Kyūketsu Shokubutsu (吸血植物, la Plante-Vampire) toise de ses excroissances nivéales et de ses milliers de pupilles carmins notre aventurier. Cette créature chimérique, née d'un esprit oscillant entre folie créative et innovation hérésiarque, conserve jalousement ses jujubes. Les drupes oblongues inermes, ces perles sanguines porteuses du remède contre le Givrefroid, ne sont pas encore mûres.

L’index et le pouce de Meiun saisissent son menton. L’air songeur, il réfléchit à un processus naturel, le plus autonome possible, pour favoriser la croissance des fruits de son vampire. La main de l’Homme doit, autant que faire se peut, éviter d’interférer dans l’évolution de cette graine de Seirei. Nul ne connaît réellement les conséquences que produisent les intéractions entre l’Humanité et le Poumon du Continent.

— Tu es retors.

Une idée taraude les pensées du Kokka Renkinjutsushi.

— Hélas, Création, je n’ai d’autre choix que de briser ta volonté.

La paume du flavescent rencontre l’écorce nivéenne.

— Offre aux orientaux un moyen de lutter contre le Givrefroid. Je te rendrai ta Liberté ensuite.

Le contact chaleureux cesse.

— Je vais leur offrir mon savoir. Ils pourront te renforcer et multiplier ta présence.

Pour la seconde fois aujourd’hui, les paumes de Meiun se lient et déversent l’influence du Chakra Yin dans la serre. Partisan de la voie créatrice, notre expérimentateur connaît une solution naturelle, dont la main d'œuvre ne peut être égalée. Un éclair rutilant zèbre l’éther et une ruche sigillaire apparaît, suspendue à la branche du Vampire. De la forteresse alvéolaires s’échappent de nombreux insectes porte-aiguillons.

Les hyménoptères ont pour seule vocation de parfaire la pollinisation du jujubier. Ce travail de fourmi est trop délicat et chronophage pour les orientaux. A cela s’ajoute un trait commun : les deux créations de Meiun sont des entités alchimiques, des reliquats d’énergie naturelle qui se complètent l’un et l’autre. Le premier est un arbre capable de supprimer les effets du Givrefroid, mais peine à produire ses fruits. Le second est un ouvrier sans faille, capable de démultiplier la production arboricole, mais nécessite un foyer alchimique. En somme, une situation d’interdépendance.

— Je ne pense pas que cela suffira à endiguer le besoin de sang. C’est une première étape. Ato et Issei, lorsqu’ils planteront d’autres Kyūketsu Shokubutsu, pourront profiter de ces travailleuses ailées. Qui sait, peut-être que le miel de jujubier sera lui aussi curatif…

Le dernier terme se répète comme un écho lointain qui assiège sa boîte crânienne. Produire des résidus alchimiques, ces ersatz de flore et de faune endémiques à Seirei no Kuni est une chose, les transformer en remède en est une autre. Issei et Ato doivent le rejoindre. Il est l’heure.

Spoiler: