29 ans. Cela fera plus de 29 ans que l’une des guerres les plus sanglantes et destructrices aura marqué à tout jamais ces terres, emportant l’ancienne image d’un pays prospère comme Kusa dans l’oubli. 29 longues années durant lesquelles les survivants ont dû sacrifier la morale pour se donner une chance de survivre dans un environnement pareil. Alors que l’an 151 approchait à grands pas, cette 30ème année marquera la fin des tourments pour le peuple de Hametsu. Telle une graine plantée dans le sol, de nouvelles racines ont commencé à s’étendre, pour donner naissance au Bourgeon de Vie.

Bientôt, c’est tout le pays qui retrouvera la Vie. Il est temps de pacifier ces terres souillées par la guerre.


« Merci à tous d’être venu. Commençons la réunion. »

Autour d’une table ronde, nichée dans les entrailles de l’ambassade de Tsubomi, je faisais face aux différentes figures qui allaient m’accompagner dans mon ambitieuse entreprise. Parmi ces hommes et femmes, il y avait bien évidemment mon ami et maître ingénieur Dodoro, qui avait rejoins les rangs d’émissaires pour notre institution. J’étais à la fois heureux et fier de compter un homme d’une telle valeur parmi nous, lui qui aurait pu décider de retourner à la conquête du monde à la recherche de nouvelles idées. Pourtant, il prit la décision de rester, et de voir jusqu’au bout où je nous mènerais tous.

À ses côtes il y avait également les chefs artisans qui avaient grandement contribué à la restauration de la capitale. Ces anciens, à la tête des forges et autres charpenteries de Tsubomi, incarnaient la volonté profonde du peuple de Kusa de retrouver la gloire d’antan. Et bien évidemment, pour m’assister dans les tâches administratives qui font le relais entre cette ambassade et Chōwa, à mes côtés se trouvaient également les envoyés de l’Harmonie. Avec l’Akimichi qui servirait également de représentant pour les scientifiques de la Kabbale, bien que cette affaire n’ait pas vraiment de lien direct avec eux, je pouvais enfin présenter le projet à mes camarades.

« Le monde a reconnu une partie de nos efforts, mais il y a encore du chemin avant de pouvoir faire de notre pays une terre sûre. Mais plus qu’une terre sûre, le peuple a besoin de plus qu’une ambassade :  il nous faut un gouvernement qui garantira le bien-être des habitants de Hametsu et qui le représentera sur la scène internationale. »

Je vois leur expression de visage changeait légèrement, alors que je venais clairement de leur annoncer que pour la suite il allait falloir prendre le pouvoir au sein de cette terre sans foi ni loi. Un projet qui aurait certainement été impossible à réaliser quelques années auparavant, alors que je n’étais encore qu’une petite tortue qui construisait des châteaux de sable avec ses petites mains ignorantes. Aujourd’hui je me dresse devant eux comme le Protecteur de Hametsu, celui qui se bat depuis des années pour apporter la paix et la tranquillité au pays en ruine. Aujourd’hui le peuple avait grandement confiance en nous, alors il était temps de prendre notre responsabilité à deux mains et de se retrousser les manches.

« Notre organisation aura pour noyau Tsubomi, le développement de la capitale sera notre point de départ pour toucher les régions voisines et étendre notre influence. Nous devons toucher un maximum de Hametsujin pour leur faire comprendre que le règne de la Terreur prendra fin, et qu’il est temps de se tourner vers la renaissance de notre pays. Le Kishikaisei incarnera l’espoir d’un meilleur lendemain - et merci à Dodoro pour le choix du nom. »

Un silence s’installait autour de la table, alors que tous commençaient déjà à réfléchir sur les étapes à réaliser pour le lancement de l’organisation. Heureusement, la partie la plus difficile s’est résolue au moment où Tsubomi fut reconstruite, et que l’ambassade fut installée. Il restait certes de nombreux détails à régler, mais c’est pour cette raison que j’ai décidé de réunir autour de moi des gens compétents, de différents horizons, qui m’aideront à accomplir l’impossible.

