Quelle idée saugrenue avait germé dans la tête de Jun’ichiro, avant d’être validée par son amie de tous les jours ? Deux avals d’adulte, raisonnables et raisonnés, pour deux fois plus de questions à poser quant à la dangerosité de leur logique. Et pourtant, ils étaient là ; face à un champ de guerre post-apocalypse ; face à l’absence de toute chose ; face au néant, à la mort ; aux ténèbres.

— Nous ne resterons pas assez longtemps pour risquer notre peau.

Avait lancé le jeune homme à haute voix pour se rassurer devant le fait accompli.

Sa proposition, ayant pour but d’apaiser ses voix hypniques, avait ainsi constitué les prémices de ce plan, jusqu’à ce moment final, à jamais inopportun, où le binôme récompensait leur stupidité en contemplant l’horizon : un abîme sec, silencieux, stérile, et jonché d’un brouillard opaque, castrant toute curiosité mal placée, et obligeant à se rapprocher davantage pour nourrir ses pulsions démentielles.

Une carotte tenue par un fil de pêche, menant l’âne vers l’escarpement d’une falaise.

— Je ne sens rien de plus. Et la lettre du Baron ne vrombit pas non plus…

Le balafré essayait d’enfoncer un cylindre en bois dans une fente triangulaire. Les morceaux de puzzle ne constituaient aucun tout ; il ne restait que le chaos de ses hypothèses, et les interférences de ses songes cauchemardesques. Cette entreprise avait pour but d'éclairer les ténèbres de ses pensées, mais le mystère de son existence demeurait entier. Peut-être devait-il s'essayer à fermer l'œil non loin ?

— Mais, de toute évidence, nous n’avons rien à faire plus loin. Cette brume fantomatique ne présage rien de bon. Je ne sais guère si même tes Gardiens-Esprits seraient capables de s’y déplacer sans encombre.

Un périple intéressant, mais caduque, menant nos deux personnages aux portes de l’échec – acculés face à leur faiblesse. Par chance, le chemin avait été productif. À des lieues de l’Arbre-Monde de Kaze no Kuni, l’on voyait encore sa cime se dépeindre au loin ; et le sable, par ses variantes instables, avait conçu des milliers de paysages mirifiques, parfois gribouillés au coin du feu sur le calepin du jeune Ashikase.

— Rebroussons chemin. C'était une idée stupide. Je ne suis pas prêt.

Savoir, connaître, des verbes qui ont souvent caractérisé la vie de Miyabi, ils sont même un tout pour elle. Pour autant, tout savoir et tout connaître implique sacrifice, danger, courage et parfois réflexion. Plus rapide est le savoir lorsqu'on ne prend pas garde à ce qui vous entoure, mais plus violente est la conséquence : traque, haine, peur, mort. Elle n'avait pas accepté l'idée parce qu'elle était suicidaire ou qu'elle souhaitait la mort de son ami, ô grand jamais, mais l'idée de pouvoir apercevoir un avant-goût de sa nouvelle ambition l'aiderait peut-être.

Un abîme se dessine, hostile, effrayant. Il est synonyme de mort. Il est synonyme de bien des choses encore pire que la mort : l'ignorance, l'obscurantisme, l'enfermement, la peur. L'abysse profond des ténèbres ne semble pas vouloir se révéler aux yeux des aventuriers aujourd'hui, ils n'en sont pas assez digne, certainement.

Un inconscient dirait qu'il ne faut pas se fier aux apparences, d'autres plus réfléchis se contenterait d'un...

— L'oisillon cherche à voler aussi vite que son aîné, mais s'il s'aventure trop loin du coeur de son nid, il chute et ne revient pas.

Trop réfléchi, fataliste, mais réaliste. Elle tourne son regard vers Jun'ichiro.

— Mais la mère veille à guider, aider et préparer l'oisillon à voler. Elle lui montre le chemin.

Miyabi dépose une main sur le bras de Jun'ichiro, un contact d'ancrage, il avait beau rêver, voir ces gens qui ne sont pas matériel, elle se devait de le maintenir dans un monde qu'il connaissait pour ne pas le perdre.

— Écoute ton esprit, il est la mère. Ne te lamente pas, n'enchaîne pas ton esprit à l'idée de défaite. Les ténèbres sont l'amas de...

Elle s'arrête dans ses paroles, son regard figé sur ce qui se dresse devant elle. Un moment de lucidité qui la fige alors qu'elle interprète ses pensées. Elle serre sa main contre le bras de son ami, elle l'invite à se reculer, s'éloigner un peu de cette frontière où le désert chaud de Kaze ne semble qu'un vague souvenir ; en fait, elle avait presque froid devant une vision si triste. Elle souhaite tourner le dos à cette vision qui la perturbe. Son visage pâlit : devant le fait accompli, elle n'est que face à un cauchemar, même si elle est convaincue qu'apporter quelque chose ouvrira la voie.

— [...] retournons sous la lueur bienfaitrice du jour, Jun, nous ne pouvons pas risquer de corrompre nos coeurs trop tôt.

Elle même ne pouvait réellement affronter l'obscurité de la nuit.

Perdu dans tes songes, tu marchais encore et encore dans la direction de cet abîme de noirceur connue comme étant « Yami ». Tu avais entendu des rumeurs disant que personne n’en était jamais revenu, il était temps d’y aller et de faire mentir ces rumeurs. Même ton rival, Ieyasu, grand chef du clan Senju et celui que tout le monde considère comme le manieur de bois le plus puissant au monde n’avait jamais tenté d’y aller. Alors, pourquoi ne tenterais-tu pas d’y aller, toi ? Après tout, tu n’avais plus rien à perdre dans ta quête de puissance. Il fallait rapidement que tu obtiennes de la force, pas seulement physique, mais de la force mentale aussi pour pouvoir délivrer ton clan de l’emprise de Hi et de ce guerrier plein de vice qu’il était devenu avec le temps.
 
En effet, ce n’était plus le Ieyatsu que tu connaissais. Plus celui avec qui tu avais grandis et partagé tant d’entrainement. C’était un homme assoiffé de pouvoir, de sang, quelqu’un qui n’hésitait pas à recourir à n’importe quelle ruse tant qu’elle lui assurait la victoire. Et toi, en tant que Senju, tu ne voulais pas que les futures générations de ton clan en soit dépeint. Il fallait donc que tout cela cesse et ça allait se régler à l’ancienne. Mais avant, il te fallait de la puissance et le chemin le plus rapide était Yami. Malgré ça, tu savais pertinemment ce qui se disait sur ce trou béant : c’était peut-être l’endroit qui pouvait te ramener le plus de puissance possible, c’était un fait ça, mais c’était aussi l’endroit qui pouvait te tuer en un rien de temps. Dans tous les cas, en grand guerrier que tu étais devenu avec le temps, en pourfendeur d’Uchiha connu à travers le continent, tu savais pertinemment que la puissance qu’on obtient rapidement avait souvent un prix : celui de la gloire en cas de réussite, ou celui de la mort en cas d’échec. Dans les deux cas, tu accueilleras celle qui arrive les bras ouvert.

Sous ta capuche, tu regardais devant toi. Traverser le désert seul était un risque, mais ne serait-ce que marcher l’était tout autant pour quelqu’un dans ta situation, alors bon. Le regard au loin, tu vis apparaitre deux silhouettes au loin, marchant dans ta direction. Tes mains sous ta longue cape blanche se posèrent instinctivement sur les pommeau de tes deux Katanas, puis tu te souvins que tu n’étais pas assez entrainé pour user d’arme au corps a corps. Pas encore en tout cas. Dans tout les cas, tu pouvais te défendre autrement si la situation venait à s’envenimer. Arriver à bonne distance des deux, ta voix se fit entendre dans le désert.

