Une simple balade. Au début, il s’agissait d’une simple balade avant que le chaos ne s’en mêle et ne chamboule ses plans.

Si pour l’instant Tenma s’était établi à Ame, il ressentait régulièrement le besoin de s’évader. Bien que la Liberté fut le maître mot au sein de la cité-état, le shinobi se sentait régulièrement écrasé par la ville et ses habitants. À ces moments-là, il devait s’échapper de cette prison à ciel ouvert pour retrouver la nature. Il voulait retrouver les sensations du vent sur son visage et de l’herbe sur ses pieds. Il voulait pouvoir se rendre là où il le désirait sans être limité. Il voulait retrouver la Nature. Ainsi il décida de se rendre à Kome, l’une des nations frontalières au Pays de la Pluie.

Peut-être avait-il joué avec le feu en se trouvant si proche de Toji, une région où il ne comptait pas remettre les pieds de ci-tôt, mais Tenma était fait ainsi. Refuser de s’y rendre parce qu’il y avait une possibilité que ce soit dangereux pour lui, reviendrait au même que le priver d’une partie de sa liberté. Ce qui reviendrait à tuer une part de son être.
Sans plus d’états d’âme, il partit donc explorer le nord du Pays du Riz. Il n’avait jamais approfondi ses connaissances de la région, et n’avait fait que la traverser lors de son dernier passage. C’était donc l’occasion rêvée de le faire. Il laissa donc Ame derrière lui pour s’enfoncer dans les plaines de Kome.

Plus le Fujimi s’éloignait de la cité d’Abondance, plus l’air s’asséchait. Dès qu’on s’éloignait du fleuve, et que les précipitations baissaient, le climat des Pays de la Céramique et du Vent se faisaient d’autant plus ressentir. L’herbe était plus sèche et le terrain plus plat. Des réminiscences de sa vie avant qu’il ne déserte tentèrent d’immerger de son subconscient, mais Tenma se força à se concentrer sur les paysages qui s’offraient à lui. Il ne voulait certainement repenser à cette période de sa vie, pas maintenant. Malgré la chaleur presqu’étouffante, il était d’assez bonne humeur. Il ne voulait certainement pas gâcher cette journée. C’est à se moment-là que la balade prit fin, alors que le Soleil entamait sa course vers l’horizon.

Tenma venait d’arriver au sommet d’une petite colline, quand une tache attira son attention. À cause de l’intensité de la lumière, il lui fallu quelques instants pour distinguer les quatre silhouettes à l’opposé du tertre. À vrai dire, en se concentrant d’avantage et en plissant les yeux, il comprit que quelque chose n’allait pas. Deux des personnes avaient une allure étrange, presque difformes. Au même instant, les ombres semblèrent le repérer et se dirigèrent calmement vers lui. C’est à ce moment-là que les évènements dégénérèrent.
Le shinobi aurait dû se douter que la rencontre ne serait pas anodine, pas aussi près de la frontière de Toji, mais cela ne vint pas à l’esprit du manipulateur de fils. Au contraire, il espérait rencontrer des paysans ou d’autres voyageurs comme lui… Ce n’est que lorsqu’il entendit un cri, suivi d’un changement de rythme dans la marche du groupe, qu’il se posa réellement des questions. Il s’arrêta une seconde fois pour les observer, et comprit tout de suite pourquoi deux d’entre eux semblaient avoir une démarche étrange : c’était des pantins. Les inconnus étaient des membres du clan Monzaemon, ce qui expliquait leur attitude. Pour une raison ou une autre, ils voulaient se battre et Tenma ne songea pas une seconde à s’enfuir. Leur tourner le dos aurait très certainement signé son arrêt de mort.

Une simple balade. Au début, il s’agissait d’une simple balade avant que le chaos ne s’en mêle et ne chamboule ses plans.

Sous le ciel vaste et éclatant, Soju marchait paisiblement à travers les vastes plaines verdoyantes. Les herbes ondulaient doucement sous la brise, et le doux murmure du vent semblait transporter avec lui des histoires anciennes. Soju, un aventurier au regard perçant, savourait chaque instant de cette journée ensoleillée, loin des tumultes de ses derniers jours.

