Aujourd’hui était une journée spéciale. Jamais le village de Tsubomi n’avait été aussi vivant, alors que des centaines d’individus se sont rassemblés pour assister à l’événement. L’endroit qui habitait déjà près de 300 habitants, se retrouvait avec une foule si grande qu’on avait l’impression que toutes les grandes rues du village étaient occupées. Ce ne sont pas simplement les villageois de Tsubomi qui étaient là, aujourd’hui, mais aussi ceux des villages voisins, qui avaient pris exemple sur l’initiative de l’Inuzuka et des braves âmes qui rêvaient d’un jour meilleur pour Hametsu. Ce jour est arrivé.

Les murmures traversent les rues, les enfants cherchent à s’infiltrer entre les pieds des adultes pour s’approcher le plus du centre du village, où un cercle de plus de dix mètres s’était dessiné autour d’une tortue esseulée. Kaida méditait, fermant les paupières alors qu’elle percevait les vibrations de la terre sous ses pattes. Elle sentait les rayons chauds du Zénith sur sa carapace, alors que la curiosité s’installait parmi le public présent aujourd’hui. Où pouvait bien être Jotaro ? Les habitants étaient si habitués de voir l’homme et l’animal ensemble que les voir séparés trop longtemps était inhabituel. Voire suspect. Parmi la foule, la figure massive de  @Akimichi W. Dodoro  pouvait dénoter par rapport aux autres, sa peau synthétique lui donnant un air mystérieux.

Tous étaient venus pour une seule raison, pour répondre à la convocation d’un seul homme : Inuzuka Jotaro, le protecteur de Hametsu. Kaida ouvre soudainement les yeux, le chakra dans son corps s’éveillant pour lui permettre de décupler en taille, devenant une tortue massive de plusieurs mètres de hauteur, et surprenant la foule qui observait avec de grands yeux la créature prendre forme. L’instant d’après, c’est une ombre qui saute d’un toit et pose ses pieds sur le sommet de la carapace de l’animal, l’Inuzuka observant depuis son promontoire improvisé le peuple du pays en ruine. Ses yeux succins balayent la scène avant que Jotaro ne lève les mains, invitant le silence dans la place, afin qu’il puisse prendre la parole.

« Peuple de Hametsu, villageois de Tsubomi, mes amis ! Je tiens à vous remercier d’être venu aujourd’hui… Lorsque je regarde ce village, je ne peux qu’être ému par ce que nous avons pu accomplir au fil des années. Il y a 5 ans de ça, nous étions divisés, désorientés ! Chaque jour était un combat pour sa propre survie, la méfiance était un couteau qu’on pointait pour se préserver… Vous avez été les victimes d’une guerre que vous n’aviez jamais demandée, en totale impuissance alors que votre terre fut ravagée sous vos yeux. »

Les mots du jeune homme raniment une vieille blessure dans le cœur des plus anciens, les vétérans d’un conflit désormais mis de côté dans l’histoire du Continent regardaient Jotaro avec une flamme dans le regard. Le reflet de cette même flamme qui avait dévoré des hommes et des femmes, ainsi que leur pays, sans rien épargner. Les plus jeunes n’ont pas cette même véhémence en eux, mais ils ont grandi avec les terribles histoires de leurs parents, et de leurs grands-parents. Ils savent qui sont les responsables de leurs tourments, et qui sont les victimes.

« Pendant des années, vous avez été témoin de la noirceur du coeur humain, de la cupidité des uns au détriment des autres… Et pourtant, vous m’avez accepté. Moi, un étranger venu d’ailleurs. Malgré vos cicatrices, vous avez décidé de reprendre en main ce qui vous revenait de droit, en utilisant les cendres et les pierres de votre pays pour reconstruire ! Lorsque je regarde vos villages, je n’ai aucune honte à voir des foyers faits de tôle et de débris, parce que j’y vois le désir ardent de vous battre pour un meilleur lendemain ! Je n’ai aucune pitié à avoir lorsque je croise des hommes et des femmes qui ont la force de sourire comme vous le faites ! » dit-il alors qu’il serre fermement le poing, sa voix tremblant légèrement alors qu’il sent l’émotion remontait dans ses cordes vocales, mais il se contrôle assez pour ne pas se laisser submerger par les émotions.

Les flammes de la colère des anciens se transforment peu à peu en un délicat fleuve nostalgique, alors que des larmes perlent. Les mères observent leur enfant avec les lèvres pincées, la mémoire des longues années difficiles refaisant surface, alors qu’une lumière au bout du tunnel s’est présentée à elles quand tous ont commencé à se serrer les coudes. Le sourire innocent des plus petits qui tremblent sur place, n’en pouvant plus de se retenir alors que les paroles de l’Inuzuka font écho en eux. Un sourire en coin apparaît sur le visage du tétrapode, qui ne peut qu’avoir un élan de fierté face à ce que Jotaro comptait accomplir aujourd’hui.

« Peuple de feu Kusa no Kuni, je vous le garantis ! Les années sombres de la ruine sont terminées ! Aujourd’hui est un grand pas pour nous tous, alors que je viens à vous pour vous annoncer la nouvelle : je construirai ici à Tsubomi une ambassade afin de sceller nos liens avec le pays de l’Harmonie ! Depuis trop longtemps le monde a détourné son regard sur notre sort, mais bientôt ils seront tous témoins de notre renaissance ! Nous prouverons à tous à quel point nous sommes un peuple fort, unis, resplendissant ! Que nous n’avons pas honte de recommencer de zéro, pour que nous puissions continuer à marcher côte à côte, entre frères et sœurs d’un même pays ! »

La foule ne peut plus se retenir alors qu’elle s’anime de toute beauté, réagissant au discours du protecteur revenu en héros de Chōwa. Cris de joie mélangés à la jubilation d’assister à un véritable pas en avant dans l’histoire de Hametsu. Sourire aux lèvres, Jotaro posait son poing contre sa poitrine, faisant cette promesse au peuple qu’il a choisi de supporter : « Je vous le promets, cette ambassade sera la première pierre qui pavera notre chemin ! Tsubomi sera le point de départ de la récupération de nos terres, pour un peuple libre et unis ! »

Le poing levé, tous lèvent le poing à l’unisson dans une symbiose ultime. La nouvelle marche vers la reconquête du pays allait être lancée… Et il ne restait plus qu’à son maître ingénieur de poser la première pierre de leur château.

Le temps était radieux, les rayons de l'astre solaire caressait l'échine de l'ensemble des personnes présentes ici. Je devais bien avouer ma surprise de voir autant de gens réunis en un seul lieu pour répondre à l'appel de l'Inuzuka. Bien que nos cœurs et nos esprits étaient rentrés en communion dans cette rencontre divine, je ne le pensais pas à la tête d'un si grand nombre de partisans. Je ne pouvais m'empêcher de sourire tout en regardant tout autour de moi. Je tournais la tête à droite, puis à gauche, souriant à quiconque voulait bien poser les yeux sur ma personne. Ma carrure détonnait du paysage, même si quelques guerriers semblaient être présent. Les vieilles personnes me regardaient avec étonnement, tandis que certains enfants s'approchaient de moi, leurs sentiments mêlés entre peur et curiosité.

« L'Humanité, c'est donc ça ton monde. »

La voix rocailleuse résonnait comme un écho au sein de mon esprit. Cette présence ancestrale venu du tréfond des âges agissait comme un double de ma personnalité. Mais ce n'était pas le jour, ni le lieu pour sombrer dans ce trouble de la personnalité que m'avait infligé la possession du corps de  火山の凶骨 Kazan no Kyōkotsu.

« Ferme-la toi. »

Un léger murmure à ma discrétion tandis que ma dextre vint frapper ma tempe pour remettre mes idées en place. Le petit champignon semblait dormir dans l'une de mes poches, il y avait bien trop de monde en ce lieu inconnu pour que je puisse le révéler à la vu de tous. Et les discours ou autre débats sur les affaires humaines ne le concernaient que très peu, pour ne pas dire qu'il en avait presque rien à foutre.

Une petite main vint tirer sur le tissu de mon pantalon et je pu voir une toute petite fille, bien trop petite pour ne voir quoi que ce soit du spectacle qui allait se dérouler sous nos yeux. Ni une ni deux, je venais l'attraper dans l'une de mes mains avant de la placer sur mes épaules. Son visage triste vint changer en une fraction de seconde, ses iris pétillantes et un large sourire trônant maintenant sur son faciès. Ses petites mimines semblaient jouer un rythme effréné sur le haut de mon crâne, comme symbole de notre impatience commune.

Ce fut alors sous nos yeux ébahi que la tortue vint grandir, encore et toujours avant d'atteindre une taille largement démesurée pour sa nature animale. Ouah. En tant qu'Akimichi, j'en avais vu des carrures et des corps gigantesques, mais dans le règne animal, à part cette fourmi rouge ayant mordu la moitié de mon épiderme, cela était rare. La tortue disposait telle des mêmes talents que les miens ? Ou bien les Inuzuka étaient également capable des mêmes prouesses que nous clan des bâtisseurs ? En tout cas, la surprise c'était couplé à l'excitation, puis à la joie lorsque d'un saut agile Jotaro apparu sur le dos de son acolyte.

Un discours grisant et fédérateur, la foule rendant à l'Inuzuka toute sa bonté en l'acclamant et en criant sous l'impact de chacune de ses paroles. La petite fille trônant sur mes épaules ne semblait pas vraiment comprendre les dires de l'homme tortue, mais son corps et ses petits cris de joie trahissait cette volonté de grandir aux côtés d'un homme comme lui. Finalement, après tout ce que nous avions traversés face à la calamité démoniaque, l'Humanité n'avait pas perdu de sa fougue et encore moins de son esprit combattif et valeureux. La joie s'emparait également de moi, luttant pour retenir mes larmes. Je me sentait bien ici, loin des malversations et des trahisons qui prennent vie aux quatre coins de ce Continent.

Je me frayais alors un chemin à travers la foule, le discours du chef du village touchant à sa fin. Je me plaçais aux côtés de Kaida, la petite fille toujours posée sur mes épaules. Concentrant mon chakra au niveau de mes muscles, je vint également grandir à vu d'œil, arrivant à hauteur de la tortue géante. Je vint poser la petite âme sur mes épaules aux côtés de Jotaro. Je vint lui attribuer un petit sourire ainsi qu'un clin d'œil, validant son incroyable discours.  

« Euh... Bonjour... Ahaha »

Ok, les discours en public c'était clairement pas ma came et j'avais pas vraiment prévu d'en faire un. Je ne savais même pas si c'est ce qu'on attendait de moi, mais désormais, il était un peu tard pour y réfléchir. J'entendais déjà Banado me traiter d'abruti s'il ne tapait pas sa meilleure sieste.

« Je m'appel Akimichi Watanabe Dodoro. Je suis ici pour soutenir les efforts et les visions d'Inuzuka Jotaro. En tant que membre du clan des bâtisseurs et ayant participé à l'élaboration de nombreux bâtiments sur ce Continent, je vous promets d'y établir la plus belle des Ambassades. Une bâtisse à l'image de vous, symbolisant la grandeur et la volonté d'un avenir meilleur. »

Fiou. Je stress de fou, mais je respire lentement, on inspire, on expire. Allez, un petit raclement de gorge et on reprend.

« Cette Ambassade sera la première pierre de la renaissance de Kusa no Kuni. Suivront des demeures pour chacun d'entre vous, des routes praticables pour le commerce, sans oublier des protections pour votre pays et votre village. Bientôt Tsubomi sera une vraie cité à part entière, où vous serez les habitants et le cœur battant de la vie qui y siègera. Pour cela, j'aurais également besoin de votre aide. Toutes les personnes voulant me donner un coup de main sont les bienvenus : architecte, menuisier, maçon, cartographe, gestionnaire de l'approvisionnement, tous sont les bienvenus ! »

Mon visage se tournait maintenant vers l'Inuzuka, qui pouvait clairement lire sur mon visage que je tremblait comme une feuille tant le stress était intense.

« Ça va je m'en sors bien tu trouves ? »

Jotaro était réellement fier du chemin parcouru jusqu’à aujourd’hui. Quand il est parti de son pays natal, il n’était qu’un enfant. En arrivant à Hametsu, il n’était qu’un adolescent. Désormais, il est revenu en tant que héros de Chōwa, un jeune homme qui porte encore un regard tourné vers l’avenir. Ses yeux ambrés brillent de la même lueur que ceux qu’il considère comme des frères et des soeurs, cette pépite de lumière qui signifie l’espoir d’un meilleur lendemain. Son discours n’était pas là pour le féliciter de ses accomplissements, mais pour féliciter ce peuple qui a passé près de 30 ans dans l’ombre. Ce même peuple qui aujourd’hui se tient en grande partie devant lui, soudé comme jamais. L’heure de la renaissance avait sonné.

Kaida possède un sourire amusé en voyant le géant Akimichi s’approcher, visiblement victime d’une enfant qui s’accrochait à lui de ses petites mains. Ha ! Au moins lui aussi il pouvait comprendre ce qu’a vécu l’animal pendant ces dernières années, participant à l’égaiement de la galerie pour apporter rires et sourires à la ruine. À la surprise générale de tous, encore une fois, cette fois-ci, c’est l’homme à la balafre qui fait preuve de gigantisme en tutoyant la taille de la tortue. La petite fille était elle aussi étonnée, mais amusée par la tournure des événements alors qu’elle se trouvait désormais aux côtés de l’Inuzuka, qui lui adressait le même sourire bienveillant qu’il a depuis des années, alors qu’il caresse le sommet du crâne de l’enfant.

Bien sûr qu’il la reconnaissait, la petite Hana. Il se souvient avoir accueilli ses parents dans son tout petit village il y a des années, alors qu’elle venait à peine de naître. Elle aussi, elle faisait partie des siens, de ceux qu’il a protégés, et qu’il comptait guider vers un nouvel avenir. Répondant au clin d’oeil de Dodoro par son propre battement de cil, Jotaro levait son pouce à son attention pour lui donner un peu de courage pour son discours. « Tu peux le faire Dodo ! » ; « Allez-y monsieur ! » la voix de l’Inuzuka et de l’enfant se transformant en murmures encourageants.

Le silence s’installe de nouveau pour écouter avec attention cette nouvelle figure qui se présentait à la foule. Pour la plupart, c’est la première fois qu’ils rencontrent directement un rejeton des bâtisseurs, mais personne n’ignore leur talent dans la construction et l’innovation du Continent ! Même si la Capitale-Mobile était un exemple qui pouvait faire peur le citoyen moyen, cela restait quand même l’une des plus grandes prouesses jamais réalisée. Si Jotaro était un visionnaire, donnant la flamme qui va alimenter la forge, Dodoro se présentait comme le forgeron qui allait donner une forme à cette vision. Il rassurait tout le monde par ses paroles, ses convictions, sa passion se transmettant par sa voix forte qui traversait la grande place.

Pourtant le silence était toujours présent, malgré la passion grandissante du peuple. Dodoro tourne lentement sa tête vers l’Inuzuka, en recherche d’approbation… mais c’est la petite âme à côté de Jotaro qui applaudit en premier, suivi d’un raz-de-marée d’applaudissement et de sifflements à l’attention du géant qui devenait une nouvelle étoile montante dans Hametsu en un seul discours. Un Akimichi qui va reconstruire leur foyer, et qui va leur donner la plus belle des ambassades ? Quelqu’un qui va leur offrir de nouvelles routes ainsi qu’une cité qui deviendra le nouveau symbole de leur peuple ? Tout le monde saute sur place et redouble de vigueur alors qu’un nombre impressionnant d’hommes et de femmes s’avançaient, tous des vétérans dans leur domaine oublié par le passé, mais dont la valeur reprenait sens aujourd’hui même.

« Tu as réveillé la flamme des anciens, Dodoro. C’est parfait ! » le commentaire de Jotaro est noyé sous les cris d’appel à l’attention de l’Akimichi, ces travailleurs qui souhaitent partager leur expertise pour venir en aide au projet de construction. Tous avaient compris qu’avec l’assistance d’un maître comme Dodoro, alors Tsubomi pourrait bien devenir le centre du nouvel Hametsu. Dans un futur plus si lointain, les gens ne pourront plus regarder le peuple en se disant qu’ils sont des âmes en peine, résignée à leur sort.

Aujourd’hui, tout commence. Le nouveau départ de Hametsu a sonné.


Les préparatifs terminés, c’est désormais un véritable chantier mis en branle qui se lance en plein Tsubomi. Le village fourmille d’activité alors que tous semblent y mettre les bouchées doubles, que ce soient les anciens qui guident les jeunes travailleurs, les agriculteurs et tenancières d’établissements qui s’assurent que tous ont un estomac bien rempli, même les enfants s’adonnent à des tâches à leur taille, servant de point relais entre les différents sites de travail. Puisque ce n’est pas que l’ambassade qui est en train d’être construction, mais déjà l’Akimichi allait devoir organiser la restructuration du village pour pouvoir rebâtir les foyers comme il l’entend.

