Les premiers jours de soleil après l’hiver étaient importants pour Masaaki, son père, et les employés du poste de ravitaillement qui jouxtait la frontière avec le continent sauvage. Après des mois de calme, rythmés par la chasse, la pêche, et la coupe de bois de chauffe, la saison des expéditions allait enfin reprendre. Les premiers serviteurs de Minamoto Hideyoshi n’allaient pas tarder à se presser devant la frontière du pays dont on ne revient pas, espérant les louanges et récompenses de leur maître.

Pour Masaaki, ce renouveau était surtout l’occasion de traverser les Bois Maudits vers le nord et longer la magnifique baie de jade qu’il admirait depuis le haut des falaises. Il passait ensuite à travers une partie de la forêt de Hi pour atteindre la chaîne de montagne à l’est du territoire du pays du Feu qui le séparait de Garan. Cette chaîne de montagne était coupée en un endroit, permettant la construction d’un chemin pour aller d’un pays à l’autre.

La faille du Premier des Empereurs était une particularité géographique qui attirait quelques touristes aisés et pieux. Selon la légende, le Premier des Empereurs en personne avait ordonné à la montagne de s’écarter pour laisser passer ses troupes. Ce que celle-ci s'était empressée de faire.

En sortant de la forêt de Hi, Masaaki leva son masque vers la montée qui l’attendait. Les deux pics qui se faisaient face, embrassant les nuages qui se frottaient à leurs sommets, avaient quelque chose de vertigineux vu d’en bas.

Lentement pour garder ses forces, le foyer des lumières entama l’ascension douce sur le chemin vers la faille. Les premières habitations à la lisière de la forêt de Hi avaient profité de la pente en terre meuble pour construire des maisons-terriers, à moitié enterré dans le sol. Vivant de l'agriculture et de la cueillette de champignons, champignons qui étaient réputés sur tout le continent, ces braves gens saluaient systématiquement l’Aburame quand il passait par chez eux. Laissant quelques lucioles en arrière pour qu’elles s’amusent avec les enfants, le jeune homme continua son chemin vers la faille et son marché.

*****

- Achetez mes figurines ! Elles sont garanties bénies par les plus grands moines du pays et taillées dans la roche de la faille !
- Tu veux goûter ? C’est du miel de la forêt de Hi !
- Regarde cette écharpe jeune homme ! Elle nous vient de Kaze ! Je te la fait à moitié prix !

Masaaki passaient entre les étales avec joie. S’il n’allait rien acheter qui n’était pas nécessaire, le budget étant serré, il ne pouvait s'empêcher de flâner quelques heures avant de repartir. De toute façon, les commandes devaient être emballées et fixées sur les montures, ce qui prenait plusieurs heures en général. Et puis, personne ne l’attendait à la minute près.

Masaaki allait s’allonger en attendant de pouvoir repartir quand son regard fut attiré par un marchand de livres. Ceux-ci étaient extrêmement rares, même à Garan, pourtant hôte du mythique clan Usuzumi. Masaaki adorait les livres. Au fond des Bois Maudits, le soir tombé, il n’y avait pas grand chose à faire. Alors, avec les lucioles pour éclairage, le jeune homme se plongeait dans des aventures imaginaires.

- Bonjour jeune homme ! Tu cherche un ouvrage ?

- Nous cherchons le Buffet des Ogres, Tome deux.

Humm, Seul face à son impuissance il me semble, attends une minute.

Le libraire d’une assez petite taille plongea litérralement dans une des grands caisses qui entouraient son stand et en ressortit quelques secondes plus tard triomphant.

- Le voilà !

- Merveilleux ! Si nous vous l’échangeons contre le premier tome, ça pourrait aller ?

- Ah non jeune homme. Le second tome est encore plus recherché. Vous verrez, il est meilleur pour la plupart des lecteurs. Il faut ajouter 10 ryos.

- 10 ryos ! s’exclama Masaaki théâtralement pour tenter de faire rougir de honte le marchand.

- C’est ainsi. Et c’est le seul qu’il me reste. Il sera parti avant la nuit.

- C’est bon, on le prends ! Dit Masaaki en fouillant dans sa bourse.

Après tout, un petit tonneau d’huile pour lanterne était-il si important pour le poste de ravitaillement quand il était là ?

*****
L'Aburame était en train de dévorer le second tome de cette saga dystopique avec délectation. La nuit était déjà tombée sur la faille du Premier des Empereurs.

Le jeune homme, éclairé par ses lucioles, était tellement plongé dans le texte qu’il ne vit pas la bande d’adolescents arrivant vers lui. Alors qu’il ne réagissait toujours pas, le plus grand du groupe jeta un jus fruits rouges sur la précieuse page du bouquin. Masaaki leva son masque, qui fut un sujet immédiat d’hilarité dans les rangs des bourgeois qui essayaient en même temps d’attraper les insectes lumineux.

Il connaissait cette bande.

Tous les ans, à la même période, ils venaient accompagner de leurs parents, de puissants ambassadeurs, sur ce lieu de pèlerinage. Ce n’était pourtant pas la foi qui caractérisait leur comportement médisant et violent. Parce que Masaaki évitait toujours de se battre, il n’avait jamais réellement régi. Cependant, abîmer le précieux livre qui allait lui coûter une remontrance de son père et l'accompagner durant plusieurs semaines était un blasphème qui méritait une petite punition.

Laissant ses lucioles prendre possession de l’espace et s’illuminer plus fortement encore, le jeune Aburame lança une illusion qui fit disparaître la tête du leader du groupe aux yeux de ses camarades.

Les cris des adolescents précédèrent la fuite. Masaaki, lui, reprit la lecture du roman de Nara Renpei mais les lucioles semblaient encore vouloir se disperser. A quelques mères, elles éclairaient une autre silhouette, seule cette fois-ci. Mais qui pouvait bien encore le déranger dans ce moment si précieux ?

- Qui va là ? Dit-il en projetant des lucioles supplémentaires pour éclairer l'inconnu.

