Pas après pas, les survivants s’extirpaient du dédale infernal. Broyés, usés et meurtris, tous s’écroulèrent dans un silence pesant. Aucun n’avait les mots pour traduire leur désespoir et leur peine. Le Calice les avait recrachés avec violence et leur avait volé une partie de leur âme. Ses pauvres victimes ne pouvaient que regretter leur choix. Car après tout, cet échec était le leur, la preuve de leur faiblesse et de leur misérable humanité. Renpei n’échappait pas à cette description. Le flanc droit ensanglanté, il vacilla du fait de la douleur et perdit conscience. Dans ses ténèbres, il ne vit aucune lumière. Aucun son ne lui parvint. Il était seul face au néant. Quelque peu amusé par ce vide, l’écrivain laissa échapper un amer commentaire : ces abysses étaient la parfaire représentation de son existence, l’absence de toute réussite et de toute gloire.

Quand ses yeux eurent suffisamment de force pour s’ouvrir, l’éphèbe fut surpris de voir son corps parsemé de bandage rudimentaire. À ses côtés, sa camarade exploratrice semblait être la proie de vil cauchemar. Mais n’était-ce pas normal ? Après tout, elle avait vu ses compagnons de route mourir les uns après les autres. Aucun être ne peut sortir d’une telle épreuve sans traumatisme profond. Quelle tragédie.

Après un bref échange, le savant convainquit Musashi de l’accompagner jusqu’à Hakugaku. Là-bas, il connaissait une Uzumaki capable de les soigner. Toutefois, ce n’était pas la seule requête du Nara, celui-ci insista pour garder les plaies intactes, seuls des soins basiques étaient autorisé. N’y voyait là aucun masochisme, seulement un esprit un peu trop pragmatique. Le fils de l’Ambassadeur souhaitait offrir à sa mentor un corps usé, blessé avec le moins de changement possible. Bien sûr, la manieuse de terre s’en offusqua, trop inquiète pour accepter une telle demande. Cependant, Renpei fit preuve d’autorité. Ce sacrifice était essentiel pour le Continent. Le progrès requiert un prix élevé, et il était bien décidé à le payer.

Durant tout le voyage, le jeune homme enchaînait moments de lucidité, délires dus à la souffrance et comas éphémères. Pourtant, sa volonté ne semblait jamais vacillée. Quant à son infirmière de fortune, elle était bien trop reconnaissante pour l’abandonner. Bravant sa tristesse, sa fatigue et ses peines, elle parvint à l’amener à destination. Par chance, le membre de la Kabbale avait déjà prévu leur arrivée. Munie d’un passe-droit, la femme aux cheveux violets dépassa rapidement la douane. Même le trajet au sein de l’École de guerre se déroula sans heurt. Lorsqu’on lui indiqua le bureau de la scientifique, elle réveilla son acolyte. L’heure était venue pour lui de jouer son rôle.

Relevant l’échine lentement, puis le menton, Renpei retrouva une posture digne à la hauteur des enjeux. Après une longue inspiration, il mit son corps en mouvement et frappa la porte close. À mesure qu’il s’approchait du laboratoire, l’homme refoulait ses sensations. Il devait tenir, coûte que coûte.

Uzumaki Mai ? C’est Nara Renpei, j’ai besoin de votre aide.

Dans sa voix, on ne pouvait distinguer la moindre souffrance. Il paraissant normal, peut-être un peu plus pressé qu’à l’accoutumée.

Une fois rentrer dans la pièce aseptisée, l’auteur à succès fit une brève présentation des faits.

Comme vous le voyez, je ne suis pas au mieux de ma forme. Mais n’est-ce pas idéal pour tester vos hypothèses ? J’ai fait en sorte de préserver au mieux mes blessures, pour ne pas fausser vos résultats.

Sa démarche se voulait assurée, mais il était évident qu’il boitait avec difficulté. Bien que comprenant sa fierté, l’exploratrice ne put garder le silence. Elle aussi était dans un sale état, autant sur le plan physique que psychique.

Je vous en prie, son état empire depuis qu’on a quitté le Calice de Tetsu. Ses malaises sont de plus en plus fréquents… Je ne sais pas quoi faire, tout ceci me dépasse…

Ne t’inquiète pas Musashi, tout va bien se passer. Nous avons affaire à une experte dans son domaine. Rare sont ceux qui osent nier cette évidence.

Une nouvelle fois pris de vertige, le savant chercha du regard une assise. Malgré sa vision trouble, il parvint à l’atteindre et fit tout son possible pour retrouver une respiration correcte.

Perforation au niveau mollet droit. Muscle de la hanche dévorée par une créature. Fièvre. Possible infection. Vertige. Nausée. Vision altérée. Courbature généralisée. Contact prolongé avec du Chakra pur.

Lister ses symptômes était sa manière à lui de garder pied. Malheureusement, son mal-être l’empêchait d’être plus précis.

