Toji no Kuni.

Encore et toujours ce désert autour de nous. Nous avions œuvré, chacun de consort avec les autres tout autant que chacun de nous de notre côté. De ce travail de groupe, il nous manquait pourtant quelque chose. Il nous manquait l’essentiel pour le groupe que nous étions. Une vision commune ? C’était le cas. Un nom ? C’était déterminé. La puissance ? Nous progressions dans ce sens. Aujourd’hui, au final, ce qui nous faisait grandement défaut, c’était la cohésion de groupe, non pas dans le sens entente entre chacun des protagonistes, mais cohésion martiale.

L’aube pointait derrière les dunes sableuses, berçant petit à petit la vallée jaunâtre où nous nous trouvions. Avec ces premiers rayons de soleil, l’air se réchauffait doucement comme mon visage frappé les rais chatoyants. En dehors de la tente, nous écartant un peu du camp où nous étions, Kimiko et Elin étaient avec moi alors qu’Akane dormait de tout son saoul.

« Navrée que l’on se lève aux aurore, mais quitte à s’agiter autant le faire avant qu’il ne fasse trop chaud. Vous serez d’accord avec moi je pense pour dire que nous manquons de coordination. Il nous faut apprendre à travailler ensemble de manière plus efficace. Nous nous connaissons depuis plus ou moins de temps selon les personnes, mais c’est notre première véritable épopée que nous avons vécue là. En fin de compte, pour l’avenir, il est important de savoir ce que les autres sachent faire pour mieux anticiper ou profiter de la situation. Je vous propose donc un affrontement entre vous deux. Pour ma part, je ne compte pas rester là rien faire et m’entrainerait aux soins sur chacun de vous au fur et à mesure des blessures. Et si besoin, nous pourrions voir pour faire évoluer tout cela et commencer à travailler la synergie de groupe. »

Croquant sur mon pouce, je posais ma main au sol faisant apparaitre dans un petit nuage de fumée un volatile, un albatros aux proportions des plus classiques.


Récupérant un petit sac de jute non loin, je l’accrochais au dos de Kimiko pendant que mon compagnon se blottissait à l’intérieur.

« Je ne pourrais pas vous soigner toutes les deux en même temps. Qoorsabil s’occupera donc de te soigner au fur et à mesure Kimiko. Quant à toi Elin, je vais placer sur toi un sceau qui me permettra de te soigner en continu en fonction de tes blessures. Sans aller jusqu’à vous tuer, vous pouvez donc vous lâcher sans trop de risques pour le moment.»

Le siggilaire appliqué, voilà que je m’écartais, laissant à chacun de mes partenaires le loisir de commencer cet entrainement.

C’était une première pour moi. Après tout ce qui s’était passé depuis mon départ de l’académie militaire, j’allais de nouveau combattre dans un combat. Cette fois-ci, une différence notable était présente, je n’allais pas affronter un grolleau de fraîchement né, mais une camarade qui avait reçu une vraie formation militaire aussi bien au sabre qu'à la stratégie de combat. Autre qu’un cerveau, je devais être capable d’être décisive lorsque le moment se présentera. Si je n’avais pas les capacités physiques pour survivre et gagner un affrontement, cela ne servait à rien que je continue sur la voie que je m’étais fixée. Après tout, un cerveau n’est rien sans un corps pour le suivre.

« Bien… Quand c’est l’heure… »

Je me plaçais à côté de Mai pour qu’elle puisse inscrire son fuinjutsu sur ma peau. En face de moi, Kimiko se tenait là, le regard aussi froid que l’acier de son katana. Rien qu’à sa tête, je savais qu’elle ne comptait pas y aller tranquille dans cet entraînement et c’était ce que je voulais. Ma spécialité était les ombres, elle l’art de la lame. Pendant que j’usais de stratagème pour faire face à mon adversaire, elle versait le sang avec le fils de son acier. Dans ce duel, j’étais clairement l’outsider

« Tu as bien entendu Kimi, ne me tue pas ! »

Une petite pointe d’humour ne faisait pas de mal, même si une petite goutte de sueur perlait sur mon front. Et à peine le temps de la voir tomber sur le sol, il était l’heure de commencer notre affrontement.

Nous nous tenions à une bonne distance elle et moi, une distance qu’il me fallait exploiter, car une fois au corps à corps, je n’avais que peu de chance de m’en sortir ou tout du moins, m’en sortir sans aucuns dégâts. Quand Mai lançait le top départ, j’usais de mon talent en ninjutsu pour faire une série incantatoire avec mes mains. Mon ombre s’étendit alors en face de moi en un fin filet fonçant vers une proie qu’elle était prête à dévorer. A mi-distance, celle-ci sortait du sol pour voler dans les airs et se divisait en trois branches. Celles-ci avaient pour but de maintenir une pression à distance et de me permettre d’être loin du katana de l’enfer.

Résumé :

Santé : 100%
Chakra : 1 B
Techniques utilisées :
Ninjutsu - Nara - Simple
Elin projette son ombre face à elle. Celle-ci fonce sur le sol vers la cible et à mi-distance se soulève pour voltiger dans les airs tout en se divisant en trois branches pour aller frapper l’adversaire.

Ce combat était désormais le mien sans pour autant l’être. Si nous avions chacune nos talents, comme on peut souvent le dire, « à chacun son rôle ». Seulement cette fois, contrairement à mon échange avec Kimiko à Ame, mon but n’était pas d’affliger mes camarades de mes talents martiaux, mais plutôt de faire en sorte que mes deux autres camarades puissent se confronter sans trop de risque pour leur propre santé. Installée un peu plus loin, concentrée sur mon sceau, j’observais avec attention ce qui se tramait.

Les choses commençaient doucement. Elin démarra les hostilités à l’aide de ses talents claniques. Logique et efficace. Certains pensaient imparable mais non. Si dans un combat normal j’aurais surement tenté d’esquiver, dans la situation actuelle, les choses pouvaient être faites différemment. Pour autant Kimiko semblait avoir oublié ce détail crucial que mon invocation lui rappela rapidement. D’un petit coup d’elle derrière la tête l’albatros vint rappeler sa présence une fois les shrapnels lancés sur la Nara.



« Et le groupe ? Tu combats, je soigne ! Simple non ? » dit-il en ressourçant l’Imono par la même occasion.



La scène me fit sourire. Je laissais à l’albatros le soin de gérer sa partenaire. De mon côté, grâce au sceau relais, faute de blessure, je lui offrais quelques ressources en plus qui lui seraient surement utiles par la suite.



Avec cette scène burlesque, les deux protagonistes combattants avaient peut-être compris le rôle de leurs supports attitrés.

Lorsque Kimiko s’élança ses jambes pour commencer à courir, je prie le pas et je filai à l'opposé de sa direction. Cette danse, nous la faisons à deux et dans un léger nuage de poussière que nos pieds soulevaient, un cercle parfait se formait devant les yeux de Mai.

Alors que mes ombres atteignirent la cible, quelle ne fut pas ma surprise en voyant que la jeune samouraï avait formé une coquille métallique tout autour d’elle. Venant d’elle, je ne m’attendais plus à une parade, mais cette solution de carapace était bien la meilleure qu’elle pouvait utiliser.

Ainsi, à la suite des trois impacts qui résonnaient dans le désert de sable, trois kunais se dirigeaient vers moi à vive allure. Joignant mes mains, je devais me défaire de cette attaque et lorsque je m'arrêtais dans un léger glissement sur la dune, mon ombre s'étendit de nouveau pour venir percuter de plein fouet ces projectiles métalliques.



Chacune des branches venait frapper pour créer une déviation, mais alors que mon ombre entrait en contact avec ses kunais, trois souffles venaient révéler les dunes. Une pluie de minuscules éclats métalliques frappait le sol comme la pluie touchant un étang et bien sûr, j’étais prise dans ce déluge de débris.

Frappant ma peau et déchirant mes vêtements, les éclats métalliques s’enfonçaient légèrement dans ma peau, laissant couler de nombreuses petites gouttes de sang.

C’était au tour de Mai de faire en sorte que mon corps se régénère, moi je devais continuer mon affrontement et quoi de mieux d’utiliser l’énorme nuage qu’avaient provoqué les explosions pour lancer une nouvelle offensive.

