Ah, Ame ! Cette cité où les opportunités pour s’enrichir abondaient, où chacun pouvait, avec l’effort nécessaire, gravir les échelons pour devenir quelqu’un de grand. À moins que vous soyez malchanceux et que vous tombiez sur plus fort que vous.

Cela faisait maintenant un an que Ginkaku dansait au rythme des rues d’Ame, naviguant entre les différents quartiers de la cité. Il avait eu du mal à s’adapter durant les premiers mois, le crime étant beaucoup plus organisé et complexe qu’à Chōwa. Il ne pouvait pas user de sa force pour arriver à ses fins, mais il devait utiliser la ruse à son avantage. Il fallait respecter la structure en place au risque de se faire tout simplement éliminer. Il a donc élaboré un plan simple et efficace ; créer un hôpital à Ame. Ça a bien fonctionné au pays de l’harmonie, il n’y avait aucune raison pour que ça ne fonctionne pas ailleurs. Mais il fallait commencer petit, très petit.


Ginkaku offrait ses services de soigneur dans une petite ruelle du quartier des affaires, où le sol pavé est rugueux sous les pieds, parsemé de petites flaques laissées par une récente averse. Les murs des bâtiments, autrefois lisses, étaient maintenant marqués par des décennies de vie urbaine. Durant les premières semaines, il avait très peu de client, mais il fallait simplement attendre. De bouche a oreille, la rumeur de sa présence se propageait dans la ville.


Après quelques semaines, il put louer un petit local pour accueillir les blessés. Il n'avait pas besoin de beaucoup d'espace. La pièce était presque vide, avec une table et deux chaises au centre. Au fond, une porte menait à une autre sortie. Ginkaku devenait plus sélectif avec les personnes qu’il soignait, refusant désormais d’aider ceux qu'il jugeait indignes ou peu fiables. Il voulait se concentrer sur ceux qui pouvaient lui offrir des opportunités ou des avantages. Aujourd’hui, il attendait une personne importante, quelqu’un qui pourrait potentiellement l’aider dans sa quête de pouvoir. Cette rencontre pourrait lui ouvrir de nouvelles portes et lui apporter des informations cruciales pour ses objectifs.

Le vieux merlu faisait trembler le pont en déchargeant la poiscaille de la cale. Lorsqu’il venait en ville, c’était le pas lourd et les poches pleines. La senteur âcre de la mer se mêlait à celle du poisson fraîchement pêché, emplissant l’air d'une odeur familière et robuste. S’il y avait bien une chose qui poussait le capitaine Yuki Seijirô à rentrer au port, c’était le bruit de l’argent. Avoir de l’or dans les mains et plein les poches, c’était là sa véritable aventure.

Debout sur le pont de son navire, Seijirô observait ses hommes s'affairer avec une efficacité habituée. Le ciel était d’un gris menaçant, dans la pénombre de la nuit, mais cela n’entamait en rien l'ardeur des marins. Les caisses de poissons étaient empilées, prêtes à être transportées vers les marchés bondés de la Pluie pour le lendemain matin. Seijirô descendit lentement la passerelle, arborant son cache-œil caractéristique.

La pluie fine commençait à tomber, perlant sur les pavés glissants du quai. Seijirô se dirigea vers le comptoir des ventes, où un homme au visage buriné par le sel et le vent l’attendait. Kaishin, le maître des docks, un homme corpulent avec une barbe épaisse, était connu pour sa rigueur mais aussi pour son sens des affaires impitoyable.

« Capitaine Seijirô ! Vous voilà de retour avec une belle cargaison, à ce que je vois, » lança Kaishin avec un sourire gourmand. « Le marché est prêt à payer bon prix pour du poisson frais en ces temps troublés. Peu de marins reviennent de leurs expéditions ces temps-ci, et quand ils reviennent, le poisson est pourri, avarié, même pas bon pour les animaux. »

Seijirô hocha la tête, sortant un parchemin détaillant les quantités et les espèces pêchées.

« Kaishin, je veux être payé avant que nos cales soient vides. »

Le vieux loup de mer grincheux grimaça, semblant rechigner à s’exécuter, avant de changer d’avis sous la menace.

« C’est comme si c’était fait, mon capitaine ! »

Seijirô acquiessa, récupéra son butin, puis se dirigea vers la ville, ses bottes claquant sur les pavés mouillés. L’or avait une magie à lui, une capacité à transformer les rêves en réalité, à acheter des loyautés et à ouvrir des portes fermées. Mais pour Seijirô, c’était aussi un rappel de son indépendance, de sa capacité à tracer sa propre route sans être redevable à personne. Ni à la Junte, ni à Yajiri.