« Vous êtes qui vous deux ? Vous tentez de me barrer la route ou je rêve ?! » Dis-tu d’une voix assuré, mais d’une voix surtout qui se questionne. « Soit vous revenez de Yami, soit vous me barrez la route. C’est Ieyatsu qui vous envoie parce qu’il a pas les couilles de venir lui-même c’est ça ?! »

Dis-tu d’une voix qui commençait doucement, mais rapidement à monter dans les tours. Dès qu’on parlait de Ieyatsu, de toute manière, c’était un sujet qui te faisait rapidement monter dans les tours.

« Je préviens qu’une seule fois, si vous êtes à la solde de Hi, cassez-vous de mon chemin, maintenant, et vous vivrez. Sinon, mourrez. »

Dis-tu d’une voix changeante et froide. Le switch entre ta voix assurée et celle-ci était facilement perceptible. Il y avait quelque chose de différent en toi, lorsqu’on parlait de combattre en tout cas. Surtout quand il s’agissait de combattre pour sauver sa propre vie.

Finalement, ce n’était pas les Ténèbres qui imposèrent au binôme une épreuve, mais bel et bien l’Aurore, en la condition de Senju Kaï. Qui était-il ? L’Ashikase ne le savait pas encore, mais il allait faire la rencontre d’un allié de taille sur son chemin de croix, capable de combler les trous béants de son escouade en puissance, assez fou pour se jeter du jour au lendemain dans des dangers évitables, et partageant les mêmes convictions personnelles que le balafré. À quelques détails près. Mais c'était une autre histoire, pour un autre moment.

— Te barrer la route ? En plein désert ?

La remarque stupéfia Jun’ichiro avec brio. Quelle route ? Il regarda de droite à gauche, puis de nouveau à droite, avant d’accuser le coup, et de recevoir une nouvelle salve perfide de sang chaud.

— Ieyasu ? Senju Ieyasu ? […] À la solde de Hi ?

L’archéologue ne put s’empêcher d’afficher un grand sourire, et dévoila ses mains haut en l’air, délaissant les manches de ses deux kamas redoutables qui attendaient sous ses amples vêtements.

— Tu n’aurais pas pu dire mieux pour attirer ma sympathie, l’Étranger. Je suis un Ashikage, du Pays du Riz, aux Six Dynasties massacrées par Senju Ieyasu. Il est mon Némésis – celui qui finira par mourir de mes faucilles. Comme tous les Senju qui croiseront mon chemin lorsque je serai en mesure de me venger du sang coulé.

Peut-être allait-il regretter cette dernière phrase. Mais Jun’ichiro ne savait pas quel genre de Senju était Kaï.

Pas encore, du moins…

— Il existe vraiment, hein, Miya ? Je n'hallucine pas à cause de la chaleur ?

Difficile de conclure de but en blanc, tant le tempérament de l'Étranger semblait impulsif, brutal, solaire. Mais cette personnalité ne dérangeait pas l'Ashikage. Bien au contraire. Il avait besoin d'être motivé, et d'être mené sur le champ de bataille, malgré maints dangers, difficultés entravantes, et promesses de mort précoce.

Devant cette rencontre, Miyabi reste calme, son regard scrute les comportements des deux hommes, vraisemblablement incorrigible, quand les ambitions guerrières prennent le dessus, que pouvait-elle faire sauf constater le spectacle ? Cependant, l'homme semble avoir posé une question : elle se devait d'y répondre, à son encontre, elle prononce alors ces paroles, qui pour elles, sont très claires et évidentes :

— Les oiseaux se sont aventurées dans les Ténèbres à la recherche de perfection pour leurs nids, malheureusement on ne peut rien tirer de l'obscurité. Pauvres oiseaux. Et en plus, les oiseaux n'aiment pas le feu, il consume, détruit et réduit en cendre ce qu'il touche.

Son regard rêveur se perd sur le désert, elle observe le sable, puis les hommes qui s'y tiennent. D'une oreille, elle écoute Jun'ichiro se présenter, puis lui confirmer la présence de cet individu au milieu de ce déert.

— Je le vois, mais peut-on seulement croire ce que l'on voit ? Je vois trois araignées. Non deux, moi je ne suis pas une araignée. Toi oui. Elle pointe Jun'ichiro, puis Kaï. Lui aussi.

Elle pose une main sur le dos de Jun'ichiro, se rapproche et lui murmure quelques paroles à l'oreille.

— N'abime pas ta toile, mon araignée, celle là serait capable de s'en prendre à ta soie.

Ensuite, elle relève son visage, elle observe le vagabond, repense à ses paroles : « chemin ». Elle plisse les yeux, observe devant elle, puis soudainement...

— Le chemin... quel chemin.. nous ne sommes pas sur un chemin, ce sont des dunes. Oh, si je le vois.

Miyabi se rapproche, elle observe le Senju, elle observe le sable. Elle se met à tracer deux lignes sur le sol avec son pied, puis elle fait rejoindre ses deux lignes, et les sépare ensuite en deux nouvelles lignes.

— Parfois les toiles s'entremêlent, parfois l'une ne supporte pas que l'autre empiète sur le territoire de l'autre, parfois une entente naît. Si une mouche est en jeu, alors les araignées se battent, mais si rien ne se trouve pris dans la toile alors il n'est pas nécéssaire de détruire, si rien n'est en jeu.

Miyabi affiche un grand sourire, fière de sa démonstration. Elle a sûrement comprit ce qu'elle voulait dire, elle n'en attendait pas moins des autres. Elle regarde Jun'ichiro, comme pour confirmer quelque chose.

— Je ne suis pas une mouche, moi je suis celle qui regarde les toiles.

En plein désert se jouait une partition de musique dont seul la vie en détenait le secret. Une partition parfaite dans laquelle les musiciens façonnait une réalité où deux notes complètement opposés pouvaient, ne serait-ce que pour obtenir la réussite d’un objectif commun, s’accorder pour créer la note parfaite. Tes tympans sonnèrent, vibrèrent, lorsque le nom d’Ashikase vint les effleurer. Venger ta famille d’Ieyasu ? Pensais-tu dans ton fort intérieur.

« Ashikase … Les six dynasties de Kome ? Une araignée ? » Dis-tu d’une voix dont l’intonation questionnait les environs. « Je vois ».

Dis-tu d’une voix plus assurée cette fois-ci. Le questionnement interne que subit un homme lorsqu’il ressentait en lui une montée d’adrénaline comme celle-ci était inexplicable. Vivre ? Mourir ? Tchétché ? C’était quelque chose qu’il était impossible de décrire, mais cela se passait en ce moment même dans ton propre cerveau. Le mensonge pour survivre ? Tu n’étais plus de ces hommes là. Tu n’avais, depuis bien longtemps, plus envie de l’être en tout cas. Et même si tes actes n’étaient pas toujours bien fait, même si tes actions pouvaient êtres interprétés par ici et là comme étant hostile aux règles en vigueurs, tu ne voulais plus vivre dans un monde illusoire que le mensonge régissait. Tes mains se posèrent doucement sur ta longue cape blanche, avant de la retirer d’un geste et de la jeter à coté de toi. Ton regard ne lâchait pas l’Ashikase, tandis que son équipière racontait des choses que seule elle comprenait. Tes deux mains se posèrent ensuite sur tes deux Katana avant de les jeter au sol, signe d’acceptation vis a vis d’une destinée que tu avais choisie au moment de te lever face à Ieyasu.

