Rencontre d'os et de sang (Flashback 149

Rencontre d'os et de sang

Cascade de la vérité - Kossetsu

Courir, ne faire que ça...

Issei sprintait pendant des jours, mettant à profit sa formation, mais elle-même ne l'avait pas préparé à ce qu'il avait vécu. Le kidnapping, la peur, la libération et la tension d'être découvert, puis le meurtre des soldats du Pays du Riz pour s'en sortir et toujours courir. Haletant, le garçon sauta de rocher en rocher pour passer le lit d'un fleuve et le remonter : L'idée était d'effacer sa trace dans l'eau, au cas où l'état avait des limiers. Un peu gisait à ses pieds et il faisait attention à ne pas tomber pour se rompre un membre, la nuque ou juste se mouiller les vêtements élimés et qui sentaient terriblement mauvais. L'urine des kidnappeurs avait marqué son voyage et à chaque respiration avec le nez, il émettait une moue de dégout. Les jambes lui faisaient mal, le peu de repos qu'il avait pris avait été gâché par la peur d'être rattrapé, mais par qui ? L'unité qu'il avait exterminé n'avait pas annoncée avoir de renforts et les marins qu'ils avaient éliminés n'avaient pas nécessité plus de moyens, et n'avaient créé aucune blessure chez les militaires. C'était de la pure peur qui avait fait avancer le Chinoike et c'était ça qui l'avait lancé dans ce plan grotesque de dépasser un fleuve, comme une limite imaginaire entre le danger et lui. Passant donc sur la rive est, il se sentit apaisé, mais préféra remonter le courant à vitesse grand V pour assurer ses arrières.

Devant lui surgit une puissance de la nature : Une grande cascade se déployait majestueusement, déversant ses eaux tumultueuses avec une force inlassable. L'eau créait un voile éclatant qui scintillait sous les rayons du soleil. Le grondement continu de la chute d'eau résonnait dans toute la vallée, remplissant l'air d'une symphonie naturelle. À mesure que les eaux chutaient, elles formaient un torrent puissant qui s'écoulait avec une énergie indomptable à travers la vallée. Les gouttes d'eau s'élevaient en un brouillard fin, créant une atmosphère rafraîchissante tout autour. À l'intérieur du torrent tumultueux, des carpes koï nageaient avec une grâce insouciante. Leurs écailles chatoyantes reflétaient la lumière du soleil, créant des éclats de couleurs vives au milieu de l'eau tourbillonnante. Les carpes, habituées à la force de la cascade, naviguaient avec aisance dans ce courant puissant, trouvant des recoins abrités où se reposer momentanément avant de reprendre leur voyage. Ralentissant l'allure devant le spectacle, le petit s'arrêta tout bonnement pour admirer.

La scène tout entière était une célébration de la puissance de la nature, où la cascade, en constante dégringolade, orchestrée par le temps imparfait, continuait à sculpter la vallée tout en accueillant les carpes koï qui naviguaient avec grâce dans ce tableau naturel ininterrompu. Une vague de fatigue prit le Chinoike et il s'assit sur une roche, près de l'eau, pour reprendre son souffle. Une constatation fut de mise : Il avait faim, il avait soif... Il avait sommeil également. Son cerveau ainsi que son corps fonctionnait en automatisme, des mouvements bien intégré par l'entraînement : Courir, sauter, survivre. Déglutissant, il découvrit enfin une gorge sèche qui était malheureusement la sienne. Lentement, comme sortit d'une torpeur, il s'avança vers l'onde fraiche pour prendre une pleine coupelle d'eau avec ses mains et la boire, puis ensuite l'appliquer sur son visage ruisselant de sueur. Il faisait plus chaud ici qu'à Mizu no Kuni. Issei ne l'avait pas compris, avant, mais avec les derniers jours, il sentait le climat le toucher plus intensément qu'ailleurs.

- Super... Super... Reprenant son souffle, il mit fin à toute convenance et plongea sa tête dans l'eau pour rafraichir tout ça, avant de ressortir le tout pour mieux se déshabiller et se laver, pour chasser la mauvaise odeur et les mauvais souvenirs.

Plongeant dans l'eau, le Mizujin repris contact avec l'élément qu'il avait connu toute sa vie, sous une forme plus douce tout de même. Le seul courant apparent était celui de la cascade, un peu plus loin, mais rien ne pouvait imiter les vagues et leur roulis apaisant. S'asseyant sur les petites pierres, dans l'eau, il fit le point sur sa condition et sur la situation. C'était complexe, très complexe. Son clan était détesté sur le Continent et seul, il était vulnérable.

- Maman... Interdiction de pleurer, cela ne pouvait rien faire avancer, pour autant quelques larmes vinrent rejoindre le fil de l'eau, comme un sacrifice à la divinité du coin. Prenant de grandes respirations pour se calmer, il sanglota un moment avant de couper le flux en mettant sa tête sous l'eau, pour n'entendre que le silence ponctuait du clapotis de la cascade.

C'était bon.

Le chaos laissait place au vide et Issei pris goût à ceci, dommage qu'il fallait remonter pour respirer car sinon il serait resté des jours dans cet état flottant. Agrippant un rocher pour se hisser hors du lit, le Chinoike fut surpris par un bruit proche. Complétement nu, il était vulnérable, mais cela ne changeait guère à sa situation habillée. Il lui restait ses poings, son agilité et son envie de vivre. Quitte à déchirer la chair de l'adversaire qui voudrait l'arrêter.

Sphinx. Yukio 021

Avant de se diriger vers Kaze, il fallait d’abord traverser le pays du Riz. Une épopée inévitable pour parvenir à sa destination tant convoitée. La route est longue, et elle sera sûrement parsemée d'obstacles. Pour autant, plus il s’éloignait, plus il diminuait le risque de se faire attraper par ses détracteurs. Le fait qu’il ait survécu à son combat contre Orochi ne jouait pas en sa faveur. Il gardait néanmoins la tête haute et espérait devenir suffisamment fort avant que ce dernier ne lui tombe dessus.

Durant cette longue et pénible marche, il parvient à une cascade dont le bruit si reposant lui caresse les tympans, et où il se sent bien. De l’eau, une légère brise, un soleil qui laisse une température ambiante des plus douces… Il le savait : c’était le moment où jamais de se reposer. Retirant son t-shirt laissant un corps musclé et sec sculpté par des cicatrices, il se mouille la nuque et le visage pour retrouver un peu de fraîcheur puis il se laisse tomber au sol, sur le dos tout en guettant le ciel bleu qui se hissait devant lui.

Les paupières lourdes, celles-ci tombèrent et il partit dans une profonde inconscience où le subconscient prenait le relais. Un cauchemar sanglant le sort des abysses tandis qu’il se redresse rapidement tout en haletant comme s’il venait de courir un marathon. Un regard à droite, puis à gauche le ramène à la réalité, et il tombe à nouveau au sol dans un soupir de soulagement. Dès lors, impossible de se rendormir. C’est suite à cela qu’il se leva et alla au bord de la cascade où il pouvait voir cette quantité incommensurable s’écraser au sol quelques dizaines de mètres plus bas.

C’est un petit garçon qui attira son attention. Les sourcils fronçaient, il guette l’enfant comme une proie. Que faisait-il ici ? Est-il un espion ou un tueur à gage ? Ce monde était bien trop fourbe pour que ce soit qu’une coïncidence. Le regard accusateur, Kossetsu se laissa tomber dans le vide et atterrit sur une branche d’arbre juste avant de se laisser tomber à terre. Une fine brindille craqua suffisamment fort pour attirer l’attention du jeune garçon.

Le Kaguya pointa son index vers l’intru tout en se servant de son pouce comme viseur. Il sort des broussailles dans un bruit de frottement de la flore puis s’approche du gamin… Prêt à tirer une phalange.

”Je ne te connais pas, mais si tu bouges, quelque chose va te transpercer l'œil et sortir derrière ta tête, étalant ta cervelle sur la cascade derrière toi.”

