Mer d'ombre et de sang

Retour du Prince - Nouveau Issei

Assis dans la cale d'un navire de guerre, un jeune homme garde les yeux fermés.

Venant de Kaminari, le bâtiment rappliquait pour soutenir l'Archipel dans sa guerre contre l'ennemi de Gel... Garan n'avait pas été atteinte pour le fils du sang. Les informations allaient vite et les marins du bateau où avait rapatrié le Champion de Hametsu n'avaient pas tardé à annoncer les grandes nouvelles. Durant la folie du Contrat de mercenariat du Super-Bateau, tout avait pris des allures d'apocalypse pour la puissance maritime. S'éclipsant sans demander son reste, le silencieux Issei n'avait ouvert les yeux que pour rendre à ses camarades qu'un regard plein de nuit. C'était loin, pour lui, cette époque de lumière. L'ombre avait pris possession de son présent dès lors qu'il avait retrouvé la fosse. Frissonnant au souvenir du vide chaotique qui avait peuplé ses "jours" et ses "nuits", le désormais homme se releva.

- Plus jamais. Tout lui paraissait loin, comme inconsistant. Un voile empêchait les formes d'apparaître clairement. Il était là sans l'être. "Je suis mort..." L'enfant qu'il avait été, effectivement. Crachant sur le bois laqué de la construction, Issei prit la direction de l'escalier qui l'amènerait sur le pont.

Dehors, du sang dans des corps chauds. La soif ne le prit pas. Ce trait Chinoike ne l'avait jamais pris. Apparemment, des hordes de vampires avaient déboulé de Shimo dés lors que... La pensée lui tira un grognement. Les marins lui avaient tiré une drôle de tête : Sa musculature, son visage. Ses yeux. Il n'inspirait pas la confiance, plus maintenant. Ils ressentaient la mort dans son sang ? Ils percevaient le vide dans ses prunelles ? Issei n'avait pas pu désactiver ce drôle d'œil qui le prenait quand les émotions étaient trop fortes. Maintenant, c'était dans ses deux iris et à jamais. Pourtant, il ne ressentait plus grand-chose. Anesthésié, un goût constamment salé dans la bouche, il ne s'en dérangeait pas : Cela faisait des années qu'il avait ceci. L'habitude avait pris le pas. Il ne se posait plus la question : C'était là, comme tout le reste.

Il y a des choses qu'il ne pouvait pas changer.

Dans le noir, il avait réfléchi avec le reflet du Vide qui lui tenait compagnie. Une bien belle collocation... C'était un grand orateur, ce petit être dans sa tête, qui berçait des heures son attente d'un secours par des chansons, des remarques et des retours sur tout ce qu'il avait fait de mal. Avec le temps, infini, il avait réussi à apprivoiser cet ennemi intime avant de lui tordre le cou et de boire son sang. Simple métaphore. Issei n'avait jamais aimé le sang, mais tuer cette présence lui avait procuré bien du plaisir. Il n'avait plus peur... Plus de ce qu'il pouvait ressentir, plus de ce manque de confiance qui avait martyrisé son Lui enfant. C'était loin. "Pour les autres, c'était il y a quelques jours..."
Le visage neutre, le Chinoike monta les marches qui craquaient sous son nouveau poids : Il n'était pas lourd, mais le bateau était vieux. Des marins vêtus de kimonos sombres s'affairaient sur le pont, leurs gestes coordonnés et précis témoignant d'une longue expérience en mer. Certains manœuvraient les voiles, ajustant leur position pour capter au mieux le vent, tandis que d'autres surveillaient attentivement l'horizon, scrutant chaque mouvement suspect. À l'arrière du navire, une imposante tour de guet s'élevait, surmontée d'un pavillon flottant aux couleurs vives du seigneur féodal. De là, des guerriers vêtus d'armures traditionnelles gardaient un œil vigilant sur les environs, prêts à repousser toute menace qui oserait s'approcher trop près. Les canons étaient alignés le long des flancs du navire, prêts à cracher le feu et la fumée à la moindre provocation.

Shimo faisait peur.

