Je soupirais en frottant mon visage avec ma main droite, le regard fixé sur l’automate en face de moi. En réalité « automate » était encore un bien grand mot, même si je le qualifiais de prototype de Marionnette de Guerre, la création entièrement en métal était plus proche d’une sorte de statue humanoïde réalisée par un artiste de Tetsu aux velléités guerrières et aux talents esthétiques qui laissaient grandement à désirer, la « marionnette » n’avait basiquement aucun trait défini, la zone censée être le visage étant même simplement un métal lisse sans aucune autre modification d’apparence que sa forme ressemblant aux contours d’une tête humaine. A l’heure actuelle les deux seules caractéristiques qui semblaient avoir reçue une attention aux détails étaient tout d’abord les lames, d’abord une fixée sur chacun des 4 membres et deux éventails d’épées fixés dans le dos, donnant un peu la forme d’ailes. L’autre étant les articulations, toutes extrêmement minutieusement dessinées, fabriquées et imbriquées pour tenter de donner la mobilité la plus réaliste possible, s’approchant du vivant… Enfin, c’était l’objectif, mais la manière d’articuler les marionnettes que je connaissais sur le bout des doigts se révélait assez infructueuse avec le métal, à ma grande frustration.

Ma main droite restait dans son emblème de réflexion contre mon visage tandis que ma gauche se mettait en mouvement, déployant les câbles de chakra gardés précieusement secrets par mon clan, qui s’attachèrent à divers endroit de ce qui n’était encore qu’une sorte d’hybride entre une armure, une statue et un pantin, bien loin des standards de qualité des créations en bois des Monzaemon. L’incarnation même de ma frustration actuelle se manifestait de part les mouvements assez gauches et lents de ma création, malgré toute l’attention portée au système articulé du pantin ses mouvements étaient imprécis, ralentis et même parfois grinçants signifiant la friction trop élevée entre les jointures des différentes parties du corps. Totalement impraticable en combat, surtout que cette marionnette était pour l’instant désignée pour un affrontement régulier du plus grand panel d’adversaires possibles. Là où ma marionnette fétiche avait été construite dans l’optique de se battre dans le désert et contre les membres du clan Gekimetsu, disposant donc d’une construction et de mécanismes ultra adaptés et donc perdant de leur éclat contre des adversaires très différents, cette création là était l’inverse, faite pour se battre contre le plus grand nombre, même si certains jutsus spécifiques seraient probablement extrêmement efficace contre et simplement quasi-imbattables, la polyvalence contre la spécificité.

Sauf que tant que je n’arriverais pas à lui donner la mobilité minimale pour être utilisable en action et non pas être simplement un morceau d’acier travaillé tout juste bon à une exposition et une démonstration légère pour montrer que oui, les marionnettes métallisées sont possibles, une quelconque idée de pouvoir se battre contre de grandes différences d’adversaires était réduit à l’état de vague blague. Une tentative, manifestée sur le bras droit de mon pantin, avait été réalisée, au lieu des articulations construites comme un pantin de bois, le coude de ce bras utilisait un système bien plus complexe et raffiné, de roues crantées et de pièces imbriquées entre elles pour coulisser, la mobilité était présente mais un tel mécanisme pourrait être utile pour une attaque surprise, un piège caché pour sortir une arme extrêmement rapidement, mais pour les mouvements basiques d’un pantin c’était un point faible bien trop évident, quelque chose d’aussi complexe avait trop de risques d’être endommagé, même légèrement résultant dans l’impossibilité de mouvoir le membre touché. Globalement une cible bien trop évidente pour accepter d’utiliser ce système de manière principale sur l’intégralité du combattant artificiel. Il me fallait trouver une autre solution. Et pour ça je voyais deux directions : une amélioration d’un point de vue d’ingénierie, ou du matériau. Un nouveau mécanisme ou un métal plus souple, mais quand même solide. Et dans les deux cas j’avais décidée de revenir à la base de la base, et améliorer mes connaissances sur les métaux eux-mêmes et pas simplement sur l’artisanat avec. En effet les différentes propriétés des métaux étaient incroyablement vastes et utiliser plusieurs métaux pour une création était commun pour les forgerons.