Alors qu'il progressait dans les prairies, il remarqua au loin un groupe d'hommes qui semblaient prêts à en découdre. Leurs visages étaient crispés, leurs mains s'agitants étrangement.  Une tension palpable flottait dans l'air et certain d'entre eux semblaient plus étranges que les autres.

Curieux de savoir ce qui se passait, Soju s'approcha discrètement, se fondant dans la végétation. Il observa la scène avec précaution, cherchant à analyser ceux qui se faisaient face. Leurs regards étaient empreints de méfiance et de défi, prêts à en découdre pour une raison qui échappait encore à Soju. Quatre contre un, non, après mûr réflexion, deux contre un, quand bien même l'avantage numérique semblait le même. Cela était belle et bien des pantins, cela ne réjouissait guère de manipulateur de sable, bien qu'il était certain ne pas être arrivé au Pays de la Céramique, la frontière ne devait pas être loin et voir ici des marionnettistes semblaient presque logique.

Pour autant , ce qui l'intrigué était avant tout l'homme sur les hauteurs, celui qui ne semblait pas plaire à ce deux. Alors qu'il scrutait la situation, une voix puissante s'éleva en direction de la colline. C'était l'un membre du groupes, exprimant ses revendications avec passion. Soju comprit rapidement que la situation tourné autour de cette homme qui était leur cible, affirmant la légitimité de leur présence dans ces vastes prairies.

Curieux de voir comme les choses évolueraient, il garda sa place parmi les herbes, caché à quelques dizaine de mètre du duo, attentent de voir pour agir ou non.  

Au final, le chaos n’est-il pas une forme de liberté ? D’un côté cela avait du sens, mais de l’autre Tenma n’était pas certain de vouloir y croire.

Les opposants se rapprochaient à vitesse constante, et il ne fallut qu’une minute pour qu’ils se retrouvent à une dizaine de mètres l’un de l’autre. Puis tout s’arrêta. Les shinobis se jaugèrent mutuellement sans passer à l’action, et il ne fallut qu’une dizaine de secondes au Fujimi pour reconnaitre l’un de ses adversaires. Il s’agissait bien d’un Monzaemon, après tout les marionnettes étaient là pour l’attester, mais pas n’importe lequel. C’était Reiji, un des proches du fils du gouverneur. Certes il avait vieilli, mais c’était bien lui et la cicatrice sur sa joue était bien là pour le confirmer.
Le visage impassible, Tenma lâcha alors un juron à voix basse. Parmi toutes les personnes qu’il aurait pu croiser, il fallait que ce soit un fantôme de son passé. C’était bien le genre de problèmes qu’il aurait évité si cela avait été de son ressort. Toutefois, il était maintenant impliqué dans cet affrontement et il n’avait certainement pas d’autres choix que de les affronter. Il tenta alors de jauger la situation, et haussa la voix.

— Reiji, ça faisait longtemps. Je vois que le temps à laissé la marque de son passage sur ton visage… Qu’est-ce qui t’amène à Kome ? ajouta-t-il sans transition.

— C’est Reiji-san pour toi, surtout que tu as toujours l’air d’être le même gamin qu’il y a 15 ans… C’est le meurtre de Haruhiko qui t’a permis ça ? Ou tu as massacré d’autres innocents ? Tu vas payer pour ce que tu as fait ce jour-là. Ce n’était pas notre objectif aujourd’hui, mais cela s’arrange bien avec ton exécution. Le gouverneur sera content.

Intérieurement, la curiosité de Tenma fut piquée et il nota qu’ils avaient une mission à accomplir. Mais laquelle ? Le shinobi se promit de se pencher sur la question s’il survivait à l’affrontement.

Sans plus attendre, les deux marionnettes se jetèrent sur leur adversaire tandis que leur maître remuait à peine les doigts. C’étaient des modèles assez classiques, semblable à ceux qu’il avait déjà vus, bien qu’ils dussent certainement renfermer des surprises. La moindre inattention pourrait lui être fatale. À son tour, il se jeta dans la mêlée.
Comme il s’y attendait, les deux Monzaemon restaient à l’écart pour observer le terrain et utilisaient les pantins pour maintenir la distance. À l’opposé du Fujimi qui préférait le contact. Tandis que celui-ci réfléchissait à une stratégie, il eut l’impression que le temps se contracta. Comme si les évènements se déroulaient au ralenti tandis qu’il pensait à sa prochaine action. Celle-ci se révéla à lui comme une évidence : brouiller la vue des deux manipulateurs. Sans eux, les hommes de bois n’étaient plus que des mannequins sans vie. À l’intérieur de ses larges manches, il attrapa une bombe fumigène et la lança vers ses adversaires. L’avantage ne durerait pas plus d’une seconde ou deux, mais il espérait que ce soit suffisant pour qu’il se débarrasse des marionnettes.  