Resumé:

J’étais encore une fois accaparée par l’une de mes nombreuses affaires. Cette fois, c’était sur un moyen de renforcer mes propres talents, comment gagner en puissance. La base était simple, mais maitriser les choses était tout de suite plus complexe. Pour autant, dans le cas présent, toute la littérature que j’avais eu l’occasion de lire me menait à un seul endroit, les Calices. Seulement, dans ma forme actuelle il m’était impossible d’y aller sereinement. Outre les compagnons de route que je m’étais fait, c’est surtout de la force brute dont nous manquions et qu’il nous fallait acquérir.

Perdue dans mes pensées, je fus interrompue par un Alchimiste qui m’alerta sur la situation de l’un d’entre nous. D’ordinaire je n’aurais eu cure de cet état de fait, mais la victime avait un intérêt certain pour moi. Une fois encore, c’était le jeune Nara qui se mettait dans une situation des plus problématique. Ecoutant les explications plus que limitées qu’on m’offrait, je soufflais de dépit face à cette nouvelle situation. Pour autant, tout ceci pouvait être une aubaine pour d’autres de mes recherches.

Arpentant ces lieux depuis des décennies, j’avais mis la main sur certains privilèges. Le premier, outre un bureau d’étude prévu et un laboratoire pour le moins fonctionnel, j’avais également fait l’acquisition d’un second laboratoire, cette fois dans les entrailles de l’Ecole de Guerre, un laboratoire doté des meilleures technologies, connu de peu de personnes et accessible par une seule … moi en l’occurrence.

C’est dans mon premier domaine que le blessé de guerre arriva, tout pimpant, du moins, en apparence

« Eh bien, étonnant que tu arrives à fanfaronner vu ton état. »

Etonnant qu’il se tienne encore debout mais soit. Avec une précision certaine, le Nara me fit la description de son état sous le regard inquiet de celle qui semblait être son ami. La poussant hors de mon laboratoire, je la remerciais rapidement pour sa précieuse aide et la laissait en plan au niveau de la porte.

« Merci d’avoir déposé Renpei. Vos blessures ne sont pas tellement graves, allez donc voir un guérisseur, il s’occupera de vous. Pour le reste je m’en charge et surtout restez loin de ce laboratoire, j’ai besoin de calme. »

Passant par un second passage, je transportais mon blessé jusqu’à ce second laboratoire usant de petite coursives et passages dérobés afin d’agir en toute discrétion. Les lieux étaient quelques peu différents. Aucun luxe apparent, uniquement des outils fonctionnels ou expérimentaux. Déposant mon paquet blessé sur une table d’examen, je dépouillais son corps afin de mettre à nue mon cobaye.

« C’est bien, c’était une bonne description des problématiques. Je pourrais te soulager de ta douleur, mais je n’en ferais rien. Il te faudra serrer les dents le temps que je fasse quelques prélèvements. Tu dis avoir été en contact avec du chakra pur, du coup, je ne voudrais rien contaminer avec mon propre chakra. »

Sur ces mots, attachant ma victime à la table, le sanglant comme il se doit, j’usais des mes talents en médecine pour prélever les éléments nécessaires à mes recherches. Du sang en premier lieu, mais également des morceaux de peau contaminée, de muscles machés et en examinant les blessures, également ce qui ressemblait à une dent résiduelle, surement tombée lors de la morsure.

Une fois chose faite, je posais sur le front du Nara un sceau destiné à réduire la douleur. Le sceau n’était absolument pas assez puissant pour anesthésier toute douleur, mais cela permettrait au moins à mon cobaye de réagir un minimum.

« Bien, pendant que je préserve tous les prélèvements, si tu me racontais ce qu’il s’est passé histoire que j’en sache plus et envisage un traitement en fonction. »

Peut-être avait-il surestimé les limites de son corps ? En effet, malgré le caractère non-létal de ses blessures, le Nara se sentait à l’agonie. Les sens troublés par la douleur, il lui était difficile de préserver sa conscience. Exister était une lutte de tous les instants. Ainsi, il fixait tantôt son attention sur son souffle lourd, quelque peu sifflant, tantôt sur sa vision voilée par de légères ténèbres. Parfois, il quittait cette introspection pour renouer avec son environnement, c’est d’ailleurs à ce moment qu’il vit sa camarade quitter la pièce. Il tenta avec maladresse de lui adresser un au revoir, mais il ne put que remuer mollement sa main. La fatigue commençait à se faire grande, un petit repos serait si tentant.

Pendant ce temps-là, Musashi sombrait elle aussi. Bien sûr, elle accepta les directives de l’Uzumaki et quitta son laboratoire sans broncher. Après tout, elle n’était personne, ses lieux étaient réservés aux génies comme Renpei. Alors, ne sachant pas quoi faire, la jeune fille s’assit dans le couloir, s’accordant enfin un vrai repos. Les yeux mi-clos, elle repensait aux horreurs passées et essayait de les chasser en s’imaginant un futur au côté de son sauveur.

Le Nara se montra particulièrement docile, aidant au mieux sa mentor. Il comprit très vite ses intentions et la suivit sans le moindre remord. Pas après pas, il s’efforçait de préserver son équilibre, tout en chassant les sirènes qui lui criaient de dormir. Il n’était pas encore l’heure pour cela, il devait rester conscient. Fort de sa lucidité, le fils de l’ambassadeur accepta la nudité, le froid et l’odeur mortifère de la salle souterraine.