Bien sûr les bois aussi pouvaient être différents et utilisés avec des objectifs très variés, mais le métal était beaucoup plus complexe, on pouvait en mélanger plusieurs pendant la fonte pour faire des alliages et changer les proportions des composants pouvaient changer les capacités physiques du résultat. Pire on pouvait même utiliser deux minerais de fer quasi identiques, venant du même filon, et après fonte et traitement obtenir deux aciers différents, l’un plus solide ou souple que l’autre, et même obtenir ces différents aciers lors du MEME traitement du fer, après être passé dans les fourneaux l’acier obtenu n’était pas uniforme et seulement un pourcentage était utilisés pour avoir les meilleurs tranchants, alors que le reste servait le plus souvent au corps de l’arme. Ce qui impliquait encore autre chose : l’utilisation de plusieurs types de métaux à la fois pour créer un seul objet, les meilleures lames de Tetsu utilisaient par exemple plusieurs types d’aciers différents, permettant un tranchant et une dureté de la lame extrêmes mais une souplesse et résistance au choc du reste de l’arme avec un acier dit plus « doux ». Connaitre le plus de différences possibles entre tous les types et métaux et même les types d’aciers obtenus par fonte du fer semblait être l’objectif me permettant de choisir au mieux le ou les matériaux pour enfin obtenir la marionnette que j’imaginais.

Il était temps pour moi de me lancer dans la modification massive et la recréation de mon prototype.

J’observais sur la table en face de moi tout un assortiment d’échantillons : minerais bruts, fondus, forgés, alliages divers et même des pièces usinées, transformées pour être directement dans les formes demandées par mes croquis. Tous de plusieurs tailles et compositions différentes. Encore une fois je me félicitais intérieurement d’avoir choisis Tetsu pour mes recherches. Hakugaku et sa Kabbale disposaient clairement de connaissances théoriques avancées et de ressources beaucoup plus exotiques mais l’ampleur de l’industrie, de l’économie et des liens étroits avec la Voyoucratie dont disposait le Pays du Fer permettaient d’obtenir dans un temps reccord un vaste panel de matériaux et même d’expertise. Tant que celui ou celle qui demandait était considéré comme un bon investissement bien sûr… Même si mon entreprise actuelle ne semblait pas encore liée à la mission spéciale que m’avaient confiée les hautes autorités du pays, je restais participante dans la création d’armement pour la MKK et approfondir mes connaissances dans ce domaine et finaliser une marionnette d’acier avait suffisamment de potentiel de futures ventes pour qu’une partie de ma « carte blanche » puisse être exploitée même à mes fins personnelles, tant que je n’abusais pas évidemment. Je prenais un des morceaux de métal, dense et argenté, qui avait été fondu et travaillé, pour mieux l’examiner tout en sachant à quel point il était central dans l’industrie de l’armement du pays, au minimum.



- Donc ce Tamahagane est le meilleur fer obtenu après la fonte dans les fourneaux, et il compose environ la moitié du résultat final ? Et dans cette moitié il n’y a encore une fois une partie qui est d’encore meilleure qualité et plus dure et c’est cette moitié de la moitié, donc le quart, qui est utilisée pour faire les fils de lame, le plus tranchant possible ? Mais si on utilisait que cette partie de Tamahagane pour faire la totalité d’une lame, elle serait quasi inutilisable car trop cassante…


Un grognement me répondit, grognement que j’avais appris à identifier comme affirmatif. Jin était un vieil homme trapu et aigri, les sourcils perpétuellement froncés et tirant des bouffées de tabac sur sa pipe plus souvent qu’il ne semblait respirer de l’oxygène. C’était aussi un homme ayant passé des décennies à travailler le métal sous toutes ses formes, et ayant probablement maitrisé et oublié plus de choses sur cet art que je n’en apprendrais jamais. L’étendue de son savoir était telle que quand il s’est senti trop vieux pour continuer de travailler dans la métallurgie, la Musashi Kabushiki Kaisha avait quand même fait des pieds et des mains pour continuer de l’employer, pour ses connaissances théoriques et la possibilité de continuer d’enseigner son savoir aux ouvriers plus jeunes. Quand son expertise inestimable n’était pas requise dans une des usines j’avais eue l’autorisation de profiter de son cerveau gorgé de savoir métallique, autorisation qui semblait hautement lui déplaire, du moins c’est ce que je croyais au début avant de réaliser de son état renfrogné était simplement normal et offert à l’intégralité du monde autour de lui.