Un pas de plus et la distance entre les deux protagonistes étaient suffisantes pour que chacun puisse parler sans trop d’effort. L’index vise précisément l'œil du futur défunt - si toutefois celui-ci décide de bouger.

”Tu vas me dire qui tu es, et pourquoi nos chemins se croisent. Mais avant ça…” Le pied de Kossetsu se loge dans les vêtements du gamin. Un coup de pied envoie les habits sur lui. ”Tu vas te rhabiller. On va rester un minimum civilisé.”

Voir un enfant à poil se baigner n’était pas quelque chose de plus agréable à voir. C’est pourquoi - malgré un caractère un peu dangereux - il prit la peine de faire preuve de bon sens… Un autre bon sens voulait qu’il soit un peu plus bavard aussi… Dans un passé pas si lointain que cela, la phalange serait déjà parti, et un corps de plus aurait été à déplorer au sein du pays du Riz…

Rencontre d'os et de sang

Cascade de la vérité - Kossetsu

Clignant des yeux, le gauche caché par une mèche de cheveux encore mouillé, Issei découvrit la source du bruit qui l'avait sorti de sa béatitude.

Sortant des broussailles, un adulte qui le tenait en joue avec... Son doigt ? Un index pointé, un pouce levé comme un viseur, cela ressemblait à une menace même si rien n'indiquait une arme quelconque dans la main de l'individu. C'était alors lui, l'arme ? Le Chinoike pouvait le croire, il avait vu des membres de son clan propulser leur sang par les ongles pour des attaques rapides... Alors le nouveau venu pouvait faire pareil ? Claquant sa langue contre son palais, frustré de se retrouver une nouvelle fois impuissant, il resta immobile en attendant des prochains mouvements. Son instinct avait parlé en premier, laissant quelques secondes d'inattention où sa mine grave avait été voyante, puis il ouvrit la bouche et adopte un air plus stressé et terrorisé.

Une peinture de maitre, sur son minois.

- Je... J'ai peur, monsieur. Baissant les yeux, le garçon calcula la distance qu'il y avait entre lui et l'envahisseur de son espace. C'était trop pour une charge et en courant en ligne droite, il allait simplement se faire transpercer le crâne.

La menace voulait des réponses : Nom, présence ici... Il eut cependant la gentillesse de donner ses vêtements à Issei, chose que l'enfant accepta avec une petite moue vue l'odeur et les événements relatifs à ces bouts de tissus qui avaient bien vécu. Prenant un certain temps pour renfiler tout ça, sans vomir, le petit zieutait de temps en temps l'index pointé pour garder son statut de victime et ne pas être une menace. Chose faite, il se remit droit comme un "i" et expliqua le tout.

- Je... Je m'appelle Issei, monsieur. Je voulais juste me baigner... Je vous connais pas, moi. L'œil droit grand ouvert, le gauche dissimulé, il pouvait passer sans trop de problème pour un gamin civil aillant peur. Vu ses propos, l'homme ne le pourchassait pas... Limite, il se faisait pourchasser, lui.

C'était un quiproquo, le Chinoike pouvait s'en tirer si son statut de Mizujin ou son affiliation au clan du sang n'étaient pas dévoilés... Il n'y avait aucune raison que ce soit le cas, d'ailleurs. Soupirant, faisant passer ça pour de la pression qui tentait de sortir, le petit goûtait sans trop d'humour à une situation qui pouvait escalader rapidement. Se faire passer pour un civil permettait de se sauver de bien des problèmes, mais si le nouveau venu était un peu plus sadique alors, il allait falloir se battre pour sauver sa peau. L'élément de surprise, il l'avait, mais ensuite ?

- Pitié, me tuez pas, je ne veux de mal à personne... Je voulais juste me laver. Mes vêtements puaient, c'était une infection ! La preuve était l'odeur, ça on pouvait l'enlever.