Durant toute l’étape des prélèvements, le savant refoula du mieux qu’il pouvait la douleur, serrant les dents, grognant et soufflant avec force. Tous les moyens étaient bons pour rester digne. Car il savait que c’était une étape nécessaire. Pour tenir, il se raccrochait aux progrès que ce sacrifice allait apporter. Cette idée en devint même une obsession, tout le long de cette étape. Quant au sceau, il ne fit qu’endormir le mal. Certes, cela permettait à Renpei d’être moins souffrant, mais il n’en oubliait pas la douleur. Ce n’était pas une situation très confortable.

Pour faire simple, j’ai voulu rendre service à des partenaires de recherches, et je l’ai sévèrement payé. Durant notre expédition dans le Calice de Tetsu, nous avons essuyé de nombreux revers. En plus d’âtre harcelé par un nombre de pièges défiant les lois karmiques de ce monde, nous avons fait une mauvaise rencontre, une créature venue des enfers. Cette fourmi rouge était affamée, et elle n’a pas hésité à nous attaquer…

Un court silence suivit ce bref résumé. Des flashs revinrent à la surface, des réminiscences des horreurs vécues dans le Calice. Les cadavres, les odeurs morbides, le sang et les cris, tout se mélangeait dans son esprit. Au final, il fut rattrapé par un frisson bien réel. Ce lieu manquait de chaleur…

Donc, pour être précis, j’ai descendu plusieurs étages avec mes camarades. Cela devait avoisiner la dizaine. Le chakra pur ambiant était si pesant, que nous étions pris d’une toux profonde, sèche. Comme si notre corps avait du mal à gérer un tel afflux de chakra. Ce lieu était un vrai poison pour notre organisme. Quant à mes blessures physiques… Une flèche venue de l’un des pièges s’est logée dans mon mollet. J’ai préservé un morceau pour éviter une hémorragie. Quant à ma hanche, la créature a créé un mur de chair, fait de divers morceaux de son anatomie, et l’une de ses bouches déformées s’est nourri de mon corps sans la moindre pitié. Pour le reste, disons que nous avons pu fuir et que depuis cet instant, j’ai essayé de préserver mon état pour satisfaire vos ambitions médicales. J’imagine qu’il vous est difficile de rencontrer pareil cobaye, n’est-ce pas ?

Résumé:

L’ambiance était beaucoup plus lugubre dans cet autre laboratoire. Bien plus que celui que je possédais de manière officielle aux yeux du monde. Enfoui dans les tréfonds, j’avais aménagé un vieil espace désaffecté, l’arrangeant petit à petit au fil du temps, y ajoutant les éléments dont j’avais besoin, années après années jusqu’à parvenir à quelque chose d’exploitable. Allongé sur ma table d’expérimentation, sanglé, Renpei ne pouvait que parler, le sceau lui permettant surement d’y parvenir. Rangeant mes différents prélèvements, j’écoutais d’une oreille, attendant de déceler une information essentielle.

Sans me retourner de mon plan de travail, je participais tout de même à cette discussion.

« Rendre service conduit parfois à un destin fatale. Au moins, la prochaine fois, quitte à risquer ta vie, fait toi payer en échange, d’une manière ou d’une autre. Bien, alors la morsure c’est donc une fourmi géante. Intéressant. »

Délaissant ma tablée, je me consacrais ensuite à manœuvrer une grosse cuve. Je l’avais créée de manière à ce qu’elle puisse être utilisée verticalement ou horizontalement et dans le cas présent, la seconde option étant celle qui m’intéressait. Une fois détaché, le Nara aurait pu se soulager les muscles, mais j’étais certain qu’il n’en avait pas la force. C’était donc à moi de le portait jusqu’à la petite citerne.

Au sein de cette dernière, flottait jusqu’à hauteur un liquide bleuté qui en apparence ne ressemblait à rien de connu. Si la Kaballe était au courant de cette avancée technologique, elle n’était cependant pas encore disponible pour tout le monde et surtout ses effets étaient encore limités. Pour l’heure, le fluide azuré avait seulement la capacité à éviter la détérioration des tissus en stoppant toute dégénérescence de toute sorte.

« Eh bien, toi qui voulais participer à mes expériences, te voilà servi. Tu seras même en première ligne question expériences. Mis à part celle du savant fou, il n’y a pas meilleure place que celle du cobaye. »

Une fois immergé, seule sa tête sortante, j’expliquais à mon jeune cobaye les propriétés du bain dans lequel il flottait.

« L’aboutissement de mes recherches serait de produire un liquide qui puisse permettre de soigner les blessures sans avoir recours à un eisenin. Alors la chose est simple, dans un premier temps, dis-moi ce que tu ressens et j’ajusterai mon sérum en conséquence.»