« Si je te disais que je suis aussi responsable de la mort de tes semblables Ashikase ? » Dis-tu d’une voix calme et posée. « Je n’ai jamais été d’accord avec les ordres et malgré que ce ne soit pas une raison, je dois te dire que j’ai détester faire cela ce jour-ci. Je suis un guerrier avant tout et comme tout combattant, je préfère largement affronter quelqu’un et le battre avec des méthodes plus digne que celle que Ieyasu à préféré employée ce jour-là. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai préféré quitter mon clan en permettant à ceux des miens d’accord avec moi de le faire aussi. Cela m’a valu un combat avec Ieyasu et cette cicatrice sur le visage, un lot de problème que je ne compte plus et de nouveaux ennemis qui veulent seulement me voir mort. Malgré ça, je dois dire, que … Ça vaut la peine de faire ce qui nous semble juste pour une fois dans sa vie ». Dis-tu avant de reprendre la parole directement après. « Je suis Senju Kaï, celui qui depuis qu’il tient tête à Ieyasu et expose ses folies, est devenu un recherché permis les recherchés. Le senju maudit ».

Dis-tu tout en continuant de le fixer droit dans les yeux. Ce n’est que la pure vérité, tu avais détester faire ce que tu avais fait ce jour la. Ce n’était pas des méthodes que tu aimais employé, tuer quelqu’un comme cela, sans prévenir, sans avoir de combat à la loyal, c’était détestable. Et surtout, ce n’était pas digne d’un clan comme les Senju. Le chef actuel menait la barque dans la direction qui lui semblait judicieuse, sans jamais se soucier des répercussions sur les autres. Et ça, c’était trop.

« Tu sais, y’a pas un jour qui passe sans que j’arrête de penser à ça. Cela fait longtemps que j’attend de croisé l’un des tiens, simplement pour avoir l’occasion de faire cela … » Dis-tu avant de croiser tes bras derrières ton dos, signe de capitulation. « Je t’offre l’occasion de venger ta famille. C’est la faute de mon clan, alors je l’assume, comme un chef se doit de le faire, vu que l’actuel leader ne prend pas ses responsabilités » Dis-tu avant de regarder le ciel. La nuit était tombée, peut-être que tu venais de vivre ta dernière journée, n’est-ce pas Senju Kaï ? « Je met ma vie entre tes mains Ashikase, décides-toi ».

Dis-tu en fermant les yeux. Peut-être pour la dernière fois ?

Un moment de battement caressa l’appréhension ramollie du jeune shinobi. Les images aléatoires de son amie le laissaient sans voix, à mi chemin entre adoration et perplexité. Il y avait dans ces sobriquets, ces adjectifs possessifs, une touche mignonne et intime dont bien des yeux extérieurs pouvaient méprendre le sens.

— L’araignée a un mauvais pressentiment.

Jun’ichiro abaissa ses bras. Ce qu’il sentait, là, était l’énergie électrisante de deux esprits s’échauffant ; le calme avant la tempête ; la crainte et l’envie s’amourachant l’une avec l’autre. La cape blanche de l’Étranger jetée au gré d’une brise soudaine, volant la vedette aux deux katana les suivant dès lors vers le sable brûlant, l’Ashikase comprit qu’une information lui manquait. D’un instinct naturel, il copia le comportement de son vis-à-vis, et porta à son tour ses mains près de ses deux faucilles, sous son ample manteau.

Et puis, le glas fut sonné.

— ...

Quelqu’un de plus impulsif aurait asséné aussitôt une attaque pour punir l’audace d’un tel aveu – en infériorité numérique qui plus est. Par chance, le balafré avait grandi dans le mutisme, l’ombre, la réflexion ; il n’était pas question d’inaction, mais de trouver des raisons pertinentes avant de commettre un acte ; avant d’assumer un choix. Son dilemme interne était celui-ci : ses penchants Rationnel et Réfléchi prévalaient-ils sur son côté Rancunier ? En silence, Jun’ichiro décortiquait les paroles de son nouveau Némésis, soulignant le calme et l’honnêteté dont celui-ci faisait montre. Une méthode indigne. Les sacrifices propres à la guerre. Un exil clanique en guise de désapprobation. La place des civils dans ces charniers à ciel ouvert. Des remords. Un ancien frère d’armes devenu stigmate et rival. Une cicatrice balafrant jusqu’à l’âme. Une vengeance offerte de sang froid. Des choix assumés, et pesés ; en toute responsabilité criminelle. Quelques flashs d'outre-temps se jetèrent dans la faille pour offrir leur sagesse, leur savoir, leur expérience. Le cœur lourd, le regard las, le jeune homme analysait subrepticement la situation au travers des yeux d'autrui, rationnalisant la chose.


Jun’ichiro n’avait pas besoin de réfléchir. Il savait. Sans arrière pensée, sans retenue, sans morale mal placée, il décrocha ses atours d’une main, avant d’habiller ses paumes des manches de ses deux kamas.

— Miya. S’il est à terre, aux portes de la mort, et que je ne suis plus en état de t’en demander ce service ; soigne-le. S’il-te-plaît, mon amie. Il détient des informations sur Senju Ieyasu.

Le sourire, et la bonne humeur de l’Ashikase, offerts au Continent lors de l’écoute de la présentation de l’Étranger, paraissaient bien loin désormais. Un visage de marbre serrait ses traits au point d’en découvrir de nouvelles rides. Partiellement aveuglé par le soleil en déclin, le jeune homme allait faire couler le premier sang.

— Je m’appelle Jun’ichiro, BOURREAU D'INNOCENTS. Et j’accepte ta politesse.

D’un sursaut de chakra, les faucilles de l’Ashikase, propulsées par deux chaînes spectrales convoquées du néant, fusèrent vers le torse de l’Étranger, d’une trajectoire parfaitement synchronisée, espérant se croiser en un carrefour brutal et sanguinolent. Il n’y avait là ni rapidité extraordinaire, ni courbure trompeuse ; seulement une force brute répondant à l’honneur de Senju Kaï. (Rang B — Bukijutsu + Saigo — Cible unique)

L'ignorance est le meilleur des mépris, fort heureusement Miyabi n'était pas susceptible, pas vrai ? Ses yeux se tournent vers son ami, gorgé d'une confiance qu'elle ne voue à nul autre, lui l'avait écouté, l'autre non, et c'est tout ce qui faisait la différence. Elle n'aimait pas l'affrontement, le combat, les blessures, mais son rôle était d'éviter que la mort ne survienne, d'aucun des cotés.

— Que serait une araignée sans son sixième sens...

En réponse à celui qui présentait comme Senju, elle ne lui offrit même pas un regard. Pas susceptible ? Si. Rancunière ? Moins. Elle avait vu du coin de l'oeil ses faits et gestes, peut-être un piège, peut-être pas.

— Chacun obtient justice comme il l'entend, certains se vengent, d'autres tournent le dos, d'autres trahissent. Ce qui compte, c'est qu'elle soit réfléchie, la tienne le sera, mon araignée. La sienne, a déjà été faite, désormais il ne fait preuve que de culpabilité.

Un calme cinglant se dégageait de la rousse, son regard n'exprimait rien de plus que le rêve. Ses pupilles longèrent les faits et gestes de Jun'ichiro, l'un après l'autres, son visage se hoche de haut en bas, comme pour entendre ces volontés qui sonnaient morbide. Dans le sable, Miyabi s'accroupit, non loin de ce qui deviendrait un champ de guerre, ou le tombeau d'un homme. Ses mains se glissèrent dans le sable, à la recherche du moindre insecte courageux ayant réussi à braver les grains chaud et hostiles.

