Entrée du Meikai (迷界, Domaine Égaré)

Le ciel témoigne de son lunatisme. Le bleu éclatant, percé par les rayons du soleil, ce même soleil qui illuminait les feuilles émeraudes de la forêt semblait s’être couvert, laissant place à une épaisse couche de nuage d’un gris qui s'annonçait rien d’autre que le mauvais temps. Pire que cela, les nuages gris n’étaient que des leurres cachants les terrifiants cumulonimbus ébène. Mais ça n’était pas une pluie, aussi forte soit-elle, qui allait stopper l’avancée de Kanzen en cette après-midi d’hiver. Voilà plusieurs jours que l’auteure du Daihyakka s’était trouvé un tout nouveau hobby, celui d’explorer pour recenser la faune et la flore qu’elle trouverait dans le coeur des forêts mystiques du pays de l’Érudition.. S’il avait été utilisé comme siège de la Pyramide d’Ombre et de Lumière, alors l’ensemble de ce pays devait être un nid à secrets et informations encore méconnus du grand public.

Alors que le vent soufflait, poussant les nuages en direction de l’épaisse forêt, le chemin de Kanzen croisa celui d’un ruisseau, et d’un pont de pierre qui le surplombait pour mener vers le coeur d’un bois dense, dont l’entrée ténébreuses ne semblait pas véritablement donner l’envie de s’en approcher. La nature étant bien faite, elle savait seule repousser les curieux et les prédateurs en quête de nourriture, qu’elle soit spirituelle ou matérielle. Aux alentours, aucune âme humaine ne semblait s’être établie, certainement réceptive à ce que dégageait l’endroit, comprenant qu’il ne fallait pas déranger le bois endormi. Kanzen le nomma, Meikai, le domaine égaré : égaré par sa localisation reculée de la civilisation, et parce que s’enfoncer dans ces feuillages pour quelqu’un de non expérimenté reviendrait à perdre son esprit dans une confusion totale.

Des premières gouttes de pluies se déposèrent contre la chevelure d’ébène de l’Alchimiste, qui après avoir passé un moment à observer l’entrée du domaine, prit la décision de venir s’abriter sous le pont derrière elle. Depuis l’abri, son regard ne quittait pas le saule-pleureur, alors ici porte vers ce monde sylvestre. Était-ce un bois ? La mangrove ? Tant de mystères à déceler. Accroupie alors que la pluie débutait sa terrible danse, en valse avec le bruit du tonnerre, Kanzen scruta l’entrée, tandis que l’environnement autour d’elle se plongeait dans une pré-nuit, les nuages couvrant le soleil et l’empêchant d’offrir son éclat.

Les yeux hétérochromes de Kanzen se confrontèrent soudainement avec deux globules brillants, s’échappant de l’obscurité. Le corps entier de la fille du bois se figea, comme si elle cherchait à imiter les roches qui composaient le pont, afin de ne pas perdre de vue les points lumineux qu’elle avait pu observer. Mais aussi vite qu’un clignement d’oeil, les éclats avaient disparu, laissant Kanzen perplexe face à la situation.

Parce que si l’éclat avait disparu, l’étrange sensation d’être observée demeurait. Pour Kanzen, toutes les forêts dégageait un aspect vivant, même si il était évident que Seirei était la plus vivante d’entre elle, car le chakra l’animait, celles qui n’étaient pas dotée de cet écosystème n’en demeurait pas moins consciente selon l'alchimiste. Après tout, de l’autre côté de la frontière, la forêt avait ses propres yeux et ses propres oreilles, et la plupart de ses frères et sœurs étaient capables de la comprendre, de communiquer. Cette vigilance quasi constante, Kanzen ne l’avait pas hérité des siens, et la disparition soudaine du lourd poids de sa sacoche semblait en être un autre témoignage, alors que le temps d’un instant, elle croisa le regard de la créature à ses côtés. Le reptile n’eut qu’une apparition brève, avant de regagner les couleurs du décor, totalement invisible, ne laissant comme trace de son passage, que les feuilles du saule pleureur agitées.

Elle cru, un bref instant, revoir la créature, entre les feuilles, l’invitant presque à la rejoindre, comme un défi lancé pour observer à quel point sa persévérance peut aller. Kanzen ne se ménagea pas, et malgré la pluie battante, la Senju traversa l’étendue d’herbe humide et décala les feuilles du saule pleureur d’une main, avant de s’immiscer dans l’étrange monde qui se cachait derrière.