Quelque chose qui n’avait, jamais encore, été tenté en près de 30 ans…

« J’approuve. Tous les anciens dirigeants de Kusa no Kuni sont soit morts, soit ont disparus. Les quelques talents originaires de notre pays sont partis pour offrir leur service au plus offrant. Si quelqu’un a bien réussi à réunir autant de monde derrière-lui pour mettre en place une telle cité, c’est bien toi jeunot ! »

Le premier à s’exprimer est un des anciens, croisant les bras et hochant la tête, suivi des affirmations de ses collaborateurs. Un fin sourire s’affichait sur mon visage, bien sûr si je voulais réellement changer la direction de Hametsu, j’allais devoir convaincre plus que les gens dans cette pièce. J’allais devoir prendre soin d’un pays tout entier.

Zzzzzz. De lourds ronflements, faise trembler même les murs de la petite bâtisse, résonnaient de tous les sens. Rappelant le bruit d'une bête sauvage à l'agonie ou le souffle d'Ido-Shima, je rattrapais mes nombreuses heures de sommeil perdues dans un réel coma. Mon corps avait sombré, assis sur une petite chaise de bois, la tête posée entre mes deux bras sur le plan de travail face à moi, où ma bave dégoulinait maintenant sur les plans des différentes constructions et chantier en cours.

« ... il est mort?..... »
« ... Abruti... Réveil-toi... »

Au plus profond de mon esprit, alors que je gambadais tranquillement dans les champs de fleurs le sourire aux lèvres, j'entendais dans les cieux de petits voix tentés de me parler. Puis un choc électrique, celui d'une frappe dans le menton vint me réveiller en sursaut, tombant à la renverse de ma chaise tout en envoyant balader l'ensemble des plans sur le sol. Un rire narquois et un petit cri de surprise vinrent se mêler. Mes yeux s'ouvraient lentement sur les deux petites personnes face à moi. La petite Hana tenait dans sa main Banado, caressant la main avec laquelle il venait de me frapper. Visiblement, le jour était déjà bien levé et j'avais rendez-vous. La petite fille me signala que la réunion des conseillers de Tsubomi allait bientôt commencée et que je me devais d'y participer et surtout d'y être à l'heure. Enfilant une suite de vêtements aux couleurs aléatoires et à la propreté hasardeuse, je venais passer un coup d'eau sur mon visage et réajuster ma coupe de cheveux avant de prendre la direction de l'Ambassade.


Les différentes personnes arrivaient à tour de rôle, visiblement je n'étais pas le dernier, fort heureusement que la petite fille et mon champignon de compagnie avait été là pour me sauver les miches. Autour d'une grande table ronde, les nombreux visages se réunissaient maintenant, se saluant tous avec respect dans une ambiance plutôt cordial et amical. Après tout, avec tous les récents évènements et l'avènement du Bourgeon, chacun avait retrouvé un sens à sa vie et nous tirions ensemble dans la même direction. Hayato, le coordinateur des ouvriers et habitant de ses terres depuis des lustres se tenait à ma droite, tandis qu'Amado, mon maître charpentier se tenait de l'autre côté. Nous représentions la partie construction, ingénierie et main d'œuvre du rassemblement. L'homme-tortue, mon allié, mon ami, se tenait fièrement de son côté de la table, illuminant les visages de son aura, avant d'entamer son discours et d'aborder les différents sujets qu'il voulait mettre en lumière durant cette entrevue.