Me concentrant sur les ombres environnantes, j’arrivais à percevoir où était située Kimiko, tout du moins j’arriverais à savoir où elle était grossièrement.



Mes mains se rejoignaient encore une fois et je lançais une nouvelle salve d’ombres, usant de la même attaque.

Résumé :

Santé : 80%
Chakra : 2B - 1D

Techniques Nara Elin :
Ninjutsu Nara - rang B
Kanchijutsu Nara - Rang D

• Elin se prend les shrapnels sur son corps, ce qui provoque de nombreuses petites blessures
  
• Elle repère l’emplacement approximatif de Kimiko à travers le nuage
  
• Elle attaque une nouvelle fois à travers la poussière avec son ombre.
  

Pour le coup, plus le temps passait et plus je me disais que ce combat n’était vraiment pas le mien. Était-ce donc ça jouer le rôle de quelqu’un supportant les autres, leur venant en aide lorsque le besoin se faisait sentir uniquement. Mes dons, je savais les utiliser comme il se doit, les deux facettes de ce pouvoir. Le soin apporté à d’autre d’une part et cette force destructrice de l’autre. Seulement, mes soins étaient pour tout ou partie prodiguée en dehors de tout conflit, hormis lorsque cela me concernait directement. Soigner nécessitait quelques talents et le faire en combat encore plus. Autant dire que l’occasion présente était parfaite pour améliorer mes propres aptitudes.

Ainsi, pour ma part focalisée sur Elin, cette dernière avait bien compris le rôle que je jouais et accepta sans trop broncher les shrapnels qui explosèrent autour d’elle, lacérant quelque peu son corps. Toujours concentrée sur mon sceau de transfert, j’en profitais donc pour la soigner. Malheureusement pour elle, il n’y avait aucun doute sur le fait qu’elle se rende rapidement compte que mes soins, du moins dans cette configuration où j’utilisais le fuinjutsu, étaient moins efficaces que si je la soignais directement. Ainsi, si quelques plaies s’étaient résorbaient, une partie d’entre elles étaient encore à vif. Mais pour le reste, cela ne dépendait que de ma partenaire du moment. Jusqu’où était-elle prête à aller ? Prendre d’autres blessures ? Se protéger le temps que je soigne le reliquat de ses plaies ? Je le découvrirais bien vite.



De l’autre côté, un albatros accroché au dos d’une samouraï faisait lui aussi son office après avoir rappelé à l’ordre la demoiselle qui répliqua dans la foulée, provoquant une réponse immédiate du volatile.

« Et toi alors ? T’es une femme, t’as un couteau ! Tu cherches ta cuisine ? Non ? Alors découpe là l’autre ! »

Sur ces paroles, tout comme moi avec Elin avant, Qoorsabil transféra à sa partenaire un pan de son chakra afin de l’aider à lutter le plus longtemps possible.



Bien, peut être que maintenant cette échauffourée allait pouvoir monter en puissance. J’avais de quoi ragaillardir un peu ce combat mais je souhaitais attendre encore un peu avoir d’y avoir recours.

Alors que la fumée de poussière parcourait le terrain à cause d’un léger vent, mes mains se rejoignirent ensemble pour continuer mon assaut sur Kimiko qui se trouvait sûrement encore de l’autre côté. Je me doutais qu’elle devait être sur la défensive, n’ayant pas de vision sur moi et mon emplacement, elle ne pouvait pas se permettre d’attaquer au hasard. Mes doigts commençaient l’incantation lorsque je fus prise par surprise.

« Argh.. »

Son arme qu’elle chérissait tant n’était plus une lame, mais un jouet métallique qui venait de me percuter et de s’enrouler autour de moi pour bloquer tous mes mouvements. Outre cette entrave qui bloquait toute fuite, je sentais que les os de mes bras venaient de se fissurer par la force d’impact du câble.

Avec mes yeux, je cherchais du regard Mai qui allait encore avoir du boulot. Kimiko n’était pas à prendre à la légère et cette feinte, qu’elle m’avait faite, relevait du génie stratégique. Tout ce que j’aimais.

Une seconde ou deux suffisait à reprendre mon esprit face à cette attaque. Mes doigts étaient encore liés entre eux, même si je ne pouvais plus bouger et j’avais reçu le même avantage que Kimiko lors de son assaut. Elle et moi savions exactement où se trouvait l’autre, au bout de ce lien métallique qui nous liait.