Spoiler:

Par delà les feuilles tombantes, le ruisseau retrouvait son chemin, d’une étrange façon. Mais l’eau n’était pas encore assez présente pour perturber le chemin, la roche et le terre en évidence permettait de trouver son chemin vers un passage moins étroit. L’épaisseur des arbres permettait à la pluie d’éviter de trop s’infiltrer au cœur du bois, n’offrant qu’un léger filet lumineux, faible à cause du temps orageux, parfois intense lorsqu’un éclair fait son apparition. La broussaille barrait le chemin, un ensemble de branches et de feuilles visiblement dressées pour éviter à quiconque de trop grand ou de pas assez agile de s’introduire dans l’intérieur. Mais la nature, d’une certaine façon, lui obéissait, à travers les rituels sacrés que ses mains offraient, les feuilles se dégagèrent, presque naturellement pour offrir un passage à la femme dans ce lieu étrange. Mais une fois cette égide traversée, ce fut la brume qui la confronta, flottant à hauteur de buste : si ses yeux pouvaient percevoir les hauteurs, elle ne pouvait presque plus voir ses propres pieds.

Au loin, dans le cœur d’une souche surélevée, la créature autrefois perçue la toisait, accrochée à l’écorce, affichant une couleur peu discernable, le même brun-verdâtre que l’arbre qui l’accueillait. Mais sa forme se révélait, nul doute sur l’animal qu’il incarnait, mais Kanzen le savait, il n’était pas un animal normal. Alors immobile, pour ne pas perdre pied dans l’inconnu, elle le toise, son apparition lointaine et le regard lancé à l’Alchimiste témoignant du jeu qui semble se mettre en place : si elle veut récupérer ses affaires, elle va devoir traverser l’ensemble du bois pour l’attraper.

— Je m’appelle Kanzen. Cela a bien des significations mais je n’ai pas encore décidé d’écrire un dictionnaire pour les recenser.

Elle lie ses mains entre elles à nouveau, alors camouflées par la brume, mais l’animal au loin émet un cri, comme pour l’alerter. N’ayant le temps de composer ses manigances, elle relève le regard alors que l’ombre de l’animal se dessine dans la brume.

— Tu ne veux pas que j’utilise mes dons ? D’accord.

Kanzen passe une main dans son dos, se saisissant du bâton qui y trônait. Celui-ci, l’animal n’avait pas pu le dérober. Sans quitter des yeux l’horizon devant elle, contemplant les arbres qui l’entourait alors que la silhouette disparaissait plus loin, elle utilisa le bâton pour guider son chemin, se rendant vite compte que celui ci était semé d’une embûche particulière : des roches servants de marches trônait au milieu du vide. Elle s’abaissa alors, avec prudence pour comprendre d’où venait ce vide, mais lorsque sa main s’apprêtait à chasser l’air, elle se confronta à de l’eau visqueuse, de la vase.

Cependant, si la vase lui fit comprendre que l’endroit était bel et bien la mangrove, exposer son visage à la brume la fit rapidement se redresser. Elle laissa échapper une toux avant de reprendre ses esprits. Le temps d’un instant, elle crut perdre la vue, et ses poumons s’étaient embaumés d’un air épais, presque solide. En tâtant devant elle, le morceau de bois lui permettait de déterminer la position et la longueur présumée des différents rochers. Elle posa alors un pied, délicat, sur la première marche, tâtant pour chercher le bon appui avant de s’y élancer et de s’en servir de support, les bras écartés elle reprend son équilibre et observe devant elle. À force de patience, elle devrait pouvoir parvenir à suivre le chemin, sans en créer un nouveau qui dénaturerait l’endroit. Cependant, la facilité de l’épreuve cachait quelque chose, puisque plus les pas de Kanzen s'enfonçaient, plus la brume semblait monter dangereusement, ou était-ce elle qui descendait ?

Lorsque la brume parvint aux portes de son visage, le bâton tata quelque chose de bien plus étendu qu’un simple rocher, et le dernier saut se rattrapa sur ce qui ressemblait à de la terre, bien que la brume opaque empêchait toute confirmation. Kanzen ne perdit pas de temps pour poursuivre son chemin dans la brume, espérant en sortir avant de suffoquer et tomber inconsciente dans ces lieux.

