Après quelques mois de réflexions, je m'étais faite à l'idée d'intégrer la Kabbale. Même si je ne pouvais pas supporter cette organisation qui se prenait pour les maîtres du monde avec leurs inventions à deux ryos, leur influence serait d'une aide précieuse pour mes projets. Mais m'avez d'ailleurs apporté quelques arguments pour me convaincre d'aller dans cette voie et j'avais également en tête un projet que je voulais mener à bien, la Kabbale m'y aiderait.

Mais m'accompagner sur les terres d'Hametsu, le pays qui m'avait vu naître. Désolé et abandonné, les prairies et les monts de l'ancien pays de l'herbe étaient parfaits pour commencer mon ascension au sein de l'organisation. Ici, la Dragonne m'avait conseillé d'y installer un laboratoire. Mais pour cela, il me fallait le lieu parfait pour mes expériences. Ce n'était pas vraiment ce qui manquait dans un pays où quasiment plus aucune âme y vivait. D'ailleurs, ceux qui y erraient, n'étaient autres que des ombres du passé.

« Pour te lister un peu les endroits auxquels je pensais, il y aurait le temple de la lune claire. C'est un bâtiment situé au sud, sur une petite colline. L'endroit n'est pas vraiment secret, mais il n'y a que sept bâtisses à des kilomètres à la ronde, ce qui fait que personne ne vient depuis un moment. Ensuite, il y aurait les cavernes des Lys. C'est beaucoup plus isolé que le temple, mais également beaucoup plus difficile d'accès. Elles se trouvent au nord du pays. Et puis à l'ouest, il y aurait le village abandonné de Miyuri. Situé au cœur d'une forêt, il y a eu un massacre dans celui-ci il y a quinze ans. Depuis, personne n'y met les pieds, car le village y est hanté, d'après le folklore. »

Ce que je ne disais pas, c'était que le village en question était celui qui m'avait vu naître et grandir durant mes trois premières années. A l'époque, c'était un village vivant, un lieu où la vie s'écoulait tranquillement dans les rires des enfants et le regard des anciens. Un lieu éloigné de la guerre et de la famine jusqu'à ce qu'un bataillon de Tsuchi ne décide de s'y arrêter et d'y passer la nuit dans leur marché vers Hi no Kuni.

« Qu'est-ce que tu en penses ? C'est toi qui as de l'expérience dans le domaine et je suis preneur de tes conseils. »

La Reine Folle avait fait ses choix, des choix qui impactaient son futur mais aussi le mien. Pour autant, ces choix étaient positifs à tous les égards, du moins, de mon point de vue. De la part de certains, cela serait moins le cas, mais elle comme moi n’écoutions pas vraiment les vieux croutons libidineux même si pour ma part, je pouvais me targuer d’être plus vieille que certains d’entre eux.

La Nara, décidée plus que jamais m’avais fait venir à Hametsu. J’y avais quelques passifs, quelques Yaban enterrés dans de vieux placards et surement un verger à mon nom après quelques jours passés à entrainer un jeune garçonnet qui avait suffisamment de hargne pour se forger un avenir à coups de poings. Mais pour l’heure, nous étions ici et nulle part en même temps. Dans un vieux bouge minable qui ne payait pas de mine, comme tout le pays. Seuls, peut-être, les lieux occupés par ces fous enragés pouvaient répandre un semblant de vraie vie et de vraie structure communautaire.

« Eh bien, je vois que tu as potassé ton sujet. Hum … de tes trois propositions, il n’y en a qu’une qui retienne vraiment mon attention. D’abord, le temple de Lune Claire. Inoccupé certes, sauf pendant la période de pèlerinage de certains croyants. Cela arrive quelques fois par an, mais suffisant pour être découvert. Ensuite, il y a Miyuri. C’était un village des plus sympathique autre fois. J’ai eu l’occasion de m’y rendre avant que le pays soit ravagé. Mais là encore, mauvaise idée. J’ai croisé un fou récemment. Il venait d’Hametsu lui aussi et semblait fasciné par la propagande de Chowa. Il a le désir de relever le pays de ses cendres et pour cela il compte bien faire revivre des villages comme celui de Miyuri. Je ne dis pas que ses projets ne commenceraient pas là, mais c’est une possibilité à ne pas négliger.  »

Mimant les différents lieux sur un plan imaginaire, je pointais finalement mon index à plusieurs reprises sur le dernier des trois endroits possibles.

« La meilleure option reste donc les cavernes. Tu le dis si bien, c’est difficilement accessible. Ce genre d’endroit, on n’y vient pas par hasard. Et puis, avec une accessibilité si limitée, c’est souvent plus simple à défendre. C’est pour moi la meilleure option. Nous pouvons nous y rendre d’ailleurs. Il faudrait évaluer les lieux, l’espace disponible pour ensuite y transférer du matériel adéquate. »

Alors que Mai me conseillait dans ses réponses, je remarquais à quel point son âge avancé lui avait permis de voyager et d’en apprendre plus sur le monde. Le rôle du Dragon était décidément le bon choix et j’apprenais même qu’un temps lointain, elle avait traversé mon village natal. J’entendais aussi qu’elle avait rencontré un certain nombre d'individus au cours de sa vie et cela lui avait permis d’avoir des informations qui m'étaient utilisées aujourd'hui. Dans ses réponses, il était clair que le choix des cavernes des Lys était le meilleur choix possible. Le fait qu’un lieu reçoive de la visite, même une fois par an, n’était pas acceptable et pour Miyuki, bien que l’action de reconstruire le pays était vaine à mes yeux, je ne pouvais pas me permettre qu’un gamin arrive un jour accompagné de dizaines de voyageurs.

« Tes relations et ton expérience sont une arme que je n’ai pas. Je suis également d’accord avec toi concernant le choix des grottes. Je ne peux pas me permettre que mon laboratoire soit au grand jour dans un avenir proche comme à long terme. »

Maintenant que le lieu était choisi, il était temps de s’y rendre et à la vue de notre position actuelle, il nous faudrait quelques jours pour atteindre les cavernes.

« Ces cavernes, je les ai connues quand je parcourais encore les terres d’Hametsu. Déjà à l’époque, peu de personnes n’y allaient, car elles étaient réputées pour leur labyrinthe. De nombreuses personnes ont disparu dans ces failles. »

La dangerosité des grottes n'avait sûrement pas changé durant la chute du pays, bien au contraire, plus personne n’était là pour prévenir les voyageurs qu’il ne fallait pas pénétrer dans ces gouffres.

« Ça va nous prendre une bonne journée pour y aller. »

Sur la route, je réfléchissais en silence au futur dans lequel je me lançais. La Kabbale n’était pas une organisation que je portais sur le cœur, mais une branche bien particulière m’attirait chez eux, en plus des nombreux contacts et informations que je pourrais glaner avec le temps.

« Dis-moi Mai, si tu veux bien, peux-tu me dire ce que tu attends de la Kabbale ? Et surtout, que fais-tu comme expérience ? »

Il était bon d’en apprendre plus sur ses compagnons et comme j’allais me retrouver dans la même organisation que Mai, j’étais preneuse de la moindre information.

L’âge était une chose que certains idéalisaient d’une manière ou d’une autre. C’était souvent voire en majorité la faute des ces ainés qui aimaient se gargariser de leur expérience et la raconter à qui veut l’entendre. C’était aussi pour certains, incapables de vivre leur vie d’antan, de voyager à nouveau en rappelant aux autres les actes de leur jeunesse. Mais pour ma part, c’était tout autre. A un âge où certains étaient déjà morts de vieillesse j’étais encore loin de voir le bout du tunnel. Et ce que cela m’apportait ? Certes plus d’expérience de la vie, mais aussi plus de raisons de voir le temps passer et les gens défiler devant moi, voir le père naitre et le fils mourir de vieillesse.

« De l’expérience ? Oui, si l’on veut. Disons que j’ai l’habitude de ne pas répéter deux fois mes erreurs. Au moins, ça évite à d’autres de les faire. Pour ce qui est des relations, c’est autre chose. Difficile de les garder lorsqu’elles ont tendance à mourir avant toi. Plus que des relations, c’est une réputation qui compte, une influence sur laquelle s’appuyer. »

Point positif du lieu validé par la jeune Nara et qu’elle connaissait le coin. En cela, je n’entendais pas seulement le trouver sur la carte, mais avant tout et surtout les profondeurs de ces cavernes. C’était là un atout non négligeable étant donné qu’il nous permettrait de nous enfoncer davantage dans les veines rocheuses pour plus de discrétion et de sécurité que si nous avions dû rester aux abords de l’entrée caverneuse.

« Je ne connais pas ces cavernes. En revanche, tu sembles plus familière. Pendant qu’on fait route, peux-tu me décrire plus les lieux. Y-a-t-il beaucoup de veines rocheuses ? La profondeur des lieux ? Y-a-t-il des ressources particulières ? Des métaux ? Des minéraux ? De l’eau peut-être ou encore une faune et une flore locale ? Faut-il compter plusieurs accès à ces cavernes où il n’y en a qu’un, enfin, tout ce qui pourrait nous aider à créer quelque chose conforme à tes attentes et à tes besoins. »

Au moins, depuis que la manipulatrice d’ombre avait quitté l’Ecole de Guerre, il ne faisait nul doute qu’elle avait gagné en maturité d’une certaine manière. Du peu que je voyais cela, elle semblait plus posée et moins encline à la révolte. Avait-elle finalement compris que pour un projet de d’ampleur qu’elle avait, il lui faudrait gagner en patience et que ce genre d’affaire ne se menaient pas par la précipitation mais par la préparation.

Si nous parcourions ensemble les routes, si j’avais des questions sur son projet, l’inverse était tout aussi vrai et les question d’Elin légitimes.

« Pour tout te dire, je n’attends rien de la Kabbale au sens strict du terme. C’est une institution importante du Continent et à ce titre, je profite de ses ressources. Alors oui, tout n’est qu’échange équivalent alors j’œuvre dans leur sens de temps en temps, mais depuis le temps que je suis avec eux, j’ai appris à naviguer en eaux troubles. La Kabbale possède des connaissances et ressources que tu ne pourrais trouver nulle part ailleurs. C’est tout l’intérêt. Et pour ce qui est de mes expériences … disons qu’elles sont à but médical. Après tout, c’est quelque peu mon domaine d’expertise. »

Il y avait bien sûr un peu plus que cela, mais moi-même pour l’heure n’avait pas étudié le sujet avec précision pour espérer faire mieux que cette cuve développée avec l’autre Nara qui m’avait servi de cobaye.

Il était vrai que Mai n’était pas comme la grande majorité des êtres qui foulaient cette tête. Grâce à son sang, ses gènes, elle traversait les âges alors que nous, nous quittions ce monde sans saveur. Certains pourraient devenir fous et perdre la raison de voir leur être cher mourir, mais elle était bien plus forte que cela et elle en tirait une force que peu de personnes pouvaient se vanter. Cette longévité, sans le cacher, était un de mes objectifs à court terme. J’étais né humain, mais mes projets n'étaient pas possibles avec la durée de vie qui m’avait été donnée. Je devais donc trouver un moyen de gagner des années, des siècles pour voir mes plans se concrétiser.

« Les cavernes sont profondes, de mémoire, les chercheurs parlaient de veine s’enfonçant à plusieurs dizaines de mètres dans les profondeurs, mais elles sont sûrement bien plus vastes que prévu, car personne n’avait réussi à cartographier entièrement ces grottes. »

Bien que trois veines principales étaient relativement connues, des centaines d’autres parsemaient les sols de leur passage. Certaines étaient bien trop dangereuses pour être explorées, d'autres ne permettaient tout simplement pas le passage d’un homme pour aller voir ce qui se trouvait à son bout.

« Deux cours d’eau passent entre ces filons, mais le point d'entrée et de sortie n’avait pas été découvert et je doute que depuis la chute d’Hametsu, les recherches aient continué pour les trouver. »

Deux entrées étaient relativement connues à l’époque, celle principale qui était à flanc de colline et une autre enfuie au plus profond d’un lac qui s’était niché en haut de cette falaise. Mais je ne pouvais pas dire avec certitude que c’étaient les seuls points d’accès au réseau des cavernes de Lys. Bien trop de kilomètres s'étalait dans cette roche et le fait que personne n’avait réussi à l’explorer entièrement, j’étais donc forcer à penser que d'autres entrées étaient possibles.

« Par contre, je ne pourrais pas te dire ce que renferme ces précieuses grottes. Durant mon enfance, je n’étais pas porté sur les qualités et l’utilisation de ces pierres et je n’ai jamais prêté attention à ce qu’elles pouvaient renfermer. Par contre, il y a bien tout un écosystème entre ces roches, dont des espèces endémiques aux grottes. Mais ça, je te laisserai les découvrir de tes propres yeux, je pense que cela pourrait t'intéresser. »

Approchant de ce fameux lieu, je laissais les paroles de Mai sur les raisons de son entrée dans la Kabbale parcourir mon esprit. Je prenais conscience que je devais m'inspirer d’elle pour arriver à mes fins et que son parcours serait peut-être une voie que j'emprunterais également.

« D’ailleurs, tu n’es pas curieuse de savoir ce que je prévois dans ce laboratoire ? »

Point positif à un tel choix était le fait que la Nara connaissait les lieux. En la questionnant sur l’emplacement proposé, ses réponses étaient claires et rapides, signe qu’elle avait un minimum travaillé son sujet. D’une, ce laboratoire n’était donc pas une lubie d’un jour, et de deux, ses recherches et par extension ses projets étaient dument motivés.

« Je vois. D’après ce que tu me dis, je dois en conclure qu’il n’y a pas tellement de ressources naturelles rare dans ces grottes. Si c’était le cas, elles auraient été exploitées depuis bien longtemps. Cela ne fait que confirmer le fait que c’est un endroit parfait. Si personne n’y va jamais, même si le pays se reconstruit d’une manière ou d’une autre, il n’y a pas de raison que cette caverne devienne attrayante. Pour ce qui est de l’écosystème, nous verrons sur place. L’utilité de ce que l’on découvrira sera surtout lié à tes besoins et tes projets. »

Notre voyage se fit sans encombre. Il faut dire que itinérants dans notre genre étaient relativement rares dans cette contrée désolée, les plus fréquent étant surement quelques Yaban et affiliés et pour le peu que nous avions croisé, il s’agissait de pauvres hères qui tentaient plus de survivre que de vivre et qui n’auraient pas été en mesure de nous causer le moindre mal, même avec la meilleure volonté du monde. Une fois sur place, je pouvais constater que les lieux étaient effectivement difficile d’accès, c’était un point positif.

« Pour la seconde entrée – ou sortie – selon comment on voit les choses, à toi de voir ce que tu veux en faire. La boucher par protection ou la garder et la sécuriser sans oublier qu’une sécurité peut être contournée. »

Au final, observant les lieux, vint cette question sur ses propres projets. Curieux. En règle générale, on me demande quels sont les miens, on me propose rarement de me parler de ceux des autres.

« Non ... »

J’aurais pu m’arrêter là, mais un brin d’explication était toujours le bienvenu.

« … Chaque Kabbaliste a son jardin secret, ses projets sur lesquels il travail et dont il n’a pas envie d’être exposés aux grands jours. Certains travaux « classiques » ne demandent pas cette discrétion, mais les projets d’envergure sont souvent gouvernés par le secret de par l’impact que les résultats pourraient avoir. Tout cela pour dire quoi ? Si tu veux partager tes travaux et demander conseil ou soutien, je répondrais présente, mais sinon, je respecte le travail de mes pairs et leur laisse cultiver leurs secrets. En attendant, si nous entrions explorer un peu les lieux et voir comment tout cela est agencé ? »

Et bien il était clair que Mai se fichait royalement de ce que j’avais prévu comme expérimentation, mais dans tous les cas, elle finirait bien par le connaître à cause des informations et sûrement des aides que je lui demanderais plus tard.

Encore quelques heures de marche et nous arrivions enfin devant le mont de Lys et ses cavernes. Devant nous se trouvait un flanc de falaise relativement escarpé dont la roche brute ne laissait pas indifférente. Une pierre qui, par ses tranches et ses crevasses, laissaient penser qu’elles ne voulaient pas être pénétrées par d’importe quel être de ce monde.

Nous avancions prudemment à travers le seul chemin qui menait à l’entrée principale, lorsqu’un mauvais pas laissait échapper quelques pierres en aval.

« Attention, comme je te le disais, ce lieu est dangereux. »

Arrivé devant l’entrée, un sombre gouffre accompagné d’un écriteau vieillit par le temps annonçait la porte de l’enfer.

Pénétrant dans les ténèbres, de vagues barres de métal rongées par la rouille guidaient notre trajet. A l’intérieur, aucune lumière et seules des torches nous éclairaient les passages à prendre. Je guidais d’ailleurs Mai avec la puissance de ma mémoire et surtout celle d’une ancienne carte que j’avais dégotée avant de venir.

« Comme tu peux le voir, chaque embranchement est relié à une autre intersection et ainsi de suite. Si tu ne connais pas le chemin, tu es sûr de te perdre. Il y a d’ailleurs plus que ça comme danger, ici. L’obscurité cache pas mal de crevasses et de stalactites qui peuvent tomber à n’importe quel instant, du moment où tu fais un peu trop de bruits. »

Marchant quelques dizaines de minutes, nous arrivions enfin à la première cavité de notre route. Le lieu portait un plafond à une bonne vingtaine de mètres au-dessus de nous. Un vaste plateau s’étendait devant nous, éclairé à la simple lueur des flammes. Un bruit de fond retentissait entre les parois, une rivière souterraine coulait en contrebas en dessous de quelques fissures qui donnaient au-dessus.

« Voici là où je pensais m’installer. Qu’en penses-tu ? »

Ce lieu dangereux ? Je souriais légèrement devant cette petite phrase d’Elin. C’était peut-être vrai, mais il y avait une différence entre ce qui est vrai et la réalité.

« Dangereux ? Oui … surement. Mais pas pour nous. Tu n’aurais pas sélectionné cet endroit si tu n’étais pas venu récemment. Et vu que tu l’as choisi c’est que le danger n’est pas si grand que cela. Du moins, pas pour toi ou moi. C’est surement le cas pour ces péons qui survivent dans ce pays en ruine, mais pas pour quelqu’un qui maitrise son chakra de cette manière. En tout cas, j’aime beaucoup la pancarte. C’est de toi ? Pas étonnant que cela fasse fuir les badauds. »

C’était cela la réalité. Une zone dangereuse mais pas pour tous. En revanche, une chose était certaine, les lieux n’étaient pas des plus accueillant et rien ne donnait envie de poursuivre notre exploration. Autant dire que cela n’inciterai personne à venir fouiller pareil endroit. Affublé de torches, les flammes vacillaient au moindre pas, allant jusqu’à s’atténuer dangereusement à l’embranchement de certaines veines, quelques peu soufflées par le vent qui s’engouffrait dans ces tunnels.

« C’est pièges naturels sont parfaits. Pour le reste, rien ne nous empêchera de compléter la route principale par des pièges de notre fait. Je pense notamment à quelques fuinjutsus ou pièges à pression. Enfin, c’est à toi de voir, ce lieu t’appartient. »

Finalement, voilà que nos pas venaient de nous guider dans une immense salle, quelque chose de spacieux et qu’il serait facile à aménager pour en faire un véritable laboratoire. Seulement, il manquait quelque chose d’essentiel, de quoi y vivre et y survivre naturellement. J’étais peu portée sur les éclairages à base de torches et autres flasques d’huile. Après tout, vous pouviez venir à manquer à n’importe quel moment.

« Hum … fort plaisant tout cela. Mais il manque de viabilité à mon goût. Si tu permets … »

Faisant montre de mes talents Kabbalistiques, je déployais là la puissance de mon sceau inscrit dans ma chair et faisait fleurir cet espace de vie. De la mousse, quelques petits arbustes, mais surtout, deux éléments importants. Le premier, l’eau qui sortait désormais des petites fissures du mur, remplissant un petit bassin avant de repartir à nouveau dans les tréfonds souterrains. Le second point, et surement un de mes préférés, était la croissance d’une flore bioluminescente qui offrait une certaine lumière sans avoir besoin de recourir à une quelconque flamme.

« Eh bien … je trouve ça plus … vivant. Maintenant, la question principale est de savoir de quoi tu as besoin et surtout, comment tu comptes l’acheminer ici. »

Quelques pièges allaient effectivement devoir être installés aussi bien à l'extérieur qu’à l’intérieur, et cela, pour assurer que personne ne puisse pénétrer dans mon domaine. J’en ferai mon affaire, j’avais quelques idées en tête, toutes plus sympathiques que les autres. Si un visiteur devait venir un jour, il n’en ressortirait clairement pas.

Alors que Mai utilisait ses talents pour apporter tout ce que j’avais besoin dans ces grottes, je restais impressionné par la quantité et la qualité de vie qu’elles créaient entre les murs et les failles. La végétation poussait à vue d'œil et s’installait paisiblement sur les parois de la grotte, tandis que des nombreux petits arbustes poussaient sur le sol rocheux. Ma surprise venait de ces plantes qui avaient la particularité d’apporter un doux voile de lumière bleutée pour illuminer l’ensemble du lieu.

« Eh bien, j’ai bien fait de suivre la voie de la Kabbale, ils ont moins le mérite d’apporter des solutions pratiques à une situation comme celle-ci. »

Je pouvais rester plusieurs jours, voir semaine s'en sortir dehors grâce à ces plantes et cette eau. J’avais maintenant tout le loisir et surtout le temps de me pencher sur mes expériences.

« Hmm… A vrai dire, je n’ai que de vagues idées en tête par où commencer. Mon objectif est encore bien loin et j’ai plusieurs pistes à creuser avant de tomber sur une véritable. Mais avant cela, il est vrai que je vais devoir commencer quelque part. »

Je regardais autour de moi et je commençais à placer sur le plateau tous les éléments dont j’allais avoir besoin.

« Tout d’abord, il va me falloir une source de chaleur et de froid, pour stocker et pour procéder à quelques expérimentations. »

J’avais par conséquent besoin de matériel pour faire ses expériences et j’avais appris à l’académie de guerre que le verre était le matériau le plus pur qu’on pouvait trouver sur cette terre.

« Il me faudra donc des flacons et autres ustensiles pour me permettre de manipuler les éléments. »

« Pour le reste, que me conseillerais-tu ? Sachant que je vais devoir commencer de zéro, il me faudrait l’essentiel. »

Elin ne cachait pas son admiration pour la Kabbale. C’était une bonne chose, surtout après son passage à l’Ecole de Guerre. Au moins, avec de objectifs claires, la Nara ne pouvait être que motivée par l’accomplissement de ses projets. Elle semblait avoir une vision claire des choses, preuve en est cet espace de fortune que nous commencions à transformer en un véritable laboratoire.

« Certains de la Kabbale oui. Pour d’autres, ce ne sont qu’un ramassis de parasites. Quoi qu’il en soit, si tu veux pouvoir te targuer d’être Kabbaliste, il va falloir que tu leur apporte une preuve de tes talents. Pour faire simple, il faut que tu apportes une invention ou une découverte significative dont les autorités puissent se servir. Si tu penses que c’est du vol intellectuel alors tu as tout compris. Mais il faut en passer par là pour bénéficier de certains avantages. »

Maintenant qu’une douce lumière avait envahie l’espace, j’en profitais pour faire le tour du propriétaire. Le choix des lieux était vraiment adéquat. Outre un grand espace de travail, il y avait également plusieurs alcôves qui pouvaient être aménagées pour offrir plus ou moins d’intimité. En gros, il était possible d’offrir un certain confort aux lieux. Posséder un laboratoire personnalisé était une chose, mais rien n’indiquait qu’il devait être austère et insalubre, bien au contraire. Travailler dans de bonnes conditions offrait toujours de meilleurs résultats.

« Avant de vouloir commencer quoi que ce soit, il va falloir aménager les lieux. Il faut que tu te poses pour savoir ce que tu veux installer et où installer. Hi possède du matériel de bonne qualité, mais s’y rendre serait dangereux. Le plus simple serait de se fournir à Ame. Je connais quelques personnes à même de te vendre ce dont tu auras besoin. Ils sont un peu plus chers que dans les grandes citées mais eux au moins ne posent pas de questions tant que tu ne demandes pas non plus d’où provient leurs marchandises. »

Je continuais alors mon tour des lieux, m’imprégnant de l’espace, m’imaginant comment je pourrais aménager le tout. J’avais ma propre vision des choses et chaque kabbaliste étant différent il n’était pas certain qu’Elin approuve mes choix. Quoi qu’il en soit, cela ne coutait rien de lui offrir quelques conseils, libre à elle de s’y tenir ou non, ce n’était pas moi qui me vexerais pour si peu.

« Pour le froid, je me mettrais près de l’arrivée d’eau. Il existe des systèmes de circuit de circulation d’eau qui permettent de maintenir une température fraiche à l’intérieur d’une boite hermétique. Pour la chaleur, tu as là-bas, dans l’une des alcôves quelque chose qui ressemble un peu à un four. On dirait qu’il y a une cheminée qui monte. Je ne sais pas où cela va, il te faudra tester mais cela semble une bonne option. Pour le basique, comme tu le dis, ustensiles, tables, livres, mais aussi de quoi vivre, lit, couvertures et de quoi bénéficier d’un minimum de confort. Reste surement l’élément le plus important, ce qu’il te faut pour tes projets. Et dans l’immédiat, je ne saurais te dire, je ne suis pas au fait de ce que tu comptes accomplir. »