Cette révolution avait su marquer l’esprit du vieillard plus que nécessaire. Il n’avait pas aimé l’idée de quitter son groupe de révolutionnaire. Mais il ne pouvait plus supporter sa présence dans la société. Se sentant comme un défunt, un mort-vivant qui n’avait nullement sa place parmi les vivants. Il voulait laisser les gens écrire leurs propres histoires sans devoir y interférer. Il ne voulait plus que se limiter à la simple place de spectateur. Cela pouvait bien évidemment paraitre assez égoïste. Mais en ayant vécu pas moins de deux cents ans déjà, il pouvait se vanter d’avoir assister à chaque misère du monde. Il avait pu voir chez les humains, les quatorze principes, les péchés comme les vertus.



Quittant ainsi le pays de la céramique avec un simple sac sur le dos. Il comptait vivre au jour le jour avec cette éternelle quête que de trouver des cœurs. Était-ce simplement pour prolonger sa propre existence ou bien était-ce pour tout autre chose. Il ne savait guère quoi en penser. Mais quoi qu’il en soit. Il se décida à se plonger dans cette quête. Son ultime quête si l’on pouvait voir les choses ainsi.

Chaque pas se faisaient plus lourd que les précédents. Était-ce le fait de s’éloigner de sa terre natale ? Le fait de savoir qu’il s’en allait chercher et même traquer des cœurs d’innocents ou non, mais que cela se solderait par la mort d’une personne à chaque halte ? Il ne le savait pas vraiment. Il avait un maigre espoir se voir révéler autre chose que ce désir de solitude. Mais aucun but ne pouvait l’amener à se forger une bonne image de tout ceci. Et le voici qui quitta enfin les frontières de Toji.

Après quelques kilomètres, le voici qu’il se retrouvait devant une vision du passé et de l’avenir. Il pouvait contempler la présence de ruines dans un petit hameau. Il avait donc choisi ce lieu comme refuge pour la nuit. L’obscurité des cieux ne tardant pas à masquer les rayons des dieux qui avaient fait vœux d’illuminer l’humanité. Là dans ce hameau il pouvait se souvenir de moment vécu par le passé assez similaire à ce moment présent. Que cela soit durant sa période, d’esclave de révolutionnaire ou bien de voyageur itinérant.



Un petit feu au centre de la pièce dont le plafond permettait déjà de voir quelques étoiles. Mais c’est ce feu qui amena des curieux à s’approcher de lui. Des enfants pour être précis. Attiré par la chaleur du petit brasier. Le sage n’avait pu s’imaginer que des gens vivaient déjà là. Nul doute que beaucoup de gens de ce petit pays devaient vivre dans les conditions présentes de Zaraki.

Il aurait bien voulu les aider avec un peu de nourriture mais cette dernière lui faisait défaut aussi, il ne pouvait sans aller faire une partie de chasse. Les décors tout autour n’étant que des cendres et une désolation à perte de vue.

Il reste ainsi là devant un feu. Et le simple fait de le voir génère une sorte d’ennui chez les curieux qui finissent par s’en aller.

Le reflet du feu dans ses yeux n’étant pas sans lui remémorer sa vision du passé, il se demande bien comment sa vie n’a pu être qu’une suite d’échecs.

Voici après que les jeunes âmes, une âme plus âgée et plus sûre d’elle-même point le bout de son nez. Nulle intention n’est d’expulser cette personne du coin du feu. Mais simplement le vieillard aurait voulu rester seul dans son coin. La solitude est sa vieille amie et il ne compte pas la partager sans quoi elle s’en irait.

Ainsi faisant fuir cette dernière. L’homme et inconnu semble vouloir s’emparer de la place du silence. Cette seconde amie qui se veut n’être brisée que par le vent et le feu et à présent en mille éclats et loin de ce lieu abandonné de tous.

Familier, l’étrange personnage emploi des mots plus qu’étranges qui ne semblent pas atteindre la compréhension de la vieille ombre.



-Je ne crains de pas saisir ce que vous souhaitez exprimer. S’il fait chaud ? Eh bien oui, le feu est là pour m’accompagner comme dans chaque lieu où je m’en vais. Il n’est pas nécessairement de moi, mais il est là chaque fois.



Dans la voix de l’homme on ressent alors comme un sentiment de lassitude. Une envie inexpliquée que d’en finir avec ce monde alors même que ses actes montrent l’inverse. Après tout, il n’aurait pas fait de feu pour se réchauffer. Et il ne chercherait pas des cœurs pour simplement assurer sa survie si la mort était son objectif.

Quoi qu’en réalité il n’existe pas qu’une seule mort en ce bas monde. Il y en a de toutes sortes. Et celle que souhaite le vieil homme est loin d’être la plus simple à obtenir. Car son désir de paix lui vient d’une sombre pulsion. Et qui dit sombre pulsion dit sombre dessin. Mais qu’importe s’il doit perdre ses amis pour cela ou bien si le monde vient à le haïr. Simplement, il ne veut que ce monde ne s’intéresse à lui, seulement lorsqu’il sera prêt. Et pas avant.



-Mais que fait une âme comme la vôtre en ce lieu de désolation ?



Une simple question, mais qui de part de la tonalité de la voix de l’homme. Semblait montré un long vécu, son rythme et débits de mots étant assez lent et chacune de ses syllabes assez lourdes à attendre. Presque comme-ci les dieux eux-mêmes se posaient cette question.

Autour d’eux il n’y avait plus aucun son, pas même celui des enfants qui semblaient vouloir s’en être allé au loin sans demander leur reste. Après avoir vu deux étrangers se présenter à ce feu qui avait tout pour attirer les convoitises de chacun.

Si Zaraki est loin d’être gentil ou bien en possession des meilleures intentions, il se montre en chaque instant assez sage et honnête. Une sorte d’obligation en tant qu’un des doyens de ce continent.

Ains son vieux regard se pose sur le visage de l’autre homme. Et nul besoin de connaitre son nom, car ce dernier finira par terminer dans les limbes de sa mémoire centenaire. A l’affut de la moindre grimace, de la moindre palpitation. L’homme cherche à dévoiler et découvrir par la même occasion la nature de celui qui s’est présenté à lui en lui ôtant ses deux vieilles camarades.