Spoiler:

L’épaisse brume n’eut point le temps d’avoir raison d’elle. Après quelques longues minutes qui en paraissaient des heures, la brume se dissipa, s’élevant vers le ciel pour couvrir ce dernier et ne pas laisser apparaître ce qui servait de plafond à l’endroit. Mais de nombreux arbres poursuivaient leurs routes, l’eau, elle, s’était réduite, mais formait désormais plutôt un marécage boueux, mélangés à des racines qui s'entremêlent pour former un chemin semé d’obstacles. Chacun des arbres paraissait d’ailleurs très similaire, en vérité, il était même presque impossible de les discerner les uns des autres.

— De l’extérieur, cet endroit à l’air vraiment minuscule, mais une fois dedans, c’est un véritable labyrinthe.

Parler seule, une manière de structurer les idées de la jeune femme. L’endroit semblait sinistre, désert, les arbres eux, paraissaient morts, leurs racines sortaient de terre. Lorsqu’elle entreprit de marcher, pour s’enfoncer dans l’endroit, quelque chose tiqua rapidement dans l’esprit de Kanzen, lorsqu’elle remarqua à plusieurs reprises qu’elle passait devant le même arbre : certes, tous étaient similaires, mais lui seul sortait du lot puisqu’il possédait ce creux étrange dans son écorce.

— Je crois que j’ai utilisé le bon mot.

Sa main frôle l’écorce de l’arbre, elle prend ainsi un instant, reprenant son souffle et tournant son attention tout autour d’elle. Tous ces arbres paraissent similaires, mais peut-être qu’en les observant avec plus de patience, ils révèlent des secrets que la précipitation dissipe. L’humidité s'intensifiait dans l’air, à en déduire par la difficulté qu’avait Kanzen à reprendre rapidement son souffle, visiblement, plus le temps avançait, plus cette brume qu’elle pensait disparue descendait petit-à-petit sur elle. En restant auprès de l’arbre au creux, elle crut apercevoir un spécimen similaire, dont l’écorce avait été marquée. Elle s’y approcha alors, remarquant que l’écorce était jumelles à celle du premier arbre, et que leurs racines, en suivant au sol ces dernières, se jumelaient directement.

Une solution trouvée, alors que la créature observée auparavant n’avait pas reparue, mais Kanzen se savait observée, elle chercha les réseaux de racines pour s’orienter, poursuivant son chemin en s'enfonçant sur le côté, en vérité, sans les racines, elle serait déjà totalement perdue dans cet endroit étrange. Dans la brume qui commençait à doucement couvrir le paysage, épargnant son chemin, elle cru parfois apercevoir des silhouettes, de taille et de formes différentes, comme si le manque d’oxygène avait petit-à-petit raison de l’alchimiste. Mais en poursuivant son chemin, elle ne tarda pas à trouver la sortie de cet endroit visiblement maudit, et lorsque l’air reprit le goût agréable qu’il avait en temps normal, et que la lumière traversa le plafond verdoyant, Kanzen ne pu constater qu’avec un certain étonnement, que devant elle ne se dressait qu’une grande étendue d’eau, la forêt s’était désépaissie, elle avait certainement rejoint l’endroit où le ruisseau menait.

Spoiler:

Le soleil brillait, l’orage était certainement passé. Et même si la météo se montrait clémente, aucun passage hormis celui des profondeurs aquatiques ne lui permettait de poursuivre son chemin. L’abandon de la créature eut un instant raison de ses pensées, mais dès lors qu’elle paru devant l’étendue d’eau, les deux éclats brillants reparurent, indiquant une souche d’arbre se trouvant de l’autre côté de la berge, une invitation à plonger dans l’eau pour la rejoindre et poursuivre cette aventure. L’eau, malgré le reflet vert des arbres, paraissait ici plus claire que l’eau de la mangrove. Kanzen prit un instant pour récupérer le souffle qu’elle n’avait pu compenser avant de se préparer à gagner l’eau, plongeant dans l’eau froide sans attendre.