- C’est ça, chaque acier est différent, même pour les armes fixées sur ta… Création ? Utiliser uniquement du tamahagane serait d’une idiotie crasse que même le plus idiot de mes fils n’oserait pas effectuer ! Le tranchant doit l’utiliser mais la lame en général devra être réalisée avec le san mai. Quand a ton idée pour le reste : utiliser un tel acier ne fera qu’une armure qui se cassera au premier choc trop puissant, un acier beaucoup plus doux sera indispensable, voir même un autre matériau.

Je soupirais en regardant le reste de ma table, et toutes les notes et dessins que j’avais faits, répartis sur plusieurs feuillets volants. Je pensais avoir eue l’inspiration suffisante pour les articulations de ma marionnette : utiliser uniquement des articulations sphéroïdes, avec une balle tournant dans une cavité, un peu comme celle des hanches humaines mais encore plus libre, ce qui permettrait des rotations sur quasiment toute la surface de la sphère. Maintenant il me fallait juste un matériau capable de résister à la fois à la friction quasi constante qui sera générée et aux forces exercées à chaque choc reçus ou infligés par mon pantin, qui rappelons le devait être une arme de combat.

Mon esprit tendait vers un métal particulier, pas encore nommé, produit à partir d’une sorte de roche rouge contenant en partie du fer mais Jin m’avait immédiatement coupé les ailes : Même les forges avancées de Tetsu arrivaient à peine à en produire, et il était hautement pollué par le fer contenu dans le minerait de base, comme toute entreprises marchandes les compagnies du pays pratiquaient énormément de recherches, le plus souvent infructueuse et tant qu’on ne trouverait pas un moyen de le produire et l’exploiter correctement, un tel métal ne serait que théorique. J’avais bien tenté a tout hasard d’émettre des idées aléatoires sur comment utiliser ce minerai : un nouveau four, le mélanger à autre chose, utiliser plus de température, moins de température. Mais je n’obtins qu’un ricanement pour réponse, j’aurais pu être émerveillée du fait que Jin était capable de rire mais dans l’instant présent ce rire semblait tellement insultant que je n’arrivais pas à l’apprécier.

– Des centaines et des centaines de personnes travaillent ici, depuis des années, voir des décennies. Certains sont bien plus bêtes que toi, d’autres le sont autant, et d’autres le sont moins. Comme partout, essayer au hasard peut marcher mais il faut connaitre un minimum son sujet pour le tenter. Plutôt que d’essayer de découvrir quelque chose dans un domaine que tu as à peine étudier, tu devrais essayer de le lier à ce que tu sais déjà faire : comment ce que tu connais peut permettre d’améliorer la création de cette arme que tu essayes de faire ?


Un bien bonne et bien vaste question, à laquelle je continuer de pondérer bien après que j’eus remercié Jin pour son aide et ses connaissances, cherchant d’autres moyens d’appliquer ce que j’avais appris avec lui avec ce que je savais déjà faire, ce qui malheureusement était assez limité : les arts ninjas des Monzaemon et les expériences sur des ennemis de guerre, voilà ce qui semblait remplir mon cahier de talents. Mais si en effet ma connaissance dans les marionnettes de bois ne suffisait pas à en créer une d’acier peut être que je devrais tenter d’y mêler le reste de mon savoir. Il fallait juste que je finisse par trouvant comment, pendant que je fixais intensément mon pantin inachevé à l’intérieur de mon atelier.

