La chaleur étouffante du désert déformait l'horizon. Aucun arbre, aucun oasis, seulement le silence d'un monde oublié où autrefois les super-prédateurs étaient légions. Ils ne restaient que vieux fossiles et ruines d'une ère lointaine, enfouit sous les affres du temps et de l'éveil de l'humanité.

Dans ce silence, le propre cœur du cadet de la fratrie lui semble résonner comme une véritable cacophonie. Les battements de son myocarde jouent le tempo de son avancée vers les Pyramides d'Orichalque. Dans les entrailles de la terre, il navigue vers sa destination, les sens aux aguets. Il n'y perçoit rien, ni la présence de chakra, ni même l'impression d'une âme qui vive. Sous le soleil de plomb se découvre un paysage somptueux et onirique. Les nécropoles majestueuses se tiennent droites, vigiles de ce monde oublié et gardiennes des trésors du tréfond des âges. Au loin, les reflets de l'astre solaire s'écrasent et divergent contre la paroi vermillon d'une pyramide composée de rubis, souvenirs d'un proche passé où les aventuriers ont tentés leurs chances en cette terre sainte.

Pourtant, l'œil solitaire de l'Akasuna no Nesshii ne voit pas ce merveilleux spectacle qui s'ouvre petit à petit face à lui, enfoui dans les dunes pour continuer silencieusement son chemin. Il le sait, sa seule présence ici est un blasphème et une provocation pour sa famille, sa patrie. Remettre les pieds ici pourrait lui coûter la vie, mais il y a des réponses qui valent le coup de prendre certains risquent. Les escouades du Pays du Vent ne sont pas les seules ennemis ici, et non plus les seules gardiennes de ce paysage endormi. La terre tremble un instant, propulsant le corps d'Higure en dehors de sa cachette ensablée. Son corps se dévoile sur le plancher sableux, tandis que son myocarde se met à battre un peu plus vite, un peu plus fort. Quelques chose le guette, il le ressent.

La mer infinie se sépare en deux, derrière lui, formant deux immenses murailles de sable, perlant tel une cascades au sein de l'énorme tranchée qui vient de se créer face à son œil unique. Un cri du tréfond des âges vint saisir son échine, lui souhaitant un bon retour sur sa terre natale. Un colosse à la taille démesurée, long de plusieurs mètres vint s'échapper des entrailles de la terre, secouant le décor sous son poids. Le chemin autrefois parcouru vient s'assombrir pour laisser place à une bouche dévorant l'entièreté d'une dune de sable, recouverte d'une infinité de dents acérées, où le moindre grain de sable semble s'y heurter.


Super Prédateur autrefois maître des Dunes Insoumises, repoussé vers les confins du pays à la recherche d'un nouveau nid, Sabaku no Kiba 砂漠の牙 (litt. Les crocs du désert) interrompt sa sieste millénaire pour s'opposer à l'intrus. Un repas posé sur un plateau d'argent, à l'image des pauvres bandits ayant laisser le monstre se repaitre de leurs corps, leurs habits, bras et jambes gisant encore dans ce gouffre sans fond qui s'ouvre pour dévorer Gekimetsu Higure. La retraite lui est barrée, continuer au cœur du nid semble la seule option.  

Les enfants du désert, réunis en ce jour sous l'astre solaire à son firmament. Contemplant ses fils s'amuser de leur retrouvaille, ses rayons renvoient la pyramide vermillon, comme clin d'œil à celui qui n'en as qu'un. Son destin est par-delà la mer fauve, là où les esprits dorment, où les secrets sont ensevelis sous le poids des années.  

L'Akasuna no Nesshii face à Sabaku no Kiba 砂漠の牙 comme rappel d'un temps lointain, où les tambours de guerre parcourait les contrées autrefois verdoyantes de ce qui n'était plus que l'enfer d'un désert infini ou les corps se perdent aussi bien que les âmes. L'Esprit-Gardien, protecteur des tombeaux et catalyseur de toute force, ne se soumet pas à l'utilisation de son élément. Ici, dans ce champs où tout lui appartient, il est le maître sans égal. Sa bouche aux milliers de dents s'ouvrent avec effroi, échappant un cri sinistre qui résonne entre les dunes environnantes, sa cavité buccale engloutie les masses sableuses.

L'œil éthéré du Gekimetsu, fort de ses années à manier le sable le ressent, son chakra quitte petit à petit chaque particule, chaque grain, remplacé par celui qui lui fait face. Ici, son élément ne lui appartient pas, la maître soumet l'élève dans cette épreuve de force. Les dunes se cristallisent sous la force concentrée, avant de s'écrouler, le vent s'engouffrant dans chaque interstice, soulevant le décor dans une tempête gigantesque. Le corps de l'Esprit-Gardien se dérobe sous l'œil unique du vétéran. Les grains frappent son visage, puis assombrissent complètement le paysage face à lui. Une véritable tempête de sable, cataclysme naturel déclenché par la force pure du protecteur.