En s’immergeant, ses jambes furent surprise par un lit d’algues qui trônait dans les profondeurs, rien de pour l’instant trop handicapant, Kanzen se contenta de nager en surface, car si elle pouvait se mouvoir sur l’eau en surface, les réticences de l’animal à la voir utiliser ses dons en ces lieux semblait la conforter dans l’idée de se mettre à l’eau. Si l’eau n’était jusqu’à lors pas un souci, si ce n’est sa température, en arrivant au niveau de la souche, elle comprit rapidement que la suite de l’aventure se poursuivra sous l’eau, la souche n’étant que l’entrée de ce qui semblait être une grotte sous-marine, à en déduire les rayons lumineux qu’elle pouvait observer en se penchant légèrement.

L’Alchimiste prit une inspiration et s’enfonça dans l’eau, poursuivant son chemin en flottant dans cet univers aquatique pourtant si hostile. Les efforts physiques étaient énormes, mais c’était sans compter sur les diverses algues qui décidèrent de s’accrocher naturellement autour des membres de Kanzen, au fil de ses mouvements dans l’eau, la retenant parfois quelques longues secondes pour s’en défaire et continuer son chemin. Mais hormis la flore, aucune autre vie ne semblait se présenter aux yeux de la femme.

Le manque de lumière dans l’eau n’offrait pas un chemin si facile. Kanzen se repérait grâce à la lumière qui s’échappait de son objectif, et tantôt, grâce à son bâton qui lui permettait de dégager la flore trop envahissante, notamment les couches de vases et d’algues qui n’avaient de cesse de s’accumuler lorsqu’elle approchait de l’objectif.

Cependant, et même si les longues secondes de voyages ne coûtaient pas tant de réserve d’air que ça à la Senju, le dessin d’une ombre dans l’eau, alors que la lumière commençait à l’éclairer de mieux en mieux la fit se figer dans son mouvement. L’attitude de la créature sous-marine était claire : en voyant Kanzen au loin, elle chercha soudainement à la charge, lâchant la proie qu’elle tenait dans sa gueule, témoignant de sa nature de prédateur. Elle n’attendit alors pas plus longtemps pour se rapprocher de la poche d’air qui se dessinait, sortant la tête de l’eau pour reprendre son souffle alors qu’elle avait trouvé la sortie. En sortant de l’eau, elle remarqua la silhouette du reptile qui l’observait, juste derrière elle, ce qui expliquait en d’autres termes que dans l’eau trônait une créature toute autre, dont le territoire avait été violé. Le reptile eut un mouvement de recul avant de disparaître à nouveau, visiblement craintif, alors que depuis le bassin, l’ombre se rapprochait pour tenter de sortir de s’en prendre à l’humaine qui avait violé ses eaux. Mais au moment d’apparaître, les mains de Kanzen s’offrirent une danse interdite, dont le résultat semblait immédiat à la suite de cette invocation : les algues profondes prirent soudainement la direction de l’ombre pour la tirer au fond de l’eau, et la retenir au moins un moment : ou la dissuader de la poursuivre.

— M’en veux pas. C’était ça ou tu devenais son repas.

Spoiler:

— Bon, tu comptes me redonner mes affaires ou t’as encore des lieux à me faire visiter ?.

Kanzen avait retiré le lourd de ses vêtements trempés, et essoré ceux qui restait encore sur elle. Le caméléon accroché sur le mur s’était révélé à nouveau à ses yeux, alors qu’il semblait lui indiquer quelque chose du bout de la queue. La terre se voyait en ces lieux, remplacée par la roche, bien que couverte de mousse, et l’eau ruisselait le long de ces dernières avant de rejoindre le bassin. La lumière venait des hauteurs, se faufilant à travers les creux qu’offrait la structure rocheuse. La direction pointée par l’animal désignait un petit couloir dans la roche, Kanzen laissa ses vêtements contre le sol, ne gardant que le moins lourd sur elle pour suivre la direction indiquée par la chose.

Au bout du chemin pavé, bien que la disposition des pierres témoignait bien d’une formation naturelle et non prévue par l’homme, se trouvait un gigantesque tronc visiblement abîmé, ses branches tombantes révélaient des feuilles fanées, qui tombaient petit à petit. Les racines apparentes sont noircies, pourrissant alors que l’arbre semble mourir à petit feu, consumé par un mal que Kanzen ne peut déterminer. En s’en approchant, le reptile refait apparition, sur le tronc de l’arbre alors qu’il s’y agrippe avec fermeté, ses yeux toisent la Senju

— Je comprends mieux.