Je m’étais décidée d’appliquer mes recherches sur le chakra à ma tentative de création. Une partie de ces recherches avait abouties à un perfectionnement des prothèses circulatoires de chakra et ce principe m’avait servit également dans la construction de marionnettes car je l’avais appliqué à mon Onryō, c’était en quelque sorte ma patte signature, appliquée sur mon pantin fétiche, alors pourquoi ne pas essayer de le faire avec l’acier également ? D’autant que le chakra restait la matière et l’énergie ultime : réussir à améliorer la conduction de chakra du métal pouvait ouvrir des portes dans l’art général des jutsus et pas uniquement le Kugutsu. Après tout le hiden des Monzaemon appliqués sur la matière, était plus précis que la majorité, on avait tendance à utiliser des « points » de chakra pour le marionnettiste, plutôt que « d’enrober » entièrement un objet ou une partie du corps comme la majorité des utilisateurs de jutsu. La circulation de chakra était différente, c’était comme le fait de malaxer son chakra à l’intérieur de son corps pour ne pas utiliser le résultat SUR l’objet capable de laisser se mouvoir le chakra mais bien A TRAVERS, une application bien moins versatile et pourtant infiniment plus dure à réaliser.

Pour le bois la base de l’art constituait à saturer la matière en chakra, mais c’était rendu possible par le fait que le bois était lui-même une matière vivante qui comportait du chakra, certes naturel, donc de propriétés différentes que le chakra neutre des humains, mais il disposait néanmoins d’une atténuation au chakra et surtout d’un système circulatoire. L’autre facteur clé était encore une fois les techniques Monzaemon, utiliser les fils de chakra pour s’insinuer et insuffler le chakra dans les fibres du bois, le tout en sachant exactement avec quelle intensité on peut se permettre de le faire, et sans jamais s’arrêter de transférer son chakra sinon le morceau sera irrémédiablement gâché et inutilisable, jusqu’à ce que le matériau soit saturé. Ensuite travaillé on obtenait une pièce de bois ouvragé, capable de laisser le chakra se mouvoir à l’intérieur sans résistance. Voilà comment le faire avec le bois, une connaissance testée et éprouvée après avoir détruit plusieurs tonnes de bois pour apprendre à le faire correctement sans fautes. Pour le métal c’était une autre paire de manche…

J’avais arrêté de compter au cent-vingtième essai, et il était il y a plus de deux jours. Les tentatives de « simplement » reproduire la méthode du bois avec du minerai ou du métal déjà formé avaient été les premières et des échecs cuisants. Ici il n’y avait pas de risque de ruiner la matière ou de correctement balancer la quantité de chakra qu’on tentait d’insuffler puisque le chakra ne s’insufflait pas. Rien, nada, pas un grain. Pourtant des témoignages et des résultats de recherches semblaient confirmer que le clan Noroi était capable de parasite y compris la pierre et le minerai, prouvant que même la matière non vivante pouvait y réagir, voir même en contenait déjà de base. Mais la réaction entre ces composants et le bois étaient aussi éloignées que le ciel et le sol.

Mes tentatives s’étaient faites de plus en plus farfelues au fil du temps. J’avais essayé avec ma marionnette, étant capable elle aussi d’entièrement laisser circuler le chakra, j’avais tenté de travailler le métal, de le faire couler dans un moule, de le laisser à l’intérieur de mon pantin pendant que je laissais mon chakra le parcourir en continu. De faire pareil avec le minerai. J’avais même littéralement tenté de faire couler du sang (le mien) étant donné qu’ils étaient encore poreux et absorbaient en partie les liquides avant d’être fondus, puis de voir si le chakra pouvait s’insuffler dedans grâce à ça, et même le faire fondre une fois que la tentative avait échouée. Rien. Que des échecs. Pourtant j’étais loin de m’arracher les cheveux, malgré toute la frustration que je ressentais, elle était motivante et pas bloquante. J’étais dans mon élément, ma passion : la recherche et la connaissance sur le chakra, chaque échec n’était qu’une information en plus de découverte et il suffisait de passer à autre chose et de compiler tout ce que j’apprenais. Mais après une semaine d’essais et étant à court d’idée, je décidais d’à nouveau quérir les lumières de quelqu’un connaissant bien mieux les métaux que moi, et cette fois ci j’avais la chance d’être quasiment sûre de pouvoir compter sur son implication, de gré ou de force, car cette fois mes recherches portant sur la circulations du chakra, elles avaient de grandes chances d’être applicables à la théorisation du Shinobi Kote, donc je pourrais certainement bénéficier de l’appui total du Conseil d’Administration de la MKK dans mes demandes de connaissances.

