Courir. Prendre ses jambes à son cou. Déguerpir. Prendre la poudre d’escampette. Foutre le camp. Prendre son courage à deux pieds. Fuir. Se sauver. S’échapper. Détaler. Échapper. Se défiler. Sourdre. Se faire la belle. Disparaître. Se sauver. Se retirer. S’en aller. Décamper.

Il y a des frayeurs qui rassemblent bien des hommes. La peur du feu, par exemple ; celle de l’abandon ; de l’inconnu ; ou encore les opaques ténèbres. Dansant sur le prisme de l’effroi, Jun’ichiro s’amusait à éprouver ses limites personnelles en bourlinguant contre les murs et l’obscurité. Sa torche s’était éteinte il y a déjà de belles lurettes. Son sixième sens éveillé – mais trop peu incisif pour supplanter deux yeux en bonne santé –, l’Ashikase priait la mémoire de ses ancêtres pour le conduire en lieu sûr. À ce moment, il ne savait pas ce qu’il y avait derrière lui, mais ses tympans sensibles juraient avoir entendu un mastodonte s'être réveillé d’une torpeur séculaire pour passer le balais ; et chasser ainsi les blattes intrusives hors du domaine de son maître. Alors, il se rappela le moment où il avait congédié sa meilleure amie, la rassurant de la banalité de son opération. « Un simple coup d'œil jeté. » Et voilà où sa curiosité l’avait conduit : vingt pieds sous terre.

Une signature chakratique brûla soudain de mille feux. Là, à gauche ! Le balafré prit appui sur un mur, et projeta violemment une chaîne métallique le long du couloir qu’il venait d’inaugurer ; à l’image d’un grappin, il ravala son pouvoir via l’inversion de son art caché, et tira tout son poids en avant, fusant en apesanteur entre les parois d’orichalque et de poussière, et ce jusqu’au point d’impact. Alors, il la vit. Cette flammèche en pleines ténèbres, apparaissant comme un phare aux yeux du chaviré qu’il incarnait.

— IL FAUT FUIR CE LABYRINTHE !

Pas le temps de réfléchir. Le sol tremblait déjà sous les pattes rocambolesques d'un colosse passant à peine sous le plafond courbe de la nécropole éveillée. Un soldat d'élite à la hargne implacable, et l'énergie sans fin ; un chasseur parfait, sillonnant les entrailles de cette citadelle inversée.

Shugyoku Tokunowuke, célèbre pour avoir détourné les fonds de nombreuses sociétés et figure de proue de l'escroquerie, venait d’être tué. Le belluaire le poursuivait depuis plusieurs semaines maintenant, traquant le moindre de ses faits et gestes. Le Wén d’Or, son organisation criminelle, avait établi son repaire dans les profondeurs de l’Oasis de Fu, seule Impératrice du Désert. Une importante bataille fut livrée dans les parties supérieures de la pyramide ; l’ancien Capitaine-Corsaire n’eut aucun mal à écraser l’écu et ses partisans.

La manifestation des capacités héréditaires de Hanzō du Rubis emporta une partie conséquente de l’édifice. Hélas, le corps de sa proie fut emporté par les décombres, gagnant les artères souterraines du plus noir des donjons. Le système du Marché Noir adoptait une politique stricte : aucune récompense sans tête. Cette condition n’était pas évidente pour l’ancien combattant de l’Underground. Il était habitué à faire disparaître ses victimes.

De manière récurrente, au loin - même si cette notion n’avait plus de substance dans ce royaume obscur - quelque chose avançait. L’esprit ayant horreur du vide, le belluaire imaginait une créature si grande, si imposante, que sa carcasse - car aucune créature vivante ne saurait exister ici ? - frottait les parois du tombeau. Les nomades, les touaregs et autres bédouins du désert avaient avertis l’opalescent : les Pyramides d’Orichalque étaient le foyer d’entités veillant sur le sarcophage de la Gekimetsu. L’Extrême-Occident était nouveau pour l’îlien.

Certes, il avait livré des batailles à moult narvals, krakens et autres cétacés géants, mais il était incapable de concevoir des créatures composées de sables, de bandages, de chairs putréfiées. Deux Nécropoles Stygiennes étaient inconcevables. Pour l’heure, il ne rencontra ni les trésors faramineux promis, ni les monstruosités nyctalopes. Quel échec.

Le tintement d’une chaîne dans l’océan de silence ne ressemblait pas au pouls du mausolée. Quelques secondes après, un être humain apparaissait. Il semblait apeuré, fuyant. Un héritier du pays en Ruine ? Non. Sa corpulence jurait avec les âmes affamées. Un rictus élargit les gerçures causées par le manque de liquide vital. Il n’avait pas exterminé toutes les pièces du Wén d’Or.

▬ Je pensais vous avoir exterminé. Les mains de l’explorateur se rejoignirent pour former un cocon charnel. Mène moi à Tokunowuke. A l’instar d’amants s’étant quittés depuis bien trop longtemps, les doigts du shinobi entamèrent une danse intime. Tu n’iras nulle part.