Caché et positionné à quelques dizaines de mètres de ce qui allait indubitablement devenir un affrontement des plus violents, Soju tendait l'oreille. Ne captant pas facilement toute l'histoire derrière les échanges empreints de mépris, mais désireux de voir ce que cela allait donner, il ouvrit grand les yeux.

Souhaitant mieux observer la situation sans pour autant divulguer d'emblée sa présence, il s'approcha lentement, rampant parmi les fourrés, serpentant presque et réduisant l'espace entre lui et les protagonistes. Le clan Monzaemon étant ce qu'il est, ayant du moins eu bien plus d'écho à leur sujet que de véritables interactions avec eux, il était certain que le spectacle serait bien plus intéressant que celui proposé par de petits artistes sur les marchés de L'Arbre-Monde des années en arrière.

Comparant sans vergogne l'art du spectacle à celui de la guerre, qui pour l'heure n'avait rien de différent à ses yeux, une explosion de fumée vint presque le chatouiller, lui donnant l'envie d'applaudir la scène, comme il l'aurait fait devant l'action d'une prestation d'un théâtre ambulant. Gardant tout de même sa contenance, il anima tranquillement le sable de sa jarre, histoire de se protéger au cas où la situation venait à déraper.

En réalité, l’avantage dura même moins longtemps que ses estimations. Si l’un des pantins se stoppa net, l’autre continua ses mouvements. À vrai dire, les yeux de la seconde marionnette semblèrent le fixer comme une véritable personne l’aurait fait. Un frisson parcouru l’échine de Tenma, tant à cause du regard effrayant de la poupée grandeur nature que de l’impression d’être observé. Au moins l’un des deux shinobis n’était pas gêné par la fumée et il en était certain. Sans une once d’hésitation, il reporta son attention sur l’ennemi immobile. S’il pouvait s’en débarrasser avant que la diversion ne se dissipe, ou qu’ils en sortent, il aurait déjà fait un grand pas vers la victoire.

La créature au regard statique se jeta littéralement sur lui, deux courtes lames en avant. Ses jambes ne touchaient même pas le sol, et elles flottaient mollement. Toutefois, cela n’enleva rien à sa vitesse d’action. Le Fujimi n’eut pas le temps de réfléchir à un plan d’action qu’il esquiva l’offensive d’une roulade en direction du second pantin. Alors qu’il se réceptionnait sur ses deux pieds, et avalait les derniers mètres qui les séparaient, il arma un coup de poing qui semblait viser le bas-ventre de la chose. Au dernier moment, des fils noirs émergèrent des jointures entre les premières phalanges et formèrent trois griffes aussi dures que l’acier. Elles s’enfoncèrent aisément dans le bois, et éventrèrent la marionnette tandis que Tenma terminait son mouvement par un uppercut.

Malheureusement, il n’eut pas le temps d’observer sa victime se décomposer que le premier pantin revint à la charge. Jusqu’à présent, les coups étaient simples, précis et rapides. L’apatride les esquivaient assez facilement, mais cela l’empêchait de contre-attaquer. Pour l’instant, il était dans une impasse qui risquait de tourner en sa défaveur. La poussière retombait, et les deux ninjas allaient pouvoir l’affronter à deux contre un. Même avec un automate en moins, ils avaient plus d’un tour dans leur sac.

 Examinant les échanges entre les protagonistes et constatant l'utilisation habile de leurs atouts respectifs, les compétences de l'homme en infériorité numérique attirèrent l'attention du jeune Gekimetsu. Bien qu'il ne comprenne pas encore pleinement ses capacités, en comparaison avec celles des marionnettistes plus expérimentés, Soju sentit que cet individu avait du potentiel, mais cela ne semblait pas être suffisant.

