Poser un premier pied sur Yajiri, c’est bien. S’assurer d’y rester sur le long terme, c’est mieux. Au vu de la juxtaposition de l’île avec le pont de Shimo, ergo avec les créatures de Givre et les sauvages qui s’y prélassaient, il était nécessaire de contrôler les eaux afin de prévoir de fâcheux raids. Ainsi, en compagnie du manipulateur de glace, Ato décida d’analyser les côtes, à quelques lieues du QG de Kiri, pour y installer des défenses.

— L’avantage, c’est que nous avons déjà une expérience en matière de digue. Tu sais, après Idō-Shima.

Des paysans locaux étaient en train de pêcher au bord de l’eau. Peut-être fallait-il prendre également ce détail en compte. Le binôme pouvait-il se permettre de déranger le quotidien paisible des habitants de Yajiri ?

La réponse allait devoir être trouvée.

— Je ne tiens pas à ce que des pirates contrôlés viennent toquer à notre porte pendant la nuit. Il nous faut des moyens pour nous défendre. Avec nos pouvoirs de consolidation, nous pouvons transformer le paysage.

Le bac à sable – et d’eau – devant les deux Éveillés était gigantesque. Il y avait tant à faire pour préparer la défense perpétuelle du rivage. Le but, en cas d’attaque, était de ralentir les opposants, après tout ; le temps que les forces armée arrivent sur le champ de bataille, avec hâte et précipitation.

— Je m’occupe de cette partie, tout à gauche.

Ato désigna, de son doigt, une surface assez grande, au loin. La perspective semblait faciliter la chose. Mais l’enfant de l’os allait bien vite se raviser, en arrivant sur place…

— Heureusement que nous avons un don pour la modélisation.

Le fusionné multiplia les signes incantatoires, et plongea ses mains dans le sable. Aussitôt, ses os se prolongèrent sous terre pour former tout un réseau de racines calciques. Malgré les œillades des pêcheurs alentours, complètement stupéfaits face à l’étalage de cette prouesse contre-nature, l’Éveillé continua son œuvre pour lever un long rempart osseux sur une longue distance. À mi-hauteur d’homme, la protection était là pour arrêter les vagues, ou ralentir la progression d’une armée.

Ato fit un signe de main à son compagnon, au loin. Le plan était en marche.

Fortifications :

Règle de jeu (Aide-Contrat) :

Les préparatifs étaient en marche. Glace et os émergeaient respectivement de mer et de terre afin de s’imposer au décor – au grand dam des pêcheurs locaux, craintifs de la perte de leur business plan. Déjà, des autochtones beuglaient à tout va devant les dérèglements véritables de la faune aquatique, jusqu’à employer une arme tout à fait effroyable sur le tueur de Bijuu : un coup de canne à pêche.

Évidemment, l’attaque ne fonctionna pas, mais Ato redouta les représailles de l’affin au chakra. À l’instar de son pouvoir, disposait-il d’un sang froid à toute épreuve ? Dans le doute, le Kaguya s’avança vers le nœud du problème, et essaya d’employer le pouvoir des mots afin de gagner la confiance de ces gentilshommes.

— Messieurs ! Vous ne devriez pas rester ici. Il y a un front à quelques lieues de là. Des Shimojin pourraient frapper d’un moment à l’autre. Laissez-nous protéger cette bande de terre, et l’île Yajiri toute entière.
— Mais j’habite ici depuis trois générations, moi ! J’ai une femme et des enfants ! Je ne vais pas me faire une demi-journée de marche pour aller pêcher ! Enfin… je suppose que je comprends… c’est quoi, de pouvoir travailler, si on risque de se faire découper…


— Privilégiez les cours d’eau. Je ne sais même pas pourquoi vous êtes là en premier lieu. Vous avez vraiment du succès à pêcher sur la plage ?
— Eh bien…

Le paysan semblait bien pantois.

— Disons qu’on ne pêche pas vraiment.
— C’est bien ce que me je disais. C’est complètement stupide.
— C’est apaisant, voilà tout. Et on profite du fracas des vagues. C’est reposant.
— Si vous le dîtes.
— Je suppose qu’on va devoir changer de passe-temps. Tant que ça m’emmène loin de ma femme !

Le pêcheur improvisé fit un signe de la main, ramassa son bordel, et quitta la plage pour rejoindre l’intérieur des terres.

Soudain, le Vestige d’Uhen remarqua un détail particulier.

— Seijirô ! Regarde la mer. Elle semble se retirer. Ça n’est pas une bonne nouvelle. Et je ne pense pas que la lune soit la seule responsable d’une marée aussi agressive.

Une attaque, déjà ?

— Je vais accélérer la fortification.

Ato commença à rejoindre son rempart, et à courir sur toute sa longueur, insufflant son chakra dans ses jambes pour gagner en vélocité, lors d’une ruée efficace. Une fois le bord de la structure atteinte, il enchaîna les signes incantatoires, et se mit à prolonger la digue improvisée sur une longue distance (B — Ninjutsu/Kaguya) ; avant de se continuer à courir sur cette même distance pour rejoindre un terrain vierge (B — Taijutsu) ; puis d’employer la même arcane sur un autre pan de sable (B — Ninjutsu/Kaguya).