La lumière blanche frappait le prisme, créant des rivières colorées. Le chakra chargé dans ses dextres donnait naissance à une vague de cristallisation. Un drap carmin se posa sur le décor. Les grains de sable glissant le long d’une faille se figèrent et devinrent bijoux. L’arcane dévoreuse accumulait de la puissance à mesure qu’elle glanait des mètres et, de manière quasi-paradoxale, consolidait la structure. L’inconnu venait de sceller la voie de l’autre : il devra rebrousser chemin ou lui passer sur le corps.

▬ Jouons.

Le balafré se jetait de Charybde en Scylla. La nuque réchauffée par le souffle haletant du Colosse meurtrier ; le flanc reflété par la colonne de cristal rubicond conjurée par le shinobi soumis au quiproquo ; le visage toisé par cette nouvelle menace à la peau exsangue, visiblement au crépuscule d’un jeu du chat et de la souris version mort subite ; Jun’ichiro n’avait que trop peu de sursis pour estimer le poids des pours et des contres.

— Encore un cinglé…

La réflexion vaine, contre-productive, l’Ashikase abandonnait la valeur des mots pour se consacrer à son art premier : la force brute. Posant les deux pieds dans le plat, il comprima son chakra au creux de ses mains pour faire apparaître deux chaînes massives aux reflets iridescents ; puis leur ordonna un mouvement grâcieux, tout autour de lui, formant un dôme de tranches, lacérations, coupures et heurts, qui fragilisaient déjà les murs de boue et de carton du dédale mortuaire, prêt à s'écrouler comme n'importe quel château de cartes.


— Je ne sais pas qui est Toku no Lambda, mais il doit être dans une autre pyramide.

Soudain, le Colosse s’invita à la rencontre des deux forces de la nature. Ses empreintes de « pattes » s'imprimaient dans la terre poussiéreuse qui recouvrait chaque parcelle de cet endroit, qui de leur poids inconcevable repoussait les plus fines particules en un halo de fumée grisâtre. Dans le détour du virage escarpé, les deux guerriers pouvaient contempler le gabarit effarant de l'insecte anthropophage, dont l'immense abdomen se prolongeait sur toute la longueur du tunnel derrière lui.


À la ceinture de l'utilisateur des Chaînes Coercitives, une babiole dorée semblait être suspendue – volée au calme éternel de ces environs coincés entre les deux récipients de La Clepsydre. L'assassin aux arcanes cristallines put comprendre que le « Trésor » attirait l'appétit du Colosse comme du miel pour un ours.

— Fuis, si tu veux vivre !

La structure antique sur le point de s'effondrer, Jun'ichiro projeta l'une de ses chaînes au-dessus du meurtrier pour passer outre sa garde. À peine eut-il prit l'initiative de fuir sa potence que le plafond commençait à se fissurer en de grandes failles, dont l'une semblait se prolonger jusqu'à l'autre extrême du couloir.


— Nous ferons connaissance plus tard.

Le balafré jeta un œil à son camarade d'infortune, s'assurant de son franc-jeu avant d'oser la fuite.

Le pilleur ne s’exprimait pas comme les occidentaux. Il ne ponctuait pas ses phrases par des tirades énigmatiques ou des termes abscons. La pâleur de sa peau chassait l’idée d’un éventuel métèque : il n’était pas du Wén d’Or. Pas plus qu’il ne venait de cette partie du Continent. Le manque d’eau rongeait sa sanité et le poussait à suréagir - l’obscurité totale du tombeau n’aidant pas.

Une présence se joignit à la querelle des deux explorateurs. Une créature titanesque, qui - à vue de nez - avait la longueur de deux pyramides. La chose chitineuse était un agrégat informe de chair décomposée, d’os ravinés par le temps et de plaques de sable. Entre les interstices de la passoire insectoïde, les deux shinobi percevaient tantôt les restes d’anciens explorateurs, tantôt les corps envie de pilleurs pris au piège. La Chose accumulait les humains pour s'en nourrir, expliquant ainsi son impressionnante longévité

Les quatre globes oculaires fixaient le manieur des chaînes. Les mandibules qui lui servaient de gueule claquèrent l’une contre l’autre à plusieurs reprises. Elle avait faim. Cette chose titanesque n’était pas un simple animal, encore moins un Seigneur du Sable. Un Inférieur parmi les Bijū à n’en point douter. Fuir au plus vite ce labyrinthe devint un intérêt commun. Le maître des chaînes réussit à barrer la route à la Chose.

▬ Wow. Un énorme sourire animait ses lèvres. Une condition. Le mercenaire pointait la gourde à la ceinture du vagabond : de l’eau pour réanimer la cosse. Les affaires sont les affaires, vois-tu.

