Il y a peu d'hommes du Sekaï qui m'intriguent au point de vouloir aller à leur rencontre. Aujourd’hui, il est temps de mettre la main sur le fameux Gekimetsu Enki. Un homme qui fût sur toutes les lèvres de la Soke pendant des semaines pour son acte sanglant envers un des fils d’Eien. Nul doute que beaucoup d’entre eux ressentent de la haine et de la terreur envers cet individu, ce qui n’est pas du tout mon cas, bien au contraire. J’ai même plutôt une forme de respect pour lui, ayant fait ce que je n’ai jamais osé faire, s’attaquer au gros gibier. Bien sûr, il avait le moyen de ses ambitions, une équipe, des alliés prêt à tout pour la réussite de cette mission et c’est pour cela que je veux m’approcher de lui, j’ai besoin d’arguments solides pour les miens, la Bunke. Besoin de revenir vers eux avec des forces militaires et logistiques pour qu’enfin, la liberté soit notre.

C’est pour cela qu’après mes errances de réflexion ces derniers jours, j’ai décidé de me rendre dans un premier temps à Kaze no Kuni. Ce pays sableux n’a aucun point commun avec mes terres natales, le sable à perte de vue est déroutant, la chaleur intempestive est insupportable et que dire de toute cette lumière dégagée par le soleil invivable pour les pupilles claires de mes yeux. Je n’aurais jamais pensé avoir autant le mal du pays dans ma vie. Les premiers jours sur ces terres étaient un véritable supplice.

Le temps m’a permis de m’y faire, cela fait maintenant plusieurs jours entiers que j’ai passé mon temps à faire des recherches. Discrètement, bien sûr, capuche sur la tête pour cacher un maximum mes origines claniques. J’ai voyagé de tavernes en tavernes, écoutant les conversations par-ci par-là. Quelques prises d’informations par la parole en interrogeant des passant ou en échangeant quelques verres avec des soiffards. J’approche de mon but petit à petit, je le sens.

Toi qui recherche les Crocs du Désert, rends-toi au cœur du désert.

L'homme ayant prononcé ces mots me montre la sortie de la taverne de sa main pour m'inviter à le suivre. Risqué, mais je décide de faire la route avec lui tout de même, il est mon meilleur indice jusqu'à maintenant.

Il est dangereux de se rendre seul là-bas, c’est peut-être un piège ? Des hommes ayant entendu parler d’un vagabond solitaire voulant le dépouiller, ou alors des hommes ayant deviné mes origines voulant se venger ? Tout peut arriver, mais cela n’a pas d’importance, je ne me laisserais pas faire et je leur souhaite bien du courage s’ils ne sont pas éveillés.

Au loin, j'aperçois très certainement ma destination, une oasis au milieu de nul part se fait voir. Un mirage ? Peut-être, je dépose alors mon regard froid dans cette direction pour ne pas avoir de mauvaise surprise. Un homme seul au milieu de coussins luxueux semblant n’attendre qu’une chose, mon arrivé. Je ne sais pas s’il m'a repéré ou non, il ne peut pas m’avoir vu à cette distance et à travers les murs, mais peut-être a-t-il senti mon chakra ? Impossible à dire, mais il ne fait aucun doute que c’est bien la personne décrite dans les récits de la Soke.

Je m’avance jusqu’à arriver au lieu de rendez-vous, jusqu’à être visible pour ses yeux. Je n’ai aucun temps à perdre et autant être franc directement, lui cacher mes origines peut s’avérer être synonyme de trahison dans le futur. J’enlève ma capuche pour qu’il puisse admirer des pupilles qu’il reconnaîtra.

Cela fait fort longtemps que je te cherche, Gekimetsu Enki, je me nomme Hyuga Yoshitsune et j’ai un marché à te proposer.

Malgré ma présentation calme, elle reste osée alors je suis sur le qui vive, prêt à dégainer mon arme au moindre geste suspect. Il déteste autant que moi mon clan, mais il ne peut pas le deviner. Maintenant, je n’ai plus qu’à espérer qu’il soit assez curieux, sinon un combat très certainement à mort s’engagera.

Comme attendu, je pouvais ressentir toute la lourdeur de l’atmosphère une fois mes yeux révélés, faisant disparaître totalement la détente sur le visage d’Enki. J’aurais très certainement la même réaction si un Hyuga de la Soke se présentait devant moi de cette façon. Il semble en tout cas qu’il soit plus patient que moi, je ne sais pas si j’aurais réussi à me retenir d’attaquer sans attendre la suite. Respect à lui, il n’est vraiment pas facile de contenir sa haine.

Je ne connais que trop bien les agissements des Hyuga envers les autres peuples, mais je n’ai plus rien à voir avec eux.

Il aurait été mentir de dire que je n’ai absolument rien à voir avec mon clan, après tout, j’ai participé avec sourire aux lèvres à l’extermination totale des Uchiha. C’est donc cela les ravages de la guerre ? On tue pour se défendre tout en faisant des orphelins qui eux-mêmes voudront se venger… Pourtant, je ne connais que ce chemin pour faire entendre raison.

J’accepte sa proposition pour boire. À vrai dire, je m’attendais bien plus à devoir m’expliquer en échangeant les coups plutôt qu’en buvant le thé. Je n’aurais pas dit non à une bonne coupe de sake, mais bon, je ne vais pas non plus me plaindre. Restant bien sûr sur mes gardes quoi qu’il arrive, je l’ai vu son envie de faire couler le sang et je peux facilement imaginer que des alliés à lui son présent tout autour de cette oasis.