Ce qu'il énonçait était la suite logique des évènements et je ne pu dissimuler mon large sourire quant à ses paroles. Tsubomi n'était que les prémices de son projet, de cette vision du futur qu'il m'avait offerte et que j'avais accepté de rejoindre à ses côtés. Bien qu'une capitale avait donc vu le jour sous son impulsion, il restait du chemin à parcourir, un long et périlleux chemin. Mais aujourd'hui était le commencement de la seconde étape. Nous devions faire accepter notre présence, notre cause et nos visions à l'ensemble du pays pour lui redonner sa gloire d'antan. Le plus pagé de la pièce, Hayato, prit la parole également alors que certains regards commençaient à se questionner, affichant son soutien sans faille au chef de cette grande famille que nous avions créée.

« Je soutiens les propos du vieillard - désolé monsieur c'est sorti tout seul. J'aimerais aussi rappeler que sous l'impulsion d'Inuzuka Jotaro ici présent, nous avons réussi ce coup de maître de redonner de l'éclat à Hametsu en moins d'un an. Une ville prometteuse au futur prospère est sorti de terre en l'espace de quelques semaines, mois. Une Ambassade, symbole fort de notre vision et de nos progrès à été créé, un laboratoire défiant l'École de Guerre est actuellement en construction, chaque habitants possèdent maintenant une nouvelle maison. Un orphelinat à également été créé pour accueillir ceux ayant tout perdu. Dans quelques jours, les remparts de Tsubomi seront également terminé. J'aimerais donc vous rappelez, que rien nous est impossible, nous avons déjà réussi tout cela en un temps record. »

Je me stoppais pour racler ma gorge et regarder autour de moi. Je n'étais pas le plus douer pour prendre la parole en public, mais dans certains contextes je savais me montrer sérieux et déterminé dans ma démarche.

« Notre détermination, notre courage, nos compétences incroyables et surtout notre vision du futur doivent être nos figure de proue pour les habitants de ses terres en ruines qui doute encore de nous. J'imagine qu'il ne sera pas facile de convaincre tous le monde, mais il est obligatoire que chacun d'entre vous ici crois en notre avenir aussi fort que possible. Sans notre détermination sans faille, nous n'y arriverons pas. »

Par ses quelques mots, j'essayais de fédérer un peu plus le groupe autour de nos objectifs commun. Je savais pertinemment que les personnes ici présentes avaient déjà de grandes attentes et avaient déjà prouvé leurs valeurs, mais il était toujours important de renforcer un peu plus cette cohésion familiale. Je reprenais maintenant un peu de recul, laissant la parole à Jotaro.

Un fin sourire se dessine sur le coin de mes lèvres, la présence du géant Akimichi me réconfortant dans l’idée d’aller jusqu’au bout de nos projets. Lui qui n’était sûrement pas le plus éloquent ou le plus articulé d’entre nous tous, ses mots étaient chargés d’un puissant charisme, captivant les personnes autour de la table et faisant même vibrer mes tripes. Oui, nous avons réussi à déjà accomplir l’impensable, à présent il était temps de réaliser l’impossible.

« Bien dit messieurs. Tout ce que nous avons fait jusqu’à présent n’aurait pas été possible sans la détermination de nos pairs, et par nos efforts c’est la volonté de notre peuple qui en transpire. Nous n’oublierons jamais le passé, mais désormais il est temps de se tourner vers l’avenir ! »

Désormais, la flamme est ravivée dans le regard de tout le monde, l’air devenant plus lourd rien que par les désirs silencieux des acteurs présents, prêts à éclater. Les artisans se frottent les mains, désireux de repartir au charbon, les intellectuels se murmurent les prochaines mesures à réaliser, prenant des notes. Bien. Il était temps de réellement commencer cette réunion. Tapant dans mes mains, je ramène les attentions sur moi.

