Les dunes s'étendaient à perte de vue sous le soleil écrasant du désert de Kaze. Le sable doré scintillait sous les rayons ardents du soleil, sa chaleur ondulant à travers le paysage. Depuis la terre ferme, le ciel s'étirait d'un bleu profond, ponctué de rares nuages cotonneux. Une silhouette sombre se détachait dans ce ciel limpide : celle d'Elin, dressée sur la créature d’encre qu'elle avait invoquée. Parcourant les cieux, les ailes d'encre de la bête battaient contre les courants chauds de l'atmosphère. La jeune femme naviguait avec aisance au-dessus les dunes de sable, dont les vagues figées semblaient défier le temps.

Son périple à travers cette étendue aride n'avait qu'un seul but : rejoindre celle qu'elle considérait comme le plus précieux atout dans ce monde maudit, Uzumaki Mai. Seule cette femme avait le pouvoir de régler le problème qui la hantait : un bras réduit à un moignon après un pacte funeste avec Kabuto, le scarabée faucheur de Hametsu. Selon les termes de leur accord, Elin avait dû lui offrir son bras à dévorer, tandis que la jeune femme s'engageait à nourrir Kabuto de vies humaines pour qu'elle puisse continuer à utiliser sa puissance.

Ce sacrifice ne troublait guère Elin. Malgré la métamorphose que le chakra noir opérait en elle, elle restait résolue à faire émerger un monde dépourvu d'humains, un monde où qu’elle pourrait modeler sans la malédiction de l’humanité.

Et au final, la mort qui se répandait autour d'elle, que ce soit par les cadavres putréfiés laissés au sol ou par les victimes consumées par l'appétit vorace de Kabuto, ne la perturbait guère.

Depuis trois jours, Elin fendait l'air du désert en direction des Oasis de Frika. Elle avait prévenu sa camarade de sang de son arrivée imminente et de la raison de sa visite. Les premières cimes des palmiers se profilaient déjà à l'horizon, annonçant la fin de son voyage et le début d'un nouveau cycle de vie pour elle.

Atterrissant au cœur de l'oasis habitée par des nomades en transit, le rapace d'Elin se dissolvait dans juste avant de toucher le sol, ne laissant qu'une flaque d'encre comme unique témoignage de son passage. Autour de la jeune femme s'étendait une petite rivière limpide, surgissant des roches qui l'encerclaient. Elle serpentait sur quelques centaines de mètres à l'ombre de ces rochers avant de se perdre dans les dunes de sable, s'offrant ainsi un passage mystérieux vers un monde inconnu. Tout autour d'elle, d'imposants arbres et une végétation luxuriante offraient un refuge contre les caprices du vent et les rayons implacables du soleil. Une quinzaine de tentes se dressaient parmi cet oasis de verdure, abritant les familles en transit qui prenaient un repos bien mérité avant de reprendre leur périple.

Parmi ces tentes, Elin se dirigeait vers celle d'Uzumaki Mai.

« Hey le dragon… Tu es là ? » Prononçait Elin à haute voix.

Mon aventure avec Qoorsabil m’avait épuisée. Pour me reposer, j’avais établi un petit camp de fortune dans une oasis que j’avais créé pour l’occasion avant mon ascension de l’arbre géant. Les pouvoirs du Kenja no Ishi m’avaient permis de faire émerger un point d’eau ainsi qu’un brin de verdure sous la couverture de quelques palmiers [1]. Une nouvelle oasis inconnue, qui n’était sur aucune carte hormis celle que j’avais données à mes partenaires de route. Elles étaient toutes averties qu’en cas de besoin elles pourraient me rejoindre ici. Je n’étais pas revenue depuis trois jours qu’une voix se manifesta alors que je prélassais sur l’herbe fraiche, les pieds dans l’eau, Qoorsabil nageant au milieu de ce petit basin naturel.

« Hum … Je suis là … mais bon … je suis bien … » répondis-je alors, toujours allongée, les yeux fermés.

Me redressant, je me demandais quel pouvait être le but de cette visite au milieu de nulle part. Je n’imaginais pas Elin ou n’importe qui d’autre venir dans ce coin de nulle part pour discuter cinq minutes ensembles. Au final, il ne me fallu pas bien longtemps pour comprendre la raison de de cette impromptue visite. Me relevant, je me dirigeais vers ma tente.

« Allonge toi, cela risque de prendre un peu de temps et ce sera également douloureux. Pendant que je te soigne, tu me raconteras ce qui t’es arrivé pour en arriver à ça. Oh et au passage, installe-moi bien une fois que tu seras guéris, te soigner va m’épuiser pendant quelques temps.»

Ainsi, avant le coma temporaire lié à cette surcharge technique ainsi que la perte provisoire de mes yeux une fois l’opération terminée, je m’attelais donc à la tâche simple – sur le papier – consistant à faire repousser le bras de cette chère Nara. [2]