— Tu n'auras pas à atteindre cet état mon ami. L'ouvrière veille sur la Reine.

Un scarabée noir grimpe sur le dos de sa main, elle le laisse gambader le long de cette dernière, tantôt paume, tantôt dos, tantôt au bout des doigts. Son regard, désintéressé du combat, ne voulant voir ce qui n'était pas agréable. Ses sens eux, tournés vers une unique personne : Jun'ichiro ; ainsi elle connaissait l'état de son corps, prête à intervenir au moindre signal.

Une longue vie d’errance et de souffrance, pour au final, mourrir comme un vulgaire chien au milieu du désert ? C’était peut-être ça au final être un Senju. Peut-être ça au final n’avoir été que bercer dans la violence depuis ton jeune âge et été obligé de faire ce qu’on te disait, quand on te le disait. Les mots de l’homme en face de toi étaient froid. Ashikase, prend ta vengeance et délivre moi de ce monde pensais-tu. Tu n’as pas eu besoin d’ouvrir les yeux pour savoir qu’il avait déjà bougé. Tu ne comptais pas les ouvrir de toute manière. Il voulait un combat, mais pourquoi ? Au final, tu avais assez de sang d’Ashikase sur les mains pour te rajouter le sien. S’il voulait une vengeance, qu’il la prenne aujourd'hui et maintenant. Dans tout les cas, ta décision était prise. Tu n’allais pas combattre, tu refusais de le faire, pas contre cet homme qui ne recherchait lui que la même chose que toi, c’est à dire : la mort du véritable marionnettiste de cette scène macabre : Senju Ieyasu.

« Bourreau d’innocents … C’est moi, regarde, mes mains sont pleines de sang l'Ashikase »

Dis-tu pile au moment ou son attaque te frappe de plein fouet au niveau du torse, dessinant un X plus que parfait. Les yeux fermés, tu n’avais rien vu venir, mais la douleur, elle, tu la sentais. Il pensait que tu allais bouger ? Riposter ? Il ne connaissait pas l’honneur et la résilience qu’un guerrier de ta trempe pouvait avoir. Et puis intérieurement, tu te disais que si tu voulais prouver au monde que tu n’étais plus l’arme de Ieyasu, il fallait que ça commence par des actes comme ceux-là. Et si par malheur c’était la mort qui te tendais les bras, passons, c’est une bonne chose. Tu serais libérer de ce fardeau et tu pourrais laisser ce souhait de le voir mort. Peut-être même que c’est cet Ashikase qui allait tuer Ieyasu à ta place par la suite. Et mourrir de la main de celui qui le ferait est un honneur.

La douleur était présente. Il n’y était pas allé de main morte. Il n’avait pas retenu ses coups. Malgré ça, tu restais debout. Tes jambes tremblaient, ta vision commençait doucement à se limiter. Tu n’arrivais pas réellement à voir, mais tu t’en étais rendu compte que quelques seconde après. Tout tournait autour de toi, la moitié des personnes sur cette terre serait tombé au sol, mais pas toi. Tu n’avais même pas bougé d’un centimètre. Encaissant le coup fièrement, comme le leader que le clan Senju se devait d’avoir dans le futur.

« Promet moi juste une chose » Dis-tu difficilement avant de reprendre la parole avec du sang qui coulait de ta bouche. « Quand tu le tueras, dis lui mon nom »

Dis-tu avant de t’écrouler dans une noirceur pire que celle de Yami. La fin d’un être, le début d’un nouveau ? La fin d’une vie, la tienne, celle de Senju Kai. Tu t’en allais dans les tréfonds même de ton esprit, chutant doucement, mais sûrement, vers le gouffre sans fond qu’est la mort. Tu perdais trop de sang pour pouvoir survivre. Le choix revenait à tes adversaires : soit te soigner et commencer une collaboration, soit te laisser mourir ici comme le chien que tu étais.


HRP : Je prend le dégât de rang B de plein fouet. Je suis au bord de la mort.

Jamais sa technique n’avait connu une telle efficacité. Emporté par le souffle des émotions, soutenu par les spectres de ses ancêtres, Jun’ichiro avait abandonné tout fardeau avant de concrétiser sa touche. Le résultat : une frappe parfaite, idéale, salvatrice, libérant la culpabilité de l’Étranger comme le Devoir du balafré. Face au cadavre titubant, goliath surnaturel, blatte coriace survivant à l’apocalypse nucléaire, l’Ashikase ne put que s’abreuver de ces dernières paroles – qui allaient constituer un tournant majeur de sa campagne anti-Senju.

Pas la moindre goutte de sueur n’avait perlé sur la tempe du shinobi. Cette vengeance, ce combat, cette exécution sommaire, rendait un goût amer en bouche. Était-ce cela, la conclusion froide d’une lutte fantasmée ? Une rencontre opportune ; deux mots échangés ; l’éclipse d’un Némésis méconnu, rendant volontiers son corps aux forêts de Hi no Kuni. Et puis, le silence de mort après la tempête.

— Senju. Kaï.

Jun’ichiro imprima au plus profond de son psyché le nom du Bourreau. À haute voix, d’abord ; puis il se flagella intérieurement de cette information, rebondissant en écho, soumis à un pacte qu’il semblait avoir signé de son âme. Veule, le jeune homme se rapprocha de la poche de sang percée irriguant le désert sans fond.

Cette victoire lui avait retiré toute énergie – toute envie.

— Pourquoi je ne sens rien ? Aucune adrénaline. Aucune fierté.

La profonde blessure en croix triomphait sur le torse de l’Étranger. Une plaie nette, meurtrière, symétrique, parfaite. Comme un énième « X » rajouté sur sa carte du monde après la découverte d’un Calice. Une étape de plus. Une case cochée. Une habitude quotidienne. Un non-évènement.

— Putain.

Bien loin des palabres fleuries de son amie, Jun’ichiro n’avait plus de cœur pour les mots. La banalité du constat qui lui faisait face balayait toute étincelle de vie en lui. Sa flamme s’éteignait peu à peu. Sa signature chakratique vacillait, telle une bougie prisonnière d’un courant d’air.

— Sauve-le, Miya. Cette fin précoce ne rime à rien. Donne tout ce que tu as, je t’en prie – mais laisse-lui cette cicatrice, qui lui rappellera à jamais le contrat que nous venons tous les deux de signer.

Le regard détourné, loin de ce macabre spectacle, le scarabée et sa course rassurait la jeune femme. Son corps s'était un instant figé pendant l'impact, ses yeux écarquillés n'avaient pour témoin que le coléopotère, ses muscles se crispaient, ses yeux ne voyaient pas, mais son esprit ressentait et c'était suffisant.  Mais dans son martyr qui n'avait pourtant rien de comparable avec l'enfant des bois, ele eut des mots pour Jun'ichiro, marmonné en réponse aux questions qu'il se posait à lui même :

— Ta justice n'est peut-être pas dans la vengeance, Jun.

Le scarabée la mordit, elle observait désormais le dos de sa main, deux points brillant d'un rouge vif. Ce n'était pas Jun'ichiro qui était blessé, c'était celui qui s'était offert à la mort. Son regard se tourne, il cherche celui de son ami, pour confirmer ses futures actions. Tel fut son désir, elle se déplaça, proche d'un corps dont le sang ne tardait pas à recouvrir le sable, mais son heure n'était pas venue.