« Nous concentrerons nos efforts sur la sécurité de nos habitants. Avec les évènements qui se profilent, je ne doute pas que les choses vont rapidement secouer… C’est pour ça que nos aurons besoin de tes connaissances pour bâtir les meilleurs murs qui soient, Dodoro. Il nous faudra également assurer la transition à l’intérieur de nos murs pour ceux qui souhaitent investir dans notre futur, que ce soit à travers le commerce, l’industrialisation, la culture… Notre mission est à la fois de les accueillir dans un environnement sûr, mais également de faire comprendre aux habitants de Kusa que les iniatives d’étrangers peuvent être l’accélérateur qu’il nous faut pour mener à termes nos projets. »

Le notaire sur un bout de table termine de prendre les dernières notes, attendant mon signal. Je passe la main sur ma veste posée sur mon bureau, la passant par-dessus mes épaules, avant d’adresser un signe de la tête à mes compagnons.

« Vous savez ce que vous avez à faire. Je compte sur vous. »

La réunion était donc scellée.


En posant les pieds dans les rues animées de Tsubomi, je pouvais sentir le passage du temps. Il y a plus de 5 ans, j’ai également fouler ce terrain, je me souviens de la désolation du décor, du manque de chaleur. Aujourd’hui je passe à côté d’un orphelinat rempli d’enfants qui s’amusent, je cotoie des hommes et des femmes qui peuvent de nouveau s’habiller un tant soit peu correctement, je peux observer le travail des artisans ayant retrouvé la flamme après des années. Accompagné d’un Nara, nous nous étions mis en tête de visiter les différentes boutiques qui avaient souhaité s’installer dans le Bourgeon, à commencer par cet atelier de teinture, tenu par un jeune homme ambitieux qui d’après ses dires aurait appris auprès d’un maître Senju ayant rejoint la terre de l’Érudition.

Approchant de sa boutique, je pouvais déjà entendre un début de grabuge. Du coin de l’oeil je pouvais voir des passants qui baissaient les yeux, visiblement gênés par l’ambiance agitée, mais quelque chose les empêche d’intervenir, ou peut-être est-ce la nature humaine de laisser le cours des choses se faire. Quoiqu’il en soit, j’arrive à l’entrée de la maison redécorée en magasin, avec pas mal de pots renversés et le propriétaire en difficulté avec un habitant de Tsubomi. Les deux hommes n’en étaient pas encore aux mains, mais ça ne saurait tarder si intervention il n’y avait pas.

« Qu’est-ce qu’il se passe ici ?! » ; « O-oh ! Jotaro ! Cet étranger essayes de nous arnaquer avec ses services ! » ; « Comment pourrais-je oser ! » Le venin du premier ne faisait qu’agiter davantage le second, qui semblait être perdu quant au comportement de l’hametsujin. Ce dernier appuyait ses accusations, posant son doigt contre la poitrine du teinturier et tapotant contre lui. « Mon cousin qui teint des vêtements depuis des années me l’a dit de sa propre bouche ! Avec des prix aussi bas, tu dois forcément pratiquer de la teinture de mauvaise qualité ! Comment veux-tu que l’atelier de mon cousin ou celui des autres puissent tenir debout si tu forces tout le monde à s’aligner avec toi ?! »

Les lèvres tremblantes, le teinturier semble révéler le peu d’expérience qu’il possède dans le monde du commerce. Les voix attirent de plus en plus de monde, et c’est une petite foule qui se tiens devant la boutique, tendant l’oreille pour entendre ce qu’il se passe. Ma présence n’arrangeait pas à la discrétion, mais en tant que chef des lieux il en revenait à moi de régler ce genre de conflits de temps à autres. Posant ma main sur l’épaule de l’hametsujin, je l’invitais d’un regard calme à se détendre, avant de me laisser la place face au marchand. J’adresse un regard au notaire qui m’accompagnait, qui avait fouillé dans ses notes depuis le début de l’altercation, et il hochait légèrement la tête, confirmant bien une partie des propos du civil.

