La voie du nindo (pv Akane)

La fine équipe s’était de nouveau réunie pour une grande aventure, et peut-être plus encore. Nous allions partir pour une grande exploration. Cependant, j’avais bien remarqué que dans certains combats, seule ma lame se retrouvait presque un peu trop courte. Il me manque quelques éléments afin de faire plier l’ennemi comme il le méritait. Je n’avais jamais pris le temps d’explorer une autre voie que le sabre. L’art du kenjutsu était suffisamment exigeant comme cela. Cependant, c’était peut-être moi qui avais été suffisant envers moi-même, une faute impardonnable. Loin de ne jamais me remettre en question, j’acceptais alors la décision, mon choix de reprendre la ceinture blanche. Le choix de mon professeur était sans doute très particulier pour une personne non moins atypique. Sans doute que nombreux seraient les personnes qui préféraient n’importe qui d’autres, surtout en connaissance de cause. Nonobstant et ce malgré cela, je m’étais décidée.

Ce fut ainsi alors au petit matin, après une brève méditation en regardant le lever de soleil et profitant des premiers rayons du soleil qui me réchaufferait, que je me dirigeai vers vers Akane. Cette peau de nacre aux innombrables victimes. Dans mon plus beau kimonon pour l’entrainement, d’un blanc immaculé, je vins la rejoindre toujours aussi droite comme la justice et un regard d’acier. Ce genre de regard qui avait déjà vu nombre de victimes pliées sous ses assauts qui se posait sur le sien. Je la saluais d’un petit mouvement de tête dans sa direction, alors que je pris un ton de voix des plus typiques.

« Bien le bonjour Akane, j’ose espérer que votre nuit fut suffisamment salutaire pour tout ce que nous avons à faire. J’aurais une requête à vous demander si vous le permettez. »

Jouant un peu du suspens, j’avançais mes phrases de politesses comme on me l’avait appris. Le respect au professeur, une place si importante qu’elle avait un poids très important dans notre clan et la société Tetsujin. Mon professeur de kenjutsu s’était révélé comme un second père, dans un moment de bataille permanente, d’attente de ma part au vu de mes qualités martiales. Avais-je réussi à les convaincre ou est-ce que je ne pus que les décevoir devant ma lâcheté ou mon courage selon les points de vue ? Je ne peux alors que penser de nouveau au visage de mon petit frère, perdant à la fois vie et espoir dans la seconde où il comprit. Il n’y aurait pas de salut miraculeux, même de sa précieuse grande sœur. Je l’avais trahi quelque part, tout en le respectant. J’avais pris sur moi cette épreuve, soulager mes parents que je ne pourrais sans doute plus revoir. J’avais tout de même espoir que mon père ne se suicide pas face à tout cela, ce serait des plus ubuesques comme situation. Je chassais ses idées sombres de mon esprit, j’avais besoin de ma plus grande concentration dans ce qui allait advenir maintenant, enfin …. Si jamais Akane acceptais ma proposition.

« Ma chère Akane, je ne saurais que me montrer votre obligée si jamais vous me feriez l’immense honneur d’être ma sensei afin de m’enseigner les bases du ninjutsu. C’est d’une guerrière à l’autre que je vous demande ce service. Je saurais vous le rendre en temps utile bien entendu. Je puis vous le jurer sur mon honneur de samouraï. »

Sans croiser son regard, je m’inclinais alors totalement, ayant juste une main contre mes sabres afin qu’ils ne glissent pas. C’était une pose mainte fois répétées, de respect et comme me mettant à la merci de cette demoiselle. Elle paraissait si jeune, mais j’avais bien conscience qu’elle me dominait entièrement sur ce point. Je me demandais bien ce qu’elle pourrait me demander en retour, mais ce serait qu’un faible prix en comparaison à la vie, à la mort d’un sombre destin de guerrière. Celui qui vie de l’épée y périssait nécessairement un jour. Je l’espérais secrètement que ce soit le plus tard possible, bien évidemment.

