Petit pas chaloupé, rotation à droite, rotation à gauche, petite main dans les cheveux le corps bougeait sur le rythme endiablé des acclamations de la foule. Le rookie des journalistes, la futur voix du peuple, le meilleur danseur et showman des tréfonds de la terre, on m'attribuait bien des surnoms, à ma juste valeur. Les bouches au creux de mes paumes formaient deux petits oiseaux d'argiles, virevoltant autour de moi. Petit déhanché, mes pieds surfaient sur le sol donnant cette impression de véritablement voler. Je rejoignais le centre de l'arène les oiseaux explosant dans une myriade de couleur, tel des feux d'artifices soulignant mon arrivée triomphale.

Mon visage parcourais l'ensemble des gradins. Qué guay. C'était tellement un plaisir d'avoir été amené ici, je sentais enfin ce tout nouveau monde qui n'était qu'à portée de mains. J'étais venu saisir le futur par le col pour ne plus jamais le lâcher. En haut des gradins, dans une petite cabine de pierre, disposant d'une place de choix et d'une voix que tous le monde écoute, les deux commentateurs phares de l'arène légendaire préparais leurs petites fiches sur les différents combats et gladiateurs de la soirée. Gilipollas, je viens chercher vos places à la vitesse de mes détonations.

Tel un héraut des contes et légendes, j'haranguais la foule de mouvements de mains, alliant explosion et acrobaties afin de capter le plus grand nombre. Je venais saisir le petit coquillage en pendentif, ma véritable arme dans ce monde de lyriciste que je m'apprêtais à gravir. La petite coquille me permettait d'accentuer la portée de ma voix, pour qu'elle résonne à travers toute l'enceinte et dans toute les têtes.

« Señoras y señores !, Maiku l'homme aux doigts d'argile, au phrasé détonant et aux interviews explosives, pour vous servir ! »

Petite entrée en matière, sourire aux lèvres, la dextre balançant ma chevelure bleutée vers l'arrière. Coquillage en bouche, mes deux paumes de mains vinrent se dévoiler à la vue de tous, munies de deux bouches arborant constamment un sourire narquois et carnassier.

« Mais dites-moi manos, est-ce que ce soir Bakusho Aima va nous faire une prestation explosive ? »
« Ou bien va-t-elle nous péter à la gueule ? »
« Moi je vous le dis, ça risque de faire du bruit toute cette histoire ! »

Les bouches ne pouvaient émettre le moindre son, mimant le mouvement de leur lèvres tel un marionnettiste dans un spectacle. Un main sur la gauche de ma tête, l'autre sur le côté droit, organisant cette conversation solitaire en changeant modulant l'intonation de ma voix pour créer l'illusion d'une conversation à trois.

« Moi ce que je penses surtout, c'est dans cette arène légendaire, il manque réellement de challenge ! Le leaderboard est en place depuis bien trop longtemps ! Les nouveaux venus sont ridicules, que de la chair à canon pour le spectacle ! Il nous manque de véritable gladiateurs, venu conquérir les cœurs et s'abreuver du sang de leurs adversaires ! »
« C'est vrai qu'on en a marre des statues d'argile à l'effigie d'Orochi. »
« On veut des nouveaux visages, des actions explosives ! »

Les deux cavités buccales vinrent se mettre à modeler un oiseau de plus grande envergure, fusant vers les cieux sous les regards hypnotisés du public. Les ailes argileuses vinrent traverser les cieux, survolant les gradins avant de terminer sa course dans une explosion aux couleurs iridescentes.

« Je sais que vous aussi vous en avez marre ! Avec moi, crier votre impatience, votre envie de sang neuf ! »

Le vacarme de l'Underground enveloppe Ryōken d'une atmosphère électrique tandis qu'il descend dans les abysses de ce monde souterrain, un territoire régi par la force et le spectacle. Chaque pas résonne d'une assurance tranquille, trahissant ni excitation ni appréhension. Ryōken, le renégat de la Terre, entre dans l'arène non pas comme un novice, mais comme un guerrier éprouvé, un artisan de l'explosion prêt à démontrer la portée de son art.

À peine a-t-il franchi le seuil que l'ambiance change. Les explosions colorées de Maiku attirent un instant son regard, une démonstration de talent qui mérite reconnaissance, mais qui reste étrangère à la nature profonde de Ryōken. Il apprécie le spectacle d'un œil critique, une étincelle d'appréciation dans son regard pour la maîtrise de l'explosion de son prédécesseur. Un membre du clan, exilé ou infiltré pour le compte de Hana ? Sur cette unique pensée, le pionnier de l'agriculture par l'argile scella cette cascade d'interrogations potentielles.

Son attention se détourne rapidement vers Fuji, une figure que le natif du Pays de la Terre reconnaît, qui défie ouvertement l'assemblée, mais ne laisse rien paraître en public. Le calme de Ryōken contraste avec l'effervescence qui règne. Son arrivée n'est accompagnée d'aucun fanfaron, seulement la présence imposante de celui qui a fait de l'exil non pas une malédiction, mais une force.



