Un nouveau village se dessinait à l’horizon. Depuis qu’il était devenu un corsaire aux services du pays de l’eau, Kōhei en avait vu énormément. Des petits ou des plus grands. Des prospères ou des misérables. Des combatifs ou des pacifiques. Bref, il y avait autant d’archétypes de bourgs qu’ils contenaient d’habitants. Généralement c’était impossible à prévoir avant de débarquer sur place, et c’était petite inconnue qui plaisait tant au Capitaine. Cela l’exaltait. Il aimait découvrir si les habitants allaient résister ou fuir, presqu’autant qu’il aimait se battre.
Ce jour-là, le squale espérait avoir un peu de résistance. Les derniers pillages s’étaient déroulés trop facilement, les habitants leurs avaient pratiquement donné ce qu’ils possédaient sans rechigner. C’était particulièrement frustrant. L’équipage avait besoin de se défouler en plus de récupérer des biens, et ce n’était pas en affrontant des planctons qu’ils y arriveraient. Il leur fallait de plus gros poissons.

Les vents étants favorables, il ne leur fallut pas plus d’une heure pour s’approcher du hameau. Cependant, ce dernier était à peine plus de 200 mètres quand le navire s’arrêta. L’Observateur des Fonds n’ira pas plus loin car l’Inuzuka avait repéré des bancs de sables sous la surface de l’eau. S’ils s’approchaient davantage, la coque raclerait contre le fond de la mer et elle risquerait de se briser. Une chose qu’il voulait à tout prix éviter. Le bâtiment mouillerait donc là.

Tandis que tout l’équipage s’activait, le Capitaine se tourna vers ses guerriers. C’étaient eux qui allaient l’accompagner. Ils étaient sa force armée et ses plus fidèles serviteurs. Il avait une parfaite confiance en eux.

— Cette fois-ci est la bonne, nous aurons des combats dignes de ce nom. J’en suis persuadé ! Prenez vos meilleures armes, et préparez-vous à un bain de sang. Nous ne reviendrons pas sans nous être battu comme des requins en cage !

En retour de ces quelques mots, les hommes hurlèrent de rage. Ils voulaient se battre, et n’y renonceraient pas facilement. Les uns après les autres, ils sautèrent par-dessus bord pour atterrir dans le sable. Kōhei fut le dernier à les rejoindre. Il s’assura que personne ne restait en retrait, à l’exception de ceux chargés de garder le bâtiment, et sauta à son tour. Il fut rapidement rejoint par Domyū sous une forme hybride. Son compagnon, s’il n’était pas aussi friand de combat que l’Inuzuka, le suivait et le soutenait dans toutes ses entreprises. Il était donc prêt à se battre aussi. L’amusement allait pouvoir commencer.

Récemment, Mizu no Kuni semblait particulièrement actif aux frontières maritimes du pays du feu et cela ne présageait généralement jamais rien de bon. Encore il y a quelques semaines, certains villages écartés des grands ports de la Baie de Jade étaient victime de l’avarice des pirates de la Junte. Certaines mesures avaient alors été prises par ceux n’ayant pas été encore victime de l’oppression Mizujine en attendant que l’armée régulière n’intervienne sur leur terre, dont celle d’accepter que quelques opportunistes et désireux d’argent rapide alimentent les rangs des soldats déjà présents.

- Vous avez entendu la nouvelle ? Apparemment le clan Akamatsu a pu se permettre d’employer un membre des Senju.
- On dirait plutôt  une mauvaise blague pour nous rassurer.
- Pscht… Évite de dire ce genre de chose comme ça si tu veux pas des ennuis…
- …

Les nouvelles vont plutôt vite, Seika en soupire. Depuis plusieurs jours, elle avait dû faire une halte au Moeru minato no chiheisen ( 燃える港の地平線, Port de l’horizon flamboyante ), à l’origine pour servir de gardien des eaux face à la piraterie. Celle-ci enchaînait les travaux de ce genre afin de mener son prochain voyage en dehors de la contrée des Flamme. Par la même occasion, elle s’était aussi créée un petit nom dans certains villages, facilitant son besoin d’argent. Souvent assimilée au clan Senju en lien à son pouvoir héréditaire, elle n’en avait cependant pas le nom, ni même de véritables liens outre cette capacité. En un sens, ce n’était pas plus mal pour elle, mais l’idée même de porter le nom d’une personne l’ayant laissée sur le bord d’une rivière à sa naissance l'insupportait.

Alors qu’elle avait déjà entamé sa première semaine à Chiheisen no mura ( 地平線の村, village des Horizons ) , de bon matin, les préparations pour cette nouvelle journée se font sous le chant des clochers. La population s’agite, laisse comprendre qu’il s’agissait d’une alarme signant le repli des villageois pour laisser place aux soldats qui s'agglutinent peu à peu vers le port, où une flotte de Mizu s’approche dangereusement sur les plages de l’Horizon.

- On m’avait pas dit qu’il y en aurait autant…

Cela la fit très vite monter en tension, comprenant que cette attaque n’allait pas être une partie de plaisir en voyant le blason du Miru no Senjin arborait les navires envahisseurs. Seika avait déjà entendu parler de ces pirates. De véritables requins étaient-ils considérés tant leur plaisir pour les bains de sang était grand.

- On doit les empêcher d’aller au-delà des plages. Tous ne sont pas encore arrivés au point de rassemblement et ceux-là sont loin de faire dans la charité !

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