Si la nuit fut reposante pour les autres femmes à ses côtés, pour Akane, elle fut assez courte. La jeune femme ne se sentait pas assez à l’aise pour fermer l’œil dans une zone inconnue et en sentant sa méfiance à vif. Elle avait quand même essayé de se reposer pour ne pas être un frein, mais il n’y avait rien de mieux qu’un bon bain de sang frais. Malheureusement, ce n’était pas ici qu’elle allait pouvoir s’en procurer un…

Alors forcément, lorsque l’aube menaçait de pointer le bout de son nez, la Chinoike était déjà aux aguets. Cependant, à sa surprise, elle ne fut pas la seule à se réveiller de bonne heure. La samouraï aux cheveux corbeau vint à elle et l’interpella dans son plus bel appareil.

Les paroles de Kimiko étaient toujours pleines de politesse et de formalité, un peu trop au goût d’Akane qui ne savait pas si elle se forçait à se montrer agréable. Une requête ? Ceci répondait probablement à sa précédente interrogation.
La dame du Cercle Rouge se tourna alors totalement vers son interlocutrice et attendit de savoir ce qu’elle pouvait bien lui vouloir. Celle-ci semblait se perdre dans ses pensées, la Shimojin pencha alors sa tête sur le côté et fronça des sourcils, se demandant ce qu’elle faisait.

Alors elle prit la parole, lui demandant de l’aider dans l’enseignement des arts Ninjutsu. Un service contre un autre service. Enfin, elle s’inclina même face à elle et ce fut la goutte d’eau de trop pour la Chinoike qui se rapprocha de la brune. Elle se pencha et glissa un doigt sur le menton de la jeune femme afin de le redresser vers elle. Ses pupilles rouges se posèrent sur sa camarade.

— Pour commencer, tu peux me tutoyer et ne pas te forcer à user de mots mielleux pour t’adresser à moi, ça me… met mal à l’aise étant donné que tu n’es pas l’une de mes fidèles. Mais si un jour, l’envie te prend…

Petit sourire au coin des lèvres pour donner une tournure amusante à sa presque fausse proposition. Elle retira sa main de son menton et fit mine de réfléchir quelques instants. Après tout, elle n’avait rien d’autre à faire avant de partir, et elle n’avait jamais enseigné quoi que ce soit à personne, cela pourrait être amusant. En plus, elle lui serait redevable, et en ce monde, c’était précieux.

— Les bases en Ninjutsu ? Pourquoi pas, je n’ai rien d’autre à faire. Mais dis-moi, tu ne sais vraiment rien faire ou as-tu déjà des connaissances dans ce domaine ? Une guerrière de ton envergure doit savoir certaines choses… Alors dis-moi précisément en quoi puis-je t’aider ?

En attendant sa réponse, Akane prit une petite mine vantarde et fit apparaître de sa main droite une petite boule de sang qu'elle fait rebondir lentement dans sa paume blanchâtre, comme prête à lui apprendre davantage de choses sur ce pouvoir fantastique qu’est la manipulation des éléments.

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Je fus plus que surprise par cette réaction, comment peut-on rejeter quelque part une politesse élémentaire à ce point. Je sentis ce doigt contre mon menton afin de me relever sans doute. Toujours si formelle, je e mettais en position les bras le long du corps. Si cela pouvait être pris pour de la vénération, il n'en était pas question en aucune façon.

« Je ne pense pas que je sois capable de tutoyer mon sensei. Ce serait parfaitement inconvenant et déplacé n'est-il pas ? Cependant, vous vous méprenez, il s'agit de la bonne manière d'agir lorsque l'on demande un service aussi grand. Ni voyez pas en aucune façon une forme d'adulation. Le respect du professeur qui enseigne à des élèves, cela impose un grand respect dans ma culture et nos traditions. Ni voyez pas autre chose, mais je comprendrais que vous ne soyez pas habituée. »

Je restais alors suspendue à ses lèvres. Visiblement, ma future professeur devait peser le pour et le contre de prendre de son temps pour enseigner à quelqu'un comme moi. Cela ne fut pas si long, car elle accepta sans rechigner. Je ne pus me retenir de m'incliner légèrement, mais bien moins que la dernière fois.