Gardez bien votre jugement. Si a vos yeux, la nudité et l’immobilisation du Nara vous paraît humiliante, pour ce dernier, il n’en était rien. Bien au contraire ! Fier de servir les intérêts de la science, il était prêt à accepter tous les sévices. Pour le progrès, tous les sacrifices étaient légitimes. Ainsi, s’accrochant à cet honneur, il guettait le moindre geste de son aînée. Malheureusement, l’esprit encore embrumé par la douleur, il n’apercevait que des flashs de la réalité. C’était comme si ses yeux ne parvenaient pas à rester ouverts. Au moins, se disait-il, le sceau atténuait son calvaire. La douleur endormie dégageait même une douceur, quelque chose qui réconfortait l’âme du savant. Étrange comme sensation.

Mes efforts ne sont pas vains, croyez-moi. Grâce à eux, je me suis fait des alliés puissants qui m’aideront à réaliser mes ambitions, j’en suis sûr.

Résolu à incarner le patient idéal, l’éphèbe se laissa immerger sans le moindre remord. Et fort de ses connaissances, il prit note de la moindre sensation. Il savait combien elles étaient précieuses. Il fallait offrir à l’Uzumaki une observation exhaustive et pure de tout jugement. Le liquide paraissait plus dense que l’eau, comme s’il se rapprochait de la texture des confiseries à la gelée. Cela n’était pas désagréable. Le seul point désagréable était sa fraîcheur, on était bien en dessous de la température du corps humain. Mais peut-être que la substance azur allait se réchauffer dans les prochaines minutes, pensa l’auteur à succès.

Cette fois-ci, il garda le silence. Un simple geste de la tête suffisait. Il fallait préserver ses forces afin d’éviter tout malaise. Surtout que Renpei était bien déterminé à partager la moindre de ses observations.
Tandis que Mai commençait ses recherches, le fils de l’Ambassadeur fit une rapide introspection. Centrant son attention sur son corps, il perçut quelques démangeaisons au niveau de ses plaies. Sûrement les prémisses du soin offert par le liquide bleuté. Toutefois, au fil des secondes, la sensation s’accentua. Si bien que ce qui était supportable, devînt une source de mal-être intense. Il se faisait dévorer, c’était exactement ce qu’il percevait. Grognant, tout en serrant les dents, le Nara tentait de supporter cet étrange traitement. Mais c’est alors que se rajouta des brûlures circonscrites aux plaies et aux muqueuses. S’en était trop, il ne put retenir un léger cri. Les limites de son endurance étaient atteintes.

Mon corps… Il se fait dévorer… Mes muqueuses, mes blessures, j’ai la sensation que le liquide les attaque. Arrachant mes cellules, les unes après les autres. Pour être plus précis, la sensation est atroce, elle est située entre le picotement et la brûlure. Et… J’ai l’impression que ma température corporelle diminue, comme si le liquide absorbait ma chaleur… C’est certes anesthésiant, mais j’ai peur que je perde conscience si cela perdure.

Résumé:

Les hurlements étaient une bonne chose. Cela m’informait d’une situation similaire que j’avais déjà vécue lors de mes précédentes expériences. Seulement cette fois, avec l’aide de mon cobaye à demi conscient, j’allais pouvoir avancer de manière significative. L’essentiel de ma découverte reposait pour l’heure sur l’absence de dégénérescence des tissus organiques, quelles qu’en soient leurs natures.

« C’est bien que tu hurles comme ça. Les rats que j’ai utilisé comme cobayes hurlaient eux aussi. Sauf qu’en l’absence de quelconques symptômes, difficile de donner une explication à ces suppliques, tant et si bien qu’ils se sont auto-dévorés. Si tu peux attendre, cela m’arrangerait. »

La cuve était majoritairement constituée de verre. Quelques armatures de métal maintenaient le tout mais l’ensemble laissait beaucoup d’espace pour observer ce qu’il se passait à l’intérieur. Par chance, malgré la profondeur de mon laboratoire, je n’avais aucun problème de luminosité. Outre quelques torches qui brulaient, j’avais depuis quelques années, à l’aide du Kenja no Ishi scellé à même la peau, réussi à faire éclore puis pousser quelques plantes bioluminescentes qui offraient un éclairage des plus suffisant.

Mais pour l’heure, j’étais concentré sur ce qui se passait dans le caisson et tournait autour, observant le corps du Nara sous toutes les coutures à mesure qu’il m’expliquait son ressenti de la situation. Après de longues minutes d’observation, ce qui devait être ressenti comme des heures par la pauvre victime de cette expérience, j’avais enfin une hypothèse à émettre. Relevant la tête j’observais celle de Renpei qui était au plus mal, et pour cause, pour l’heure, aucun soin n’avait été réellement mis en place.

« J’ai bien observé tes blessures et il n’y a aucune signe de dégradation corporelle, aucun étirement dermique qui justifierait un picotement et aucune rougeur liée à une brulure. Sans être soignées, tes blessures ne se dégradent pas plus ce qui te maintient dans une sorte de statu co. Il faudrait que je pousse l’expérience plus loin à l’occasion, mais je pense qu’il est possible de stabiliser n’importe quel blessé en l’état de ce sérum. En revanche, ton ressenti est lié directement à causes de tes nocicepteurs qui sont sur stimulés et donnent une réponse de douleur. En adaptant la concentration des principes actifs, je devrais pouvoir anesthésier ces capteurs ou du moins fortement diminuer leur taux de réponse. »

Activant une pompe rattachée à la cuve, je faisais circuler le fluide tout en y effectuant des modification, usant de mes connaissances et talents médicaux pour adapter la posologie.