Le sang recouvrait ses mains, mais ça n'était qu'une tâche habituelle dans sa vie. Son chakra se chargeait d'apaiser la douleur de l'homme, de s'imprégner de ses cellules, de les réparer, d'empêcher la mort de survenir trop tôt, tel était le souhait de son ami. Ses doigts se chargeaient d'absorber ce mal. Son autre main se détache, elle récupère quelques outils dans une sacoche accroché à sa ceinture, de quoi coudre, pour limiter la casse : soigner, recoudre, tel était son métier.

— Est Senju celui qui s'entrave dans les racines d'un clan... mais l'oiseau se doit d'être libre, de quitter l'arbre où il est né.

Elle effectua la demande de son ami : lui laisser une cicatrice visible, au final causée par cette façon archaïque de recoudre qu'elle avait. De toute façon, que pouvait bien être la douleur de l'aiguille dans la chair face à la lame lui lacérant l'échine. Un travail d'orfèvre, mais loin des rêves imagés de la jeune femme, le retour au réel qu'offre la violence, le sang, les cicatrices. Elle insuffla, comme pour réveiller l'homme de son inconscience, une partie de son chakra en lui, un lien qu'elle tissait pour pouvoir le sauver. Maintenant, il lui était redevable éternellement.

Les Rêveurs avaient laissés chacun leur tour une trace : tantôt physique pour l'un, tantôt énergétique pour l'autre.

Les pas de la femme se tournèrent vers Jun'ichiro, elle observait un instant ses mains couvertes du sang d'un Senju, puis ses yeux cherchent le regard de Jun'ichiro, son visage laisse apparaître une expression calme - mais il est pâle -, des yeux perdus dans le vide de ceux de son ami, tandis que ses lèvres bougent à peine pour laisser sortir ces quelques mots :

— La sève tâche et est encombrante. Mais elle est aussi un bon moyen d'attacher les choses entre elles, comme des chaînes.

Miyabi utilise son voile alors retiré pour essuyer ses mains, sans quitter du regard Jun'ichiro. Cependant, sa voix normalement onirique semble trembler, légèrement, elle n'avait pas aimé le spectacle, et son corps entier lui faisait ressentir. Ce n'était certainement pas la première fois, Miyabi réagissait toujours mal devant l'effusion de violence, mais pour lui, elle tenait le coup. Peut-être qu'elle n'allait pas dormir ce soir, sans importance.

— L'Ouvrière a fait son travail.

« Ieyasu, nous, les Senju ne devons pas franchir cette limite mon ami. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise décision pour un chef comme toi, mais il y a des décisions qui mènent à quelque chose de mauvais et s’en est une. Affrontons les comme les guerriers que nous sommes. Pourquoi devoirs empoisonner des ennemis ? Il n’y a que les faibles qui utilise le poison. Nous ne sommes pas faible, nous sommes les Senju ! »

« Kaï … Kaï … Kaï … Tu sais, il y a une chose que tu devrais apprendre si tu veux rester en vie dans ce monde : c’est le respect des ordres. Si je donne l’ordre d’empoisonner, tu empoisonnes un point c’est tout. Si je te donne l’ordre de tuer, tu tue, même si la cible c’est toi même. Kai, n’oublie pas que tu es un chien, si je te lance un os, tu me le ramène ».

« Un quoi ?! Après tout ce qu’on a traversé ensemble ? »

Le regard noir du chef de clan des Senju te transperçait l’âme. Tu ressentais une pression presque divine qui s’abattait sur tes épaules. Parler du passé à un homme comme lui, c’était pas quelque chose de réfléchi et d’intelligent.

« Je ne suis pas de ton espèce. Tu n’es qu’une branche trop fragile incapable de supporter l’héritage du clan Senju » Dit-il en s’approchant de toi jusqu’a se retrouver en face de ton visage tout en ne te lâchant pas du regard. « Ne t’avises plus jamais de discuter mes ordres ou de parler de « nous ».

La suite, elle appartient à l’histoire. Vos deux forces réunies parvinrent à empoisonné la totalité de la haute sphère de Kome. Cela te valu une prime sur ta tête et des cauchemars que la douceur même de la nuit ne pouvait apaisée.


« Est Senju celui qui s'entrave dans les racines d'un clan »

Tu ne l’es peut-être plus après tout. Un Senju. Tu n’es peut-être plus des leurs. Ou peut-être que tu ne l’as jamais été ? Si un Senju doit se comporter comme Ieyasu, parler comme lui, se battre avec la même fourberie que lui, traiter les autres comme des moins de rien comme lui, alors la réponse était évidente. Jamais tu ne l’as été. Malgré ça, tu faisais parti de ceux qu’on appel les rêveurs. Ceux qui s’obligent à regarder ailleurs quand le monde est moche et méchant. Ceux qui trouvent toujours de la bonté dans le manque d’humanité, simplement parce qu’ils ont, eux, trop d’humanité et la partage avec le monde. Intérieurement, malgré tout le sang que tu avais sur les mains, tu étais quelqu’un de bon Senju Kaï. Malgré une fierté mal placé, un égo qui peut parfois laissé perplexe ou un adoration et une facilité innée pour le combat, tu ne manquais pas de courage et d’énergie quand il s’agissait de faire les bons choix. Et aujourd’hui, tu en avais fait un bon.


« AAAAAAH »

Crias-tu de sursaut en te remettant assis le dos droit d’un seul et même mouvement. Ton regard se posa sur la jeune femme, puis sur l’Ashikase qui venait de t’attaquer. Tes yeux se baissèrent et tu regardais la cicatrice que tu avais : premier constat, ce n’était pas un rêve. Tu es vraiment revenu d’entre les morts comme le phoenix.

« C’est toi qui m’a soignée miss perchée ? Attend attend, répond pas, je vais rien comprendre encore … » Dis-tu avant de te relever doucement. La douleur était encore présente, mais elle était loin et surtout beaucoup plus supportable que tout à l’heure. « Merci. Merci beaucoup. Je pense que je t’en dois une. » Dis-tu avant de regarder l’Ashikase cette fois-ci. « Pourquoi ? »

Simple, mais efficace. Pourquoi ?

La remarque de Miyabi évita la descente aux enfers de Jun’ichiro. Il avait suffi d’une phrase pour transformer le vide en émotion, et mettre ainsi des mots sur le mal qu’il ressentait là. À l’instar des cheveux rouges, la vengeance ne lui allait guère. Il avait essayé, pourtant, de tuer des membres du clan Senju, en hommage à la loi du talion. Des fils innocents, dont l’allégeance au Tyran ne les rendait pas coupables des mêmes crimes.

— Merci pour ton soutien, Miya. Une Reine ne pourrait rêver de meilleure Ouvrière.

L’Ashikase matérialisa une chaîne dans ses mains, qu’il guida jusqu’à la peau couverte de sa consoeur. Dès la rencontre de leurs chakras, il ouvrit les vannes de son être pour venir remplir le verre à moitié vide de l’Uzumaki, l’interface métallique scintillant sous le poids de l’énergie invasive.

Le regard du balafré se posa alors sur le pantin désarticulé. Tel un fêtard se réveillant d’une longue soirée d’ivresse, l’Étranger reprenait peu à peu le contrôle sur sa proprioception. Mais, par une gueule de bois, son trajet éclair vers le royaume des ombres lui avait ôté des fragments de souvenirs, saignant la logique de leur interaction. Face à cette question élémentaire jetée au néant, Jun’ichiro désirait hausser les épaules, mais cette réaction lui parut trop fade – et ce fut important de le souligner, au vu de son inexpression. Alors, que répondre à ça ? Pourquoi. Pourquoi sauver la vie de l’un des deux coupables du massacre des siens ?

— Que veux-tu entendre ? Par pragmatisme : tu disposes d’informations capitales sur la cible que j’aspire à abattre. Par empathie : j’ai été touché par ton honneur, ton honnêteté, ton authenticité, tes remords. Par rationalité : tu n’es pas le responsable majeur de cette manœuvre politique – peut-être rien qu’un Fou.

En distillant ces trois éléments essentiels, il était possible de se rapprocher d’un sérum de vérité.

— Par cette cicatrice, j’efface ta dette de l'ardoise du clan Ashikase. Puisses-tu te racheter de tes crimes, et laver ton cœur des pêchés de ton passé d'aveugle. Je ne te haïs pas.

Jun'ichiro jeta un œil à sa compagne de route, dodelina de la tête, puis ouvrit la marche en direction du Soleil. Il contourna l'Étranger, l'œil vague, désintéressé ; mais s'arrêta finalement à quelques pas de lui, sans l'estimer d'un coup d'œil. Il remettait en place sa cape de voyage, et serrait la boucle de son sac en bandoulière.

— À quel point un fantôme revenu des morts peut-il avoir soif ?

Il s'était libéré d'une dette, et en avait récupéré une autre. Une chance, sa tête n'avait pas besoin d'être coupée pour recouvrir celle ci.

— Tout vient à point à qui sait attendre, un jour l'on me rendra ce que j'ai donné.

Ses sourcils se froncent, d'autant plus face à une telle appellation pour la qualifier. Miyabi garde son regard braqué sur son ami, les paupières légèrement écartée. Elle ne répondit pas au blessé, elle se contenta d'un commentaire à l'encontre de Jun, sans prendre en considération quiconque d'autre.

— Certains ont des oreilles, entendent, mais refusent de comprendre.

La chaleur rassurante de cette énergie partagée rassurait la jeune femme, cette chaîne symbolique qui s'ancrait en elle pour lier à nouveau le chakra des deux partenaires. Sa main parcoure cette chaîne emblématique, l'équilibre était à nouveau restauré, une parfaite balance, un sablier couché dont le sable s'était réparti égalitairement des deux cotés.

— Fou, Tour, Cavalier... Tous ne sont que des Pions qui pensent être libre, pourtant ils continuent de protéger le Roi et sa Reine, sans poser de questions. Peut-on vraiment leur en vouloir ?

Elle n'eut point de dernier regard pour l'autre araignée, son travail était terminé ici, et si le destin devait placer à nouveau Senju Kai sur sa route, elle espérait qu'il soit défait des entraves de la vie, sinon, elle serait simplement désolée pour lui. Ses mots eux, cherchaient plutôt à rassurer son ami dans son choix, peut-être que sa rancoeur lui demandait pourquoi il n'était pas capable de venger par tant de violence les siens. Mais est-ce que la courte satisfaction offerte par la vengeance pansera les plaies ouvertes par la mort de ceux qui n'avaient pas le choix ?

Proche de son ami, elle pince ses lèvres et lui murmure à l'oreille :

— Partons, s'il te plait.

Ses pas suivirent sa Lumière, tournant le dos à la Nuit derrière eux.

Miyabi tourna finalement son attention vers Jun'ichiro, sentant qu'il s'était arrêté quelques pas derrière elle. Elle profita de ce même instant pour replacer correctement son voile de tissu ensanglanté contre sa chevelure, le rouge lui allait bien à elle, ironiquement.  Elle espérait simplement qu'il n'allait pas tarder, cet endroit et ce qui avait pu s'y passer ne l'enchantait pas.

— L'on dit que l'enfer est comme un désert.

Tu ne pensais pas rencontré des personnes comme ces deux loustics pendant ton aventure. Surtout pas si l’une d’elle était un Ashikase en quête de vengeance. Pire encore, tu ne pensais pas devenir l’un des seul Sensu qu’ils acceptent au sein de leur clan, malgré tes mains tachées du sang de leurs semblables. La vie est faite de surprise et honnêtement, quelle surprise ! Une grande inspiration, ton regard se porte sur la cicatrice qu’il t’avait laissé au niveau du torse. Qu’est-ce qui fait qu’un homme en devient un ? Au final, c’est les expérience qu’il parcours. Qu’il affronte. Dont il s’en sort vivant. Et cette rencontre en était une. Elle va probablement changer ta vie.

« Hey l’ami, attend attend … » Dis-tu d’une voix sérieuse avant de te tourner vers lui. « Cette cicatrice n’efface pas le sang. C’est nos actions qui vont l’effacer. On veut la même chose, la tête d’un homme sans scrupule. Toi et moi on possède le même objectif »

Dis-tu avant de t’en aller vers tes habits au sol. Ton T-shirt était complètement déchirer, tu n’en avais plus besoin. Tu le retiras et enfila directement la longue cape blanche que tu portais auparavant. Avant que tout ça ne commence. Tu ramassas tes deux Katanas et les replace à ta ceinture avant de t’arrêter en face des deux devant toi qui te donnait le dos.

« J’ai soif, t’as raison. L’exploration de Yami attendra on dirait … »

Dis-tu avant de commencer ta marche commune avec eux. Pour un solitaire comme toi, se faire des amis c’était difficile. C’était peut-être la chose la plus difficile dans ce monde. Tu n’avais jamais grandi en dehors de ton clan, tu avais toujours eu une facilité déconcertante pour le combat, pour manier les capacités innées de tes semblables. Tu avais toujours été appelé comme « un génie », avec toutes les choses qui en découlaient : la solitude en étant une. Personne n’aime les génies, tout le monde les déteste, parce qu’ils ne sont pas comme tout le monde.

« Jun’Ichiro c’est ça ? Et toi, si j’ai bien compris, c’est Miya ? » Dis-tu d’une voix interrogative avant de reprendre la parole. « Si je peux me permettre mon pote, elle parle quelle langue ? Parce que les araignées c’est jolies, mais c’était pas le sujet, si ? »

Dis-tu avec un grand sourire. Peut-être le début d’une grande aventure, qui sait ? Tout seul, personne ne va jamais loin. À deux, on commence à se diriger quelque part. À trois, on peut faire tomber la tête d’une légende.

« Vous connaissez un coin pour boire quelque chose ? » Dis-tu avant de reprendre la parole. « Aussi, si on vous demande, appelez moi Kaï. Inutile de dire mon nom de famille, vous comprenez ? »

Dis-tu en souriant encore une fois.

Jun’ichiro ouvrit la longue marche que son groupe devait maintenant entreprendre pour rejoindre la moindre once de civilisation. Par défaut, le balafré était le fer de lance de leur binôme ; la pièce rattachée devait dorénavant se trouver un rôle entre les deux amis.

— Tu ne devrais pas te mettre à dos ceux qui t’ont épargné. Miyabi parle en images. Sa prose peut dérouter, au début, mais tu verras, ça grandit en nous. Tu vas bientôt faire de jolies phrases sans t’en rendre compte.

Plus le temps avançait, moins l’Ashikase se munissait de patience contre ceux insensibles au charme surnaturel – en tout état de cause – de la jeune femme. Tel un chevalier servant, il jouait çà et là de gros bras et sabots pour protéger sa partenaire d’exil. Même s’il n’était, naturellement, pas le genre de personne à chercher le conflit avec autrui. Peut-être cette fâcheuse tendance avait facilité son pardon face au Senju.

— Tu me fais confiance, Miya ? Mon intuition me dit de laisser une chance à l’Étranger ; d’échanger avec lui. La même intuition qui m’a soufflé l’idée de quitter le Royaume Ambulant. Essaye d’être patient avec le scarabée.