Hélas, toute une portion de plage était encore exempte délaissée. Mais il fallait jouer ses cartes au maximum.

Fortifications :

Règle de jeu (Aide-Contrat) :

À l’horizon, le drapeau noir d’un navire à la solde du Capitaine Pirate Shiki était apparu. Par un concours de circonstance, ou alertés par l’action préventive des deux Fondateurs de la Brume, ces agents du chaos et de la barbarie avaient décidé de sortir leur épingle du jeu – ou plutôt, en l’occurrence, de sortir leurs canons des ponts inférieurs. Des détonations se firent entendre ; aussitôt, des projectiles imposants sortirent du galion, pour venir se fracasser contre la digue que venait d’ériger le Yuki (Case C). L’impact bien physique du métal contre la glace provoqua un bruit sourd, qui fit trembler l’air. Et, déjà, le navire pirate rechargeait déjà ses canons, après ce premier tir de calibrage, afin d’annihiler la résistance Kirijin.

— Ils sont trop loin ! Résistons avant l’arrivée des renforts ! Érigeons des remparts dantesques pour protéger les villages alentour ! Ça va fonctionner !

Aussitôt dit, des civils – venus des villages à proximité – se rapprochèrent de cette zone d’intérêt. Le bruit, les détonations, les structures d’os et de glace – toutes ces anomalies avaient attisé leur curiosité, jusqu’à les convaincre de venir déranger le terrain de bac à sable. Il y avait de tout ; des gens plutôt compétents et motivés, d’une part, capables de prendre des outils pour renforcer ou réparer les constructions des Éveillés ; mais aussi des êtres incompétents et inutiles, d’une autre part, là pour observer, déranger, critiquer, entraver. Malgré la tension diffuse dans l’air, mêlé au risque de se faire exploser par un boulet de canon, ces braves autochtones de Yajiri – alertés par le pêcheur de tantôt ? – décidèrent de faire de cette plage leur nouveau territoire de vie.

Arrivée de civils :

— Mais bordel, qu’est-ce que vous faites ?!
— On vient vous donner un coup de main, pardi !

Tandis que, de l’autre côté, un villageois commençait à donner des coups de marteau de plus en plus violents sur une digue osseuse (Case 1), pour estimer sa résistance, par pure curiosité, jusqu’à arracher un premier gros morceau.

— Vous allez vous faire trucider ! Fichez le camp !

Sans tarder, Kaguya Ato parcourut le front afin de poursuivre son schéma de digues. À l’aide de son Chakra, de son aisance de déplacement, et de son potentiel de modélisation via son argile calcique, il hérissa le reste de la plage (Case 4 et 5), formant une véritable muraille calcique sur un équivalent de cinq unités de « longue distance » placées l’une à côté de l’autre.

Toutefois, c’en était trop pour sa résilience. Voyant une troupe de villageois perdus en train de saboter sa construction tout juste levée, il alla les voir, le poing serré, le cœur plein d’adrénaline, prêt à leur donner une leçon de vie pour les années à venir.

— Repartez chez vous, si vous êtes incapables de tenir le front. Ce n’est pas un jeu. C’est la guerre ! Mettez-vous en travers de notre défense, et j’utilise vos squelettes pour renforcer la digue.

Fortifications :

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Les civils s'acclimataient au danger fou représenté par le navire pirate ; un premier tir de sommation avait anéanti une digue Seijirô ; et puis, après une danse endiablée entre les Kirijin et les locaux abrutis par l’ennui, l’Ennemi décida de débuter les vraies hostilités. Ce ne fut pas un boulet de canon, mais trois, qui sifflèrent dans le ciel pour atterrir sur la côte hérissée d’os et de glace.

Un projectile frappa un rempart situé à l’extrême Sud-Est, porté par le vent et l’aléatoire, tandis que les deux autres touchèrent en plein cœur la seule faille du gigantesque réseau défensif, profitant de l’absence de protection maritime  – détruite par le tir de sommation – pour aller plus loin dans les terres de Yajiri. Au rythme des explosions, le dernier boulet vint arracher la vie d’un civil innocent.

— Seiji, s’ils se permettent de tirer, c’est qu’ils sont à portée ! Ça veut dire qu’on a notre chance ! Et il faut aussi penser à reconstituer les remparts ! Kiri ne peut laisser ses protégés mourir de la sorte !

En employant son arcane morbide, Kaguya Ato s’avança vers les ruines de son rempart, et profita de ses miettes pour la reconstituer. Le mur calcique se releva de nouveau, réhaussant par la même occasion l’enfant de l’os, qui surplombait l’horizon. Dès lors, il visa le navire – en mouvement ! – des pirates d’un bras tendu, et expulsa à toute vitesse son radius déformé vers sa cible, par deux occasions. Les deux projectiles arrachèrent le bois du bateau ennemi, mais celui-ci était toujours capable de riposter.

Et, d’ailleurs, les cavaliers des mers rechargeaient déjà leurs canons…

— ABRITEZ-VOUS, ILS REMETTENT LE COUVERT !

Combien de civils allaient-ils être sacrifiés avant la destruction du navire de guerre ?

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