Savez-vous l’une des choses les plus horribles dans l’esclavagisme ? C’est le fait que notre corps n’est plus notre propriété, comme si l’on devenait spectateur de notre âme meurtrie et de notre enveloppe corporelle blâmée. Rescapé de cette infâmie, l’artificiel s'était juré plusieurs choses. Et l’une d’entre elle était de se battre jusqu’à sa mort contre le principe même d’esclavage, partout les moyens nécessaire. et l’un des proverbes préférés d’ena était que la fin justifiait toujours les moyens.

Kaze était devenu hors de sa portée. En effet, maintenant son corps et sa signature occulte étaient connus de beaucoup de gens du pays du Sable, si bien que le moindre pas là-bas pouvait signifier sa mort. Alors, en attendant qu’il arrive à accumuler assez de puissance pour s’y rendre et se débarrasser de toutes personnes qui le gênerait, il allait s’occuper de l’esclavagisme dans d’autres pays. Toji en était normalement libre, Ame pratiquait une forme d’esclavagisme monétaire dont Ena s’occuperait plus tard… Alors Hametsu, le pays en Ruines, était un choix de premier ordre. Un territoire sans maître était forcément le refuge de certains camps d’esclaves.

Se rendant dans le pays, la méthode la plus simple et préférée d’Ena était simplement de se balader, avant de trouver un village ravagé ou autre : c’était souvent la marque de bandits. Il remonta simplement les traces de ces amateurs avant d’aller faire rugir le métal et le sang dans leur repaire de moins-que-rien, gardant simplement le chef en vie pour lui demander où il revendait les villageois… Avant de faire pendre sa tête à l’entrée de son trou à rats. Se rendant ensuite vers l’endroit désigné, il s’essuya le sang en chemin : en effet, là il allait devoir la jouer finement pour recueillir le plus d'esclaves… Et d’informations.





Dit-il avec un sourire très commercial avec ce marchand, avant de lui porter un regard de pure haine viscérale quand l’homme se retourna. “Un jour, je repeindrais cette pièce avec tes tripes”, ces mots résonnaient dans sa tête, mais grâce à sa tête mécanique, ceci ne se laissait pas transparaître. Il vient sortir de son sac plusieurs liasses de billets, ce qui laissa incrédule le marchand en face de lui. En effet, l’artificiel possédait une coquette somme d’argent grâce au trafic d’organes et au vol sur ses victimes, donc il pouvait se le permettre.


Dans un soupire, il finit de payer la somme due. Pourquoi il ne massacrait pas le camp comme d’habitude ? Parce que c’était la première fois dans ce pays, donc il avait besoin d’informations sur d’autres camps avant de débuter son extermination. Dès lors, il devait faire profil bas et respecter les demandes de ces gens infects… De toute façon, il se ferait rembourser plus tard, à même leurs corps.

Quelques heures plus tard, on lui remit une cinquantaine de chaînes, avec au bout… Des êtres humains. Réfrénant ses envies de vomir inexistantes, car il n’avait pas cette fonctionnalité, il les emmena doucement, faisant mine d’être brutal tant qu’il était à portée de vue des marchands d’esclaves. Parcourant les chemins du pays des Ruines pendant une trentaines de minutes, il s’arrêta en estimant être assez loin. Il porta un regard froid sur les chaineux.




Il vient d’un geste transformer son bras, ce dernier s’ouvrant en deux et sortant une lame de chaque côté pour former un ciseau gigantesque… Et il détruit les chaines de tout le monde, avant de reprendre son chemin, d’un air confiant, presque impérieux. Et… Phénomène étrange, mais aucun esclave ne s’enfuya. Ils le suivirent tous, comme si c’était naturel de suivre cet homme.