La remarque glissée en aparté, à voix mi-basse – mais encore trop bruyante au milieu du silence du désert –, Jun’ichiro apporta de nouveau son attention sur son nouvel allié. Il ne savait d’ailleurs toujours pas sur quel pied danser. Devait-il retrouver son naturel, et l’accueillir comme un invité, ou conserver quelques retenues, pour se défaire d’un éventuel coup de surin ? Un choix allait devoir être fait.

— Enchanté, Kaï. Il y a une crevasse non loin qui nous servira de refuge pour la nuit. Une tempête de sable pourrait se lever d’un moment à l’autre… et je t’avoue que je n’ai pas envie d’être dehors quand ça arrivera. Au fait, j’espère que tu as aimé l’alcool de sève de l’Arbre-Monde. J’en ai récupéré une flasque pleine à l’aller, pour ce genre de moments cruciaux qui triturent l’esprit. Miya n’est pas très portée sur les liquoreux.

Jun’ichiro ralentit sa cadence pour laisser le temps à son compagnon de rejoindre leur hauteur.

— Je compte t’arracher toutes les informations que tu possèdes sur Ieyasu. Mais nous verrons ça à tête reposée, autour d’un feu. Avant tout, dis-moi ce que ton cœur pense des Calices disséminés sur le Continent.

Lorsqu'on est perdu, la moindre attache même malsaine se révèle être une lumière dans l'obscurité. Les paupières fermées, comme pour un instant s'échapper et ignorer les paroles de l'Étranger, Miyabi poursuivait son chemin auprès de Jun'ichiro, se contentant de répondre avec politesse à sa présentation, sans lui accorder son attention physiquement.

— Miyabi. Je n'enferme ni mon âme ni mon nom à l'entrave d'une famille ou d'un clan.

Des cheveux rouges, du soin, s'il avait croisé le chemin de ses anciens confrères, il n'avait pas de doute à émettre sur le sang de Miyabi, pourtant elle refusait de se présenter sous son nom, ni même d'en porter les symboles parfois fièrement porté par ses pairs. Son esprit libre et détaché des appartenances quelconque se faisait sentir dans cette légère pitié qu'elle portait à ceux qui continuent de s'y attacher - excepté Jun'ichiro, qu'elle cherche à comprendre et dont tout le pouvoir et le lien qu'ils entretiennent semblent tourner en ironie toute la philosophie de l'Uzumaki. Mais il se rattrapait ailleurs : il la comprenait aussi, faisait cet effort, et la défendait face à ceux qui refusaient de comprendre.

— L'Étranger sait se montrer reconnaissant, peut-être amical. Tant qu'il n'abime pas nos toiles...

Le regard de Miyabi s'orienta vers la silhouette de l'Étranger, d'une certaine façon elle observait l'endroit où il allait arriver, de sorte à ne pas se retrouver à coté de lui. Il ne s'agissait pas là d'un mépris de sa part, mais si elle n'avait pas eu de mal à le soigner lorsqu'il était inconscient, elle se sentait mal de parcourir le chemin à coté de lui. Elle lui offrit cependant un léger sourire s'il s'aventurer à la regarder, avant de reprendre rapidement le chemin de ses songes, détournant son regard sur les dunes, à la recherche du prochain danger qui se dresserait devant eux.

Son oreille, reste cependant attentive à la question de Jun'ichiro, elle n'était pas des plus sociables au premier abords, mais s'il s'avérait que la pièce rapportée se montre tout aussi curieux que le duo, peut-être sera-t-il un véritable sujet d'intérêt ?

Miyabi qu’elle venait de te répondre. Elle ne s’appelait pas Miya comme tu le pensais, c’était l’Ashikase qui l’appelait comme ça, ils avaient sûrement des surnoms l’un pour l’autre. Tu le savais pertinemment, au vu de leur relation, ils étaient sûrement amis. Depuis ta désertion de Hi, tu n’avais pas encore eu la chance d’avoir des amis. Pour être honnête, tu n’avais pas eu la chance de voir beaucoup de monde. Ta vie depuis ce moment oscillait entre solitude et malchance, entre illusion et désillusion, car même dans la liberté la plus pure, tu étais encore enchainé.

C’est la phrase de Miyabi qui t’a fais penser cela. « Je n’enferme ni mon âme, ni mon nom a l’entrave d’un clan ». Tu commençais doucement à réfléchir à cette phrase, parce que tu trouvais que dans un monde illusoire comme celui dans lequel tu vivais, elle était juste. Avoir un nom était déjà une chaine en soit. On ne pouvait, au jour d’aujourd’hui, vivre dans un monde de liberté. Elle n’existait pas, c’était comme s’avancer et continuer à marcher dans un monde de Tsukiyomi infini. La liberté aujourd’hui n’était qu’un rêve que personne, pas même les puissants, ne pouvaient se payer. Il est vrai qu’au final, ni les errants, ni même eux les puissants ne sont réellement libre.

Les errants sont traqués par leur propre clan pour la plupart. Tuer par d’autre clan que les leurs pour l’autre moitié ou disparaissent dans des coins sombre et reculer comme Yami ou Serein. La ligné des hommes sans chaine s’étaient éteinte avec les Uchiha, parce qu’au final, il n’y avait que la puissance qui pouvait amener à la liberté. Puis c’est la phrase de l’Ashikase qui te fit sortir de tes songes les plus profond. De cette géopolitique que tu venais d’analyser mentalement.

« T’as pas besoin de me faire cracher quoi que ce soit » Dis-tu le sourire aux lèvres. « C’est un homme qui ne recule devant rien ni personne pour obtenir ce qu’il veut. Il est puissant, beaucoup plus que ce que pensent les gens. Je le dis, parce que je l’ai affronté et cette cicatrice sur les lèvres, c’est lui ». Dis-tu avant de reprendre la parole. « Mais il n’est pas imbattable. Il est possible de le blesser et de le vaincre, c’est juste une question de temps. »

Dis-tu en continuant ta marche vers l’avant. Tu ne savais pas où est-ce que vous alliez, tu ne faisais que les suivre, parce que c’est eux qui connaissaient le chemin.

« Maintenant à toi de répondre l’Ashikase. Vous reveniez de Yami non ? Comment on y entre, ça m’intéresse. »

L’aveu de l’Étranger invoqua un rai d’espoir dans le cœur de l’Ashikase. Même si l’assassin des Six Dynasties demeurait puissant – l’un des shinobi les plus mortels de sa génération, même –, il avait accumulé suffisamment d’ennemis pour former une chaîne implacable, ses maillons soudés par la sève humaine. Le démon pouvait saigner, être blessé, et mourir. C’était tout ce que Jun’ichiro voulait entendre.

— Nous avons fait demi-tour. Nous n’avons pas osé franchir la brume du Pays des Ténèbres – sous peine de risquer de ne jamais revenir. Nous ne sommes pas assez forts. Quelque chose m’appelle, là-bas ; et je sais qu’un jour je franchirai le voile pour répondre à l’invitation.

Le déplacement jusqu’à l’orée du Crépuscule avait provoqué un déclic dans l’esprit du jeune homme. Le fusible de son acceptation de soi avait sauté. Si, plusieurs jours auparavant, ses rêves naissants l’intriguaient et causaient en lui un profond mal-être, il n’était alors plus rien. Jun’ichiro avait accepté ces voix, ces consciences, ces fantômes, ces alter ego, et il les considérait comme de véritables êtres dignes d’existence.

— Je pense que les âmes du Continent, passées et futures, sommeillent toutes en cette fosse impénétrable, attendant leur nouveau rôle à jouer. J’ai moi-même des visions de ces esprits paratemporels.