Cela faisait plusieurs jours que le Nara avait quitté la Capitale d’ivoire. Pourtant, il était loin de sa terre d’accueil. Las de ses pérégrinations, l’érudit avait fait le choix de s’égarer un peu. Naïvement, il pensait pouvoir profiter de la quiétude qui émanait du Pays des Monastères. Pas après pas, il admirait les paysages tel un artiste en quête d’inspiration. Même si son parcours prenait des airs de randonnées, il ne cédait pas à la plainte. Il y trouvait même un certain plaisir. Retourner aux choses simples pouvait avoir du bon, se disait-il.

Pour être tout à fait honnête, ce voyage répondait à un besoin urgent. Renpei peinait à écrire la suite de sa saga. Il n’arrivait pas à trouver les bons mots, c’était comme si sa plume était dénuée de charme. Alors, l’écrivain fit le choix de renouer avec le réel, de rencontrer des gens ordinaires et de contempler les beautés du monde. L’anonymat était un don des cieux, grâce à lui, le fils de l’Ambassadeur pouvait oublier durant un instant le poids de ses responsabilités. Qu’il était doux de n’être personne.

Tandis que la lune s’élevait à l’horizon, le jeune homme initia une marche digestive. Porté par la brise nocturne, il se remémorait les chants de sa mère. Ainsi, lentement, la nostalgie se mêla à son errance. Les décors de son enfance se succédèrent, et malgré sa lucidité, il se laissa bercer par de tendres mensonges. Comme si son passé pouvait être aussi heureux…

Soudain, une dispute enfantine brisa la mélopée de ses pensées. Quelque peu contrarié, l’adulescent pressa le pas pour intervenir. Non pas qu’il se souciait véritablement du sort de tels enfants, mais plutôt qu’il voulait leur apprendre la bienséance. Vociférez à une telle heure n’était pas convenable.

Mais avant de pouvoir dire quoi que ce soit, des lucioles à l’éclat étrange firent leur apparition. Sans trop comprendre ce qu’il se passait, le savant assista à la terreur incarnée. Les visages des agresseurs se déformèrent sous le coup de la peur. Forcément, ils ne tardèrent pas à prendre la fuite. Trop curieux pour rebrousser chemin, Renpei continua son avancée.

Je ne suis qu’un humble voyageur ! Voilà une bien belle technique. J’imagine que ces lucioles sont tes amies ?

Affichant son sourire le plus aimable, le Nara pencha légèrement sa tête vers son interlocuteur. C’est à cet instant qu’il découvrit son ouvrage abîmé par le liquide.

Mon… Mon livre ! Si je les retrouve, ils vont me le payer ! Ils savent combien de temps cela me prend d’écrire une copie ! Bon sang, je suis désolé mon petit.

Résumé:

- Mon… Mon livre ! Si je les retrouve, ils vont me le payer ! Ils savent combien de temps cela me prend d’écrire une copie ! Bon sang, je suis désolé mon petit.

Masaaki leva les yeux vers l’étranger pour découvrir un jeune homme aux traits fins. A la lueur de ses lucioles, aussi curieuses que lui, les yeux et les cheveux semblaient verts. Peut-être l'étaient-ils vraiment. Ses vêtements paraissaient fins et de bonnes factures, il ne ressemblait assurément pas à un paysan ou un moine de la région.

Sous le masque de Masaaki, les lucioles étaient en ébullition. L’Aburame avait pris pour habitude de “traduire” les livres qu’il lisait au foyer des lumières grâce aux phéromones. Masaaki lisait beaucoup, il en avait le temps. Et parmi tous les romans, essais, et autres pamphlets qu’il avait tenu entre les doigts, Le Buffet des Ogres était, de loin, leur épopée préférée.

Les ouvrières chuchotaient les péripéties héroïques des protagonistes pour leur insuffler le courage. Les soldates rivalisaient de courage pour s’identifier à leur personnage préféré de la saga pour pouvoir en porter le surnom au sein du foyer des lumières ou crâner auprès de ses sœurs.

- Par les racines de Seirei ! Nara Renpei ? S’exclama Masaaki en se levant d’un bond et saluant respectueusement cet auteur à succès. L’auteur du Buffet des Ogres en personne !

Autour de lui, tout le foyer des lumières était sorti pour observer celui qui racontait les histoires aux humains. Le masque de Masaaki était éteint, mais la luminosité autour de lui était telle qu’elle brisait presque la nuit.

Le guide des Bois Maudits avait toujours imaginé l’auteur de cette saga, et tous les auteurs d’ailleurs, comme des vieilles personnes enfermées dans une bibliothèque après avoir parcouru le monde pour y chercher l’inspiration. Pourtant, devant lui, il avait à faire à un jeune homme sans doute assez proche de son âge.

- Nara Renpei ! En personne ! Nous faisons partie de vos plus grands admirateurs ! Dit-il joyeusement. Si on s’attendait à croiser une célébrité comme vous ici ! Normalement, il n’y a que les pipelettes d’ambassadeurs et leurs familles qui passent par là pour se faire voir. Nous avons entendu dire que c’était un lieu de rendez-vous pour des réunions officieuses. Mais vous n’allez quand même pas vous inspirer de ces gens là pour la suite ? Non ? Ils sont d’un ennui à mourir ! Allez, on vous offre un verre à l’auberge si vous avez le temps ! Aburame Masaaki, enchanté de faire votre connaissance ! La connaissance de Nara Renpei ! Rien que ça ! S’exclama l’Aburame en riant.

En quelques secondes, il avait rangé ses affaires et était prêt pour trinquer avec cette célébrité, oubliant même la tâche disgracieuse sur son précieux livre.

Au grand dam de son auteur ?

Rencontrer un amoureux des livres était toujours une expérience singulière. Ses êtres férus de récits étaient bien souvent, aussi charmant qu’étrange. Et à en juger par l’apparence singulière du jeune garçon, ce dernier n’échappait pas à cette règle. Toutefois, Renpei n’en demeura pas professionnel. Un sourire charmant, des yeux plein de compassion, l’auteur écoutait son interlocuteur avec beaucoup de bienveillance. Bien sûr, il fut touché par l’engouement du masqué. Même son emploi du « nous » avait quelque chose de « mignon ». Amusé par le propos de l’Aburame, l’écrivain ne put s’empêcher de le tempérer.