Les pirates s'étaient mués en force primordiale qui pouvait balayer le monde aquatique d'un revers de tentacule. Sous le soleil timide de l'archipel, l'enfant passé découvrit les embruns et un ciel sans nuages. Avec son approche, certains s'arrêtèrent pour le regarder : reconnaissaient-ils l'enfant de la conseillère ? Le petit garçon qui avait couru dans tous les couloirs de la capitale en recherchant des amis ? Issei ne savait pas s'il était physiquement une version plus vieille de lui, ou bien une toute nouvelle enveloppe. Vide, de surcroit. Rendant son regard abyssal à ses compatriotes, le garçon se rappela avec un certain plaisir quelques insultes de matelots, mais surtout le quatuor qui l'avait enlevé. "Plus jamais." Il appartenait au clan responsable du chaos, mais aujourd'hui ce n'était pas eux le problème.

- Bonjour, toi. Devant lui, l'Épave hurlante. Le bateau principal, mais aussi le monde des citoyens du Despote. Gigantesque et imposant, il semblait être à la fois un refuge et un symbole de la grandeur de la civilisation qui l'habitait.

Ses flancs massifs, façonnés à partir du bois de cèdre robuste, s'élevaient haut au-dessus de l'eau, témoignant d'années d'histoires, de la plus petite à la plus grandiose. Les toits des maisons et des temples étaient recouverts de tuiles rouges, créant un contraste saisissant avec le bleu profond de la mer environnante. À l'intérieur de ce colosse flottant, une vie bourdonnante et animée se déroulait. Des rues étroites serpentant entre les bâtiments, des échoppes colorées proposant des marchandises exotiques, et des temples majestueux élevaient leurs toits vers le ciel pour invoquer la force et la cruauté. Les habitants vaquaient à leurs occupations quotidiennes, tandis que les enfants jouaient dans les ruelles pavées de galets polis par les siècles de passage. Au sommet du navire-cité, la vigie d'Ojin cimentait le tout sous le regard du grand personnage.

"Maman est morte devant toi." Seule la colère naquit de l'enveloppe aux cheveux blancs. La tristesse était restée dans le fond : Ce n'était pas porteur. On ne s'élevait pas en pleurant. Il ne le ferait plus.

Le regard neutre, Issei scrutait le monstre devant lui avant de se rapprocher du ponton qui venait de se raccrocher au bâtiment. Il prenait pied sur le lieu de son enfance, complétement changé par l'existence... Il ne venait pas pour la paix. Ce qu'il voulait, c'était prendre ce qui lui était dû. Enfant ou adulte, il restait lui : Le premier d'une nouvelle génération. Celle qui allait rendre sa puissance aux Chinoike, ceux qui allaient reprendre Shimo pour ensanglanter la neige du fluide des traitres... La mer l'avait gouté comme prochaine cible, mais il n'était pas une proie.

Il était un chasseur. Il était un roi.

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海賊

NOUVEAU DÉPART
Ré-apprendre à se connaître

Ainsi, Uhen et le Vestige s’étaient tous deux sacrifiés pour permettre aux deux de renaître, sous la forme d’une parfaite version fusionnée. Kaguya Ato était né ; l’assimilation paradoxale entre la chaleur héroïque du garçon de l’os, et l’ambition froide et calculée du Roi des Spectres. Tous leurs souvenirs s’étaient mélangés, leurs deux existences s’entremêlant à l’image de la double hélice d’un brin d’ADN. Le résultat : un prodige exceptionnel du Shikotsumyaku, dont l’expérience martiale du Vestige sublimait le potentiel brut du jeune Uhen.

— Enfin arrivés à la maison.

Devant le port-taudis qu’était la capitale de l’Eau, Ato ne put s’empêcher de sourire. S’il y avait vraiment un endroit qu’il pouvait considérer comme son foyer, c’était l’Épave Hurlante. Cela faisait longtemps qu’il n’était pas retourné sur le pont de ce navire gigantesque pour rendre visite au Despote – la personne qui s’apparentait le plus à un parent, dans tout le Continent. Il avait tant de choses à lui dire. Lui clamer ses haut-faits, déjà ; mais aussi lui proposer un chemin à prendre pour le futur proche.

— Hey, Issei.

Sur le ponton sur lequel le bateau des « Pourfendeurs des Mers » avait amarré, le regard bien sombre de l’héritier des manipulateurs de sang lorgnait l’horizon. Le garçon prépubère était méconnaissable, depuis sa traversée du Trou Noir. Il avait sans doute sacrifié une moitié de lui-même lors de sa noyade.