Sur son chemin, que ce soit à l’auberge où il séjournait ou dans les tavernes, les habitants ne semblaient avoir qu’un nom à la bouche : Ōkuninushi. Apparemment, le brillant médecin qui était arrivé en ville quelques jours plus tôt s’était déjà fait connaître en accomplissant des miracles.

— Et ce médecin, où puis-je le trouver ? Une fois la position indiquée, il ne lui restait plus qu’à le rencontrer en poussant sa porte.

— Je suis Yuki Seijirô, ex-Amiral de la Junte maritime de Mizu et Capitaine du Suisei. Si tu guéris mon œil, cet or est à toi. Se présenta-t-il au rouquin en jetant un généreux sac d’or sur son bureau.

Il n’était pas au temps des formalités, il s’approcha sans gêne, sans même retirer ses bottes sales, et s’assied sur une chaise à l‘envers, accoudé au dossier, fixant le docteur du regard.

— T’es un Uzumaki, c’est ça ? Prouve-le.

C’était un sujet dont il ne parlait jamais mais qui le taraudait depuis que le traître Kaguya l’avait éborgné : son unique œil fatiguait. Érodé par le sel de mer, le froid polaire de la glace et le sang de ses ennemis, il risquait à tout moment de perdre la vue, de façon définitive.

Ginkaku leva les yeux de son bureau, ses doigts jouant distraitement avec un kunai. Le sac d’or sur la table scintillait sous la lumière vacillante des bougies, mais ce furent les mots de Seijirô qui captèrent toute son attention. Un ex-amiral, capitaine d’un navire, venant solliciter ses compétences. Une opportunité parfaite pour avancer ses propres objectifs.

- « Yuki Seijirô, » murmura Ginkaku d’une voix grave et mesurée. « Capitaine du Suisei. Vous avez fait du chemin pour arriver jusqu’ici. »

Il se leva, s'approchant lentement de Seijirô, ses yeux rouges perçants examinant chaque détail du visage buriné du marin. L’air de la pièce était chargé d’une tension palpable.

- « Vous savez, » continua Ginkaku, « guérir n’est pas seulement une question de compétences. C’est aussi une question de volonté. La vôtre, et la mienne. »

Il s’arrêta une fois la table contournée et s'y assit. Ginkaku tendit la main et saisit le sac d'or, le soupesant avec un léger sourire. Il le fit tourner entre ses doigts habiles, écoutant le tintement des pièces s'entrechoquant à l'intérieur, comme pour en juger le poids et la valeur.

- « Dites-moi, Seijirô, » reprit-il, « jusqu’où êtes-vous prêt à aller pour récupérer votre vue ? Seriez-vous prêt à offrir plus que de l’or ? »

Alors qu'il continuait à jauger le poids du sac, il planta ses yeux dans ceux de Seijirô, attendant sa réponse.

Le sac d’or sur la table scintillait sous la lumière vacillante des bougies, mais c’étaient les pensées de Ginkaku, ou plutôt ses arrières-pensés, qui intéressaient Seijirô. Un homme aux compétences remarquables, médecin Uzumaki, rare et précieux, dont le pouvoir pouvait changer la destinée du vieux pirate. Lui donner une seconde vie à terroriser les flots. Cela faisait déjà bien des années qu’il avait dû prendre un guetteur sur son bateau, car ses yeux étaient fatigués par la longue-vue.

Cependant, malgré la brillance du butin, ce dernier ne semblait pas satisfait de l’offre du Capitaine.

Seijirô fronça les sourcils.

« Plus que de l’or ? Enfin, c’est ridicule ! Qui rêverait d’autre chose que d’or ?! Avec ça, tu peux avoir tous les bateaux, toutes les armes et toutes les femmes que tu veux ! »

S’offusqua-t-il avec irritation.

Ce type était un vaurien, au pire un charlatan. Le pirate réfléchit, valait-il la peine de lui faire confiance ? Quelle mission allait-il lui donner ? Lui qui avait déjà traversé tant d’épreuves. Son offre était plus que généreuse. Ce n’était pas un toubib à la mord-moi-le-nœud qui allait lui apprendre à marchander !

Cependant, après s’être un peu emporté, il se calma.

« Abrège. J’ai pas le temps, et le temps c’est de l’argent ! » lança-t-il avec impatience, sa voix résonnant dans la pièce, attirant l’attention des gardes du médecin à la porte.

