Les épices d'occident ( Flashback 137

Les épices d'occident

Flashback 137 - Nakago

"Il mérite son nom."

Le Bazar aux Mille Couleurs était une épopée sensorielle. Les étals débordaient d'une profusion de couleurs et de saveurs, créant un spectacle vibrant pour les visiteurs. Montagnes de mangues dorées, grenades scintillantes, oranges juteuses, dattes acajou et pâtisseries au miel emplissaient l'air d'arômes sucrés, évoquant une symphonie olfactive envoûtante. Les éventaires regorgeaient de pyramides d'épices et de poudres, où le curcuma, le poivre, l'encens, le cumin, le curry et le safran s'engouffraient dans des combats olfactifs, créant un mélange enivrant qui flottait dans l'atmosphère. Les boutiques étaient des trésors d'artisanat, célébrant la créativité et l'habileté des artisans locaux. Cet arc-en-ciel surprenait la pupille du trentenaire, durant son voyage pour collecter les informations, il n'avait jamais connu un lieu pareil... Vivre dans la crainte de Hakugaku l'avait rendu plus que sinistre, en quittant cette terre souillée par l'arrogance Kaito avait redécouvert la lumière.

Des bijoux étincelants, des broderies fines et des œuvres d'art locales inondaient le souk d'une panoplie infinie de marchandises, transportant les visiteurs dans un monde visuel éblouissant. Sous le regard jaloux des étalages, musiciens traditionnels, charmeurs de serpents, conteurs de légendes, danseurs occidentaux, potiers, tisserands et autres commerçants rivalisaient d'ingéniosité pour attirer l'attention des passants. Les ruelles, façonnées par la présence changeante d'échoppes au gré des saisons, s'étiraient sur plus de la moitié du pays savanien. Ce chef-lieu de l'art était le marché le plus vaste et le plus animé du monde, une véritable symphonie de diversité et de créativité qui faisait du Bazar aux Mille Couleurs un lieu inoubliable. Clignant des yeux, le voyageur tenta de bloquer ses sens à l'afflux qui coulait dans ses narines, dans ses oreilles et dans son esprit. La sobriété des monastères était à des années-lumière de cette province des céramiques, doux euphémisme pour cette avalanche qui écrasait le nouveau venu, le rendant saoul de ces expériences qui entrouvraient les portes devant lui. Il tenta de tout retenir pour décrire, plus tard, cette ambiance si précise, mais il ne le put jamais... C'était à vivre, pas à raconter.
En milieu de journée, la rue du Bazar était une effervescence vibrante et captivante. Le soleil du milieu de journée baignait les étals du marché d'une lumière chaude, faisant resplendir les couleurs éclatantes des produits exposés. L'atmosphère était électrique, imprégnée d'une énergie frénétique alors que les visiteurs se pressaient le long des étals, chacun cherchant à découvrir les trésors cachés du marché. Ils cherchaient le matériel alors que Kaito présentait que ce qui se jouait içi était plus grand... L'information, quelle belle richesse. Il entreprit alors de questionner certaines étales sur un guide, quelqu'un à interroger pour connaitre la région, la ville, les traditions. Tout ce qui faisait de la Céramique un monde à part. On lui indiqua un magasin, où une dame vendait des artefacts spéciaux... Mais ce n'était pas ce qui intéressait l'Usuzumi. Ce qu'il voulait, c'était la deuxième partie. La maitresse de l'établissement était ancienne et elle avait l'expérience, disait-on, de mille hommes.

"Pas mal."

Un carnet dans la main, il marcha d'un pas rapide et dynamique vers la destination qu'on lui avait indiquée... Quelles questions il allait poser ? Il n'en avait aucunes idées. Il était un chercheur, et ces gens-là cherchaient sans répit la Vérité.

Sphinx. Yukio 021

Epices d'Occident

Your fond memory
Will keep returning
In the dimness
Of the hazy moon

Exubérant. C’est le mot adéquat, ni trop, ni pas assez, qu’on pourrait aisément accorder au Bazar des Milles Couleurs, fleurons du pays de la Céramique. Laissé intact malgré les troubles, l’afflux de visiteurs, locaux ou étrangers, ne cessait jamais vraiment. Et leurs regards émerveillés, eux, ne s’étiolait pas plus que la foule qui ne connaissait, finalement, jamais vraiment tous les recoins de cette ode à l’artisanat. Un épicentre d’effervescence d’ont Nakago ne faisait, depuis l’une des des fenêtre de la plus vieille maison de thé des lieux, que profiter dans l’attente de rencontrer quelques curieux quant à son discret commerce. La mère des orphelins du Progrès déguste paisiblement ses dangos, adressant quelques sourires à la vieille connaissance qu’était la propriétaire de l’établissement. Une autre esclave affranchie par la Rébellion, qui autrefois avait bien failli perdre la vie en officiant comme espion. Un courage sans borne et sans reproche, pour un singe dépourvu de chakra qu’elle avait dû sauver pour les apparences.

Aujourd’hui, la vieille médecin ne regrettait pas ce choix. Aussi futile que soit l’existence de cette vieille femme rescapée, elle avait au moins le mérite d’un don exceptionnel : celui de faire des desserts à s’en damner. Desserts qu’elle espérait sagement préservés dans le sang neuf qui courrait dans les allées de la petite boutique pittoresque, sans quoi il lui faudrait peut-être envisager de la sauver, un fois de plus.

