En cette journée ensoleillée, l'Oracle du Pays de la Céramique avait enfin accordé à lui-même un répit bien mérité. Habituellement accaparé par un emploi du temps chargé, il se trouvait rarement le loisir de se livrer à ses activités préférées : se délecter de la caresse du vent sur le toit d'une maison, se dorer au soleil, ou encore flâner au Bazar aux Milles Couleurs. Ce dernier lieu demeurait l'un de ses endroits de prédilection, un sanctuaire où Yuubae trouvait un profond réconfort. Les ruelles étaient des toiles vivantes, des mosaïques chatoyantes de couleurs et de formes. Fruits, légumes, bijoux... Tout s'y entremêlait dans un éblouissement sensoriel, offrant au visiteur une expérience presque mystique.

Plus il s'attardait dans cet univers foisonnant, plus germaient en lui des pensées d'exportation de cette richesse culturelle à travers tout le continent. Yuubae ne pouvait s'empêcher de songer à la manière dont ce joyau pourrait être partagé avec d'autres peuples, comment il pourrait enrichir les vies au-delà des frontières de son pays natal. Dans cette effervescence de couleurs et de cultures, l'oracle ne cessait de se rappeler qu'il y avait un monde bien au-delà de ses propres préoccupations.

Cependant, même en cette journée de repos, son esprit charitable demeurait en alerte. Il ne pouvait s'empêcher de méditer sur les besoins des autres, sur la façon dont il pourrait contribuer à leur bien-être. Cette propension à penser au bien-être collectif était profondément ancrée en lui, une caractéristique qui le distinguait parmi ses pairs. Pour Yuubae, le bonheur n'était pas seulement une quête personnelle, mais aussi un idéal à partager, à répandre à travers les contrées lointaines.

Alors, tandis qu'il se perdait dans les dédales chatoyants de la ville, l'oracle rêvait de jours où la solidarité et la diversité culturelle régneraient en maîtres sur l'ensemble du continent. Et peut-être, dans un avenir pas si lointain, ses rêves deviendraient réalité, portés par sa volonté inébranlable de faire du monde un endroit meilleur pour tous.

Dans l'effervescence du marché, le Sarutobi se livrait à ses emplettes, sélectionnant avec soin une variété de fruits et légumes auprès d'un marchand local. Un sourire aux lèvres, il remercia chaleureusement le vendeur avant de se retourner, le sac rempli de produits frais à la main. Cependant, dans un malheureux concours de circonstances, l'oracle se heurta à un homme d'une stature imposante, dont la présence dominait l'espace environnant de façon intimidante.

L'impact fit chuter Yuubae et son précieux sac, dispersant ses achats à travers l'allée animée. Pris de court, l'oracle s'empressa de présenter ses excuses, mais ses mots se perdirent dans l'agitation du marché. Sans même jeter un regard à l'homme qu'il avait heurté, il se hâta de ramasser les aliments dispersés, son visage exprimant à la fois la gêne et la hâte de remédier à la situation.

— «Oh ! Je suis tellement désolé monsieur, je ne vous avais pas vu !»

Le Sarutobi ressentit une pointe d'embarras face à cet incident malheureux. Il savait que la politesse et la courtoisie étaient essentielles, même dans les moments de précipitation. Cependant, son souci premier était de rassembler ses achats, de sauver ce qui pouvait encore l'être de sa récolte matinale.

Les fruits et légumes s'éparpillaient en un chaos coloré le long du sol, chaque impact déclenchant une nouvelle danse de dégradation. Avec une logique acérée, l'Oracle se hâta vers les articles les plus lents, sa main plongeant dans le désordre avec une efficacité presque mécanique. Quelques-uns furent sauvés de l'écrasement imminent, mais d'autres ne purent échapper au sort cruel des piétinements impitoyables. Une vague de déception submergea Yuubae alors qu'il réalisait l'ampleur de ses pertes. La moitié de ses provisions réduite à néant en un instant, le contraignait à une nouvelle séance de shopping imprévue.

Alors qu'il tentait de se remettre sur pied, le sac à la main, Yuubae se retrouva face à l'homme qu'il avait bousculé plus tôt. Enfin, il pouvait mettre un visage sur cette silhouette imposante, un visage qui semblait dégager une aura de bête sauvage. Hésitant mais déterminé, Yuubae s'avança vers l'inconnu, ses pas ralentis par une soudaine méfiance. Il ne put s'empêcher de dissimuler son sac derrière son dos, sentant le regard intense de l'homme se poser sur lui, comme un prédateur observant sa proie.

L'instant était tendu, chargé de sous-entendus muets. Yuubae se sentit vulnérable, exposé devant cet étranger dont les intentions semblaient être tout sauf amicales. Pourtant, il refusa de céder à la peur, préférant affronter la situation avec dignité. D'une voix tremblante mais résolue, il brisa le silence pesant qui régnait entre eux.

