Correspondances de Chinoike Issei

De Issei - Indépendance

Le petit bateau naviguait vaillamment à travers les eaux tumultueuses qui séparaient les îles de Mizu no Kuni.

Ballotté par les vagues, il se fraya un chemin avec agilité, portant précieusement son chargement de courrier à destination des habitants insulaires dispersés. Le ciel, constellé de nuages mouvants, faisait écho au rythme des flots. Le bruit apaisant de l'eau caressant la coque résonnait comme une mélodie maritime. À bord, le postier, résolument agrippé à la barre, veillait sur les missives qui étaient empilées méticuleusement.
Au fil de la traversée, le bateau affronta des vagues plus imposantes, mais il persévéra jusqu'à ce que ses formes fragiles atteignent finalement l'île principale. Une fois à quai, le postier débarqua avec précaution, les vagues venant embrasser le rivage de leurs éclats d'écume. Le postier se mit en route à travers les ruelles pittoresques de l'île principale, portant son sac de courrier comme une offrande précieuse. Il suivit le chemin jusqu'à une grande demeure qui se dressait avec une aura de mystère. Les pierres anciennes semblaient conserver les secrets du passé, et les fenêtres voilées ajoutaient une touche de mystique à l'atmosphère. À l'intérieur, un serviteur attentif reçut le courrier des mains du postier. Ce dernier, vêtu de son uniforme, attendit patiemment alors que le serviteur emportait la lettre à travers les couloirs silencieux de la demeure.

La lettre finit par parvenir entre les mains d'une dame majestueuse, aux cheveux blancs tels des filaments d'argent. Elle était assise dans une pièce richement ornée, encadrée par des étoffes somptueuses et des bijoux étincelants. Ses yeux, empreints de sagesse, se levèrent du papier, absorbant chaque mot avec une attention digne d'une souveraine. Le parchemin portait le sigle de Chowa no Kuni qui avait récemment connu un grand déboire...

"Chère mère,
Je suis vivant !

J'ai enfin trouvé le moyen de vous donner de mes nouvelles : Mon enlèvement a été une grande épreuve, mais c'était encore plus dure que de survivre sur le continent en sachant mon existence menacée par le nom que je porte. Je connais l'histoire de notre clan et je le porte en moi, cet espoir de faire revivre la grandeur. Toutefois, récemment, j'ai défendu une patrie qui m'était étrangère : l'Harmonie a été menacée et j'ai répondu présent pour défendre ses côtes, ses villes, ses habitants contre une menace gigantesque. Bien trop grande pour moi. J'ai survécu pour presque mourir loin de chez moi. J'ai alors compris que je devais me hâter de revenir pour assurer ma promesse à vos côtés, pour la grandeur de Mizu no Kuni.

J'ai tant de choses à vous raconter, avec les rencontres et les aventures que j'ai vécues dans des endroits interdis... Tant d'informations à partager, autant sur le monde que ce qui cela a éveillé chez moi. Je ne comprends pas tout, mais vous saurez m'éclairer de vos lumières et de votre expérience. Ma vision a un peu changé, sans doute à cause de tout ce que j'ai vécu. J'ai accepté une lourde charge et j'ai des projets tout aussi ambitieux, j'espère que mon propos saura vous plaire. Je ménage toutefois mon récit pour ne pas trop brusquer les choses : l'encre est chère, le parchemin aussi, de plus je ne peux vous cacher que je crains votre réaction face à ce nouveau Issei que vous aurez devant vous. Gagez que je porte vos intérêts et ceux de Mizu dans mon cœur.

J'espère que me savoir vivant, en presque bonne santé, vous comble de joie... De plus, je dois dépasser les frontières par ma lettre pour vous annoncer une chose, que je ne peux réellement retranscrire sur le papier. Mon œil s'est éveillé, ou en tout cas, il est en train. Je connais les légendes, je connais les histoires. Je sais que vous aussi.

Vous avez eu raison de croire en moi,
J'espère que vous continuerez à le faire même après mon retour et tout ce que je vous dirais.

Votre fils qui vous aime tant,
Issei."

Sphinx. Yukio 021