Malheureusement pour lui, l’équipage du Capitaine était là pour égaliser les forces et dissuader les tentatives de coups bas. Ainsi, les gardes n’entrèrent pas. Certainement maîtrisés par les pirates, à en juger par le raffut qui venait du couloir. Mais qui laissait plutôt penser à une bagarre en bonne et due forme qu’à un assassinat.

« Comme tu peux le constater, mes hommes s’impatientent. Alors cesse de tourner autour du pot et dis-moi ce que tu veux ? Mes hommes ? Mon navire ?! »

Lui demanda-t-il, tapant du poing sur la table pour se défouler, d’un ton à la fois agacé et méprisant.

Il n’avait pas lâché le pirate du regard, un sourire en coin se dessinant sur ses lèvres. La tension ne s’était toujours pas relâchée. Il appréciait d'une certaine manière l’impatience du capitaine, signe d’un homme habitué à obtenir ce qu’il voulait. Mais malgré le haussement de voix du capitaine, Ginkaku resta calme. Un an plus tôt, il se serait énervé et aurait probablement réagi avec violence, mais maintenant, il avait appris à contrôler ses émotions, ou du moins, il y était obligé. Il ne savait pas à quel point Seijirô était puissant, il fallait donc procéder intelligemment.

- « L’or ne m’intéresse pas vraiment. Il y aura toujours des blessés dans ce monde, donc je trouverai toujours de quoi vivre. » Il marqua une pause, laissant ses mots s’imprégner avant de reprendre : « Ce qui m’intéresse maintenant, c’est de devenir plus puissant. »

Des souvenirs de sa fuite du Pays de l’Harmonie traversèrent momentanément ses pensées. Le sentiment d’impuissance restait gravé dans le cœur du grand roux. Il se revoyait, acculé, les yeux cherchant désespérément une issue, ses mains tremblantes serrant inutilement son arme et il détestait repenser à ça. Il fallait absolument qu’il gagne en puissance et il n’allait pas manquer cette chance.

- « Vos hommes et votre navire ne m’intéressent donc pas. Je veux quelque chose qui pourra m’aider dans ma quête de pouvoir. Des informations ou des opportunités pour devenir plus fort sont en haut de ma liste. »

La balle était dans le camp du pirate. La demande de Ginkaku était, selon lui, raisonnable. Dans le pire des cas, il prendrait l’or et ferait ce qu’il pourrait avec, mais il voulait que cette transaction soit mémorable. Il voulait laisser une impression sur Seijirô, bonne ou mauvaise, il allait se souvenir de lui, et qui sait, leurs chemins se recroiseraient.

Le sac d’or sur la table n’était plus qu’un souvenir alors que Seijirô s’apprêtait à quittait la pièce de Ginkaku, bredouille. Il n’avait point de temps à perdre, son esprit était déjà tourné vers de lointains horizons. Cependant, avant de se lever et de claquer la porte, une idée germa dans son esprit.

Le capitaine du Suisei n’était pas seulement un homme de la mer, mais aussi un chercheur de trésors et de richesses uniques. Bientôt, il partirait pour une expédition dans les montagnes de Kaminari, à la recherche d’armes biologiques d’une valeur inestimable. Ces créatures de chakra, gelées dans la montagne, renfermaient une puissance incommensurable et des secrets continentaux. Avec l’aide de scientifiques, il pourrait extraire leur puissance ou bien les revendre à prix d’or.

Le Capitaine savait que cette entreprise serait dangereuse. Les montagnes de la Foudre n’étaient pas un endroit pour les faibles de cœur. Les créatures qu’ils cherchaient étaient puissantes, même en stase, et les conditions glaciales ainsi que la domination de l’Empire ajoutaient un niveau de difficulté supplémentaire. Il lui fallait des hommes compétents et déterminés. Un médecin ne serait certainement pas de trop.

« Je pars bientôt pour une expédition dans les montagnes de Kaminari. Nous recherchons des créatures de chakra, des armes biologiques gelées dans la montagne. C’est une entreprise risquée, mais les récompenses sont inestimables. »

Il observa Ginkaku, guettant sa réaction. « Un médecin sur mon navire ne serait pas de trop. Guérir mon œil pourrait être un bon test pour prouver tes capacités de médecin et obtenir ta place sur le bateau, ainsi que ta part du butin. »

« Ces créatures, » reprit Seijirô, « elles peuvent se revendre très cher sur le marché noir. Leur valeur dépasse de loin celle de l’or que je t’ai apporté. Si tu acceptes, tu pourrais non seulement renforcer tes compétences mais aussi obtenir des ressources inestimables pour ta quête de puissance. Ces bêtes sont peut-être là depuis des millénaires, qui sait ce qu’elles peuvent bien cacher… »

Seijirô savait que l’appât du gain et de la puissance serait difficile à résister pour Ginkaku. Il le sentait, cette étincelle de convoitise dans les yeux du médecin falacieux. C’était une offre irrésistible, une opportunité de prouver sa valeur et de gravir les échelons vers la puissance qu’il désirait tant.

