Marcher jusqu'ici n'avait pas été de tout repos. Kaito et Yukio, occupés par d'autres préoccupations, avaient laissé Nué, après avoir vu que la garde te surveillait, non loin de la capitale. Ce qui était plutôt bon signe pour lui, car cette bonne garde le garderait de tout danger trop vivace. L'harmonie aimait la paix, mais était-elle prête à tuer, à saigner et à détruire pour garder son pays dans l'ordre voulue ? Il avait un doute, mais dans la vie on ne peut jamais être sûr de rien, alors contre fortune bon coeur, il se dirigea vers le centre de la cour des âmes pures. Et tout ce qu'il savait, c'était que son combat était juste, que son bras était vengeur, et que ses idées étaient pures et droite. Sans rien à se reprocher, sans un sous en poche non plus, il n'avait qu'une chose à faire, rencontrer un représentant de l'ambassade qui voudrait bien le recevoir.

Il avait envoyé une lettre, quelques jours plus tôt, et on devait l'attendre, malgré que rien ne prouvât que ce fut lui l'auteur, au moins avait-il fait les choses dans l'ordre auquel il aurait lui même voulu être soumis. D'abords, on prévient, avant d'aller chez quelqu'un. Surtout lorsque l'on était Nué, le démon de Tetsu. Le vil, le traître, le déserteur.

- Identité, raison de la venue ... Fit un homme posté devant les marches blanches donnant sur le palais d'albâtre qui occupait le centre de la capitale. L'ambassade de Chowa, il y était enfin ... Un sourire se dessina sous les bandes. Un sourire un poil agacé, mais vivace... Ca commence à devenir une habitude ce genre de question... Tant pis pour le prestige. Il avait opté pour la sécurité, et l'anonymat était bien plus protecteur que n'importe quel autre ruse. Surtout pour l'ancien fourreau rouge, et chef des Guerriers blancs de Tetsu.

- Imono Nué, j'ai annoncé ma venue à l'ambassade par courrier. Je viens essayer de rencontrer l'homme qui m'a tiré des griffes de mes poursuivants, ou à défaut, rencontrer quelqu'un qui pourrait m'apporter des réponses.

Il présenta la lettre et le sceau gardé précieusement dans ses affaires, au garde. Il se disait que cela pourrait sans doute aiguiller le soldat, ainsi que tous ceux qui douteraient de son identité, dans leur choix. Peut être n'était-il pas assez prudent, peut être qu'il aurait du attendre le retour de ses deux amis. Peut être qu'il aurait dû travestir son nom et ses valeurs.

Il ne le pouvait pas, son code du bushido, bien que personnel, le lui empêchait. Et puis il était déjà mort une fois, après tout, non ?

En tout cas le destin était en marche, et les dés étaient jetés. Mourir n'était plus une option envisageable. Une fois pour la gloire, deux fois, pour de vrai.

Alea jacta est.

La réaction du garde lui donnât l’indice, le sentiment et la preuve que son entreprise n’était peut être pas la bonne … Pour un pays dont la loi est sacrée pourtant, il serait logique que sa démarche honnête et franche, soit respectée. Il passa les couloirs blanchâtres, les statues gigantesques, les alcôves discrètes et les cours pavées de marbre, sans en éprouver la beauté ni le caractère grandiose. Il était dans ses petits souliers, ici. Comme s’il n’était qu’un intrus, une bête de foire, le bandé attirait les regards des magistrats et des avocats, sans jamais comprendre ni saisir ce que pouvait dire ses yeux pleins de mystères.

Suivant comme il le pouvait le garde auquel on l’avait confié, il se fraya un chemin dans la ruche, sans jamais en voir le centre, il lui sembla passer dans les couloirs de services au bout d’un moment, tant l’agitation c’était tarit.

On le déposa devant un bureau, après quelques coups portés sur la porte de celui-ci, il lui sembla évident qu’on l’attendait, à l’intérieur. Il ne savait quoi, mais il ne voulait s’attendre à rien. Il aurait été déçu en voyant l’homme, cheveux grisonnants et barbe inexistante, qui l’attendant devant un bureau tout ce qu’il y’avait de sobre et classique.