L’incantation fut rapide, mon ombre rejoignait celui du fouet et remontait à travers la fumée le chemin vers Kimiko et lorsque celle-ci fin a touché le bout, mon ombre tenta de prendre contrôle du corps de Kimiko.

Loin de vouloir l'exécuter avec un autre stratagème, je voulais simplement qu’elle et moi puissions-nous retrouver face à face.

Mon plan était de me rapprocher d’elle le plus possible. Le corps à corps n’était pas ma spécialité et je devais justement trouver des parades à ce genre de combat. Je m’avançais donc lentement, pas à pas, dans ce nuage en espérant que la force de mon ombre amène Kimiko à mon contact.

Résumé :

Si Kimiko avait eu cette tendance à la surprotection, ne tenant nu compte des l’aide que mon invocation pouvait lui apporter dans cet affrontement amical, pour Elin, c’était là tout le contraire. Témoin de l’échange entre Qoorsabil et la samouraï, la Nara avait fait l’option de se laisser aller et de subir promptement l’attaque qui la ciblait. Je n’avais aucune idée de ce qui pouvait la pousser à agir comme ça, mais cela devait être difficile à supporter tant la douleur devait être vive. En fait si. Les explications étaient doubles. La première était pour elle un moyen d’entrer au contact de sa cible et de fait, d’en prendre le contrôle. La seconde était pour Elin un moyen de prendre l’ascendant et ne pas avoir à se défendre. Pour cela elle comptait assurément sur mon aide pour se soigner. Malheureusement, la jeune femme oubliait une chose. Mes soins à travers le fuinjutsu étaient loin d’égaler ce que je pouvais réaliser à mains nues. Mais ça, elle le découvrait surement en l’instant lorsque j’infusais mon chakra pour résorber la majorité des blessures, laissant de fait quelques blessures et écorchures modérées.



De l’autre côté, la discussion entre Qoorsabil et Kimiko laissait planer une entente amicale basé sur une sorte d’humour potache voire quelque peu cynique.

« C’est bien, tu l’as touchée, mais t’es prise comme un papillon dans un filet maintenant. Qui c’est qui a raté son coup ? » taquina l’albatros.

Pendant ce temps, si Elin contrôlait la situation, je préparais une petite surprise. Relâchant mon attention sur le combat, je sortais de mes poches quelques ingrédients préparés et mélangeais le tout avant d’user de mes talents kabbalistiques si particulier, conjurant alors un énorme monstre humanoïde constitué de ronces.




Dans un grognement forestier, la créature sigillaire ne se pria pas et commença à attaquer les deux jeunes femmes en balayant de son bras de ronce la zone devant lui, espérant faucher les deux corps par la même occasion avant de frapper de ses lianes respectivement l’une et l’autre des combattantes.





« Voilà un petit cadeau, je vous rajoute un peu de challenge. Amusez-vous bien. »

Prise par surprise en face-à-face, Kimiko semblait être sûre d’avoir gagné ce duel. En effet, des pics d’acier sortaient de son fouet métal et ceux-ci me menaçaient avec leurs pointes dirigées vers moi.

« C’est vrai que je ne m’attendais à ça de ta part. D’habitude tu es du genre à venir me faire goûter de ta lame. Mais avant de crier victoire trop vite, tu devrais tourner la tête. »

Derrière elle, son ombre… Enfin, mon ombre dans la sienne avait sorti cinq pieux tout pointant directement sur ses points vitaux.

« Je pense qu’on aurait fait égal… »

Dans un vacarme épouvantable, un être venait d'apparaître en plein milieu de notre entraînement. Celui-ci ressemblait à un arbre ayant pris vie au fin fond des plus profondes forêts de Hi no Kuni. Derrière celle-ci, Mai se tenait tranquillement debout et affichait sur son visage un large sourire. Son regard semblait s’amuser de la création qu’elle venait de créer et j’avais l’impression de voir en elle une légère euphorie.

Alors que se montre de racine lançait son bras pour imiter l’attaque que Kimiko venait de me faire, je lâchais la main prise que j’avais sur ma camarade de combat. Je me faufilais derrière elle pour qu’elle puisse stopper le bras qui venait sur nous.