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Vivre sur un Continent aussi dangereux que l’était celui-ci, n’aidait pas ce jeune garçon. Tout le monde se méfiait de tout le monde, et il était difficile de faire confiance à quiconque. La preuve en est : Kossetsu ayant simplement vu un jeune garçon se baigner, finissait avec l’index dans sa direction prêt à tirer une phalange si celui-ci tentait quoi que ce soit. Alors que nous parlions d’un enfant ! Mais était-il réellement celui qu’il prétendait ? Était-il réellement un garçonnet innocent ? Ou avait-il simplement l’allure d’un enfant mais au fond, il était bel et bien un adulte ? Était-il réellement un jeunot ? Ou un assassin profitant de son allure enfantine ? Lorsque l’on est Recherché, la réflexion n’est plus la même… Il faut tout prendre en considération et se méfier de tout le monde.

Quoi qu’il en soit, il s’était présenté comme s’appelant Issei. Il voulait juste se baigner, ses vêtements ayant une odeur nauséabonde. Et ça, c’était vrai. Malgré une cascade majestueuse et une ambiance des plus parfaite pour un repos bien mérité, une sorte de petit voile incolore flottait dans les airs et laissait une odeur de renfermé pas très agréable. Une simple inspiration avait suffi au Kaguya pour vérifier la véracité des propos d’Issei.

Pour autant, la confiance n’était pas encore installée. Kossetsu n’étant pas réellement connu pour faire dans la dentelle et être des plus bavards, il fallait marquer le coup. L’index toujours en direction d’Issei, l’épiderme s’écarta laissant apparaître une phalange. Celle-ci fut propulsée par le chakra et passa juste à côté du visage de l’enfant. Peut-être même assez proche pour créer une petite blessure au niveau de la joue… L’attaque finit dans l’eau et souleva un voile d’eau ne permettant pas à Kossetsu de vérifier la bonne visée de sa technique.

”Si tu n’es pas honnête, la prochaine fois elle passera dans l'œil.”

Ce n’était clairement pas judicieux sur l’aspect de la discrétion. Kossetsu se devait de ne pas faire parler de lui, et ce serait raté s’il continuait à procéder de la sorte. Néanmoins, cela faisait partie de son caractère et il ne comptait pas changer celui-ci. Une petite jugeote après son acte fit tout de même son apparition. Sa main retourna le long de son corps et se logea dans sa poche.

”Je ne te tuerais pas. Ce ne serait pas une bonne idée de toute façon. Et je t’estime pas assez fort pour me donner cette peine.”

En effet. Lorsqu’il s’est confronté à Orochi - le bijû sans queue n’ayant jamais connu la défaite - ce n’est pas un petit homme n’ayant même pas encore subi l’adolescence qui pourrait l’inquiéter. D’ailleurs, Kossetsu se laissa tomber en arrière et il se mit assis face à Issei. Ils allaient tous les deux parler un peu. Malgré tout, le Kaguya voulait en savoir un peu plus sur lui.

”Comment ça se fait qu’un gamin soit ici, seul et pas accompagné de ses parents ? Le Continent est dangereux.”

Quel parent laisserait son enfant s’aventurer seul dans un Monde rempli de dangers, d'ennemis et de bestiaux qui ont envie de te bouffer ? Et peut-être qu’Issei était tombé sur une bête de ce genre…

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Cascade de la vérité - Kossetsu

L'instant d'hésitation fut soudainement interrompu par la phalange qui passa à une distance infime de son visage.

Les cheveux blancs de l'enfant frémirent sous la brise de l'objet en mouvement. La cascade, en arrière-plan, semblait figée dans le temps, tandis que le petit os tranchait l'espace devant elle. Les gouttelettes d'eau suspendues dans l'air semblaient retenir leur chute, comme si même la nature avait brièvement suspendu son cours, choquée par l'événement soudain. Issei avait vu la peau s'espacer pour laisser sortir le projectile... L'objet poursuivit sa course, laissant derrière lui un sillage invisible. L'enfant, indemne mais visiblement surpris, resta là, les yeux grands ouverts devant la proximité de l'incident mais aussi par la présence d'un clanique de Mizu no Kuni, loin de chez eux, et si proche de lui. La cascade, quant à elle, reprit son rugissement régulier, comme si elle avait assisté à un instant éphémère d'interruption dans son écoulement constant. La scène, éclairée par la lumière jouant sur les gouttes d'eau de la cascade, paraissait suspendue dans un instant captivant. Déglutissant, le Chinoike fut néanmoins content de cette marque familière dans un espace si hostile. Un des siens ?