Avec l’impression de n’être qu’à la première étape, il vit sa lettre déposée sur le bureau, et sût qu’on avait entendu ses souhaits, tout du moins, que ceux-ci avaient été lus. Sans le saluer proprement ni décliner son identité, l’homme à l’allure de bureaucrate sans foi ni reproche, lui posa une question, une première d’une longue série :

- Je me suis rendu ici  parce qu’il me semble naturel que lorsque l’on veut savoir la vérité, c’est le cœur des choses et des mots qu’il faut viser.  Quant à mes intentions, elles sont claires. Je veux rembourser ma dette, avant d’aller de l’avant vis-à-vis de mes objectifs personnels. Je rêve d’un endroit ou le faible aurait de la force, ou la puissance aurait pour but de protéger le plus fragile. Voilà ce que je fais ici, je construits mon rêve avec une première marche, comme celles qui m’ont mené ici.

La deuxième question le prit un peu de court, mais rien d’insurmontable.

- C’est très simple, j’ai fuis Tetsu telle une proie, dont des prédateurs affamés avaient décidé qu’elle n’avait plus le droit d’exister. Car nos avis divergent. Je ne me souviens pas de tout, mais je me suis réveillé avec des blessures à moitié soignée, et une lettre avec une adresse… La vôtre.

Il ne sortit pas la lettre qu’il avait en sa possession, son ultime joker, tout de suite. Il attendit de voir d’abords venir la troisième question, bien plus complexe.

- Je le sais car je ne pense que vous êtes les seuls à encore me vouloir en vie … J’ai semé une sacrée pagaille sur mon chemin. De plus, l’adresse m’oblige à  vous penser mes amis, alors je me doute que le bon samaritain se cache parmi vous.

Il se rendait compte de la précarité de sa situation. Et son interlocuteur ne se donna pas la peine de le cacher avec sa troisième question. Il toussota.

- Disons que j’ai beaucoup d’ennemis, et peu d’amis, mais qu’ils sont tous précieux à mon regard … J’ai de très mauvaise relation avec Tsuchi, Ame et Tetsu. Et mon propre clan me considère comme un criminel … Pas la joie.

Il grimaça. Il essayait d’amoindrir le mal qu’il avait causé par ses actes passés. Il voulait croire en l’avenir.

- La réponse à cette question est complexe … Disons que j’étais cette personne dans un passé qui me semble lointain. Un guerrier blanc, le rêve du ciel, qui punissait le marché noir et ses exactions … Maintenant je ne suis plus qu’une pauvre hère qui cherche la paix et servir une noble cause …

Mais cela commençait à l'agacer.

- La deux questions principale pour moi, si je puis me permettre, sont aussi plus simples que votre interrogatoire... Qu'est-ce que vous, vous voulez faire de moi ? Pourquoi quelqu'un me laisserait-il votre adresse après m'avoir sauvé ?

Alors tout ça était vrai. Quelque ambassadeur trouvait qu’il avait du potentiel, et de la valeur ? Rien ne pouvait lui faire plus plaisir que de coincer un réseau de contrebandiers en armes, qui tuaient et massacraient par procuration la population. Il écouta jusqu’au bout ce que lui disait le bureaucrate, et s’inclina : Mon bras, ma tête et mes compétences sont vôtres dans ce projet. Du moins ce qui restait de tout ça après ce qui s’était passé. Il y’avait néanmoins quelques détails à régler, des détails qui, selon lui, demandaient une réponse immédiate, et plus de précisions. Il sortit la lettre, gardée précieusement dans sa poche intérieur. Les poinçons … Oui, il avait déjà vu cela parfois dans les cargaisons qu’il détruisait avec ses anciens camarades.

- Ce sont ses poinçons là dont vous me parlez ? Cela fait donc des années que vous préparez ce coup… Malin ... Fit-il en s’inclinant devant le réseau tentaculaire qu’ils avaient du employer pour infiltrer cette couche de la société amejin. Une sorte d'admiration se dégageait de sa posture.

Une fois sa réponse obtenue, il dit tout de go : Cette entreprise, je ne pourrai la faire seul. Il va me falloir des ressources. Autant d’argent et d’hommes, que des informations solides que, j’en suis persuadé vous poourriez me fournir… Seulement voilà, l’Imono n’avait pas une confiance aveugle en n’improte qui.

- Je vous propose quelque chose, aider moi à libérer mes anciens compagnon, je remonterai les Shiroi, et je mettrai un terme à toutes ses vilenies. Donnez-moi de la matière, de quoi grossir mes rangs, et je vous donnerai la tête de proue de ce réseau. Même si je ne doute pas de mes compétences, je n’oublie pas à qui nous avons a faire : Une hydre dont la tête ne fera que repousser une fois découper, il faudra donc traiter le mal à sa racine. Il faudra donc que mon unité de 'Guerriers Blancs' renaissent de ses cendres.