Feuilletant le livre à son côté, elle prend quelques notes avant de se replonger distraitement dans l’étude de la salle, dans laquelle venait d’apparaitre une nouvelle tête, inconnue. Un grand brun, très certainement pas du coin vu ses regards réguliers vers le carnet ouvert dans sa main. Doucement, elle délaisse son pinceau et son encre à l’abandon, laissant sécher les figures techniques tracées sur une esquisse humaine, pour s’emparer d’un autre dango et sourire amusée de voir la tenue du dernier client de l’échoppe y être étrangement assortis. Ce n’est que lorsque la dernière sphère se met à fondre contre son palais qu’elle brise enfin le silence, alors que l’homme prend place face à elle.

— Vous avez l’air perdu. Nakago plisse les yeux, posant le baton nu avec les autres dans le plat posé entre eux. Cela dit, si vous souhaitez du repos, vous êtes au bon endroit. Aimi a un certain talent pour faire disparaitre vos soucis dans la nourriture.

Passé - 137
Avec Usuzumi Kaito
Quelque part, dans le Bazar des Milles couleurs

Les épices d'occident

Flashback 137 - Nakago

Au cœur du bazar animé, un salon de thé s'étendait dans une ambiance feutrée et raffinée.

Kaito n'eut pas de mal à trouver, puisque la réputation de l'endroit précédait le lieu... S'arrêtant devant la boutique recherchée, il l'avait trouvé fermé, alors un voisin lui indiqua où la propriétaire avait ses habitudes. "Une amatrice de thé." Le trentenaire hocha la tête avant de se rendre au pilier de la restauration.

Les nattes de tatami recouvraient le sol, offrant une assise confortable aux clients. Des cloisons en papier de riz délimitaient discrètement l'espace, créant une atmosphère d'intimité au sein de l'effervescence du marché. Les murs étaient ornés de panneaux de bois aux motifs délicats, évoquant des scènes paisibles de la nature du Continent. Des lampions en papier suspendus diffusaient une lueur douce, répandant une lumière tamisée qui accentuait la quiétude de l'endroit. Des étagères en bois exposaient des boîtes à thé délicates, des bols à matcha, et d'autres objets d'artisanat japonais. Des nattes de paille recouvraient les sièges, invitant les clients à s'installer confortablement et à s'immerger dans l'ambiance apaisante du salon. Des notes de bambou, de céramique et de bois imprégnaient l'air, créant un parfum subtil et apaisant. Le son de l'eau frémissant pour la préparation du thé résonnait discrètement. Une maîtresse de thé, habillée dans un kimono élégant, s'affairait avec grâce derrière un comptoir en bois, créant une cérémonie du thé au ralenti, comme si chaque geste était une œuvre d'art. La fameuse Aimi dont les préparations, autant liquide que culinaires ravisaient les papilles.

Les clients, assis à des tables basses, semblaient plongés dans des conversations douces, savourant leur thé tout en observant le va-et-vient du bazar à travers les cloisons de papier. S'avançant vers le comptoir, l'Usuzumi demanda vivement où trouver la fameuse propriétaire aux mille secrets et avec un grand sourire la dame lui montra de la main une table, à l'écart, où une vieille dame dégustait des desserts avec une gourmandise digne de son âge. Clignant des yeux, Kaito s'arrêta sur son regard d'une couleur étrange, mais qui ne cachait pour l'instant aucun secret séculaire.

Un pas, puis un autre, et voilà que le voyageur se retrouvait à la table.

Un carnet est posé devant elle, figurant quelques dessins... Concentrant son regard sur celui-ci, plutôt que sur le visage ridé, de la... Sexagénaire ? Des figures humaines, accompagnée de notes. Un livre servait de base à une étude, mais il n'eut pas le temps de lire le titre que déjà il fallait s'asseoir. "La connaissance n'attend pas." Nullement surprise, la fameuse chercheuse commenta la perdition du voyageur, proposant avec facétie que les tracas disparaissent avec la nourriture du lieu. "Le repos, quelle belle proposition."

- Il y a malheureusement, madame, des choses qui collent à la peau et qui occupent mes repos ainsi que mon sommeil. Qu'est-ce que c'était ? La Vérité tant recherchée ? Les méthodes pour changer un monde injuste envers ceux qui n'avaient pas le chakra ? Pour éduquer ceux qui l'avaient vers une forme plus sympathique d'exercice de leurs talents ? Peut-être tout à la fois. Un dessert se révélerait pourtant un bon début, ou une consolation. Fouillant dans son kimono, Kaito sortit son propre carnet où il notait depuis quelques années les informations qu'il amassait, par ci et par là. Je suis un Usuzumi, c'est la transhumance annuelle pour ramener une information au clan et... De passage, on m'a appris que vous étiez un puits de science. Je viens voir si l'eau est fraiche. Rigolant, le trentenaire n'avait pas encore appris le tact. Kaito, au fait. Je peux vous offrir un peu de nourriture ou un verre, si cela vous agrée.

Sphinx. Yukio 021