Allons, allons. Respirez un bon coup. Je ne suis pas si connu que ça. Toi et tes lucioles, traitez-moi en égale. Ce sera plus simple.

L’humilité était une vertu essentielle lorsque vous rencontrez des fans. Ils vous imaginent à la fois grandiose, et espèrent de vous une attitude commune. Le savant l’avait appris en côtoyant ses confrères, les apparences étaient cruciales dans ce métier.

Très cher Masaaki, il ne faut pas ainsi juger ses hommes et ses femmes. Mon inspiration peut se trouver dans l'ordinaire autant que dans l’extraordinaire, dans la sérénité comme dans la violence. Toute chose peut se montrer précieuse. Mon rôle est d’observer ce monde, peu importe ses couleurs et ses formes. Vois-tu, lorsque mon regard se tourne vers l’horizon, je peux affirmer qu’il s’agit de la consécration des ténèbres, la nuit victorieuse impose ses teintes au ciel impuissant. Ou bien, je peux y percevoir une union, une caresse de la dame nocturne adressée au sieur diurne. Leurs identités se mêlant l’un à l’autre et donnant naissance à des lueurs nouvelles.

Durant toute cette description, le regard de l’aîné semblait contempler l’impossible. Puis, après un court soupir de satisfaction, son attention se tourna vers le maître des insectes.

J’apprécie ton offre, mais je ne peux l’accepter. Ne voudrais-tu pas profiter de l’instant avec moi ? Et si tu te sens prêt, pourquoi pas me parler de ton étrange technique. Moi qui te considérais comme une pauvre victime, tu m’as bien surpris avec ton petit tour. Pour quelqu’un qui, comme moi, maîtrise les ombres, se jouer de la lumière est un don captivant.

Sa curiosité était trop grande, Renpei souhaitait en savoir plus sur la terreur des insolents de tout à l'heure.

Résumé:

La demande de Renpei honora l’Aburame. Dans la nuit, son sourire s’illumina plus intensément encore, alors qu’il laissait une partie du foyer des lumières enflammer l'obscurité alentour.

- Nous pouvons agir sur les esprits. Dit Masaaki en pointant du doigt les lucioles qui se rapprochaient de plus en plus, formant une sphère verte. Regarde !

Sous l’impulsion du ninja, et pour ceux qui regardaient la lumière, les lucioles se transformèrent soudain en un Nara Renpei immobile. En une seconde, la statue réaliste de l’écrivain explosa en centaines d'insectes qui vinrent se placer autour de leur foyer.

- Les autres Aburame se sont toujours moqués de nous. Les lucioles se faisaient souvent manger par les araignées, les scorpions, ou les frelons asiatiques des membres de mon clan. Alors, on a préféré disparaître, loin de leur monde et plus proche du nôtre.

A ces mots, les lucioles qui volaient autour de lui se placèrent devant le masque de l’Aburame, le cachant entièrement une seconde avant qu’il ne disparaisse complètement.

S’adressant au Nara qu’il venait de rencontrer, il reprit avec un sourire.

- L’art des illusions est complexe, et on n'en connaît que les aspects les plus rudimentaires ! Nous ne sommes pas les plus forts, mais nous avons soif d’apprendre !

Masaaki stoppa la dernière illusion qu’il venait de lancer, sans savoir vraiment si le Nara avait joué le jeu en regardant les lucioles soumettre son esprit et s’avança vers lui.

- Depuis peu, nous tentons d’en apprendre un peu plus sur le ninjutsu. Nous avons déjà vu déjà le père du foyer des lumières cracher des jets d’acide formique. Assurément, le foyer peut produire de la lumière intense, ou même voler avec un peu d'entraînement ! Dit l’Aburame en se rapprochant.

La légende du clan de l’ombre avait depuis longtemps parcouru tout le continent. Ces stratèges, agissant avec une intelligence conté dans d’innombrables récits historiques, avaient fait de l'obscurité une partie de leur être. La remarque de Renpei prononcée quelques minutes plus tôt a percuté l’esprit du temple des lanternes qui laissa éclater un cri de joie.

Bien entendu, qui de mieux qu’un maître des ombres pour lui enseigner l’art de manipuler la lumière via le ninjutsu ? L’une n’existant pas sans l’autre, l'obscurité était-elle aussi différente que la lumière après tout ? Masaaki et Renpei n'étaient-ils pas deux porteurs du même pouvoir ? Si chacun à l'extrême opposé de l’autre, n’étaient-ils pas suspendus sur la même corde, sous le même abysse ?

Bien trop curieux de voir comment s’incarnait le pouvoir du célèbre écrivain, Masaaki laissa toutes les lucioles du foyer de lumières éclairer la scène.

- Maintenant que tu as la lumière, à ton tour de me montrer ce que tes ombres savent faire ! Dit-il sans pouvoir cacher son excitation qui paraissait presque enfantine.

Pour la première fois de sa vie, il allait voir le don d’un clan extérieur à Kaminari en action. Et comme par hasard, on lui envoyait celui qui résonnait le plus fortement avec le sien.

Peut-être, les cieux voulaient-ils déjà le préparer aux épreuves qui allaient jalonner sa vie.

Captivé par les dons de son interlocuteur, Renpei ne put s’empêcher de sourire. En effet, devant le champ des possibles qu’offrait cet art, le savant ne put contenir son enthousiasme. Tout ceci était fascinant. Quand le fan annonça sa maîtrise des illusions, l’adulescent se laissa immédiatement séduire. Il voulait découvrir les effets de cette étrange compétence. Bien sûr, il connaissait ses effets théoriques, il avait lu quelques témoignages, cependant, il aspirait à en savoir plus.

Guidé par le maître des lucioles, le Nara ne quitta pas du regard ses créatures luminescentes. C’est alors qu’un fantastique spectacle s’offrit à lui, les insectes volaient avec une telle coordination qu’ils réussirent à prendre forme humaine. Bien qu’éphémère, cette technique amusa l’auteur à succès, si bien qu’il se mit à rire à gorge déployée. Quelle capacité étonnante ! Cependant, la joie ne dura qu’un temps face aux tristes révélations de Maasaki.

Je vois. La persécution se dissimule aussi chez le clan Aburame. Le cœur des hommes est si faible… J’espère que tu as pu dépasser ses griefs. S’ils n’ont pas perçu ton potentiel, c’est qu’ils n’étaient pas dignes de toi.

Tout en parlant, le manieur d’ombre observait les lucioles danser. Le ballet aérien semblait sans fin, captant l’attention de l’écrivain avec une facilité déconcertante. C’était comme s’il prenait plaisir à être leurré, régressant de minute en minute.

Parfois, être fort n’est pas suffisant. Crois-en mon expérience, il vaut mieux être malin que puissant. Cela te sauvera la vie bien plus souvent que tu ne le crois.

Fort de son expérience, Renpei s’aventura à donner quelques conseils. Ces derniers pouvaient sonner comme des sermons, mais ils n’en étaient pas. En fait, sans pouvoir se l’expliquer, le fils de l’Ambassadeur s’était naturellement positionné en grand frère. Peut-être était-ce dû à la naïveté de l’Aburame. Elle lui rappelait une part de lui qu’il tentait d’oublier. Porté par cette envie d’aider, il fit le choix d’un apprentissage bien particulier. Dévoiler les arcanes de son clan aussi facilement n’avait aucun intérêt à ses yeux.

J’ai une meilleure idée. Plutôt que de te montrer mes ombres, que dirais-tu d’assister à une réelle démonstration ? Un affrontement amical, où chacun de nous devra se dépasser. L’objectif est simple : paralyser son adversaire. Cela devrait être possible avec tes dons, non ? Ainsi, tu pourras mieux saisir la nature de mon pouvoir, et réciproquement. Qui sait, peut-être qu’on en sortira grandit.

Un large sourire sur son visage, Renpei souhaitait réellement accompagner ce petit être aux traits touchant. Ce soir-là, il fit le choix de la bienveillance.

Si tu es d’accord, je te laisse l’initiative. Dès que je serai à bonne distance, tu pourras tout tenter. N'aie aucune crainte, je saurais survivre à tes assauts, alors donne toi à fond.

Résumé:

Masaaki n’avait jamais été un adepte du combat au corps-à-corps. Son clan avait coutume de dire que les insectes choisissaient la discipline de leur foyer et non l’inverse. Si les jeunes membres du clan étaient un peu entraînés avant la cérémonie d’union, le véritable apprentissage commençait avec la symbiose entre eux et leurs espèces.

Naturellement, le jeune homme s’était dirigé vers l’art des illusions. Les lucioles étaient voyantes et attiraient naturellement le regard. Alors, il avait appris à fondre son chakra dans la bioluminescence verte, altérant l’esprit de l'œil était attiré par la petite lueur qui voletait près du regard.

Le foyer des lucioles s’inclina avec respect pour accepter l’exercice de l’auteur à succès.

Il laissa une vague de lucioles lumineuses exploser tout autour de lui avant de toutes les éteindre. Dans la nuit, le contraste était saisissant. Le lieu éclairé était devenu obscur, et le temple des lanternes qui brillait de l'intérieur d’une lueur verte fluo n’était plus qu’une silhouette.


1544 vient d’arrêter de briller. Elle vole haut avec son escadron pour ne pas attirer l’attention. Lentement, elle se pose sur le tronc d’un arbre pour attendre le signal du foyer des lumières. Ses congénères la rejoignent et attendent, dans l'obscurité qu'elles ne craignent pas. Un remède n'a pas peur de sa maladie.

L'éclaireuse du groupe nettoie ses antennes pour mieux sentir les phéromones lorsqu'elles arriveront. Dressée sur une feuille, elle se met à faire tourner ses antennes à toute vitesse.

La tension est palpable. Le temple des lanternes dans son ensemble cherche à faire bonne impression à celui qu'ils admirent.

Soudain, le signal parvient. L'éclaireuse part aussitôt, suivie par l’escadron qui se met en formation. 1544 sert bien à droite et termine le carré parfait formé par l’équipe de lucioles. Bientôt elles sont rejoints par des dizaines d’escadrons, qui forment ensemble une large toile.

Violant tout droit en direction de la cible, elles se mettent toutes à briller en même temps, dévoilant une tapisserie de points lumineux chargé de chakra.


Masaaki se mit à courir à la seconde où ses sœurs illuminèrent Renpei. Traçant une course en arc de cercle, il tentait de contourner son adversaire pour prendre l’avantage.

Il  avait confiance en son art. Profitant de la nuit, il venait de tenter d’ensorceler l'esprit de son adversaire pour altérer son sens de l’équilibre. Prudent, il ne voulait pas jeter toutes ses cartes dès le début du combat. Il avait un Nara en face de lui, un maître des ombres. Aucun angle d’attaque n’était impossible, aucune erreur n’était permise.

Masaaki affrontait un adversaire bien plus fort que lui, mais, n’était-ce pas comme cela qu’on avançait réellement ?

Prenant de la vitesse, il voulu profiter de l’effet de surprise pour renverser son adversaire avant que celui-ci ne puisse réagir et ainsi le ceinturer.

Il savait pertinemment que cela n’allait pas être aussi simple. Mais s’il avait appris quelque chose lors des quelques combats qu’il avait endurés, c’est bien qu’il fallait oser, sous peine de le payer cher.

- Alors ? Ça tangue un peu ? S’exclama joyeusement Masaaki en se jetant l’épaule en avant sur son adversaire.

Tandis que le fils de l’Ambassadeur s’éloignait de son camarade, il fit tomber « malencontreusement » trois petits parchemins sur le sol. Trop « distrait » par les astres, il ne s’en rendit pas compte et arriva à destination les mains vides. Avant de signaler le début de l’affrontement, il s’assura que son ombre jouissait d’une forme convenable. Puis, il salua Masaaki. À ce moment précis, le ballet adverse se mit en mouvement. Cela débuta par une démonstration puissante de l’éclat collectif et se succéda par une obscurité quasi-totale. Seul le ciel dégagé et les bâtisses voisines offraient un peu de lumière.

Le contexte était en défaveur de l’écrivain. Le voile de la nuit rendait les lucioles plus furtives et leur permettait d’agir avec encore plus de contraste. Néanmoins, Renpei se voulait confiant. Il sentait que son adversaire peinait à percevoir le plein potentiel de ses techniques. C’est d’ailleurs pour cela qu’il évoqua l’immobilisation plutôt que de réelles blessures. Ici, il s’agissait d’une bataille d’esprit à esprit. Les corps n’étaient que des vecteurs parmi d’autres.

Face aux insectes volants, le Nara demeura stoïque, attendant patiemment son heure. Il donnait même l’impression d’avoir abandonné l’idée de se défendre, comme s’il désirait subir les effets de la technique adverse. Était-ce seulement de la curiosité ? Pas vraiment. Bien sûr, n’ayant jamais affronté un maître des illusions, le jeune homme aspirait à en faire l’expérience. Pour mieux s’y préparer lors d’un vrai affrontement. Néanmoins, son attitude impassible cachait autre chose. Une stratégie, peut-être ?

C’est alors qu’un flash intense aveugla temporairement l’auteur à succès. Toujours debout, il fut pris de vertige et de nausée. Mobilisant ses connaissances médicales, il comprit très vite que l’attaque visait son oreille interne ou du moins en mimait les effets. Le malaise grandissant, tenir sa posture devenait de plus en plus difficile. Toutefois, Renpei ne voulut rien lâcher. Il devait se maintenir. Surmontant les difficultés, il entendit des pas se rapprocher et comprit que la masqué courait en sa direction. Perturber les sens de l’adversaire et ensuite le frapper au corps-à-corps ? Une option basique, mais qui peut se révéler payante.

Du coin de l’œil, il vit l’Aburame se jeter sur lui. L’esquive était certes possible, mais Renpei n’en fit rien. C’était comme s’il s’attendait à cette possibilité. Et tandis que l’encapuchonné provoquait doucement le Chōwajin d’adoption, ce dernier le prit à revers.

Et toi ? Arrives-tu encore à bouger ?

Le piège avait finalement fonctionné. Durant toute l’attente statique du savant, celui-ci fit danser discrètement son ombre sur son corps. Si bien que lorsque le combattant se jeta sur sa cible, il fut comme ligoté par des liens invisibles : son ombre était désormais liée à celle du Nara. Les mouvements du premier impliquaient les mouvements du second, deux reflets d’un même miroir.

Je crois que nous pouvons dire que nous sommes ex aequo. Réfléchis à ton erreur et débutons une autre manche, tu veux bien ?

Une fois libre, tous deux reprirent leur position. Renpei était plutôt satisfait de sa leçon.

Cette fois, je commence.

Sans attendre, il utilisa ses mains pour enchaîner plusieurs mudra, et comme pour répondre à cet appel, son ombre se rua vers Masaaki. Profitant des copies ténébreuses des arbres, elle semblait infinie, s’étendant sur le sol et dévorant les mètres avec avidité. Puis, avec une nouvelle salve de signes incantatoires, leur maître donna naissance à une véritable arborescence. Des dizaines de mains sillonnaient la terre en quête d’une proie. Toutefois, ce qu’ignorait l’Aburame, c’est que ces mains pouvaient quitter leur support afin de prendre une forme plus complète. Il suffisait simplement d’être à portée « de main ».

Résumé:

Masaaki aimait la tournure que prenaient les évènements. S’il n’avait pas beaucoup de temps pour s’entraîner, il était persuadé que son don pour les illusions pouvait être poussé à un bien autre niveau. Le combat était pour lui une façon de briser la domination des violents. Le dominant avait le luxe du choix, pas les autres. Eux devaient subir. Pour ne pas subir, il fallait donc dominer. Telle était la loi des individus sur cette terre.

Les dons de Renpei étaient connus sur tout le continent. Pour autant, entre savoir et voir, il y avait tout un monde. L’Aburame s’en rendit compte alors.

Comment un nara pouvait-il être approché, lui qui était en permanence protégé par son ombre, littéralement ? Ce gardien intangible, qui pouvait prendre possession du corps de l’adversaire était une menace de tous les instants. Les ombres étaient tellement omniprésentes dans la réalité des gens qu’ils en avaient oublié leurs existences. Se défendre contre un nara, c’était avant tout se faire violence sur la perception même des choses. Le don du clan des ombres était l’inverse d’un genjutsu. En observant les innombrables mains qui couraient dangereusement vers l’Aburame, s’aidant des arbres et de leur empreinte obscure pour avancer dans la nuit, Masaaki eut l’impression qu’il avait été enfermé dans une illusion toute sa vie. Une illusion où les ombres qui l’accompagnaient avait insidieusement caché leurs intentions néfastes pendant des années, pour se révéler aujourd’hui.

Pour la première fois, l’Aburame voyait son propre reflet obscur comme une entité indépendante qui pouvait le trahir d’un moment à l’autre, par la simple volonté de son adversaire.

Le foyer des lumières effectua quelques mudras rapides en restant vigilant devant l’armée de mains qui fonçait vers lui.

Alors qu’il se mettait à courir, ordonnant à une partie de la ruche de l’éclairer en tournant autour de lui pour faire bouger son ombre un maximum, de petites ailes transparentes poussèrent au niveau de ses omoplates.

Au moment même où les mains arrivaient à quelques mètres de lui, l’Aburame prit appui sur le sol et sauta de toutes ses forces. Les petites ailes aidant, le shinobi parvint à planer sur quelques mètres pour se rapprocher de Renpei en tentant d’éviter son piège. Pendant qu’il défiait légèrement l'apesanteur, il profita du sursis pour laisser sortir tous les soldates du temple des lanternes.

Les lucioles l’entourèrent de plus en plus, se concentrant spécialement autour de son bras.

Quand les pieds de Masaaki touchèrent le sol, il avait un bouclier de lumière attaché à l’avant-bras qu’il tendait vers les ombres pour s'épargner leur attaque. Il savait que sa défense allait provoquer un terrain de jeu encore plus grand pour le maître des ombres, mais il avait une idée. Parfois, il fallait savoir perdre une manche pour pouvoir gagner le combat.

Comme un défi, il tourna le bouclier de lumière vers Renpei pour aveugler ses sens alors qu’il tentait une nouvelle fois d’altérer son esprit.