Le retour de Jin dans mon atelier n’était pas plus dans la bonne humeur qu’avant, mais il semblait au moins un peu déstabilisé par mon enthousiasme nouveau. La 1ere fois qu’il était venu mes questions étaient nées d’un blocage dans la création d’une marionnette et de la frustration grandissante de ne pas avoir un résultat satisfaisant pour les standards d’une utilisatrice relativement expérimentée du Kugutsu. Cette fois ci je fusais en questions simplement pour le plaisir du savoir. Cherchant à connaitre les bases d’absolument chaque étape de production du fer, afin de réussir à trouver le meilleur moyen de tenter de le saturer en chakra et enfin obtenir un métal avec la capacité de laisser l’énergie neutre s’écouler en lui.

Jin m’expliquait donc le savoir de choisir le bon minerai, qui avait des compositions différentes en fer ou d’autres métaux, certains produisant beaucoup plus facilement un bon acier que d’autre, ayant besoin d’un fourneau beaucoup plus performant, résultant en plus d’acier doux ou de tamahagane. Les types de fer et d’acier les plus adaptés à ce qu’on voulait, entre un objet ductile, résistant, tranchant, souple etc.

Mais ce qui me fascinait le plus était son explication des fourneaux, les différentes constructions pour obtenir le plus de chaleur possible, l’ajout du maximum d’air à l’intérieur, le fait que certains d’entre eux comportaient des emplacements directement intégrés pour séparer ou évacuer les scories, ces déchets et autres morceaux de métaux non voulu dans la composition du fer forgé. Même avant l’avènement industriel de Tetsu, la connaissance et la fabrication des fours destinés à la fonte des métaux avait été développée pendant des siècles, l’artisanat métallique faisant partie des débuts de la civilisation humaine. Il était en train de m’expliquer les meilleurs bois à brûler pour faire du charbon quand une question me brûla les lèvres.


- Mais maintenant que le pays possède des moyens énormes, pourquoi encore tout faire au charbon ? Il n’y aurait pas moyen, au moins pour un nombre restreint de four, d’utiliser les services d’un éveillé au chakra pour utiliser du Katon et créer des conditions de température bien supérieures ?

Mais à ma grande surprise, moi qui pensait être sur une bonne piste et continuer d’assoir la supériorité du chakra sur tout le reste, mon interlocuteur hochait négativement la tête.

– Sans charbon, beaucoup moins d’acier de bonne qualité, c’est indispensable, c’est pas qu’une question de chaleur

Devant mon air interdit et mes interrogations, Jin daigna continuer son explication. Mais avant il tira une longue bouffée sur son tabac, avant de rejeter la fumée au dessus de lui, puis de me la désigner de la tête.

– Ca se mélange au fer. Le charbon et sa fumée, quand on brule le charbon de bois et que le fer fond, ce qui se dégage de la combustion se mélange avec le métal liquide, c’est ce qui donne un fer plus résistant, qu’on appelle aussi l’acier. Ce qui se mélange ou non ou pourquoi je serais incapable de te le dire mais je sais qu’il faut que ça chauffe, énormément, le fer comme le charbon. Donc que la fumée en fait surement partie. Et que des fumées faites autrement ne produit pas un aussi bon acier. Ca peut être l’huile, même le katon comme tu dis. Ca ne marche pas de la même maniére, on peut quand même obtenir de l’acier mais pas autant, pas aussi bon. A l’heure actuelle le charbon reste le meilleur combustible à mettre dans un fourneau pour obtenir le plus d’acier de bonne qualité, que ça soit du tamahagane ou de l’acier plus doux.

- Et il n’y a vraiment rien d’autre qui produit des résultats similaires au charbon de bois?

Il bascula la tête de gauche à droite en grognant, ce que j’arrivais à interpréter comme un « moyennement » ou peut être « couci-couça ».

– Il y a longtemps, et encore aujourd’hui chez certains forgerons reculés, pour fabriquer une lame, on pouvait aussi utiliser de la corne pillée, la fonte prenait alors des airs ritualistiques, les pratiquants pensant s’approprier la force et la sauvagerie animale et l’insuffler dans leur arme. Techniquement on pouvait obtenir un bon acier, mais la quantité de corne requise par rapport à celle de métal obtenue étaient risible, le charbon restait infiniment supérieur.