Et il appliqua un tissu imbibé d’alcool sur les plaies de cette jeune fille. En effet, avant d’aller rendre ces gens à une certaine nouvelle ville, il allait remplir quelques informations sur chaques esclaves, et surtout résoudre les soucis qu’il pouvait résoudre directement : remplacer un membre nécrosé par une prothèse, noter une maladie précise, ou autre. Là, il s’occupait d’une petite fille, qui avait par miracle pas trop martyrisée lors de son séjour en esclavage.




Faisant un mouvement de tête pour signifier “je te l’avais dit”, il vient bander les blessures de la jeune fille, faisant même un petit noeud mignon à la fin, sans aucune expression particulière, retournant à son bureau pour finir d’écrire les informations nécessaires.


Il s'arrêta d'écrire un instant, avant de reprendre sans un mot, laissant la jeune fillette retourner dans la salle commune... Pour trouver une petite peluche sur son matelas.

Il était temps. Après quelques jours à remettre dans un état correct d’hygiène, de santé et de repos ses protégés, il était temps. Leur ayant permis d’avoir des habits corrects et de dormir dans des dortoirs de cinq personnes maximum, il les avait convié à venir se rassembler dans la salle commune.

Maintenant en route, ils traversaient donc les routes sinueuses du pays des Ruines, anciennement pays de l’Herbe, en se rendant vers cette nouvelle ville, Tsubomi. Il regardait le paysage de nouveau sauvage après le passage de la guerre, des ruines encore fumantes et des hurlements au loin. Quand ce dernier phénomène se passait, il sentait la petite main de la jeune fille aux cheveux violets qu’il tenait se serrer, et il la rassurait… Par un sourire franc et chaleureux, l'un des seuls qu’il avait réalisé dans sa vie.



Alors, elle serrait la petite peluche canard qu’il lui avait offert, comme un symbole d’espoir que tout allait bien, puisque cet artificiel allait les protéger. Quelques heures passèrent, et ils arrivèrent devant une ville bâtie, debout depuis un an. Il leva ses yeux bleutés sur ce regroupement de bâtisses, et vient hausser la voix fort pour se faire entendre même de loin, après avoir demandé à la petite fille de se boucher les oreilles.


Il vient d’un geste de mains en l’air pour faire arrêter la petite troupe qui le suivait, et laissant la petite rejoindre les femmes de cet attroupement tandis qu’il s'avançait de trois pas en avant, croisant les bras en attendant que quelqu’un, ou quelque chose, sorte. Il était sur ses gardes, au cas où un danger soudain viendrait pour attaquer ses protégés.

Avec une étonnante tendresse, l’érudit à la coiffe bleue caressa de son regard les « siens ». Une part de lui aimait encore le doux son des machines, les clapotis des flots usés, les crépitements des fours noircis par l’ouvrage. Peut-être, était-ce un mirage. Cette affection, ne dissimulait-elle pas un caprice de l’orgueil ? Car à voir ses hommes et ses femmes au travail, il ne pouvait que constater sa supériorité. Lui, l’homme d’affaires, le chef du tout premier journal continental, n’était en vérité pas leur égal. Non pas parce qu’il le désirait, mais parce que la vie l’avait décidé. En côtoyant les ténèbres, en s’y perdant, il avait abandonné toute naïveté au point de blesser sa propre humanité. Alors, comme pour marquer de nouveau l’instant, le Nara détourna son attention et vint admirer la lente décrépitude de sa flore personnelle. Chaque pot était le témoin de l’emprise de la corruption, et lorsqu’il fut certain de son choix, il libéra l’éclat de sa pierre philosophale et accéléra de quelques lunes la décomposition de la pauvre Monstera.

Quelque temps plus tard, l’un de ses informateurs locaux fit son irruption dans l’usine. Il possédait un bien étrange message. Un homme immaculé, suivi d’un groupe de désoeuvrés s’était présenté devant l’une des portes de la Cité. Toujours l’affût d’un potentiel ennemi, ou d’opportunité, le savant quitta son bureau avec empressement. Par sûreté, il envoya son employé chercher le Maître des lieux, Jotaro était un orateur hors pair, bien plus que Renpei. En cas de danger, il valait mieux le laisser prendre la lumière.