Le roux écoutait avec attention les paroles de Seijirô. Voilà une offre très intéressante, pensa Ginkaku. Il s’attendait à tout sauf à devoir l’accompagner directement dans une expédition ; une arme spéciale ou une information sur une technique aurait suffi, mais l’idée ne lui déplaisait pas. De plus, cela lui permettrait de voyager et de découvrir de nouvelles terres tout en gagnant gros s’ils réussissaient leurs objectifs.

Il faut aussi souligner que Ginkaku était resté coincé dans le Pays de l’Harmonie toute sa vie, et cette opportunité de voir de nouvelles terres éveillait sa curiosité. Il prit un moment pour réfléchir. Il pouvait simplement supposer les compétences du capitaine. Plusieurs questions traversaient son esprit alors qu’il le fixait : « Est-ce vraiment un bon plan d’accepter son offre ? », « Et si je meurs durant ce fichu voyage ? Je ne pourrai pas venger mon père. », « Bon sang ! Comme on dit, qui ne tente rien n’a rien. »

- « Les montagnes de Kaminari, tu dis ? Hmm, ça va être assez dangereux. » Il se redressa, un sourire qui indiquait au pirate la réponse de Ginkaku avant même qu’il ne la prononce. « J’accepte ton offre. Il me faut par contre, plus d’informations sur ce que nous risquons de rencontrer et sur la répartition du butin. Mais j’imagine que tu as tout prévu. Et sache que je ne suis pas seulement un médecin, je compte bien te le montrer. »

Ginkaku tendit ensuite la main vers l’homme à l’héritage de glace pour sceller leur accord. « Ah, et montre-moi ton œil. Que je puisse voir à quel point ta blessure est grave. »

Seijirô fixa le médecin, pesant les mots de ce dernier. La détermination de Ginkaku était palpable, une qualité qu’il appréciait chez ses alliés. En tendant la main, il scella leur accord, une alliance inattendue mais potentiellement fructueuse. Il savait que Ginkaku apporterait plus que ses compétences médicales ; son ambition et son désir de puissance en faisaient une arme redoutable.

« Bien entendu, tu auras toutes les informations dont nous disposons. Nous monterons  un plan la veille de notre départ. »

Le pirate défit lentement son bandeau, une geste rare, presque sacré. Le cache-œil, imprégné de sel marin, semblait presque soudé à sa peau, témoignage de ses longues années en mer. Le médecin devant lui allait être le premier à voir cette cicatrice depuis des lustres, une marque indélébile de son passé tumultueux.

Alors que le bandeau tombait, le Yuki se laissa emporter par ses souvenirs, revenant à cette nuit funeste de mutinerie à bord de son propre navire. Le visage trahi par la douleur et la colère, il revit la trahison d’un Kaguya, membre de son équipage qu’il considérait autrefois comme un frère. C’était un manipulateur d’os, du clan rival, qui lui avait infligé cette blessure, une trahison gravée dans sa chair.

En rétrospective, il était étrange qu’il ait formé une alliance avec un Kaguya et un Chinoike. La triade de l’Eau était une force redoutable, et bien que ses frères d’armes aient leurs propres ambitions, Seijirô savait attendre son heure. Il semblait avoir pardonné, avoir oublié, une impression laissée par le temps. Il nourrissait en lui une rancune tenace, une soif de vengeance qu’il étancherait au moment opportun.

Le capitaine revivait chaque instant de cette nuit. Les cris des hommes, le cliquetis des armes, et le goût métallique du sang. Il se souvenait de l’instant où le Kaguya l’avait attaqué, son os tranchant comme une lame s’enfonçant dans son orbite. La douleur avait été fulgurante, brûlante. Mais plus encore, c’était la trahison qui lui avait déchiré le cœur.

Pourtant, il n’avait pas cédé. Il avait riposté avec une sévérité que lui-même ne soupçonnait pas, cristallisant ceux qui s’étaient dressés contre lui. Mais cette victoire avait un prix : son œil perdu et cette cicatrice pour le lui rappeler à jamais. Ce jour-là, la mutinerie avait été étouffée et le contrôle de son navire rétabli, mais à quel prix ?

« Tu vois cette cicatrice, Ginkaku ? »

Sa voix était basse, grondante comme une tempête lointaine.

« Elle me rappelle chaque jour que la confiance est une arme à double tranchant. Mais elle me rappelle aussi que je suis toujours en vie, prêt à me battre pour défendre mes biens. »

Un avertissement déguisé, que l’idée ne lui prenne pas de le trahir.

Ginkaku observa en silence, les bras croisés, ses yeux rouges fixés sur la blessure révélée, une marque du passé tumultueux de Seijirô. L'histoire de trahison et de survie gravée dans la chair du capitaine lui rappelait la nature impitoyable du monde dans lequel ils vivaient.

- « Tu vas devoir trouver autre chose pour te rappeler de ça, vu qu’elle va disparaître très bientôt. »

Ginkaku, opportuniste dans l'âme, voyait dans cette blessure non seulement une preuve de la résilience du capitaine, mais aussi la première étape vers l’accomplissement de ses objectifs. Il savait que chaque action, chaque mot, devait être parfaitement orchestré pour tirer le maximum de profit de cette alliance.

Il fit signe à Seijirô de se lever et s'approcha de lui. Posant ses mains sur les yeux du capitaine, il ferma les siens, se concentrant intensément. Une lueur commença à émaner de ses paumes, illuminant faiblement la pièce. Ginkaku canalisait son chakra avec une précision chirurgicale, chaque parcelle d'énergie dirigée vers la guérison de l'œil endommagé de Seijirô.

Ginkaku pouvait sentir les tissus se régénérer sous ses mains, la magie de son art de guérison travaillant pour réparer les dommages causés par des années de bataille et de trahison. La cicatrice commençait à disparaître, la peau retrouvant sa texture lisse.

Après un moment qui sembla durer une éternité, Ginkaku retira lentement ses mains, observant le visage du capitaine. Il recula légèrement, croisant à nouveau les bras, un sourire à peine perceptible aux coins de ses lèvres.

- « Voilà, » dit-il calmement, « je pense avoir réussi ton test, non ? »

Lorsque Ginkaku posa ses mains sur le visage de Seijirô, une lueur de chakra émana de ses paumes, enveloppant la blessure avec une énergie douce et curative. Le capitaine du Suisei, silencieux, ressentit une chaleur apaisante s'infiltrer dans sa peau, pénétrant les tissus cicatriciels. C’était un moment crucial pour les deux hommes. Pour Seijirô, il s’agissait de voir si ce médecin, qui se disait héritier de l’art de guérison des Uzumaki, était à la hauteur de sa réputation. Pour Ginkaku, c’était une épreuve, un test dont le résultat déterminerait son avenir proche.

La pièce était plongée dans une quiétude presque surnaturelle, tandis que Ginkaku canalisait son chakra avec une concentration intense. Chaque cellule, chaque fibre musculaire endommagée par la blessure était soigneusement restaurée. La cicatrice, autrefois visible et tangible, s’estompa lentement sous l’effet de la guérison, jusqu'à disparaître complètement. La peau de Seijirô retrouva son aspect originelle, sans la moindre trace du passé.

Lorsque le médecin retira ses mains, la transformation était complète. Seijirô, sentant la différence, ouvrit lentement les yeux. La clarté retrouvée de sa vision le surprit. Il cligna des yeux plusieurs fois, s'assurant que ce n'était pas une illusion. La cicatrice avait disparu, effacée comme par magie. C’était la première fois depuis des années que le capitaine voyait aussi distinctement. Un sourire satisfait, presque imperceptible, se dessina sur son visage.

Il se redressa et, pour la première fois, contempla son reflet dans un miroir ancien accroché au mur de la pièce. Le changement était frappant. Non seulement il avait récupéré son œil, mais il semblait aussi rajeuni, comme si une partie de sa fatigue avait été balayée par le pouvoir curatif de Ginkaku. Se retournant vers ce dernier, Seijirô inclina légèrement la tête, un geste de reconnaissance rare pour cet homme endurci par les batailles et les trahisons.

Seijirô s’éclaircit la voix, posant sur Ginkaku un regard appuyé.

« Mes yeux… Tu as réussi à me les rendre. »

Le ton était mesuré, mais portait une nuance de respect inattendu.

« Tu es le bienvenu sur mon navire, Uzumaki Ginkaku. Nous avons des projets ambitieux, et il nous faut des hommes compétents, pas des charlatans. »

Il termina en lui proposant une poignée de main fraternelle.