« C'est un honneur que de recevoir votre enseignement sensei. Je serais à la hauteur de votre effort et j'accepterais vos directives. J'ai seulement appris les bases, les signes, malaxer du chakra, monter le long des surfaces qu'elle soit solide ou liquide. Rien d'autres, le sang du clan Imono coule dans mes veines. Je sais avec une arme la modifier ou même comme créer du métal de n'importe quelle forme dans le combat. Cependant, je n'ai jamais travaillé l'on art à distance, ce qui peut se révéler être problématique selon les situations. Dans la théorie, j'ai bien quelques idées, mais de là à pouvoir les réaliser, c'est tout autre chose sensei. Je désirais porter la ruine à Tsuchi no Kuni. Son empereur et ses forces militaires ne font que détruire et briser. J'aurais besoin du plus de force que possible. Je suivrais vos instructions à la lettre sensei ! Je vous remercie de m'enseigner, je tacherais de me montrer digne ! »

Déclamais je alors comme une litanie plus que connue. Malgré que je puisses être haïe pour mes actes au sein de mon clan, je respectais toujours autant mes différents professeurs avec une certaine déférence. Je regardais avec soin la démonstration d'Akane, très sérieuse comme si je m'attendais à refaire plus ou moins la même chose le geste d'après. Très sérieuse dans tout ce que je faisais, j'étais concentrée et dans une pose martiale.

Apparemment, la belle Kimiko n'avait pas pour habitude qu'on repousse ses politesses. Akane était bien l'une des rares à refuser ce genre de procédé, tout simplement parce qu'elle n'avait pas été éduquée ainsi. Chez-elle, c'était la loi du plus fort, c'était la barbarie, c'était se nourrir d'autrui pour survivre, pour gagner en puissance. L'Imono avait certainement connu une tout autre forme de violence. Et aujourd'hui, la Chinoike était plus forte que la Tetsujin, du moins sur le plan du Ninjutsu. Elle avait l'ascendant, et c'était assez jouissif.

— En effet, je n'ai pas pour habitude qu'on use de bonne manière envers moi, en dehors du Cercle Rouge. À Shimo, nous apprenons par le sang et la violence. Mais soit, fais ce qui te plaît.

Comment allait-elle pouvoir lui apprendre quelque chose sans user de sauvagerie ? Sans le savoir, l'albinos allait apprendre aussi, ; petit à petit, elle se familiarisait avec le Continent, avec les autres cultures et les mentalités. Chose difficile lorsqu'on faisait rarement preuve d'humanité. La brune se lança dans un long monologue, lui expliquant qu'elle connaissait les bases et le maniement du chakra, mais qu'elle n'avait jamais approfondi ses pouvoirs liés au métal des Imono. Accrochée à son katana comme une sangsue, elle avait certainement du mal à s'en défaire et ce serait là une première étape pour Kimiko.

Se faire appeler Sensei était assez déconcertant, mais la vampire prit sur elle et passa outre, ce n'était pas comme si ça allait changer quelque chose à la finalité de cet échange. Sa motivation résidait donc dans la perte de Tsuchi no Kuni. Assez furtivement, la Chinoike repensa alors à Homei qui avait jeté lui son dévolu sur l'honneur de son Empereur. C'était ironique et amusant de faire face à deux êtres dont les objectifs étaient diamétralement opposés. Et pour elle, ce n'était qu'un plus, qu'un pion de plus sur l'échiquier géant qu'était le Continent. Gagner en puissance Kimiko, lâche ta fureur sur Tsuchi no Kuni et fait couler le sang. Pensa Akane, d'un regard vindicatif.

— Bien. Pour commencer, l'une de tes principales missions sera de ne pas avoir recours à ta lame. Le Ninjutsu peut se passer de ces artifices, tu dois utiliser ton esprit et l'essence de ton clan pour faire appel à ton pouvoir. En échange, tu dois savoir maîtriser les nombreux signes incantatoires qui créent, modulent, influent sur la puissance de ton art. Et in fine, tu pourras même user du Ninjutsu au travers de ton arme, même pour atteindre des grandes distances.

Sur ses paroles, la Dame du Cercle Rouge réalisa quelques signes incantatoires lentement avant de faire apparaître des pores de sa peau du liquide rougeâtre. Dans sa paume, baignait alors une petite mare de sang. Rien de difficile et à la portée de tous ceux qui manipulaient les bases du Ninjutsu.

— Toi et moi avons la chance de pouvoir créer. Moi par mon propre sang, toi par le métal. Les deux pouvoirs peuvent se changer en liquide comme en solide, ce qui va nous faciliter la tâche. Tu vas pouvoir reproduire ce que je fais sans problème, il faudra simplement faire appel à ton essence et t'aider des mudras pour choisir quelle forme, tu veux lui donner. Tu peux donc commencer en faisant apparaître dans ta main la même chose que moi.