La moitié qui le retenait d’accomplir sa destinée.

— Qu’importe ce que tu choisis de faire, je suis de ton côté. D’accord ?

L’enfant de l’os, au corps et au visage transformés, paraissant au moins six ans plus vieux, croisa les bras, et emplit ses bronches de l’air marin de la capitale-mobile de Mizu. Tous ses souhaits convergeaient en ces retrouvailles avec Tachibana Ōjin. Mais, devant le fait accompli, il ne redoutait plus le moment.

— Je suis fier de notre chemin accompli. Allons saisir notre chance. Tous les deux.

#1
@Chinoike Issei
Discussion

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Retour du Prince - Nouveau Issei

Le monde avait changé, Issei aussi.

Le regard planté sur l'architecture gigantesque de la capitale de Mizu no Kuni, le Chinoike laissait son sens sanguin parcourir les lieux et embrasser les corps en mouvements. Tous respiraient, laissaient l'oxygène et les nutriments parcourir leur réseau carmin et leur permettre de courir, travailler, chanter même. Pour autant, une chose était sûre : Il y avait de la peur, dans leur battement de cœur. Le visage opaque, l'enfant passé observa le tout comme un digne spectateur, avant de se retourner : Uhen venait. Le fils de l'Os l'avait accompagné et lui aussi avait changé dans l'opération autour de l'île de Tortuga. Si le ténébreux avait uniquement le pouvoir de voir le sang, ce qu'il ressentait dans la posture et l'aura du Kaguya devant lui avait changé du tout au tout. Plus mature, moins grandiloquent, mais ainsi plus menaçant. L'ancien pouvait mordre comme un chien fou, mais joyeux, ici, il regardait de ses yeux noirs la silhouette d'un conquérant.

- L'objectif s'est étoffé, mais une chose est sûre : je veux toujours un refuge. Tu peux compter sur moi, autant que je compte sur toi. Mon ami. Issei n'était plus un enfant et il se considérait comme un égal de son interlocuteur. Il avait à apprendre de cette figure fraternelle, mais la hiérarchie devenait plus floue. Notre paix se fera par nos méthodes, une fois qu'on aura écrasé les traitres et les envahisseurs. Un dernier regard des iris pourpres sur son collaborateur avant de revenir sur la masse de bâtiment et de population devant lui.

Si le jeune homme devait être un roi, il ne devait pas se sentir l'inférieur d'un autre homme... Seul le Despote avait sa fidélité, bien que depuis la nouvelle il éprouvait des sentiments contraires envers la figure de la Brume Sanglante. Aujourd'hui, ils allaient rencontrer Ojin : Le Chinoike avait des choses à lui demander, et surtout à lui annoncer. Uhen aussi et le revenant voulait le soutenir dans la mise en application de son projet. "Notre projet." Impassible, Issei commença à avancer pour commencer l'ascension des rues et des alcôves du gigantesque bateau pour atteindre le sommet, la Cabine du Capitaine. Un quartier très haut où il avait vécu avec sa mère, à proximité du chef de l'État, sans jamais le rencontrer.

- Allons-y, l'avenir nous attend. Le port grouillait d'activité, les marins s'affairaient autour des navires échoués, déchargeant des cargaisons précieuses venues des quatre coins du monde. Les rues pavées étaient étroites et tortueuses, bordées de bâtiments en bois sombre aux toits recouverts de tuiles rouges. Des échoppes colorées bordaient les trottoirs, proposant des marchandises exotiques et des souvenirs de lointaines contrées.

Mais au-delà de l'agitation du port, l'Épave hurlante s'élevait comme un géant endormi. "D'en bas, c'est beau." Pour autant, le visage du contemplateur n'inspirait rien de poétique. Sur son passage, les habitants se retournaient : Rien ne montrait qu'il était un Chinoike, ou le fils de la cheffe du clan assassinée. C'étaient ses yeux. Sans doute aussi son aura, quelque chose d'indescriptible qui faisait des petites gens de pauvre proie devant celui qui avait séjourné dans les ténèbres.

Les escaliers de marbre blanc s'enroulaient à travers les niveaux du navire, chaque palier offrant une vue différente sur les quartiers animés de la ville qui se déployaient à l'intérieur de l'énorme embarcation. Au fur et à mesure que l'on grimpait, les bruits et les odeurs du port se dissipaient lentement pour laisser place à une atmosphère plus solennelle et majestueuse. Les rues étroites du quartier du port laissaient place à des avenues plus larges bordées de bâtiments imposants, des boutiques et des marchés remplacés par des salles de réception somptueuses et des cours intérieures richement décorées. En atteignant les niveaux supérieurs, les quartiers résidentiels et les quartiers gouvernementaux se dévoilaient, avec des demeures luxueuses et des bureaux officiels abritant les fonctionnaires et les dignitaires de Mizu no Kuni.
Finalement, au sommet de l'Épave hurlante, se dressait le palais du Despote, une structure imposante faite de bois sombre et de pierre polie. Les portes d'entrée étaient ornées de motifs complexes et gardées par des guerriers armés, symbolisant la puissance et l'autorité du dirigeant de la ville-navire ainsi que du monde marin, qu'il avait exploré avec le navire où ils se tenaient. "En tout cas, c'est ce qu'il pensait." En peu de temps, tout été devenu flou pour Mizu : La Mer avait trahi ses adeptes, de sombres présences déboulaient de la Nécropole avec à leur tête une figure légendaire de la Nation... Plus grande, sans doute, que Tachibana. La force armée n'avait rien pu faire contre l'attentat de Ieyasu et le Despote avait perdu son bras droit, la mère du chérubin devenu faucheur.

- Chinoike Issei, fils de Chinoike Kyuketsuki. Je viens demander une entrevue à Tachibana Ojin. Il avait mis les formes, mais dans sa voix résonnait davantage que le timbre d'un jeune homme, c'était là une autre chose qu'une proposition. Dans son cerveau, déjà, le fils du sang réfléchissait à comment finir vite avec les gardes s'ils lui barraient la route. Le chef des Senju n'avaient pas pris la peine de s'embarrasser de la diplomatie ou de la politesse. Il devait penser comme un chasseur, un assassin et un tyran pour arriver au moment où il pourrait se débarrasser de son ennemi intime. Je suis accompagné de Kaguya Uhen, mandataire de la confiance du Despote. Un regard à son camarade, Issei laissa le temps de rectifier ou de compléter la sentence. Nous avons des informations sur les événements en cours... Et bien plus encore.

Les deux fondateurs de Kiri savaient pour la vraie identité de Shiki, et ses officiers. Ils avaient aussi bien des données sur les pouvoirs, les faiblesses et les ambitions de la nouvelle bande de pirate des mers. Des choses restaient encore dans l'ombre, notamment autour du lien entre le chef de Shimo et les revenants de la Nécropole, mais chaque chose en son temps. Surtout, le Chinoike se présentait comme La Réponse au problème des hordes de cannibales du clan sanguin qui s'étaient présenté depuis la terre désolée et glacée. "Il a perdu une cheffe, je lui en montre un nouveau."

La structure voulue par Uhen viendrait ensuite, ou dans la dynamique de la guerre contre Shimo... C'était un fait. L'enfant maudit par la mer voyait les enjeux, les options et le déroulé sous ses yeux noirs. Il n'était pas plus intelligent, mais les ténèbres qu'il avait côtoyées lui avait offert une vision plus distante, plus froide, de l'existence.

C'était ainsi et ils allaient montrer cet avenir au Despote.

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海賊

NOUVEAU DÉPART
Rêver de Kiri la Grande

Enfin, le nouvel espoir arriva devant les quartiers du Despote. Naturellement, l’existence même d’Ato, de part sa réputation et ses origines, lui permettait de se faufiler sur cet illustre navire, malgré le contexte de deuil et de crainte. Sa signature chakratique n’avait pas changé, malgré la fusion de ses deux âmes. Le Vestige n’avait jamais eu d’essence sensorielle à lui, après tout. Car il manquait d’un corps.

— Tachibana Ōjin – mon Roi.

Devant la figure emblématique de l’Eau, Ato se mit à genoux. La fidélité aveugle d’Uhen l’emportait sur le respect solennel de son Alter Ego avec qui il avait fusionné. Pour ne pas choir sur le côté, il s’aida de sa canne osseuse, qui, depuis l’attaque du Kraken, remplaçait sa jambe.

— Nous venons faire notre rapport.