« Daisuke, c’est bien ça ? Puis-je te poser quelques questions ? » Il hoche vigoureusement la tête, peut-être cernant une éventuelle porte de sortie avec cette intéraction avec le chef de Tsubomi. « Bien sûr Chef ! Je répondrais à toutes vos questions ! » ; « Comment arrives-tu à faire baisser tes prix ? Tsubomi n’est pas la cité la plus accessible pour l’instant, alors le prix des services comme la teinture en est impacté jusqu’à ce que nous résolvions la sécurité des transports. » Le regard du teinturier s’illumine, alors qu’il part fouiller dans ces boites, sous les regards dubitatifs des hametsujin qui le voient sortir une poignée de plantes que peu reconnaissent, moi y compris.

« Cette plante m’a été recommandée par mon maître ! Elle ne paie pas de mine vue comme ça, mais elles ont la particularité de s’associer avec les plantes qu’on y mélange pour viser une teinture précise ! En gros cela permet d’économiser des composants qui ces temps-ci sont chers, en utilisant cette plante qui d’habitude est mal considérée du fait que c’est une Ninensou, une plante bisannuelle. »

Un fin sourire fend mon visage alors que je pose ma main sur son épaule, lui adressant cette ultime question tandis que tout le monde semble être allé jusqu’à coller leur oreille contre la boutique : « Donc tu as trouvé le moyen de réaliser le même service à moindre cout, pourquoi ne pas en avoir profité et décidé d’augmenter ta marge ? Personne n’aurait soulevé le moindre problème si tu t’étais aligné avec les autres teinturiers. » Une question qui n’était pas si innocente que ça, puisque clairement l’homme en question aurait bien pu profiter de son savoir étendu pour avoir un coup d’avance sur les autres, autant financièrement que techniquement. « Je ne suis pas sans coeur, monsieur ! J’ai fais le paris d’emmener avec moi ma femme et mon jeune fils ici, à Tsubomi, parce que j’ai été touché d’apprendre qu’une cité appelée le Bourgeon de Vie prenait naissance dans ce qui fut Kusa no Kuni ! Je souhaite moi aussi apporter ma pierre à l’édifice, vivre avec la même passion que tout le monde ici présent ! » ; « Ah ! Je savais bien que j’entendais du bruit depuis l’autre bout de la rue ! »

Un homme aux manches retroussés se taille un passage parmi la foule, arrivant jusqu’à la boutique. L’ahmetsujin accusateur le reconnait en écarquillant les yeux, et se fait baffer derrière la tête par l’intrus qui se met aussitôt à baisser l’échine devant le teinturier qui tenait encore les plantes dans ses mains, abasourdis par la scène. « Pardonnez moi Daisuke-sama ! J’ai dis beaucoup de bêtises sous l’emprise de l’alcool hier soir et mon cousin semble vraiment avoir pris à coeur les aneries que je débitais à votre sujet ! Ne prenez pas à mal la réaction de mon cousin, il ne faisait qu’avoir une confiance aveugle en son stupide cousin ! Je dédommagerai pour tous les dégâts qu’il a pu causer ! »

« Allons allons, je pense qu’on peut s’en arrêter ici, qu’en dîtes vous Daisuke ? Si vous l’acceptez, nous serions intéressés par l’usage de cette plante permettant d’économiser des ressources ! » ; « Avec plaisir chef Jotaro ! Vous pouvez compter sur moi ! »

Une crise d’évitée, la foule se satisfait du déroulement des évènements. Même si les habitants de Hametsu avaient de la rancoeur envers les étrangers, tous n'étaient pas non plus aussi à l'aise de l'exprimer aussi violemment, voir injustement. Mais je savais que d’autres situations du genre m’attendaient à l’autre bout de la ville, je savais que ce serait une longue journée…

Résumé :

La réunion touchait à sa fin lorsque Jotaro avait finalement repris la parole afin d'aiguiller chacun sur la marche à suivre durant les prochains jours. Visiblement l'accent allait être mis sur notre capacité à fédérer, à créer un climat de confiance et à assurer un peu plus notre établissement dans le pays. Le raisonnement était bon, il était clair que la sortie de terre du Bourgeon avait su faire parler de lui, mais il était important de proposer des vraies infrastructures et une véritable nouvelle vision du futur pour les aventuriers ayant décider de nous rejoindre. Car sans cela, juste en se reposant sur nos lauriers, il était clair que le tout allait imploser si des règles et des codes n'étaient pas mis en place rapidement.