Jotaro était penché au-dessus d’une table, étudiant la carte approximative du village avec les différents points clés sur lesquels tous ont commencé à travailler. En tant que chef du village, c’était son rôle d’organiser le relogement des habitants le temps que leur future maison soit prête, donc il préparait déjà les plans et l’agenda des prochaines semaines pour éviter des erreurs d’agencement, de redistribution des ressources etc. Kaida quant à lui veillait aux portes du village, surveillant les environs pour s’assurer que des petits malins ne tentent de venir saboter les efforts de tout le monde. Si par le passé l’animal était plutôt du genre à laisser les enfants jouer avec lui, l’aura sérieuse qui l’entourait aujourd’hui faisait comprendre à tous qu’il prenait au sérieux son rôle de protecteur.

Un oiseau se pose sur la table de l’Inuzuka, avec un message accroché à sa patte. Jotaro offre quelques graines à l’animal avant de récupérer la note, sachant très bien que c’était un message venant de Chōwa. Bientôt la Garde Blanche allait devoir se réunir, et l’Inuzuka allait devoir se rendre à l’Harmonie pour devoir participer à d’autres projets, notamment la restructuration de son institution… Mais c’est quelque chose qui attendra la construction de cette ambassade. Après tout, il avait une promesse à tenir. Se rendant auprès du géant qui dirigeait les chantiers en direct, Jotaro mettait une tape sur son épaule alors qu’il avait un sourire aux lèvres. Peut-être que le manque de sommeil était déjà présent sur les traits du jeune homme, mais ça ne l’empêchait pas de se donner à fond à chaque instant.

« Alors maître ingénieur, comment ça se passe ? Tu as trouvé de nouvelles idées de structures pour le Bourgeon de Hametsu ? »

Le chantier se mettait tranquillement en marche, le discours de la veille avait fédéré les foules et même moi je m'étais surpris à raviver les esprits vaillants des anciens du village. Une bonne poignée semblait déterminé à me suivre dans cette entreprise qui ne s'annonçait pas comme une partie de plaisir. La pression sur mes épaules n'avait d'égal que ma joie de participer à ce projet pharamineux de la renaissance d'un pays tout entier. Mais ne mettons pas la créature de chakra avant le Calice, il fallait agir avec parcimonie et réflexion en prenant les étapes point par point.

Aujourd'hui sonnait donc le début d'une nouvelle ère, d'un futur radieux et d'une toute nouvelle vie pour les artisans du village. Sur la demande appuyée par l'Inuzuka, les artisans et les volontaires s'étaient rejoint au niveau de la petite table de pierre qui servirait de centre névralgique. De nombreux plans griffonnés durant cette nuit blanche trônaient fièrement sur le petit édifice rocailleux. Le sommeil n'était pas une priorité quand le chantier s'apprêtait à révolutionner le monde. J'accueillais, avec mon énorme sourire caractéristique, les nombreux volontaires, les saluant tous d'une poignée de main amical tout en leur demandant à tous leurs prénoms. Il était important de connaître chacun d'entre eux, de comprendre leurs forces, leurs expertises mais surtout leurs histoires et les différents obstacles de la vie les ayant amenés à être ici aujourd'hui. La main d'œuvre était l'élément essentiel au cœur d'un chantier de cet envergure. Et concernant cette partie, je n'étais pas en reste de mon côté. Des signes incantatoires vinrent donner naissance à une dizaine de copie de moi-même.

« Messieurs, Mesdames, je vous présente les Dodoro Juniors. Ils seront mes bouches, mes yeux, mes oreilles mais aussi mes mains. Nous allons maintenant constituer différents groupes qui seront sous la supervision d'un Dodoro Junior. Les artisans et tailleurs de pierres resteront avec moi. »

Il était peu habituel dans la vie de tous les jours de me croiser avec un air si sérieux et appliqué. Mais que voulez-vous, lorsqu'on me parle de construire des bâtiments ou n'importe quelle autre bâtisse-mobile, je suis comme un poisson dans l'eau. Je reste un professionnel.


Les différents groupes de la veille commençaient à rejoindre leur superviseur, en l'occurrence une de mes copies. La mission du jour était simple, le groupe chargé de la collecte des ressources présentes et celui de l'acheminement vers le cœur du chantier travaillait de concert. Contrairement à ce que j'aurais pu croire d'un premier abord, les ressources ne manquaient guère, même s'ils s'agissaient en grande partie de gros bloc de granit à retravailler, les ruines nous offraient une source non-négligeable de matériaux. Les tailleurs de pierre commencèrent également leur œuvre sous mes ordres direct. Il fallait redessiner les contours pour former des blocs plus ou moins carrés et des colonnes qui serviraient de soutien. Le bois était une denrée rare ici, alors je devais m'adapter.

Le village entier c'était mis en branle, la nourriture s'acheminait doucement vers les travailleurs qui profitaient de leurs pauses pour se nourrir et se rafraichir sous ce soleil de plomb. Les enfants étaient également prisent en charge pour éviter de déranger le chantier, même si voir courir des petites têtes çà et là avec le sourire aux lèvres redonnait toujours du cœur à l'ouvrage.


Le chef du village, Inuzuka Jotaro, avait commencer son entreprise de relogement des habitants. Car bien que l'Ambassade restait le chantier principal, j'avais promis de nouvelles maisons, plus solides et plus grandes. Travaillant de pair avec la collecte et l'acheminement, les préposés à la construction des habitations posaient les premières pierres sous les yeux émerveillés de tous, qui voyait le futur se dessiner devant eux.

Les fondations de l'Ambassade commençaient également à prendre forme, les tailleurs de pierre agissant avec parcimonie pour qu'aucune erreur ne vienne rendre la structure globale trop instable. De mon côté, je donnais mes consignes à mes copies se réunissant à chaque pause afin de faire un état des lieux de chaque groupe, les points à améliorés, les recommandations des villageois et la marche à suivre pour le reste du chantier. Je prenais également l'apparence d'un géant, me servant de mes titanesques mains et de ma force herculéenne pour déplacer les gros blocs de granit ainsi que les premières colonnes de pierre. C'était un gain de temps inestimable que de ne pas avoir à redécouper chaque morceau, même si mon énergie commençait à faire défaut.

Une pause bien méritée, où je profitais du repas tout en griffonnant de nouvelles instructions, mesures et autre détails sur mes nombreux plans. L'homme-tortue vint alors apparaitre d'une petite tape sur l'épaule, me sortant de mes réflexions.

« Jotaro ! Ou devrais-je dire... Monsieur le chef de Tsubomi héhéhéhé. Je suis content de te voir ! Je vois que toi aussi la fatigue commence à tirailler ton visage ! »

Il fallait être aveugle pour ne pas voir que nos visages trahissaient un manque de sommeil. Mais bon, nous en étions conscient et le dur labeur était l'essence même de ce que nous voulions créer ici. Le sourire ne quittait plus mon visage et je pointais du doigt les premières pierres posées à mon allié.

« Le Bourgeon d'Hametsu, j'adore ce nom ! Comme tu peux le voir tous le monde y met du cœur, d'ici quelques jours les premières habitations seront viables et l'Ambassade aura des fondations solides ! J'ai eu une idée cette nuit, tu vas me dire ce que t'en penses ! Juste à côté de l'Ambassade on va créer une sorte de maison familiale pour tous les orphelins. J'ai cru comprendre que beaucoup de tptis bouts ici sont sans famille, et il est déjà difficile pour certains de subvenir aux besoins de leurs propres enfants, alors ceux venant des quatre coins du monde... Un orphelinat. Les habitants du village viendraient s'occuper des enfants selon leurs bons vouloir et une partie de la nourriture serait redistribué pour eux. Après tout, on veut changer le futur non ? Et qui de mieux que les enfants pour représenter ça ? »

Je ne pouvais dissimuler ma joie que de partager cette idée avec mon désormais nouvel ami. Je lui faisais parcourir ma nombreuse paperasse pour lui montrer la forme de la structure, la proximité avec le Bourgeon d'Hametsu, la place à libérée et les matériaux nécessaires à sa réalisation.


La première habitation venait d'être inaugurée, et qui de mieux que la famille de la petite Hana pour y séjourner. La portant sur mes épaules, je venais lui faire découvrir l'intérieur de sa nouvelle demeure, où elle séjournerait avec ses parents ainsi qu'une autre famille. La grandeur de l'habitation permettait d'y abriter plusieurs familles, de qui était un gain de place et favorisait l'économie des matériaux.

Ce fut ce dernier point qui commençait à poser véritablement problème. Tandis que l'Ambassade avait vu ses fondations être totalement terminées, ce fut lorsque la question de la charpente fut exposée que les premiers doutes et interrogations pointèrent le bout de leur nez. Après une longue discussion avec Amado, ancien menuisier et charpentier d'exception, nous nous accordions sur le même point. Je venais alors retrouver l'Inuzuka au niveau de la table qui lui servait de point central à la gestion de ses tâches.

« Jotaro, on as un petit problème. Il va nous falloir plus de bois. J'ai beau retourner le problème dans tous les sens et trouver des solutions, la charpente se doit d'être solide et les pierres sont impossibles à mettre en place pour soutenir la toiture. Elles sont trop lourdes et pas assez façonnable. Les charpentiers sont d'accord avec moi, il nous faut plus de bois pour continuer le chantier. En attendant, on va se focaliser sur la construction des maisons. »

Quelle chance d’être tombé sur le bon Dodoro ! Avec tous ses clones qui réalisent des miracles au sein de Tsubomi, il y avait toujours l’idée gênante de ne pas tomber sur le vrai. Même si bon, les clones de l’Akimichi étaient si fidèles à l’original que même se tromper n’était pas si grave au final. Jotaro se grattait la pointe du nez, préférant qu’on l’appelle par son prénom plutôt que par son statut. Une rare occasion de le voir gêné ! Un léger rappel qu’il entamait à peine sa vingtième année depuis quelques mois. Les hommes fatigués souriaient l’un à l’autre, alors que l’Inuzuka rejoignait son ami pour un repas bien mérité. Mâchant dans son sandwich, Jotaro regardait avec attention ce que Dodoro lui pointait du doigt, l’ingénieur faisant part des énormes progrès qu’ils avaient pu faire en quelques jours, et des résultats qui n’allaient pas tarder à pointer le bout de leur nez !

Néanmoins, la plus grande surprise fut la proposition d’installé un orphelinat près de l’Ambassade. Le jeune homme s’arrêtait de mâcher, son regard figé sur l’endroit que montrait le géant alors qu’il continuait d’expliquer le fond de sa pensée. Ses paroles faisaient écho à une part de lui que l’Inuzuka avait mis de côté au fil des années, ses pas l’ayant toujours forcé à aller de l’avant… Il repensait à lui, enfant, dans les rues d’une cité de Kaminari. La tradition Inuzuka, malgré l’absence d’un clan soudé à cette époque, avait mis le garçon dans toute sorte de situation. La faim, la solitude, la sensation d’être rejeté, mal aimé… Le pays de la foudre était l’un des lieux les plus avancés du Continent, et pourtant Jotaro se souvient des ruelles froides, hostiles. Il se souvient quand il n’avait que Kaida pour l’accompagner, et qui accepta la demande impossible de l’enfant : partir, vers l’Ailleurs.

Alors il regarde autour de lui, aujourd’hui. Hametsu, le pays en ruine, abandonné depuis des décennies… Et pourtant les gens sourient. Les gens travaillent, collaborent ensemble. Rient. Une chaleur entoure le garçon devenu homme, alors qu’il sait qu’il est au centre de tout ça. La main tremblante, il retenait le flux d’émotions alors que son sourire ne pouvait que s’élargir. Oui Jotaro, tu n’es pas un enfant mal aimé. Puisque tu as pu rassembler tous ces gens, et leur rendre leur sourire. Se retenant de pleurer, il gobe instantanément ce qu’il reste de son sandwich avant de finir cul-sec sa chope, maintenant en check ses émotions alors qu’il tendait le poing en direction de Dodoro, supportant son ami ingénieur à 100% !

« T’as totalement raison Dodoro, reconstruire c’est bien, mais préparer le terrain pour le futur des enfants c’est encore mieux. Je suis heureux de t’avoir rencontré, sincèrement ! »

Merci Dodoro, tu es quelqu’un de bien. Et je suis sûr que beaucoup le comprendront à l’avenir.



« Encore une fois, je vous “remercie” de la proposition, mais je refuse. Tsubomi n’est pas à la recherche de ce genre de… services. » Le regard acéré, l’Inuzuka se tenait debout derrière sa table de travail alors qu’une paire de silhouettes à la tenue sombre lui faisait face. Même s’ils ne s’étaient pas réellement présentés sous une bannière, affirmant qu’ils n’étaient que des mercenaires, Jotaro n’était pas assez dupe pour ne pas reconnaître l’odeur des gros bras de Ame no Kuni. La Pluie cherche toujours à gratter du terrain, petit à petit… Cela faisait un peu plus d’une semaine que la construction de l’Ambassade était lancé, la rumeur d’un tel projet ne tombant pas dans l’oreille d’un sourd.

Depuis quelques jours déjà des mercenaires se présentent au village, désireux de présenter leur service, avançant dans un premier temps que dans un environnement aussi hostile il valait mieux compter sur une protection supplémentaire… Mais le protecteur était suspicieux. Avec la récente attaque de Bijuu sur Chōwa, une fenêtre de tir s’est ouverte à Ame pour commencer à étendre davantage son influence. Même si les deux pays n’étaient pas en guerre ouverte, Isshin avait mis en garde le jeune Inuzuka de l’explosion récente de mercenaires dans Hametsu, ces derniers qui soit disant sans affiliation semblaient être à la recherche de quelque chose. Donc, Jotaro préfère être prudent, et de poliment refuser les offres. « … Nous reviendrons plus tard, alors. » les figures s’éclipsent dans le paysage, quittant le village, tandis que Jotaro se contente de soupirer. Bon débarras, plutôt.

Malheureusement, les mauvaises nouvelles ne viennent jamais seules, et cette fois-ci c’est Dodoro qui fait part d’un problème majeur dans l’avancement du projet. Le manque de bois… Se pinçant les lèvres sous son col, il jette un oeil à la carte du Continent pour étudier ses options. Jusqu’à présent, le village s’est construit sur les restes de Kusa no Kuni, donnant un résultat digne d’un bidonville métallisé, mais pour supporter l’ambition du duo il allait falloir viser plus haut en termes de ressources primaires. Jotaro réfléchit longuement, son silence n’étant pas de bonne augure alors que ses sourcils se froncent. La fatigue mêlée à cette nouvelle difficulté tirait réellement sur ses traits, mais il s’efforçait de rester patient. Il savait que ce serait un projet difficile, il était préparé aux difficultés. C’est pour cette raison qu’il redressait le regard à l’attention de l’Akimichi, hochant la tête à propos de se concentrer sur les habitations pour l’instant.

« Laisse-moi quelques heures pour réfléchir, je vais trouver une solution. » Sa voix était claire et limpide. Il n’y avait pas d’hésitation puisqu’il se devait de trouver une solution. Réglant encore quelques détails avec Dodoro quant aux maisons à renouveler pour le moment, il attendait que son ami parte avant de commencer à considérer les différentes options. Aucune n’était sûre, mais la sécurité n’était pas un luxe dont ils pouvaient profiter pour cette mission…



L’aube pointe le bout de son nez, tandis que Jotaro ouvre lentement les yeux. Il était en train de méditer dans son espace personnel, une lettre récemment écrite sur sa petite table. Il avait réfléchi à toutes les options possibles : Hakugaku était devenu récemment libre, et est à la recherche de nouveaux partenaires pour consolider sa nouvelle place en tant que pays émergent, mais la distance et l’absence de route aménagée empêche l’apport massif de ressources nécessaires pour de tels travaux. Toji ne possédait pas de forêt, la majorité de leur construction se basant sur la roche. Kome était dans une situation particulière, difficile de prédire la réaction du pays s’ils apprennent la collaboration du rejeton Akimichi avec Hametsu. Quant à Hi… c’est l’un des pays responsables de la destruction de Kusa, ce serait un non-sens de compter sur leur aide…

Alors Jotaro était résigné. Pliant soigneusement sa tête, il se levait afin de s’étirer, Kaida l’observant depuis son lit aménagé. « Alors on va vraiment le faire ? J’imagine que voir un peu de vert pour changer ne fera pas de mal. Enfin, si on se fait pas choper. » Souriant à moitié, Jotaro caresse la carapace de l’animal avant de sortir de sa maison. Même s’il était très tôt le matin, certains commençaient déjà à se préparer pour la longue journée. Les rares déjà debout saluaient le duo tandis qu’ils se dirigeaient vers l’endroit où dormait l’Akimichi. Attendant que ce dernier sorte de sa tanière pour se débarbouiller, Jotaro s’avançait avec une hache de bûcheron posée contre son épaule. Il sort la lettre pliée et la tend à Dodoro, l’air serein.

« Bon, j’ai retourné la question sous tous les angles, et ma conclusion c’est qu’une petite excursion à Hi s’impose. Si je ne reviens pas d’ici une semaine, je sais que je peux compter sur toi pour veiller à la réalisation du projet. On ne doit pas s’arrêter en si bon chemin ! »

Franc sourire, il n’y a pas de peur ou d’appréhension sur le visage du jeune homme, ni dans le regard de la tortue. Après tout, tous les trois ils faisaient partie des guerriers ayant surmonté un obstacle de taille à Chōwa, pourquoi auraient-ils peur d’aller piquer du bois dans l’un des pays les plus puissants du Continent ? Jotaro attendait que Dodoro prenne la lettre en main, dans laquelle se trouvait en partie ses dernières volontés, qu’il adressait à son ami Akimichi, ainsi qu’à son ami Naruhito Isshin le Prêteur.

De légères silhouettes encapuchonnées venaient quitter les côtés de l'Inuzuka, tandis que je lui exposais mon propos sans vraiment prêter attention aux différents invités. Après tout, j'était totalement concentré sur la construction et le chantier pharamineux mis en place avec les moyens à notre disposition, je n'avais pas vraiment le temps de gérer tout ce qui se passait autour. Et surtout, c'était clairement pas mon travail, le chef du village était là pour ça et pour le moment il s'en sortait à merveille.

Un long silence de réflexion s'installa lorsque le soulèvement du premier problème parvint aux oreilles de Jotaro. Tout était très bien pour l'instant, autant dans la volonté de chacun d'apporter son aide, que dans le déroulement du chantier. Cependant, sans matériau, même les plus grands ingénieurs ne pouvaient fournir un travail précis et de qualité. Chaque niveau de ce chantier avait son lot d'aléas, que ce soit au niveau des ressources alimentaires, de la main d'œuvre et de la moyenne d'âge globale du village qui allait souvent du très ancien au très jeune sans réellement de personne affûté pour ce genre de projet. C'était également à ça que servais mes clones, apporter une aide physique à tous les niveaux. Il n'y avait pas grand chose que je ne pouvais pas déplacer ou régler avec mes muscles. Sauf le problème qui nous faisait face, celui du manque de vivre.

Quelques jours auparavant, l'homme-tortue avait également validé mon idée de construction d'un orphelinat, et bien que les habitations pouvaient être construites intégralement grâce aux pierres des ruines environnantes et des anciennes bâtisses qui leur servait de maison, un grand foyer d'accueil comme celui-ci requiert également une charpente solide et à l'épreuve du climat du Pays en Ruine.

« Je te laisse le temps que tu voudras, je vais modifier l'agenda du chantier pour laisser en suspend la création de l'Ambassade et recentrer le tout sur les habitations. En attendant de trouver une solution viable, les habitants auront de nouveaux abris flambant neuf pour se reposer ! D'ailleurs, t'en veux une grande ou une petite maison pour toi ? »

Bah oui. Le chef du village pouvait bien avoir sa propre habitation, aucune personne ici n'irait remettre cela en cause en vu des bénéfices qu'il apportait dores et déjà à Tsubomi. Bon, le temps n'était pas à la parlote, avec les différents problèmes nous avions du travail chacun de notre côté. J'aurais aimé discuter un peu plus avec lui, pour apprendre un peu mieux à le connaître, lui et surtout son histoire. Mais bon, on aurait le temps pour ça dans ce futur village radieux.



La fin de journée de la veille avait été allouée à la discussion avec tous les volontaires et préposés à la construction qui me filait un sacré coup de main sur ce chantier. Pour une fois depuis un moment, la nuit avait été bonne. Je m'étais clairement écrasé de tout mon long sur le dos, à même le sol, sans avoir le temps de rejoindre mon lit de camp. La fatigue m'avait emportée et aucun rêve ni cauchemar ne m'avait sorti de cette torpeur. Des ronflements pouvant faire pâlir le cri du Bijuu de Chowa avait fait pleuré quelques enfants, j'irais m'excuser auprès des familles pour ce contretemps.

Cependant, avant de m'éteindre complètement dans les bras des kami, j'avais repensé à mon ami, son visage apparaissant dans mes pensées comme une évidence et un signe du destin. Nara Renpei, mon vieil ami, celui qui m'avait accompagné jusqu'aux confins du monde et d'une autre dimension. Fiou. C'était fou de croire tout ce qu'il nous était arrivé en si peu de temps tous les deux, passant de simple camarade scientifique, à aventurier frôlant la mort dans le Calice de Tetsu et terminant tout ce périple en affrontant une vague démoniaque sous les traits d'un bijuu. Tiens d'ailleurs, cela faisait un petit moment que j'avais pas entendu sa voix à celui-ci. Tant mieux.

L'astre solaire commençait sa course cyclique, lentement, réchauffant le toit des habitations et réveillant tranquillement les êtres encore endormi. Je m'étais levé aux aurores, j'avais énormément de boulot, encore et toujours, mais armé de mon sourire caractéristique et de toute cette joie que ce chantier me procurait, rien ne pouvais entamer ma motivation. C'est lorsque je passa le pas de la petite porte, que je vis l'Inuzuka et sa tortue me fixer, la détermination marquant leurs visages, une hache à leurs côtés, et une lettre tendu dans ma direction. Je frappais mes deux joues avec force à l'aide de mes paumes, pour être sûr de bien entendre ses propos et surtout être certain de ce qu'il venait de dire. Autant dire que cette idée aurait aussi pu se nommer "projet suicide". Le Pays du Feu n'était clairement pas à compter dans nos alliés potentiels, alors allez se servir directement chez eux était une idée bien trop dangereuse.

« Euuuh... Attends... »

Je retournais à l'intérieur de la petite bâtisse, avant d'en ressortir quelques secondes après, muni de mon meilleur argument face à ce genre de problème : Banado. Il s'empara de la lettre, avec discrétion pour ne pas attirer les regards des autres habitants qui sortaient peu à peu de leur antre.

« Bon, je crois que je comprends ce qu'il se passe ici. Kaida je te croyais plus intelligent que ça. Il va faire quoi ce village si vous disparaissez, vous voulez vraiment tout confier à ce balourd à la cervelle de moineau ? »

Et bah. C'est une belle entrée en matière. Banado, je t'aime autant que je te déteste sache-le. Mais en soit, il avait raison, qu'adviendrait-il de Tsubomi si le leader et la tête de proue perdait la vie ? Et qu'arriverait-il aux sourires des enfants ? Non. Hors de question. C'est alors que me vint cette idée lumineuse, le visage du Nara se rappelant à mon souvenir une nouvelle fois.

« Oh bordel, j'ai une idée ! Jotaro, on va allez demander de l'aide à Hakugaku toi et moi. Tu te souviens notre rencontre à l'Ecole de Guerre ? Je me trouvais pas sur place par hasard ! J'y ai rencontré un ami : Nara Renpei. Ensuite, lors de l'attaque du monstre, nous avons lutter tous les deux à l'intérieur de son estomac et dans une autre dimension. Bref. Je sais que ça parait fou et l'histoire est un peu longue pour être expliqué maintenant ! Quelques jours avant que je revienne ici, je me suis arrêté chez lui avec deux autres types. Il nous as recommandé à la Kabbale pour devenir Alchimiste d'Etat. Bon. J'ai un petit problème qui m'empêche de tout te dire sur ce sujet, mais il faut que tu me crois. Et je te demande une dernière chose, je vais avoir besoin d'un laboratoire ici, je pourrais le créer sous mon habitation, caché des yeux de tous pour y faire venir d'autres Alchimistes qui pourraient nous aider à l'amélioration du paysage ici ! Et surtout, ce qui nous intéresse maintenant, c'est qu'avec mon nouveau statut, on va pouvoir allez leur réclamer des ressources pour des recherches. Tu me suis ? »

Bon, oui tout était vraiment très flou et tout mélangé, mais si l'Inuzuka me faisait confiance, alors je venais de trouver une solution à notre problème sans avoir à prendre le risque de franchir la frontière du Pays du Feu.

« Laisse moi toute cette journée, avec mes clones je vais construire ce petit laboratoire en un rien de temps. Et demain aux aurores on part pour le Pays de l'Erudition. »

Des signes incantatoires venaient danser au creux de mes mains faisant apparaitre ma horde de Dodoro Juiniors, qui sans avoir besoin d'autres explications, venaient courir aux quatre coins du village. Une partie faisait parvenir le message aux ouvriers qu'un jour de repos leur était alloué concernant la construction de l'Ambassade. Des suites des réponses de mon ami et de sa tortue, je vint lui attribuer une grosse accolade amicale avant de disparaitre de nouveaux.

Un trou, un simple trou venait se créer au cœur de ma bâtisse. La Kabbale et toute son institution insistait sur la discrétion de leurs œuvres et encore plus de leurs laboratoires clandestins. Il n'y avait guère besoin d'alarmer les habitants de Tsubomi pour l'instant. Surtout que je ne savais pas vraiment si tout ce plan allait fonctionné. Avec l'aide de mes clones je vint récupérer quelques petite morceaux de granit que je disposais de sorte à former un escalier en colimaçon pour descendre au cœur des profondeurs d'Hametsu. Ici, nous gigantesques mains servaient littéralement de pelle pour casser la roche et creuser une petite cavité. Pour le moment, il n'était pas nécessaire d'y faire un trop grand espace, simplement de quoi entreposer les diverses expérimentations.

Les allers-retours de mes clones de l'intérieur vers l'extérieur me permettait de ramener tout un tas de petit matériau, et notamment du charbon, pour créer le cœur de cet atelier. Disposant de nombreuses pierres et creusant encore un peu plus les parois je venais y donner naissance à un gigantesque four. Nous avions pu voir avec Renpei qu'un four de grande qualité pouvait aider à l'avancement de nombreuses recherches. Je détruisait les divers meubles de ma petite bâtisse pour les faire prendre une nouvelle forme, celle d'une table et d'étagères pour entreposer les découvertes et les différents matériaux. Bien. Pour sceller la création de ce laboratoire, sur la table centrale je venais y disposer mon petit morceau de Yūkikōseki. Comme ça, si un futur allié scientifique venait à mettre les pieds ici, il pourrait comprendre qu'il ne s'agissait pas d'un simple trou avec un four, mais d'un véritable laboratoire de fortune. Je savais pertinemment que ce petit morceau de matériau organique s'aurait attirer l'œil expert de n'importe quel Kabbaliste.

Le chantier du laboratoire m'avait demandé l'intégralité de la journée, l'astre solaire remplacée par son cousin lunaire. Fiou. Ok, peut-être que tout avait été un peu bâclée, mais pour une première fondation cela restait plutôt solide. Si les scientifiques de tout le Continent affluait dans le futur, il faudrait un espace plus grande, mais nous n'en étions pas là.



Comme la veille, le quator végétalo-animalo-humain venait se rejoindre au centre de Tsubomi. Sur la table centrale qui servait à exposer les différents plans de la construction, quelques mots avaient été laissé à l'égard d'Hayato, un des anciens les plus respectés du village qui me servirait de maître d'œuvre durant mon absence. Sur les papiers étaient écrit la volonté de progresser sur les habitations, continuer petit à petit d'offrir un meilleur confort de vie aux habitants. Un petit baluchon composé de vivre était harnaché dans mon dos, tandis que le petit champignon trônait sur mon épaule.

« Bon, vous êtes prêt ? En avant pour Hakugaku ! Donc, si je dois lister ce dont j'ai besoin : Du bois, évidemment, des outils d'expérimentation et de construction et la venue de Kabbalistes ou de scientifiques si besoin. Pour moi c'est à peu près tout. »

Le voyage s'annonçait plutôt calme, le véritable défi commençant une fois arrivé à destination.

Le voyage retour fut bien plus mouvementé que l’aller, alors que c’est bien toute une troupe qui se dirigeait en direction de Hametsu. Dodoro semble s’accorder avec les quelques alchimistes sélectionnés pour mener à bien la mise en branle du laboratoire de l’Akimichi, destiné à devenir bien plus que ça. Des chariots bien remplis en outils et en ressources nous accompagner jusqu’au fin fond du pays en ruine. Tout le monde sait ce qu’il a à faire une fois de retour… mais quelque chose cloche avec Jotaro. Dès qu’il a un moment à lui, je le vois observer l’horizon, en silence, pendant plusieurs minutes. Est-ce qu’il s’est senti piégé par les manigances du chef Dokueki ? Ou peut-être se méfie-t-il de l’ambassadeur de l’Érudition, qui semble bien intéressé par les profits plus qu’autre chose…

En-tout-cas s’il était inquiet, il ne le montrait pas. Il gardait toujours son léger sourire, son regard pur, sa liberté de ton. Depuis qu’il est petit il a l’habitude de porter plus lourd que lui sur ses épaules. Aujourd’hui, c’est les rêves, les craintes, les ambitions de centaines de personnes qui pèsent sur lui. A l’avenir, ce seront des milliers qui regarderont dans sa direction et qui feront appel à lui.

T’inquiètes pas Jo’, tu ne seras jamais seul à porter ce fardeau. Le monde n’est pas prêt pour ce qui va arriver.


Cela faisait plus d’une semaine que le quatuor était parti en direction de Hakugaku, et même si leur absence s’est fait sentir, les coups de marteaux ne se sont pas arrêtés entre temps. Les villageois de Hametsu savaient ce qu’ils avaient à faire, après des décennies ils possédaient enfin une direction commune à laquelle adhérer. Alors ils reconstruisaient les bâtisses, suivant les modèles mis en place par l’Akimichi, les survivants de Kusa no Kuni retrouvant leur dignité par le simple acte de construire définitivement leur foyer.

Cependant, leur excitation s’est mêlée à l’anticipation, le désir silencieux de revoir au plus vite leur gardien avec une tortue sur le dos leur revenir. Depuis son départ des vautours ont été aperçus, dans les alentours, observateurs. Les enfants sont les premiers à les remarquer, du fait qu’ils avaient organisé des rondes autour du village pour mettre leurs petits pieds dans les bottes du protecteur Inuzuka, le temps de son absence. Les petits êtres se répartissent les coins à observer, mettent en place des points relais pour l’information, guettent discrètement les inconnus qui allaient et venaient autour de Tsubomi. Les anciens, certains étant des vétérans d’un passé révolu, renforçaient les défenses du village. Hors de question qu’il arrive quoi que ce soit en l’absence de Jotaro et de Dodoro.

Au bout de la huitième journée d’attente, le duo de constructeurs ne revenait pas les mains vides. Les portes du village s’ouvrant en grand pour les accueillir, tous posent leurs outils pour rejoindre la place en face de l’ambassade en construction pour observer tous les chariots qui arrivaient dans Tsubomi. Jotaro se tenait debout sur l’un des chariots, et appelait les siens à se rassembler, pour leur annoncer la bonne nouvelle : « Habitants de Tsubomi, voyez comment Hakugaku a entendu notre appel ! Face à l’ambition de notre projet, et pour un avenir meilleur pour nos deux pays, l’Érudition a accepté de collaborer avec nous. Il est temps de concrétiser notre rêve, et de prendre pleinement notre destin en main ! » La réaction du peuple est tonitruante alors que, sous les instructions de Dodoro, tous commencent à se mettre à travailler.

Pas le temps de niaiser alors que les travaux reprennent de plus belle, Jotaro retrouvant sa table de travail pour y voir de nombreux papiers qui se sont entassés. Il a un petit sourire en voyant l’écriture maladroite des enfants de Tsubomi, la plupart des mots se voulant être des rapports sur les rondes qu’ont organisés les petits. Kaida s’étire les pattes avant de partir rejoindre les gardes de Tsubomi, l’Inuzuka commençant déjà à réfléchir sur le second gros chantier qui allait suivre la construction de l’ambassade : la mise en place d’une jumelle de l’Académie…

La journée fut longue, Jotaro rattrapant à vitesse grand V les avances qu’on pu faire les villageois. Ce n’est que tard dans la soirée, après avoir trouvé un endroit où pourraient se reposer les quelques alchimistes venus de Hakugaku, que l’Inuzuka décidait de partager un verre avec l’Akimichi dans sa maison. Malgré les traces de travaux pour son futur laboratoire, cela restait l’endroit le plus adéquat pour que les deux aient une discussion sur l’avenir de leur projet en commun.

« Il s’est passé beaucoup de choses en une semaine, et Hakugaku a été clair sur ce qu’ils recherchaient. Je pense que c’est une bonne opportunité pour Tsubomi, malgré la tâche difficile qui nous attend. La mise en place d’un laboratoire d’ambition va attirer les étoiles montantes de la Kabbale, qui n’ont qu’une envie c’est de gagner du mérite par la sueur de leurs efforts. Et plus que jamais je vais avoir besoin d’un ingénieur visionnaire comme toi, Dodoro, pour donner une direction à ce projet. Si j’ai bien compris les capacités de la Kabbale, alors la clé de la résurrection de Kusa est entre nos mains. »

Servant un verre de saké au géant, Jotaro buvait lui-même de sa propre coupe en repensant à ce qu’il avait entendu dans les couloirs de l’Ecole : le genre de miracles dont sont capables les alchimistes. « Désolé de te mettre autant en avant, mais on dirait bien que ton laboratoire va être le premier pas vers la révolution des alchimistes. Ne t’en fais pas, tu auras tout mon soutien dans tes projets, après tout je ne pouvais pas rêver de mieux comme partenaire hahaha ! » Peut-être était-ce l’alcool qui lui montait à la tête, mais le jeune homme se sentait très fatigué. Rarement a-t-il eu l’occasion de relâcher la tension depuis le début des travaux, et il se sentait mal de montrer autant de faiblesse face à celui qui bossait définitivement bien plus que lui, sur le terrain. Il n’en fallut pas longtemps pour qu’il s’endorme sur place, la bouteille vide glissant d’entre ses doigts pour glisser sur le sol. Demain sera un autre jour….

Le voyage avait été long et éreintant. Physiquement, pour ceux ayant travaillés d'arrache-pied depuis le début de se projet sans jamais ce soucier des effort fournis et de la fatigue s'accumulant. Mentalement, pour les négociations, la compréhension de chaque partie, la réflexion sur le bien fondé et la sincérité de chaque proposition. Cette deuxième partie avait véritablement affecté l'Inuzuka, je n'étais clairement pas de ceux sachant comment négocier et voir sur un assez long terme pour pouvoir prendre des décisions. Ce rôle d'ingénieur et d'architecte me convenait, et à en croire la fatigue qui gagnait petit à petit chaque muscles de mon corps, il était clair que la tête de l'homme-tortue devait être dans un sacré état elle aussi.

Ce fut lors de la huitième journée d'absence que nous remettions les pieds à Tsubomi, nos visages marqués venaient s'illuminer de nouveaux à la vu de tous les habitants du village et notamment des enfants ayant jouer un rôle essentiel durant notre départ. La petite Hana venait s'approcher de moi, comme à mon habitude je venais la saisir afin de la poser sur mes épaules. Bien trop petite pour participer aux différentes rondes orchestrées par ses camarades, elle n'en restait pas moins un élément clé. Lorsque mes yeux se posaient sur sa petite tête brune, aux yeux étincelants d'espoir, je ne pouvais que retrouver vigueur et force. Elle était le symbole de l'espoir, le visage du renouveau.

L'ancien Hayato s'approcha également de moi, et sans même dire un mot, il pointa son bras ayant vécu milles vies en direction du centre du village. Les différentes habitations avaient bien avancées, plusieurs familles avaient pu être relogées et l'orphelinat n'attendait que la venue du bois pour en finir la toiture. Je lui accordais une légère tape amicale dans le dos, fier d'avoir un homme d'expérience comme lui à mes côtés, connaissant chaque membre de ce village et considérant chaque âme de Tsubomi comme un membre de sa famille. Certes le manque de mes clones avaient dû ralentir quelques peu leur avancée, mais une fierté débordante vint emplir un instant mes yeux de larmes de joie. Cette fois, pas de débordement, le liquide lacrymal restant bien au chaud au creux de mes paupières.

Jotaro prit alors la parole perché sur son chariot de matériau, se réjouissant de cette nouvelle avancée et des progrès qui allait suivre. Les habitants l'acclamèrent et une vague de chaleur s'échappa de chaque habitant, gagnant les cœurs et les muscles. Il était tant de se remettre au travail, et il n'y avait maintenant plus rien qui pouvait m'empêcher d'y donner mon corps et mon âme. Je regardais mon ami, le chef de Tsubomi, jamais je ne pourrais lui être assez reconnaissant pour m'avoir placer dans ce projet et m'avoir permis de finalement trouver un sens à ma vie.

« Totoro, si tu avais été là pour voir ça... N'abandonne pas mon frère, je te promets que tu vivras ici avec nous. »

Une pensée pour mon cadet, toujours coincé au cœur du Pays du Riz, je ne savais même pas quel sort lui avait été réservé, bien que toutes les accusations avaient été tournés vers ma personne, j'espérais lui avoir permis d'éviter la peine de mort ou l'emprisonnement. Les petits cris de joie de la petite Hana sur mes épaules me sortirent de mes pensées, l'accompagnant d'un cri rageur stimulant les travailleurs. Messieurs, il est temps de s'y remettre ! Je venais déposer la petite tête brune sur le sol, avant de reprendre la route vers le futur Bourgeon d'Hametsu accompagné d'Hayato et d'Amado, le maître charpentier.

Tous les trois posés au niveau de ma petite table recouverte d'innombrables plans, je venait faire apparaitre mes nombreuses copies qui attendaient avec impatience les instructions. L'ancien venait m'exposer les différents problèmes survenus durant mon absence, notamment celui de pouvoir bouger efficacement les nombreux morceaux de granit. Amado de son côté commençait à compter et inventorier les différents outils et la quantité de bois à disposition. Le bois allait également nous servir à créer des poulies afin de manœuvrer plus facilement les différentes structures. Un de mes clones accompagna les différents alchimistes nous ayant suivi jusqu'ici au niveau du petit laboratoire de fortune.

Une première équipe allait se mettre à tailler les premiers morceaux de bois afin de poser la charpente de l'Ambassade dans les prochains jours, tandis que la majeure partie allait s'adonner à la création d'une sorte de dortoir pour nos nouveaux invités scientifiques. Le projet ordonner par le chef du clan Dokueki et ses compatriotes ne pourraient voir vit en l'espace d'une simple journée. Il était alors important de leur offrir un toit convenable en attendant la pose des premières pierres. Les jours qui viennent allaient être rythmés et allait demander encore plus de travail acharné, mais lorsque je jetait un coup d'œil autour de moi, il était évident que personne n'abandonnerait et moi encore moins.

Ce fut lorsque le dortoir fut créer que la journée se termina, je regagnait alors ma petite bâtisse, retrouvant ainsi Banado, qui avec la présence des scientifiques ne pouvait encore moins sortir à la vue de tous. L'Inuzuka était également là, malgré le côté insalubre et les différentes traces de travaux du laboratoire de fortune, cet endroit restait une sorte de cocon où la discussion pouvait s'entamer calmement sans craintes.

« C'est clair que la semaine a été chargée. Si les scientifiques veulent marcher main dans la main avec nous, et suivant tes idées, alors ils seront d'une aide précieuse. Mais, j'ai appris à me méfier des savants et surtout ceux cherchant la gloire à tout pris. Les capacités et les pouvoirs de la Kabbale sont au-delà de l'imagination et je n'aimerais pas voir nos efforts réduits à néant par des fous furieux en quête de renommée. Je garderais un œil sur eux, mais n'hésite pas à leur faire comprendre qui est le chef ici. »

Je trinquais, l'air inquiet mais toujours le sourire aux lèvres, engloutissant mon verre de saké d'une traite. Ah, ça fait du bien.

« C'est moi qui te suit reconnaissant pour ce projet d'une vie et me permettre de te soutenir. L'Ambassade touche bientôt à sa fin, après la charpente il ne restera que l'emménagement intérieur. Et puis, s'ils veulent un laboratoire digne de ce nom, alors je te promets que je vais leur fournir. Tsubomi va s'éveiller et Hametsu tout entier va renaître de ses cendres. »

Les paroles à peine terminées que la coupe dans la main de Jotaro vint rejoindre le sol. Il ne montrait jamais ses faiblesses, pas devant les habitants, mais s'il y avait bien un endroit où il pouvait le faire sans être jugé, c'était ici. La fatigue l'avait emportée, et ce n'était pas étonnant vu la charge de travail couplé à la pression qu'il s'infligeait. Je venais saisir son corps endormi au creux de mes bras, le plaçant dans ma petite couchette, avant de lui poser un léger drap sur le dos, les nuits étaient plutôt fraiches ici.




Trois jour s'était écoulés depuis la reprise des travaux. La charpente de l'orphelinat avait été posée et les différentes familles s'adonnaient à l'aménagement des différents espaces de vie à l'intérieur. Il n'y avait rien de mieux que les parents pour comprendre et connaître les désirs de ses pauvres enfants. Je n'avais jamais eu d'enfant, bien que j'avais élevé mon cadet comme un fils, il était important de placer ce genre de choses entre les mains des personnes compétentes.

Mais les yeux de tout les artisans étaient maintenant rivés sur autre chose, le chantier qui avait initié tout ses jours et cette camaraderie. La charpente de l'ambassade était terminé et la toiture avait été posé. Aligné, en rang, contemplant cette merveille créée à la sueur du front de chacune des âmes ici présentes. Je venais enlacer Hayato et Amado qui m'avaient véritablement aidés dans toute la conception et la communication avec les différents travailleurs. Mes clones s'occupaient d'enlacer tout le reste des artisans, après tout il y en avait pour tous le monde. Mais, je profitais de cet instant de joie pour me dérober à la vue de tous, il y avait un petit projet solitaire que je m'étais permis d'entreprendre, sacrifiant quelques unes de mes nuits pour cela.

Les différents habitants venaient se rassembler face au Bourgeon d'Hametsu, tandis que la petite Hana avait pour mission d'aller chercher l'Inuzuka et Kaida. Lorsque tous le monde fut réuni face aux premières pierres de ce nouveau monde, des pas gigantesques vinrent faire trembler le plancher, soulevant la poussière. Sous les traits d'un véritable géant, défiant les limites imposées par la nature, je venais m'approcher de l'entrée principal, deux énormes rochers disposées sur mes épaules. Chaque pas était lourd, mais marquait à quel point tout ça avait été un travail titanesque, ancrant ma détermination dans chaque foulée, je venais disposer les deux morceaux de granit, voilés sous un drap blanc, de chaque côté du petit chemin menant vers la porte principale.

« Mesdames et Messieurs. Merci d'être venu pour célébrer ce jour unique. Bien sûr il reste encore beaucoup de travail pour aménager l'intérieur du Bourgeon d'Hametsu, mais l'extérieur et la bâtisse sont officiellement terminés ! Jotaro, je me suis dit qu'un petit cadeau vous ferait plaisir à toi et Kaida. »

Deux de mes copies vinrent arracher d'une traite les deux draps, dévoilant deux magnifiques statues façonnées dans le cœur même du granit composant les ruines de cet ancien monde. Face aux habitants se dévoilaient alors les traits rocailleux de deux tortues, regardant fièrement l'horizon, véritable symbole de Tsubomi.

Parfois, au moment de fermer les yeux pour retrouver les bras de Morphée, je revoyais le démon. Ce cauchemar qui me plaçait au centre du berceau détruit, du bourgeon condamné par ma faiblesse. Je sens ma respiration qui s’accélère, le manque d’air se faisant sentir alors que je veux agir, mais je suis impuissant. Je suis le témoin d’une destruction sans nom, indifférente des vies qu’elle emportait avec elle. Je déteste ce cauchemar, pas seulement parce qu’il me fait du mal, mais parce qu’il est vrai. Si je n’avais pas réussi à stopper ce monstre, en compagnie des autres… Je suis si faible. Seul, je n’étais capable de rien. Depuis que je suis petit j’ai dû sacrifier corps et âme dans ce que je faisais pour ne serait-ce qu’avoir la moindre chance de tenter quelque chose.

Et pourtant, ce soir-là, j’ai fais un rêve. C’était un rêve si beau. Les flammes étaient remplacées par des champs de fleurs, les rires envahissaient les plaines verdoyantes d’un Hametsu méconnaissable. L’air frais caressait mon cou alors que je vois Kaida se reposer paisiblement sur un rocher, le soleil réchauffant sa carapace. Je sens une main massive se poser sur mon épaule, celle de Dodoro, puis les mains des habitants du village. Tous sourient. J’en ai les lèvres qui tremblent alors qu’un sentiment d’imposteur m’envahit. Seul, je n’étais capable de rien. Et pourtant ils ont accepté de me faire confiance… J’ouvre lentement les yeux, reconnaissant le plafond de la maison de Dodoro. Le soleil était déjà levé depuis un moment, et même Kaida était sortie pour s’afférer à ses tâches. Dans un soupir mélangé à un rire, je sors du lit en m’étirant. Je ne sais qui remercier pour m’avoir accordé un si beau rêve, moi qui avais l’habitude de maudire le chakra obscur pour mes cauchemars.

Le désespoir n’avait pas sa place en ces lieux. J’étais là pour m’en assurer, en compagnie de mes amis… Non. De ma nouvelle famille.


Les trois jours qui ont suivi n’étaient pas de tout repos. L’Inuzuka avait alterné entre la gestion du village et l’assistance aux travaux lourds, utilisant sa propre force pour accompagner l’Akimichi et les autres dans la construction. Jotaro profita de l’établissement d’un orphelinat pour annoncer à Tsubomi qu’une école serait ouverte : en plus de préserver les futures générations, il allait falloir les accompagner jusqu’à leur maturation complète, où ils pourront s’épanouir peu importe la voie qu’ils choisiraient. L’Inuzuka prit même la peine d’enseigner la maîtrise du chakra à ceux qui possèdent le potentiel. Bien qu’il ne pouvait pas ouvertement leur apprendre les enseignements Inuzuka, il pouvait tout de même servir de guide pour leur éviter de se tromper dans leur développement.

Au même moment, il fallait finaliser les accords avec Hakugaku, Jotaro se devant de préparer des rapports pour satisfaire l’attention que portait l’Érudition à ce projet. Il accueillait comme il se doit les alchimistes venus assister Tsubomi dans l’élaboration d’un laboratoire ambitieux, mais gardait bien en mémoire les paroles de l’Akimichi quant à l’éventuelle perversion du mérite. Jotaro gardera un oeil avisé quant aux expérimentations des alchimistes, la condition de limiter leurs oeuvres dans les couloirs de leur futur laboratoire étant un avantage dont l’Inuzuka ne manquerait pas de saisir. Il allait devoir, au fil des mois, trouver un équilibre entre ses attentes et les ambitions des chercheurs, de sorte à ne pas les frustrer, tout en limitant un maximum les risques pour le pays.

Aujourd’hui c’est le jour J, selon les prédictions de Dodoro. Jotaro, comme à son habitude, rédigeait un rapport. Une lettre, pour être plus précis. À destination de son ami Isshin, à qui il avait promis de remettre sur pied le pays. Attaché à la lettre il y avait mis un dessin réalisé par les enfants de Tsubomi, qui avaient grossièrement réalisé l’ambassade ainsi que l’orphelinat. Sur le dessin, on y retrouvait les enfants souriant, avec des adultes. Jotaro et Dodoro étaient eux aussi présents sur le dessin, Kaida également. L’Inuzuka regardait une dernière fois le dessin avec tendresse, avant de laisser l’oiseau messager repartir en direction de Chōwa. Au même moment, la jeune Hana venait prendre par la main Jotaro, pour le tirer en direction du rassemblement général. La tortue s’accroche à son dos, également curieuse.

Même s’ils avaient déjà vu l’Akimichi prendre une taille démesurée, cette fois-ci Dodoro se dépassait alors que c’est véritablement un géant qui se présentait à nous, déposant au sol deux structures couverts par des draps. L’Inuzuka se sentait visiblement gêné, ne s’attendant pas à ce que toute l’attention soit reportée sur lui, avant que les draps ne tombent… Deux magnifiques tortues, posées fièrement. Les lèvres de Jotaro se mettent à trembler alors qu’il est figé devant les statues. Il sent la chaleur en lui remontait jusqu’à ses paupières, alors que contre lui il sent les mains des villageois se poser sur ses épaules, sur son dos. Il se retourne pour voir les sourires fiers des habitants de Hametsu, qui regardaient chaleureusement ce jeune homme qu’ils ont vu grandir parmi eux. Les larmes perlent sur son visage, n’arrivant pas à retenir le flot. Il tente d’essuyer ses larmes, mais rien à faire elles continuent de tomber sans s’arrêter.

Kaida, à côté de lui, pose sa patte contre sa jambe, elle aussi avec des larmes dans les yeux. « Ca va aller Jo’, dit ce que tu as sur le coeur. » Des mots simples qui arrachaient un rire à l’Inuzuka, qui renifler un bon coup avant de retirer sa main et de regarder tout le monde en face de lui. Proche de lui, les deux statues observaient également le peuple de Tsubomi. Malgré les larmes, Jotaro adressait son plus beau sourire à tous. A Kaida, à Dodoro, à Hana, les anciens, les adultes, les enfants…



Les plus sensibles aux sentiments du garçon avaient eux aussi les larmes à l’oeil. Oui, le pays n’était pas encore totalement reconstruit. Oui, on continuera à appeler Hametsu le pays en ruine. Mais la première pierre avait été posée. Jotaro, Kaida, Dodoro… Tous les habitants de Tsubomi, allaient prouver au monde que le désir de reprendre en main son destin était plus fort que tout. À travers l’ambassade, à travers l’orphelinat, l’école, le laboratoire, Tsubomi…

Kusa no Kuni renaîtra de ses cendres.