. Mon regard s’enflamme, je le sens, il le sait. Dans cet état d’entre-deux, la moindre étincelle peut embraser mes poings. Je ne suis pas Kazu-zu, ni Ka(t)sumi. Des trois Shinnin, Vieux Père est le seul à connaître la montagne de macchabées que j’ai laissé dans mon sillage depuis que nous œuvrons pour Takeshi.

Face à face. Mon corps s’arrête devant la tête pensante du Clan. Nos fronts se touchent presque, nos regards se fondent l'un dans l'autre. La folie du Shinnin, ou ses drogues, ne lui excusent pas tout. Cette année, nous avons posé les premières pierres de notre Empire. L’Elysée, et les divers services annexes, renflouent les caisses de l’établissement. Vieux Père a perdu la notion de la réalité depuis qu’il côtoie tous ces ryos et toutes ces femmes. Son esprit s’est enhardi plus qu’outre mesure. Il est sur le Toit du Monde. Or, il omet que toutes les routes menant au Clan Shinnin passent par moi. Je suis le putain de monstre qui veille sur leurs trois façons de commercer. Je suis l’émissaire de la Mort. Une cible, une lame, un mort. Je veille sur ces ingrats depuis six ans. Ils n’ont plus jamais connu la faim, la soif ou un quelconque mal. J’ai détruit des centaines de mâchoires pour un regard de travers. Chien-Fou gère la difficulté. Les Shinnin se remplissent les poches d’argents et de femmes. Un deal honnête.

« Vieux Père. Je te respecte car tu me nourris de victimes et que tu es un handicapé. J’ai pas oublié ta gueule brûlée à l’acide. Calme toi. Redescends. N’oublie pas qui t’as sauvé la vie dans ta cellule qui puait la pisse. Cette vie que je t’ai offerte… Je peux te la reprendre. »

Mon corps s’arrache de l’isoloir et gagne la table centrale - celle qui sert à compter les sachets de drogues, les billets de ryos, mais aussi à jouer au poker et parfois à torturer un mec, voire à secouer une femme. Je dépose mon attirail sur elle. Une profonde expiration quitte mes bronches. Jadis, les samouraïs de Tetsu cultivaient l’art du Zen. L’on raconte qu’ils maîtrisaient leurs émotions et étaient capables de prouesses martiales inconcevables aujourd’hui…

« Kazu-zu, déroule ma carte. On t’écoute tous. »

Ils n’ont rien compris, et c’est pour cela que l’Empire de la Roche les a tous exterminés. Dans ce Continent, où seul le plus fort dicte sa loi, il est risible de se limer les crocs. Ma rage explose et propulse mon corps vers Kagaya - à ce moment-là, je ne souhaite qu’une chose : retirer ses globes oculaires avec mes doigts, enfoncer mes crocs dans sa jugulaire et lui ôter le souffle de la vie. En somme, le détruire, l’exterminer, l’annihiler, l’atomiser, l’oblitérer. J’écrase mon poing droit, de toute ma force, vers son plexus solaire. Le crochet fulgurant révèle un objet singulier, qui réfléchit la lumière. En déposant mon sac sur la table, un kunai s’est retrouvé - par hasard - dans ma main. Je compte clairement le planter, sûrement cinq ou six fois, histoire qu’il assimile que son travail, c’est les comptes de la Famille, et rien d’autre.

Ils recommencent à gueuler. Habituel vous me direz, et après on s'étonne que je préfère écouter mes chansons que de les entendre brailler. Mais même quand ils étaient gosses, c'était pa-reil. Mais bon, j'ai autre à faire, genre observer le tableau qui venait d'apparaître à la place de la porte, c'est drôle comme il paraissait si réel. La silhouette commença a bouger, elle s'avançait vers la lumière et c'est là que je reconnais...

