Le vent soufflait doucement sur la peau de la voyageuse qui s’avançait d’un pas très tranquille vers la ville sous ses yeux. Malgré sa grande curiosité quand à la raison qui l’avait poussée à venir ici, son allure était ralentie par la volonté de profiter de son retour chez elle, se baignant dans la sensation du vent chaud sur sa peau, des plantes luxuriantes qui dépassaient du sable, bref, de Tōji.

C’était globalement son premier vrai retour depuis son apatridie et plusieurs choses avaient changées depuis, la principale étant sa charge de voyage, elle était partie avec toutes ses affaires à l’époque, en plus de ses marionnettes, mais maintenant sa maitrise des sceaux était avancée et elle profitait d’un à coté fort sympathique à cette discipline qu’est le Fuinjutsu. Beaucoup de praticiens du marionnettiste s’orientent dans la connaissance des sceaux à un moment ou un autre, le Kugutsu étant l’arcane de clan la plus basée sur l’artisanat elle est aussi celle qui a le plus besoin d’outils extérieurs et donc cet apprentissage est souvent fait naturellement par les Monzaemon. Cependant outre les avantages martiaux et créatif des sceaux, une chose c’était révélée durant le voyage de Tetsu jusqu’à Toji par Yumeko : Une personne seule qui marche simplement par ici sans bagages, vivres ou transport à toujours l’air « du coin », de juste passer par là, de venir de pas très loin et ce même si on ne la reconnait pas. Des praticiens du chakra ne se laisseraient évidemment pas avoir aussi simplement, mais pour se fondre dans un pays aux yeux des non éveillés les sceaux lui apparaissaient soudainement comme un meilleur atout que la sensorialité.

Elle avait profité de ce camouflage et du fait que sa notoriété dans le pays restait quand même relative : son nom pouvait être reconnu facilement mais son visage beaucoup moins, surtout en s’éloignant de la capitale comme l’était le Nome de la palmeraie, situé à une des extrémités du pays, contingent à la frontière avec Kaze. C’était d’ailleurs la première fois que Yumeko venait dans cette partie du pays, bien qu’elle caressait l’idée de revenir à Tōji depuis la stigmate qu’avait laissé un Bijuu sur une de ses marionnettes, et que sa réception de Sozen de la part de Eiichiro avait encore plus consolidé cette envie de revenir sur les terres des meilleurs créateurs et manieurs de pantins, la raison principale de son retour, ce qui l’avait motivée à revenir quasiment instantanément après l’avoir reçue était la lettre située encore dans sa main, après qu’elle venait de la lire pour ce qui devait être plus de la millième fois.

Une invitation de la part de Nihon, ou plutôt de la part de la partenaire de Nihon, Yoake, demandant à Yumeko si elle voulait se joindre à leur entreprise, d’après la missive principalement économique. La mention du fait que leur implantation n’était faite à Tōji, et que l’Exarchat ne semblait pas les avoir déclarés comme illégaux ou dissidents l’avait poussée à venir voir d’elle-même ce qui se passait dans la palmeraie au lieu de simplement répondre par une autre lettre. La surprise s’additionnait du fait que la dernière fois qu’elle l’avait vu, Nihon avait laissé entendre plusieurs fois qu’il n’avait aucun rapport avec Tōji, voir même qu’il ne s’était jamais aventuré dans cette partie du continent, et des mois après les nouvelles du Marionnettiste prometteur venait du pays natal de la jeune femme… La curiosité était bouillante.

Yoake avait mentionné dans sa lettre que la population locale semblait être accueillante de l’organisation qui s’y était installée, et en posant quelques questions à droite et gauche une fois à l’intérieur de la ville Yumeko put se rendre compte qu’ils portaient même l’Eclipse en très haute estime et avaient au début tentés de cacher le plus d’informations à son propos, avant que Yumeko ne révèle qu’elle était invitée par Yoake en personne, soudainement la population de la Palmeraie avait répondue à ses questions avec le sourire et dirigée vers le lieu de résidence de l’organisation, montrant très clairement leur soutien au Nisshoku qui semblait avoir apporté une grande contribution à la vie locale, un vieux marchand de fruits les ayant même qualifiés de « cadeau » au Nome, augmentant encore la curiosité déjà intense de Yumeko à leur égard.

Arrivée devant la porte derrière laquelle on lui avait dit qu’elle pourrait trouver le Nisshoku, elle toqua doucement au bois avant d’essayer d’ouvrir la porte qui ne se révélait pas bloquée, semblant témoigner de la confiance de l’organisation envers son environnement.

Enlevant le chapeau qui lui avait servie à se protéger du soleil et du sable, elle se fixa à sa ceinture et se présenta, devant une magnifique jeune femme aux cheveux d’albatre. Yumeko lui offrit un signe de la main en salutation, puis brandit sa lettre pour pouvoir la montrer à son interlocutrice, et se racla doucement la gorge tentant de se préparer aux interactions sociales, sa discipline la moins maitrisée de son catalogue, avec le chant.

- Bonjour à vous, je me présente je m’appelle Yumeko Monzaemon, j’ai reçue cette lettre de la part de Dame Yoake, dirigeante du Nisshoku m’invitant à travailler avec l’organisation, je suis donc venue pour voir de mes yeux de quoi il retournait. Êtes-vous Yoake ? Ou une autre membre de Nisshoku ? Si c’est bien vous je m’excuse d’être venue plutôt que de répondre à votre lettre, mais je préparais déjà un voyage vers Tōji quand elle m’est parvenue donc je me suis dis que mon arrivée vaudrait une réponse haha. Et, hum, si ce n’est pas vous, et bien… Désolée, et peut être que vous pourriez m’indiquer où puis-je trouver Yoake ?...