Connaissant toutes les ruelles et les raccourcis de Tsubomi, la Corneille ne tarda pas à rejoindre les visiteurs du jour. Sourire de façade, main en évidence, l’émissaire se présenta sous son meilleur jour. Sa venue sembla rassurer les gardes, ils se sentaient à l’abri aux côtés de cette force tranquille. D’un œil vif, il évalua la menace et fouilla sa mémoire en quête d’informations. Connaissait-il l’une de ces personnes ? Fallait-il les autoriser à rentrer dans ce magnifique îlot de paix ? Puis, vint la révélation.

Ena Monzaemon, que nous vaut votre visite ?

Si le ton était cordial, presque amusé, l’écrivain se tenait prêt au combat. Ses mains habiles pouvaient en un instant déchaîner les pires créations, et pourtant, elles demeuraient inoffensives. Conscient des risques et des dangers, il ne souhaitait pas initier un conflit devant tant de témoins. Si la situation venait à dégénérer, il se savait incapable de protéger tous les innocents.

Ne soyez pas étonné, je me tiens toujours informé des nouveaux inscrits dans le Bingo Book. Et parce que vous avez déjà nui à Ame, je suis curieux d’entendre vos motivations. Sont-ce vos invités ? Je doute que vous ayez fui l’Ouest avec autant de monde. Et au vu de la confiance qu’ils vous accordent, ce ne sont pas vos cobayes.

De tels regards ne pouvaient être feints. Le marionnettiste avait aidé ses miséreux, c’était une certitude. Mais pourquoi ? Les rumeurs entourant cet homme étaient loin de le décrire comme un philanthrope. Était-ce un piège ? Un leurre ? Prudence, donc.

J’en oublie les usages. Nara Renpei, serviteur de la paix et défenseur de la vérité.

Charge négative:

Un serpent. Quelqu’un qui savait manier les mots pour toujours être en position de force face à son interlocuteur. C’est l’impression qu’avait Ena de l’homme en face de lui, quand il écoutait ses diatribes. L’Immaculée n’avait aucun souci à voir ses péchés dévoilés au grand jour, en effet, il serait venu masquer sinon. Il n’avait jamais eu honte des actes horribles et répréhensibles qu’il avait commis, puisqu’ils allaient dans le sens de la morale qu’il s’était construit toute ces années.

Cependant, le représentant s’étant présenté comme “Nara Renpei”, nom que reconnaissait bien-évidemment notre personnage à la crinière d’argent, l’avait déclaré devant ses protégés. De manière évidente, il eut une réaction parmi les anciens esclaves, mais le manieur de pantins ne semblait pas s’en préoccuper, continuant de fixer les yeux du manieur d’ombres.



En guise, tout de même, de salutations, Ena penche doucement la tête en guise de marque de respect envers son interlocuteur officiel, mais aussi pour l’ensemble d’édifices derrière le Nara.

Il vient ensuite épousseter le bas de son vêtement traditionnel, tout aussi blanc que sa pilosité, avant de rejoindre ses mains dans les manches opposées. Il se tourne pour rassurer le petite fille à la crinière violette d'un léger sourire, avant de revenir jauger l’écrivain en face de lui : ses prochains mots étaient d’une importance capitale pour la réussite de sa mission, alors l’artificiel essayaient d’analyser au mieux les réactions du jeune homme face à sa proposition.


Il vient d’un geste de main poli demander à ce que l’un des hommes derrière lui s’approche. Ce dernier, d’apparence robuste, porte un rouleau de parchemin semblant assez massif, d'apparence rustique. Mais lorsqu’Ena en déroule une dizaine de centimètres, face vers le masqué, celui-çi peut y voir plusieurs lignes d’informations rédigées.