Un autre détail fut abordé et me ramenait à la réalité de notre entreprise. Le Pays en Ruine avait déjà été rasé une première fois, et il était clair que le second souffle que nous lui offrions aujourd'hui allait attirer les gros poissons, notamment les deux puissances belligérantes sur nos deux frontières. Il était donc important d'enclaver le pays et d'en assurer sa protection. Pour le moment, cela se résumait à fortifier notre centre de commandement : Tsubomi.

Dans cet optique, j'avais décidé de me rendre moi-même au niveau des murailles en construction, laissant de côté pour quelques jours le développement du laboratoire, qui restait entre de bonnes mains avec la présence de mon âme-liée, Renpei et de ses scientifiques. Je pouvais compter sur lui pour que le chantier ne prenne pas de retard. L'ensemble des fortifications avaient réellement bien avancée. Le point le plus en retard restait au niveau de la porte de passage que nous voulions créer, car au-delà des matériaux et de sa solidité par rapport au reste de l'édifice, il était important qu'elle soit fonctionnelle pour accueillir les voyageurs de tous horizons et à toute heure, tout en restant efficace en cas d'attaque ennemie.

« Hayato ! Vieux briscard ! Comment ça avance au niveau de l'avant-poste ? »

Le regard agacé du coordinateur des ouvriers ne pouvait ternir mon sourire caractéristique. Je savais qu'il détestait qu'on lui rappel ses longues années de vie sur terre, mais je sentais que mes petites blagues à ce sujet rendait notre relation un peu plus amical, tout en gardant le respect que j'octroyais à mes aînés. Il était, finalement, un de ceux avec qui j'avais passé le plus de temps depuis mon arrivée à Hametsu. Il avait été le premier à m'accorder sa confiance, tout en fédérant ses hommes autour de moi. Il était mon précieux conseiller, toujours emplie de sagesse, de valeurs profondes et humaines, tout en ayant un caractère bien trempée qui lui apportait encore cette fougue qui ferait pâlir quelques jeunes âmes.

« Je dois dire que l'idée me parait bonne, gamin, il restera à conceptualiser le couloir d'entrée et les baraquements d'attente, mais les ouvriers ont l'air motivés pour le moment. »

J'avais eu une idée il y a de ça quelques jours. Il était clair que de nombreux orphelins, sans-le-sou, aventuriers et tout un tas de nouvelles personnes allaient se présenter aux portes de notre nouvelle Cité. Cependant, ce serait être un peu optimiste et idéaliste que de croire que des personnes mal intentionnés, espions ou autre allaient également venir se balader tranquillement dans nos contrées. Dans cet optique, la défense se devait d'être renforcé et cela passait notamment par les renseignements, la tri des arrivants et la tenue d'un dossier pour chaque présence dans le village.

Nous avions donc décidés de créer un avant-poste, à plusieurs mètres de l'entrée principale. Celui-ci servirait de première vigie, tout en centralisant les différentes arrivées. Chacun devrait remplir un formulaire afin d'y noter ses informations personnelles, ses envies en venant ici et son désir de s'installer ou non. Par la suite, la douane serait reliée jusqu'à la grande porte par un "couloir" de pierre et de murailles qui abriteraient des baraquements leur permettant de se reposer en attendant que les informations convergent vers les instances qui accepterons l'entrée ou non aux différents voyageurs. Tout cela pouvait paraitre un peu strict comme démarche, mais bien que nous aspirions tous à un avenir meilleur, il était important de garder en tête que le Continent, lui, ne voulais que notre chute.

« Bien, je vais envoyer quelques clones aider tes ouvriers pour le corridor, je vais me mettre sur les baraquements pour qu'on puisse commencer rapidement à accueillir des voyageurs. »

Résumé:

L’altercation du teinturier n’était qu’un exemple parmi tant d’autres. En réalité, il existait de nombreux cas similaires du fait que la vie à Tsubomi a rapidement changée au fil du temps, et le changement s’est encore plus accéléré avec l’installation d’une ambassade. Il y a un an, tout le monde pouvait prétendre connaître le visage et les noms de tout le monde, mais depuis quelques mois il est devenu difficile pour ceux qui étaient là depuis le début de retenir le nom des différents étrangers ayant décidé de s’installer. Et pas qu’eux, d’ailleurs, beaucoup de hametsujin qui vivaient dans les terres désolées de la Ruine se sont également rapproché du Bourgeon.

La nouvelle capitale avait l’effet d’un véritable phare au milieu de l’océan. Il attire les échoués et les ambitieux. Pourtant je savais également que dans les eaux profondes dormaient des colosses antiques. L’Abondance qui révèle ses cartes pour assurer sa position parmi les grands du Continent, Tsuchi et Hi qui commencent à se réveiller avec l’odeur du sang… Dans les mois qui suivront, le Continent ne sera plus le même. Et c’est pourtant que je ne dois pas flancher, pas maintenant. Trop de monde compte sur moi. Et peut-être qu’au fond moi aussi j’ai besoin d’eux, pour pouvoir continuer à aller de l’avant la tête haute.

Bien sûr, mes rondes dans la cité ne se limitaient pas qu’à résoudre les conflits ici ou là. Je m’assurais de la sécurité des habitants, prenais note des remarques ou éventuelles plaintes que pourraient avoir les citoyens… Le plus souvent, ma ronde se finissait à l’orphelinat, où je prenais au moins une heure pour discuter avec les enfants, les initier doucement au chakra pour ceux qui possèdent le potentiel, leur parler du monde en dehors de Hametsu. Ces jeunes pousses n’avaient pas le même regard que les adultes, qui pendant trop longtemps ont laissé la haine des étrangers guider leur raison. Ces enfants eux rêvent des forêts de Hi, des monastères de Garan, des montagnes hurlantes de Kaminari, des vagues de Mizu…

Face à leur rêve, je souriais chaleureusement. Du fond du cœur, j’espérais leur offrir un monde où ils pourront réaliser leurs rêves d’aventures. Bien sûr, pour récompenser leur patience a discuter avec moi pendant une bonne heure dans l’après-midi, je leur laisse Kaida en offrande pour qu’ils puissent jouer avec l’animal. En m’installant derrière mon bureau à l’ambassade, j’étudiais les dossiers qu’on me triait à l’avance, prenant compte des différents rapports de la journée, et des plans à venir pour le reste de la semaine, du mois, voir bien plus encore… J’étais chanceux d’être entouré d’éléments compétents, mais je savais que si je voulais réellement correspondre aux attentes qu’à l’Harmonie pour moi, je devais me surpasser.

Je ne pouvais pas me contenter d’uniquement me reposer sur les Nara et Uzumaki qui ont été dépêchés à Tsubomi. C’est pour cette raison que depuis l’installation de l’ambassade, j’ai pris soin de sélectionner des personnes avec du potentiel, et de demander aux émissaires de les former. Plus notre organisation deviendra grande, et plus elle accueillera du monde. C’est pour ça que j’ai besoin de développer les compétences du peuple de Tsubomi, puis du reste de Hametsu. Les Nara sont de parfaits éducateurs pour ce qui est du droit et de la planification de projets, là où les Uzumaki mettent en place des cliniques. Sur mon bureau, je vois au travers d’un dossier les efforts de Dodoro pour mettre en place un centre pour vérifier les identités et intentions des passants à Tsubomi.