« Voilà qui est chose faite. La douleur devrait diminuer doucement. Dis-moi ce qu’il en est désormais. Et puisque tu voulais m’aider, outre ton rôle de cobaye, quelles sont tes idées ? J’ai déjà quelques éléments en tête, mais je suis curieuse d’avoir ton point de vue scientifique. »

Désormais, Renpei flottait dans un liquide qui était passé du bleu azur à une sorte de bleu-roi.

Tenir ses gémissements de douleur en silence était difficile. L’ampleur de son calvaire était telle, que tout son être désirait en témoigner. Ainsi, plus qu’un simple cri, sa chair réclamait la lutte. Il fallait s’extirper de cette cuve, avec force et violence s’il le fallait, car y demeurer semblait être pire que la mort. C’est pourquoi, lorsque l’Uzumaki invita son cobaye à crier, le sourire pincé du Nara disparu. À la place, ce dernier libéra ses cordes vocales et émit un râle des plus profond.

Durant l’inspection nécessaire de la médecin, Renpei vécut une expérience digne des pires tortures. Heureusement pour lui, sa faiblesse lui épargna de nombreuses secondes de douleurs. Ces moments d’inconscience étaient salvateurs, et l’écrivain le savait. Ainsi, à mesure que le temps passait, il céda de plus en plus à ses comas éphémères, y trouvant la force de continuer son œuvre.

Écoutant à moitié les commentaires de sa mentor, l’éphèbe accueillit avec soulagement les changements de teintes du liquide. Si au départ l’effet était mineur, il devint bientôt omniprésent. Peu à peu, le corps du manieur d’ombre s’engourdissait, s’endormait avec douceur. Tout devenait cotonneux, et la douleur elle-même paraissait lointaine. Le contraste était si important, que Renpei ressentit avec force l’envie de dormir. C’était comme si son esprit était jaloux du corps, lui aussi désirait se laisser porter par les événements et oublier la dure réalité.

Oui, c’est mieux, merci. J’ai le sentiment d’être en pleine dissociation, mon corps perçoit encore les douleurs, mais mon esprit ne les traite plus. C’est presque grisant, comme si j’étais en pleine privation sensorielle.

Soudain, un immense bâillement vint déformer le visage de l’éphèbe. Pour le chasser, celui-ci secoua légèrement la tête. Qui sait, peut-être que ce simple effort allait aussi faire fuir l’appel su sommeil ? Instinctivement, il mordit même langue et joue pour demeurer conscient. Son rôle n’était pas seulement de subir, il devait aiguiller la chercheuse.

Cet état de stase est un peu agréable, on serait tenté de s’abandonner et de s’endormir. Malheureusement, ma condition physique n’évolue pas, il me suffit de toucher mon corps pour le comprendre. Il nous faut donc aller plus loin que la conservation actuelle. Et si mes pensées premières se tournent vers mon mollet, et donc m’intiment d’accélérer la cicatrisation, ce ne serait pas une bonne idée. En faisant cela, je risquerais d’empêcher toute repousse des muscles dévorés. Peut-être que notre priorité ne se trouve pas dans la stimulation des plaquettes, mais plutôt dans l’accélération de la division cellulaire. Toutefois, comment faire pour limiter cela aux zones blessées ? Peut-être aurait-il fallu imprégner ma hanche d’une lotion, qui jumelée à ce liquide permettrait un tel résultat ?

Quelques secondes furent prises pour enchaîner, comme si parler devenait un acte incroyablement énergivore.

Il faut diminuer le dernier agent actif… Je crois que c’est idéal pour garder un patient inconscient, mais dans mon cas… C’est contre-productif. J’y pense, si on impose à mon corps une régénération et une cicatrisation. Il lui faudra des ressources, peut-être qu’une perfusion est nécessaire.

Résumé:

Les cris, la douleur, voilà qu’ils prenaient fin pour mon plus grand plaisir. Non pas que le terme de ces hurlements était synonyme de réussite – un peu tout de même – mais c’était avant tout un moyen de calmer mes tympans meurtris depuis si longtemps. Le bruit pouvait être néfaste pour l’homme. A trop forte dose, la concentration et l’intelligence pouvaient être affectée. Mais avant d’en arriver à ces extrêmes, une partie du problème venait de se résoudre. Il restait encore beaucoup de chemin à parcourir, cependant il fallait savourer les victoires d’étapes, c’était également une sorte de récompense. Toujours immergé, le Nara semblait aller bien mieux. Comme attendu, le sérum faisait effet et que ce nouveau dosage était bien plus efficace pour sauvegarder organes et autres parts physiologiques.