Les miens ? Je n’ai aucun lien, aucune attache envers Eien et les membres de la Soke. Si je suis là c’est justement pour te féliciter, ton nom résonne encore chez eux. Je marque une pause, prenant le temps de m’installer en face de lui, toujours prêt à me relever, au cas où. Tes mots ont fait le tour du clan il y a quelques années et si je suis là c’est justement parce que nous avons la même colère, le même objectif, mettre fin à la vie de ce chien aveugle.

Il était obligatoire pour moi de jouer cartes sur table directement. Mes yeux se déposent dans les siens pour qu’il comprenne mon sérieux, ma détermination et surtout qu’il ressente cette envie de vengeance, qu’il puisse voir que nous avons le même regard quand nous évoquons le nom du chef des Hyuga.

Il n’est pas étonnant qu’un membre extérieur de mon clan ne comprenne pas les enjeux et qu’il puisse avoir du mal à imaginer un Hyuga qui ne lui en veut pas. Branche principale, branche secondaire, c’est certainement connu dans le monde, mais les secrets que cela referment sont quant à eux bien ancrés.

Si je devais en vouloir à tous les gens qui font la guerre à cause de leur appartenance à un clan ou à un pays, je détesterais absolument tous les êtres humains de cette planète.

J’ai été élevé comme un guerrier, je ne connais quasiment que la violence et les conflits militaires. Je ne peux pas perdre mon temps à avoir de la rancune envers un homme voulant simplement se venger des actes commis par un ennemi.

Suite à ces mots, je décide de lui faire confiance pour boire de son thé, aurait-il vraiment perdu son temps à me mener à lui pour simplement mettre fin à ma vie de cette manière. Je décide de prendre une bonne gorgée avant de lui répondre, il y a beaucoup à dire à vrai dire.

Eien est le chef des Hyuga, mais avant tout de la branche principale qu’on nomme la Soke. La branche secondaire, la Bunke, dont je fais partie, a toujours été méprisée et soumise aux caprices de la Soke. Nombre d’entre nous cultivent une haine dès l’enfance envers cette injustice, alors oui, nous nous battons comme des Hyuga puisque nous faisons partie du clan et que jusqu’à maintenant, nous avions un chef pour nous représenter et faire valoir nos droits. Je reprends une bonne gorgée de son thé avant de poursuivre. La séparation entre les deux branches s’est faite suite à l’assassinat d’Eien envers Tokuma, notre représentant. Les seuls que je considère comme les miens ont enfin reçu la goutte d’eau faisant déborder le vase pour décider de s’enfuir. Cela fait déjà plusieurs années que j’attends une occasion pour prendre ma revanche sur la Soke et l’heure est arrivée.

Je me relève après ce long discours, laissant mes yeux se fermer quelques secondes le temps que je me redresse. Repensant à cet épisode de mon massacre envers cette famille princière.

J’ai moi aussi décidé de m’attaquer aux Hyuga de la Soke lors de mon départ pour leur faire comprendre que je reviendrais et qu’ils devront me craindre, surtout la “Terreur Pâle”. J’en révèle beaucoup, peut-être un peu trop, mais si je ne prends jamais de risque, je n’arriverais jamais à mon but. Tu dois le savoir autant que moi, pour réussir à tuer cet homme, il faut des alliés et tu es la première personne à qui j’ai pensé lorsque j’ai décidé de partir.

Je fini par me rassoir pour finir mon thé, je venais à présent de tout lui expliquer. Je n’ai pas spécialement de plan pour le moment, ni même de marche à suivre, je dois d’abord me trouver des alliés solides et si même un homme détestant profondément les Hyuga n’est pas prêt à accepter mon aide, alors ma quête semble profondément plus difficile que je l’imagine.

C’est malheureusement le cas, toujours une histoire de vengeance depuis la nuit des temps. La haine engendre la haine et nous sommes enfermés dans un cercle vicieux infini, le serpent venant se mordre la queue encore et toujours.

Regard perdu dans mon thé également, je suis très vite de retour dans le présent auprès de cet homme manquant complètement de respect. Son rire enfantin qui ricoche avec ses mots parlant de bêtises, alors que je n’ai fait que lui donner des faits de mon histoire. Me serais-je fourvoyé sur les ambitions du désert ? Certainement, dans ce cas je n’ai plus vraiment besoin de perdre du temps en ces lieux.

Je ne le laisse même pas finir sa préparation, présentation, de repas pour me lever et ramasser mes affaires. Je doute fortement que je puisse repartir d’ici sans devoir combattre, mais peu importe, si je dois faire couler le sang pour ma liberté, je le ferais sans hésiter, comme je l’ai toujours fait. Dos à lui, mes yeux se concentrent sur le désert extérieur.

Moi qui pensait faire la rencontre d’une personne assez ambitieuse et motivée, ayant l’intelligence de comprendre qu’on ne vit pas dans un monde où il suffit d’avoir de l’espoir pour atteindre ses objectifs. Je me retourne pour le regarder une nouvelle fois dans les yeux avant de partir. Tâche de faire preuve de respect quand un homme te parle de ses racines, bon courage avec ton petit groupe de nomade pour atteindre Eien et Hideyoshi, si tu t’arrête à ça tu n’as aucune chance.

C’est à ce moment-là que je décide de prendre congé, me retournant et commençant à marcher doucement vers la sortie. Mon Byakugan activé, je prends quand même soin de surveiller mes arrières, on ne sait jamais quelle sera sa réaction. Paume posée sur la garde de mon katana, prêt à le dégainer à tout instant. Il est fort dommage que cet entretien fut si court, mais je ne peux pas accepter ces conditions, qui est-il pour me prendre de haut comme ça ?

J’aurais peut-être dû manger un bout avant de partir quand même, j’avoue qu’elle avait l’air bonne sa bouffe de l’arbre monde.