Ce sera un test parfait pour les apprentis conseillers, dont j’envoyais une poignée dans la direction de l’Akimichi pour avoir des gens sur place qui réaliseront l’effort administratif. Évidemment, toutes les informations seront ensuite envoyées à l’ambassade pour pouvoir stocker les données et les étudier plus en détails, mais avoir un premier filtre permettrait de réduire la charge directe de travail.

La nuit tombe, et pourtant la bougie sur mon bureau était encore allumée. J’observe les rapports venant de l’extérieur, l’état actuel des ambassades à travers le monde… Et je prends des notes pour préparer des projets en conséquence.

Résumé :

Le chef de Tsubomi m'avait expressément envoyer de nouveaux hommes à la suite de mes derniers rapports. Ceux-ci n'étaient pas là pour renforcer notre force ouvrière mais était des apprentis conseiller en charge de gérer la partie administrative de notre avant-poste douanier. Fiou. Une belle épine du pied que venait de me retirer l'homme-tortue, tant vous savez à quel point ma phobie de la paperasse est tenace. Je leur expliquais quand même les quelques attentes particulières que nous souhaitions mettre en place, afin qu'ils ne plongent pas dans l'inconnu et est une base pour mettre en place le premier filtre.

De mon côté et celui d'Hayato, nous avions bien avancée la mise en action des baraquements, les premiers venaient d'ouvrir leurs portes pour les premiers voyageurs épuisés. Mes clones s'étaient rendu en direction de la grande porte, dernier chantier d'envergure à terminer. Le temps était donc à la mise en place d'une méthode de travail pour que tout glisse comme les engrenages d'une machine bien huilée. Je supervisais donc l'action sur les deux terrains, un clone à moi regardant le travail des conseillers tandis que j'accompagnais moi-même les voyageurs ayant passé la douane vers leur maison temporaire.

Bien que certains semblaient s'interrogés sur le pourquoi tant de précaution, la plupart réagissait avec un grand sourire, n'ayant pas eu un lit douillet et un repas chaud depuis des lustres. De plus, la surprise d'une organisation bien ficelée et professionnelle gagnait quelques esprits, eux qui ne s'attendaient pas à ce qu'une aussi récente ville dispose de structure comme celle-ci. Tout cela démontrait une nouvelle fois la véritable puissance en devenir de Tsubomi. Une détermination sans faille, des ouvriers sérieux et rigoureux et jamais une once de démoralisation. Tous les habitants de cette ville portait en eux cette flamme, ce bourgeon de vie planté par Inuzuka Jotaro. Comme faisant partie d'une grande famille, chacun avançait dans la même direction, pour le bonheur du groupe.

Je venais faire un tour en ville, histoire de manger quelques dizaines de repas et prendre quelques dernières ressources nécéssaires à la construction. Posé sur une table, légèrement isolé du reste des habitants je pouvais entendre quelques murmures et discussion autour de cette idée d'avant-poste. Visiblement, l'idée avait l'air de plaire aux habitants, qui voyaient renforcés leur sentiment de sécurité au sein de cette toute nouvelle ville. Un regain d'énergie et un léger sourire gagnait mon corps, ravi que les efforts paient.


Quelques jours s'étaient écoulés et les ouvriers avaient encore une fois fait un travail formidable. Les baraquements étaient maintenant terminés ainsi que le long corridor menant à la porte principale. C'était d'ailleurs le jour de l'inauguration de cette dernière. Comme à mon habitude depuis la création de l'Ambassade, j'avais pris le soin de disposer quelques petites statues de tortues çà et là pour marquer ma reconnaissance envers mon ami Inuzuka et son compagnon à carapace, Kaida. C'était ma petite attention à moi, pour symboliser ma reconnaissance de m'avoir engagé sur un tel projet. Les sourires et les accolades s'enchainaient. Une petite larme s'échappait de mon œil, le Bourgeon avait pris racine, et maintenant c'était toute une forêt qui n'attendais qu'à éclore.  

Résumé: