Pied-à-terre, c’est avant tout la texture unique du sable qui caressait la peau du garçon, qui dénotait du reste du décor avec sa grosse tortue accrochée à son dos. Le soleil tapant à la fois les cheveux d’ébène et le sol, Jotaro pouvait bien ressentir la chaleur venant d’en haut et d’en bas, alors qu’il aidait à transporter des caisses pour préparer les marchandises. Les quelques employés qui l’observent comprennent bien que c’est un éveillé, puisqu’il arrive à transporter plusieurs grosses boites remplies de fournitures à lui tout seul, en plus de l’animal exotique sur son dos. « Où est-ce que je dois les mettre chef ? » ; « Près du chariot le mercenaire, allez ! Ce matériel ne va pas se livrer tout seul ! ET BOUGEZ VOUS AUSSI LES AUTRES ! » la voix du client de l’Inuzuka résonne alors que tout le monde reprend son bout de travail, préparant la traversée des terres arides du pays.

Derrière Jotaro se trouvent les murs de la capitale, Coeur de la Liberté. Un nom qui inspirait le jeune homme, qui a entendu les histoires sur la façon dont le peuple a pu déclarer son indépendance face à une superpuissance. Il était possible pour la petite gens de tenir tête aux pays qui ont façonné le Continent pendant des décennies, et pas qu’à Toji : Hakugaku, Chowa, Gajan… « Un jour, Hametsu aussi renaîtra de ses cendres. » ; « Dépêche-toi de poser ce bordel qu’on puisse se mettre à l’ombre, je suis en train de griller dans ma carapace moi ! » rappelle la tortue en mettant des petits coups de tête dans la nuque de son partenaire, qui manquait de tout faire tomber. Esquivant les réprimandes de l’officiel, Jotaro termine de donner un coup de main avant de rejoindre son poste initial de garde de caravane. À côté de lui, une femme aux cheveux ardents, inconnue au bataillon. Il profite du bref moment de répit pour se présenter, malgré l’arrivée à grandes foulées de l’officiel…

« Yo, je m’appelle Inuzuka Jotaro, et lui c’est Kaid-... » ; « Bonjour étrangers, maintenant que les préparatifs sont terminés nous sommes prêts à partir. Je me présente : Monzaemon Akio. Votre mission sera à la fois simple mais capitale : protéger la caravane de toute attaque extérieure, et vous aurez votre paie. Suis-je bien clair ? » le client ne perdait pas de temps dans ses explications, et observait la réaction du duo - enfin, du trio, avec la tortue - qui allait garantir la sécurité. Jotaro hoche la tête, confiant, en tapotant son torse en partie exposé, avec un grand sourire. Une fois les pendules mises à l’heure, Monzaemon Akio tourne les talons et s’en va régler les derniers détails tandis que Jotaro commence à s’étirer, faisant craquer certains de ses joints avec une impatience non dissimulée. « J’ai hâte de voir ce que ce pays nous réserve, je suis jamais allé aussi loin vers l’ouest ! » ; « Désolé de briser tes rêves, mais tu ne verras que du sable hein… »

J’étais là pour affaire. J’avais donné rendez-vous à notre petit groupe d’ici quelques jours et en attendant, je terminais quelques recherches pour pouvoir mener à bien nos projets communs. Mais en attendant, alors que les dernières touches de notre futur périple étaient en train de se terminer, voilà que j’avais un peu de temps libre. Je n’étais pas du genre à me prélasser pour ne rien faire et quitte à être là, j’escomptais en découvrir un peu plus sur la région et potentiellement me faire quelques contacts locaux. Et pour ce dernier point, quoi de mieux que d’offrir ses services à celles et ceux en ayant besoin, d’autant plus lorsque l’on agite sous leur nez l’étendard de la Kabbale.

J’avais été mandatée par un certain Monzaemon Akio afin de garantir la sécurité d’une caravane dont il était le bénéficiaire. Sur le papier rien de compliqué, mais si notre commanditaire estimait avoir besoin de protection, c’est qu’il y avait une bonne raison. Adossée à l’ombre d’un arbre relativement frêle, je jouais avec un senbon, le faisant tourner entre mes doigts dans un sens et dans l’autre pendant que le reste du groupe s’affairait à ranger les dernières caisses. Si celui qui semblait officier comme chef de file de manutentionnaires me regardait d’un œil torve, jugeant surement mon absence de travail comme un affront, pour ma part je n’avais que faire de ses éventuelles remarques. J’avais été payée pour assurer une protection, pas pour servir de main d’œuvre contrairement à cet autre mercenaire qui s’était exécuté sans mot dire.

Finalement, notre patron d’un jour se montra enfin, le genre un peu guindé et dont la tenue n’était pas du tout en adéquation pour une escapade dans le désert. Même si son nom était connu ses talents eux ne devaient surement pas suivre la même voie. Mais avant que l’on ne fasse les premiers pas, je me permettais une question au nobliau.

« Une question avant que l’on parte. Si nous sommes engagés la tortue ninja et moi c’est pour protéger ce convoi. Cependant, afin de pouvoir vous protéger efficacement, j’aimerai avant tout savoir ce que vous craignez. Si aucune menace ne planait sur vous ou la caravane, je ne serais surement pas là et vous auriez assurément économisé ma paye pour assurer plus de profit dans vos affaires. »

Question légitimes, mais une autre me venait en tête et une fois réponse obtenue, après avoir salué d’un geste de la tête, je me tournais vers l’Inuzuka transportant son compagnon sur le dos.

« A l’ouest ? Du sable, encore plus de sable, des oasis, une large capitale et un vieil arbre, du moins, ce qu’il en reste. Mais sinon, je t’ai entendu parler d’Hametsu. Pourquoi vouloir faire renaitre cette ruine de ses cendres ? Disons que le pays n’est pas un modèle de stabilité et que je doute que les Yaban laisse de côté la main mise qu’ils ont actuellement. »

Tortue ninja ? Le duo insolite réfléchit au terme faisant référence à eux et estime l’appellation attractive. Tout en tendant l’oreille sur la conversation entre la mercenaire rousse et l’officiel Monzaemon. Ce dernier s’arrêtait dans ses pas, offrant un nouveau regard à l’attention de l’Uzumaki avant de se tourner complètement vers elle et de compléter les termes du contrat : « Vous avez raison mercenaire, cette excursion dans le désert peut-être ne sera pas danger. À l’ouest le désert de Kaze continue de progresser, lentement mais sûrement, et pour préserver la sécurité de nos frontières et de nos habitants qui vivent près des bordures limitrophes nous montons une opération de délocalisation. Cependant, de récents rapports font mention d’incidents à la frontière : des hommes et des femmes disparaissent, et on ne trouve plus aucune trace d’eux. De ce que je sais des hommes ont déjà été envoyés enquêter sur l’origine de ces disparitions, mais afin de ne pas mettre en péril notre projet, ni le retarder, nous avons pris la décision d’engager une sécurité… même si elle vient d’étrangers tels que vous. Maintenant, si vous me permettez. »

Tout en se grattant la joue, Jotaro écoutait ce qu’avait à dire la rouquine à propos de l’horizon rêvé du garçon. Il avait déjà entendu des histoires par-ci et là sur le désert du pays du vent, mais il n’a jamais eu l’occasion de s’en approcher. À vrai dire, depuis son départ de Kaminari, le jeune Inuzuka n’avait jamais visité de grands pays comme Hi ou Tsuchi… Encore moins Mizu, qui était paumé au milieu de la mer. Il ne prenait pas mal les paroles de sa partenaire de contrat, gardant son léger sourire pouvant s’apparenter à de l’insouciance. « Hahaha les Yaban sont pas si mauvais quand on apprend à les connaître, et quand on a la tête assez solide pour résister à leur claque. Je n’ai pas de raison extraordinaire, j’ai simplement vu tous ces gens qui avaient besoin d’aide, alors j’ai décidé de les aider. J’ai même fondé un village là-bas, Tsubomi, n’hésites pas à passer si tu as l’occasion, on t’accueillera à bras ouverts ! »

Les bras croisés, il observe un moment la caravane terminer de se mettre en place, l’Inuzuka remarquant qu’assez peu d’animaux seront utilisés pour le transport. À part une demi-dizaine de chameaux qui seront utilisés comme monture par des personnes - c’est-à-dire l’officiel, deux de ses hommes et les deux mercenaires - le reste sont des marionnettes manipulées par l’officiel et ses deux compagnons pour assurer le transport des marchandises. Jotaro était impressionné par l’efficacité à laquelle ce genre de marionnettes pouvait être utilisé, et il notait l’idée dans un coin de sa tête pour un futur projet…

« Malheureusement, le clan Yaban n’a pas installé de réelle structure au sein d’Hametsu. Ils sont plutôt là comme élément dissuasif face aux requins de Ame, ou quelques indépendants qui rêveraient de prendre le terrain pour eux. Mais ça ne continuera pas éternellement. C’est en partie pour cette raison que je réalise ce genre de contrat de temps à autre, afin de ramener de quoi investir dans le pays et dans sa renaissance. » Un homme s’approche des deux mercenaires, tenant dans sa main les rênes de deux chameaux qu’il passe à Jotaro et à l’Uzumaki. L’Inuzuka s’empresse de siffloter à l’attention du chameau, lui caressant le cou avant de lui chuchoter quelques mots à l’oreille, que la bête comprend et frotte sa tête contre celle du garçon.

Alors qu’il monte sur l’animal, gardant la tortue accrochée à son dos, il regarde la rouquine avec un air tout excité, enfin soulager de pouvoir décoller. « Et sinon, comment tu t’appelles ? Tu as l’air t’avoir de l’expérience en tant que mercenaire, je compte donc sur toi haha ! »

Bien entendu que j’avais raison. Si certains ne semblait pas se poser la moindre question, celle que je venais de poser avait toute légitimité. Qui irait au-devant des problèmes sans savoir ce qui lui en couterait ? En tout cas, pour l’heure, notre jeune marchand semblait vouloir énoncer des évidences jusqu’à la mention de ces fameuses disparitions. Si la démarche semblait louable, j’avais la sensation qu’elle manquait de profondeur dans sa réalisation. Laissant notre chef du jour finir son intervention, une fois encore je prenais la parole à sa suite.

« Etrangers tels que nous ? Si je n’étais pas payé, j’aurais pu prendre cela pour une insulte à peine voilée. Mais je ne suis pas certains benêts que l’on peut trouver dans les pires bouges de votre capitale. Mais ce n’est pas le sujet. Vous dites avoir envoyé des personnes enquêter. Avez-vous eu un retour de leur part ? Quelque chose qui pourrait nous orienter dans la manière de défendre vos intérêts ? »

La question ne semblait pas plaire et un homme, peut-être le second de notre estimable patron chuchota quelques mots à son oreille. Pendant que les deux déblatéraient à demi-mot, j’en profitais pour poursuivre mon échange avec l’autre énergumène notable du groupe.

« Le problème des Yaban c’est qu’ils n’ont jamais réellement cherchés à me connaitre. J’ai plus souvent eu à leur briser la mâchoire qu’à boire un verre en toute amitié avec eux. Mais on va dire que je n’ai simplement pas eu de chance … Tsubomi ? Je prends note même si je ne vois pas pourquoi j’irais m’enterrer dans un tel mouroir à peine sorti de terre. Par curiosité, si tu as créé ce village, tu comptes faire quoi pour le développer avant qu’il ne soit phagocyter par n’importe qui d’un peu d’importance ? »

Le Monzaemon semblait être passé à autre chose, esquivant ma réponse, ses hommes ne cherchant pas plus à en avoir une. Au final, les deux seuls qui auraient pu la réclamer étaient moi-même ainsi que l’autre type avec sa tortue de compagnie.

« Les Yaban ont une structure en fait. Elle passe juste pour quelque chose de désorganisé. Ils appliquent à la perfection deux lois. La première, la loi du plus fort. Le plus fort gagne, le plus fort règne, les autres suivent jusqu’à ce que quelqu’un batte le chef et le remplace, ainsi de suite. L’autre loi immuable est la loi du talion. Le principe même de « œil pour œil, dent pour dent ». Ils ont plusieurs fois tentés d’appliquer cette peine à mon encontre, malheureusement pour eux, cela s’est toujours soldé par un échec notable. Mais bon si ton but c’est de relever le pays du marasme dans lequel il est, ce n’est pas avec ce genre de mission que tu vas réussir. Il va te falloir bien plus qu’un maigre salaire. Si tu veux arriver à quelque chose, c’est un mécène qu’il te faut, quelqu’un qui soutienne ta cause, que ce soit un clan, une nation ou un riche entrepreneur, peu importe. »

Il y avait une nette différence entre utopie et réalité. Seulement, ce Jotaro semblait pencher vers le premier plutôt que vers le second. Au moins il avait un rêve, certains n’avaient plus ce luxe. Dans la foulée, alors que je venais à peine de m’asseoir sur mon propre chameau, assise en tailleur, sortant ma kiseru de ma veste, j’allumais ma longue et fine pipe de métal en observant la configuration dans laquelle nous étions. Une stratégie des plus simple avait été mise en place. Les gardes autour des éléments de valeur, le chef avec ces éléments là et les deux gardes du corps que nous étions quelques mètres en avant, espérant surement que si attaque surprise il y ait, nous soyons pris dans les premiers feux.

« Aucune expérience à ce que je vois … » dis-je en soufflant en me concentrant à nouveau sur la conversation plus proche que j’avais avec l’Inuzuka.
« Uzumaki Mai. Pour ce qui est de l’expérience … oui … on peut dire ça. Par contre, ouvre l’œil, j’ai le sentiment que notre marionnettiste ne nous dit pas tout et qu’il nous cache certaines choses. D’ailleurs, il doit être relativement fort. Il ne parviendrait pas à contrôler autant de marionnettes à lui seul si ce n’était pas le cas./ »

Clairement, le trio de mercenaires n’était pas vraiment reconnu aux yeux du client, leur seule fonction étant d’être des gros bras prêts à intervenir en cas de pépins. Jotaro n’étant pas vraiment dépaysé par ce genre de traitement, après tout ses cheveux et sa couleur de peau légèrement bronzé lui ont déjà valu le pire des traitements à Kaminari. Et ce n’était pas forcément mieux à Hametsu, au début. L’Inuzuka n’a jamais vraiment porté de grande importance à comment les gens le regardaient, se concentrant essentiellement sur comment approfondir ses relations avec les autres. Dans l’espoir se montrer le meilleur de lui-même et donc tendre vers de véritables liens, comme il a pu le faire au cours de sa petite vie. Mais celle qui semblait vouloir davantage défendre son image et sa valeur, c’était celle qui se présenterait sous le nom d'Uzumaki Mai. Un clan que le garçon et la tortue avaient vu de loin, durant leurs excursions à Chōwa.

Elle ne gardait pas sa langue dans sa poche, surtout lorsqu’elle semblait éprouver les ambitions du garçon qui se contente de rire et de croiser les bras, confiant. « La première étape pour reconstruire un pays débute avant tout par son peuple. Ça peut sembler petit joueur de commencer par un village, mais les habitants de Hametsu n’ont plus de véritable repère, surtout après le déferlement de criminalité et de corruption. Je pourrais entrer dans les détails, mais une fois le peuple rassemblé alors il faudra rebâtir les bâtiments, les foyers, les champs… » Il avait un demi-sourire quant à la mention de la société mise en avant par les Yaban, Jotaro ne se faisant aucune illusion quant à la nécessité de devenir une extension à un réseau avec du pouvoir pour réaliser une telle ambition. « Trouver des collaborateurs n’est pas forcément difficile, il faut juste trouver des intérêts en commun qui permettent aux différents partis de se développer. Comme nous actuellement : nous avons un intérêt commun avec notre employeur, à amener en sécurité cette caravane à destination… Même le clan Yaban n'échappe pas à cette règle. » ; « Imagine si tu lui disais là tout de suite que tu faisais partie de l'organisation secrète de Chōwa qui vise à instaurer une paix continentale, elle te croirait même pas bwhahahaha ! »

Enfin, le signal est lancé et chacun prend position, les deux mercenaires se dirigeant vers l’avant du groupe pour anticiper d’éventuels dangers. Passant sa main sur le pelage du chameau, comme pour le détendre, Jotaro fronçait les sourcils à la mention d’une situation louche… « C’est vrai que ça paraît étrange… même si je ne sais pas pourquoi il nous cacherait des informations. Est-ce que je devrais aller lui demander ? » ; « Perds pas ton temps et garde les yeux devant toi, il manquerait plus que tu te fasses surprendre par la moindre embuscade… » Dans un soupir Jotaro se concentre devant lui, tout en gardant un oeil sur le groupe derrière… une bonne partie dirigée vers le Monzaemon qui utilisait ses 10 doigts pour mouvoir les marionnettes.

Après plusieurs longues heures à traverser des steppes arides, le groupe voit au loin le début de formations rocheuses, de hauteurs en pierre. Une véritable vallée qui pourrait assurer au groupe de voyager à l’abri des rayons brûlants du soleil, tapant sur eux depuis tout à l’heure. Un simple tissu sur sa tête pour faire de l’ombre sur son visage, Jotaro garde les bras croisés alors qu’il observe la vallée au loin. « On dirait que cette vallée est sur notre chemin. Il nous reste encore quelques heures avant que le soleil ne se couche… »

« Et c’est partit, les embrouilles… »

HRP :

Entre le blatèrement régulier des chameaux, les secousses fréquentes, l’odeur permanente et le soleil de plomb sur nos têtes, je devais avouer que cette partie du voyage n’avait d’agréable. C’était plutôt le contraire, mais je n’avais guère de choix, je devais m’y plier, plus que cela même, je devais m’y faire. Cette mission devait durer quelques jours et cela faisait seulement quelques heures que je supportais cette situation. De la volonté, voilà ce qu’il me fallait. Malheureusement, les maux ne venant jamais seuls, l’Inuzuka semblait vouloir me raconter sa vie, vie dont je n’avais strictement rien à faire. J’étais là pour un objectif précis et non pour faire ami-ami avec le premier venu. J’avais agi par politesse et voilà que cela me revenait en plein visage.


« Hum … Dit comme ça, j’ai surtout l’impressions qu’ils vont troquer une misère pour une autre. Et dans cette petite utopie perdue au milieu des affres de la réalité, qui va diriger ? Quand la rumeur d’un nouvel eldorado va se propager dans le pays, que feront-ils ? Que se passera-t-il quand les Yaban ou n’importe quelle pègre organisée viendra s’installer et profiter des nouvelles richesses offertes par ce vent de liberté ? Ce sera une hécatombe ? L’homme libre aspire à le rester. Vous aurez vendu l’espoir à ceux qui n’en ont plus et ils mourront tous en tenant d’en garder la moindre miette. Enfin, cela ne me regarde pas. J’ai voyagé des décennies durant et je ne me fais guère d’illusions sur ce qui se passe ici et là. Les choses évoluent grâce à la puissance, rarement par la seule bonne volonté. Mais tu t’en rendras compte en vieillissant, tu es encore jeune et plein d’espérances. »

En attendant, la marche poursuivait son cours. Pourquoi avoir besoin de nos services ? Voilà enfin une vraie question que j’avais implantée dans l’esprit du jeune shinobi. Malgré son air sympathique, notre commanditaire était un homme averti et désormais la tortue ninja avait son esprit et ses sens affutés. Il faudrait bien cela pour ce qui risquait potentiellement d’arriver par la suite.

« Lui dire quoi ? excusez-nous mais il semble que vous ne soyez pas honnête avec nous ? C’est un marchand, bien sûr qu’il ment. Seulement, nous savons qu’il y a anguille sous roche alors jouons son jeu et restons prudent. En attendant, je pars devant en éclaireur. »

Face à la vallée qui se profilait devant nous, je hâtais ma monture qui galopa tant bien que mal et arrivais finalement au pied de cette longue vallée. Sur ma gauche, le soleil avait déjà entamé sa descente journalière. Séjourner dans la vallée c’était se protéger en partie du froid du désert. Mais c’était aussi le risque de se faire attaquer par n’importe qui. De retour au convoi, je passais devant l’Inuzuka, l’invitant à me suivre, m’arrêtant au niveau du marionnettiste.

« Stoppons pour aujourd’hui à l’entrée de la vallée et montons le camp sur l’un des côtés. Ce sera plus sécurisé. S’il y a une embuscade de prévue dans la vallée, ils ne seront pas prêts pour nous rejoindre à l’extérieur et en étant à l’entrée, nous aurons une vision sur le désert.  »

Notre si estimé chef ne semblait pas gouter à mon discours, mais après mes arguments, il leva la tête et finalement, après de longues secondes d’observations et de chuchotements – encore – avec son second, il accepta ma proposition.

Une seule question restait … la nuit serait-elle sereine ?

« Bwahahaha elle est pas aimable la mercenaire ! T’en fais pas, même une Uzumaki me battra rarement niveau âge, donc JE suis la voix de la sagesse ! » rajoute la tortue tandis que le jeune Inuzuka soupire, se concentrant sur leur prochaine destination en s’assurant de l’énergie de sa monture. Pourtant, difficile de ne pas repenser aux commentaires de la rousse, est-ce que les projets de Jotaro n’étaient qu’une vaste désillusion ? Qu’il sabote l’existence des autres pour la tronquer avec une vie faite de labeurs et destinée à se faire agresser par le moindre cupide ? Dans un moment de doute, l’Inuzuka observe sa propre main, couverte de callosités. Est-ce que cette main, dirigée par un ignorant, arrivera-t-elle à sauver un pays, ou à le condamner une seconde fois ?

Le temps passe et les nuages se font rares dans les environs, donc se reposer près de la vallée semble être l’option la plus attirante. Jotaro observe le client réfléchir quant à leurs options, et la décision est prise : le camp sera monté à l’entrée de la vallée. Près du flanc droit, pour être exact. Les marionnettes, en forme d’animaux, se placent de façon ordonnée et se posent près de la paroi, à l’abri du soleil. Jotaro va voir les deux personnes accompagnant le Monzaemon, deux hommes complètement couverts par un long manteau noir et de large chapeau pour leur faire de l’ombre. Difficile de reconnaître leurs traits, mais l’Inuzuka propose un début d’organisation pour des rondes, ce qu’ils acceptent après quelques secondes de délibération.

L’Inuzuka part retrouver Uzumaki, la lune visible dans le ciel alors que la chaleur de la journée était lentement remplacée par une brise refroidissante. Quelque chose qui ne dérangeait pas réellement le garçon qui a dû vivre dans un taudis, avant de découvrir l’usage des isolants.

« Les deux gardes sont d’accord pour surveiller la soirée. On sera chacun responsable d’une partie de la nuit, après eux. Si tu as une préférence hésite pas à me le dire… Oh, si tu veux que je m’occupe de toute la nuit je peux aussi ! » ; « Ouais bah tu le feras tout seul, moi je vais roupiller… » souffle l’animal avant que Jotaro ne se dirige dans son coin du petit coin de fortune, à quelques distances de la tente mise en place par le Monzaemon pour lui et ses hommes. Dormir à la belle étoile n’a jamais été un souci pour le jeune homme qui prenait simplement une couverture qu’il passait par-dessus ses épaules, alors qu’il se posait contre la paroi rocheuse.

Si dans un premier temps il trouvait ça difficile de trouver le sommeil, notamment à cause des pensées plus tôt dans la journée, il fermait doucement ses paupières et commencer à se reposer…

Ce n’est que plus tard, dans la nuit, que le garçon sent quelque chose lui attraper le bout du pied. Il ouvre instantanément les yeux, le poing prêt à partir lorsqu’il comprend que ce n’est que sa tortue, qui lui mordillait l’orteil pour le réveiller discrètement. « Jo’, y’a un truc bizarre avec les marionnettes… En me promenant à côté pour me dégourdir les pattes, j’ai entendu comme des petites respirations ! » rapporte le compagnon animal alors que Jotaro saute sur ses pieds, les yeux écarquillés. Il tourne la tête pour chercher à prévenir l’Uzumaki, mais une lumière flamboyante alertait le groupe : une pluie de boule de feu tombait dans la direction du campement.

[Rang B - Katon + Ninjutsu : Pluie de flammes]
??? fait tomber une pluie de flammes (multicibles) qui s’abat sur le campement. La portée de l’attaque fait qu’elle n’inflige que des dégâts de rang C maximum.

« Je protège les marchandises ! » cri Jotaro à l’attention des autres, alors qu’il bondit en compagnie de Kaida dans les airs pour s’opposer aux flammes qui menaçaient les marchandises, ainsi que les marionnettes. Si ce qu’a dit la tortue était vrai, alors il y avait potentiellement des personnes ou des choses qui respiraient à l’intérieur ! Une fois dans les airs, Jotaro inspire profondément avant de tourner sur lui-même, sa jambe tendue vers l’avant, Kaida rentrant dans sa carapace et faisant de même. A eux deux, les combattants dispersaient les flammes tombantes en utilisant leur corps en rotation comme bouclier protecteur.

[Rang C - Gijū (tortue) + Taijutsu : toupie martiale] x2
Jotaro et Kaida pivotent à grande vitesse et dispersent les flammes qui menacent les marchandises et les marionnettes.

Le pied tendu en avant, Jotaro faisait barrage au moindre projectile de feu qui s’approchait de lui. Mais même avec l’assistance de Kaida, certaines langues de feu passaient sur le côté et tombaient dangereusement près des marchandises. Goutte de sueur perlant sur son front, Jotaro atterrit lourdement au sol avec son partenaire avant de regarder en direction d’une dune plus loin, dans la direction du désert. Plusieurs hommes se tiennent debout, mais difficile de déterminer combien exactement. Un certain nombre d’entre eux glissent le long de la dune et foncent en direction du campement, entrant en conflit avec les deux gardes du Monzaemon qui les accueillent. L’un d’eux réalise de grands coups de poings alors que ses bras semblent s’allonger, les parties de son corps attachées entre elles par des fils noirs, tandis que son camarade avait réussi à piéger des ennemis avec des fils qui sortaient du sable, transperçant leur pied.

« Wow, ils déconnent pas eux… » ; « Baisse pas ta garde Jo’, à partir de maintenant c’est comme à Hametsu : on sait pas qui est le vrai ennemi. »

Point positif, notre commanditaire avait cette faculté d’écouter ceux qu’il payait pour le protéger. J’avais déjà joué les mercenaires par le passé et bon nombre d’anciens clients se pensaient au-dessus de tout délaissant les meilleurs conseils qui pouvaient être offerts. Ainsi, une fois à l’entrée de cette valée, voilà que nous posions enfin notre camp après cette journée harassante de voyage. Le chameau n’était pas une monture confortable mais c’était pour autant préférable à un jour à cheminer à pied à travers les dunes de sables glissantes

« Fais-donc … »

Sans plus de cérémonie, je laisse à l’Inuzuka le loisir de monter la garde. J’aurais pu refuser cet état de fait et partager la tâche, mais autant profiter de la situation. Récupérant mes propres affaires, je m’installais dans un coin du camp, proche d’un des feux afin d’éviter la froidure de la nuit. Malgré tout, je somnolais plus que je ne dormais. La situation était inconfortable et le froid bien présent. J’avais beau avoir vécu bien plus que chacun des participants présents ici, je n’en étais pas moins adepte du confort d’un bon lit. L’agitation locale ne mit pas longtemps à me réveiller de cette demi inconscience. Au-dessus de ma couche, les étoiles étaient brillantes, elle grossissait de plus en plus jusqu’à qu’enfin mes pensées se reconnectent. Une pluie de feu, voilà ce que c’était. Chacun semblait s’agiter, la tortue ninja en premier lieu. Par chance, malgré la situation, notre commanditaire et ses gardes rapprochés, marchands, colporteurs ou je ne sais quel nom leur donner s’affairaient eux aussi. Pour ma part, compte tenu de la distance d’attaque, j’attendais sagement que nos ennemis arrivent à portée avant d’agir. Pour l’heure, je me contentais d’esquiver les flammèches dans ma direction. Pour le reste, j’attendrais de voir ce qu’il en sera pour soigner les futurs blessés.



« Protège donc … »

Alors que l’Inuzuka s’affairait avec son compagnon sur le dos, pour ma part, j’observais au loin l’arrivée de nos adversaires. Deux d’entre eux venaient à nous. Si les gardes Fujimi s’affairaient sur l’un deux, je prenais le second - armé d'une énorme masse - chargeant directement sur lui et lui assénant une pluie de coups chargés de mon chakra. Malgré la protection occasionnée par ses bras mis en parade, la force d’impact des coup provoqués par l’Iryo no jutsu le propulsa quelques mètres en arrière, la tête dans le sable, la surprise inscrite dans son regard.



« Tu veux mourir ? Les Fujimi sont respectés sur les terres de Toji ! Toi et tes amis leurs faites honte, au delà du fait que vous ne pourrez rien faire. Si tu veux piller, fait le à Kaze ou ailleurs, mais ne mord jamais la main qui te nourrit, elle pourrait tout aussi bien te frapper ou pire, te tuer … »

Sur ces mots, l’homme restait – pour le moment – prostré sur le sable. A côté de moi, les gardes n'étaient pas plus en difficulté. A se demander pourquoi l’Inuzuka et moi étions présents si ce n'était pour servir quelques sombres desseins dans un avenir proche. Reportant mon attention sur ma propre cible, le regard sévère, je faisais un nouveau pas vers elle.

« Dégage ! Maintenant ! Toi et les autres, sinon vous êtes morts ! C’est une promesse. »

Le campement totalement éclairé par les nouvelles braises luisant sur les grains de sable, chacun gérait à sa façon l’assaut nocturne. Jotaro et Kaida pouvaient voir la façon dont l’Uzumaki arrivait à repousser avec aisance l’un des aissallants, faisant preuve de miséricorde alors que l’homme avait senti passer les coups contre sa chaire, tandis qu’un soupçon de côtes fêlées le traversait en même temps que cette vive douleur. De leur côté les Fujimi ne faisaient pas preuve de la même clémence, alors que dans un mouvement vif ils transperçaient leurs adversaires de leurs sombres fils, éradiquant la menace à peine s’était-elle présentait à eux. L’Inuzuka, les yeux écarquillés par l’ampleur que prenaient les évènements, jettait un regard en direction de leur commanditaire, le Monzaemon qui semblait s’être lui-même protégé de l’attaque brûlante. Malheureusement, à cause de son voile, son expression était illisible.

« Respectés tu dis ?! » répond une forte voix située au sommet de la dune, avant qu’une gerbe de flammes ne s’échappe de ses pieds et qu’il ne bondisse jusqu’à l’homme mis à terre par Mai.


Se tenant plusieurs mètres devant la mercenaire, c’est un grand homme à la crinière écarlate qui se dévoile alors que des braises prenaient naissances au creux de ses mains. Le regard lourd, il dévisage l’Uzumaki ainsi que les Fujimi, avant de les pointer de son doigt incandescent : « Notre pays tolère la présence du clan Fujimi à condition que ces derniers ne franchissent pas les limites ! Nous avons les preuves de la montée d’un réseau de traffic humain, avec pour collaborateurs les criminels ici présents ! Au nom de l’Himitsukeisatsu (秘密警察, police secrète), j’ordonne l’arrestation des Fujimi Akira et Eiji, ainsi que de Monzaemon Akio ! »

Traffic humain ? Criminels ? Police secrète ? Les mots défilaient à grande vitesse dans la tête de l’Inuzuka, qui sans battre un cil se retournait en direction des marionnettes posées près de la paroi. « PAS UN GESTE MORVEUX ! » ; « Vas-y Jo’, je te couvre ! » le Monzaemon déploie plusieurs couteaux acérées qu’il manipule avec des fils de chakra[1], visant le dos de l’Inuzuka qui est protégé par l’intervention de la tortue qui bondit en l’air et met en avant sa carapace pour bloquer les projectiles qui arrivent à peine à égratigner ses écailles*. L’Inuzuka arrivant devant la marionnette la plus proche, il arme son bras droit avant de mettre une droite sur la partie supérieure du moyen de transport. Il ouvre grand les yeux lorsqu’il remarque une personne attachée à l’intérieur de la marionnette, ses lèvres cousues par des fils noirs. L’homme piégé à l’intérieur est tétanisé, alors qu’il est beaucoup trop pâle pour être considéré en bonne santé.

« ILS SONT A L’INTÉRIEUR DES MARIONNETTES ! » crie Jotaro alors qu’il serre fermement le poing, ses veines ressortant alors qu’une colère brûlante monter en lui. Du traffic humain, comme à Hametsu… Et l’Inuzuka avait failli participer à ça, malgré lui. Non, il a déjà trempé son pied là-dedans… mais il n’allait pas laisser les coupables s’en tirer. « Toute personne entravant cette arrestation sera considérée comme complice ! » ; « AH ! C’est mal connaître mon p’tit gars… » Kaida saute en direction de son partenaire pour s’accrocher à son dos, alors que l’Inuzuka débute un sprint à travers le campement**. « JE ! » ses pas lourds laissent de grandes marques dans le sable alors que ses pieds deviennent de plus en plus verts, son épiderme changeant à vue d’oeil. « NE SUIS PAS ! » Il sautait en l’air en mettant ses deux pieds en avant, alors que l’un des Fujimi se plaçait devant le Monzaemon visé par l’assaut de Jotaro. « UN COMPLICE ! » répondait-il dans un violent dropkick qu’il réalisait contre Fujimi Akira, qui supportait solidement l’attaque de l’Inuzuka en déployant des fils épais comme des boucliers, malgré les pieds transformés de Jotaro transformées en pattes animales.[2] ***

Non loin de Uzumaki Mai, le second Fujimi qui porte le nom de Eiji terminait une série de mudras avant de plonger ses bras dans le sable : de nombreux fils épais comme des troncs sortent du sol pour se déplacer en direction de l’homme aux mains flamboyantes[3], qui en voyant l’attaque arrivait se propulse à nouveau dans les airs en utilisant des flammes à ses pieds pour esquiver l’attaque et ne pas être touché par les dangereux fils Fujimi. Pour l’instant, aucune attaque ne semblait cibler Mai, mais qui la misanthrope déciderait-elle de suivre ? Rejoindrait-elle le côté de son employeur, au risque de mouiller dans une sale affaire, ou de prendre le parti de la justice et de participer à leur arrestation ? L’option de disparaitre n’était pas à exclure, après tout difficile de traquer quelqu’un de nuit dans un désert, ou dans une vallée aux innombrables sorties. Même si le visage de l’Uzumaki était connue, elle pouvait espérer que ceux qui connaissent son nom meurt dans ce conflit pendant qu’elle se fait la malle…

Qu’allait-elle choisir ?

Résumé ::

Tient donc. Les agresseurs n’étaient donc pas si agressifs que cela. Alors dans les faits … si, mais il semblerait, selon les paroles de celui à la tête de ces bandits de grand chemin, que leur attaque était légitime. Je dois avouer que des gens qui se la racontaient, j’en avais entendu. Des gens qui étaient prêt à tout pour légitimer leurs actions aussi. Maintenant, ce genre de discours était assez rare et qu’il soit vrai ou pas, cela me laissait totalement de marbre. En revanche, cela ne semblait pas être le cas du jeune Inuzuka qui ne cessa de hurler à tout va son innocence, allant jusqu’à prendre à partie notre commanditaire. Mes premiers mots étaient donc destinés tout naturellement vers la tortue ninja.

« Bien sûr qu’ils sont à l’intérieur. Tu ne les as donc pas entendu respirer tout ce temps ? Peux-importe. Il y a deux choses qui ne vont pas dans ce que tu fais. Premier point, tu es en train de mordre la main qui te nourris. Autant dire que ta réputation dans le milieu sera faite, d’ici jusqu’à Ame, soit en certain. Second point, un type débarque, raconte ce qu’il veut et tu décides de le croire ? »

Avant de continuer, j’en profitais pour invoquer mon nouveau compagnon de route, Qoorsabil, mon albatros avec qui je m’étais lié il y avait peu de temps de cela. Une fois chose faite, je me tournais vers l’homme à la barbe violacée.




« Félicitations pour être arrivés jusqu’ici sans encombres. Malheureusement, cela ne prend pas avec moi. L’Himitsikeisatsu ? Jamais entendu parler. Tu ordonnes une arrestation ? Bravo. Mais tu es qui ? Pour une police armée vous êtes bien peu efficaces. Attaquer un convoi de nuit, c’est une bonne idée, mais avec autant de gardes et des otages potentiels, vous auriez-pu faire appel à plus de monde. Et puisque tu parles de secret, vous auriez tout aussi bien pu arrêter tout ce beau monde en toute discrétion, les faire assassiner dans leur sommeil ou je ne sais quoi d’autre. Bref. Tout cela pour dire que c’est du travail d’amateur. Des brigands voulant se faire passer pour une police militaire, voilà ce à quoi vous me faites penser. »

A mesure que je parlais, je venais de trancher la queue d’un chameau qui détala face à la douleur soudaine. C’était là un mal nécessaire. Rassemblant quelques baies de cet arbuste du Seirei que je faisais pousser, je mélanger queue, sang, sable et eau avant d’utiliser la puissance de ma pierre philosophale afin de conjurer une sorte de créature sigillaire ressemblant à moitié à un monstre de boue et de sang et à moitié à un chameau. M’approchant du feu de camp, je ramassais une des grosses pierres qui délimitait le foyer des flammes et la brisais de ma poigne.






Je me rapprochais alors des Fujimi, me tenant devant celui qui m’avait embauché pour le protéger de diverses menaces et haranguais ceux qui se dressaient devant nous.

« Je doute que vous fassiez le poids. Vous avez eu une funeste démonstration en attaquant les premiers. Si vous souhaitez mourir, c’est votre droit, mais dans ce cas, allez-vous suicider directement, cela n’en sera que plus rapide pour vous et moins fatigant pour nous. Dans le cas contraire, je n’aurais pas de pitié et je ferais durer votre agonie au maximum afin de glaner toutes les informations que vous avez. Ce sera quelque chose de long et douloureux. Et ce n’est pas une menace, mais une promesse. Et toi Jotaro, c’est en mourant ici que tu sauveras Hametsu ? Fais-donc le bon choix. »

Nulle peur dans mon regard. Depuis le temps que j’arpentais ce monde, j’avais eu le temps de me faire menacer de nombreuses fois. Cependant, face à la promesse d’une mort certaine, certains savaient faire le choix qui était le plus prudent.

Les pieds de l’Inuzuka percuta de plein fouet le bouclier fait de fils épais du Fujimi, l’impact permettant à Jotaro de prendre appui contre son adversaire en forçant sur ses jambes pour pouvoir rebondir vers l’arrière, à travers un salto. [1] Jotaro atterissait plus loin, redressant la tête pour voir Mai se ranger du côté des traffiquants, cette dernière affirmant bien ses positions alors qu’elle… réprimendait le jeune homme pour s’être retourné contre des criminels ? Des hommes qui avaient mentis sur la nature du contrat et qui en plus les avait placé dans une dangereuse situation face aux autorités d’un pays ? Sans parler du fait de s’en prendre à des innocents… Le sang de Jotaro ne faisait qu’un tour alors que ses veines pulsaient.

« T’as complètement perdu la tête Mai ?! Comment tu peux accepter de continuer à travailler pour des trafficants de la pire espèce, sous prétexte qu’ils te payent ! Ca ne te dérange pas de faire du mal à des innocents ?! » ; « Laisse tomber Jo’, elle a montrée son vrai visage ! Une crapule reste une crapule, peu importe les eaux sombres dans lesquelles elle mouille ! » le duo était témoin de l’alchimie inconnue que l’Uzumaki pratiquait, au prix de la queue d’un chameau qui fuyait dans le désert, pour faire sortir d’outre-terre une créature difforme. Le Monzaemon et les Fujimi observaient la coopération favorable de l’Uzumaki, en profitant pour se rassembler et préparer un prochain assaut… Mais ce fut interrompu par le policier qui préparait sa série de mudras alors que le chakra flamboyant dans ses vaisseaux.

« Criminels, tu te convaincs de tes propres méfaits en altérant la réalité. Nous n’avions pas prévu l’intervention de forces étrangères, mais sache que nous vous traquerons jusqu’au bout du désert s’il le faut. La Céramique n’oubliera pas vos visages. » Signes incantatoires terminés, il réalisait une série de boules de feu énormes[2] qui menaçaient le nouveau quatuor formé. Les deux Fujimi réalisaient leur propre incantations avant de tous les deux poser leurs mains sur le sable : une gigantesque barrière de fils sombre déchirait la terre, renforcée par le sceau de protection de l’un d’entre eux[3]. Témoin de tout ça, Jotaro souhaitait intervenir, mais sa tortue l’en dissuada : « On doit partir Jo’ ! Maintenant que cette sorcière s’est rangée de leur côté, on a peu de chance de sauver les victimes ! A tout moment ils s’en serviront comme otages contre nous, et il y aura des morts ! » les méthodes violentes et vicieuses des criminels n’était pas inconnues à la tortue, ni à Jotaro, qui avaient eu le temps de bien observer la pègre sévir à Hametsu.

Serrant les poings, les lèvres pincées, l’Inuzuka du tourner les talons et se diriger vers la vallée. Cette preuve de faiblesse était comme un coup de poignard au coeur, alors qu’il a encore l’image vive de la victime piégée à l’intérieur d’une marionnette. Concentrant sa puissance dans ses jambes qui étaient transformées, il bondissait en direction des ténèbres de la vallée pour s’y engouffrer. [4] La fumée sombre, mélangeait au nuage de poussière, qui s’était élevée suite à la confrontation entre les boules de feu et le mur de fils, avait donné l’occasion à la police secrète de battre en retraite. Ce qu’il se passera au campement restera un mystère pour Jotaro, qui passerait sa nuit à traverser la vallée à travers une série de chemins qui le méneraient vers une des innombrables sorties de la vallée, et qu’il disparaitrait dans le paysage désertique du pays de la Céramique.

Résumé ::

La vie était une question de choix. Des choix, chacun de nous devait en faire tout au long de sa vie, de notre naissance jusqu’au trépas. Certains choix étaient assumés, d’autres non. Certains choix étaient même imposés et n’en étaient pas vraiment, ou du moins de façade. La question qui revenait sans cesse était souvent « Ai-je fait le bon choix ? ». Voilà une vraie question sans réponse malheureusement. Le potentiel des éventualités multiples n’étaient pas encore atteint et chaque option décidée était un choix définitif. Le reste n’était au final qu’hypothèse et supputation.

Que se passerait-il si j’acceptais les demandes de cette soi-disant police militaire ? Que se serait-il passé si leur chef était mort d’entrée de jeu ? Que se passerait-il si Jotaro revoyait son jugement et marchait à mes côtés. Mais lui comme moi, les choix étaient faits, et les conséquences qui allaient de pair par la même occasion.

« Tu es encore jeune et idéaliste Jotaro. Je ne blâme pas tes choix, au contraire. En revanche, je t’offre là une porte de sortie. Prends-là. Et pour ce qui est de nos employeurs, que sais-tu d’eux ? Seulement ce que ce type a bien voulu dire. Traffic d’êtres humains ? Peut-être. Mais sais-tu qui sont les prisonniers ? Simples civils innocents ou crapules de la pire espèce ? Le monde n’est pas tout blanc ou tout noir. Le monde est gris … des nuances de gris. »

Malgré la discussion polie que je pouvais avoir, le chef de cette police secrète tenta un nouvel assaut mis une nouvelle fois en déroute pas les deux gardes du clan Fujimi. L’échec des « gentils » était une évidence. Faute de pouvoir agir différemment, Jotaro, sa tortue et leurs alliés levèrent le camp et disparurent dans le désert nocturne.

Pendant que chacun s’afférait à vérifier l’intégrité des chargements, à rassembler les affaires du convoi et à préparer un départ précipité. Monzaemon Akio me remercia pour le choix « sensé » que je venais de faire, m’assurant qu’Ame et le Marché Noir pour qui il travaillait n’oublieraient pas mon intervention.

Comme je le disais, tout était une question de choix. Le mien était fait. Ame était davantage un allié d’intérêt que Toji ou un simple Inuzuka inconnu.

C’est donc dans cette nuit noire et froide, sous la lueur des flambeaux que notre troupe reprit la marche, contournant cette fois la vallée même si cela rallongeait le trajet d’une journée. C’était une prudence nécessaire vu les derniers évènements. Par chance, la suite du voyage fut aussi calme que son début et la marchandise arriva à destination. Moi qui voulais occuper mon temps avant d’affairer avec celles qui devaient me rejoindre, je dois avouer que je n’avais pas eu le temps de m’ennuyer.

Mais bien sûr, tout ceci n’était qu’une question de choix …