Résumé:

Sourire aux lèvres, l’auteur à succès appréciait l’instant. Ce n’était pas tant le combat, mais plutôt la relation professeur élève qui le comblait de joie. Cet échange était captivant, voire même inspirant. Qui sait, peut-être allait-il se nourrir de cette expérience pour écrire son nouvel ouvrage. Cela devrait plaire aux fans, se disait-il. Toutefois, l’heure n’était pas à la flânerie, il fallait se concentrer sur la danse crépusculaire.

Ainsi, il pouvait voler ? Les dons du clan Aburame étaient pleins de surprises. Que pouvait-il bien faire d’autres ? Était-il capable d’imiter d’autres caractéristiques de ses insectes ? Par prudence, le savant fit le choix de garder une distance raisonnable avec son ennemi. Conscient des limites de sa myriade de mains décharnées, le Nara ordonna un retour groupé. Peu à peu, les formes disparates n’en firent plus qu’une, tentant de rejoindre le dos de l’adversaire au plus vite. Comme pour faciliter cette ruée et avec quelques mudras supplémentaire, l’ombre prit les traits d’un golem au pas lourd. Sa course se mua alors en une charge désespérée.

C’est cet instant que choisit Masaaki pour renouer avec la terre ferme. Néanmoins, il n’était pas seul, une égide lumineuse l’accompagnait. Une telle arme pouvait se montrer dangereuse pour l’art du Kagemane. La prudence était de mise. Soudain, la création ténébreuse hurla, et tenta d’attirer l’attention du maître des lucioles. Cette technique sembla fonctionner. Le masqué se tourna vers les ombres et chassa presque immédiatement le golem. Était-ce si facile ?

En réalité, Renpei avait renoncé à son attaque pour déployer son ombre à un autre endroit. Profitant de la naïveté de son adversaire, l’écrivain se prépara à porter le coup « fatal ». Quant à Maasaki, sûr de sa victoire, continua sur sa lancée et tendit son arme rayonnante vers le Nara. Pensant pouvoir lui infliger une illusion, il parvint à le faire… Fondre ? Un double d’ombre ? Comment et depuis quand ? Le voyageur n’eut pas le temps de développer ses questions que déjà l’éphèbe essaya de frapper son estomac grâce à son poing enveloppé d’un voile noir.

Je suis désolé. Tu n’aurais pas dû te concentrer sur mes ombres, me tourner le dos n’était pas judicieux.

Après ces mots pleins de compassion, le manieur d’ombre s’éloigna de quelques mètres, retrouvant les papiers qu’il avait précédemment jeté.

Je suis impressionné par tes techniques et ton sens de l’improvisation. Cependant, tu manques de recul sur tes propres techniques. Prends le temps de réfléchir à tes atouts et à tes faiblesses.

Le savant marqua un court silence, comme pour laisser son opposant réfléchir. Puis, il ne put s’empêcher de lui prodiguer un autre conseil.

Ta lumière est un poison pour mes ombres, il est vrai. Mais as-tu eu le temps de les contaminer ?

Sans tarder, le fils de l’Ambassadeur usa de plusieurs signes incantatoires. Le Golem revint à la vie et se dirigea lentement vers sa cible. Bien qu’il eût pour ordre de frapper Masaaki, son existence possédait un sens bien différent.

Résumé:

La maîtrise du don clanique du Nara dépassait de loin celle de l’Aburame.

Lutter contre un adversaire plus fort, plus rapide et plus expérimenté mettait les compétences du foyer des lumières à rudes épreuves. Par deux fois, Renpei avait su lire dans son jeu et répondre aussi promptement qu'éfficacement.

En regardant le golem d’ombre qui avançait droit sur lui, Masaaki ne pouvait s’empêcher de penser que, si cela n’avait pas été un affrontement amical, il serait déjà mort.


Le temple des lanternes est en ébullition. Les ouvrières, en rang derrière les orifices du masque de bois qui mène à l'extérieur, distribuent les doses de chakra aux soldates avant que celles-ci ne s’envolent.

1544 place la dose dans son jabot social. De cette façon, elle pourra l’utiliser plus tard ou le donner à une de ses sœurs d’armes en cas de besoin.
Elle va voler avec le même escadron que lors de la première attaque et elle en est contente. Ce sont toutes de valeureuses guerrières.

Le signal est donné.

1544 déploie ses élytres pour équilibrer sa chute alors que ses ailes souples se mettent à battre rapidement. L’insecte prend la direction du golem, bien éloignée de ses camarades afin de ne pas attirer l’attention sur le groupe. Elles ne s’allumeront qu’au dernier moment.


Masaaki se décida enfin. Se détournant de la marche du golem, le jeune homme exécuta des signes incantatoires avant de joindre ses deux pouces et ses deux index ensembles en pointant le Nara du doigts.

Des dizaines de lucioles s'agglomérèrent devant la mire de l’Aburame. Bientôt, les insectes avaient disparu, ne formant qu’une petite boule de chitine solide de quelques centimètres de diamètre à peine.

Sous l’impulsion du chakra, le balle de chitine partit à toute vitesse en direction de Renpei, s’illuminant de la couleur verte vive caractéristique du foyer des lucioles. Le projectile transperce la nuit, laissant une traînée illuminer ses alentours de façon fugace.

Avant même de savoir si le projectile venait d’atteindre sa cible, le temple des lanternes plongea dans l'obscurité pour mieux camoufler son prochain mouvement. Le golem arrivait, mais, entre lui et Masaaki, une petite silhouette frêle venait d'apparaître.

A en juger par la lueur de la lune, celle-ci ressemblait à une des jeunes bourgeoises qui faisait partie du groupe venu embêter le jeune homme lors de sa lecture.

Peut-être était-elle venue s’excuser. Peut-être voulait-elle se moquer encore un peu plus de l’Aburame. Dans les deux cas, sa présence n’était pas la bienvenue.

Abandonnant sa course vers Renpei, Masaaki se précipita vers le contour humanoïde qui se dessinait sous l’ombre du golem qui était bientôt à portée de coup.

- Renpei ! Il faut faire quelque chose ! Dit Masaaki dont le sourire s’était rallumée.