Demandant la sincérité, sinon la mort viendrait cueillir l'enfant, l'homme s'assit, arrêtant sa menace pour parler... Il ne jugeait pas le garçon comme assez fort pour mériter la mort, pensant pouvoir sans doute maitriser le civil. C'était sans doute vrai : maigrichon, le petit ne faisait pas peur et il n'avait jamais intimidé. Baissant les yeux sur les genoux, maintenant proche du sol, de l'homme, Issei s'assit aussi pour obéir aux ordres. Le jeu était encore et toujours là. Ainsi, il répondit aux questions sans révéler tout de suite la vérité. Si sa mère le cherchait, elle aurait envoyé des Chinoike... Pas des Kaguya.

- Mes... Mes parents sont loin. J'ai été enlevé mais j'ai réussi à m'échapper. Clignant de l'oeil visible, le petit donnait sa vérité sans toutefois tout dire. Il restait des zones d'ombres. Cela fait des jours que je marche, monsieur. Encore une réalité, mais le vagabond n'avait pas dit où il allait... C'était maintenant à lui de demander certaines choses, mais sans trop pousser pour ne pas mériter une phalange dans le visage. Vous... Vous étes un Kaguya ? Pourquoi vous êtes si loin de chez vous ? Vous êtes fort, vous pourriez m'aider à retrouver mes parents ? Lui aussi était seul, certes il faisait peur, mais les Mizujin reposaient sur les côtes où les bateaux de l'armada pouvaient soutenir l'effort des raids et assurer une retraite si besoin.

Un errant ? Un danger ? Issei choisi de le voir comme un futur ami, au cas où.

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Il ne semblait pas hostile. Tu le regardes, avec son air enfantin tandis que tu as qu’une envie : quitter les lieux et passer enfin à des choses qui te donnent réellement envie. Discuter avec un jeune, finalement ce n’est pas intéressant. Tu soupires intérieurement et tu claques la paume de main contre ton visage signe d’une lassitude que tu ne sais pas cacher. Pourtant, tu l’écoutes. Tu restes devant lui, contemplant avec une légère fierté la blessure anodine que tu lui avais provoquée grâce à une technique propre aux Kaguya. Une technique finalement qui ne le laissa pas indifférent puisque, suite à cela, il comprit rapidement qui tu étais. Et même s’il l’avait comprit, il te posa la question comme pour s’en assurer. Il se demanda même pourquoi tu étais si loin de chez toi… Une question à laquelle tu n’allais pas répondre tant elle était personnelle. Poser des questions, tu acceptes d’y répondre. Néanmoins si celles-ci commençaient à pénétrer ton intimité, tu déclinerais rapidement.

“T’aider, c’est dans mes cordes.” Dis-tu d’une voix calme et nonchalante. “Fort, cela est subjectif. Tu es encore immature et tu as encore beaucoup de choses à réaliser. Ton regard sur le monde prouve que tu es encore un enfant qui doit encore en apprendre.” Tu finis par sourire sans même contrôler ce-dernier. “C’est amusant.”

Tu t’amuses de la situation. Parce que finalement, tu acceptes d’aider une personne alors que tu sais très bien que cela ne fait pas partie de ton caractère. Pourquoi l’aider lui ? Tu as passer tant d’années à prendre la vie de femmes et enfants, et te voilà ici, face à un gamin prêt à passer à l’action pour ses belles paroles. Tu repasses ta main dans tes cheveux en inspirant profondément tout en contemplant le corps frêle et si fragile de ton interlocuteur. Tu finis par te laisser tomber au sol et tu te mets assis. Tu ne montres désormais plus aucune hostilité envers le gamin. Toutefois, tu as fait attention de garder une certaine distance pour ne pas te faire avoir par un subterfuge que tu ignores actuellement.

