Ce coup avait mouche avec une rare violence, écrasant le visage de Mizaru qui voltigea sur plusieurs mètres en arrière, roulant lamentablement sur le tatami en se retrouvant en position allongée. Tout doucement, ses deux petites mains se posèrent sur le sol, essayant de se redresser alors que du sang perlait le long de sa joue, s’écoulant sur le sol.

- Debout. Une voix ferme et rocailleuse, Yotsuki Kizaru. Le roi foudroyant, le monstre Yotsuki, nombreux étaient les surnoms que ce colosse portait : Sa chevelure platine, son regard vif orange, ses scléroses noirs lui donnant une apparence inhumaine. Il était la cause de ces rumeurs étranges sur le clan Yotsuki concernant ses origines. Véritable force de la nature qui servait le pays avec une loyauté sans faille et vénérait la force.

- Debout. Une seconde voix, avec une pointe d’impatience. Une impatience menaçante qu’il valait pas déclencher… Tout doucement, la petite Mizaru âgée de douze ans se leva, toisant d’un air intimité son père au loin. - Efface ce regard sur ton visage, avoir peur c’est être mort.

Faiblement, Mizaru agita ses deux petits bras pour retrouver une posture guerrière, son corps vacillant, son regard humidifié par la douleur vive qu’elle avait pu ressentir… pourtant, le regard intimidant de son père chassa cela en quelques courtes secondes, craignant recevoir des coups de plus en plus forts et hors du cadre du combat.

- Bien. Souffla l’ogre Yotsuki. - Ton corps est une arme, tu dois le solidifier, le perfectionner, nous sommes forts, c’est dans notre adn, nos gênes Yotsuki. Dit-il, glissant en un pas vers sa fille, levant son tibia contre sa jambe avec une rapidité incroyable, bien qu’il dosait chacun de ses coups pour ne pas la tuer à chaque instant, mais pas assez pour représenter un pic de difficulté à surmonter pour sa fille. - Casse !

Sen no Sen , voilà un principe guerrier ; casser l’attaque par l’attaque et également une méthode pour se défendre de ce coup de pied. Mizaru dont leva sa propre jambe face à celle de son adversaire pour frapper avant que son coup ne porte, bien que le duel de force semblait perdue d’avance, elle n’en démordait pas. La pauvre, sa mâchoire se contracta dans la douleur, pensant que sa jambe allait se retourner à l’impact, elle recula de quelques pas sans que son père ne ralentisse ne serait-ce qu’une seconde cet entraînement.

Dans son recul, Mizaru fut intercepté par un dangereux crochet qui parta tel un éclair vers sa petite mâchoire. La fille fut assez habile pour éviter en balançant son corps vers le coté opposé… puis, des crépitements fut audibles autour de son propre poing gauche, qu’elle fit pleuvoir vers l’abdomen de son père. Hélas, il intercepta le coup avec son autre main, qui se gorgea également d’éclair en quelques secondes ce qui provoqua un sourire carnassier sur son visage, ses yeux jaunes se déposaient sur sa fille. - Tu dois être plus rapide.

Levant son genou avec férocité, Mizaru mangea l’attaque de plein fouet et voltigea plusieurs mètres en arrière, essayant de se redresser encore plus rapidement ; à bout de force et de souffle. - J… Je n’en.. - je vois…  Se redressant, adoptant une nouvelle fois cette posture guerrière. Les serviteurs du clan observaient la situation avec une peine dissimulée, que pouvaient-ils faire après tout ? Ce n’était ni leur enfant, ni leur domaine, le premier qui s’osait défier l’autorité de Kizaru terminerait six pieds sous terre.

Le grand Yotsuki toisa sa fille clairement hors d’état de continuer, pourtant, il s’avança pour reprendre l’entraînement, poussant chaque cellule  du corps de Mizaru dans ses derniers retranchements, d’un seul et unique pas il vint jusqu’à elle, sa jambe gauche s’arma pour s’abattre comme un fouet vers ses cotes.

Blocage du coude de la part de Mizaru qui fut légèrement propulsé dans le sens de l’impact répliquant aussitôt après son blocage en une série de coup de poing et de coup de pied vers son père, qui déjoua toutes les attaques avec une facilité déconcertante. Cependant, Mizaru qui s’attendait à cette possibilité fit de nouveau traverser son corps d’un flux foudroyant pour le répandre sur le sol autour d’eux par simple contact avec son pied, générant un véritable champ électrique de très courte portée.

Son père haussa un sourcil, avant de sentir les affres de cette attaque sur son corps, le figeant quelques courtes secondes, assez pour que la kunoichi bondisse dans les airs puis… pivote sur elle même, faisant pleuvoir un coup de pied aérien retourné vers sa tête. Le coup fit mouche, basculant par son élan et sa puissance le visage de Kizaru en arrière sans lui infliger la moindre blessure, sa résistance était hors norme et c’était plutôt le pied de Mizaru qui fut blessé suite à l’impact.

La jeune femme retomba au sol, épuisée… fixant l’ogre Yotsuki au loin dont le regard sévère ne semblait pas s’effacer. Il s’avança, entre-ouvrant la bouche d’un air menaçant. - Bien, on reprend ce soir. Puis, fit volte-face aussitôt, rejoignant les serviteurs du clan tandis que Mizaru fut prise en charge.


- An 150, zone inconnue.


Dans une grotte aménagée pour la nuit, Mizaru se réveilla en sursaut suite à ce rêve qui n’était en réalité qu’un ancien souvenir. Pourquoi revivre son enfance dans ce moment-là, surtout avec son père ? Elle se redressa sur son lit de fortune, toisant le feu de camp qui réchauffait et éclairait l’endroit, s’accordant un très bref soupir. Puis, lentement toisant ses affaires postées au loin et le fameux artefact de sa famille.

- Enfoiré… Je sais que tu n’es pas mort, ce n’est pas possible… Tu es bien trop solide pour ça espèce de monstre…

Qu’allait-elle bien pouvoir faire, elle qui avait vécu pour le pays de la foudre, pour son clan, pour la gloire… désormais que tout était perdu, désormais qu’il ne restait plus rien… Serait-ce le moment de prendre une nouvelle vie ou… de retourner se tourmenter à chercher des questions dans son ancienne vie...