« La douleur sera vite oubliée. Pour preuve, tu fais part d’une lucidité certaine. C’est bon, à savoir. Je ne sais pas jusqu’où nous pourrons aller mais en l’état, c’est déjà une avancée notable, bien qu’insuffisante à mes yeux. Dans ton état, tu es stabilisé, mais nullement soigné. Laisse-moi réfléchir. »

Dans les recherches, la part de théorie et de pratiques varient en fonction de la situation. Afin de laisser mon cobaye à l’aise, je laissais la pompe de mon sérum active tout en réchauffant l’ensemble à travers diverses tubulures. Dans cet état, comme il semblait lui-même le dire, Renpei resterait dans une sorte de bain chaud pouvant provoquer quelques somnolences.

Alors que je feuilletais quelques ouvrages et notes manuscrites, je lâchais une petite phrase, presque hors contexte ou du moins qui ne l’était plus directement, comme si une lucidité certaine avait éclatée à cet instant précis.

« Une perfusion c’est une idée à envisager, mais uniquement en cas de dommages internes graves. Tes blessures sont externes avant tout. Mais si je devais mettre au point cela, il faudrait adjoindre un second système de pompe et surtout le sérum devrait circuler dans …  »

Quelques grommellements se faisaient entendre. Puis, quelques griffonnements. Des bruits de papiers froissés, de vélins dépliés, de livres lourdement ouverts ou refermés. Concentrée, je ne parlais plus et m’approchais finalement de la zone de test. A nouveau j’effectuais quelques modifications substantielles. Désormais, s’il ne dormait pas, Renpei pourrait voir le liquide passer petit à petit du bleu au violet.

Penchée à nouveau sur l’observation de la cuve, je pouvais constater une certaine réussite. Si la plaie au mollet semblait se résorber doucement, le processus au niveau de la hanche semblait plus difficile à atteindre. Il semblait fonctionner mais au ralenti.

« Merci pour cette brillante idée. Que ressens-tu maintenant ? Ton mollet reprend forme, en revanche la hanche évolue positivement mais de manière minime. Je n’ai pas fait cas des contusions que tu avais mais se sont-elles résorbées aussi ?  »

Les minutes passaient et le cobaye semblait apprécier son sacrifice. L’esprit grisé par les vapeurs de la cuve, il se laissait bercer par les remous aqueux. Même si son état était stationnaire, ses pensées, elles, voyageaient sans cesse, passant de la réalité au songe. Ainsi, son environnement se voila d’une douceur inattendue. Les bruits furent étouffés, les volutes de chaleur se mirent à danser, les couleurs du liquide luttaient pour demeurer plurielles, et même les lueurs se métamorphosaient en de curieuses lucioles. Trop faible pour résister à ces hallucinations, Renpei mobilisa toutes ses forces pour ouvrir ses yeux. C’était la seule chose sur laquelle il avait encore du contrôle.

Coincé dans ce délire envoûtant, le Nara mit quelques instants à comprendre que sa mentor s’était exprimée. Ne pouvant accepter de passer à côté d’une quelconque information, l’éphèbe utilisa la voix de Mai comme phare. Craignant de perdre ce signal, l’éphèbe fut pris d’un bref sursaut de panique. Le cœur haletant et l’esprit agité, il sortit avec violence de sa maigre somnolence. C’est à cet instant qu’il constata les reflets violine qui envahissaient la cuve. L’heure était au changement ?

Mon mollet ? C’est assez étrange. En me basant sur mes sensations internes, j’ai l’impression qu’il a retrouvé son apparence d’antan, ainsi que toutes ses fonctionnalités. Mais quand je touche l’endroit où était ma plaie, je ne perçois rien. Enfin si, mon doigt m’informe vaguement que je touche quelque chose semblable à de la peau, mais cette dernière n’envoie aucun signal. Comme si elle était dénuée de terminaison nerveuse, ou qu’elles étaient en sommeil. Quant au reste de mon corps…

Comme pour compléter son introspection, il commença à se toucher. Tout avait l’air d’être à sa place. C’était comme si la moindre cicatrice s’était effacée. Une forme de peau neuve, sûrement.

Elles ont subi le même destin. Toutefois, tout mon épiderme est perturbé. J’ai l’impression que mon cerveau tente d’appréhender cette nouvelle couche protectrice. Je serai curieux de voir sa réaction si je venais à me blesser. Et si cet effet est permanent ou temporaire. Ah et est-ce normal que mes poils poussent autant ? Et que j’en perde un tel volume ?

À la surface, plusieurs dizaines de poils morts flottaient. Ce tapis n’inquiéta pas particulièrement Renpei, après tout, il n’y était pas très attaché.

Résumé:

Les progrès étaient notables. Nous avancions à un rythme quelque peu ralenti par la situation, c’est ce que pourraient penser un observateur extérieur, mais il en était tout autre. La collaboration de Renpei en tant que cobaye apportait pour beaucoup. Ses connaissances scientifiques et sa rigueur lui permettaient de décrire la situation avec une exactitude certaine. Une autre personne n’aurait surement pas été capable d’en faire autant. Malgré tout, nous étions encore loin d’obtenir un résultat final. D’ambulant autour de la cuve, je constatais que les dégâts sur sa hanche ne se résorbaient pas. Le sérum, bien qu’efficace sur certains éléments précis, en somme des blessures de moindre importance. Pour le reste, il fallait encore améliorer les choses une nouvelle fois.

« C’est le sérum qui a un effet anesthésiant, c’est normal que tu ressentes ce genre d’effets. En revanche, ta hanche n’est toujours pas soignée. Pour en arriver là, j’ai réajusté le principe actif, puis à l’aide de l’iryô no Jutsu, j’y ai intégré mon sang permettant une amélioration du taux de guérison. C’est ce dans quoi tu baignes. Il faudrait pouvoir améliorer une nouvelle fois les choses …»

Délaissant mon patient, je retournais sur mon fauteuil, me tournant vers la cuve, observant le tout sans vraiment regarder, comme perdue dans un flot de pensées qui s’entremêlaient. Regardant mes plantes bioluminescentes qui servaient d’éclairage à la pièce, je me prenais à sourire d’un air satisfait. Bien sûr ! Pourquoi n’y avais-je pas pensé plus tôt ?

« Et si … ? » me dis-je à moi-même.

Pour ce que j’espérais être la dernière manipulation, je m’attelais une nouvelle fois à faire des modifications sur mon sérum tout en informant le Nara de mon hypothèse.

« Kenja no Ishi … Reboiser, reverdir, donner ou améliorer la vie. Voilà ce qu’il manque. »

Usant de ce sceau kabbaliste que je possédais et renforçais mon sérum afin de le transformer non plus en traitement médical de haut rang, mais en un traitement alchimique curatif régénérant. De cette manière, le liquide se mua une nouvelle fois et, tout en gardant une teinte violacée, devint également légèrement bioluminescent. Une réussite ? Je l’espérais. Circulant autour de la cuve, m’approchant de la vitre, j’observais la hanche avec attention. Il ne se passait rien. Seulement, au moment où je comptais annoncer ce nouvel échec, les plaies du Nara se mirent à bouger, comme si de petits bourgeons de peau se créer afin de reconstituer les chairs, muscles, os ou autres tendons.

« C’était donc ça ! Cette fois ta hanche est en train de se soigner. C’est une belle réussite. »

Une belle réussite oui, mais en y réfléchissant, rares seraient les personnes à pouvoir reproduire cette découverte et au final, c’était tout aussi bien …

« Encore une fois … la dernière … dis-moi ce que tu ressens que je compile toutes ces données afin d’améliorer mon sérum.»

Oui, c’était une réussite.

Par chance, les effets néfastes du traitement commençaient à s’effacer. Renpei se sentait plus lucide, plus apte à percevoir son environnement. Ainsi, à mesure que les secondes s’écoulaient, il put démystifier les lucioles lumineuses, les vapeurs dansantes et les bruits étouffés. En réalité, il s’agissait de plantes, d’illusions d’optique et de machineries innovantes. Rassuré, le Nara usa de ses sens pour redécouvrir la cuve et son contenu. N’y voyait là aucune curiosité, il désirait seulement assister au mieux la médecin.

J’ai l’impression que mes sensations reviennent. Mon corps a dû se familiariser avec les agents actifs. Quant à ma hanche…

Conscient du problème, le savant étudia toutes les hypothèses à sa disposition. Malheureusement, la médecine n’était pas sa spécialité et il était loin d’être un expert en herbologie. Par peur de paraître inutile, l’éphèbe se garda bien de s’exprimer à haute voix. S’il n’avait rien de concret à apporter, il valait mieux se taire, se disait-il. Surtout au vu de l’intense réflexion de Mai. Seule sur son fauteuil, elle aussi semblait éliminer toutes les hypothèses erronées. Puis, un éclair de génie la frappa.

Kenja no ishi ? Le trésor de la Kabbale ? Il avait des propriétés médicinales… C’était bien la première fois que l’auteur entendait cela. Surpris, il se jura d’étudier ce bijou scientifique, peut-être l’avait-il un peu trop ignoré jusqu’à maintenant. Comme pour se le rappeler, il usa de sa langue pour caresser le sceau caché sur son palais. Encore un nouveau projet à ajouter à la liste.

À l’instant où la cuve s’illumina, Renpei fit une étrange expérience. Il ne sentit pas exactement sa chair se régénérer, non. En fait, il avait l’impression qu’une dizaine de bulles éclatait à proximité de sa blessure, comme une sorte de savon. C’était intrigant comme sensation. Cependant, ce n’était pas désagréable.

Je dirai que tout va bien dans l’ensemble. Je ne ressens pas de douleur particulière, mes sens sont revenus. Je dirai bien que là où mes blessures étaient, mon épiderme demeure insensible. Mais j’imagine que c’est temporaire. Quant au reste… Tout à l’air normale.

Comme pour confirmer cette conclusion, Renpei fit une rapide inspection. Ses mains et ses yeux examinèrent tout son corps et ne constatèrent aucune déviance. Toutefois, il se sentait usé par ce procédé révolutionnaire.