Ma confiance était entière envers Kimiko et ses compétences. Il fallait dire que nous avions déjà combattu à quelques reprises ensemble. C’était pour cela qu’elle me servirait de bouclier et d’épée. Quant à moi, quand nous étions réunis, mon rôle était de contrôler notre adversaire.

Alors que le monstre ne semblait pas vouloir s’arrêter, des liens provenant de son corps nous ciblait chacun d’entre nous deux.

Pour permettre à ma collègue de contre-attaque, je lançais mon ombre à la rencontre de ses racines pour les arrêter net à l’aide de mon talent. Cette action permettrait à Kimiko de pouvoir avoir le temps de retourner la situation à nos avantages.

Résumé :

« Elin t’en voudrais si tu la tuais ? Tu parles pas de Mai plutôt ? T’es pas vieille avant l’heure en fait ? » taquina une nouvelle fois l’albatros.

Dans l’absolu, la situation était, de mon point de vue, plutôt équilibrée. D’un côté Elin avait su capturer son adversaire au prix de blessures conséquentes. En tant normal, en groupe, l’immobilisation d’une cible signifiait sa défaite mais dans le cas présent, c’était quelque différent. Malgré sa constriction Kimiko pouvait encore bouger mais de manière moindre. Elle qui répondait à la Nara avec une verve acérée savait pourtant que dans sa situation elle ne pourrait être en mesure de provoquer une blessure fatale. Mais entre les deux, c’était une sorte de jeu psychologique qui se jouait. Pour autant, si à les écouter nous pourrions penser à quelques tensions, il n’en était rien.

Face à l’adversité, la cohésion recherchée faisait à nouveau surface et l’harmonie qui pouvait exister entre les deux se nouait petit à petit offrant une stratégie. Sans se concerter, sans vraiment un regard et surtout sans discuter, chacune des deux jouait son rôle dans une partition martiale qui semblait bien rodée. Comme je m’y attendais, Elin ne se fit pas prier et usa de la samouraï comme d’un bouclier vivant. Cette dernière était pour ainsi dire la main armée du groupe, usant de différentes stratégies guerrières pour amenuiser les forces du monstre sigillaire pendant que la Nara tenter de faire ce pour quoi son clan était un expert … capturer.

Et pour ce qui était de la capture, l’amas de bois conjuré ne chercha nullement à esquiver. La créature humanoïde était désormais incapable de bouger alors que les chaines de métal virent planter l’arbre vivant. Seulement, en tant normal si l’impact aurait empalé n’importe qui, dans le cas présent, les deux combattantes, sous l’impulsion de la scission provoquée par l’Imono assistaient à une division de la créature qui se présentait désormais en trois morceaux, bien plus petits et surement bien moins dangereux … quoi que.

Alors que quelques copeaux et branchages jonchaient le sol, les trois dupliquas se lancèrent à l’assaut en s’écartant quelque peu les uns des autres, chacun d’eux ajustant une attaque qui visait le duo directement. Le premier coup était une sorte de fléau d’arme végétale avec une sphère de bois qui s’abattait sur les demoiselles depuis les cieux. Le deuxième coup cherchait à transpercer Kimiko et Elin telle une brochette géante. Enfin, le dernier assaut était lui passé par les entrailles terrestres et de sous les pieds de mes chères alliés une multitude de pics émergeaient du sol pour empaler chacune d’elle.







De mon côté, je poursuivais la simple mais essentielle tâche visant à soigner Elin des blessures qu’elle avait acceptées de subir pour tenter de prendre l’ascendant sur Kimiko.

« Mai… ta création commence à me casser le crâne… »

Alors que Kimiko exécutait une attaque parfaitement en coopération avec moi, je regardais cet homoncule de bois se diviser sous l'acier de ma camarade. Certes, ils étaient plus petits, mais cela ne voulait certainement pas dire moins puissants et bien évidemment. Mai était en train de se marrer à me procurer des soins à l'aide de son sceau.

Qui était assez cruel pour soigner une personne et en même temps, tout faire pour la blesser ? Uzumaki Mai correspondait parfaitement à cette description.