Il  capta le regard du bureaucrate, ses yeux  bleu clairs affichant une détermination : J’agirai en mon nom propre, et ferais le nécessaire. J’enquêterai sur leurs nombre, leur ampleur et leurs clients. Et une fois tout cela identifié, nous pourrons agir. Et vous serez certains de mes compétences.

Il défit son bandage, de vilaines cicatrices encore rougeâtres traversant son visage, mais un sourire carnassier affichait toute sa volonté :

- Je ne demande pour le moment que des vivres, de l’argent, trois hommes de confiance et des chevaux. Cela vous parait-il acceptable et accessible ?

Après tout, il avait un pied dans l’organisation, mais il lui fallait sauter à pied joint dedans pour mieux rebondir, et faire résonner son nom, ses idéaux et accomplir ses objectifs à travers le monde.

- Doucement, ça fait mal ! F it-il l’Uzumaki de l’ambassade, chargée de s’occuper des blessés et de la petite chirurgie plastique.  

- C’est bien, ça veut dire que le traitement fait effet, Nué-san … Répondit la jeune soigneuse, cheveux mordus par le feu, qui avait un long sourire qui en disait encore plus : Elle aimait faire autant de mal que de bien.

Elle déroula les bandages qui prenaient le haut du crâne, et le buste de l’Imono, les blessures, soignées à la va vite avaient laissé des marques reconnaissables entre mille, des zébrures comme autant de coup de pinceau sur sa peau, d’un artiste fou, sur une toile humaine. Tout en continuant de se plaindre, Nué réfléchissait à un plan d’attaque pour réussir son coup, avoir l’ambassade de chowa sous le coude, ce n’était pas rien. Seulement sa mission n’était pas de tout repos, ni une sinécure. Elle exigeait qu’il renoue avec son ancienne vie, avec ses anciens contacts, avec sa propre « mort ».  Reconnecter avec cette période difficile de sa vie, s’avérait une exercice délicat qui avait rouvert des blessures à peine soignées.

Des blessures internes, qui se voyaient à l’extérieur par les différents coloris que prenait sa peau. Et s’il voulait faire table rase du passé, il se devait d’aller de l’avant, de lâcher du leste, et de se sentir … Complet. Comme le somatique et le psychologique vont de pairs, il avait donc demandé l’aide d’une experte en reconstruction, un médecin spécialisé dans la remise au propre des blessures déjà soignées, ce qui exigeait une sacrée maîtrise en soin, peu importait que ce soit via du nin ou du taijutsu, Azemi était une des meilleurs du pays.

Cela faisait partie de ses nouvelles prérogatives, de ses petits plaisirs retrouvés avec un statut plus enviable que celui de vagabond à la patte folle, s’appuyant sur une branche pour avancer normalement.

-Mais, Aïe ! Allez-y moins fort Azemi-sama,s’il vous plait !
-C’est finit de toute façon …

Comme tous les spécialistes dans le domaine, elle n’avait pas de miroir dans la petite salle aveugle de l’hôpital qu’elle occupait. Sa discipline n’était pas la plus reconnue, si ce n’était la plus utile pourtant, dans le cas du démon de Tetsu en tout les cas. Se reconstruire était une étape longue, elle demandait du temps. Songeant, sa réaction fut prise à l'envers par le médic-nin.

- Tenez, prenez ça et regardez vous …. Oui, il n’était plus une momie ; Il ressemblait à un homme fatigué, les traits tirés, les cernes violacés, une barbe irrégulière lui mangeant son menton et des cheveux trop longs sur le crâne.

Remarquant son expression, Azemi Uzumaki lui demanda : Un problème ? Quelque chose ne vous plait pas dans mon travail Nué san ? Il refuta de la tête. Il était toujours le même, sa ganache n’avait pas changé … Je peux faire quelque chose d’autre ?

- Apportez moi de l’eau, du savon, un rasoir et des ciseaux … Je peux garder le miroir quelque temps ?

Et pendant qu’il se rasait, comme quelqu’un de lambdas, il ne cessait de réfléchir à ce qu’il allait faire. Nul doute qu’il allait devoir se rendre à Kaminari, pour y récupérer son sabre d’abords. Et pour donner son feu vert à l’homme de confiance de Kaito. Seul, il n’arriverait pas très loin.

Seul on va vite.

A plusieurs on va plus loin.