Les révélations de Jin me frappèrent d’un éclair de lucidité quand à la possibilité d’une nouvelle méthode à tester. Je me relevais avec excitation avant de le remercier chaleureusement et de sortir de mon atelier en courant. Il allait me falloir commander beaucoup de bois.

Cette fois ci je n’étais pas dans mon atelier mais bien dans une des usines de la Forge du Monde. Devant moi un fourneau à acier et tout autour, en plus des employés de l’usine, et de Jin, une quantité industrielle de bois travaillé. Travaillé et taillé, tout le bois était transformé en marionnette, et  même en marionnette circulatoire, utilisant la même technologie que les prothèses pour le chakra. Ma théorie était que si la corne et le charbon fonctionnaient pour créer de l’acier de bonne facture, c’était grâce au chakra. Les deux étaient des matières vivantes donc contenant et pouvant laisser le chakra circuler, leur combustion permettant d’améliorer les propriétés du fer pour en faire cet acier, ce fer transformé et plus solide. Donc avec beaucoup plus de chakra insufflé dans le combustible, puisqu’il se mélangeait au fer fondu durant la transformation, est-ce que l’acier lui-même ne finirait pas saturé en chakra, et capable de le laisser passer en lui, comme le bois travaillé par les secrets du clan des Marionnettistes ?

J’allais en avoir le cœur net. Devant moi un buste en bois comportant neuf bras, chacun avec une main à 10 doigts, je déployais mes fils de chakra pour en prendre le contrôle et utilisant la possibilité de conduite de chakra du pantin, chaque main se mit à produire des fils de chakra, prenant chacune le contrôle d’une des autre marionnettes, avant de les diriger vers l’intérieur du fourneau. Une fois placées je laissais simplement mon chakra circuler dans tout ce système, comme de malaxer son énergie interne lors de la méditation, mais cette fois ci à travers ce qui semblait être un corps gigantesque, vu que j’étais reliée à chaque marionnette.

Le four s’allumait, et la combustion commençait lentement, je continuer de faire voguer mon chakra à travers tout ce circuit de fils de bois et de chair, chakra qui cette fois ci commençait à se perdre quand un morceau de bois brulait, devenant une entreprise coûteuse en énergie au lieu de simplement garder un circuit fermé, mais je savais à quoi m’attendre et acceptait cette perte sans problèmes, je m’attendais même à être totalement à court a la fin de mon entreprise, mais les possibilités de réussite valaient le coup. Jin m’avait prévenue que l’acier ne serait pas surement pas très qualitatif car la porte du fourneau devait comporter des ouvertures pour laisser passer mes fils de chakra, mais même de qualité basse, si j’obtenais ce que je voulais j’aurais fais un pas en avant grandiose dans la connaissance de l’énergie neutre et pourrait à loisir essayer de faire quelque chose de mieux, avec l’aide des connaissances des ouvriers eux-mêmes. Après tout c’était beaucoup plus facile d’améliorer que de créer.

La brûlure du bois s’arrêtait, et bien que le feu continuait, consumant ensuite le charbon formé, mes fils produits par mon pantin d’intermédiaire se dissipèrent car n’étant plus attachés à rien, tout juste le temps de les rattacher à une autre fournée d’automates et de les renvoyer dans le four ouvert et fermé le plus rapidement possible. Ce manège recommença quelque fois avant que le manque de chakra se fasse beaucoup trop prononcé et que je sois à deux doigts de m’évanouir. N’ayant pas la force d’assister à tout le procédé après ma dépense extrême, je me retrouvais forcée de me reposer plutôt que d’assister à la fin de l’expérimentation.