« Kimiko, il va falloir en faire de la brindille. Je ne pense pas te dire quoi faire… »

De toute façon, je savais déjà ce qu'allait faire cette femme d'acier.

Joignant mes mains ensemble, j'élargissais mon ombre sous mes pieds et ceux de Kimiko. Des mains d'ombre venaient soulever nos corps pour défaire nos corps du sol et surtout des racines qui voulaient nous soustraire de ce monde.

En même temps, je continuais ma technique pour nous faire avancer vers ces trois créatures. Kimiko se trouvait devant moi, elle me servait de bouclier contre les techniques physiques dont je n'avais pas la capacité de me défendre. Rapidement, nous nous rapprochions de ces bêtes végétales.

« Prépare-toi Kimiko, je vais t'envoyer directement sur ces chiasses. »

Un dernier ninjutsu me permettait de projeter Kimiko dans les airs directement sur les cibles.

Dans les airs, la jeune samouraï semblait planer sur les vents tellement la rapidité de son corps était impressionnante.

« Vends-moi du rêve Kimi. »

Je me laissais porter par ce qu'allait exécuter la technique de ma camarade. Son agilité et sa puissance étaient à son plus haut. Son esprit, quant à lui, devait commencer à en avoir marre de ses tranches d'arbre, car un duel pour une femme comme elle, était sacré.

Résumé :

Focalisée sur les soins que j’apportais, je me sentais presque témoin de cet entrainement. Si Qoorsabil avait tendance à préférer cette position de relais et de support, pour ma part, ma préférence se tournait vers l’affrontement direct. C’était assez paradoxal compte tenu des talents qui étaient les miens. Mais ne disait-on pas que la meilleure défense c’était l’attaque ? C’est d’ailleurs en quelque sorte le précepte que mes deux comparses essayaient d’appliquer aux trois petits golems sylvestres.

Pendant que je terminais les soins sur Elin, cette dernière s’échappait des assauts la ciblant, usant de stratégie – ou de fourberie selon le point de vue – pour se cacher derrière son ancienne adversaire à qui elle laissait le soin de défendre le groupe. Mais entre ombre et métal, éviter les dégâts n’était pas un problème. L’une des deux était spécialisée dans le contrôle quant à la seconde, même si sa force de frappe était certaine c’était avant tout sa capacité à encaisser qui était redoutable. Pour preuve, elle avait su absorber – malgré quelques côtes cassées – une de mes attaques les plus puissante, le genre de coup qui n’avait pas le passé traversé de part en part le thorax d’un Yaban un peu trop véhément.



Pour ce qui était des soldats de bois, le premier se vit repousser par la force de la parade métallique. Pour ce qui étaient du deuxième et troisième ils n’eurent guère plus de réussite, l’attaque frontale ayant été esquivée par l’envolée du groupe et l’empalement bloqué par l’armure de métal qui se délita tout de même sous la force des coups.

Seulement, tout ceci était une danse, un moment où chaque partenaire prenait l’ascendant sur l’autre tour à tour et désormais, c’était à la samouraï de contre attaquer. Son expérience martiale lui dicta même d’agir avec une approche nouvelle. Par d’arme fouet, pas de lame en vue mais une masse qui venait s’abattre sur les créatures sigillaires. Sans réponse de leur part, le choc vint briser les êtres de bois qui se recroquevillèrent dans des cosses prises de spasmes.

Mais ces créatures, étaient-elle dotée d’une certaine conscience ? Avaient-elles une certaine notion de défense et de sacrifice ? Difficile à dire. Je gardais en tête d’étudier ce phénomène lorsque l’occasion pourrait se présenter à nouveau.

En attendant, pour ma part, je maintenais ce sceau de soin. Quelque chose me disait qu’Elin en aurait surement besoin bientôt. Et je n’avais pas vraiment tort. A peine le temps de songer à cela que les cosses explosèrent avec une synchronicité certaine. Ce n’était pas une explosion classique. Nulle flamme, nul souffle et une absence de chaleur. En revanche, les monstres s’étaient transformés en échardes géantes et en guise de défaite, en guise de dernier baroud d’honneur, leurs derniers monceaux de corps furent propulsés sur les deux jeunes femmes qui se tenaient proches de ce final explosif.



Quelle seraient donc la réponse finale ? Kimiko avait usé de beaucoup de chakra, je doutais qu’elle puisse offrir une protection adéquate à l’ensemble de l’attaque sans finir complètement KO. Et qu’en serait-il d’Elin dont les talents étaient loin d’être adaptés à la défense. Bloquer une attaque unique pouvait se faire, mais bloquer une salve de pics de bois était une tâche bien plus ardue.

La contre-attaque fut une véritable réussite. Kimiko excellait dans son art du métal, et elle me stupéfiait en exploitant l'expérience qu’elle avait accumulée pour la déverser en plein visage de ces créatures. Dans un mouvement harmonieux entre mes ombres et son métal, les trois abominations furent anéanties de la surface du désert. Même le sable, témoin muet de leur existence, ne garderait pas les cicatrices de leurs racines vivantes.

Cependant, elles n'avaient pas abandonné leurs dernières volontés et juste avant de succomber, les trois se transformèrent en berserkers. Jusqu’à leur dernier souffle, elles étaient déterminées à nous défaire de ce monde.

« Qu’as-tu fait, Mai? »

Les milliers de pieux en bois commencèrent à s’élever dans toutes les directions. Il ne restait que quelques secondes entre leur point de départ et notre position.

Je laissai à Kimiko le temps de se défendre face à cet ultime assaut, tandis que je joignais mes mains pour exécuter une dernière et ultime technique.

Invoquant une dernière fois mes ombres, je libérai toute ma puissance pour l’étendre tout autour de nous. Ancrée au sol, la surface d’action s'étendait sur une centaine de mètres et, d’un dernier geste de la main, j'immobilisai tous les mouvements dans ma zone de contrôle. Chaque être vivant, chaque créature, chaque insecte et chaque objet cessèrent de bouger sous l'emprise de mon pouvoir.

J'avais déployé là mon ultime attaque avant de relâcher ma force et de m'effondrer au sol, épuisée par cet effort surhumain et ne pouvant plus utiliser une de mes jambes.

A l’écart du combat qui opposait les entités humaines aux entités naturelles, Qoorsabil m’ayant rejointe, nous observions tous deux comment Elin et Kimiko allaient bien pouvoir se sortir de cette situation explosive. Hors de portée des échardes qui volaient vers elles, la curiosité m’assaillait. La Nara n’avait pas les meilleurs talents pour se sortir seule de cette situation et l’Imono était au bord de la rupture chakratique. Pourtant, chacune d’elle se décida à aller au bout de ses limites. Cela pourrait paraitre dangereux mais pas tant que cela au regard du groupe que nous formions. Si les deux allaient surement s’épuiser, l’albatros et moi avions encore assez d’énergie pour parvenir à les soigner sans mal.

C’est surement ce qui poussa en premier lieu Elin à agir de la sorte. C’était des deux celle qui se lançait le plus facilement dans la mêlée sans se soucier du reste. Elle déploya avec une dextérité certaine son ombre sur toute la zone, y faisant jaillir toutes sortes de tentacules d’ombres. Nombreuses, elles percutèrent certaines échardes de bois qui furent déviées vers le sol. Malheureusement, elles n’étaient pas aussi nombreuses que la multitude de pics sylvestres. C’était donc là, alors qu’Elin gisait au sol, une jambe bien amochée que la samouraï prit le relais, générant un bouclier aux proportions impressionnantes. Si Kimiko y laissa son bras, l’armature en métal eu au moins l’efficacité de bloquer ce qu’il restait de l’attaque final des trois golems.

Ainsi, le combat était terminé. Rejoignant le duo, je les regardais là, couchées par terre, comateuses.

« Au moins, y’a pas à douter. Elles donnent tout. » ironisa mon invocation.
« Repose-toi toi aussi. Je vais les soigner le temps qu’elles reprennent connaissance. C’était un bel affrontement. Au moins, désormais, chacune de nous sait comment gérer avec les autres. »



Le reste ne tenait qu’à moi. Je m’appliquais à soigner bras et jambes écharpées pour l’occasion avant d’installer tout le monde à l’abris du soleil et attendre le réveil de chacune en tirant quelques bouffées de narguilet.