Gardant le bras tendu, elle attendit que la samouraï fasse une démonstration similaire à la sienne. Par la suite, elle ajouterait de la difficulté à l'apprentissage.

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« Est-ce si désagréable que cela se voir traiter avec politesse et respect senseï ? »

Demandais je simplement sur un ton de voix respectueux, mais qui était donc le maître et l'élève pour le coup ? Je ne pouvais pas imaginer une autre manière de faire, une éducation stricte, difficile, faites de règles et de faux semblant. Ce n'était certes pas parfait, mais quoiqu'il en soit, cela me semblait être une bonne méthode. Le clan Imono était très difficile et exigeant, mais il n'y avait pas un mot au-dessus d'un autre pour autant. La violence était présente, mais induite. À quoi bon une démonstration lorsque l'autre le savait parfaitement, inutile de briser un bras pour autant. Je jugeais bien plus rude la psychologie que la violence physique qui finissait très souvent par se rétablir.

Je pouvais certainement défaire nombre d'adversaires sabre à la main. Cependant, je n'étais pas là afin de me faire lustrer les galons. Mes actes et ma future légende seraient bien plus efficace. J'avais déjà fait la guerre sans aucune pitié en tant que simple soldat et même comme meneur d'hommes. Mes exploits si nobles et vulgurants soient-ils devaient être connus ne serait-ce que localement. Mes mains et mon esprit étaient déjà embrumés des spectres de mon passé sanglant. Je devais bien vivre avec eux, maintenant, ils faisaient partis de moi. Se faire torturer par sa moralité devait sans doute prouver que j'étais encore quelqu'un de plutôt bien. Je m'inclinais légèrement, ne pas faire office de mon sabre, je ne pus me retenir de répondre immédiatement.

« Oui senseï . »

Entendre parler de mes sabres comme des artifices me fit légèrement tiquée. Cependant, je fis tout mon possible afin de ne pas le montrer sur mon visage. Le daïsho d'un samouraï était toute sa vie. Malgré tout, c'était les mots de son maître, et il en serait ainsi durant ses leçons, qu'elle soit d'accord ou non. Si jamais sa senseï le disait, c'était qu'il y avait une raison, et qui elle était pour juger ? Personne, je n'en aurais certes pas l'arrogance.

Tout à fait sérieuse, j'observais le moindre muscle ou mouvement d'Akane comme pour boire ses gestes et les encrés dans mon esprit. Ce n'était pas la première fois que j'apprenais une discipline et l'on pouvait dire sur j'étais motivée. Je voyais bien l'effort, à mesure d'affronter des ninjas avec ma lame, je savais bien que la rapidité des signes devait être bien supérieure.

« Oui senseï ! »

Exercice pratique immédiat, le résultat importait. Je me vidais alors la tête afin de me concentrer. Les signes des mudras, je l'avais travaillé il y avait bien longtemps. Cependant, c'était certainement encré en moi quelque part. Je ne pouvais pas reprendre les mêmes signes incantatoires, je devais l'adapter au métal contrairement au sang. Je ne fis pas l'affront de tenter d'aller plus vite, non, je respecterais mon professeur. Je tentais alors j'en première fois de procéder aux signes, mais la différence entre la malaxation de son chakra, ses signes et la sortie de l'effet étaient bien trop grand. J'étais un peu rouillée. Je révise rapidement tous les mudras plusieurs fois jusqu'à ce que cela soit parfait. À voix basse, je me répétais ce dogme à plusieurs reprises avec un grand sérieux.

« Ne tente pas ... Réussis ... Ne tente pas ... »

Puis, un peu comme si je jouais ma vie sur ce moment, avec le plus grand des sérieux. Je tenterais de nouveau ma chance dans l'espoir de reproduire une flac de métal liquide dans ma main. Je n'avais pas vraiment pensé à utiliser mon pouvoir de cette façon sans fendre ou assaillir mon ennemi ainsi. Je regardais du coin de l'oeil avec un certain respect mon senseï la mettant quelque part sur un piédestal. Devenir professeur n'était pas anodin dans ma culture. Je reprendrais cette personne comme si mon honneur et le sien était en jeu.