Après la finition de l’acier, une partie fut prélevée et travaillée pour lui donner la forme d’une main métallisée qui me fut apportée le plus vite possible une fois produite. Elle était même encore tiède, témoignant de l’urgence avec laquelle je l’avais obtenue après sa réalisation. Je déployais mes fils de chakra de la main droite, la main réalisée étant du même coté et les attachèrent à l’ouvrage en métal en poussant un long soupir puis en retenant mon souffle, me préparant à l’heure de la vérité. Je fermais les yeux avant de visualiser le déplacement de mon chakra. Mon déni me faisait me dire que c’était pour me concentrer, mais je faisais circuler de l’énergie neutre à travers des membres ouvragés depuis assez longtemps pour pouvoir le faire sans à peine y penser, j’avais juste peur du résultat.

Mais du bout des doigts de la main d’acier, d’autres fils de chakra se formèrent, et se fixèrent sur le prototype en acier dans l’atelier. Mon chakra circulait à travers le gant métallique et pouvait se manifester au bout des doigts comme si c’était ma propre main. Le hurlement de joie venant de ma gorge fut surement entendu dans un autre pays et mes sautillements sur place semblaient capables de faire trembler la construction entière.

J’observais avec un grand sourire le bras complet, articulés au niveau du poignet, coude et épaule par 3 sphères totalement lisses, chacune jointe au prolongement du membre. Formées à partir du métal circulatoire, elles avaient été produites par un Imono, afin de tester l’utilisation de leur pouvoir clanique avec ce nouveau matériau hautement compatible avec le chakra. Le résultat semblait être d’après le testeur comme une matière un peu plus simple à utiliser et surtout permettant des créations plus précises mais pas forcément plus puissantes, une utilité plus créative que belliqueuse donc, mais il ne m’importait peu, j’avais réussis. J’avais crée une avancée majeure dans la recherche sur l’artisanat et le chakra, et avait réussie à l’utiliser dans l’art du Kugutsu. Le chakra étant l’énergie la plus puissante, un matériau qui en était saturé disposait de meilleures propriétés physiques, pas du tout révolutionnaires, mais simplement suffisante pour allier la légèreté et la résilience que je recherchais pour produire des membres de marionnettes capable d’être éprouvés en combat et mobiles à l’aide d’articulations soumises à de hautes frictions constantes.

En plus, à l’heure actuelle, la manière de produire ce métal utilisait les secrets des Monzaemon, faisant de mon clan son gardien, bien qu’actuellement je fusse la seule du dit clan à en connaitre le secret, ça n’était pas important, je comptais bien rectifier ça très vite. Une fois que ma création serait finalisée. Les armes étaient déjà faites, il suffisait de connecter chaque membre puis d’enfin passer aux finitions, produisant une nouvelle tête à ma nouvelle arme, une tête possédant des traits de visage par exemple. Bien que je me revendiquais pragmatique, une créatrice à toujours un minimum de vanité et faire une création uniquement fonctionnelle sans également soigner l’apparence était hors de question.

Mais tout d’abord, une fois ma nouvelle création totalement articulée et équipée, je décidais de procrastiner la partie esthétique pour rédiger un rapport aux hautes instances de la MKK. Je n’étais pas dupe, les privilèges et les ressources dont je disposais étaient sous condition, celle de l’utilité, et montrer un tel résultat rentrait absolument dans cette catégorie, je pouvais même affirmer, assez présomptueusement certes, que les secrets de la création du Shinobi Kote semblaient à portée de main en ayant réussis à produire une nouvelle méthode de matériau capable de laisser le chakra circuler. Bien que la création de cet artefact, et surtout d’offrir son secret et sa surproduction à Han Musashi continuait de produire une petite voix dans ma tête me chuchotant que c’était une très mauvaise idée et pourrait déstabiliser intégralement le Continent, le fait d’en sembler aussi proche m’exaltait et je n’avais aucun doute que Musashi et son CA allaient partager ce sentiment, peut être que je pourrais avoir accès à plus de ressources grâce à ça, maintenant que j’avais réussi à produire un métal saturé en chakra neutre, et que j’avais appris qu’à une époque on pouvait également utiliser les cornes des animaux pour fabriquer de l’acier, je devais avouer que l’idée de reproduire le procédé mais avec des morceaux de bijuus afin de voir comment le chakra sombre pourrait réagir faisait grandement son chemin dans ma tête, ma soif d’expériences futures n’était au final que décuplée par ma découverte et je ne faisais maintenant que réfléchir aux prochaines étapes.