« Kasumi ! »

Je me redresse, mon préféré était arrivé - la vérité c'est que je disais à chacun qu'ils étaient mes préférés, car c'est une part de ce qui est vrai. Je voyais mon Kyo tous les jours, et il était mon préféré parce qu'il testait mes créations sans jamais râler ; Kaga comprenait mes idées pour ce qui est de la gestion de la famille ; Kasumi, était souvent dehors, mais il écoulait mes créations : donc en plus d'avoir ma part du fric, je le voyais rarement. Le lit avait de toute façon disparu, mon corps retrouve un peu de ses forces, peut-être étais-ce parce que j'avais arrêté de vider la totalité de mon sang par terre, de toute façon une fille viendra nettoyer. Chien-fou et Kaga' avaient l'air de bien s'amuser ensemble, mais ils étaient trop bruyant, je me dirige vers le troisième frère et enroule mon bras autour de son buste, depuis son dos en posant ma main à plat. Je pose mon visage contre son épaule, mes yeux observent les altercations entre les deux autres garçons alors que je reste accroché à mon frère. Pour me confesser, il me servait surtout pas à tomber, parce que le sol était devenu vraiment instable. Je serre ma main sur le torse de Kasumi pour m'empêcher de tomber.

« Woow... Tu m'as manqué Kasu'. »

Je souris, mais rapidement cet instant avec mon frère est coupé. Faut que je travaille c'est ça ? Je secoue mon visage, j'engouffre ma main dans mon hakama pour trouver l'une de mes doses, je me chope une petite ampoule que je brise avant de la boire, mon autre bras toujours accroché à Kasumi. Entre mes doigts, j'en avait tiré une autre que je tend à Kasumi avant de me défaire de lui, un peu agaçée; mais Eros me permettait de supporter cette frustration. Puis, je me permettais d'ajouter quelques petites spécificités pour moi même.* Je m'avance vers le reste de mes frères, reprenant pied sur le sol puisqu'il était soudainement redevenu normal.

« Ouais, y'a intérêt. »

J'ai l'impression d'avoir jeté un froid. Ou alors j'ai peut-être froid. J'étais bien contre Kasumi.

« Bon. Je crois que les chiffres vont assez bien. J'ai toujours autant de client, et mes filles se portent bien. Je compte travailler sur un nouveau prototype. Mon Kyo, je crois que j'ai fais le compte pour tes trucs, c'est pas mal. Je devrais filer ça à Kagaya, avec les registres de mes entrées. Kasu.... t'as un truc pour nous ? Une nouvelle trouvaille ? Je sais que t'écoules bien les marchandises. »

Je frappe mes mains entre elles, le bruit me sort de la torpeur d'Achéron : je savais être sérieuse oui, même si mes frères me prennent pour une grosse toxico. Ils pensent que je ne les entendent pas ? Je les toise, chacun d'entre eux ; je déteste quand on est pas attentif à ce que je dis, quand je travaille et que je dois proposer un truc, on m'écoute. Je comprend mieux pourquoi les gamines m'appellent Maman parfois, certaines osent même me dire que je fais peur, je comprend pas je suis pourtant aussi douce qu'Hypnos. Tiens ça me donne une idée... j'en parlerais à Mon Kyo.

« Vois plus loin. Il faut qu'on s'impose dans toute la Cité. »

Je déroule la carte de mon frère, pour visualiser un peu mieux l'ensemble de la cité de l'Abondance, j'accroche cette dernière sur le support le plus proche avec quelques épingles que je tire de mes cheveux. J'en tire d'autres pour montrer les points intéressants : je pique notre position et les trois autres quartiers.

« Faut qu'on optimise. J'ai déjà l'Élysée ici, mais vous devez aussi choper un établissement. Kasu, mon chéri, tu pourrais écouler tes trouvailles dans le quartier des services ; les gens ils aiment bien acheter des trucs non ? Une boutique, ça pourrait faire à la fois une rentrée d'argent supplémentaire et faire connaître tes marchandises. Kagaya-adoré, pour optimiser le fric, faudrait magouiller : j'te verrais bien choper quelque chose au quartier des hasards, tu créer un nouveau genre de pari et tu détournes les fonds. Essayer un système de pyramide en trouvant des hommes de mains. Mon Kyo, il te resterait le quartier des Rituels, ça peut-être une bonne idée pour nous installer, tu pourrais t'y aménager de quoi continuer proprement tes missions, plus facilement qu'ici. J'aimerais récupérer un autre établissement, pour embaucher plus de filles. Peut-être même des mecs, ça élargirait mes horizons. »

Ces moments de sérieux m'étonnent moi même, mais quand il fallait parler affaire j'aimais pas me la couler douce. Éros me permettait de me calmer - même si sur les autres ça les excitait plus qu'autre chose.