1544 n’a jamais fait une jeune femme en danger. Elle ne sait pas trop quoi faire et se contente donc de rester à la place qu’on lui a attribuée, relâchant son chakra peu à peu pour maintenir l’illusion au maximum. Elle espère que le Nara tombera dans le piège. Alors, les autres escadrons en embuscade pourront se jeter sur lui pour le désorienter pendant que la riche l’immobilise.

1554 se demande si elles seront un jour capable de faire autres choses que des leurres immobiles. Il faut bien passer le temps, quand on est à l'ombre d’un golem particulièrement puissant.

Résumé:

Stoïque face à l’adversité, le Nara observait les environs avec attention. Chaque arbre, chaque buisson, chaque pierre étaient méticuleusement étudiés. Ces éléments étaient ses meilleures alliées, à la fois par leurs ombres et par leur potentiel caché. Dans un duel, il fallait utiliser l’environnement avec justesse, ne jamais négliger un tronc ou une branche bien placée. Surtout que Renpei connaissait les limites de ses pouvoirs. Ils étaient certes polyvalents, mais ils se révélaient impuissants dès lors qu’il fallait se défendre. Les parchemins à ses pieds, il se questionnait sur la suite des opérations. Après tout, son golem n’était qu’une diversion, qu’une attaque grossière. Accaparer les regards était le seul sens à son existence.

Malheureusement, l’adversaire masqué se montra plus prudent. Au lieu de fuir ou de riposter, il pointa du doigt le Chōwajin. Ses quelques mudras inquiétèrent ce dernier. Qu’avait-il en tête ? Sans pouvoir sensoriel, l’auteur à succès tenta de convoquer tous ses sens, d’obliger son cœur à devenir sur vigilant. Cependant, il fut un peu déçu de constater l’ampleur de l’assaut chitineux. Il avait oublié l’écart qui séparait les deux hommes. Trop confiant pour l’éviter, l’écrivain laissa cette sphère fluorescente le frapper de plein fouet. L’impact fut saisissant et sa violence laissa résonner un craquement sourd. Toutefois, ce n’était pas le corps du savant qui avait émis ce bruit. Il était un peu chancelant, et son buste était marqué par une belle ecchymose. Mais c’était tout. Une question l’obsédait à cet instant, pourquoi une frappe solitaire ? Pourquoi ne pas enchaîner les frappes ? Ou du moins, en profiter pour déployer d’autres techniques ?

Et c’est là, au travers du voile de l’obscurité que surgit une silhouette familière. Une inconnue s’était perdue sur ce champ de bataille ? Impossible, Renpei aurait dû la voir. Même sans être omniscient, une telle présence aurait dû l’alerter. Comprenant très vite le risque de voir sa création bousculer, ou pire, l’inconnue, le fils de l’Ambassadeur la dissipa en quelques mouvements de mains. Rassuré, il tourna son attention vers son ennemi et comprit la ruse à travers son sourire très particulier. Très bien, il avait perdu. Satisfait, il se laissa frapper par les lucioles de l’Aburame. Au fond, il ne pouvait qu’être heureux, son opposant semblait s’améliorer au fil des échanges. Et ce rôle de pédagogue commençait à plaire à Renpei. Sûrement une passion inexplorée.

Bravo, Masaaki. C’était une tactique très efficace. Tu as su profiter des ténèbres. Je m’avoue vaincu.

Après avoir retrouvé ses pleines capacités, l’éphèbe se concentra à nouveau et laissa sa créativité s’exprimer. Lentement, son ombre se mit à le dévorer, à couvrir sa peau et son visage. L’écorce ébène devint sa chair, le privant de sa vue et de sa mobilité. Bientôt, il devint un Colosse obscur, massif et immobile. Il profita de l’occasion pour disséminer plusieurs parchemins explosifs sur son nouveau corps. En plus de cette carapace noire, il possédait une dizaine de bras, tous étaient aussi fins que du papier. Ces derniers fouettaient l’air avec vigueur et précision. Il était devenu une forteresse intouchable, mais à quel prix. Un tel effort demandait une énergie folle et le Nara en était bien conscient.

Passons à la suite. Ose venir jusqu’à moi, défie mes bras solides et prouve-moi ta valeur, jeune Aburame. Comment vas-tu agir si je ne suis plus là pour voir tes chères amies ?

Résumé:

Devant l’immense masse obscure, Masaaki resta une seconde interdit. Le pouvoir de ce clan légendaire avait quelque chose d’antinomique avec sa propre symbiose. Pour autant, l’ombre découlait de la lumière. Sans elle, Renpei pouvait-il manipuler l’obscurité ?

L’Aburame avait cru qu’il était en position de force de par sa proximité avec la lumière. Mais, en réalité, chaque luciole, chaque rayon de luminescence, aussitôt créé, devenait un nouveau terrain de jeu pour le don de son adversaire.

Conscient que Renpei avait sincèrement à cœur d’améliorer la technique de combat de son lecteur, celui-ci ne pouvait pas se défiler.

Plus concentré que jamais, le jeune Aburame tentait de trouver une solution pour percer les défenses de ce géant d’ombres. Pour tâter le terrain, il lança un escadron. Les centaines de petites lumières furent happées par l’obscur monstre et disparurent dans les ténèbres.

Devant ce constat d’échec, plutôt que de s’approcher de l’immense armure du Nara, Masaaki préféra envoyer deux escadrons dévoreurs à la base de l’invocation. S’il savait pertinemment qu’elles n’allaient certainement pas pouvoir percer le rempart ombreux, il s’en fichait. Elles n’étaient pas là pour ça.


Alors que l’escadron dévoreur, qui se fait appeler “L’ogre des buffets” en hommage aux histoires du jeune auteur Nara qui se passent de larves en larves au sein du temple des lanternes, rasent le sol, ne laissant aucune plante sur leur passage vorace, 1554 et ses soeurs-d’armes sont en vol invisible, bien au-dessus.

Formée depuis son stade de nymphe à l’art de projeter les volontés de l’esprit du nid, la petite luciole sait parfaitement quand il faut réprimer sa nature bioluminescente.

De toute façon, pour ce que le foyer des lumières a prévu, elle n’aura pas besoin de créer la lumière verte vive qui caractérise son espèce parmi les insectes bioluminescents.