En revanche, ma fatigue s’est accentuée après la repousse de ma hanche. Et j’ai très faim, cela doit être lié à dépense d’énergie. Mais je n’arrive pas à savoir de quoi j’ai faim. Il y a un manque, c’est certain, mais impossible de savoir quoi. Peut-être un bilan sanguin serait utile ? Le processus puise peut-être dans mes réserves, impliquant une carence à terme ?

Résumé:

Comme à chaque amélioration notable du sérum, j’observais ses effets et surtout, j’écoutais avec une attention certaine le compte rendu du Nara quant à sa condition physique. Je prenais note de toutes ses remarques n’en omettant aucune, pas même celles qui pourraient paraitres les plus farfelues. C’est ainsi que les progrès de la science se faisaient, en ne délaissant aucune piste de manière volontaire.

« Je pense plutôt que si les sens reviennent c’est lié à la suractivité du corps qui se régénère et a besoin de rétablir les connexions qui auraient été sectionnées. C’est la première fois que je vois cela. Tes blessures se soignes à vue d’œil. C’est surement pour cela que tu te sens fatigué ou affamé. Ton corps pompe énormément d’énergie pour se reconstituer. Cela impliquera donc pour les grands blessés de placer également sur eux une sonde qui puisse les nourrir au fur et à mesure. »

Vidangeant la cuve, récupérant le précieux élixir, j’ouvrais le caisson, aidant mon jeune apprenti à en sortir.

« Tient toi à moi. Même si tes sens sont en partie revenus, je ne suis pas certains qu’ils soient tout de suite pleinement opérationnels. Tout ce qui s’est passé est une sorte de soin accéléré. Le processus de guérison est surstimulé et du coup, en restant inerte autant de temps, je te conseille de t’asseoir et de prendre le temps de masser les différentes parties du corps. En faisant ça, je suis certaines que tu vas retrouver toute ta mobilité d’ici peu. »

Voilà qui était une avancée importante dans les recherches qui m’avaient values tant de reconnaissance de la part de la Kabbale. Seulement, si Renpei en tant que cobaye avait été d’une aide précieuse, surement que les résultants n’auraient pus être atteints sans lui, la problématique est qu’il était au courant de cette réussite. Compte tenu de son tempérament, il était indéniable qu’à un moment où l’autre, l’information circulerai. C’est dans cette optique que je prenais alors les devant et décidais de rédiger un courrier explicatif, sans les détails techniques bien sûr, juste les effets curatifs, aux pontes de la Kabbale, notamment à Dokueki Magobei.

Mais pour l’heure, des remerciements étaient de mise.

« Merci à toi jeune apprenti, sans toi, ces résultats n’auraient pu être acquis de manière aussi rapide. Cette découverte est en partie grâce à toi, sache-le. Mais maintenant que tu vas mieux, dis-moi, as-tu pu faire quelques découvertes intéressantes dans ce Calice ? »

Encore sonné par tant de sensations, le Nara suivit les instructions de Mai sans réellement prendre le temps de les analyser. Tel un pantin sans volonté, il quitta la cuve et appliqua les conseils sans émettre la moindre réserve. Cette aventure fut presque aussi éreintante que la descente dans le Donjon, elle-même. Souriant à cette remarque, l’éphèbe se concentra sur son rétablissement et ne rêvait plus que d’une seule chose : dormir. Il était évident que le procédé était efficace, mais il demeurait très usant pour l’esprit et le corps. Au moins, il savait qu’une guérison sans soigneur était à la portée de l’Humanité. Cela restait perfectible, mais c’était une vraie avancé. Renpei s’en félicita. Même si son rôle demeurait mineur, il se sentait fier. Être cobaye avait finalement du bon, se rassura-t-il.

Je dois bien avouer que je ne m’attendais pas à un pareil résultat. C’est vraiment une innovation digne de l’Histoire avec un grand H. Bravo à vous !

Lorsque la curiosité de sa mentor émergea, l’éphèbe fut saisi par l’hésitation. Devait-il se montrer honnête ou préserver ses propres sujets de recherches ? Cette gemme, devait-il l’exposer au grand jour ? Non, évidemment que non. Sans réellement se l’expliquer, Renpei écouta une voix intérieure, jusqu’alors inconnue. Susurrant la méfiance et convoquant sa cupidité, ce murmure l’intima de préserver le secret. Cette pierre lui appartenait et ses futures découvertes aussi. Il savait pertinemment que jamais l’Uzumaki ne citerait son nom dans son contre rendu de recherche. Alors pourquoi l’inclure ? Comme elle le disait si bien, il ne fallait pas se montrer si naïf. Quelqu’un de mal intentionné pourrait en profiter.

Malheureusement, cette descente fut un échec. Encore une fois, je n’ai rencontré que mort, sang et douleur. Rien de bien n’en est sorti… Ou bien, peut-être les prémisses d’une longue amitié ? Mais bon, nous savons tous les deux que cela n’est pas d’une grande valeur dans ce monde. Est-ce que cela vous gène si je retourne dans mes quartiers ? Je sens que le sommeil m’appelle. Je vous remercie encore et je vous ferai parvenir un bilan complet lorsque mon état me le permettra. À bientôt.