« Vous avez un truc à dire ? »


*Juinjutsu Hyūga C : Kazuichirō libère du chakra en continu depuis ses tenketsu pour intimider.

Dans cette atmosphère électrique, les mots de Kyo' ricochent sur mes nerfs tendus comme des cordes de guitare. Son arrogance me pousse à ma limite, mais je reste calme, laissant la fumée de mon kiseru flotter entre nous comme une barrière invisible. Mon regard transperce le sien, – mes Byakugan s'activèrent automatiquement – lui rappelant notre équilibre fragile. Il peut aboyer autant qu'il veut, mais il oublie que je suis celui qui prend les décisions ici. Le silence s'installe, lourd de tension. Je lève la main, invitant Kyo' à se taire. Il ne comprend pas encore sa place dans cette danse macabre. Je lui rappelle d'un ton sec que son rôle est d'exécuter les ordres, rien de plus. Pas de place pour les ego surdimensionnés dans cette famille.

« Eh bro', viens pas faire le fou ici. T'as oublié que t'es seulement un cleps fou de rage qui récupère les pots cassés. »

Nous nous séparons dans un silence lourd de menace contenue. Mais je sais que cette confrontation n'est que le début. Les tensions couvent sous la surface, prêtes à éclater à tout moment. Pour l'instant, je laisse Kyo' mariner dans sa colère. Mais il sait que je veille, prêt à le ramener à sa place s'il devait oublier qui est vraiment le maître ici.

« Bien... »

Dans un élan, ce fou furieux se jette sur moi, mais son attaque est aussi prévisible qu'inefficace. D'un simple mouvement latéral, je me dérobe à son assaut, le laissant s'écraser lamentablement contre un mur. Pas de temps à perdre avec ses enfantillages. Il est grand temps de reprendre les rênes de cette famille, de redéfinir nos objectifs, et Kasumi vient juste de rentrer, mais je n'ai même pas eu l'occasion de lui dire deux mots. "Papa est de retour" qu'il lance ne suscite guère d'enthousiasme de ma part. Les titres et les rôles ne signifient rien sans autorité et respect réel. Je vais devoir remettre les pendules à l'heure, et vite.

La carte déployée devant nous – tel un parchemin historique long de 9m retraçant une enquête – représentait nos ambitions et nos désirs d'expansion. Kazu' avait toujours été aussi ambitieuse que moi, si ce n'est plus, et cette réunion était la preuve éclatante de sa détermination. Un sourire satisfait étirait mes lèvres tandis que je contemplais les lignes tracées sur la carte, représentant nos futurs territoires. J'étais fière d'elle, de sa vision audacieuse et de sa capacité à penser grand. Son intelligence et sa détermination étaient des atouts précieux dans notre quête de pouvoir, bien que parfois, elle soit un peu trop perchée. Je l'écoutais attentivement alors qu'elle exposait ses idées avec passion et conviction. " Croyez pas à tout ce que je viens de vous dire. En scred, j'ai surtout peur qu'elle m'envoie une tleha cosmique parce que la libération de son Chakra, jt'avoue que c'est pas des lol... "

« Ouais, le quartier me tâte bien en plus, y'a grave moyen d'faire du fric et t'inquiète. J'ai pas mal d'idées afin de faire fructifier l'argent. J'ai bien envie d'ouvrir une banque coopérative : Elle servirait à avancer les fonds de commerces aux artisans indépendants. Bien évidemment, le taux d'intérêt sera élevé sinon c'est pas drôle et une mensualité sera ramassé. S'ils veulent se permettre de bosser en indépendance, ils seront forcé de passer par moi. Ici, y'a que des cafards, faut que j'gagne la confiance des gens sinon ça risque d'être chaud. J'irai faire un tour dans les jours à venir, j'ai eu une info d'un mec avec qui j'ai bossé à l'époque des trafics de papelards et il paraît que y'a des bâtiments disponibles. Par contre, va falloir les prendre de force, mais ça j'regarderais le moment venu, tranquiiiiiille. Mais faut se bouger parce que j'ai quand même l'impression qu'on roupille un peu trop et j'aime pas ça hein !!! »

Oups, ma bipolarité... Vite, une taf sur mon Kiseru. Pfiouuu, Kazu, t'es vraiment la best.  

Toujours pareil. Deux mois s'étaient écoulés depuis mon départ et aucun putain de changement avait eu lieu ici. Le Vieux Père gueulait à gorge déployé sur le clébard qui venait de passer ses nerfs sur un gars, tandis que Kazu baignait dans son sang. Merde. Je venais aider ma pauvre petite sœur toxico-parano-dépendante à se relever, tandis qu'elle m'accordait quelques mots. J'attendais rien des deux autres enfoirés, mais ils avaient même pas pris le temps de me faire un signe de main ou de tête entre deux coups de poings. Franchement la politesse, ça se perd.

« Tu m'as manqué aussi Kazu'. Je vois que les deux ont pas changés, j'espère c'est pas trop dur pour toi. »

Une attention particulière pour la protégée de la famille qui venait s'agripper à moi pour éviter une chute évidente. Je passais mon bras autour de ses épaules, la serrant contre moi pour éviter qu'elle ne se fracasse au sol. De mon autre main, je venais déposer l'énorme sac sur le sol, vomissant deux ou trois trésors sur le sol. De ma petite poche arrière je venais tirer ma trouvaille : la FleurIsLava.

« Tiens Kazu', c'est une fleur qui abrite la puissance et la chaleur de la lave à l'intérieur de ses pétales. »

C'était une fleur quoi, mais bon, elle était jolie au moins. Les deux types venaient arrêter leur querelle l'espace d'un instant, visiblement mon retour était synonyme de remise au travail. Les bâtards. Deux mois que je tapent tous les pays du Continent pendant qu'ils baignent dans leur pisse et joue avec leurs couilles ici, mais dès la minute où je passe la porte ils font semblant de bosser. Bref. Vu l'aura que dégageait maintenant Kazumi, j'allais clairement rien dire et laisser couler. J'acceptais la petite pilule qu'elle m'offrit. J'étais encore un peu sous l'effet d'Eros, alors on allait éviter de cumuler les drogues quand ça parle travail et argent.

« J'ai écoulé ton stock en un peu moins de deux mois. Je pourrais en emmener plus, car le problème des allers-retours va être vite chiant. Ou alors il faudrait créer des sortes de cachettes ou des avants-postes dans lesquels je pourraient retirer de la cam'. J'ai choppé pas mal de nouveaux trésors et d'objets volés à vendre un peu partout ici. Et tiens toi, tes peaux de merde là. »

Je venais attraper les différentes peaux des soi-disant Gardiens de Seirei, que je venais jeter en direction du Vieux Père. Dans le même temps, j'attrapais une carte du Contient, que je venais ouvrir aux côtés de celle de ma sœur.

« C'est ok pour la boutique, ça me permettra d'écouler mes stocks et surtout de faire du blanchiment d'argent. Je servirais vos intérêts et la rentrée d'argent comme une simple petite boutique d'œuvre d'art et de trésor. Mais j'avais également une autre idée. Déjà il va falloir que je recrute des gars pour la boutique, ensuite je vais prendre la direction du Pays de la Céramique. Là-bas, ils ont le Bazar aux Milles Couleurs, un putain de labyrinthe avec des marchands et des trésors qui s'étendent sur des kilomètres. Autant vous dire qu'il n'y a pas que des mecs réglo là-bas. Je vais m'en servir et me dégotter une place au milieu de ce marché géant. Je pourrais y écouler de la drogue en grande quantité et mettre la main sur de véritables pépites, pas seulement des vieilles arnaques. »

Roupiller roupiller, ça reste son chien de garde qui préfère le poignarder plutôt que de se bouger le cul. Dis ça à lui l'ancien, pas à nous.

Mon poignard fend l’air en direction de la cage thoracique, centre névralgique des fonctions vitales du Vieux Père. La langue de fer vibre de par la vélocité de mon crochet. Quelques micro secondes avant de porter le coup fatal, alors que le froid du métal pourrait presque caresser la chaleur de sa peau, j’arrête mon mouvement. Frappé par une panique qui lui est propre, Vieux Père s’écarte de la trajectoire de ma lame. Nos regards se croisent. Il bégaye un “B-B-Bien”. Ma lipe s’anime, puis mes lèvres se brisent en rictus. Je ne peux m’empêcher de rire. Autant de tapages, d’invectives, de mots de travers, pour si peu de répondant ? Sentez-vous cette odeur ? Celle d’un impotent qui n’a pas pu contrôler les valves de son urine. Le pauvre drogué s’est fait sur lui, comme à son habitude.

« Bah, alors ? On fuit ? Petit joueur. »

Je réprime un nouveau rire. Par égard pour Kazu-zu et la libération de son Chakra prenant les traits d’une chape de plomb invisible, ma dague retrouve son étui. Je récupère mon barda, traîne ma carcasse jusqu’au canapé le plus proche et décide de m’exclure - virtuellement - de la conversation. Excentré du trinôme, je prends note. La confection de drogue n’est pas mon fort, pas plus que la gestion des lignes de comptes ou la distribution efficace de nos produits. Ces domaines sont les empires des autres Shinnin qui constituent ma famille. Pour autant, je suis un Chien qui apprend vite. Bientôt, je leur montrerai que moi aussi, je peux m’asseoir à leur table et maîtriser, d’une main de fer, tout un empire commercial.

Kazu-zu expose son projet d’expansion dans les ruelles du Clan Abe. Elle entend agrandir le cheptel de l’Elysée et intégrer une nouvelle frange de donneurs de plaisir : les hommes. Cette idée est pertinente. Dans la Cité Noire, les femmes sont tout autant libres que nous. Elles méritent, elles aussi, de goûter au plaisir du Clan Shinnin. Ka(t)sumi et son odeur fétide de chien mouillé, souhaite étendre les tentacules de notre pieuvre extra-muros. Dans les contreforts du Souk de la Céramique. Je ne me suis jamais aventuré aussi loin, mais mon petit frère m’a souvent conté les histoires de cette région. Établir un relai commercial entre Ame et Toji permettrait d’importer dans la Capitale du Crime des bêtes exotiques. Oh… Je me surprend à réfléchir comme Vieux Père.

L’un de mes sourcils se arque à l'énonciation de son projet. Il souhaite constituer une Banque ? Les derniers qui ont fait ça ont malencontreusement disparu. Le monopole bancaire du Clan Shugyoku est dangereux. Tenter de l’ébrécher, à ce stade de notre évolution, nous entraînerait vers une mort certaine. Pour l’heure, il est préférable de faire profil bas, de tendre la patte et de se vassaliser derrière les quatre Ombres. Ne dit-on pas qu’il faut garder ses ennemis près de soi ? Je porte mon poing à ma bouche et décide de me racler la gorge.

« On a pas les armes et la puissance de frappe pour concurrencer les prêteurs Shugyoku. Une Banque, c’est la mort des Shinnin. On doit avancer étape par étape. Vieux Père m’a envoyé sur une mission. Je m’occupe de récupérer le fief de Yamanoi Yukitoshi, cela nous fera un pied à terre dans le quartier le plus calme des quatre. Réunissez vous derrière les Abe, Shugyoku et Chogoro. Cela permettra au Clan Shinnin d’opérer à l’échelle du pays, et apportera la lumière sur nous héhé. »


Je laisse quelques secondes de latence, histoire que les trois énergumènes me comprennent.

« Bon, on se la fait cette course aux Koban ? »

Chien-fou par ci, Vieux-père par là. Ils aboient beaucoup, mais à part faire peur à mes filles, mes clients et détruire mon matériel, ils ne font rien de bien intéressant. Non, je ne minimise pas : puis j'occulte pas du tout le fait qu'ils me protègent, pètent la gueule à ceux qui me saoulent. Non. Mais quand même.... j'ai toujours aimé Kasumi. Il me rend mes attentions quand j'en offre, il m'offre des cadeaux et je lui manque, quelle bouffée d'air frais.

« C'est une question d'habitude. »

J'ai pris la fleur que m'a offert Kasumi et je l'ai mise dans mes cheveux, en espérant qu'ils ne brûlent pas.

« J'adore elle est magnifique. Je me demande si je peux en tirer quelques bienfaits. »

En la broyant, ou peut-être en tirant de l'huile, ça pourrait faire un stimulant explosif. De quoi réchauffer un corps, faire bouillir le sang ou que sais-je, c'est quelque chose que je dois absolument essayer. Peut-être que fumer ses pétales doit faire quelque chose d'agréable, ou que ça fait cracher du feu ? Ce serait amusant de pouvoir développer un pouvoir en fumant une fleur. Je fis finalement un baiser affectueux sur la joue de mon frère avant d'être forcée de le quitter, car le travail nous appelait.

« On se reverra après. »

Je lui glisse quelques mots à l'oreille, il devait avoir des tas de choses à raconter. J'aime bien quand il me raconte ses aventures, c'est reposant. J'aime bien les méthodes de tortures de Kyo aussi, mais c'est un tout autre registre. Bref, le temps était au travail, je visualisais chacun de mes frères dans mon champ de vision élargit, j'avais exposé le plan et j'attendais de voir ce qu'ils osaient redire de mon plan d'attaque. Kagaya parla d'une idée de banque, je crois que nos sourcils avec Kyo se sont froncés en même temps devant cette proposition, je parlais de fame, mais pas non plus de fame trop frontale, on est que quatre. Surtout que tenir tête au clan du cristal, c'est pas une bonne idée, on pèse pas assez et je refuse de nous voir tous disparaître pour une idée foireuse de banque. Mais j'ai pas eu besoin de parler de tout cela, Kyo l'a fait pour moi en exposant une stratégie assez intéressante.

Je tousse pour libérer mes poumons du joug de toute la fumée et des plantes séchées que j'avais ingurgité, et je reprend la parole. D'abord envers Kasumi, notamment vis à vis des marchandises et des questions que j'avais pu lui poser :

« Je vais améliorer mon réseau, pour pouvoir te faire parvenir des marchandises en relais via des petites mains. Elles me sont loyales et n'auront de toute façon pas les couilles de briser leurs serments. »

Quoi ? Assermenter des enfants c'est une façon comme une autre de s'assurer qu'ils ne toucheront pas à ma marchandise. J'en ai rien à claquer moi de si ils meurent en le brisant, c'est leur problème, c'est pas comme si ils étaient rare, et je peux en faire pondre si j'en ai besoin - même si c'est long. Je tourne mon attention vers Kyo, j'allais devoir encore faire jouer mes talents de comédienne pour aller séduire les mecs du clan Abe, et faire travailler Yoichiro, mais si ça permettait de rendre les Shinnin connu, et d'étendre mon réseau.

« Les Abe, j'en fais mon affaire. J'aime bien cette idée de profiter des autres pour nous mettre en lumière, ça nous évite les soucis trop frontaux, sans être invisible pour autant. »

Mon regard se perd dans le vide pendant un bon moment après tout ça, ça redescend on dirait. Je me permet - après tout c'est mon établissement - mais je tire un siège vers moi pour me laisser tomber dedans, observant mes trois frères

« Et quand le moment sera venu, on pourra prendre la place des têtes principales de l'hydre. En ramenant un maximum de Koban, et en faisant prendre des vacances aux actuels titulaires. Quatre clans, et nous sommes quatre, c'est un signe. Puis on dit toujours que ça porte malheur ce chiffre, même si pas pour nous en tout cas. »

Je tire une petite ampoule depuis les quelques plis du bandage qui me sert de cache-poitrine, une vraie réserve de drogue ce truc là. Je la brise et laisse le contenu s'écouler dans le hizara, la chaleur encore présente suffit à alimenter l'engin et me faire parvenir les bienfaits de mes créations. J'enfume à nouveau la pièce avec ma simple expiration, et laisse tomber ma tête en arrière de mon siège, les yeux grands ouvert pour observer le plafond.