Lorsqu'un des pantins chuta, partiellement endommagé et presque éviscéré, la créature de bois s'étala sous le regard enragé de son manipulateur. Pestaillant contre son adversaire et encouragé par son camarade à faire encore mieux, l'homme avait partiellement perdu le contrôle de sa création, mais cela ne suffisait pas à l'arrêter complètement. Les membres de la marionnette partiellement détruite reprirent vie et se joignirent à la seconde machine dans une nouvelle offensive.

Soju se perdait dans ses pensées, se demandant si venir en aide à cet individu étrange pourrait faire avancer ses propres projets. Il envisageait même de le recruter, sous réserve qu'il accepte de rembourser sa dette en l'aidant dans sa détresse. Au pire, il n'hésiterait pas à l'éliminer s'il devenait une menace.

Ainsi, manipulant son sable qui jaillissait de sa jarre, Soju compacta un torrent de grains en forme de dragon-serpent qui se précipita vers les marionnettistes, engloutissant rapidement l'un d'entre eux. [Ninjutsu B- Sable - Gekimetsu] Le dragon s'élevant dans le ciel sur plusieurs mètres, il piqua vers le sol et s'écrasa sur le sol, fracassant l'homme avec lui. La marionnette intact vint a se désarticuler, laissant alors le second manipulateur avec simplement les quelques membres qu'il avait sauvé de sa propre création.

L’avantage conféré par la bombe fumigène avait maintenant complètement disparu. Tenma avait su en profiter pour éliminer l’un des pantins, mais cela n’était pas suffisant pour prendre l’ascendant. Il était toujours en infériorité numérique bien que l’un de ses adversaires était désavantagé. Et c’était certainement le moins fort des deux.
Sous l’avalanche de coups, le Fujimi reculait pas après pas. Il était obligé de toujours céder un peu plus de terrain tout en parant ou esquivant les attaques. Et il ne savait pas s’il pourrait continuer encore longtemps. Le shinobi fatiguait de plus en plus, et la moindre erreur pourrait lui être fatale. Ses mouvements ralentissaient, ils étaient de moins en moins précise. Il savait qu’il ne tarderait pas à commettre un faux pas.

Sauf que cette fois-ci, le Destin fut de son côté. Du coin de l’œil, il aperçut un mouvement sur sa gauche. D’abord ce fut imperceptible, mais il prit rapidement de l’ampleur. Un torrent doré, prenant la forme d’un dragon, se précipita sur le marionnettiste qui manipulait le pantin qui n’avait pas été détruit. Tenma comprit alors qu’il s’agissait d’une immense masse de sable compactée pour prendre l’apparence de l’animal mythique. Une créature qui englouti le Monzaemon avant de l’entrainer dans les airs et l’écraser avec une force phénoménale contre le sol. Tandis que le fracassement résonnait sur plusieurs dizaines de mètres aux alentours, la marionnette qui affrontait le Fujimi s’effondra au sol. Inanimé.

Pendant une seconde seulement, qui parut durer une éternité, les deux adversaires survivants restèrent interdits. Ils ne comprenaient pas vraiment ce qu’il venait de se passer. Qui venait d’intervenir ? Toutefois, Tenma n’attendit pas d’avoir la réponse pour passer à l’action. Les fibres noires se compactèrent autour des muscles de ses jambes [Charge – Bukijutsu C – Fujimi] pour lui permettre de charger vers son adversaire. Alors qu’il s’approchait de celui-ci, un fouet formé de fils noirs et collants émergèrent de la paume de sa main [Bukijutsu C – Fujimi]. D’un mouvement souple et ample, il propulsa les fibres vers son adversaire afin de le neutraliser. Ses mains étaient collées contres sont corps, il était maintenant incapable de les bouger. Il ne pouvait donc plus manipuler de pantins. Il avait perdu.
L’apatride s’approcha, beaucoup plus calme cette fois-ci, et se pencha au-dessus du fameux Reiji. Alors qu’il tentait de récupérer son souffle, il posa la question qui le taraudait depuis le début.

—Que faisiez-vous ici… Vous n’étiez pas là pour moi… je n’en vaux pas suffisamment la peine… et vous étiez surpris de me voir. Pourquoi alors ?