L'heure n'est plus au repas, mais à la démonstration de sa supériorité, la véritable tornade pulvérise le décor, créant tranchée et vent ascendant. Sabaku no Kiba est l'œil de ce cyclone, ou alors tout ceci n'est qu'un subterfuge, seul l'astre solaire connait les véritables intentions de son fils. Le vent fouette le visage et dans un instant il emportera avec lui dans son flot cataclysmique le corps inerte d'Higure. Cependant, une porte de sortie se dérobe, derrière lui, le chemin qu'il tentait de gagner. Le ciel des Pyramides d'Orichalque ne semble pas gagner par la tempête, épargné par le gardien du désert, autrefois Super-Prédateurs à l'appétit débordant. Reliquat du passée, sa force submergée par le fléau de l'Humanité.  

Le bleu azur se noie peu à peu dans les ténèbres ensablées, la tempête ininterrompu se transforme en véritable maelström. Le désert s'engouffre et se noie dans un trou sans fond, où les entrailles de la terre semble être la seule porte de sortie. Les grains de sable ravage le paysage, frappant et tranchant comme des lames. Sans aucune protection l'Akasuna no Nesshii se confronte à la toute-puissance de l'Esprit-Gardien.

Son corps subit les foudres vengeresse de l'ancien maître de ses lieux, enclavé à la simple tâche de défendre les Pyramides d'Orichalque, lui qui était autrefois le Super-Prédateur ultime. Sabaku no Kiba, esclave de l'Humanité, ancien protecteur de Kaze no Kuni et ses forêts luxuriantes, lui qui as sacrifié son domaine pour protéger son nid. La nature qu'il contrôle abat avec fracas son courroux, tranchant les vêtements d'Higure, ses membres, et son visage. De nombreuses cicatrices sanguinolentes ornent le corps du fils du désert.

L'ouragan continue de plus belle, ne ralentissant jamais, le corps de l'Esprit-Gardien semblant avoir disparu dans l'infinie étendue désertique. Pourtant, celui qui n'as qu'un œil le ressent, par son chakra, par son expérience et par la peur. Le prédateur n'est pas loin, et même bien plus proche qu'il ne l'imagines, surveillant sa proie avec envie. La démonstration de sa toute-puissance n'était que les prémices de sa vengeance, aucun gibier ne lui échappe.


La cavité buccale, semblable véritable Pandémonium saisissant les cœurs et les âmes réapparaît sous le Gekimetsu, sa tentative de fuite par les airs ne lui accorde que le temps d'une simple réaction à la mise à mort. Les milliers de dents acérées attendent de goûter la chair, la gueule s'ouvrant de tout son long et à perte de vue. Le corps de Sabaku no Kiba sort petit à petit de terre, ses muscles hissant son immense masse à une vitesse folle à hauteur de son repas. La fin est proche, le met s'annonce délicieux.

La tempête balaie espoirs et courage de ses grains tranchants. Les milliers de dents recouvrent l'entièreté du paysage que l'Akasuna no Nesshii peut observer. Pourtant, son esprit semble ailleurs, rictus aux creux des lèvres il semble accepter sa destinée. Aucune autre défense, ni même l'apparition de son allié primate, comme si finalement, tout ça n'avait été qu'un jeu pour tester ses propres capacités. Ou ses propres limites. Lorsqu'on as vécu de nombreuses vies, de nombreux regrets, cela vaut-il encore le coup de se battre pour ses idéaux ?

Le corps du Gekimetsu s'érode, petit à petit, ses jambes rejoignent maintenant la tempête. Son thorax se morcèle en une infinité de particules rejoignant la danse, puis ses bras. Enfin son visage, endormi et serein rejoint le ballet mortel dans ce tourbillon infini. La cavité buccale se referme, les crocs s'abattent, le couperet est tombé. Malheureusement, aucun corps ne lui servira de repas. Il était là, le dernier clin d'œil de tout le caractère de Gekimetsu Higure. Un cri arrache les cieux alors que le maelstrom s'arrête. Sabaku no Kiba a disparu. Au loin, comme dernier signe de l'espoir, un petit morceau de papier s'échappe. Voguant au gré du vent, elle vient se poser sur une petite dune, accompagnée d'un croc millénaire.

L'astre solaire semble reprendre sa course journalière, le spectacle étant terminé. Ses rayons ne brillent plus aussi intensément, sa chaleur s'estompe petit à petit, la pyramide vermillon ne scintille plus de tout son éclat. Le silence redevient maître incontesté de ses lieux. Une légère  bruine se mélange au paysage l'espace d'un instant. Aujourd'hui, le désert pleure un fils.