En vol stationnaire à une dizaine de mètres au-dessus du golem d’ombres, les lucioles se nourrissent du chakra emmagasiné dans leurs jabots sociaux avant de commencer leur bal.

Alignées en cercle sur plusieurs niveaux, les lucioles rapprochent leurs élytres, ces ailes rigides composées de chitine, pour qu’elles les frottent sur leurs ailes souples qui battent à toute vitesse.

En résulte un vrombissement sonore, accentuée par la course circulaire des lucioles qui descendent en spirale vers le goleme pour atteindre l'ouïe de Renpei.


Masaaki n’en avait pas fini ! Il voulait tout donner pour montrer à son auteur préféré qu’il pouvait, lui aussi, devenir un valeureux combattant, un jour.

Cependant, son expérience en combat était famélique. En général, l’Aburame usait de ses dons d'illusionniste pour éviter tout affrontement physique. Jamais il n’avait forcé jusqu'au point de non retour, jamais il n’avait ressenti le vide qui suivait l’usage rapide d’une trop grosse réserve de chakra.

Sans même savoir qu’il en était capable, le foyer des lumières venait d’accomplir la technique de genjutsu la plus complexe qu’il avait jamais lancée.

- Nous n’avons pas besoin que tu nous vois, si tu peux nous entendre ! Mais toi, nous vois-tu Nara Renpei ? Dit-il d’une voix faible.

Les contre-coups, pourtant, ne tardèrent pas, et le sourire lumineux du masque s'effaca peu à peu, laissant place à l’obscurité. Renpei avait gagné.


1554 ,n’a jamais tourné aussi vite de sa vie. Le bruit provoqué par ces centaines de lucioles tournoyant en même temps fait vibrer toute sa carapace. Elle espère que par le son, la vue du Nara sera impactée. Une autre illustration d’une duplicité étrange. L’obscurité tentaculaire ne naît que de la lumière. La bioluminescence n’existe pas sans l’obscurité.

En s’approchant du Golem, la petite luciole sent déjà, que, de par la nature de leurs pouvoirs, son nid et cet homme sont liés. Alors, autant briller au combat à défaut de briller tout court.

Actions:

Piégé dans son propre cocon ténébreux, l’écrivain attendait le bon moment. Patient, il laissait défiler ses pensées. Chaque souvenir, doute et reproche était accueilli avec bienveillance. Néanmoins, cette sérénité n’était qu’apparente, la paix n’habitait pas son cœur à son grand regret. Des questions le hantaient. Cette rencontre, était-elle nécessaire ? Était-il légitime en tant que professeur ? Après tout, il n’avait jamais été un exemple. Provocateur et beau parleur, il était jadis celui qui privilégiait les mots aux actes. Même lorsqu’il conduisit ses camarades dans l’antre de la mort, il avait tout fait pour être en retrait. Cette couardise lui collait à la peau, comme le faisait son ombre à présent. Non, il n’était pas un modèle, c’était évident. Toutefois, peut-être pouvait-il guider cet Aburame. Faire de son parcours, une antithèse de celui du Nara. Peut-être, est-ce la voie qui mènera le savant à la rédemption ?

Au fil de sa réflexion, un bruit inhabituel se fit entendre. Les bruissements des ailes gagnaient en force et en vitesse. Était-ce là la stratégie de son adversaire ? Le submerger de son pour l’empêcher de déceler le moindre assaut ? C’était louable, mais la créature agissait en parfaite indépendance. Distraire le maître, n’était pas suffisant pour briser ses assauts multiples. Pourtant, ce chant suicidaire semblait être doté d’une autre intention. Et à mesure que cette mélopée s’intensifiait, un mal-être naissait dans le corps du Chōwajin d’adoption. Ses sens étaient à la fois en pleine vigilance, et en même temps bouleversés par ce vrombissement permanent. Les dons du masqué dépassaient donc la vue, ils pouvaient agir à travers tous les sens. Cela les rendait d’autant plus dangereux.

Luttant contre les vertiges et les hallucinations, l’auteur à succès se résigna à utiliser son ultime atout. Il pensait pouvoir retarder son usage, mais le jeune Masaaki ne lui laissait plus aucun choix. Reconnaissant devant les efforts de ce dernier, le Nara voulu lui montrer une dernière technique. Sans attendre plus longtemps, le fils de l’ambassadeur multiplia les signes incantatoires et ordonna à sa créature de retourner ses membres contre-elle-même. Plutôt que de fouetter l’air en quête d’ennemis, ses extensions plongèrent dans la chair obscurcie. Avec une adresse toute particulière, elles arrachèrent des dizaines de parchemins à la monstrueuse silhouette et les offrirent au monde entier. Peu à peu, les bras formèrent une véritable forêt, ayant pour sommet ses fameux explosifs. Le bois silencieux n’attendait plus qu’un ordre. Toutefois, cette légère attente permit aux lucioles de bouleverser les plans du Maître des ombres. Dévorer l’informe avec telle virulence n’était pas sans conséquence. La création perdait peu à peu en stabilité et comme mu par un instinct de survie, elle se mit à bouger pour éviter la chute. C’est à cet instant que le savant décida de déployer sa barrière ultime, encore inconscient des risques qu’il prenait.

La réaction en chaîne ne tarda pas à dévoiler sa nature destructrice. Les uns après les autres, les explosifs nourrirent le feu infernal et provoquèrent la création d’un véritable brouillard fait de cendres et de flammes. Les insectes ne purent survivre à un tel déluge, mais ce ne furent pas les seuls à pâtir de cet assaut. Renpei était l’épicentre de cette bourrasque ardente, et s’il pensait avoir suffisamment pris de distance avec les parchemins, il se fourvoyait. La dernière action de son adversaire l’avait condamné à de nombreuses brûlures et à une surdité temporaire. Incapable de tenir debout, il s’écroula au sol et eut comme seul réflexe de chercher son partenaire du regard. Bientôt, un lourd soulagement lui arracha un soupir, Masaaki était en vie et sauf. C’était tout ce qui comptait. À présent, il allait pouvoir se reposer, rien qu’un petit peu, le temps de retrouver les forces nécessaires pour féliciter son nouvel ami.

Résumé: