Ses lettres avaient atteint leurs destinataires et avaient ravivés certaines paroles, car non pas une, mais bel et bien une seconde personne s'était ainsi présenté au Nome, au chevet de l'organisation pour l'intégrer, car telles étaient les volontés du zénith. L'aube espérait gagner les coeurs, que ce soit de ceux dont la nature ne les a doté que de leurs mains, ou ceux dont le chakra éveillé parcourait leurs veines. La nomarque d'albâtre recevait une visite, celle d'un homme masqué en possession de la lettre écrite de ses mains. Quelqu'un l'avait certainement guidé à l'intérieur de l'une des bâtisses, ou la cheffe préparait ce qui ressemblait à un salon, alors illuminé par des bougies qu'elle allumait. Ses pupilles écarlates se détournèrent, l'observèrent, le jaugèrent avant de s'adoucir.

— Sarutobi Shin, n’est-ce pas ? N’hésitez pas, installez vous.

Un fin sourire sur les lèvres, la femme souffle sur la longue bougie qu’elle utilisait pour allumer celles qui éclairaient la pièce, en plus des rayons du soleil. Elle secoue délicatement sa main pour chasser la fumée avant de déposer l’objet sur son plateau d’argent. Tirant le tissu pourpre de sa robe pour ne pas l'abimer en marchant dessus, Yoake invite le Sarutobi à prendre place sur les fauteuils, dont le confort semblait présent.

— J’ose espérer que le voyage n’a pas été trop pénible.

Yoake rejoint finalement son invité, prenant place sur le fauteuil adjacent au sien. Une habitude qu'elle prenait, de recevoir ainsi des individus, dans cet établissement qui était réservé à l'organisation. La Kaguya connait ce que cherche l'homme en venant ici, des ambitions qui concordent avec perfection avec les aspirations de son jeune frère, une idée qui la satisfaisait évidemment, sans qu'elle n'exprime directement cette volonté : après tout, Nisshoku ne peut prétendre à la conquête politique au grand jour.

— Je suis au fait de ce que vous attendez de nous, évidemment. Nihon me l’a dit.

La femme pousse le panier qui comportait des oranges, indiquant leurs existence et en proposant ainsi à Shin. Elle même se sert, commençant alors à décortiquer la peau rugueuse du fruit, en continuant de parler. La cheffe d'organisation apparaissait assez calme, mais surtout avenante, son sourire paraissait sincère.

— Mais comme vous vous doutez, l’établissement d’une véritable… puissance, n’est pas immédiate. Mais je ferais tout pour réaliser les rêves de ceux qui embrassent l'Éclipse. Je comprend si des interrogations vous viennent, je suis là pour y répondre, j'ai préféré la vive-voix plutôt que les lettres, elles sont selon moi bien trop faible pour exprimer des idées concrètes.

L'homme masqué était ambitieux, un point commun avec la cheffe. Ses mains s'adonnèrent à l'épluchage méticuleux de l'agrume alors que l'homme exposait son obsession à travers la liberté qu'il s'offrait à saisir coûte que coûte cette occasion.

— Il n'y a rien de plus légitime de chasser les imposteurs de la tête de sa famille, l'honneur propre de chaque individus est marqué par le fait d'être dirigé par quelqu'un qui ne partage votre sang qu'en tant que tâche sur ses manches.  Je comprend tout à fait vos aspirations.

Il y a quelques années, la femme avait déjà pu se confronter aux monastères divers en attaquant les côtes de Garan. Évidemment, ils n'étaient que des simples pirates dont la réputation s'est simplement étendue au sein du pays alors libéré du joug de la foudre. D'ailleurs, son frère avait fait meilleur impression qu'elle, un appel à rester vers le sud. Yoake s'enfonce dans le fauteuil alors qu'elle dévore un premier quartier, zieutant le masque du Sarutobi alors qu'il lui demande où se trouve le fondateur de l'organisation.

— Il faudra l'excuser... Nihon a du s'absenter, notre récente implantation nécessite de pouvoir bien s'intégrer au sein de l'Exarchat, il est parti en reconnaissance pour présenter l'Éclipse. Au moins aux Nomarques alentours.

Un discours ficelé, réel, qu'elle répétait à chacun. Tant que Nisshoku n'avait pas acquis assez de puissance et de légitimité, la mort de son chef ne pouvait être révélée, sous peine de faire effondrer toutes les promesses.

— Je ne connais que trop bien la frustration de devoir attendre pour accomplir ses plus grandes ambitions. Mais je me dis que la préparation est la clé : se précipiter sur nos objectifs ne ferait de nous que des exemples d'oisillon ayant voulu voler trop vite. Elle sourit à Shin. Nisshoku n'est pas une chaîne qui engage ses membres dans une mission précise et dont ils ne peuvent se défaire, nous sommes des libérateurs. Nous gagnerons notre influence, pour nous faire tous reconnaître, conquérir des terres, s'imposer et amasser assez de puissances pour atteindre nos objectifs.

S'il trouvait une opportunité, Yoake n'allait jamais empêcher un membre de la saisir, elle n'était pas l'autorité absolue sur eux. Elle les conseillerait si ils demandent conseil, les aiderait si elle juge la situation viable, sa volonté profonde restait d'aider les autres à accomplir leurs objectifs, et lorsqu'ils concernaient destituer un homme de sa position de supériorité, sur un pays intéressant pour les aspirations de sa propre nation, elle le soutiendrait jusqu'au bout. Si Sarutobi Shin parvenait à ses fins, elle pourrait offrir à son père une porte d'entrée sur le Continent, et devancer l'Harmonie en imposant la Junte sur les cotes du nord du Continent.

— Je réitère la promesse de l'Éclipse envers vous, Sarutobi Shin. En l'embrassant, nous vous offrirons les moyens d'accomplir vos rêves.

Les idées dans la tête de Reimu étaient claires : conquérir pour se créer une armée. Car sans poids militaires, ils n’étaient qu’une croix sur une carte, une poussière pour l’Empire sérénissime de Tsuchi, un simple oasis pour Kaze. Ils devaient avoir un poids, s’agrandir, être nécéssaire. Tōji devait avoir peur de les perdre s'ils venaient à changer de bord.

— J’ai pour ambition d’étendre notre influence. Les montagnes de Kaze sont laissées à l’abandon, comme beaucoup de parties du désert, et cela me semble nécessaire de se pencher sur les cas des populations locales : plus nous récupérons d’influence, plus nous grandirons. Et éviter les frontières, évidemment, ce serait nous jeter dans la gueule du loup.

Yoake la conquérante, le soleil qui engloutit l’ombre. Elle ne voulait pas imposer le diktat d’un État, mais voulait plaire au peuple pour qu’ils restent sous l’influence de l’Éclipse, et ce n’est qu’ainsi qu’ils pourraient s’offrir une armée. Les sauver des tyrans, et leur laisser la liberté de vivre normalement, ou de contribuer à la libération d’autres pairs. Nisshoku devait être une organisation prônant la liberté, et elle devait se trouver une alliance politique, en rassurant Tōji d’abord.

— Tant que nous serons aussi peu, nous devrons tenter de nous allier avec Tōji, jusqu’au moment où nous pourrons prendre notre indépendance et avoir une force de frappe assez puissante pour prétendre lutter contre les tyrans.

Shin voulait connaître le début des projets, Yoake lui offrait les projets de conquête, avant de soudainement se mettre à énumérer le plan dans les grandes lignes de ce qu’il comporte, visiblement les chefs du Nisshoku avaient préparés de nombreuses éventualités.

— Récupérer les civils, leur enseigner le chakra, les entraîner, et nous aurons une véritable armée, prête à défendre nos bannières. C’est le premier objectif.