Les doigts du belluaire s’élancèrent dans un nouveau ballet charnel. La péroraison de cette rencontre conjura un imposant dragon opalescent. L’incarnation draconique quitta le sol sous l’assoiffé, qui tendit une main à l’enchaîné pour lui permettre de gagner la station surélevée. A défaut de marcher, ils pouvaient compter sur sa réserve de Chakra étendue pour voguer sur le sable de la Nécropole.

▬ Pourquoi avoir provoqué la colère du Maître des lieux ?

De l’eau, contre son aide. Un marché acceptable – si tenté le balafré pouvait faire la fine bouche. Sans contester la demande, le jeune homme balança sa gourde en direction de l’inconnu, qui se ne priva pas pour se désaltérer goulument. Par chance, la récompense fut à la hauteur de ce sacrifice : un dragon de cristal se matérialisa sous les pieds du binôme, qui fusa le long de cette brèche pour sauver in extremis la vie des deux. Au loin, l’on entendait le fracas des blocs de pierre, écrasés par leur propre poids, en écho.

Ce couloir était-il le seul qui avait cédé sur lui-même ?

— Je m’étais perdu, et lui ai demandé mon chemin.

Jun’ichiro récupéra sa gourde, et se sustenta à son tour du fond d’eau qu’il restait. La course effrénée de ces dernières minutes avait mis un sacré coup à sa constitution. Il avait beau être vif, cela ne lui garantissait pas pour autant un cardio de combattant de l’Underground.

— La curiosité m’a pris la main pour récupérer cette… babiole.

La Griffe à Trois Doigts, fait d’un alliage étrange pourvue de rainures courbées, sur laquelle étaient gravés d’étranges symboles antiques, trônait en maître à la ceinture du balafré.

— Si nous sortons d’ici, je te la lègue volontiers.

Alors que le dragon poursuivait sa manœuvre – par la volonté de Hanzō –, les trois alliés semèrent l’effondrement pour rejoindre une salle un peu plus vaste que le couloir. Derrière eux, le fracas des rocs poussiéreux commençait à se taire, les dernières pierres roulant sur elles-mêmes, poussées dans un dernier râle d’agonie tellurique. Soudain retentit le clic bien caractéristique du piège bien ficelé.


La créature, sortie tout droit du caprice d’un souverain enivré du syndrome de dieu, enjamba la porte de son sarcophage, alors expulsée sur le sol, pour se rapprocher lentement des deux shinobi. Une étrange aura nimbait ses faits et gestes, comme si une magie pestilentielle tirait les ficelles, dans l’ombre. Le troisième œil de Jun’ichiro peinait à discerner la vérité au travers de ce châle noir – mais ce qu’il sentait n’appelait à rien de bon.

L’Ashikase saisit une faucille et l’agrémenta aussitôt d’une chaîne née de son chakra. Après une brève mise en rotation, exerçant un effet centrifuge et gagnant ainsi en inertie, il projeta la pointe de son arme dans l’épaule de la créature pour l’entraver partiellement, offrant à son camarade la pleine faculté de nuire.


— Elle est à toi !

Le pilleur ne put se retenir d’étreindre la carcasse chitineuse de l’insecte. L’enfant du Riz s’était lancé dans une valse mortelle avec le gardien de l’Impératrice. A défaut d’embrasser sa dulcinée, il récupéra sa Griffe à Trois Doigts, un emblème du désert. L’artefact illustrait l’union des Gekimetsu, des Fujiwara et de l’Arbre-Monde.

▬ Je te laisse l’artefact, Aventurier. L’âme du belluaire n’éprouvait aucun intérêt pour les babioles historiques. Il laissait ça à Bōkensha no Renmei. Je préfère les têtes.

Le signe zodiacal du serpent brisé, l’envol du dragon cristallin touchait à sa fin. La collision entre la gueule translucide et le sol de la nouvelle alcove eut pour effet revêtir d’un fin drap carmin une fraction de la salle. Autour du point d’impact, de nouvelles figures prismatiques s’arrachaient du sol, scellant à jamais les grains de sable, scorpions et autres babioles. De manière quasi-concomitante, le bruit d’un mécanisme retentit.

Le chasseur de trésor réagit instinctivement : la chaîne conjurée se lia à la kama et, après deux moulinets d'esbroufe, pénétra la chair - en était-ce seulement ? - de la momie. La maîtrise de cette faucille trahissait les capacités martiales du shinobi : il était de ceux qui se revendiquaient être des armureries vivantes.

▬ Ton profil pourrait intéresser Bō. En retrait, légèrement désaxé, le Rubis entama une série de signes incantatoires : serpent - singe - boeuf - cheval - mouton. Le Monde de la Nuit est toujours ouvert aux épées-louées. Les paumes de Hanzō se lièrent et, l’instant d’après, alors qu’elles se repoussaient l’une et l’autre, le vide entre les coupes charnelles laissait place à la création d’un javelot de cristal. C’est toujours plus simple pour devenir un membre de la Ligue.

Il n’eut qu’à pointer du doigt sa cible pour que le limier rutilant la pourchassait. Empalée au niveau du sternum, la créature fut propulsée en arrière suite au choc, puis épinglée au mur. La cristallisation, propre aux facultés héréditaires du Shōton, commençait à ronger le mélange animé d’os et de peau. Hélas, point de troisième œil ne permettait au belluaire de comprendre ce qui se présageait.

Au loin, la ruée du Colosse prit plus d’ampleur. Les frottements de son corps contre les parois de l’édifice secouèrent toute la Nécropole. L’explosion draconique avait consolidé une partie de l’alcôve. Il existait une réalité parallèle où les deux hommes avaient été ensevelis sous les débris - mais ça, seul Yami le savait. Il fallait fuir au plus vite les catacombes ou triompher de la créature. Peut-être que les alvéoles d’oxygène incarnaient la clé. Une chose était sûre, sa cadence venait d'accélérer suite à l’expression du chakra des deux voleurs.

La créature momifiée ne fit pas long feu. L’attaque synchrone des deux shinobi avait été mortelle.

— Merci. Je ne l’oublierai pas. Je te laisse donc la tête de la bête.

La course poursuite était enclenchée. Tel le fracas de la foudre dans une vallée escarpée, les pas du Colosse se propageaient en écho dans le dédale souterrain, au point que toutes les créatures – vivantes comme mortes – pouvaient l’entendre. Pressé par le temps, la bête se fichait bien de l’intégrité de son habitat naturel. Elle se fracassa contre le bord des virages sinueux pour mieux adapter sa cadence, limant le passage jusqu’à retrouver la piste des deux Pilleurs d’âme – au grand dam de nos amis aventuriers malgré eux.

— Je crois qu’on l’a énervé. J'ai vu son regard, tout à l'heure ; il en a après la Griffe. Je n’ai pas le choix. Fais gaffe à ne pas trop brûler ton chakra, ça nous sauvera la mise.

Jun’ichiro leva son index et majeur joints ; et, fermant son troisième oeil, s’assura de verrouiller sa signature chakratique dans une aura étroite autour de lui, dissimulant la Griffe à Trois Doigts des temps anciens qu’il avait chapardé au mausolée. Aussitôt, le Colosse ralentit sa cadence, incertain de la direction à suivre – son appétit privé de nourriture spirituelle. Ce qui rassura l'Ashikase, et lui révéla des réponses.


— Il y a donc une once de conscience en cette chose…

Le binôme s’avança dans les ténèbres du labyrinthe. Sans prendre de risque, les deux pillards cherchèrent à s’éloigner du brouhaha, et allèrent tout droit. L’absence d’impasse et d’angles serrés les confortait dans leur choix de fuite, tandis que la présence titanesque semblait s'approcher de leur position, tâtonnant.

— La Ligue des Aventuriers, tu dis ? Là, tu me parles. J’ai suivi leur piste pour leur proposer mes services, mais pour le moment, ce n’est que chou blanc. Impossible de leur tomber dessus. Tu aurais découvert un filon ?

Les alvéoles d'une pièce plus grande – à l'instar de celle de la momie – se dévoilaient.

— Désolé, je ne connais pas ce « Bō ». Je ne suis qu’un errant venu de Kome, ayant fait le mur pour assouvir sa soif de curiosité. Jun'ichiro – enchanté. Et tu es ?

Ils passèrent le seuil de l'antichambre, mais aucune créature ne daigna les accueillir, comme tantôt. Cette fois, sur un autel endommagé par le temps, une drôle de babiole attendait d'être récupérée. Même sous camouflage chakratique, le balafré pouvait sentir le lien qui unissait son Trésor à celui-ci.


— C'est comme s'ils partageaient une même énergie. Je me demande si on peut puiser dans leur pouvoir pour abattre notre geôlier. Tout n'est que chakra, après tout. Avec mes chaînes, peut-être que...

Jun'ichiro jeta un œil à son compagnon d'infortune. À quel point aimait-il le risque ?

— Ce serait suicidaire de récupérer ce trophée, mais...

Les deux hyènes filaient telles des grains de sable emportés par un sirocco. Connues pour être de redoutables prédatrices - en meute -, seules, elles ne pouvaient s’attaquer au roi de la savane. En l’état, les deux pilleurs incarnaient ces hyènes dont le galop peinait à distancer le fauve de la nécropole : l’insecte à la taille extensible.

▬ Une âme vierge. S’esclaffa le belluaire. Il existait donc encore des âmes errantes qui ignoraient tout de la noirceur du Continent. Hanzō. D’un coup de menton, il pointa les dextres génératrices de chaînes. Ashikase ? Je connais un peu les Akimichi de Idōtoshi.

Cette fois-ci, nulle entité draconique ne leur permit de gagner la nouvelle section de cette ruche sablonneuse. Jun’ichiro ne se trompait pas. Dans une telle situation, il fallait préserver son chakra et surtout son énergie : la déshydratation guettait les deux clandestins.

▬ Le pays de l’Abondance. Lâcha-t-il simplement. La nouvelle cité-État bâtie sur le territoire du Riz, de la Céramique et des Ruines. Si on liait les bœufs par les cornes, alors on lierait les Hommes par le danger. La ligue des Aventuriers marchande souvent avec Bō. Il a son propre stand là-bas. L’allusion visait le Marché Noir. Son aîné ne semblait toutefois pas connaître la personne et, dans une certaine mesure, c’était normal. Le Maître du Marché Noir était une figure de l’ombre, connue des seuls spectres du Continent. Il recherche toujours de nouvelles trouvailles. Il pourrait vous mettre en contact.

Face à eux, sur un autel dévoré par le passage des décennies, un grappin les attendait. La rouille mordait le fer, alors que la sécheresse attaquait le cordage. Le kanji “砂” frappait l’outil shinobi. Compétent dans les arcanes de la sensorialité, la jeune fleur comprit qu’il ne risquait rien à s’emparer du trésor si... particulier ?

▬ Je ne pensais pas que le fils de la Capitale-Mobile aurait peur d’un insecte géant. Le ton accompagnait le sourire moqueur. La créature de Chakra est proche. Décide-toi.

L’adepte du Troisième Œil enferma dans un sarcophage charnel la relique. Aussitôt, un électrochoc muet le saisit. Dans ce trait de temps - qui dura plusieurs heures dans son esprit - l’Ashikase se vit pénétrer le Royaume Endormi. Une version alternative de l’Ikeda s’aventurait dans les couloirs intacts des Pyramides d’Orichalque, trahissant ainsi le memento. Le shinobi de Suna Gakure no Sato faisait face à un primate aux traits humains - ou un humain aux traits simiesques ? - adepte du Bakuton.

La vision manquait de détail, hachée par une succession d'ellipses. Les scènes se succédaient mais ne se liaient pas les unes aux autres. À trois reprises, il vit le Colosse. La première fois au travers des yeux de son avatar, puis du singe et enfin de la créature elle-même. À ce stade, le flashback dépeignait un combat entre les deux rivaux, qui fut stoppé par l’immixtion du Gardien de Fū.

▬ Je vais avoir besoin de plus de temps pour incanter un jutsu capable d’oblitérer son existence.

Les cordes vocales ne répétèrent pas sa pensée : il fallait fuir, mais ce n'était que partie remise.

Hanzō – connaissance des Akimichi de Idōtoshi. Jun’ichiro dodelina de la tête face à cette information, et s’abreuva des informations de son compagnon quant au régime de Bō Takeshi, et son Pays de l’Abondance, au carrefour des Pays du Riz, de la Céramique et de la Ruine. Le jeune homme nota la présence de la Ligue des Aventuriers sur place, et attribua cette nouvelle quête secondaire à son double du futur.

Lui était trop occupé à essayer de survivre quelques minutes de plus pour penser au lendemain.

— Fais attention, quand tu saisiras ce grappin. Il risque de…




L’hôte se rattacha à un souvenir de l’Autre. Parmi les nombreux fragments de memento entre lesquels Jun’ichiro nageait, certains filins semblaient plus brillants que la moyenne. Nul doute que le balafré dormait debout, cauchemardant de cette réalité parallèle, véritable illusion. Mais il ne pouvait pas le savoir. Au travers de ses yeux se déroulait une bien plus belle réalité : celle d’un soubresaut de nostalgie, alors même qu’il n’avait jamais vécu ces tranches de vie. Chaque détail s'additionnait sur l 'autel de la pertinence, jusqu'à légitimiser toute cette scène à ses yeux, loin des piètres rêves lucides qui l'honoraient parfois de leur apparition.






Le rêve avait duré des heures. Le souffle court – le corps de Jun’ichiro pensant avoir couru pendant un tiers de journée sans jamais relâcher adrénaline ni tension musculaire –, il essayait tant bien que mal d’analyser la situation, et de faire le jeu des sept différences avec la fenêtre paratemporelle qui l’avait séquestré.

— Ça fait combien de temps que…

De toute évidence, une poignée de secondes. Huit, pour être précis. Pour autant d’heures passées de l’autre côté, dans les traits d’un Autre. Les Autres. Ses Alter Ego. Ses doubles passés, futurs, présents, aux lignes de vie entremêlées. Qu'avait-il appris de tout cela ? Que ses fantômes paratemporels le suivaient à la trace, déjà ; et que le Colosse, flairant les deux pillards à la trace, était sur le point de les rattraper.

— Il arrive. Je l'ai vu...

Jun’ichiro matérialisa aussitôt une chaîne de son Monde Intérieur. Puisant dans la force brute du jeune héritier du clan Ikeda, et de l’explosivité de son rival Kuro Saru, l’Ashikase redoubla de chakra pour provoquer la chute du couloir derrière eux. La faucille se planta pile sur la clé de voûte de l’entrée de l’antichambre ; et, d’un mouvement de levier maîtrisé, arracha violemment un morceau de roche pour faire tomber le premier domino.


— La pyramide sera votre tombeau !

Le hurlement du Colosse retentit au travers des murs, et de l'impasse pas tout à fait intègre. Des trous, çà et là, de la taille d'un ryo, laissaient passer le souffle pestilentielle de la créature infernale, dont les yeux luminescents se verrouillaient à nouveau sur la signature chakratique des deux Trésors subtilisés. Jun'ichiro comprit aussitôt que sa rage démesurée était de nouveau sur la table – et que leur temps était compté.

— VITE, IL FAUT S'ASSURER DE BOUCHER LES AUTRES VOIES ! IL Y EN A UNE À QUELQUES MÈTRES !

Un dragon de cristal était cruellement demandé. Il n'y avait pas une seconde à perdre face à la bête.

L’adrénaline transportait l’ancien Capitaine-Corsaire. La nécropole tremblait à mesure que le Colosse dévorait les mètres qui le séparaient de ses trésors. Le sang bouillonnait dans les veines turgescentes qui striaient ses avant-bras. Cette partie de chasse à courre avec le belluaire comme gibier mettait ses sens en émoi. Il se sentait vivant et ne put s’empêcher d'exploser de rire - à s’en tenir les côtes - en pensant qu’il infligeait cela à ses cibles.

▬ J’aime… La dextre du cristallin passa dans ses cheveux. Cette… Puis épousseta la poussière de son corps. Vie.

L’hôte aux vies parallèles détruisit l’entrée de leur alvéole. Kurenai no Hanzo se lançait dans une série de signes incantatoires dont il avait le secret : sa technique signature. Le shinobi exécuta toutes les formes zodiacales : oiseau - cochon - chien - dragon - lapin - cheval - bœuf - singe - mouton - rat - serpent - tigre. Un halo de chakra rubicond noya le praticien du Ninjutsu. Deux bras de cristaux furent conjurés depuis le néant et trouvèrent une place sous les aisselles du pugiliste.

▬ Je vais te montrer les secrets du Shōton, Komejin.

Le Rubis s’élança seul dans le corridor mis en branle par l’insecte géant. Ses capacités physiques lui permettaient de distancer sans mal Jun’Ichiro. Les deux dextres - charnelle et cristalloïde - effleuraient la paroi du couloir durant la ruée. Le Mizujin laissa un sillage de cristal, qui le devança et lui permit de glisser dessus afin de gagner en célérité. L’arabesque aux mille brisures consolida par ses vertus arcaniques cette partie du segment - évitant ainsi un éboulement provoqué par la charge de la créature de chakra.

Dans une vrille élégante et contrôlée, l’ancien combattant de l’Underground apparut au croisement des quatre lignes droites. En guise d’atterrissage, les quatre poings gorgés de chakra percutèrent avec force le sol - creusant la terre pour former un cratère. Aussitôt, une onde cristallisatrice dévora le cratère et une partie du segment à gauche.

Une infinité de formes prismatiques, tabulaires et aciculaires émergèrent du sol, des parois et du plafond. La dangerosité de ce jutsu résidait dans sa capacité à s’auto-alimenter : chaque fragment de cristal donnait vie à des pieux rutilants, et chacun de ses crocs transparents prenait en ampleur à mesure que les centièmes de secondes s’écoulaient. Bientôt, toute l’aile gauche du couloir devint une mine dont les trésors feraient pâlir les veines les plus porteuses du pays du Fer. L’hégémonie grenat intima au Colosse de battre en retraite, sinon il se retrouverait percé de part en part.

▬ Avec plus de temps, je suis sûr de pouvoir le cristalliser. Le front perlant de sueur, le chasseur de primes se retourna vers son acolyte. Ajoutons ce monstre à notre liste. Pourquoi se contenter de babioles historiques lorsque l’on pouvait inscrire une telle chose à son tableau de chasse ?

Les deux protubérances débutèrent le clou du spectacle : elles captaient le chakra de leur hôte pour donner vie, à terme, à une technique surpuissante dont lui seul avait le secret. Pour l’heure, les deux pilleurs ne le savaient pas encore, mais l’intensité de Jigoku no Jikosōhi Zukikei serait lourde de conséquences. De manière concomitante, aux quatre coins des profondeurs de la Pyramide d’Orichalque, les tambours de la guerre résonnaient. En raison de la proximité du Colosse, il ne put se dédoubler aussi vite et à plusieurs endroits différents en même temps. Le pire était à venir...

L’explosion de cristal matérialisée par le chasseur de primes avait définitivement déclenché quelque chose. Une longue chaîne de cause à effet, de déclencheur et d’évènement, dont les maillons séculaires – les fameux « Trésors » – avaient un pouvoir tout particulier dessus. Mais quel était le but de ce jeu de piste ?

Lorsque Hanzō avait récupéré ce Grappin, dans l’antichambre précédente, Jun’ichiro avait déjà été plongé dans une torpeur éphémère, légitimant un lien puissant, assurément chakratique, entre ces vecteurs d’histoire. Ainsi, lorsque la détonation traversa la roche pour faire trembler toutes les salles du labyrinthe, déclenchant pièges, apparitions de monstre, et faisant choir les Trésors de leurs réceptacles, la Griffe à Trois Doigts donna un torrent d’informations à son porteur, pour qu’il pût retrouver les autres fragments.

— Attends, Hanzō ! Il faut que je te dise ce que j’ai senti, de l’autre côté. Ce « Colosse »… Ce n’est pas un gardien, mais un défi ! Il ne protège pas ce lieu pour survivre, mais pour éprouver la valeur de ceux qui lorgnent ces Trésors. Il y a un lien entre ces Trésors et le Colosse. Ce sont des clés. Nous pourrons la vaincre !

Très vite, le binôme rencontra un carrefour – deux voies, à gauche et à droite, menant toutes les deux vers le Colosse. Peu après la technique d’ampleur du manipulateur de cristal, d’ailleurs, les deux aventuriers avaient pu entendre le déclenchement d’un piège, non loin. Et ce piège désactivé se trouvait sur la voie de gauche. Comme si cela ne suffisait pas, d'autres pièges, plus lointains, jouèrent la même partition. causant le chaos.




Jun’ichiro posa la main sur son Trésor à sa ceinture. Il grimaça ; et pour cause, telle une sangsue vampire, vorpale, assoiffée, la Griffe semblait puiser dans son chakra pour assouvir sa curiosité.

— De l’autre côté ! C’est à droite, je le sens ! Il y a un Trésor, au bout. Mais la créature nous rattrapera certainement avant… Elle est trop véloce... Trop enragée...

Le balafré se retourna. Un autre signal, bien plus lointain, lui faisait de l'œil.

— Il y a un autre Trésor à l’autre bout du complexe. C’est certain. Fais-moi confiance, Hanzō. Rebroussons chemin, et allons dans l’impasse. Je te promets la victoire sur ce Bijū d’outre-tombe.

Alors, ils coururent. Contre vents et marée, ténèbres et poussières, fatigue et douleurs. Jusqu’à traverser l’antichambre du Grappin, où le balafré avait rencontré l’un de ses Autres. Puis ils continuèrent, sans relâche, comme si la mort leur soufflait sur la nuque – et c’était assurément le cas. Usant de chakra, de chaînes et de cristal, les deux compagnons redoublèrent d’effort pour arriver à destination à temps, mais le Colosse, lui, implacable, ne leur laissait aucune chance. Le timing allait être très serré. Juste assez de grains de sable pour poser la main sur le troisième Trésor, et briser le mécanisme du Dédale d’Orichalque.

— LÀ !

Effondré à côté d'un autel – dont l'absence de poussière coïncidait avec la forme de l'objet-clé – une sorte de sceptre, doté d'un onyx noir, attendait d'être empoigné. Jun'ichiro se rua vers le dernier morceau du puzzle.

— Retiens la bête quelques secondes ! Et donne-moi le Trésor que tu as récupéré !

Déjà, des chaînes fusaient dans tous les sens, partant des mains et du corps de l'Ashikase. Sans se retourner, et comptant sur son sixième sens pour bien viser, le jeune homme envoya même l'une de ses excroissances métalliques vers son compagnon de fuite, afin de se lier avec lui. Le lien froid épousa la taille du manipulateur de cristal, qui s'enroula autour d'elle comme un anaconda en chasse. Très vite, la chaîne se réchauffa, et trahit sa nature par une teinte surnaturelle, aux reflets iridescents – le fruit du chakra qui se transmettait déjà par elle. Chaque seconde, Jun'ichiro se vidait un peu plus de son énergie pour permettre à Hanzō de vaincre.

Une autre chaîne vint agripper le troisième Trésor, au loin. En possession de Trois Clés, Jun'ichiro débloqua une entrée dans la matrice de ce souterrain ; un nouveau sens de lecture ; la compréhension de la syntaxe d'une proto-langue étrangère. Alors, il comprit davantage. Imprimé dans son crâne, sous la forme d'un plan en quatre dimensions, l'architecture entière de la nécropole s'offrait à ses six sens. Le cadavre protégé du maître de ces lieux, notamment, se reposait sous le « T », en plein cœur du dédale, aux étages inférieurs.

— Je te donne tout, Hanzō. À toi de jouer.

Un torrent de chakra s'infiltra dans les chaînes du chasseur de primes – qui faillirent brûler sa taille au second degré. Un profond sentiment d'invulnérabilité s'emparait de lui, alors que cette énergie surchargée, en abondance, se mêlait en parfaite osmose avec le chakra ??? des trois Trésors. Les teintes se diluaient entre elles, sans jamais se mélanger. Un tourbillon de bleu et de ???, à l'image d'un fil de dentifrice anachronique.

— Les vivants ne méritent pas l'accès au sanctuaire !

Jun'ichiro, lui, ferma l'œil à cause du poids de l'énergie qui transitait au travers de lui. Même si les Autres, dans les coulisses, faisaient tout en leur possible pour soutenir le Primat, il n'y a rien qu'ils pouvaient encore faire pour empêcher l'inévitable. En guise de seule réponse face au destin, le jeune homme arbora un sourire amer.

— Je suis désolé... Miya.

L'excroissance métallique de l'Ashikase acheva de ponctionner le chakra de son invocateur. À la suite d'une infinité de signes incantatoires - conjurés plus tôt, lors de leur course effrénée - le belluaire faisait face à sa proie. La créature, composée d'os géants, de chairs d'explorateurs et de chitines sablonneuses, entamait son ultime charge.

L'ancien Capitaine-Corsaire forçait les portes scellées du jardin sacré de la toute-puissance. La présence profane du shinobi souillait les lieux ; il ne figurait point parmi les dignes - contrairement à Ieyasu, Orochi ou Sai. Le halo iridescent chassait la faiblesse de l'enveloppe charnelle. Elle ne ressentait plus la déshydratation poindre ni la fatigue s'accumuler. La chevelure de jais du Mouton Noir était charriée par l'émanation visible de son chakra.

▬ Je prends le relai, dit-il de manière calme et apaisante.

Hanzō ne sentait plus son cœur tambouriner contre sa poitrine. L'acide lactique ne dévorait plus ses muscles. Les acouphènes relatifs à l'usage excessif de son chakra devenaient muets. La fabrique de la réalité cessa de tisser le fil temporel, figeant la scène. Le Rubis percevait physiquement tout ce qui tombait sous l'empire de sa vision.

Il était le grain de sable qui tombait délicatement contre le plancher stérile de la Nécropole. Il était cette roche qui tremblait à chaque mètre gagné par le Colosse. Il était cette structure souterraine qui accueillit depuis plusieurs minutes - voire heures - les deux pilleurs. Les quatre paumes se percutèrent l'une et l'autre. Le chasseur de prime souhaitait ébrécher le monopole des créatures de chakra sur les techniques ultimes. La pyramide d'Orichalque connaîtra l'ampleur d'une surcharge de cristal.


La plus puissante technique de son répertoire consistait à cristalliser la matière à l'échelle moléculaire. La première pierre du Royaume Rubicond fut cette molécule d'eau qui flottait dans l'air ambiant. La combinaison hydrogène-oxygène se teinta de rouge et, à une vitesse quasi-instantanée, le Mal Rouge colonisa ses consoeurs. Chaque particule matérielle se faisait dévorer par le jutsu : après l'eau, ce fut le quartz contenu dans le sable, puis le limon de la roche et bientôt l'horizon entier devint grenat.

À la manière d'un empire colonial, la vague cristallisatrice n'était en réalité qu'une succession de réactions en chaînes instantanées. L'imbrication des molécules les unes contre les autres, pour former l'univers visible, permettait à l'onde de ne connaître aucune fin - si ce n'était la quantité de Chakra déployée. La régénération accrue des cellules du Bijū lui permit de gagner davantage de mètres, l'appendice insectoïde tenta de décapiter l'humain.

Le bras de la créature n'eut le temps que de caresser son front. Tout comme la technique précédente, Jigoku no Jikosōhi Zukikei, chaque pierre constituant l'Empire servait de base à la naissance d'imposantes formes aciculaires. Les pieux généraient d'autres pieux, qui en généraient d'autres, et ce, de façon à ne pas connaître de fin. D'importantes dents prismatiques percèrent de part en part la monstruosité gardienne - elles-mêmes en générant d'autres.

L'offensive ne se limita pas seulement à Oootoko : le dédale entier se faisait dévorer par la vague pourpre. D'ici quelques minutes, heures, voire jours - tout dépendait de la proximité des Gekimetsu et de leurs compétences en sensorialité - Kaze entier verrait la transformation d'une Pyramide d'Orichalque en Rubis. Amorphe, le suicidaire tomba à la renverse. Avant de sombrer dans les ténèbres de l'inconscience, son regard capta la présence d'un étranger derrière son acolyte endormi : la dépouille de Shugyoku Tokunowuke.

L'extermination du Colosse offrit une nouvelle clé de lecture à l'invité du pays des Ténèbres. Les événements liant Ikeda Jun'Ichiro et M'Baku se dévoilèrent. Les deux shinobi du Village Caché du Sable avaient découvert cette pyramide au cours de leur périple. Ils décidèrent d'explorer la relique antique, triomphèrent et… D'autres visions parasites s'accaparèrent le mémento : Ashikase Jun'Ichiro se voyait aux côtés de Hanzo mourir des dizaines de fois au cours de cette exploration.

Chaque croisement apportait son lot d'échecs. La présente réalité était l'une des seules fois où le binôme réussit à survivre. Lorsque le premier flashback - ou flash-forward ? - revint, il vit son alter ego, seul, empoisonné par le chakra des Trésors. Son corps se disloquait, ses os déchiraient sa chair, ses yeux se dédoublaient... Petit à petit, l’Ikeda devenait le Colosse. Cette image horrible prit sens : depuis le début, le pilleur livrait un combat contre lui-même.