Nul doute, cet arbre était la raison pour laquelle l’animal avait conduit Kanzen ici. À la fois pour tester sa persévérance, mais aussi l’étendue de ses dons, puisqu’il se détache de l’arbre pour approcher la femme, la poussant d’un geste de sa queue pour l’inviter à s’approcher du tronc, l’inviter à faire quelque chose. La jeune femme s’agenouille au pied de l’arbre, observant l’état des racines, puis de l’écorce. En frôlant cette dernière, elle se détache et tombe contre le sol, libérant un peu de sève qui elle aussi se révèle d’une couleur grisâtre.

— Je pense pouvoir faire quelque chose. Je pense qu’il a dû récemment recevoir de l’eau souillée, ce qui l’a profondément affecté.

Kanzen tend sa main, toute la beauté que peut offrir les arcanes de la Kabbale lui permet alors d’insuffler à nouveau la vie dans l’arbre mourant, lui offrant de nouvelles racines, une nouvelle écorce. Le noir des racines se consume lui même pour offrir un nouvel éclat au bois, et cette vitalité se propage soudainement, éclaircissant la sève, relevant les branches et fleurissant les bourgeons endormis pour en faire un arbre majestueux, et plus grand qu’à l’origine. Après cela, elle lie ses mains entre elles pour faire émerger depuis le sol et les racines, des fleurs qui s’ouvrent et dévoilent un magnifique champ coloré tout autour de l’arbre, ainsi qu’un surplus d’herbe. Se redressant, la femme observe son oeuvre alors que le caméléon apparaît sous ses yeux, se rapprochant de l’arbre pour en constater l’état.

— Tout ce chemin. Cet endroit est vraiment particulier, la nature regorge de merveille. Meikai était finalement un bon nom pour le qualifier.

Spoiler:

De retour non loin du bassin, Kanzen profita de la renaissance de l’arbre pour couvrir l’endroit de parterre de fleur et d’herbe, pour permettre une meilleure adhérence au sol que de la roche humide. En revenant sur les lieux où elle avait décidé de déposer son épais manteau, elle y trouva sa sacoche dérobée. Kanzen prit alors un instant pour s’asseoir et récupérer quelques vivres pour satisfaire sa condition humaine.

— Je sais que tu me comprends, et que tu me vois. T’es pas qu’un simple animal pas vrai ?

Kanzen cherche du regard la créature, qui s’était fondue dans l’herbe. Elle avait déjà entendu parler de ces animaux dotés de chakra, d’ailleurs leur taille témoignait de cette particularité, certains devenaient bipède, d’autres géants. Certes, le caméléon n’avait pas vraiment montrer un quelconque pouvoir visible, mais son habileté à apparaître et la retrouver malgré la brume, témoignait d’un talent de sensorialité certain. La présence de la créature hors d’un Calice titilla l’Alchimiste, mais l’idée qu’il soit libéré d’un précédent pacte et laissé à l’abandon est une hypothèse. Accroupie dans l’herbe, elle observe le caméléon se mouvoir avant de l’interpeller soudainement.

— Ça te dirait d’accepter de pactiser avec moi ? Je débarrasserais l’endroit du prédateur et veillerait à ce qu’il reste préservé.

Elle affiche un léger sourire, la créature semble dubitative, et garde le silence. Pour autant, elle ne fait pas part de la moindre réticence, en vérité, elle semble attendre quelque chose. Des mots ne suffisaient pas pour lui prouver cette bonne foi.

— M’enfin, je sais comment ça marche.

Car les pactes n’étaient pas une notion inconnue à ses yeux, elle savait que l’animal attendait un sacrifice. Sa sacoche retrouvée, elle en tire du tissu pour pouvoir mener à bien son expérimentation, préparant son bras à devoir perdre l’une de ses parties. Après avoir resserré un tissu autour de son coude et préparé de quoi éponger, le bâton de bois entre ses mains prend soudainement la forme d’une longue lame, tranchante malgré sa matière. Elle observe la créature silencieuse avant de soudainement s’ôter l’avant-bras, serrant les dents sous la douleur que l’amputation avait pu lui causer. Nul doute qu’après ça, elle aurait besoin d’un certain repos avant de regagner l’extérieur.

Pour la créature, Kanzen avait pu prouver sa valeur : d’une part en relevant le défi de traverser la mangrove et le bassin en entier pour sauver l’arbre, de l’autre en sacrifiant une partie de son bras pour le lui offrir.

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