“Je suis un Kaguya, tu as vu juste. Tu dois donc savoir ce que ça comporte que de te retrouver face à moi ? Pour le moment, tu me sembles avoir compris qu’il fallait se tenir à carreau… Tu es peut-être un enfant, mais tu sais tout de même réfléchir. Ca te sauvera la vie un jour !”

Oui. Il fallait le reconnaître et c’est quelque chose sur laquelle tu avais travaillé ces derniers temps. Tu sais désormais faire preuve de recul, et les paroles que tu as prononcées vont probablement aider ce jeune garçon. Cependant, il ne fallait pas oublier la suite des hostilités. Parce que pour l'aider, tu le voulais bien. Mais saurait-il te payer à ta juste valeur ? Il n’était qu’un enfant. Il était peu probable qu’il dispose d’une somme d’argent conséquente, ou d’information qui pourrait t’aider…

“Comme je te disais, je veux bien t’aider. Il y a quand même certaines conditions.” Ton index vise le ciel et tu commences à énumérer un, puis deux… “Premièrement, comment comptes-tu payer cette aide ? Disposes-tu d’une information capitale ? D’une somme d’argent qui pourrait égayer ma journée ? Deuxièmement, il faudra que tu me dises absolument tout ce que je dois savoir : qui sont-ils, que t’ont-ils fait à toi, tes parents ? Décris moi précisément où tu étais, ce que tu faisais ? Ont-ils des signes distinctifs ? Bref… La totale.” Ton auriculaire se lève, énumérant un troisième point. “Et enfin, comment puis-je te contacter ? Parce qu’en partant dans cette aventure, tu ne peux m’accompagner…”

Un enfant serait une contrainte supplémentaire que tu ne saurais gérer. D’autant plus que s’il t’accompagne et qu’il décède, il ne serait d’aucune utilité en laissant une dette en suspens, et tu n’aurais plus aucun intérêt à traquer ses ravisseurs… Tes doigts se referment. Tu es resté assis et tes coudes viennent se poser sur tes genoux que tu as préalablement replié… Il ne suffisait qu’une chose : les réponses du gamin…

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Cascade de la vérité - Kossetsu

- J'ai huit ans ! Montrant spontanément ses doigts, il ne mettait pas le compte exact...

Plus intéressé par la guerre que l'éducation, les Mizujin ne savaient guère assurer un inventaire. En fait, ils devaient surtout calculer le nombre de blessures qu'ils pouvaient faire à un ennemi, ni plus ni moins. "Où frapper aussi." Issei savait faire, ceci dit. Le Kaguya semblait fier d'être capable d'aider, même si l'adjectif de "fort" n'avait pas semblé lui convenir. Clignant des yeux, le petit ne comprenait pas, mais la suite du discours lui amena plus de questions. Des menaces à demi-mot, l'homme profitait de son statut d'adulte d'un clan guerrier pour intimider l'enfant face à lui. Une moue sur le visage, le Chinoike était un peu plus mal à l'aise maintenant que son interlocuteur rappelait encore une fois le danger qu'il représentait...

Et si cela était un mauvais calcul ?

Le combattant aux os pouvait décider, d'un claquement de doigt, d'en faire son prochain repas. Une partie du clan avait vogué vers Shimo pour rejoindre la troupe de cannibale, peut-être qu'il était de ceux-ci ? le pays du gel était loin. "Improbable." Complimentant le petit garçon pour son intelligence, celui-ci resta stoïque, comme si se féliciter de savoir obéir aux ordres était une insulte à l'enseignement de sa mère et de l'état maritime. Un mizujin devait obéir, pour la loi et la force. La seule condition de la désobéissance était si le supérieur était plus faible. Levant le menton, Issei resta fier devant son vis-à-vis. Une partie de lui jaugeait ce compatriote qui pouvait se révéler un errant... Un déserteur ? Un fléau qui allait voir le clanique du sang comme une menace, lui aussi. Les conditions du Kaguya calmèrent le jeu que le petit se faisait dans sa tête.