Le balafré leva la tête vers l'horizon. Un rideau de sable commençait à se lever, timide, mais menaçant. Le groupe allait devoir presser le pas pour rejoindre le prochain refuge – avant de recevoir le courroux du désert.

— Dépêchons. Nous continuerons plus tard.

Jun'ichiro insuffla du chakra dans ses jambes et se mit à courir en direction de la tempête.


Le fracas des millions de grains de sable contre la roche provoquait un tintamarre oppressant. Sortir de la planque était chose impossible, tant la déferlante pouvait arracher la peau du malheureux d’une facilité déconcertante. Par chance, la colonne d’argile, stalagmite naturelle, couvait en son sein les trois voyageurs.

Un petit feu de camp avait été allumé pour l’occasion, près de l’alcôve servant d’entrée, dont la fumée noire s’échappait avec brio vers l’extérieur. Le Komejin avait préparé une sorte de casserole, qu’il avait rempli d’eau de sa gourde, et agrémenté d’herbes en tout genre acquises à l’Arbre-Monde.

Cette tisane, avait-il avancé, allait réchauffer leur âme.

— Ça ne te fait pas trop mal ?

Jun'ichiro désigna la cicatrice en croix de l'Étranger. Maintenant que l'homme avait passé un bout de temps en compagnie du binôme, le Komejin commençait à développer une once de remords.

— Miya, tu penses qu'il est temps de quitter le Pays du Vent ?

Le silence de Miyabi confirmait sa non implication dans ce conflit envers les Senju, elle n'était pas une Ashikase, et si elle devait l'être, jamais elle ne le serait de sang, et ne partagerait jamais cette rancoeur naturelle. Ce qu'elle partageait, c'était ce savoir sur les Ténèbres, mais Jun'ichiro s'était chargé d'expliquer à celui qui ne voulait pas l'entendre, alors Miyabi ne se contenta que d'une phrase à l'encontre de son très cher ami :

— Le passé te hante Jun, le présent te réconforte, et le futur t'effraie tout autant qu'il te passionne. Ces âmes pleurent, et tu es leur héraut.

Son regard ne se détourne pas de l'horizon, son visage se crispe : quelque chose se prépare. Miyabi relève la main, le vent souffle et les grains de sables se soulèvent. Elle noue son châle autour de son cou au signal de Jun'ichiro et se prépare à fuir le courroux avant qu'il n'arrive, autant le subir à l'abri que de tenter de le diable.


Le vent. Il conduit et dirige, mais il peut lui arriver d'arracher et de détruire. Comme le fait l'Eau. Mais ces deux éléments ne sont pas destructeurs en temps normal, là où le Feu lui, comme la Foudre, sont purement mauvais. La Terre elle, est source de vie, mais peut-être stérile et alors inhospitalière, lorsqu'elle se déchaine, le Feu prend le dessus et fusionne avec, ravageant tout sans même que l'Eau ne puisse y faire quoi que ce soit.

Le Vent aujourd'hui, se voulait violent, mélangé au sable - la Terre -, il se montrait redoutable face à quiconque oserait entrer dans sa tanière. Mais la Terre, seule, se montrait clémente et protégeait ceux qui l'utilisaient comme mère protectrice.

Miyabi observait le Feu, la flamme qui gisait entre tous les protagonistes, censée leur tenir chaud, les réconforter. Miyabi avait peur, son regard tremblait et ses mains s'étaient mécaniquement déposées chacune sur leur bras adjacent, comme pour se protéger du froid - là où le feu était censé la réchauffer. Naturellement éloignée de ce dernier, elle ne pouvait s'empêcher de regarder cette flamme, pourtant manipulée avec soin par son compagnon, qui ne tarda pas à lui tendre une tisane réconfortante. De l'eau, de quoi lutter contre le feu intérieur qui rongeait Miyabi.

Sortant de sa torpeur lorsque son nom fut prononcée, Miyabi tourne droit son regard vers Jun'ichiro, gardant cet air totalement tétanisé sur le visage qu'il devrait connaître à force de camper avec elle : elle n'aimait pas le feu. Elle prit une inspiration, comme pour se concentrer alors que son regard observe les pilliers qui les protègent du vent, elle rêve un instant.

— Le Vent nous a révélé ses secrets, mais il est encore trop tôt pour s'y aventurer. La Terre, Jun. Quel meilleur endroit pour y planter une graine ? Puis nous irons vers l'Eau, pour alimenter cette Terre. Ensuite, nous reviendrons peut-être, comptant sur le Soleil pour faire grandir notre oeuvre, en espérant qu'elle devienne une Lumière dans l'Obscurité.

Des pays et des éléments - une lumière et une obscurité, Miyabi connaissait la carte tout autant que certaines frontières menant aux Ténèbres, elle ne s'éloignait jamais de l'objectif final de Jun. Ses ambitions profondes à elle semblent la mener vers le pays des Esprits, mais elle ne sait que trop bien ce qui se trame là bas, finalement, espérer qu'un Calice lui offre ses réponses semble sa seule et meilleure solution à cet instant.

« C’est comme une sorte de monde des morts tu dis ? » Dis-tu.

Dis-tu en regardant le groupe de deux en face de toi. Il fallait être honnête, ton désir de puissance te criais intérieurement de foncer tête baisser dans la crevasse infernale de Yami. Cependant, ton coté réfléchis et intelligent, te disais de ne jamais t’approcher ne serait-ce que trop prêt de la crevasse. Et puis l’Ashikase se mit rapidement a courir, mettant fin à la conversation parce qu’une tempête de sable arrivait droit sur le trio.

Les tempêtes de sable en plein désert, c’était un danger qu’il fallait éviter le plus possible. Surtout pour des personnes comme toi, qui sont beaucoup plus à l’aise dans les étendues désertiques fait de feuillages et de plante, qu’au milieu des dunes. Tu ne pris donc pas la parole pour contredire ce qu’il venait de dire, simplement tu suivais le mouvement jusqu’a la grotte dans laquelle les deux avaient trouver refuge. C’était un endroit plutôt chaleureux, surtout après que le feu fut fait et que la « tisane » chauffait dans la casserole en dessous. L’Ashikase en profita pour te poser une question sur la cicatrice qu’il t’avait laisser. Bizarre te disais-tu, c’est lui qui venait de te blesser et pourtant, il prenait des nouvelles sur la cicatrisation de celle-ci ?

« C’est des vrais remords ou t’essai de m’endormir Jun’ ? » Dis-tu avec un sourire aux lèvres avant de reprendre la parole. « Dans les deux cas, la douleur est présente, mais elle reste supportable. Ça ira mieux demain. Tu sais ce qu’on dit non ? Les conséquences corrigent mieux que les conseils ».

Dis-tu avant de regarder Miya dans les yeux quand elle prit la parole. Quitter le vent pour se diriger vers Tsuchi ? Puis finir par aller au pays de l’eau. Le soucis, c’est que tu savais pertinemment que tu ne pouvais pas mettre les pieds au pays de la terre. Si par malheur tu foulais ne serait-ce que d’un orteil cette terre, tu finirais mort et enterrer dans une tombe anonyme. Il n’était donc pas possible de les suivre à Tsuchi. Du moins, il était encore trop tôt pour toi d’y aller.

« Je vous propose de se retrouver à Mizu, si cela vous convient ? Je ne peux pas vous suivre à Tsuchi. Pas encore tout du moins. Et puis j’ai encore un quelques trucs à faire dans le désert avant de pouvoir partir d’ici … » Dis-tu avant de reprendre la parole. « On se retrouve donc à Mizu, ça vous convient ? »

Dis-tu en souriant.