Évidemment, le Despote avait déjà lu les retours de la mission, et connaissait déjà très certainement les détails secrets qu’allaient lui annoncer les deux Éveillés ; et pourtant, ces derniers s’enquirent à lui révéler leurs déboires, notamment (1) l’identité de Shiki-Mūn, la (2) création d’une armée d’êtres humains devenus goules et contrôlés par des médaillons, la (3) mort d’une créature tentaculaire gigantesque, la (4) mort (ou la capture ?) de Akebino Jinin et de Hoshigaki Yasuie et de leurs équipages, la (5) capacité de se transformer en hybride homme-poisson des Éveillés contrôlés, ainsi capable d’esquiver les attaques « normales » d’autrui.

Le constat était grave. La Junte était impuissante face à ces capacités contre-nature. Il leur fallait des moyens pour lutter. Des armes. De nouveaux pouvoirs. Des informations.

— Je vous demande une faveur : me mettre en chasse de « Shiki ». C’est ma responsabilité.

Le Despote avait déjà compris le lien qu’unissait Uhen au Roi des Spectres – Guide de Kaguya Mūn. L’émergence du potentiel du jeune enfant de l’os ne venait pas de nulle part. Mais jamais il n’avait eu la preuve d’un tel miracle – lui qui marchait sur les pas du Garçon de la Brume en personne.

— Chinoike Issei, moi-même – Kaguya Ato –, et Yuki Seijirô, ayant tous les trois assisté à cette avalanche d’informations, aimerions créer une organisation fer-de-lance pour (6) reconquérir Shimo, mais pas seulement. Vous avez sans doute entendu parler de mon rapprochement auprès de Chōwa ; (7) j’ai pour projet de la rendre Violente, et de profiter de l’Union Continentale pour renforcer Mizu, afin de garantir la « Paix » – neutralisant tous les dangereux criminels en les assermentant, pour les garder sous le joug de l’Eau. Je sais qu’aucune ambassade ne pourra souiller notre archipel, mais je suis persuadé que notre organisation hybride pourra être le parfait intermédiaire entre l’Union Continentale et l’Eau. Même si, hélas, le conflit qui oppose Kaminari et Garan dérangera cette vision…

Ato avait subi la nouvelle de l’alliance entre la Foudre et l’Eau. Il ne portait pas Kaminari dans son cœur – bien au contraire. Une bande de zélés au désir d’expansion, qui rentrera un jour au l’autre en collision avec l’Empire de Mizu.

— Chōwa et sa nouvelle vague pourraient être des alliés de taille. Avec votre permission, nous pourrions écrire les premières lignes d’une alliance avec les puissances de demain.

Le Kaguya marchait sur des œufs. Mais il devait tout de même prêcher sa paroisse.

— Enfin, en m’approchant de l’influence de la Grande Endormie, j’ai fusionné avec le Roi des Spectres ; (8) je compte, avec votre permission, explorer les tréfonds de la Nécropole Stygienne, pour en savoir plus sur ce que nous sommes devenus, et ainsi connaître les secrets de Shiki.

Le Vestige d’Uhen se releva, canne en main. Il posa la deuxième sur la première, appui devant lui, afin de paraître le plus droit possible. Il misait tout sur la conviction de son nouveau regard.

— Voici les trois axes de notre organisation : Kiri, la Brume. Nous aimerions avoir votre aval, et votre soutien. Nous compterons sur la neutralité apparente de Kiri pour agir dans l’ombre, en dehors du territoire de l’Eau. Évidemment, nous sommes des Mizujin avant tout.

Résumé :

#2
@Chinoike Issei
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Mer d'ombre et de sang

Retour du Prince - Nouveau Issei

C'était la troisième ou la quatrième fois qu'Issei faisait face au Despote.