Un, le payement.

Fronçant les sourcils, l'enfant se rappela le contenu de ses poches : Le néant, et analyse le lit du fleuve en quête de l'or miraculeux sur les berges. Rien. Il était une victime d'un kidnapping, il ne voyageait pas chargé. Vint alors le deuxième effort à mettre dans le contrat, qui devenait de plus en plus marchand.

Deux, les informations.

Cela, Issei pouvait le faire, tout en gardant une zone d'ombre pour dissimuler les détails embêtants. Hochant la tête, le petit s'accorda sur une version sourde, avant que n'arrive la finalité.

Trois, un moyen de communication.

Là, c'était le mystère : Il allait partir à la recherche de quoi ? Le petit ne le savait pas, mais l'adulte face à lui semblait déjà avoir un plan en tête. Surpris, puis incrédule, le Chinoike se permit enfin de répondre à la demande complète.

- J'ai rien, Monsieur. Retournant ses poches, il ne put montrer que le textile et rien d'autre. On m'a enlevé et je n'ai pas d'argent... A part des recettes de gratins et quelques chants de marins, je ne peux pas vous donner plus. Soupirant, Issei tenta quand même d'amadouer le Kaguya. Je viens de la côte, par là ! Des méchants mizujin ont débarqué et m'ont pris pour me vendre vers Ame... Oui, ils ont parlé de Ame, ou Hakugaku ! Ils hésitaient encore, avant que je ne puisse me libérer ! Avant que je sois assez loin, j'ai entendu des soldats du pays du Riz les attaquer. J'étais là-bas ! Depuis je marche ! Faussement penaud, Issei testait l'opinion du guerrier sur son pays natal, ce qui pouvait aiguiller la suite. Je sais pas s'ils sont vivants, mais moi je veux juste retrouver mes parents. Vous allez pas aller les chercher, ça sert à rien, je veux juste aller vers là. L'index pointé, non pas vers le ciel comme lui mais vers l'Est, le Chinoike désignait sa destination principale. Pas la peine de se séparer, donc pas la peine de se contacte, hop là !

Content de ses solutions, Issei croisa les bras devant lui, comme fier, avant d'attraper une pierre et de jouer avec... Comme si l'affaire était déjà dans le sac. De plus, garder cette couverture d'enfant avec des troubles de l'attention, un peu distrait, était parfait pour calmer l'hostilité et l'ego mal placé du bonhomme.

Son âge et son physique étaient son meilleur allié.

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Tu venais d’énumérer les conditions pour aider ce gamin. Après une écoute attentive, il rétorqua sans sourciller et sans même laisser un blanc qu’il n’avait que huit ans. Ce n’était donc pas un gamin mais bel et bien un nourrisson ! Il avait tout de même la particularité d’être attachant… Un peu. Suffisamment pour ne pas avoir l’envie de l’égorger avec un radius - ou un cubitus (qui a donc la particularité d’être un peu plus fin, et donc d’avoir un pouvoir de transperce bien plus intéressant). Ce n’est qu’après t’avoir divulgué son âge qu’il commença à énumérer, à son tour d’une certaine manière, les conditions qu’il acceptait, et celles qu’il n’acceptait pas - par motivation ou par manque de moyen finalement.

Tu écoutes, et tu observes. Ses poches étaient vides. Si vide que lorsqu’il mit ses mains dans cette dernière pour en extraire le tissu cousu sur son vêtement, un léger voile de poussière se laissa tomber au sol. Tu soupires en secouant la tête. Puis il te propose quelques solutions pour tenter de contrecarrer les conditions que tu avais imposées au départ. Ce n'est pas de sa faute, il n’a que huit ans. Un sourire se dessine sur ton visage tandis que ton visage se tourne de droite à gauche.