Sa voix, étonnamment ordinaire dans l'arène de tous les excès, tranche à travers le tumulte. Il n'y a ni défi, ni arrogance dans son ton, juste une affirmation tranquille de sa présence.



Ryōken s'approche, chaque mouvement délibéré, évaluant son adversaire non pas avec défi, mais avec le respect dû à un guerrier. Ses mains, porteuses de la puissance volatile de son art, restent en vue, prêtes à modeler l'argile en armes ou en alliés.



Il adresse un bref hochement de tête à Maiku, reconnaissant sa quête de renouveau, mais il souffle.



Il y a une simplicité désarmante dans la manière dont Ryōken se présente, une invitation tacite à la confrontation, dépourvue de toute malice. Son regard se pose de nouveau sur Fuji, un lien silencieux se tisse entre eux, l'ancien et le nouveau, chacun porteur d'un héritage différent.



Dans la fraîcheur de l'Underground, Ryōken reste immobile, une figure de calme et de détermination. Il est ici pour tester sa force, pour se mesurer, pour apprendre. Son approche du combat est celle d'un artisan, où chaque affrontement est une chance d'affiner son œuvre, de la pousser vers de nouvelles limites.

Alors que la foule retient son souffle, anticipant le clash des titans, Ryōken reste concentré, prêt à transformer cette arène en un champ d'expérimentation pour son bakuton. Pour lui, chaque combat est un dialogue, une manière d'explorer et de repousser les frontières de son art. Et face à Fuji, il trouve un partenaire idéal pour ce dialogue silencieux, où seules leurs actions parleront, créant une symphonie d'explosions qui résonnera bien au-delà des murs de l'Underground.

Les couleurs oniriques diffusées par mes artifices avaient su captiver la foule. Les gradins se mirent à vrombirent sous le poids des spectateurs qui se mettaient à crier leur envie de combat, de spectacle et de renouveau. J'avais finalement toucher le point sensible, et il n'y avait aucune surprise sur le fait que mon phrasé avait pu persuader les esprits faibles. Après tout, j'étais né pour ça.

Scrutant les horizons à la recherche de combattants capable de répondre à cet appel face à cette foule en délire, je ne pu qu'être ravis qu'ils viennent directement à moi. Je n'étais clairement pas de ceux qui avaient les capacités martiales pour affronter qui que ce soit dans cette enceinte légendaire et encore moins pour proposer un spectacle martial assez plaisant. Cependant, ce que je savais faire, et que je faisais bien, c'était attirer l'attention sur moi. Il n'en fut pas plus pour qu'un nouvel arrivant des les rangs de l'Underground face son apparition : Bakemono Fuji. Je possédais des informations sur l'ensemble des personnes présentes en ses lieux, surtout ceux s'inscrivant en tant que combattant officiel. Muy bien, le renouveau répondait à mon appel.

Me dérobant quelque peu pour lui laisser place, j'assistais à ses étirements puis à sa provocation, frappant dans mes mains le sourire aux lèvres. Après tout, c'était lui sur qui était porté toute l'attention maintenant, je n'étais qu'un lyriciste en quête de futur prodige à promouvoir. Ce fut à peu près dans le même temps qu'un calme et froid concurrent vint s'opposer à lui. Une voix tout à fait singulière, aucun artifice aucune provocation, aucun regards vers la foule. Dans les tréfonds de cette terre il y avait plusieurs manières de conquérir les foules : jouer la carte du spectaculaire, ou jouer sur le mystère de son existence. Un léger coup d'œil sur la paume de ses mains vint m'arracher un énorme sourire. Que maravillosa. Voilà qu'un autre porteur de mon arcane clanique venait faire ses premiers pas dans l'arène.

« Vale, vale, vale. Señoras y señores. Je crois que l'ambiance vient de changer ! Que vois-je devant moi ? Deux nouveaux concurrents, habillés des traits de ce renouveau ! Je crois que les dieux du combat ont répondu à notre appel ! »

La foule silencieuse depuis l'apparition des deux concurrents retenait son souffle jusqu'à imploser de joie et de cri de guerre à la suite de mes paroles. Finalement, c'était bel et bien le futur de l'arène qui avait répondu à mon appel.

« Manos. Vous pensez que ses deux hommes sont en mesure d'affronter Orochi, ou encore Ieyasu, ou alors le Roi des Démons Sekiryou ? »
« Ils sont un peu frêles pour le moment non ?
« Ils ont du courage ! »

Armé de mon coquillage je reprenais les mimique simulant la conversation entre moi-même et les deux bouches sur les paumes de mes mains. Mon regard se tournait ainsi vers Ryoken, lui qui connaissait si bien cet art.

« Señores, j'ai quelque chose à vous proposer ! Vu que vous explosez d'une envie de vous affronter, que dites-vous d'un petit pari ! Celui qui l'emporte, je m'engage personnellement à le hisser sur le toit du leaderboard, à en faire un champion, craint et respecté. »
« C'est une proposition explosive ! »
« En espérant qu'il ne pète pas en plein vol ! »