La première fois avait été mémorable : À peine la Brume Sanglante finit, le grand homme avait débarqué pour observer le Chinoike au milieu des cadavres et repérer tout de suite un aspirant citoyen qui n'avait pas succombé... Faisant volte face, Ojin l'avait annoncé aussi froidement que la mer. Aujourd'hui, le gamin n'était plus le même. Il avait connu les profondeurs de la mer, secoué la vase au sol pour en tirer les ténèbres et s'habiller dedans. Alors qu'Uhen se mettait au sol pour saluer son chef, le jeune homme regarda l'ami de sa mère un instant, les yeux aussi sombre que ses pensées, avant de suivre son camarade dans sa salutation. Il n'était pas idiot : La politique et le protocole avant tout. Ce qui était arrivé à la grande Dame sanguine reviendrait sur le tapis ensuite. Le Kaguya mena la barque et Issei le laissa faire : Kiri était venu de son esprit, pour autant il hocha la tête quand il sentit que la confirmation des idées de son ami était de mise. Après que le fils de l'Os expliqua son aspiration à explorer la nécropole, le Chinoike prit la parole rapidement :

— Je soutiens l'idée de mon camarade, Ato. Le Prince avait pris note du nouveau nom, pourquoi ? Il ne le savait guère. Avec les spectres qui hantent les mers, la vérité se cache à l'intérieur. Tous les présents lors du conflit l'avaient senti : Quelque chose de sombre rodait dans et sous la mer. La Grande Endormie avait trahi ses navigateurs.

Issei s'était noyé à l'intérieur, mais il était revenu. Grandis, assurément. Finalisant son explication de Kiri et de ses axes, soutenue par faste hochement de tête par le prétendant au clan, le Kaguya boiteux laissa ainsi la voix à son camarade... Celui-ci resta un instant silencieux, laissant le passage politique passer dans les esprits avant de venir à la charge. La sienne, sa mission. Si le Refuge était son but, comme celui de l'ancien Uhen, il y avait quelque chose de plus important à court terme pour l'enfant du sang.

- J'aimerais savoir (9) où est le corps de ma mère : Est-il enterré ? Notre ennemi l'a-t-il pris avec lui, lors de sa fuite ? Se recueillir sur sa dépouille, c'était ce qu'il voulait. Pour autant, le sang appelait le sang et l'ancien petit savait ce qu'il devait faire maintenant. Je voulais vous prévenir avant toute chose : Je compte revendiquer le titre de chef de clan de ma mère. J'ai appris l'arrivée de Chinoike depuis Shimo et les troupes sont des plus secouées. Mon corps a maturé avec les événements en pleine mer. La Grande Endormie m'a fait un don, comme une malédiction. En tout cas, j'ai gagné des années dans ma croissance ainsi qu'en maturité. Je n'ai plus huit ans, loin de là. J'ai existé ailleurs. Mes yeux en attestent, et j'avais envoyé un courrier à ma mère pour lui en parler : je suis le plus à même de rassembler les Chinoike avec le Ketsuryûgan. (10) J'aimerais avoir votre bénédiction dans ma prise de pouvoir en tant que chef de clan, pour vous servir le mieux que je pourrais. Que ferait-il si le Despote refusait ? Il ne le savait pas, ou bien justement, il refusait d'y penser.

Le regard de ténèbre se planta dans celui de Ojin : Servir cet homme avait été le travail de sa mère, mais aussi sa perte. Sans la grande Dame en vie, où allait vraiment sa fidélité ? À Kiri ? À ses amis dedans ? À Masaaki laissé sur le Continent ? Qui était le Tachibana pour lui, à part une ombre dans les coins ? La figure légendaire n'expliquait pas tout... L'idée que ce champion des mers ait pu laisser sa conseillère mourir sous ses yeux donnait à Issei une envie terrible. "Il n'est pas le plus responsable. Ieyasu est ma cible." Prenant une respiration, il conjugua ses pensées noires, comme ses yeux, pour soutenir un projet qui suivait le précédent.

- Avec les forces du sang sous ma direction, je compte soutenir de toutes mes forces la guerre contre Shimo. Comme mon camarade à mes côtés, j'aimerais chasser Shiki et sa troupe : Ils nous ont échappé, mais les choses ont changé. J'ai également une autre cible : Ieyasu. L'honneur de Mizu no Kuni a été bafoué par son geste et j'ai souffert personnellement de ceci. Ma mère était votre conseillère et je sais qu'elle vous a servi avec la plus grande fidélité et le plus grand zèle. (11) Je vengerais sa mort, pour vous et pour moi. Voilà ce qu'il promettait à l'homme devant lui : Un vampire furieux qui allait chasser toutes ses cibles, et plus encore. Nous sommes Mizujin : La forêt, la mer, même la mort ne nous arrêtera pas.

Le Senju avait menacé la paix de Issei, ce n'était plus une question de principe.
C'était personnel.

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