“Des chants marins, des recettes de gratin… Je ne vis pas dans le même monde que toi. Peut-être as-tu été enlevé et tenté d’être vendu. J’ai vécu dans un bain de sang. Tu aurais peut-être préféré ?” Fais-tu en envoyant ton menton pour le désigner. “Je ne peux accepter de t’aider sans un juste retour.”

Pourtant, tu étais intéressé par certaines choses. Bien qu’aimant travailler seul, tu n’aurais pas été contre rejoindre un groupe ou une organisation aux desseins similaires aux tiens. Tu aurais aussi accepté une certaine somme d’argent… Ou bien l’entrée frauduleuse dans un pays que tu aurais pu - par la suite - diriger après un coup d’état ? Les chansons, les recettes… Cela n’est pas dans ton tempérament et tu ne peux prendre le risque de l’aider pour si peu. Naturellement, tu n’as pas oublié tout ce qui se fait derrière toi et que tu ignores encore.

“Tu vas devoir te débrouiller petit. Je ne vais pas t’aider.”

Tu t’éloignes un peu. Il est temps de lui faire comprendre que dans la vie, ça passe ou ça casse. Ce n’est pas dans ton habitude, et pourtant tu lui laisses la possibilité de fuir tant qu’il est encore temps. La peau au niveau de ton genou s’écarte tout en laissant apparaître une boule blanche bien lisse mais dont la robustesse à l’air terrible.

“La phalange, ce n’était qu’un avant goût. Au pire, elle te troue la peau.” Ton regard se durcit, ta menace risque d’être mené à exécution. “Si tu te manges ma rotule, c’est ta tête qui risque de se détacher de ton corps.”

La taille d’une rotule est bien plus grosse qu’une phalange. L’envoie d’une telle masse pouvait être redoutable et rendre un adversaire KO, ou bien plus encore… Le fait qu’il s’agisse d’un gamin de huit ans jouait aussi à ton avantage…

“Je te laisse cinq secondes pour te barrer…”

Ta pupille se dilate d’excitation, elle se pose sur l’enfant, et ta bouche compte à rebours…

“Cinq… Quatre… Trois…”

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"Un bain de sang."

Le visage neutre, Issei apprécia la métaphore : Le fluide vital, c'était le truc de son clan... De sa mère, plus exactement. Boire du sang, malgré le caractère vomitif, c'était l'apogée de la pratique du Chiton. Connaitre le goût, le mouvement, les propriétés... C'était ce qu'il fallait apparemment pour pouvoir correctement manipuler le fer dans le tout. L'homme face à lui ignorait tout du vrai visage du gosse, mais à l'inverse celui-ci ne savait pas qui état vraiment le violent adulte qui était assis, tranquille, mais possiblement tendu comme un félin attendant sa proie. Fronçant les sourcils, le petit accusa le coup du refus. Le gratin n'intéressait pas le Kaguya ? Soupirant, il évacua une vraie tristesse. Un autre Mizujin était là, mais il ne voulait pas l'aider. Les bras croisés devinrent tout mou, revenant le long de son corps comme perdant toute force.

- Bon... Eh bien je vais continuer tout seul alors. Le ton morne, il zieuta sans conviction le Kaguya se lever et s'éloigner, convaincu que ce n'était qu'une discussion passagère. Sauf que non. Le regard plus concentré, les sourcils froncés dans une attitude consterné, le jeune garçon vit une nouvelle menace : Une rotule sortait, et l'homme voulait frapper l'enfant avec s'il ne bougeait pas rapidement.

Un décompte.

"Il est complétement fou." Secouant la tête, le Chinoike soupira, stupéfait par cette attitude, avant de concentrer son chakra dans ses pieds, aidé par le pouvoir de son clan, pour s'enfuir le plus loin possible. Il n'allait pas se battre, ce n'était pas son objectif. Il voulait rejoindre Mizu ni Kuni et vivre heureux, loin du Continent qui ne lui avait amené que des cauchemars et des traumatismes. Les dents serrées, il partait sous le couvert des arbres comme un lâche.

Comme un enfant de huit ans, en fait.

Sphinx. Yukio 021