Il se demandait également qui avait bien pu l’aider, mais il ne pouvait pas tout régler d’un seul coup. Une question à la fois était déjà plus que suffisant. Surtout que son bienfaiteur n’avait aucune raison de l’attaquer, alors qu’il venait de l’aider quelques secondes plus tôt.

 Ayant ôté la vie au marionnettiste, celui-là même rentré au prise avec son sable draconique, fracassé avec violence à même le sol et noyé sous le torrent de sable. Explosion surprenante, scotchant les protagonistes de cette affrontement qui ne comprenait pas de nombreux éléments de cette situation. Venant à se redresser parmi les hautes herbes, constatant à cette instant la prise d'action de ce combattant adversaire à ceux du Clan Monzaemon, l'homme enchaîna quelques mouvements et contraint son opposant à l'inaction la plus total, imposant à son corps des liens sombres.

Soju attirant à lui les grains multiples éparpiller de ça, de là, en replongeant dans sa jarre, mais en gardant quelques uns sous le coude, il s'avança tranquillement vers les deux hommes. S'approchant ainsi de ce qui devenait alors une séance d'interrogation, le manipulateur de sable garda quelques distances, portant son oreille à cette discutions quelque peu personnel. Croisant les bras et fixant la scène les rôles semblait alors inversé, le marionnettiste devant alors le pantin de cet homme.

Tenma eut l’impression qu’il y eut un flottement avant que le Monzaemon ne songe même de répondre. Comme si la question l’avait pris au dépourvu. Les yeux du shinobi s’arrondirent quelques instants avant qu’ils ne récupèrent leur contenance et leur sérieux. Toutefois l’homme ligoté ne tarda pas à parler bien que ce ne fut pas nécessairement ce que l’apatride attendait.

— Tu as tué mon cousin, et tu pensais qu’on allait t’oublier comme ça Chien de Fujimi ? Et ce que tu as fait aujourd’hui n’arrangera pas ton cas fils de…

Sans attendre la fin de la phrase de son interlocuteur, le manipulateur de fils noirs resserra les liens qui entouraient sa victime d’un mouvement de poignet. Le mouvement soudain et rapide coupa la parole au marionnettiste et expulsa l’air de ses poumons. Pendant plusieurs dizaines de secondes, il fut même incapable de reprendre sa respiration. Etouffant petit à petit. Cependant, lorsque son visage commença à bleuir et que ses yeux semblèrent supplier son bourreau de l’épargné, Tenma relâcha légèrement la pression. Juste assez pour qu’il puisse emplir ses poumons d’un air précieux, mais pas suffisamment pour qu’il se libère.

— J’ai dit : que faisiez-vous ici ? Vous aviez l’air surpris de me voir donc je ne peux pas être la raison de votre venue.

Cette fois-ci, le Monzaemon sembla davantage réfléchir avant de parler. Lorsqu’il ouvrit la bouche, ce ne fut qu’avec des mots soigneusement choisis.

— On recherchait un autre Calice dans le nord de Kome, mais nous n’avons rien trouvé. On s’apprêtait à partir quand on t’a vu.

Le Fujimi avait déjà entendu parler des Calices lors de ses voyages, des vestiges des temps anciens, mais il n’en avait jamais vu ni explorer aucun. D’après les rumeurs, il s’agissait de zones dangereuses bien que les récompenses pussent se montrer à la hauteur des risques encourus. Peut-être tenterait-il un jour l’aventure ? Toutefois, il devait d’abord en localiser un et son instinct lui dictait que l’homme devant lui avait des informations dessus. Un mot dans sa phrase lui avait paru étrange.
Cependant, il ne put terminer son interrogatoire car une ombre derrière lui retint son attention. C’était celui qui l’avait aidé lors du combat, du moins il le supposa. Du coin de l’œil, il remarqua que les grains dorés qui avaient servi à créer le dragon se déplaçaient lentement vers l’inconnu. Sans se retourner, et tout en maintenant sa prise, il déclara à voix haute.

— Qui que tu sois, je te remercie pour ton aide mais j’aurais une question à te poser. Pourquoi avoir pris le risque de m’aider ? Tu aurais très bien pu rester caché.