— «Excusez-moi pour tout à l'heure... Je ne voulais pas vous causer de problèmes. J'étais assez pressé et je n'ai pas regardé où est-ce que je mettais les pieds.»

Peut-être, juste peut-être, cette rencontre impromptue pourrait se conclure sur une note positive ?

Un faciès démoniaque, c'était ainsi que Yuubae aurait pu décrire l'expression de l'homme colosse pendant l'incident. Une fraction de seconde de plus et l'oracle aurait peut-être fini englouti par cette apparence animale. Par chance, ou par intervention divine, l'homme sembla retrouver ses esprits. La tension dans l'air s'atténua progressivement, et le cœur de Yuubae ralentit enfin à un rythme plus apaisé.

À la grande surprise de l'Oracle, l'homme monstrueux se présenta sous le nom d'Akimichi Dodoro, s'inclinant humblement devant lui, offrant ses excuses les plus sincères. Yuubae pouvait sentir la vérité dans chaque geste et chaque parole de l'homme, mais ce qui le surprit le plus, c'était la rapidité avec laquelle il semblait passer d'une furie incontrôlable à un humble repentir.

Malgré cette versatilité apparente, le simple fait que le colosse retrouve sa lucidité et revienne à la normalité apaisa grandement Yuubae. Il prit une profonde inspiration, sentant le poids de l'incident se dissiper peu à peu et déclara avec un sourire bienveillant, touché par la sincérité des excuses de Dodoro.

— « Il n'y a pas de rancune, Nous sommes tous sujets à des moments d'égarement haha »

Dans ce marché bruyant et coloré, deux hommes que tout semblait séparer s'étaient rencontrés par le plus curieux des hasards. Un instant de friction avait été suivi par une réconciliation inattendue, démontrant la fragilité des apparences et la force de la compassion humaine. Face à la stature imposante de l'Akimichi, Yuubae ne pouvait s'empêcher de reconnaître le potentiel de cet homme pour son projet futur. Son désir de bâtir une académie demeurait inchangé, et des individus robustes comme Dodoro seraient sans aucun doute un atout précieux. Dans les circonstances actuelles et les services proposés de l'Akimichi, cette pensée lui traversa l'esprit, teintée d'une pointe d'anticipation pour le futur.

En effet, il imaginait déjà les nombreuses tâches physiques nécessaires à la construction de l'académie. Des travaux qui demanderaient non seulement de la force brute, mais également de la détermination et de la persévérance. Lui, avec sa carrure impressionnante, semblait être le candidat idéal pour participer à cette entreprise.

— « Enchanté Dodoro, tu peux m'appeler Asakura Yuubae. Hihihi, tu m'as l'air très fort physiquement, mais je ne voudrais pas en abuser, loin de là. Cela dit, je m'engage à t'offrir un tas de fruits et légumes du marché de Toji si tu m'aides dans ma quête. Qu'en dis-tu ? »

Yuubae choisit de ne pas exposer directement les faits, préférant observer la réaction de l'homme en face de lui. Cette approche lui permettait non seulement d'évaluer la réceptivité de l'Akimichi, mais aussi de jauger sa propre capacité à gérer la situation avec finesse.

— « Hahahaha, oui tu peux en être fier ! »

L'Oracle éclata de rire devant les poses hilarantes de Dodoro, impressionné par la fierté démesurée que celui-ci affichait pour ses muscles imposants. C'était un luxe que tout le monde n'avait pas, et Yuubae ne manqua pas de le reconnaître. Lui-même, mesurant à peine un mètre soixante-quinze pour soixante-six kilogrammes, se qualifiait facilement de poids plume en comparaison. Yuubae ressentait un soulagement palpable maintenant que l'incident était derrière eux. Il appréciait sincèrement la gentillesse et la disponibilité de l'Akimichi, qui se montrait prêt à lui rendre service sans hésitation.

Cependant, l'Oracle ne comptait pas se précipiter pour confier ses secrets à cet homme, aussi aimable soit-il. Il ne pouvait s'empêcher de se méfier, se demandant si Dodoro pourrait se révéler être un traître potentiel. Pour dissiper tout doute et renforcer leur lien naissant, Yuubae envisagea d'organiser un repas où ils pourraient apprendre à se connaître, convaincu que cela pourrait marquer le début d'une relation de confiance mutuelle. Après tout, rien ne favorisait mieux la confiance que de partager un bon repas préparé avec soin.

— « Avant ça, que dirais-tu d'un bon repas ?! Je réside dans le Pays, je connais les alentours comme ma poche, je connais un endroit où ils font les meilleurs Yakitoris ! Et les Taiyakis en dessert... un pur délice ! »

Il se réjouissait à l'idée de partager un moment agréable, espérant que cela leur permettrait de mieux se comprendre et de tisser des liens solides malgré leurs différences apparentes.